Blocus de Dinangourou : les FAMa démentent

Depuis le lundi 28 juin 2021, des informations circulant sur les réseaux sociaux annoncent la libération de  Dinangourou dans la région de Mopti par les FAMa. Au cours de cette opération 34 terroristes auraient été tués et 18 furent prisonniers contre cinq morts et deux blessés côté FAMa. Fake news affirme ces derniers à travers un communiqué en date du 30 juin 2021 de la DIRPA, le département communication de l’armée malienne. « Les FAMa rayonnent dans cette localité depuis plusieurs jours et aucun combat ne les a opposés aux groupes armés terroristes. Des patrouilles y sont menées régulièrement par les FAMa en vue d’assurer la quiétude des populations » précise le document. Pourtant, selon des témoignages recueillis auprès de ses ressortissants à Bamako Dinangourou, dans le cercle de Koro, est assiégé depuis le 02 mai 2021 par des hommes armés. Une information que dément que le chef de la DIRPA Souleymane Dembélé qui explique que leur mutisme s’explique par une volonté de ne pas faire le jeu des terroristes. « Nous devons faire aujourd’hui avec de nouvelles formes de médias, nous ne pouvons pas réagir à toutes les fausses informations, ce n’est pas notre rôle ». Il ajoute que le centre du pays à ses spécificités. « Des villageois en quittant leur village peuvent rencontrer des terroristes en cours de route, cela ne veut pas dire que toute une localité est encerclée ».

Étienne Poudiougou : « C’est une manœuvre pour m’évincer de la mairie de Koporo-Na »

Étienne Poudiougou, maire de Koporo-Na (cercle de Koro) a été suspendu le 14 avril dernier de ses fonctions pour avoir rédigé une lettre intimant à la communauté peule de quitter sa commune. L’élu, traité de « raciste » par certains, qui vit aujourd’hui caché, a expliqué à Journal du Mali les tenants et aboutissants d’une affaire qui a secoué le pays tout entier.

Dans quelles circonstances avez-vous été amené à rédiger cette lettre ?

Je tiens d’abord à dire qu’il n’y avait pas de confrontation entre Peuls et Dogons dans mon village, pas de situation conflictuelle. Le samedi 7 avril, il y a eu une réunion sur la paix et la réconciliation à Pel Maoudé. À l’issue de la rencontre, les participants étaient convaincus que ces histoires de conflits entre Peuls et Dogons allaient prendre fin et étaient satisfaits. Parallèlement se tenait à Koro une autre réunion, rassemblant les chasseurs de Koro et de Koporo-Na. Peu de temps après, des soi-disant chasseurs de Koporo-Na sont revenus avec un papier, qu’ils ont distribué aux chefs de village, leur intimant de chasser les Peuls de leurs localités.

Il y avait donc déjà eu un appel à chasser les Peuls ?

Oui, et j’en ai été le premier surpris quand j’ai été saisi de la diffusion de cette propagande. J’ajoute que le dimanche j’avais reçu des appels disant que, pendant notre réunion, j’avais demandé à ce que l’on chasse les Peuls de la commune. Dès le lundi 9 avril, j’ai convoqué d’urgence tous les chefs de village. Je leur ai dit que cette situation était inacceptable, car nous vivons avec les Peuls depuis toujours et que les chasser était impensable. Ils étaient d’accord et nous avons décidé d’envoyer une mission à Koro pour avertir de ce qu’il se passait. Nous avons contacté les chasseurs pour qu’ils préviennent leur coordination à Koro. Il y avait 7 personnes dans la délégation, dont moi-même. Le 10 avril, tout le monde était présent, sauf les chasseurs. Nous sommes repartis. Durant notre trajet, nous les avons appelés plusieurs fois, mais ceux que nous avons contacté ont refusé de décrocher leur téléphone.

Vous pensez que les chasseurs sont derrière cette propagande ?

Le chef des chasseurs de Koporo-Na, ainsi que l’adjoint de la coordination des chasseurs, que nous avons rencontrés, nous ont fait savoir que leur confrérie n’était pas au courant et n’avait rien à voir avec cela. Je doute que ceux qui ont décidé ça soient vraiment des Dozos. Toujours est-il que je suis revenu à Koporo-Na pour y passer la nuit. J’ai été appelé par un proche qui m’a dit que deux personnes étaient venues le voir et lui avaient dit que je devais faire un communiqué demandant aux Peuls de quitter le territoire de la commune. Si je refusais, je serais tué, ainsi que ma famille et tous les Peuls. J’ai eu peur et j’ai écrit la lettre, pour me protéger, protéger ma famille et protéger les Peuls de ma commune.

Pourquoi ne pas en avoir d’abord parlé aux autorités ?

J’ai agi sous la menace et parce que je n’avais aucune protection. Je suis d’ailleurs toujours menacé. Je me désengage de cette lettre. C’est parce que j’ai refusé que le message de propagande soit diffusé partout dans ma commune que j’ai été considéré comme un ennemi. Les Peuls de Koporo-Na peuvent témoigner que ce n’est pas mon genre de tenir de tels propos. Je n’ai aucun sentiment xénophobe envers eux, nous avons toujours vécu en harmonie.

L’avis manuscrit rédigé le 12 avril dernier par Etienne Poudiougou, maire de Koporo-Na.

Selon vous, qui se cache derrière ces menaces et dans quel intérêt ?

Je suis visé par des personnes mal intentionnées. Pour que leur propagande soit crédible, elles m’ont forcé à écrire cette lettre en tant que maire. C’est une manœuvre politicienne pour m’évincer de la mairie, en faisant peser sur moi de graves accusations. Les deux personnes qui ont proféré ces menaces de mort sont connues, ce sont des émissaires de mes concurrents politiques. Je fais partie de l’UDD (Union pour la Démocratie et le Développement), le Président de la section de Koro, à laquelle j’appartiens, est Maître Hassan Barry. Comment peut-on me considérer comme raciste alors que le Président de la section locale de mon parti est un Peul ?

Qui sont ces concurrents politiques ?

Je ne peux pas les citer. Cela a commencé lorsque le maire élu est décédé. J’ai été désigné pour être le nouveau maire, ce qui a créé des contestations et des jalousies. Certains ont refusé ma nomination. L’affaire est allée jusqu’à la Cour suprême, mais leur requête n’a pas abouti. L’UDD a conservé la mairie. Les perdants n’ont jamais accepté cela malgré la décision de la Cour suprême.

La communauté peule a-t-elle commencé à quitter le commune ?

les Peuls sont toujours là , aucun chasseur n’est venu leur dire de partir. Aucun peul n’est venu me visiter à ce sujet.

Craignez-vous toujours qu’on attente à votre vie et comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai quitté Koporo-Na pour me protéger. J’ai quitté ma maison et je suis parti loin. Je ne peux pas vous dire où je me trouve. Je reviendrai, mais actuellement la situation ne le permet pas. Je suis victime d’une conspiration et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve.

Honorable Youssouf Aya : « Nous nous glissons malheureusement vers une guerre ethnique sans précédent »

Élu de Koro, l’Honorable Youssouf Aya dresse un tableau sombre de la situation qui prévaut dans son cercle.

Koro a été endeuillé par des affrontements intercommunautaires il y a deux semaines. La situation a-t-elle évolué ?

Je dirais qu’il n’y a pas eu de changement. La situation s’est complètement détériorée depuis trois semaines. Les associations communautaires comme Guina Dogon ou Tabital Pulaku ont toujours été présentes. Avec les élus, des forums sont organisés pour favoriser le dialogue. Mais, franchement, rien n’a changé. Depuis 2012, des hommes armés ont profité du fait que l’Est de Koro, une zone très vaste, soit démuni de toute présence militaire et s’y sont installés. Des conflits, que je considère comme mineurs, existaient déjà entre les Peuls et les Dogons. Au départ, le modus operandi était djihadiste : brûler les églises, frapper ceux qui boivent de l’alcool… Ces groupes ont par la suite beaucoup recruté parmi les Peuls. De fait, les Dogons ont conclu que ce ne sont pas des djihadistes qui les attaquent mais plutôt des Peuls. La tension est montée crescendo, jusqu’à l’évènement de Diougani, où les djihadistes ont assassiné un chasseur très influent. Une expédition punitive a ensuite été menée par des Dogons sur un village peul, ce qui a entrainé de nombreux morts. Il y a des Dogons et des Peuls partout et les personnes qui meurent ont une famille. Les deux communautés, dans les différents villages, sont obligées de s’impliquer dans le conflit, qui vient de s’étendre jusqu’à Koro. Nous glissons malheureusement vers une guerre ethnique sans précédent, ce qui est très inquiétant.

Les Peuls accusent le gouvernement d’armer les Dogons …

Une situation aussi complexe est un terrain propice à toutes les interprétations, mais je n’ai aucune information attestant que le gouvernement ait armé les Dogons. Là où les chasseurs opèrent, il n’y a pas d’armée. Je ne vois donc pas comment le gouvernement pourrait leur donner des armes. Je ne veux pas parler en son nom, je ne sais pas ce qui se passe au niveau de l’Exécutif, mais je refuse de croire à ces allégations.

Vous avez, avec d’autres élus de la région, rencontré le Premier ministre le 17 mars. Qu’est-il sorti de vos échanges ?

Nous lui avons dit que nous appelions le gouvernement à quadriller le terrain à travers l’armée malienne et pour qu’il accompagne les associations qui initient le dialogue. Il nous a dit qu’il était parfaitement d’accord avec notre approche et assuré que tout serait fait afin que le terrain soit occupé par les Famas. Mais sur la durée, le temps d’affiner les contours. En tant que chef du gouvernement, il a affirmé être prêt à accompagner toutes les initiatives.

Koro et Bankass réduisent leur dépendance énergétique

Ce sont 377 lampadaires à  Bankass et 287 à  Koro, deux villes de la région de Mopti, qui alimenteront désormais les populations en éclairage public, en contribuant à  l’amélioration de la sécurité et à  l’embellissement de ces localités proches du pays dogon. l’inauguration des deux centrales hybrides à  énergie solaire et thermique diesel s’inscrivait dans la tournée du président IBK, en 5è région. Les populations de Bankass et Koro, ont réservé un digne accueil à  l’hôte du jour, le mercredi 19 mars, avant de découvrir leurs nouvelles infrastructures énergétiques, réalisées par EDM SA et ZED SA, avec le financement de la Banque pour le commerce et l’industrie BCI et l’appui de la Bank of Africa et de la BOAD. Energie solaire De type hybride et solaire photovoltaà¯que et thermique à  alimentation diesel, les deux centrales inaugurées à  Bankass et Koro, vont contribuer à  réduire la dépendance énergétique, en matière d’importations de produits pétroliers. Le solaire est une alternative inévitable dans un pays qui ne manque pas d’énergie naturelle, d’o๠l’installation de ces immenses champs de panneaux solaires autour des centrales. D’un coût d’un peu plus de 2 milliards, les deux centrales sont constituées d’une centrale solaire à  champ solaire photo-voltaique pour l’alimentation, de batteries solaires, et d’onduleurs pour moduler l’énergie obtenue avec une puissance de 383kwc. Les équipements qui accompagnent ces centrales sont des locaux techniques, plusieurs groupes électrogènes et des armoires de contrôles, et des transformateurs à  fréquence modulable. Les centrales hybrides permettront aussi de mettre à  niveau le réseau de distribution d’électricité déjà  existant, avec des lignes de 8m et 4km ainsi que l’alimentation de plus de 500 lampadaires public pour les deux villes. Pour Allaye Guindo, le maire de Bankass, la ville avait besoin d’être désenclavée, parmi les autres préoccupations que sont l’accès à  l’eau ou le drainage des eaux de pluie, l’hivernage. En attendant, ces centrales par la stimulation de l’éclairage domestique, aideront à  assurer la sécurité, en créant des emplois. Pour le ministre de l’énergie et de l’hydraulique, Frankaly Keita, la production d’énergie va doubler grâce aux centrales hybrides dans une optique de développement social et économique de la région. Equidistantes d’une soixantaine de kilomètres, Bankass et Koro se situent sur la route du poisson. A Koro, le chef de l’état a donné le coup de pioche de la route qui passe par Bandiagara jusqu’à  la frontière avec le Burkina Faso. Pour le chef de l’état, ce n’est là  qu’un début face au défi immense en matière d’énergie et d’infrastructures au Mali. Il suffit de traverser ces localités pour réaliser à  quel point les besoins des populations sont immenses en eau comme en électricité. « Tout est à  faire dans ce pays. Ce n’est pas un honneur pour nous qu’il y ait des Maliens au 21ème siècle et d’autres à  l’âge de pierre. Nous voulons des progrès palpables pour tous », a déclaré le chef de l’état à  Bankass. Et d’ajouter : « Il est temps que notre peuple goûte aussi à  ce que les progrès des sciences nous ont offert. Il faut que l’ensemble de ce pays sorte des ténèbres afin d’avoir un Mali de lumière. Faisons des grandes choses pour le Mali! »

Carnet : Mopti-Koro, « la route de l’inquiétude »

C’est cette route qu’ont suivi le 20 octobre les véhicules de la caravane de la campagne Tous et Chacun. Les participants ont pu constater par eux-mêmes le dispositif de sécurité déployé dans la zone, devenu un désért économique et commercial. Il faut passer trois barrages pour arriver à  Koro depuis Mopti. Des militaires et des gendarmes, armés de kalachnikov et équipés de mitrailleuses montées sur des pick-up, contrôlent méticuleusement les allées et venues. « Nous n’avons croisé aucun véhicule, exceptés quelques motocyclistes téméraires », commente l’un des participants à  la caravane. A l’entrée de Bandiagara, les militaires assurent aux caravaniers que leur sécurité est garantie. Les participants n’en sont pas moins inquiets. Ils savent que les djihadistes circulent aux environs de Douentza : « Vous êtes dans la zone rouge vous pouvez rouler sans crainte rien ne vous arrivera », rassure un jeune garde armé. Dimanche, direction Koro depuis Bankass. Là  encore le tronçon est très peu fréquenté. Arrivés à  Koro les habitants nous confirment que les rebelles du MNLA ont fait un tour et fait des pillages et enlevé les véhicules de World vision. De quoi faire passer une nuit blanche aux participants, qui ont justement passé la nuit dans les locaux de cette ONG, avant de retourner vers Mopti sans regrets.