A Tombouctou, un Maouloud fervent depuis le départ des djihadistes

Pour la première fois depuis le retrait des djihadistes, la communauté musulmane de la région de Tombouctou du Mali a célébré dans la nuit de lundi à  mardi l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed, a constaté la presse locale. Les djihadistes avait interdit l’année dernière la célébration de cet anniversaire et avaient détruit des mausolées érigés en l’honneur des chefs religieux de Tombouctou. Cette année, dans la sixième région administrative du Mali (Tombouctou), la célébration a été marquée par des prières pour le retour de la paix et de la concorde au Mali, a-t-on appris de source informée. Cette fête qui s’est déroulée dans une grande ferveur et sous une haute surveillance sécuritaire, a offert l’occasion à  plusieurs ressortissants de Tombouctou, établis à  l’étranger, de revenir dans leur région. L’un d’eux, Baba El Hadj Touré, résidant en Autriche, s’est déclaré persuadé, devant la presse, que cet événement aidera à  oublier les crimes odieux perpétrés « sous le règne des forces du mal » (djihadistes). Les trois mosquées de la ville, dont Djingareyber, ont connu une extraordinaire affluence dans la nuit du Maouloud. Selon une habitante de la ville, cette célébration de la naissance du Prophète, PSL, est d’autant plus forte, qu’elle s’est effectuée dans une grande ferveur après les tragiques évènements qui ont touché la cité des 333 saints.

Mali : offensive majeure de l’armée française au nord de Gao

Un millier d’hommes, plusieurs dizaines de blindés, des hélicoptères, de l’artillerie, des drones et de l’aviation : l’armée française a lancé dimanche, à  l’aube, au nord de la ville de Gao, une des plus importantes offensives militaires depuis le début du conflit au Mali en janvier. Baptisée «Gustav», l’opération visant à  traquer des islamistes est toujours en cours ce lundi et devrait se poursuivre plusieurs jours, selon un reporter de l’Agence France-Presse qui l’accompagne. Lors de la première journée de l’opération Gustav, le long d’un oued (rivière) asséché, aucun combattant jihadiste n’a été découvert et aucun coup de feu tiré, mais les hommes du Génie ont trouvé et neutralisé environ 340 obus et roquettes de gros calibre, sommairement cachés sous des acacias, dans des ravins creusés par l’érosion. «Nous avons encerclé cette vallée au nord de Gao, dont nous pensons qu’elle sert de base logistique aux groupes jihadistes, et nous avons commencé à  la fouiller méthodiquement», a précisé le général Bernard Barrera, commandant de la composante terrestre de la force Serval, basé à  Gao mais arrivé auprès de ses troupes en hélicoptère dimanche en fin d’après-midi. Tous les accès à  la vallée ont été bouclés et ses crêtes contrôlées à  6 heures locales (8 heures à  Paris) dimanche. Deux heures plus tard, les hommes de la 3e brigade mécanisée, commandés sur le terrain par le colonel Bruno Bert, ont entrepris la fouille d’un bois touffu, o๠les renseignements militaires estimaient que pouvait être cachée une base jihadiste. Gao, l’ancien fief jihadiste Gao, plus grande ville du nord du Mali, située à  1.200 kilomètres de Bamako, était un fief du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés qui ont occupé le nord du pays l’an dernier avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), jusqu’à  ce que l’opération militaire franco-africaine lancée le 11 janvier les en déloge en grande partie. La ville a cependant subi en février des attentats-suicides – les premiers de l’histoire du Mali – et a été le théâtre de violents accrochages entre les forces franco-maliennes et les jihadistes, dont le dernier en date il y a deux semaines a fait sept morts. L’opération va se poursuivre dans les prochains jours. Cette vallée de vingt kilomètres de long sur deux de large va être passée au peigne fin, en collaboration avec des soldats et des gendarmes malien, qui vont pénétrer en premier dans les campements de nomades ou des maisons de terre des habitants. «C’est le quatrième oued que nous fouillons dans la région de Gao, il y aura sans doute d’autres opérations de ce genre, mais peut-être pas de la même ampleur», a précisé le général Barrera. Quelque 4.000 soldats français sont actuellement engagés au Mali pour lutter contre les groupes islamistes armés. Mais à  compter de fin avril, ils vont entamer leur retrait jusqu’à  la fin de l’année. Il n’y en aura alors plus qu’un millier, selon Paris.

Mahamadou Issoufou : « Au Mali, on finira par éliminer les djihadistes »

Premier chef d’à‰tat africain à  s’être rendu à  Gao, samedi, Mahamadou Issoufou se félicite des résultats de l’intervention militaire française au Mali, qu’il a soutenue avec un contingent d’environ 680 soldats déployés au sein de la force africaine, la Misma. LE FIGARO. – Vous avez été le premier dirigeant africain à  tirer la sonnette d’alarme sur la situation au Mali. àŠtes-vous satisfait de la tournure des événements? MAHAMADOU ISSOUFOU. – Je ne regrette qu’une chose: que l’intervention n’ait pas eu lieu plus tôt. On a donné le temps aux forces terroristes de se renforcer. Heureusement, il y a eu l’opération «Serval». Sans cela, les forces africaines auraient eu beaucoup de mal à  chasser les djihadistes. Tout cela est une conséquence de la Libye, o๠l’on a su mener la guerre mais o๠l’on n’a pas gagné la paix. Les djihadistes continuent à  harceler les troupes françaises et à  organiser des attentats. On a parfois l’impression que les difficultés ne font que commencer. Qu’en pensez-vous? Je ne dirais pas cela. Beaucoup de résultats ont été obtenus. Il était prévisible que les djihadistes continueraient à  mener des actions résiduelles. Mais on finira par les éliminer. Redoutez-vous le moment o๠les troupes françaises vont commencer à  se retirer? La France ne va pas rester éternellement au Mali. Mais on est encore loin d’avoir rétabli la sécurité dans l’ensemble du pays. Dans un premier temps, il y aura un allégement du contingent français. Mais les soldats français devront pouvoir rester encore longtemps parce que la force des Nations unies qui prendra le relais de la Misma (la force africaine) ne suffira pas. Il faudra qu’une «force parallèle» suffisamment puissante soit constituée pour combattre les terroristes. Et pour cela, les troupes françaises seront nécessaires. Comment se présente la force de l’ONU? Les contingents existants seront transférés à  l’ONU et auront davantage de ressources. Mais les forces de l’ONU ont un inconvénient: elles ont un problème stratégique de commandement. Ce sont traditionnellement des forces défensives. Il faudra que la Minusma ait un mandat offensif sous chapitre VII, comme c’est d’ailleurs le cas en République démocratique du Congo, depuis que l’on a renforcé le mandat des forces de l’ONU pour qu’elles puissent combattre les rebelles. J’ai bon espoir que l’on ira dans cette direction parce que c’est la seule manière d’assurer la sécurité au Mali. Le Niger est-il prêt à  renforcer son contingent? Nous avons 671 hommes qui participent à  la Misma et qui sont prêts à  poursuivre leur mission dans le cadre de l’ONU. Le Niger peut toujours augmenter sa contribution si on le lui demande, sachant que nous avons 5 000 hommes qui sont déployés pour renforcer la défense de notre territoire. Pensez-vous que des élections pourront avoir lieu au Mali selon le calendrier prévu, c’est-à -dire d’ici à  juillet prochain? Le Mali doit aller à  des élections le plus rapidement possible pour qu’un pouvoir légitime soit constitué. Cela exige une réconciliation entre tous les Maliens. Cette réconciliation doit se faire entre tous les groupes qui acceptent l’unité du pays, ainsi que son caractère démocratique et laà¯c. Les groupes qui ont pris les armes doivent être désarmés et doivent négocier. Cela dit, il ne faut pas se laisser imposer un fatalisme des dates. J’ignore le niveau de préparation mais il faut organiser un scrutin libre et transparent et donc prendre suffisamment de temps pour que les élections soient légitimes. Vous venez de fêter le deuxième anniversaire de votre arrivée au pouvoir. Quel est votre bilan? Je suis globalement satisfait. Le programme adopté par les électeurs il y a deux ans est en cours d’exécution. Des progrès importants ont été faits en matière de sécurité et de développement des institutions démocratiques. Le taux de croissance moyen a été de 6,4 % par an. Nous sommes en train de gagner notre pari des «trois N»: «Les Nigériens nourrissent les Nigériens.» Au Niger, la sécheresse n’est plus synonyme de famine. .

Mali : le récit d’une bataille entre Français et djihadistes

En ce lundi matin, Gao se méfie encore. La veille, une poignée de djihadistes, entre quatre et six hommes bien armés, se sont infiltrés dans la cité du Nord-Est malien. Il aura fallu plus de quatre heures et un mort à  l’armée malienne pour réduire cette petite bande de combattants suicidaires qui fuyait de maison en maison, mitraillant tout sur son passage. Le Mujao (Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest), le groupe islamiste qui occupait Gao jusqu’à  l’intervention française, signait là  sa troisième incursion urbaine. Alors que, dans le grand nord, dans l’adrar des Iforas, Aqmi a mis un genou à  terre sous les coups des troupes françaises, Gao et sa région deviennent la priorité sécuritaire des officiers. La zone, o๠stationne un millier d’hommes, est renforcée. «La stratégie du Mujao est différente de celle d’Aqmi. Al-Qaida avait choisi, au moins au début, une confrontation frontale avec nous. Le Mujao lui a opté pour une guerre asymétrique, une guerre de harcèlement et de guérilla», souligne le général Bernard Barrera, le chef des opérations au Mali. à€ Gao et dans les villages des alentours, profitant des cachettes offertes par les arbres de cette brousse sèche, le Mujao n’a jamais vraiment lâché prise. Depuis la fin février, les accrochages s’y multiplient, presque quotidiens, autour de Bourem, Djebok ou Gao. Chaque fois l’histoire est la même: un groupe de quelques djihadistes est débusqué puis «traité». Mais rien jusqu’alors n’avait vraiment préparé les militaires français à  la bataille Imènas. «C’était un scénario qui avait été planifié», reprend le colonel Bruno Bert. Le 1er mars, à  la tête d’une colonne de 200 hommes et de 16 blindés du 92e régiment d’infanterie (RI) de Clermont-Ferrand, appuyés par autant de soldats maliens, l’officier s’approche d’Imènas à  l’aube. Trois jours que la troupe ratisse la région, dans un calme relatif. Imènas est le dernier objectif. Ce gros village, signalé par les renseignements comme un possible site de transit de l’ennemi, doit être fouillé. Quelques djihadistes, surpris, tentent une vague résistance, puis préfèrent fuir. Le plan est mis en place: le capitaine Jean-Baptiste place ses véhicules pour assiéger la bourgade et l’armée malienne entreprend de visiter les maisons. Imènas se révèle sans grand intérêt. «La population était très calme, tout se passait bien», souligne le capitaine. « On les voyait dans les yeux. » Avant le départ, les militaires se décident néanmoins à  vérifier les alentours, une forêt touffue, d’aspect innocent sous la chaleur. La section envoyée pour cette mission n’atteindra pas le sous-bois. «Ils ont tout de suite été pris sous un feu extrêmement intense et violent», rapporte le colonel Bert. Des dizaines de Gad («Groupe armé djihadiste» dans le jargon français) se ruent hors du couvert, kalachnikov en mains. Plusieurs roquettes RPG7 frôlent les blindés. Pris de court, les Français manœuvrent à  la hâte. Le QG mobile, un transport de troupes blindé, est presque submergé par l’ennemi. Pour se dégager, la mitrailleuse 25 mm crache sur l’ennemi à  moins de 20 mètres. Les fantassins prennent position comme ils le peuvent, vidant leurs chargeurs. Même les officiers doivent prendre leurs pistolets et tirer. «C’était très dur», commente le capitaine. «On les voyait dans les yeux.» La colonne française finit par se réorganiser, et prendre deux petites hauteurs qui surplombent ce qui devenu un champ de bataille. «Il nous fallait garder l’initiative pour ne pas subir», expliquer le jeune officier. Des hélicoptères sont dépêchés sur place, pour pilonner les arrières du Mujao et le priver de tout espoir d’obtenir des renforts ou de se réapprovisionner. Le combat durera toute la journée. Par deux fois au moins, les djihadistes relanceront des assauts insensés. Les vagues s’approchent parfois à  moins de dix mètres des fantassins français, qui encore et encore ouvrent un feu nourri. Caches d’armes dans la forêt à€ ces souvenirs, le regard des soldats, les plus jeunes d’abord, se perd un peu. «Ils étaient juste là . Les têtes éclataient comme des melons», décrit l’un. Ce combat de près, qui n’a rien de virtuel, va laisser des traces. Les Maliens, moins armés moins protégés que leurs homologues français, sont eux aussi violemment engagés. «On tirait, on tirait et ils revenaient encore. J’avais pris 100 balles et j’ai tout utilisé», se rappelle le soldat Ousman, qui n’en revient pas. L’ennemi espérait profiter de la relative faiblesse malienne pour briser l’offensive. «Les djihadistes n’étaient pas du tout désorganisés. Ce n’était pas du suicide. Ils bougeaient. Ils ont tenté à  plusieurs reprises de nous contourner tant par la droite que par la gauche. Ils ont combattu», analyse le colonel Bert. « Les têtes éclataient comme des melons » Ce n’est que le soir tombant que la fusillade cesse. Le bilan côté franco-malien est vierge. «Un vrai miracle. Le fruit de l’entraà®nement sans doute», assure un deuxième classe. Toute la nuit, le 92e RI veille. Aux premières lueurs, les forces coalisées lancent l’attaque. Cette fois, le bois tombe sans mal. Profitant de l’obscurité, les djihadistes ont fui. Sous les arbres les Français retrouvent 51 corps abandonnés. Seuls les blessés ont été emmenés par les islamistes. Combien étaient-ils au plus fort de cette bataille? «Vraisemblablement pas moins d’une centaine», estime le colonel Bert. Au moins le double, selon un responsable des renseignements. Le mystère des effectifs restera entier. La visite, serrée et tendue, des taillis d’Imènas lèvera en revanche celui de la motivation des djihadistes. Sous des bâches et branchages, dans des trous, on découvre des dizaines de caches d’armes de tous calibres. Des postes de combats bien préparés sont aussi mis au jour. Un arsenal qui n’étonne pas les officiers français. Fondus dans la population «C’est leur stratégie. Ils cachent leurs armes et vont les chercher quand ils veulent», rappelle le colonel Bert. Entre-temps, les islamistes se fondent dans la population, se muant en bergers ou en artisans. Comme en Afghanistan, l’ennemi peut donc être partout, n’ayant besoin que de quelques heures pour surgir ou se cacher à  nouveau. Chaque village peut être un jour un Imènas. Et difficile de savoir si, dans cette guérilla des plus classique, les civils sont les otages ou les complices du Mujao. «L’une des grandes différences entre la région de Gao et le reste du Mali, c’est qu’ici les islamistes ont réussi à  convaincre une partie des habitants du bien-fondé de leur thèse. Cela fait au moins une dizaine d’années que les salafistes se sont implantés avec succès», explique l’un des rares humanitaires à  être resté en ville au cours des derniers mois. Paris n’ignore rien de cette imprégnation. Les morts retrouvés sur le champ de bataille étaient tous de jeunes Noirs. Des gamins perdus recrutés sur place et qui forment aujourd’hui l’ossature du Mujao. Alors, même si après le choc d’Imènas le Mujao s’est fait nettement plus discret, les militaires se gardent bien de crier victoire.

VIDEO. Au Mali, les jihadistes sont parfois des adolescents

La guerre que les forces françaises, tchadiennes et maliennes mènent au Mali connaà®t des heures décisives dans le massif des Ifoghas, dans le nord du pays. La base de repli des combattants d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Les légionnaires parachutistes repèrent des combattants, mènent le combat et donnent l’assaut. C’est alors qu’ils découvrent un jeune combattant blessé et se rendent compte que le seul survivant de l’attaque chez les jihadistes n’a pas plus de 16 ans. L’adolescent est transporté dans la ville de Tessalit, au quartier général des forces françaises dans la zone. Il sera alors interrogé pour réunir des renseignements sur les positions des combattants islamistes. Voici le récit de notre confrère de France 2.

Traque aux islamistes : ce qui s’est passé à Kadji…

Une quinzaine d’homme suspectés d’appartenir au Mujao ont été appréhendés dans le petit village de Kadji, à  quelques kilomètres de Gao entre mercredi et jeudi. l’endroit forme une à®le sur le fleuve Niger et est considéré comme un repaire de jihadistes après la prise de Gao le 26 janvier par les forces françaises. Du reste, la population de Kadji, en majorité de confession wahhabite et ses habitants sont suspectés par ceux de Gao d’avoir collaboré avec l’ennemi. Aussi, il a pu être facile pour des islamistes de s’y replier et de se fondre parmi la population pour échapper aux frappes françaises. Régulièrement sollicités pour collaborer, la population de Gao, ou en tout cas certains, habitants auraient pointé du doigt Kadji. «Â Cette opération se préparait depuis un bon moment. C’’est aussi une manière pour l’armée de rassurer la population de Gao fortement éprouvée par 8 mois d’occupation, mais aussi par la dernière infiltration des jihadistes la semaine dernière et les combats de rue qui s’en sont suivis », précise le colonel Souleymane Maiga, de la DIRPA. Collaboration, dénonciations A Gao, la peur règne encore, malgré les patrouilles de l’armée française et si des exactions ont pu y être orchestrées par l’armée malienne, les dénonciations de personnes suspectés d’être des rebelles ou de collaborer avec eux, font l’objet d’arrestations par les autorités locales. Autant qu’une véritable chasse aux islamistes s’est déclenchée dans la zone. Parmi les personnes appréhendées à  Kadji, l’imam de l’une des mosquées et juge qui prononçait des sentences d’amputation ou de lapidation du temps o๠les jihadistes occupaient encore Gao. D’autres comme Ali Mahamar, ancien chef de la police islamique de Gao, courent toujours. Se cacherait-il dans l’une des maisons de Kadji? Pour Saidou Diallo, maire de Gao, Kadji est aujourd’hui en pleine lumière, mais de nombreux jihadistes du Mujao, sont éparpillés dans les villages environnants. Et même dans la zone du Courma, environnant Gao. Enquête en cours «Â La prudence reste de mise et des enquêtes sont entrain d’être menées pour vérifier la complicité ou non des personnes arrêtées à  Kadji jeudi. Après ce travail qu’est entrain de mener les autorités, ceux dont l’innocence sera avérée, seront relâchés », nous précise le colonel Maiga. D’après une source local, proche de la gendarmerie de Gao, l’un des prisonniers aurait soufflé ne pas appartenir au Mujao, mais être un simple citoyen de Kadji. Malgré tout, les dénonciations se multiplieront dans les jours à  venir. «Â Tant que nous ne serons pas débarrassés de ces gens là  et Gao et ses environs nettoyés, nous ne vivrons pas dans la paix ! », commente ce professeur de lycée, qui salue l’intervention au Mali, mais demeure inquiet quant à  la guérilla instaurée par les jihadistes du Mujao. Une guérilla qui pourrait durer encore bien longtemps…

L’armée face à un ennemi redoutablement armé

Obus de chars, lance-roquettes multiples, fusils de précision, M16 : dans la région de Gao (nord), l’armée malienne doit faire face à  un ennemi autant, voire mieux équipé qu’elle, la principale menace restant, selon les militaires français, les engins explosifs artisanaux. Alignés sur la base 1 de l’aéroport de Gao, aux côtés de fusils d’assauts américains M16, de fusils de précision de fabrication tchèque, et autres roquettes russes ou chinoises, des explosifs et des détonateurs mais aussi des uniformes de différents corps de l’armée malienne. Pour le colonel-major Didier Dacko, commandant opérationnel de la zone, « l’impression qu’on a, c’est qu’eux et nous (armée malienne) avons quasiment les mêmes armes, sauf la troisième dimension, l’aviation, qu’ils n’ont pas ». « Ils ont aussi des engins blindés, mais on s’est rendu compte qu’ils ne savaient pas les utiliser ou les réparer », relève-t-il. « Ca nous donne une idée d’une armée, en fait des organisations qui ont les capacités d’une armée, la capacité de destruction d’une armée », a déclaré pour sa part le colonel Laurent Mariko, commandant de la zone de Gao, lors d’une présentation dimanche à  la presse d’armements saisis depuis le 26 janvier, date de la reprise de la principale ville du nord du Mali aux islamistes armés qui l’occupaient depuis dix mois. Ces armes, récupérées par les forces spéciales maliennes, l’armée française ou encore par des groupes de « jeunes patriotes », proviennent de « stocks de l’armée malienne -il y a eu des défections massives avec des capacités militaires-, mais aussi de la gendarmerie sénégalaise ou d’autres pays limitrophes », a indiqué le colonel Mariko. Au milieu du stock d’armes, un panier de roquettes de fabrication russe, à  monter sur hélicoptère, mais aussi des autocollants du drapeau des Emirats arabes unis, présentés par erreur à  la presse comme « libyens ». « La perfidie pour mode opératoire » « Ils peuvent avoir subtilisé ces armements au niveau des structures militaires de leurs pays », estime le colonel-major Dacko. « On sait qu’il y a des Mauritaniens, des Nigériens, des Algériens parmi eux. Il peut aussi y avoir des Sénégalais même si on n’en a pas la preuve », ajoute-t-il « Les pègres n’ont pas besoin de nationalité », assène le colonel Mariko, qui insiste sur « le caractère transnational de ces groupes » dont, dit-il, « le mode opératoire privilégié est la perfidie ». Selon un haut responsable militaire malien, les éléments islamistes qui ont réussi à  s’infiltrer jeudi dans la mairie et le palais de justice de Gao portaient, qui une veste d’uniforme malien, qui un pantalon d’uniforme. Pour le colonel Mariko, la découverte de « déguisements » (uniformes de l’armée malienne, de la protection civile, casques de pompiers) prouve que « ces gens n’ont pas de signe distinctif et peuvent opérer partout ». « On trouvera d’autres caches d’armes, on intervient sur indication ou après enquête », explique-t-il, soulignant que « la tâche n’est pas finie. On va élargir le périmètre sécuritaire ». Les forces françaises s’inquiètent en particulier de la découverte d’IED (Improvised Explosive Device), qui étaient déjà  leur cauchemar en Afghanistan. « Ce qui nous inquiète le plus ce sont les moyens artisanaux mis en oeuvre, avec les roquettes, notamment de 122 », déclare le colonel Denis Mistral. Selon lui, « les groupes armés jihadistes arrivent à  mettre en place des systèmes télécommandés avec des téléphones et ils le font pour faire peser une menace permanente sur la ville de Gao ». « On cherche ces systèmes-là  en permanence de manière à  les détruire. On en a encore trouvé la nuit dernière. C’est une des choses difficiles à  gérer », ajoute-t-il, soulignant qu' »il faut innover en permanence, de jour et de nuit, pour surprendre l’ennemi ». Selon des sources militaires maliennes et françaises, plusieurs des éléments islamistes infiltrés jeudi au centre de Gao étaient porteurs de ceintures d’explosifs. Un IED avait été installé précisément à  l’entrée des jardins de la mairie, mais les démineurs français ont découvert que son artificier n’avait pas eu le temps de l’activer.

Attaque jihadiste à Gao : des complicités locales ?

Mais que se passe-t-il à  Gao ? La question taraude l’esprit de plus d’un Malien. Les compatriotes sont aujourd’hui interloqués par la résistance et les attaques des jihadistes dans la Cité des Askias contrairement à  Tombouctou. Après les attaques kamikazes des 8 et 9 et les affrontements du 10 février dernier au commissariat central, la région de Gao, a été hier le théâtre de violents affrontements mortels entre terroristes et les militaires maliens appuyés par les soldats français… Les jihadistes seraient entrés dans la ville dans la nuit du mercredi, qui par le fleuve via les pinasses, qui par la route de Bourem à  des dizaines de kilomètres de Gao. Ce malgré les dispositions prises par les forces de défense après les combats du 10 février. Complicités locales… En tout cas, cette deuxième attaque a choqué beaucoup de Maliens qui commencent à  émettre des doutes sur la sincérité de la collaboration des habitants de la région. Toute coopération, pensent-ils, indispensable dans la réussite de la traque des islamistes. Les plus virulents poussent la critique jusqu’à  évoquer une possible complicité entre les jihadistes et les populations locales. «Â Sans la coopération des habitants de Gao, les efforts des militaires seront vains. On a vécu la même situation en Afghanistan o๠la collusion entre population et combattants terroristes a donné du fil à  retordre à  leurs adversaires », tranche Mamadou Mariko déçu par les affrontements d’hier ayant mis à  sac des édifices publics. Et Adama Touré d’embrayer : « je suis d’autant plus convaincu du manque de coopération de certains habitants de Gao que lors de la chute de la région, ce sont des gens de Gao qui ont indiqué la localisation des militaires maliens jusque dans les familles. Ils doivent prendre l’exemple sur Tombouctou qui doit sa situation paisible à  la franche collaboration de ses habitants ». Sans accabler la population, explique un sous-officier supérieur de l’armée malienne, les militaires ne sauraient gagner à  eux seuls la partie sans un soutien plus appuyé de ceux-là  qu’ils sont censés sécuriser. La thèse du manque de collaboration est battue en brèche par des habitants de Gao qui estiment être victimes d’un mauvais procès. Mamadou Maà¯ga est l’un d’entre eux. Il pointe plutôt un doigt accusateur à  la stratégie des militaires sur le terrain qui, selon lui, ont préféré rester dans la ville de Gao au lieu d’aller traquer les islamistes retranchés aux alentours de la région. A ceux qui doutent de la bonne foi des ‘’Gaois »,M.Maà¯ga rappelle que ce sont seuls les jeunes de sa région qui ont osé affrontés islamistes. «Â On a assez souffert des agissements des assaillants. Qu’on n’en rajoute pas à  nos souffrances. « De Grâce ! Epargnez-nous ! », fulmine-t-il

Le vieux Pedro, seul Blanc resté à Ségou

« Il faut bien mourir quelque part », commente-t-il avec sérénité. Pedro a ses habitudes. Un matin sur deux, il s’installe dans la cour intérieure d’un hôtel de la ville située à  270 km au nord-est de Bamako, doté du wifi, pour consulter internet sur un très vieil ordinateur portable qui semble dater des premières heures de l’informatique. Un serveur apporte aussitôt un café noir, « voici monsieur Pedro! ». Il allume une cigarette blonde, qu’il fume à  la chaà®ne, lance un programme de musique classique d’une radio catalane et puis consulte, lentement, El Paà¯s, Le Monde, le Times. « Ils sont tous partis, tous les autres Blancs. Je n’ai pas peur, c’est comme ça », raconte simplement ce Catalan, ancien économiste à  Barcelone, qui parle un bon français d’une voix basse, depuis longtemps à  la retraite. « Ceux qui travaillaient dans des projets de développement, pour les ONG, les patrons d’hôtels ont quitté, je me suis retrouvé seul blanc, avec les Africains ». La fuite précipitée des Blancs est intervenue à  la suite des menaces des islamistes qui se sont déclarés prêts à  frapper partout au Mali, après le début de l’offensive militaire française contre leurs positions, dès le 11 janvier. L’ambassade espagnole à  Bamako a bien essayé de lui faire quitter Ségou, à  peine à  100 km au sud de Diabali, prise quelques jours par les jihadistes. « Ils m’envoyaient des SMS, il faut prendre des précautions monsieur Pedro, et puis après, il faut quitter!. N’insistez pas, je leur ai dit, je reste ». Arrivé à  Segou il y a six ans, Pedro Ros est voyageur depuis longtemps. « C’est ici ma vie » « Depuis tout petit, j’avais envie de découvrir l’Afrique. J’ai traversé le Maroc, le Sahara, la Mauritanie, le Sénégal. . . jusqu’au Cameroun. Et puis le Mali, Gao, Tombouctou, l’habituel trajet, et je me suis dit, tiens, ça c’est un bon pays, c’est ici ma vie ». Il travaille alors pour la Croix-Rouge malienne, sur un projet de sensibilisation consacré aux mutilations génitales des femmes (« Je ne connaissais rien de ce problème »), puis se lance dans la construction d’une école avec une aide de l’Espagne. « Nous l’avons fait, ca fait deux ans que ça marche, à  Mouni, dans la zone de Bobofing, au sud-est de Segou ». Il est sur un autre projet d’installation d’un moulin à  grains, dans un pays o๠la population, à  85% rurale, reste très pauvre. Pedro, à  la voix murmurante, semble un peu fatigué. Il n’écrase pas ses mégots dans le cendrier, il se contente de les déposer. . . Il ne retourne plus en Espagne, il n’a plus de famille, si ce n’est un cousin en Galice, et une cousine aux Etats-Unis. Sa famille est africaine, à  Ségou. « J’ai épousé une Malienne, qui s’appelle Genevière car elle est chrétienne, nous avons un enfant qui aura bientôt deux ans, Kim Pedro ». Le serveur lui apporte un petit déjeuner, sans qu’il ait à  le commander. On pose une serviette sur la tasse de café, pour éviter les mouches. Pedro prend le temps de se raconter, il n’est pas pressé de manger. A 77 ans, il semble avoir tout son temps. Pour les soins, il va « de temps en temps à  l’hôpital, pour un palu ». Quant à  ses dents plutôt abà®mées, il est vrai que « les dentistes de Ségou ne sont pas les meilleurs ». . . . « Je me tiens informé de l’actualité, mais, finalement, je ne comprends rien à  la marche du monde », reconnaà®t-il. Il ne va plus à  Bamako: « c’est de la folie là -bas, trop de monde ». En location, il a même le projet d’acheter un terrain et faire construire une maison. Sa retraite espagnole tombe régulièrement, mais il a oublié comment convertir les francs CFA en Euros. Après trois heures de lecture en musique, il part retrouver sa famille et « déjeuner à  l’africaine ». Après son départ, un jeune serveur s’exclame: « Ah! Monsieur Pedro, il va mourir au Mali! »

Les Islamistes se déchirent

C’est le premier coup de théâtre au Nord-Mali, conséquence directe de l’intervention armée de la France depuis deux semaines. Le groupe islamiste touareg Ansar Dine (« Défenseurs de la religion »), qui fait régner la terreur depuis 10 mois à  Tombouctou, Kigal et Gao aux côtés des combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), vient de se scinder en deux. Des dissidents touareg islamistes ont créé leur propre groupe, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). « Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu’il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à  les combattre », affirme la nouvelle entité dans un communiqué reçu jeudi par l’AFP. « L’intervention française au Mali crée aujourd’hui une nouvelle situation politique qui se manifeste par la scission au sein d’Ansar Dine », explique au Point.fr André Bourgeot, spécialiste du Mali au CNRS. « L’avènement du MIA modifie inévitablement les rapports de force politiques dans le nord du pays. » Label « al-Qaida » Le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier contre l’ex-président malien Amadou Toumani Touré a totalement désorganisé l’armée malienne, qui n’a rien pu faire face aux combattants islamistes qui se sont emparés des trois principales régions administratives dans le nord du pays. La cité de Tombouctou est tombée aux mains d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), anciennement connue sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ces djihadistes, qui combattaient en Algérie durant la guerre civile, ont été en partie expulsés du pays par l’armée algérienne. Aujourd’hui réfugié dans le Sahel, le GSPC a obtenu le label « al-Qaida », devenant la branche régionale de la nébuleuse terroriste. Il finance et arme aujourd’hui deux autres groupes islamistes qui lui sont – de fait – affiliés. Né fin 2011, à  la suite de la défection de membres d’Aqmi, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dicte sa loi dans la région de Gao. Quant à  la ville de Kidal, elle demeure sous la coupe des Touareg islamistes d’Ansar Dine, faction créée elle aussi en décembre 2011. Flexibilité des islamistes « La nouvelle stratégie d’al-Qaida est de mettre sur pied des groupes locaux dirigés par des autochtones, afin de mieux s’adapter aux réalités du terrain », explique André Bourgeot. « S’ils demeurent autonomes, les trois groupes islamistes, qui vivent du trafic de drogue, poursuivent le même objectif : instaurer la charia dans l’ensemble du pays », ajoute le spécialiste du Mali. « Leurs membres peuvent ainsi combattre avec l’un ou l’autre groupe, selon les besoins du terrain. » Mais cette réalité est aujourd’hui bouleversée par l’arrivée du MIA, qui affirme vouloir une solution négociée à  la crise au Mali. à€ sa tête, figure Algabas Ag Intalla, qui n’est autre que l’envoyé d’Ansar Dine, qui s’est rendu en décembre dernier à  Ougadougou pour négocier avec la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) l’arrêt des combats. Or, coup de théâtre, un mois plus tard, le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, décide contre toute attente de reprendre les hostilités. « Algabas Ag Intalla, très implanté localement, est le seul à  même de rallier à  sa cause d’autres Touareg, comme ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « , affirme André Bourgeot. La carte touareg Ce mouvement touareg, qui est lui laà¯que, lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de l’Azawad, nom donné au nord du Mali. Il s’est même allié, lors du coup d’à‰tat militaire de mars 2012, aux islamistes touareg d’Ansar Dine pour conquérir les grandes villes du nord. Mais il en a ensuite été exclu. Considérablement affaiblis, les Touareg du MNLA ont déclaré lundi à  l’AFP être « prêts à  aider » l’armée française, en faisant « le travail au sol » contre les djihadistes du nord. « D’un point de vue militaire, je pense que le MNLA n’existe plus », a riposté le lendemain Tieman Coulibaly, le ministre malien des Affaires étrangères. Tandis que les premières forces africaines de la Misma commencent à  se diriger vers le centre du Mali, la nouvelle de la scission d’Ansar Dine pourrait relancer l’hypothèse d’une solution négociée en parallèle. « Algabas Ag Intalla, nouveau chef du MIA, se pose aujourd’hui comme le seul interlocuteur respectable aux yeux de la communauté internationale », analyse André Bourgeot. « Cela renforce la dimension touareg au nord du pays et pourrait favoriser un règlement politique intérieur de la crise, et donc les conditions d’un éventuel retrait des troupes françaises. »

Guerre au Mali : Changements d’axes et de stratégies

Les forces spéciales françaises sont en ce moment même engagées sur le terrain à  Diabali. Objectif, traquer les jihadistes qui on pris mardi le contrôle de Diabali et se sont fondus dans la foule. Difficile de les identifier, quant ils ont abandonné leurs véhicules pick-up. Joint par téléphone, A Diarra, un habitant de Diabali, témoigne : «Â Ils sont visibles dans la ville et ont planté leurs drapeaux noirs partout. Ils ont même saboté le réseau de communication pour empêcher les habitants de communiquer avec l’extérieur et surtout de fournir du renseignement aux forces françaises sur leur localisation ». Un témoignage qui confirme que désormais, la stratégie de bataille de part et d’autre des belligérants a changé. Comment ? De l’aérien vers le terrestre Pour les soldas français engagés dans l’opération militaire malienne Serval, il a d’abord fallu intervenir dans les airs, pour arrêter la progression des jihadistes du centre ( Konan ) vers le Sud du Mali. En bombardant leurs positions au nord, ils voulaient affaiblir les rebelles d’Ansar Dine, d’Aqmi ou du Mujao. Rafales, Mirages, hélicoptères gazelles, les engins ont survolé la zone pour pilonner les positions jihadistes, hors du centre des villes occupées, en éparnant les habitants. Douentza un peu plus au nord, n’y a pas échappé, tout comme Konan, dont on apprend par le ministre français des Affaires Etrangères que, la ville n’a pas entièrement été reprise. Cela signifie que les rebelles se cachent encore dans la ville. Il faut donc les affronter au sol, les débusquer et les combattre. C’’est là  que la stratégie française prend une nouvelle tournure au 6è jour de l’opération Serval. Comme l’indique son nom, inspiré d’un félin, qui «Â urinerait 30 fois par jour » pour marquer son territoire, les troupes françaises devront confirmer leur emprise sur les jihadistes, pour ensuite être sécurisés par la force Africaine MICEMA. De celles-ci, un bataillon de 900 hommes venus du Nigéria est attendu ce mercredi à  Bamako. Le travail est donc double à  Diabali (400km de Bamako) pour éviter toute nouvelle progression de l’ennemi vers la capitale malienne. Sécurisation Pour parer à  cela, une stratégie de protection a été actionnée, en dirigeant une quarantaine de blindés français vers le Nord, d’une part à  Diabali, d’autre part vers Mopti, l’autre ville tampon. Si Konan reste toujours assiégée, il faudra tenter de libérer totalement la ville. Plus au sud, des blindés sont positionnés à  Markhala, o๠se trouve le barrage hydroélectrique, un point stratégique entre Ségou et Niono. Autant dire que les populations de ces localités retiennent leurs souffles en matière de riposte islamiste. De même à  Bamako, la protection se renforce avec la présence d’unités spéciales comme le GIGN français, chargé de vérifier la sécurité des édifices administratifs, ainsi que des soldats français postés devant les administrations, ambassades et lycées français à  Bamako, ce qu’a reconfirmé l’ambassadeur français, lors d’une conférence de presse tenu hier à  Bamako. De l’occupation à  la guérilla populaire… On le savait, les jihadistes sont des combattants au sol, des guérilleros attachés à  l’embuscade, au contournement et à  la surprise. Voilà  leurs forces en plus d’être surarmés. Mais l’armée française depuis le début de l’opération Serval a tenté de détruire une partie importante de leur arsenal guerrier hérité du conflit lybien. Chassés de Gao, Tombouctou et Kidal, ils se cachent désormais parmi les populations des villes prises, oû se retranchent dans leurs abris. Ils se déplacent aussi très vite. La mobilité est donc l’un de leurs points forts. De la frontière mauritanienne vers Diabali, des combattants d’Ansar Dine se sont repliés vers le centre pour échapper aux bombardements. Mais l’armée malienne qui se dirige également au nord, tentera de les encercler. Le Général français de Corps d’armée Dominique Delors, précise qu’il faudra pour «Â  les forces françaises rester équipés, en alerte face à  des hommes habitués à  se mouvoir très vite dans les sables du Sahel… ». Guerre de communication Mais sur Diabali, une autre guerre a commencé, celle de la communication, les rebelles ont ainsi saboté le réseau de téléphonie, tout comme à  Gao. «Â Ils ont coupé les communications, ils accusent des habitants de donner des informations aux militaires, a déclaré un habitant de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, l’une des principales villes du nord du Mali, joint par l’AFP sur un téléphone satellitaire. Un élément à  ne pas négliger d’o๠la force du renseignement que propose les Etats Unis, un appui logistique plus grand de la part de la CEDEAO et de la communauté internationale. Du reste, ce sont 2500 hommes qui seront progressivement déployés au Mali, par la France, a précisé le chef de l’Etat, François Hollande il y a quelques jours. Autant dire que la guerre ne fait que commencer au Mali.

Nord Mali : les jihadistes se replient

Les combattants jihadistes, soumis à  des frappes aériennes françaises, ont évacué les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, un porte-parole des islamistes évoquant un « repli tactique ». Mais, dans le même temps, les islamistes sont repassés à  l’offensive dans l’ouest du Mali en s’emparant lundi de la localité de Diabali, à  400 km au nord de Bamako, après des combats contre l’armée malienne. Gao, une des principales villes du nord malien, tombée sous la coupe des jihadistes il y a plus de neuf mois, a fait l’objet d’intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d’une soixantaine de combattants, selon des estimations des habitants et d’une source de sécurité régionale. « Nous sommes libres. On n’a pas vu aujourd’hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés », a assuré un habitant joint par téléphone depuis Bamako. A Tombouctou, o๠aucune frappe aérienne n’a pour le moment été recensée, le constat était le même: « les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur », a constaté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, o๠les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées. Même les combattants qui s’étaient emparés jeudi de la localité de Konna (centre) avant d’en être repoussés vendredi et qui s’étaient repliés sur Douentza ont abandonné cette dernière ville qu’ils contrôlaient depuis septembre, à  800 km au nord de Bamako. « Ils ont peur des avions. Le dernier 4×4 des moujahidine a quitté la ville vers 16 heures » (locales et GMT), selon un témoin. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique », l’exécution d’un « plan de redéploiement », selon des propos publiés sur le site d’informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens). « Les combattants de notre mouvement se sont retirés des villes et des positions qu’ils occupaient (…) dans le but de limiter les dégâts parmi les populations civiles désarmées », a-t-il assuré. La France – « en guerre contre le terrorisme » au Mali selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian – avait bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi les positions qu’ils contrôlent dans le nord.