Le maire de Dakar Khalifa Sall est depuis hier soir inculpé et détenu à la prison de Reubeuss. Il lui est reproché d’avoir détourné près de 1,83 milliards de FCFA.
C’est un rapport de l’inspection générale d’État sorti le 3 mars qui affirme que ces fonds ont été pris des caisses de la ville sans justification. Outre le maire, cinq autres de ses collaborateurs ont été mis aux arrêts. « Cette arrestation et cette détention n’ont pour but que de freiner Khalifa dans ses ambitions politiques » soutient l’un de ses avocats.
Ancien ministre Sall, est depuis 2009 le maire de Dakar. Sa formation politique le Parti Socialiste (PS) fait partie de la coalition autour de l’actuel président Macky Sall. Mais le maire de 61 ans en dissidence au sein de son parti et de la majorité a annoncé qu’il présenterait sa liste lors des prochaines législatives le 30 juillet prochain. Plusieurs personnes dénoncent une instrumentalisation de la justice visant à compromettre une éventuelle candidature de Khalifa Sall aux prochaines élections présidentielles. « Il s’agit de fonds politiques qui ont été utilisés et servis à apporter le confort et le soutien à des populations nécessiteuses. Qui veut tuer son chien l’accuse de rage. Mais ça ne passera pas » s’insurge Cheick Gueye maire de la commune de Dieuppeul-Derklé.
Même le parti de l’ancien président Abdoulaye Wade, pourtant adversaire résolu du PS, a fait part de son indignation. Par la voix de son porte-parole Babacar Gueye, il dénonce un harcèlement politico-judiciaire et une lutte autour du pouvoir. Plusieurs soutiens au maire prévoient de manifester pour exiger sa libération. Pour se justifier, le gouvernement a publié un communiqué dans lequel il estime la convocation du maire normal. « Qu’il apporte les pièces et les justificatifs nécessaires pour sa défense, aucune autre forme de victimisation n’est valable » peut-on y lire.