Jean-Pierre Bemba : L’épouvantail de Kabila

Jean-Pierre Bemba est sorti de prison, en liberté provisoire. Après avoir passé dix années en prison, condamné par la CPI pour sa responsabilité dans les atrocités perpétrées par sa milice en Centrafrique, il a été, à la surprise de beaucoup, acquitté le  08 juin 2018.

La chambre d’appel de la CPI a considéré que la responsabilité de M. Bemba dans les atrocités perpétrées par sa milice en République centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003 n’avait pas été prouvée. Un coup de tonnerre dans le ciel de la justice internationale. Son procès, ouvert à La Haye en novembre 2010, avait été le premier de la CPI mettant en avant la responsabilité d’un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle. Condamné en  première instance en 2016 à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par la CPI, J-P. Bemba a déja passé près de dix années en prison. La chambre d’appel a estimé que, n’étant pas lui-même présent en Centrafrique lors des faits, il n’aurait pas pu contrôler à distance les agissements de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC).

10 ans de geôle. C’est l’un des principaux arguments avancés par sa défense pour demander sa libération immédiate. Thijs Bouwknegt, juriste en droit international spécialisé dans les pays africains, cité par Le Monde, estime que la libération du Congolais était « logique ». Reste maintenant à savoir ce que va faire l’ancien vice-président, âgé de 55 ans. « Retrouver sa famille en Belgique »,  où celle-ci est exilée depuis 2007 ;  croit savoir Saleh Mwanamilongo, journaliste congolais. « Même s’il quitte La Haye, il sera en  liberté provisoire, du moins jusqu’à l’audience du 4 juillet prochain », explique-t-il, jugeant « très peu probable » une candidature de J-P Bemba à la prochaine présidentielle dans son pays. Mais l’homme reste très influent. « Même s’il a perdu sa base qui s’est dispersée depuis son incarcération, il est toujours très écouté dans sa province de l’Equateur. Il pourrait être le faiseur de roi », poursuit M. Mwanamilongo qui, comme de nombreux Congolais, se pose des questions sur le chronogramme de cet acquittement. « Les gens se disent que c’est surtout une décision négociée, histoire d’amener une personnalité qui peut faire peur à Kabila, alors que Katumbi et Tsisékédi  n’ont pas réussi à incarner le changement. Son seul grand adversaire reste aujourd’hui Bemba », conclut-il. Bemba, l’épouvantail de Kabila ?

RDC: triple attaque à Kinshasa, appel au calme

Quarante assaillants ont été tués ce lundi à  Kinshasa au cours d’une prise d’otage à  la télévision publique, et des tirs ont été entendus à  l’aéroport international et à  l’état-major général, situé au camp de Tshatshi, selon le gouvernement. « Il y en a eu 16 qui sont tombés à  l’aéroport, huit qui sont tombés à  la RTNC (Radio-Télévision Nationale Congolaise ) et 16 à  l’état-major général. Il n’y a aucune victime civile rapportée, et aucune victime parmi les forces de sécurité », a déclaré Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. Lundi matin, des hommes armés « de machettes et d’armes » à  feu ont forcé l’entrée de la RTNC, selon la police. Peu après, le signal a été coupé et des tirs ont été signalés à  l’aéroport international de Ndjili, dans le nord-est de la ville, ainsi qu’au camp militaire Tshatshi, siège de l’état-major général, situé à  une dizaine de kilomètres de la RTNC. Les preneurs d’otages ont affirmé agir pour le compte d’un pasteur, ex-candidat à  la présidentielle de 2006, remportée par l’actuel président, Joseph Kabila, selon un journaliste de la RTNC. Dans une lettre ouverte datée du 5 décembre, le pasteur Joseph Mukungubila Mutombo avait fait part de son amertume quant à  la gestion du pays et tenu un discours haineux à  l’encontre du Rwanda voisin, dont il rappelait les agressions contre la RDC et avec qui, selon lui, le président Kabila pactise. Appel au calme Lambert Mende, porte-parole du gouvernement a expliqué que les auteurs de l’attaque n’étaient pas encore identifiés et estimé que cette « agression » visait à  terroriser la population. « Nous n’avons pas l’impression que les assaillants aient eu un autre objectif -avec un nombre aussi pauvre, avec un armement aussi pauvre- (que) de vouloir (…) semer la panique et la terreur à  la veille des célébrations des fêtes de Nouvel an », a-t-il souligné. Il s’exprimait sur les ondes de la RTNC. Un important dispositif sécuritaire a été déployé. Il comptait des policiers, militaires, ainsi que des gardes républicains, chargés de la protection du président Joseph Kabila. La circulation était fortement réduite et, par endroits dans la matinée, on pouvait sentir une forte odeur de poudre. Le gouvernement a appelé les Kinois à  reprendre leurs activités normales, en leur demandant de ne pas s’inquiéter du renforcement des mesures de sécurité, a ajouté M. Mende.