50 ans après, un autre Kenyatta

De nombreux chefs d’à‰tat africains et des représentants des pays occidentaux vont prendre part ce 09 avril 2013 à  l’investiture du quatrième président élu du Kenya. Uhuru Kenyatta a été élu début mars, dès le premier tour, avec très peu de voix au-dessus de la barre des 50 %. D’abord contestée par l’opposition, l’élection présidentielle a finalement été validée par la plus haute juridiction du pays – la Cour suprême – qui a rendu son verdict, le 30 mars, et qui a décrété qu’il n’y avait pas eu de fraude. Raila Odinga, candidat malheureux au scrutin du 4 mars, s’est incliné et a reconnu sa défaite. Rien de comparable avec ce qui s’est passé en 2007. l’annonce de la défaite de Raila Odinga, déjà  candidat malheureux à  l’époque face au président sortant, Mwai Kibaki, avait débouché sur de violents affrontements. En deux mois, plus d’un millier de Kényans avaient été tués et 600 000 habitants avaient dû fuir leur maison. Uhuru Kenyatta et son colistier William Ruto, sont d’ailleurs tous deux inculpés par la CPI pour crimes contre l’humanité pour leur responsabilité présumée dans ces violences. Depuis la décision de la Cour suprême, les préparatifs pour l’investiture du nouveau président ont battu leur plein, au stade Kasarani – complexe sportif qui porte le nom de l’ancien président Daniel Arap Moi – qui doit accueillir, selon la presse présidentielle, 25 chefs d’Etat et représentants des gouvernements. Parmi eux, de nombreux présidents africains dont l’Ougandais Yoweri Museveni – qui prononcera un discours – mais également le Sud-Africain Jacob Zuma, le Rwandais Paul Kagamé ou encore le Sud-Soudanais Salva Kiir. Aucun chef d’à‰tat occidental ne se rendra à  Naà¯robi pour cette cérémonie mais des représentants ont été dépêché dans la capitale kényane. Cinquante ans et poussières après son père, Uhuru Kenyatta devient donc président du Kenya. Jomo Kenyatta est le père fondateur du Kenya, Il faut dire que la situation est pour le moins inédite. C’est bien la première fois qu’un dirigeant, poursuivi au plan international, prend officiellement le pouvoir dans son pays. D’o๠le malaise au sein de la communauté internationale qui ne sait sans doute pas encore comment gérer, sans faire de vague et en particulier au Kenya, cette affaire délicate. Uhuru Kenyatta doit comparaà®tre devant la Cour pénale internationale de la Haye le 9 juillet prochain. Le Kenya représente par ailleurs la première puissance économique d’Afrique de l’Est. Et si la présence chinoise est croissante dans la région, comme sur le reste du continent, l’essentiel des investissements étrangers – notamment dans les secteurs-clés – est d’origine occidentale.

Kenya: élections sous haute tension

Les autorités craignent toujours que des violences n’éclatent en marge des élections qui ont débuté ce matin au Kenya. Hier, dimanche, o๠six policiers ont été tués dans la ville portuaire de Mombasa. C’est en masse que les Kényans se rendent dans les bureaux de vote. D’impressionnantes files s’étirent devant les bureaux de vote, qui ont pour la plupart ouvert à  06H00 (03H00 GMT), malgré quelques retards ça et là . Environ 14,3 millions de Kényans doivent élire leur président, députés, sénateurs, gouverneurs (exécutif départemental), membres de l’Assemblée départementale et un quota de femmes à  l’Assemblée nationale. Au total ils doivent déposer six bulletins dans six urnes. La présidentielle s’annonce extrêmement serrée, les deux favoris, Raila Odinga et Uhuru Kenyatta, étant au coude à  coude dans les sondages. La clôture du scrutin est prévue à  17H00 mais tous les retards seront compensés, a assuré le président de la Commission électorale, Isaack Hassan. M. Odinga a voté dans la matinée dans sa circonscription de Kibera, tentaculaire bidonville de Nairobi qui fut l’un des principaux foyers des violences ayant éclaté après la précédente présidentielle, fin 2007. M. Kenyatta, fils du premier président du pays, a lui voté peu avant la mi-journée dans sa circonscription de Gatundu-sud, à  une cinquantaine de km au nord de la capitale. Inquiétudes sécuritaires Après une campagne plutôt tranquille, sans incident majeur, tout est fait pour éviter que ne se reproduisent les terribles violences de 2007-2008. Samedi soir, les derniers meetings ont été tenus par les deux principaux candidats, le Premier ministre sortant, Raila Odinga, et le vice-Premier ministre, Uhuru Kenyatta, à  Nairobi. Tous deux sont au coude à  coude dans les sondages. Mais Raila Odinga affirme que son adversaire ne pourra pas exercer le pouvoir s’il est élu étant donné qu’il est poursuivi, tout comme son colistier William Ruto, par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. La CPI estime, en effet, que les deux hommes ont attisé les violences de 2007-2008. La police, quant à  elle, a affirmé avoir déployé 99.000 policiers sur l’ensemble du territoire pour assurer la sécurité du scrutin. Dimanche nuit, 400 policiers ont été déployés à  Mombasa, deuxième ville du pays, o๠« six policiers et six assaillants ont été tués », lors de deux affrontements armés quelques heures plus tôt, l’un dans le quartier de Changamwe, l’autre à  Kilifi, localité côtière située à  une cinquantaine de kilomètres plus au nord. « Les policiers sont tombés dans une embuscade » tendue par un groupe d’environ 200 assaillants « armés de fusils, d’arcs et de flèches », a-t-il expliqué, attribuant implicitement les attaques au Conseil républicain de Mombasa (MRC), groupe séparatiste local qui a appelé au boycott du scrutin. Par ailleurs, un bureau de vote de Mandera, localité frontalière de la Somalie, été visé par une bombe artisanale qui n’a pas fait de victime et n’a que temporairement interrompu le vote, a poursuivi M. Kimaiyo.