Lutte contre le tabac au Mali : l’espoir malgré tout

Le 31 mai est consacré depuis 1988 à  la journée mondiale sans tabac. L’occasion pour l’organisation mondiale de la santé (OMS) et les organisations de lutte contre le tabagisme d’attirer l’attention sur les dangers liés au phénomène. Au Mali, environ 25% des affections traitées au service de pneumologie de l’hôpital du point G sont liés au tabagisme.

Ces  pathologies liées au tabac vont des bronchites chroniques aux pneumopathies chroniques et jusqu’au cancer, selon le Professeur Yacouba Toloba, chef du service de pneumologie de l’hôpital du point G. Actuellement 6 malades sont  hospitalisés dans son service pour problèmes respiratoires  liés au tabac dont 2 cas de cancer. L’âge moyen de ces patients qui  est de 45/ 50 ans, connaît cependant une évolution, selon le Professeur Toloba , avec des affections qui touchent de plus en plus de jeunes. Et cette tendance est à la hausse avec une augmentation du tabagisme chez ces  jeunes  fumeurs dont l’âge se situe en dessous de 15 ans.

Pour l’OMS, c’est l’occasion de rappeler que chaque année le tabac tue 7 millions de personnes à travers le monde et la moitié des fumeurs mourront d’une pathologie liés au tabac. Et sur ces décès, environ 890 000 personnes sont des « fumeurs involontaires », c’est-à-dire ceux qui sont exposés à la fumée des autres. Le fléau qui « régresse trop lentement », selon l’OMS touche particulièrement les pays à revenus faibles et intermédiaires qui comptent près de 80% du milliard de fumeurs.

L’organisation qui rappelle que la surveillance est essentielle pour mesurer l’ampleur et la nature de la consommation, ajoute qu’elle permet ainsi d’adapter les politiques.

En outre la connaissance des risques liés à la consommation du tabac, contribue efficacement à la prise de décision des fumeurs d’arrêter. Malheureusement, cette aide au sevrage n’existe pas dans un quart des pays les plus touchés.

Au Mali,  même si cette aide au sevrage  existe pour «  ceux qui ont des affections et qui sollicitent l’accompagnement des agents de santé pour ne pas être des insuffisants respiratoires de demain », selon le Professeur Toloba, les moyens restent insuffisants, selon Maître Mahamane Cissé président du réseau des associations et ONG de lutte contre le tabac (RELUTAS). Le réseau qui existe depuis 2010 se réjouit de l’existence d’un cadre juridique, notamment une loi de 2010 qui interdit la consommation dans les lieux publics et réglemente la commercialisation. Parmi les acquis, Maître Cissé note également l’existence d’une volonté politique et d’une société civile engagée dans la lutte.

Il regrette cependant le non respect de cette loi et « une forte proportion de jeunes qui continuent de fumer » ainsi que l’absence d’accompagnement pour le sevrage. Malgré ces difficultés et ce manque de moyens, Maître Cissé garde espoir dans cette lutte « noble qui est menée par des personnes motivées et convaincues. »