Libération de Wadoussène : Mohamed Ali Bathily s’explique

Afin de calmer la polémique et mettre fin aux supputations en tous genres, le ministre malien de la justice, Mohamed Ali Bathily, après s’être confié à  la chaà®ne française France 24, sur les circonstances de la libération de l’otage français Serge Lazarevic, a convoqué la presse nationale, dans la salle de conférence de son département, pour expliquer la position du Mali dans cette affaire. Pour rappel, quatre terroristes dont Mohamed Aly Ag Wadoussène, ont été libérés en échange de l’otage français Serge Lazarevic. Le ministre explique la chose ainsi :  » Les négociations qui ont abouti à  la libération de l’otage français ont été menées par d’autres pays(France-Niger). Ce sont ces états dont la France, qui nous ont fait par des conclusions de cette proposition qui demandait la libération de ces terroristes pour que l’otage français puisse avoir la vie sauve ». Dès lors, on imagine bien que le Mali ne pouvait refuser une telle demande, justifie Bathily, qui ajoute, que notre pays a eu à  utiliser le même genre de procédés :  » Dans le passé, nous avons procédé à  la même démarche pour sauver la vie de nos compatriotes ». Bathily fait ici référence à  la trentaine de fonctionnaires prisonniers détenus en Mai dernier au gouvernorat de Kidal, lors de la très controversée visite de Moussa Mara sur place et grâce à  la médiation de la Minusma. Cette fois, c’était un échange entre rebelles et fonctionnaire maliens. Pour autant, les explications de Bathily, déplorent beaucoup, viennent tard et après les médias internationaux. Mais mieux tard que jamais. Enfin, il n’est pas inconnu que le rôle joué par la France dans la lutte contre le terrorisme dans le nord de pays, a certainement infléchi la décision des autorités maliennes, de libérer dans la nature de dangereux terroristes, pour ensuite vouloir les traquer. Afin de mettre les choses au clair, Bathily souligne qu’à  aucun moment, le Mali n’a été contraint à  quoi que ce soit. Le geste consenti n’est qu’une reconnaissance éternelle du Mali à  l’égard des français. « Refuser de libérer Wadoussène aurait été assimilé à  un acte d’ingratitude à  l’égard de nos amis français et un déshonneur pour le peuple malien qui sait reconnaà®tre ses bienfaiteurs dont la France ». La reconnaissance est une valeur bien malienne, mais il faut surtout rappeler que nous avons encore besoin de l’appui militaire de la France, à  défaut d’une armée efficiente, face aux groupes djihadistes qui opèrent dans le Sahel et par extension dans le nord du Mali.

Lazarevic libre : l’opposition interpelle IBK

Dans un communiqué en date du 10 décembre, les partis politiques de l’opposition demandent au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, de s’expliquer sur les tenants de l’opération qui a permis de libérer Serge Lazarevic, le dernier otage français, détenu par Al Qaeda au Mali. Au même moment, un triste prisionnier, Mohamed Ali Ag Wadoussène est libéré. Alors la corrélation est très vite faite entre les deux libérations. Dans l’opinion publique, beaucoup estiment désormais qu’il y a eu échange entre Serge Lazarevitch et le terroriste, Mohamed Ali Ag Wadoussene, jusqu’alors détenu à  Bamako avec trois autres complices. Les partis d’opposition à  savoir le FARE, PARENA, PDES, PIDS, PS, PSP, PVRM et URD….) ont eux pris note du communiqué du Président de la République relatif à  « la part prise » par le Gouvernement dans la libération de l’otage français Serge Lazarevitch. Se réjouissant de la libération du ressortissant d’un pays ami, arbitrairement détenu sur notre territoire, les partis de l’opposition ont cependant souligné les points suivants :

Il reste encore un otage au Mali

Quatre Français ont été libérés mais Serge Lazarevic, lui, est toujours otage. Parce il n’était pas salarié d’un grand groupe, estime sa fille. A l’heure o๠les quatre otages Français ont pu regagner la France, Diane, la fille de Serge Lazarevic, crie son amertume : « Je suis très en colère contre le gouvernement qui m’a assuré il y a deux mois que s’il y avait libération il y aurait libération des otages d’Areva et de mon père, le négociateur en place négociait pour les cinq », a-t-elle déclaré mercredi matin sur Europe 1. D’après leurs proches, Philippe Verdon et Serge Lazarevic étaient en voyage d’affaires au moment de leur enlèvement et travaillaient sur un projet de cimenterie dans la région d’Hombori. Mais Aqmi avait présenté les deux hommes comme des agents du renseignement français. Ce qui a peut-être influé sur la différence de traitement entre les quatre otages libérés ce mardi et Serge Lazarevic. Rançon : deux poids deux mesures ? Mais pour la fille de ce dernier, ainsi que pour le président du comité de soutien de l’otage, la raison est bien différente. « On est heureux de cette libération, mais c’est une catastrophe pour nous », déclare Pascal Lupart. « On se doute bien que c’est Areva qui a payé pour la libération des otages d’Arlit », indique-t-il. « Ceux qui restent aujourd’hui détenus au Mali, poursuit Pascal Lupart, sont des indépendants, des sans-grades qui n’ont pas derrière eux d’entreprise capable de disposer d’une manne financière pour les faire libérer », évoquant également le cas d’un autre Français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé fin novembre 2012 également au Mali. « Ces deux otages-là  sont donc condamnés à  mourir », estime Pascal Lupart. « Mon père est un anonyme! Il est toujours plus important pour le président de faire libérer quatre otages qui sont super-médiatisés, avec une entreprise derrière… Mon père est un anonyme, il n’est rien », insiste Diane Lazarevic, avançant elle-aussi l’hypothèse d’un défaut de paiement de rançon. « Je pense qu’il n’y a pas eu de négociations pour mon père » explique la jeune femme. « Le Quai d’Orsay m’a dit il y a deux mois que la France ne verse pas de rançon, mais qu’Areva le ferait sûrement. Ce sont les mots du Quai d’Orsay », affirme-t-elle, assurant être, par ailleurs, sans nouvelles de son père. « Je n’attends pas qu’on me raconte tout, je sais qu’il y a des choses secrètes. Mais ça ne coûte rien de me dire o๠il est, dans quel pays… »

Enlèvements au Nord : La France intervient au Mali

Les choses se sont vite accélérées ces dernières 72 heures dans la partie nord de notre pays. A Hombori (une localité située entre Mopti et Gao), deux Occidentaux de nationalité française ont été enlevés par sept individus armés non encore identifiés dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 novembre. Philippe Verdon et Serge Lazarevic étaient présentés comme des géologues travaillant dans cette zone. 24 heures après, alors que les recherches s’accélèrent pour retrouver leur trace, un nouveau rap vient d’avoir lieu cette fois-ci à  Tombouctou, à  environ 200 kilomètres de la première localité. Trois autres Occidentaux ont été enlevés dans leur en pleine journée. Selon la chaine de télévision « France 2 », ils sont Australien, Allemand, Néerlandais et Sud-africain. Un quatrième, nous apprend-on, qui a refusé de les suivre, a été exécuté par les ravisseurs. « Lorsque J’ai entendu un coup de fusil, je suis retourné à  l’auberge et J’ai vu un Blanc qui était déjà  tué » témoigne le réceptionniste de l’hôtel à  « France 2. Selon lui, « les ravisseurs ont fait irruption dans l’hôtel et ont demandé après leurs victimes, avant de les sortir de leurs chambres ». Tombouctou, qui est une ville très prisée par les touristes, était jusque là  épargnée par les séries d’enlèvements. Si ces actions terroristes n’ont pas encore été revendiquées, les spécialistes sont formels qu’elles portent la signature d’AQMI. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, qui a ses racines en Algérie, dispose également de bases au Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Ne pas sortir de Bamako Depuis l’éclatement des derniers évènements dans le sahel, la confusion s’est installée dans les esprits. Les ressortissants occidentaux vivant à  Bamako, notamment la communauté française, ont renforcé les mesures de prudence et de sécurité. Au Lycée français de Bamako, les dispositions sécuritaires ont été redoublées d’efforts. Et des policiers français ont été dépêchés à  Bamako pour les enquêtes. Selon un ressortissant français interrogé par le chaine de télévision publique « France 2 », la consigne est clair : « on nous a instruit de ne sortir de Bamako », dit-il. Tant dis qu’une autre compatriote regrette « la fin des week-ends sur le plateau dogon ». Quant aux recherches de la piste des ravisseurs, notamment de Hombori, la France a envoyé des troupes militaires sur le sol malien. Avec les forces armées maliennes, elles devront entreprendre des patrouilles conjointes. Du côté du gouvernement du Mali, qui joue la carte de la prudence, on regrette « une action terroriste » suite à  ces évènements. Dans un communiqué officiel lu à  la télévision nationale, Bamako a exprimé sa compassion pour les familles des victimes, et affirmé sa détermination de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Le moins que l’on puisse dire C’’est que cette série d’enlèvements témoigne de la présence de plus en plus remarquable d’islamistes dans la bande sahélo-saharienne. Pour les spécialistes de la question militaire, tout porte à  croire que la crise libyenne a donné de nouvelles racines à  l’organisation islamique. Car de nombreux ex combattants sont retournés dans cette zone avec d’importantes quantités d’armes. l’Occident, notamment la France, qui a joué un rôle actif dans le renversement du régime libyen, pourrait devenir une cible privilégiée des ravisseurs. Par ailleurs, ces prises d’otage spectaculaires interviennent moins d’une semaine après la fin de la rencontre à  Bamako du Comité des chefs d’Etat majors opérationnel des quatre pays de la bande : Algérie, Niger, Mauritanie et le Mali.