Climat : les conclusions de Durban

L’on espérait un engagement fort des parties à  Durban mais la conférence sur le climat organisée par l’ONU aura simplement ouvert une nouvelle feuille de route vers un accord global en 2015. Durant deux semaines de négociations, le bras de fer a abouti à  fixer une échéance pour la réduction des émissions de gaz à  effet de serre. D’ici à  2015, les pays devront trouver un accord dont la nature juridique devra être précisée. Cet accord pourrait entrer en vigueur en 2020, ce qui laisse du temps aux pays émergents peu enclins à  réduire leurs émissions de gaz à  effet de serre, pour accélérer leur développement industriel. Kyoto prolongé, création du Fonds Vert Le prolongement du protocole de Kyoto conclu en 1997 vise cette fois les pays industrialisés. Car dès sa mise en œuvre en 2005, C’’est bien les pays « pollueurs » qui étaient visés. Seuls les Etats-Unis avaient refusé de ratifier ce protocole, et donc de réduire les émissions des six substances responsables du réchauffement climatique. A Durban, les délégués se sont donc mis d’accord sur le lancement d’une deuxième période d’engagements, qui pourrait courir jusqu’à  2017. La première phase doit s’achever fin 2012. Elle concernera principalement l’Union européenne, puisque le Canada, le Japon et la Russie ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas se réengager. Une avancée limitée donc, mais qui fournit quand même des garanties supplémentaires aux pays en développement. Ils ne sont pas concernés par le protocole mais y tiennent fermement car il représente la seule « paroi étanche » entre les pays industrialisés du Nord et le reste de la planète. Le Fonds vert, longtemps en discussion, a été créé pour aider les pays en développement à  s’dapter au changement climatique. Un fonds qui devra mobiliser environ 100 milliards $/an à  partir de 2020 à  destination des pays du Sud. Néanmoins aucun mécanisme précis de financement de ce fonds n’a été précisé même si des mécanismes de « financements innovants » sont à  l’étude. Le problème étant l’opérationnalisation du fonds et la mise à  disposition de l’argent pour financer les programmes d’adaptation des pays du Sud. Réactions mondiales Pour beaucoup, Durban est un semi échec, puisque des avancées ont malgré tout été trouvées. Certains pays ont bougé leurs lignes comme l’estime Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l’à‰cologie et du Développement durable à  propos de la Chine : « Je pense que la principale ouverture est venue de la Chine, ce qui est assez cohérent avec ses engagements nationaux. C’est un petit mouvement mais cela a fait bouger les à‰tats-Unis et a entrainé l’Inde. Ne soyons pas naà¯fs, ce sont de tous petits pas, mais c’est la preuve que l’on peut avancer ». D’autres comme l’organisation Greenpeace, parlent d’échec patent : « Les négociations de Durban ont fini comme elles ont commencé, par un échec. Les gouvernements, qui ont choisi d’écouter les pollueurs plutôt que le peuple, ont échoué à  renforcer les précédentes mesures pour lutter contre le changement climatique ». Du côté africain, l’on est satisfait de la reconduite du protocole de Kyoto, même si les délais d’application ont été prorogés, mais Durban a abouti à  une évolution et ceux qui parlent d »échec doivent relativiser, estime Alassane Ba de l’Agence pour l’environnement et le développement durable du Mali. « L’incapacité à  transcender les intérêts particuliers de certains grands Etats ou acteurs économiques détruit peu à  peu la mobilisation internationale sur le climat », a de son côté affirmé Eva Joly la candidate écologiste européenne. Si l’urgence est de limiter la hausse de la température à  +2°C, quand la consommation mondiale actuelle entraà®ne une hausse de 3,5°C, la nouvelle feuille de route de Durban laisse bien peu de temps à  la planète.

Durban joue les prolongations

Les ministres et délégués de près de 200 pays jouaient les prolongations, vendredi 9 décembre au soir, à  Durban (Afrique du Sud), pour arracher un accord redonnant du souffle et un calendrier à  la lutte contre le changement climatique. Entamées le 28 novembre, les négociations marathon, largement éclipsées par la crise de l’euro, devaient se poursuivre toute la nuit et très probablement samedi dans la journée. Un projet de texte, âprement discuté derrière des portes closes, évoquant un « cadre légal applicable à  tous » après 2020, a suscité de vives réactions, en particulier chez les pays les plus vulnérables face à  la montée du thermomètre. « Il est difficile pour nous d’accepter un nouveau processus qui s’achèvera en 2015 et qui ne sera pas opérationnel avant 2020 au plus tôt ! », a réagi Karl Hood, au nom des petits Etats insulaires, directement menacés par la montée du niveau des océans. Un échec pourrait sonner le glas du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat, dont la première période d’engagement s’achève fin 2012 et qui revêt une forte charge symbolique pour les pays en développement. Son effondrement serait un signal très négatif deux ans après le psychodrame du sommet de Copenhague. La méfiance est à  son comble Pour Sunita Narain, qui dirige le Centre for Science and Environment, ONG indienne basé à  New Dehli, « Cette conférence montre vraiment que la méfiance est à  son comble : entre les riches et les pauvres, entre l’UE et les BRICS [groupe des pays émergents qui regroupe le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine], entre les Africains et l’UE, entre toutes les parties. » La question du degré d’ambition des actions annoncées par les différents pays pour limiter ou réduire leurs émissions de gaz à  effet de serre (GES) est également au C’œur des débats. Pour l’heure, elles sont loin de répondre à  l’objectif, affiché à  Copenhague en 2009 et réaffirmée à  Cancun l’an dernier, de limiter à  2 °C la hausse de la température du globe. La volonté des Européens est d’esquisser un nouveau cadre qui imposerait des objectifs de réduction de GES à  tous les pays du monde alors que Kyoto ne s’applique ni aux Etats-Unis, qui ne l’ont jamais ratifié, ni aux grands émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. L’Inde a exprimé des réticences et les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler à  ce stade d’un « accord juridiquement contraignant ». La position de la Chine restait quant à  elle difficile à  décrypter. « La Chine a soufflé le chaud et le froid. Si elle jetait tout son poids derrière la proposition européenne, cela mettrait la pression sur les Etats-Unis », estimait Thomas Spencer, de l’Institut du développement durable et des relations internationales, à  Paris. Faute d’accord sur une « feuille de route », l’Europe menace de ne pas reprendre d’engagements dans le cadre de Kyoto, ce qui viderait de son contenu ce traité emblématique signé en 1997 au Japon. « Tous les pays, petits comme grands, ont besoin d’être écoutés », a souligné la ministre des affaires étrangères sud-africaine, Maite Nkoana-Mashabane, actrice clé des dernières heures de négociations en tant que présidente de la conférence qui a rassemblé quelque 130 ministres et qui pourrait se prolonger jusqu’à  samedi.

Le Climat, une affaire globale…mais personnelle d’abord

Oui en une dizaine de jours, nous sommes près de 20 000 délégués à  avoir pris d’assaut Durban, pour débattre de l’avenir de notre planète. Nous avons en même temps expérimenté l’accueil chaleureux d’une ville sud africaine, qui a réussi le pari de l’organisation de cet évènement mondial. A l’instar de la coupe du monde, l’Afrique du sud a montré au reste du monde son engagement pour les grandes causes. Mais surtout, cette COP de l’afrique se veut un succès, comme nous l’avons évoqué dans les piliers, nous attendons des puissances occidentales qu’elles s’engagent à  agir, à  réparer, à  financer les dégradations causées par le rythme éffréné de développement engagé depuis des décennies, au détriment des pays en développement. Instruments légaux, accords de principes, Durban est le lieu de tenir des promesses pour un monde plus viable pour les générations futures. Les négotiations seront complexes mais des signes positifs se distinguent. Des groupes jadis fermes comme la Chine deviennent souples, l’Europe semble avoir pris conscience de sa responsabilité et des groupes émergents comme l’Inde, la Chine ou le Brésil, laissent entrevoir une certaine volonté de peser dans la géopolitique du climat. Tandis les Etats-Unis restent muets, même si Obama aurait des choses à  dire, l,on préfère ce silence qui convient à  certains experts. Le groupe africain aura lui montré sa volonté ferme de consensus, afin de parler d’une seule et même voix à  cette COP, ce qui semble vouloir porter des fruits sur l’application des accords de Cancun à  défaut d’un second terme pour le protocole de Kyoto… En attendant nous célébrons The Africa Day ce 7 décembre à  la COP… Enfin, tirons les leçons de la COP 17, parce que lorsqque nous rentrerons chez nous, nous nous souviendrons de l’accueil chaleureux des sud africains, nous penserons à  la propreté d’une ville o๠les ordures ne se jettent pas à  tout va.. Nous imaginerons plus de solutions vertes pour nos villes, nous aurons plein d’idées pour engager des projets concrets d’environnement, comme ces panneaux solaires, qui utilisent l’énergie solaire pour réchauffer les aliments… Nous aurons aussi à  coeur de préserver les ressources naturelles, d’utiliser l’eau avec modération, de planter toujours plus d’arbres comme Wanagari pour réduire le carbone, de consommer moins de viande, puisqu’un lien direct existe entre notre consommation éffrénée de viande et la pollution atmosphérique… Oui nous tirerons les leçons de Durban, pour nous mêmes d’abord, ensuite pour nos pays, nos voisins et notre planète. Car chacun à  son niveau, peut faire de ce monde un endroit préservé pour le futur. Le climat, c’est une affaire globale, mais aussi une affaire personnelle d’abord. Siya Bonga Durban !

COP17 : Vers l’abandon du protocole de Kyoto ?

6 panels seront au coeur de la discussion sur la direction à  prendre concernant le climat mondial. Durban, échec ou réussite ? C’est à  partir de lundi que les 12 chefs d’états attendus à  la COP 17 et les 130 minitres devront prendre part aux débats. Débats vifs en perspective. Selon les experts, d’importants efforts et consensus ont été faits concernant les mesures d’adapatation aux effets du changement climatiques. Reste la question de l’avenir du protocole de Kyoto et du fonds Vert Climat. Les pays en voie de développement cherchent un second volet du protocole de Kyoto pour la réduction des gaz à  effets de serre. Mais des pays comme le Canada ont déjà  clairement signifié qu’ils n’étaient plus intéressés par le Protocole. D’autant que les Etats-Unis et la Chine n’ont jamais voulu ratifié cet instrument qu’ils jugent contraignant pour leur économie. Du coté des Nations Unies, aucune indication claire n’a été donnée quant à  l’issue du protocole, et Christina Figueres, la secrétaire exécutive de l’UNFCCC(United Nations Framework Convention on Climate Change) a laissé entendre que la session des ministres donnerait plus de précisions. ‘Comme vous le savez, l’issue du protocole de Kyoto est une question clé et d’importance ici à  Durban et les discussions sont entrain de se mettre en place’. Propositions Les gouvernements auront à  faire des propositions sur la question, concernant les mesures d’adaptation, les transferts de technologies, les processus d’atténuation. L’Union Européenne se dit en faveur d’une prolongation du Protocole de Kyoto mais sous certaines conditions, des conditions sur lesquelles, la présidente de la COP, la sud africaine Maite Mashabane, a entamé des négotiations. De manière générale, les pays africains qui ne sont pas émetteurs de gaz à  effets de serre mais en subissent les conséquences esperent etre entendus sur la question. La Russie elle, a proposé des amendements pour une révision des termes de certains pays, dans l’obligation de réduire leur gaz à  effet de serre. Et tandis que les négotiations se préparent, au Pavillon Africain, de nombreux panels sur la question de l’adaptation de l’Afrique aux changements climatiques ont lieu depuis jeudi. Ces panels s’articulent autour des questions de reforestation, de reboisement mais aussi de gestion durable des terres, une question développée par Alamir Touré a Durban.

Le climat de Durban, le climat de demain

Ils sont près de 20 000 délégués venus du monde entier pour prendre part a cette grande messe sur le climat. Et C’’est le President sud-africian, Jacob Zuma, qui a ouvert ce 28 novembre 2011 cette rencontre sur les changements climatiques qu’accueille son pays en plantant le décor de maniere très précise: « le climat est une question de vie et de mort » a-t-il declaré en demandant aux particpants de prendre leurs responsabilités devant l’histoire. Etaient également presents a cette cérémonie d’ouverture le président du Tchad, qui représente la CEEAC (Communauté économiques des Etats d’Afrique centrale), Idriss Deby, le vice-président de l’Angola, qui représente la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), Fernando da Piedade Dias dos Santos, entres autres. “Oeuvrer ensemble pour sauver le futur” C’’est le slogan que devront garder à  l’esprit les participants à  cette rencontre. Durban intervient en effet dans un contexte particulier. Apres les sommets de Copenhague puis Cancun qui ont eu des resultats plutot mitigés, il est indispensable, au regard des observateurs, de parvenir à  un accord contraignant si l’on veut prendre à  bras le corps la question du climat qui est un enjeu majeur aujourd’hui pour la communauté internationale. En effet, sur les 10 catastrophes naturelles majeures de ces dernières années, selon les chercheurs, 9 sont des conséquences directes du réchauffement climatique. Les experts souhaitent que tous ces phénomènes créent un sentiment d’urgence et forcent la main des acteurs présents à  Durban. Mais ce n’est pas gagné d’avance. Les pays –parties viennent à  ces négociations, chacun avec la ferme intention de sauvegarder au maximum ses intérets. Limiter l’émission de gaz à  effet de serre revient a revoir le mode actuel de developpement industriel et de consommation, en particulier dans les pays occidentaux, reconnus coupables pour la majeure partie des dégradations actuelles du climat. Le protocole de Kyoto qui est l’accord-cadre sur les changements climatiques n’a pour ainsi dire jamais été respecté par des puissances telles que le Canada, les à‰tats-Unis, la Russie et le Japon. Et elles ont d’ores et deja annoncé que leur position ne changerait pas à  Durban. La Chine est parmi les pays qui ont fait des efforts substanciels dans le domaine avec une réelle politique de “verdissement “ de son économie, efforts salués à  Durban ou l’Empire du milieu risque de jouer un role majeur dans le resultat des négociations. ‘L’Afrique est plus vulnérable » que tous les autres continents aux effets nefastes des changements climatiques. Les situations extremes comme la sécheresse historique qui frappe en ce moment l’Est du continent l’illustre, si besoin en était. Selon Maite Nkoana-Mashabane, présidente de la COP17, les accords de Cancun devaient être imperativement « opérationnalisés ». La ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, a en outré déclaré que l’adaptation au changement climatique était un élément essentiel du résultat de la COP17. Les pays en voie de developpemnt et ligne de front ceux d’Afrique, réunis sous l’egide de l’Union Africaine, entendent obtenir à  Durban le lancement effectif du Fonds sur le climat vert. La societé civile est elle aussi présente en force à  Durban. Il ne se passe pas cinq minutes sans que ne se déroule un evenement dans ou hors du site de la conférence qui se déroule, il faut le souligner au Centre International de Conférences Inkosi Albert Luthuli. “Nous sommes venus faire comprendre aux décideurs que nous, le peuple, nous voulons qu’ils arretent les discours et qu’ils passent a l’action” nous confie une participante venue de la Corée du Sud. « Les inquiétudes soulevées par le changement climatique vont bien au-delà  des murs de ce superbe endroit aux millions de personnes là -bas, dans les rues, qui appellent à  la justice climatique », a rappelé la ministre sud-africaine, en écho aux propos tenus dimanche dernier par le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu. l’heure de l’action a sonné, mais la politique et les intérets économiques cederont-ils la place à  une véritable prise de conscience et à  des engagements fermes, la réponse à  cette question au soir du 9 decembre prochain.