RIP Michel Sangaré : « Allah ka anw bè sabu nyen »

Il fut le Maiga vendeur de tout, y compris de plaisirs illicites, devant le jardin d’enfants Sabunyuman de Waari (1988 et 1989), du célèbre Kotèba national, pièce qui ne fut pas pour rien dans le déclenchement de la lutte contre le régime militaire au Mali. Il fut aussi longtemps l’alter ego sur scène et à la ville de Guimba national, Habib Dembélé, et un enfant choyé par sa grand-mère, à laquelle il vouait une affection sans pareille et dont il parlait tout le temps. Michel Sangaré nous a quittés dans la nuit du 21 janvier 2019 des suites d’une maladie qui l’aura miné pendant des années. Mais il est et restera une figure incontournable du théâtre malien sous toutes ses formes, ici comme ailleurs.

Il appelait tous ses chiens Wulu, tous ses chats Jakuma et tous les bébés Adama den fitini. Cette force de la nature ne se complaisait ni dans la facilité, ni dans la bien-pensance. Il sera d’ailleurs l’un des fondateurs du « Café théâtre » le Daimou Kaimou de Diélibougou, haut lieu de loisirs et de culture bamakois, qui a survécu à tout, y compris à un voisinage souvent hostile et à des intérêts fonciers très audacieux. Conteur, interprète, acteur, comédien, duettiste et one show man, il aura joué tout les rôles, toujours avec conviction et justesse.

Amateur dès 1978, il est élu Meilleur acteur de la Biennale des arts et de la culture et intègre en 1982 le Théâtre national. En 1984, c’est l’Institut national des arts de Bamako (INA). Diplômé en 1987, il donne des cours de théâtre et enseigne l’histoire et la géographie à Bamako.

Avec Habib Dembélé, d’autres férus de scène et Ousmane Sow, il créera plusieurs troupes. Après 2001, il intégrera la troupe BlonBa, avec laquelle il jouera notamment dans « Bougougnéré invite à dîner » et « Vérité de soldat » de Jean-Louis Sagot-Duvauroux. Michel Sangaré a également tourné plusieurs films, dont « Tafé Fanga » (1997) d’Adama Drabo et « Guimba le tyran » de Cheick Oumar Sissoko, et de nombreuses séries télévisées.

Dioro Fali, la « Griotte à moustaches » (Jeli muso nun koro shi man) et les imitations des chefs d’États africains de l’époque, de Félix Houphouët Boigny à Abdou Diouf, qui ont fait découvrir le talent d’imitateur de Habib Dembélé en dehors de Yaro, sans oublier les plateaux avec Maimouna Hélène Diarra, Fanta Bérete, Diahara Sanogo, entre autres compères et commères, tous sont comme nous orphelins de « Michou » aujourd’hui. Compassion et condoléances à ses familles, biologique, artistique et amicale.

« Tanyinibougou », le nouveau kotèba de Blonba

Loin de se décourager après la fermeture de la salle mythique du Blonba, le réalisateur et metteur en scène Alioune Ifra Ndiaye, revient sur la scène avec une nouvelle pièce de théâtre intitulée « Tanyinibougou » ou le village de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts. La grande première cette œuvre sera présentée au public, le 6 octobre 2012, au Palais de la culture de Bamako. Une bonne nouvelle dans un contexte o๠les évènements culturels s’étaient un peu essoufflés après le coup d’état du 22 Mars. Mais cela n’a entamé en rien l’inspiration de promoteurs culturels comme Alioune Ifra Ndiaye qui n’en est pas à  son premier coup d’essai ou de maà®tre, plutôt. Des pièces comme «Â Bougounièrè invite à  dà®ner » ou «Â le retour de Bougounière », ou encore la comédie musicale «Â Bama Saba », les Kotèba Club du Blonba o๠artistes et humoristes se disputaient jadis la scène et ont fait les beaux jours de la scène culturelle bamakoise. Avec «Â Tanyinibougou », C’’est une nouvelle satire sociale qui nous est offerte et dont les grands actes vous rappelleront certainement les scène de la vie quotidienne. Satire sociale Guimba Kassambra, est le maire d’une collectivité «Â pleine d’ambition ». Cadre supérieur hyper diplômé, très proche des citoyens, Guimba a l’esprit fort occupé par un sport bien connu : le «Tanyini», la chasse à  l’argent. Avec son acolyte Tanyini Bablén, il complote de liquider Tanyinibougou et de partager la recette avec tous les citoyens. Son complice et acolyte s’appelle lui Tanyini Bablén. Faiseur de thé ? Planton ? Assistant du Maire ? Elu ? On ne sait pas exactement sa place dans la mairie. Une chose est quand même claire, rien ne se trame à  Tanyinibougou sans lui. Lui-même se définit comme le laquais, le lèche-cul de «Â son excellence, honorable Guimba Kassambra ». Tanyini Bablén n’a qu’un seul Dieu : l’ argent. Le complot de liquidation de Tanyinibougou ? Il en est la cheville ouvrière. l’imam, Bélébélé, Mademoiselle la Présidente de l’association de femmes veuves de Tanyinibougou, Bocoum le commerçant, le chef des apprentis chauffeurs de Tanyinibougou, le Cap’taine, l’aveugle-mendiant sont les autres protagonistes secondaires de la conspiration contre Tanyinibougou. Guimba et son complice arrivent à  leur fin sans difficulté. Ils ont trouvé preneurs. Tanyinibougou est soldée: terrains vierges, terrains viabilisés, mosquée, cimetière, place publique, Eglise, école, route, même la mairie…. Tout y passe. l’argent est encaissé.  Que vont-ils en faire ? Le spectacle vous le dira. Imitant le Kotèba, un mécanisme social en forme de satire collective traditionnelle jouée sur le mode burlesque dans les villages de l’aire mandingue, la pièce « Taniyibougou » s’inscrit dans un mouvement artistique qui vise à  conscientiser le Mali d’aujourd’hui.

Phil Darwin, les couleurs de l’Afrique sur scène

Encore inconnu il y a quelques années, le jeune comédien est sans contexte l’une des étoiles montantes du « stand up » français. Originaire du Congo-Brazzaville, Phillipe Darwin Nonga, allias Phil Darwin s’est révélé depuis 2007 comme l’un des leaders incontestés de ce mouvement né aux Etats-Unis. A la fin d’un spectacle d’une heure quinze minutes, il a accepté de répondre à  quelques questions. Journaldumali.com: Du début à  la fin du spectacle, C’’est un vrai tour de l’Afrique que vous nous faites faire et particulièrement au Maghreb. Phil Darwin : Oui, J’ai eu la chance de pas mal voyager et notamment au Maghreb, parce que mon père était en poste là -bas. Et je n’ai jamais autant ri de ma vie que pendant mon séjour et J’ai simplement voulu le partager avec le public. Je parle de mon vécu, sur leurs coutumes et leurs habitudes, leur façon de parler, de réagir, de vivre tout simplement. Journaldumali.com : Vous qui avez donc vécu au Maghreb, que pensez-vous de ce qui s’y passe en ce moment ? Phil Darwin: à‡a devait arriver. C’’était juste une question de temps. On ne peut rien contre le peuple. On peut emprisonner 200, 300 personnes mais ils ne vont pas construire de prison pour les 10 millions de tunisiens ou 80 millions d’égyptiens ! A un moment quand le peuple ne veut plus, C’’est fini. Et ça va continuer. Parce que le peuple est le plus fort et quand le peuple veut vraiment être libre, on ne peut pas l’arrêter. La preuve, C’’est que ça va continuer. Journaldumali.com: Vous faites partie de la nouvelle génération de comédiens qui tiennent le pavé en ce moment en France. Quelle est la spécificité de vos spectacles ? Phil Darwin : Moi, J’ai un parcours différent. La plupart de mes camarades sont nés en France, ont grandi en France. Moi, C’’est différent. Je suis né au Congo, je suis arrivé en France à  l’âge de 4 ans, J’y suis resté quelques années, ensuite J’ai suivi mon père en Algérie (son père est diplomate, ndlr), après on est reparti au Congo… Voilà , J’ai beaucoup voyagé. C’’est peut-être pour ça que ce que J’écris est différent et, peut-être aussi, plus africain que d’autres. Journaldumali.com : Aujourd’hui, vous êtes un modèle pour de nombreux jeunes africains. Ici, au Mali, ils sont quelques-uns à  s’être lancés sur la même voie que vous. Quel message, quels conseils auriez-vous à  leur prodiguer ? Phil Darwin : Ce qui se passe C’’est que notre métier n’est pas considéré. Moi, J’ai eu le même problème. à‡a doit se régler au plus haut niveau, au niveau du Ministère de la Culture qui doit donner ses lettres de noblesse à  notre art en lui accordant une place de choix. La situation est semblable partout et je crois aussi que C’’est parce qu’on manque en Afrique de comédiens référents. Moi je me suis battu tout seul, je me suis accroché et J’ai fini par y arriver. J’espère que mes jeunes frères vont aussi se battre pour notre beau métier, celui de faire les gens, et si je peux leur servir d’exemple, C’’est un grand plaisir pour moi. Je voudrais juste pour finir, remercier le Blonba qui m’a donné l’opportunité de me produire pour la première fois au Mali. à‡a a été une très belle expérience avec le public qui était venu pour s’amuser et avec qui J’ai passé un très bon moment. Et comme je parle déjà  trois mots de bambara, je vais demander la nationalité et rester ici… Noter qu’en première partie du spectacle de Phil Darwin, le Blonba a présenté un court extrait de sa dernière création. Il s’agit d’une série de court-métrages humoristiques qui seront diffusés sur internet à  partir de mars prochain et qui fait vivre de l’intérieur les préparatifs pour les prochaines présidentielles de 2012 au sein du parti, Faso Naloma Ton. Tout un programme !

ATT Junior : « Je voudrais que l’humour entre dans le quotidien des Maliens »

Le jeune comédien est issu d’une famille de griots. Il a selon ses propres termes, hérité de son humour de son père également comédien, qui a d’ailleurs beaucoup tourné dans de nombreux longs métrages du pays. « Je peux dire que J’ai appris et hérité de la comédie depuis ma tendre enfance aux côté de mon paternel et de mes oncles qui ont tous un côté humoristique. » Indique-t-il. Lors de son parcourt lycéen, il faisait partie d’un groupe de RAP avec deux autres de ses copains. Mais, une fois en terminale, il délaisse complètement le milieu rappologique pour se consacrer à  son baccalauréat qu’il réussira avec brio. Présentement étudiant en maitrise philosophie à  la faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH), l’artiste participera à  toutes activités artistiques et culturelles de la fac depuis sa première année. C’’est à  partir de là  qu’il décochera son surnom ATT Junior. En effet, le griot comédien imitait le président de la république à  la perfection. C’’est d’ailleurs ce côté qu’il développera plus tard. Il explique que « au Mali, les gens n’étaient pas habitués au One man show, à  voir jouer un comédien seul. Donc quand J’ai commencé, personne ne m’accordait de crédit. C’’est à  partir de cet instant que J’ai décidé de m’afficher aux côtés de célèbres artistes du pays. » Il effectivement tourné dans les clips de Yéli Fuzzo, AmkoulLel, Papito, etc. Au début de l’année dernière, ATT Junior intègre le Kotèba club du blonba. C’’est une initiative du réalisateur Alioune Ifra N’diaye regroupant cinq comédiens en herbes avec lesquels, les plus grands humoristes du continent viennent jouer tous les premiers vendredi du mois à  Bamako. Avouons que le casting était très serré et que grâce à  son courage et son incontestable talent, l’artiste a été retenu parmi 63 candidats. Des tournées internationales Avec le Kotèba club, le jeune humoriste voyage permanemment et se produit sur de nombreuses scènes internationales. Il était au mois de mars dernier, au festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou. Il a ensuite participé en avril à  Rabat, au festival des Arts et de la culture malienne des étudiants maliens du Maroc. ATT Junior a sillonné toutes régions du pays o๠il est heureux d’être favorablement accueillit par les populations rurales « qui en Il confesse que « lorsque je suis sur scène, J’ai une forte synergie avec le public. J’improvise avec lui parce que je n’écris jamais mes textes avant de monter. » En 2009, le jeune humoriste a tourné un court métrage o๠il jouit le rôle principal. Le film intitulé ‘bled story2′, retrace le parcourt d’un immigré malien en France. Il été réalisé par « court trajmé » Africa et enregistre les participations de Mokobé Traoré, King Massassi et de nombreux artistes français. Il se produira dans quelques mois à  en France avec Amadou et Mariam et d’autres projets de productions cinématographiques.