Journée mondiale des réfugiés: plus de 70 millions de déplacés dans le monde

A l’occasion de la journée mondiale des réfugiés célébrée ce jeudi 20 juin 2019, l’état des lieux des réfugiés est dressé à travers le monde. Les familles qui fuient leur cadre habituel de vie à la recherche d’un abri loin de la guerre, des persécutions et des violences sont de plus en plus nombreuses à travers le monde.

A la date du 31 mai 2019, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) au Mali estimait à 138 391 le nombre de réfugiés maliens ayant quitté le pays à cause de la situation d’insécurité dans certaines localités. Les pays d’accueil de ces déplacés au 31 étaient la Mauritanie avec 56 914, le Niger 56 306 et le Burkina Faso avec 25 171 au 31 avril 2019.

Rapatriés au Mali: 

Source : DNDS

Ce tableau indique la tendance au retour des réfugiés observée depuis des mois dans un contexte marqué par la signature par toutes les parties de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger: la signature des accords tripartites Mali- Niger-HCR, Mali-Burkina-HCR et Mali-Mauritanie- HCR pour le rapatriement volontaire des Réfugiés maliens. Tendances mondiales des réfugiés.

Les déplacés internes

La Commission Mouvement de Populations (CMP) qui recueille et analyse les informations sur les mouvements de populations à l’intérieur du Mali a recensé  fin mai 2019, 120 067 personnes déplacés internes, soit une augmentation de 13 903 individus entre le 1er et le 31 mai 2019. Aussi, 73 880 rapatriés, ce qui correspond à une augmentation de 74 personnes par rapport aux données d’Avril 2019  soit 73.806 rapatriés. Selon l’institution, 548 536 personnes retournées ont été enregistrés par les équipes de la DNDS.

Les opérations d’enregistrement et d’évaluation menées par les équipes de la DTM dans les Régions de Kayes, Ségou, Mopti, Gao et Tombouctou, attestent une augmentation du nombre de personnes déplacées internes au Mali suite à des violences variées dans les régions de Mopti, Ségou, Gao et Tombouctou. De 106 164 PDIs identifiées en avril 2019. Le nombre de personnes déplacées internes dans le pays s’élève désormais à 120 067 individus. Ainsi du 1er au 30 mai 2019, une augmentation de 13 903 personnes déplacées (13%) a été constatée, suite à la dégradation de la situation sécuritaire dans les Régions de Ségou, Mopti, Gao et Tombouctou.

 

Réfugiés : 130 000 Maliens vivent hors du pays dans des camps

Depuis la crise de 2012, le Mali compte environ 130 000 de ses citoyens vivants hors de son territoire. Ces personnes qui ont fui les violences vivent depuis dans les camps de réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger.

Ce 20 juin est célébré la journée mondiale des réfugiés. Une occasion pour se pencher sur la situation de ces millions de personnes qui, de par le monde, ont tout laissé pour fuir, la guerre, la faim ou les catastrophes naturelles. Si aujourd’hui, l’actualité est marquée par la crise syrienne et les millions de réfugiés qui affluent en Europe, il convient de se rappeler que plus près de nous, des centaines de milliers de personnes se retrouvent dans la même situation. À ce jour, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), environ 130.000 réfugiés maliens sont toujours en exil dans les pays limitrophes du Mali, 33.100 au Burkina Faso, 41.600 en Mauritanie et quelque 60.500 au Niger, où ils bénéficient des programmes de protection et d’assistance des bureaux du HCR dans ces pays. 47.400 Maliens ont quant à eux repris le chemin de chez eux, selon des chiffres du gouvernement (1957 depuis le début de 2016).

Sur le terrain, un travail de sensibilisation est fait pour inciter les réfractaires au retour. Selon le HCR, celui-ci est conditionné par une normalisation de la situation sécuritaire dans les zones d’origine, celles du nord du pays où l’insécurité est encore d’actualité. En attendant, les réfugiés survivent grâce à l’aide d’organisations internationales telles que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui a récemment déclaré avoir besoin « de toute urgence de 2,5 millions de dollars pour apporter aux réfugiés maliens l’assistance dont ils ont besoin pour survivre ».

Réfugiés au Mali

Ce que l’on sait moins, c’est que le Mali abrite lui aussi des réfugiés. Ainsi dans la région de Kayes, les programmes du HCR couvrent près de 15.300 réfugiés mauritaniens, pour lesquels un programme d’intégration locale est mis en œuvre pour ceux qui souhaitent opter pour cette solution. En juillet 2014, l’État malien s’est engagé en faveur de l’intégration locale de ces réfugiés mauritaniens présents sur le sol malien, pour la plupart depuis plus de vingt-cinq ans. Dans la région de Sikasso, 38 Ivoiriens, arrivés en 2002, vivent dans le centre de Faragouaran et bénéficient des activités d’assistance et de protection du HCR. Enfin, près de 2.800 réfugiés urbains et demandeurs d’asile, originaires principalement de République centrafricaine, de République démocratique du Congo et de Côte d’Ivoire, sont présents autour de Bamako, sans oublier les quelques syriens récemment arrivés.

« Avec les réfugiés », c’est le thème de la journée mondiale des réfugiés 2016. « Les réfugiés sont des gens ordinaires ayant vécu des circonstances extraordinaires » rappelle le représentant du HCR, expliquant que le thème de cette année vise à faire découvrir au public qui sont ces femmes, hommes et enfants que les circonstances ont amené à vivre dans d’autres pays que le leur. Des témoignages, pièces de théâtre, émissions sont prévus pour mettre en lumière la condition de réfugié, au Mali comme ailleurs dans le monde.

Pour mémoire, la journée mondiale des réfugiés a été instaurée le 4 décembre 2000, par l’Assemblée générale des Nations unies.

« Bienvenue au Réfugistan »

La journaliste et réalisatrice Anne Poiret s’est plongée dans la réalité des camps de réfugiés, véritable villes d’apatrides, et nous ouvre les portes d’un univers déroutant.

Les images de réfugiés, en nombre, sur les routes, ou parqués dans les camps , nous connaissons. Mais quand est-il de leur vie dans ces camps de tente où ils résident pendant une période indéterminée. C’est cet aspect méconnu de la vie des réfugiés que dépeint « Bienvenue au Réfugistan », le documentaire de la journaliste-réalisatrice Anne Poiret, qui sera diffusé à partir du 21 juin sur la chaîne de télévison ARTE ainsi que sur son site internet. En 52 minutes, le film nous immerge dans ces camps «  pays virtuel de la taille des Pays-Bas ». le film mène l’enquête sur ce gigantesque dispositif, où des ONG comme le HCR ont mis en place un système à la fois efficace et absurde.

Le « Réfugistan », c’est un pays qui n’existe pas, un camp aux allures de bidonvilles avec ces tentes de toile, ces bâches en plastique. Là-bas, le temps passe, dans la chaleur, la saleté et la promiscuité, on ne peut ni sortir ni travailler. Pourtant, chose absurde, on y trouve un supermarché, où l’on touche les produits du regard, car la population du camp n’a pas les moyens de payer ces produits vendus chers.

Le film, invite le spectateur à se placer dans la peau d’un réfugié, fraîchement débarqué dans un camp surpeuplé et qui découvre au bout du compte, qu’enfin sortie du pays qu’il fuyait, la vie qu’il mène n’y est guère plus enviable.

Dans ces « nations d’exilés », où vivent ces apatrides miséreux, le temps est une angoisse partagée : combien de mois, d’années, vais-je rester ici ? En moyenne, la durée d’un séjour dans un camp est de 17 ans. 17 ans d’une vie dépensée dans un univers fait de misère, de trafic et de privations, de quoi laisser des traces indélébiles.
La tentation du retour peut être grande, et certains au bout de quelques mois s’en retournent, quels que soient les danger qu’ils connaîtront. Quand à ceux qui restent dans l’espoir d’obtenir le statut de réfugié ou un droit d’asile, les élus sont peu nombreux, environ mille par année pour des centaines de milliers qui restent à espèrer.

On ressort du documentaire d’Anne Poiret un peu groggy, face à la difficile gestion de ces gens qui ont fuit pour un avenir meilleur, au casse-tête de l’organisation de ces ces camps au quotidien en terme de nourriture, d’hygiène ou de sécurité. Le film nous emmène du camp de Dadaab au Kenya, le plus grand du monde, à celui d’Azraq en Jordanie, en Tanzanie jusqu’à la frontière Grèce/Macédoine, ainsi qu’au siège du HCR à Genève et en Norvège. Il donne la parole aux réfugiés comme aux humanitaires du HCR et d’autres ONG. Alors que le 20 juin est la journée mondiale des réfugiés, ce documentaire vient nous éclairer sur la situation et la vie réelle de ces déplacés, fuyant les crises et les guerres, pour terminer dans ces camps, sorte de « prisons à ciel ouvert ».