Raid de Barkhane à Abeibara : Paris et Bamako divisées

La Force Barkhane a mené une opération anti-terroriste dans les alentours d’Abeibara le 23 et 24 octobre dernier faisant 15 morts dont 11 militaires maliens en otage. Les autorités françaises n’ont jamais admises leur responsabilité, alors que le Président IBK soutient dans une interview accordée à Jeune Afrique, parue le dimanche que c’était « bien des otages » maliens.

Le voile est donc levé. Le raid de Barkhane mené le 23 et 24 octobre dernier avait enregistré une quinzaine de victimes. L’opération « a permis de mettre hors de combat 15 membres d’un groupe dépendant d’Ansar Dine », souligne une déclaration du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères datant du 2 novembre. Mais le doute entretenue sur la mort des 11 soldats maliens dans ce raid fini peu à peu par se lever. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, parue le dimanche dernier, le Président Ibrahim Boubacar Keïta, lève toute ambiguïté sur le sort tragique de ces soldats. « Il s’agissait bel et bien des otages des terroristes et il ne faudrait pas qu’il y ait là-dessus la moindre ambiguïté entre nos amis français et nous », a déclaré IBK dans cette entretien. Ces militaires ont été pris en otage dans différents combats ayant eu lieu entre juillet 2016 et mars 2017.

Ce qui divise

Pour l’État-major français, ce sont des terroristes qui ont été mis hors d’état de nuire. « À aucun moment », les renseignements n’ont permis d’établir la présence des militaires maliens sur le lieu de l’opération, soutient l’Etat-major des armées françaises. Hors, le ministre malien de la Défense, Tiena Coulibaly, avait dans un communiqué datant du 31 octobre fait savoir que « des militaires maliens, détenus par des terroristes ont trouvé la mort » dans cette opération. Quelques jours après le raid, le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, dirigé par Iyad Ag Agaly accuse Barkhane d’avoir tué « les onze soldats maliens qui étaient captifs près d’Abeibara ainsi que trois moujahiddin.» Pour le président IBK, cette bavure des forces Barkhane est « un fait regrettable, qui peut hélas survenir dans ce type d’opération », admet-t-il dans l’entretien accordé à Jeune Afrique. Certaines sources françaises pensent que les otages avaient été retournés par les islamistes. Mais selon IBK, on ne doit pas « chercher d’autres raisons qui n’existent pas » a-t-il appuyé.

Les renseignements ayant conduit à mener cette grande opération restent flous. Des questions se posent, vues les moyens techniques et humains dont disposent la force Barkhane, mais ne lui ayant pas permis de distinguer des otages des terroristes. Alors que le général Christan Allavène, commandant de la force Barkhane, s’interrogeait, lors d’une conférence de presse tenue le 21 novembre à Bamako, sur la nécessité d’aborder le sujet, voici qu’il refait surface. Une divergence des points de vue qui crédite les zones d’ombre autour de ce drame.