Modibo KANEH : « J’assume mon Sida » !

Il nous a conté une anecdote pour dire que la stigmatisation est une contrainte pour ses pairs. Sur les cent milles personnes vivant avec le VIH, le sage Modibo KANEH reste pratiquement la seule à  parcourir le continent pour prêcher la bonne parole sans se soucier du regard ou du jugement de l’autre. Avec sa voix de stentor, le vieux père bien drapé dans un grand boubou trois pièces beige marron répond aux interpellations des uns et des autres. Il dit ne pas cacher vivre avec le VIH bien que ses proches en souffrent du fait de la stigmatisation. L’espoir fait vivre A l’école et avec les amis, ils sont pointés du doigt. Le septuagénaire ne s’en indigne pas. Il raconte avec le sourire un fait qu’il a vécu au Burkina Faso : « je participais à  une rencontre internationale à  Ouagadougou et deux jours durant l’on a parlé du VIH et des personnes vivant avec le virus. Vers quatorze heures, un homme voulant prier s’en ouvra à  moi, je le conduis dans ma chambre et lui prête mon tapis de prière. Puis nous retournâmes dans la salle. A l’heure indiquée, je prie la parole pour livrer mon message qui se terminait par une question : que ferez-vous en rencontrant une personne vivant avec le VIH ? A l’unanimité, l’assistance dit préférer l’éviter pour ne pas contracter la maladie. Je souris et dis «Â pourtant vous avez donné la main et discuté avec un homme vivant avec le VIH ce matin ». Ils furent stupéfaits et demandèrent «Â qui était cet homme ? ». En pointant le doigt sur ma personne, «Â ils se mirent tous à  demander pardon et une bonne sœur vint se jeter dans mes bras à  chaudes larmes pour me demander pardon. Je veux vous dire que nous avons besoin de ce type de message d’espoir car le Sida n’est pas une fatalité ». Le courage, la foi et la chaleur humaine de Modibo KANEH déroutent ses interlocuteurs. Il faut lui serrer la main pour comprendre que «Â l’espoir fait vivre ».