Oumou Sall Seck, le trait d’union

C’’est avec son habituel sourire que Madame Sall Oumou Seck nous reçoit chez elle. Habillée dans le traditionnel dampé, elle est à  l’aise face à  la presse, dont elle s’est faite une alliée, surtout pendant la crise de 2012, o๠sa voix était l’une des plus entendues au Mali et ailleurs. La native de Kidal n’y va pas par quatre chemins : « je suis métisse, ma mère est touarègue Ifoghas et mon père peul, je suis donc un trait d’union ». Cet engagement à  être un pont entre les communautés, elle l’a partagé et s’est battue pour la cohésion sociale au plus fort de la crise, à  travers son association justement dénommée « Trait d’union ». Mais C’’est en 2001 que son leadership l’a propulsée sur le terrain politique, à  travers un club de soutien aux actions du Président ATT, créé avec des amis, qui fusionnera ensuite avec d’autres associations pour créer le Mouvement Citoyen. Elle en devient vice-présidente, un poste qu’elle conserve à  la création du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES). Mais en 2011, contre toute attente, elle adhère à  l’Union pour la République et la démocratie (URD), et soutient son candidat Soumaà¯la Cissé lors de l’élection présidentielle de 2013. à‰lue depuis 2004 à  la tête de la commune urbaine de Goundam (région de Tombouctou), o๠elle a vécu, elle assure n’avoir « d’autre projet que de présenter un vrai programme de développement et de tenir mes engagements ». Ses administrés le reconnaissent, même ceux des partis adverses, et mettent à  son actif centres de santé, adductions d’eau, centre multifonctionnel pour les femmes, terrain de basket, transformation de produits locaux, construction d’écoles et de centres de formation professionnelle. l’épouse d’Abdoulaye Yaya Seck est également une pionnière de la lutte contre l’excision. Au sein de « Duma », une organisation qui contribue au développement de Goundam, elle mène une lutte acharnée contre les mutilations génitales féminines. Et ce, à  travers le financement d’activités génératrices de revenus pour les femmes afin de faciliter la reconversion des exciseuses. Pour ce combat, elle reçut en 2008 le Prix international de la Liberté décerné par le Royaume du Danemark. Artisane de l’adoption de la loi sur les quotas féminins dans les postes électifs et nominatifs, elle continue son plaidoyer. « Les femmes jouent un grand rôle dans le développement du pays. Elles sont très dynamiques dans tous les secteurs économiques, notamment l’informel. Elles ont joué un très grand rôle pour l’unité et l’intégrité de notre pays », déclare-t-elle. La formation est l’une des clés. Une raison qui l’a poussée à  retourner sur les bancs o๠elle étudie actuellement la Coopération et le développement international. à€ 47 ans, Madame le maire est également présente dans les affaires, à  travers la société CODI. Elle trouve cependant du temps pour s’adonner, trois fois par semaine, au sport et surtout pour s’occuper de sa famille.

Fatoumata Sacko dite Djina, dans l’ombre d’ATT

à‚gée d’une cinquantaine d’années, Fatoumata Sacko dite Djina, un surnom qui lui vient de son père qu’elle a perdu à  l’âge de sept ans, est la fille de Mariam Maà¯ga, ex-présidente d’UNFM sous Moussa Traoré. Secrétaire nationale chargée des relations extérieures, elle est la troisième personnalité du Parti pour le Développement à‰conomique et Social. Elle s’est fait connaà®tre, entre autres, dans son combat pour le retour de celui qu’elle considère comme son mentor, l’ancien président Amadou Toumani Touré. C’’est en 2005 que cette détentrice d’un DUTS en économie obtenu en France à  l’Université UETEL en 1991, a décidé de se lancer en politique. Elle y est invitée par un ami d’enfance et camarade de promotion. « C’’est Mamadou Diakité dit Magna qui m’a enrôlée dans la politique. Ensemble nous avons créé le Parti Citoyen pour le Renouveau (PCR) dans le but de soutenir les actions d’Amadou Toumani Touré ». Deux ans plus tard, ce parti se disloque et les militants des premières heures se dispersent. Fatoumata Sacko se retrouve ainsi dans le parti des alliés d’ATT. Le coup d’à‰tat et sa fin de règne mouvementé sont un coup dur dont elle sort pourtant encore plus motivée. Elle est candidate aux législatives de 2013 en commune I mais elle est battue au premier tour. N’empêche, elle continue de se battre pour les causes qu’elle juge justes, comme par exemple la mauvaise gouvernance qu’elle dénonce : « la gestion du pays est une vraie calamité au regard des scandales qui fusent de partout ». Pour elle l’accord d’Alger est synonyme de désintégration du Mali, car, « l’Algérie a toujours voulu faire du nord du Mali son arrière-cour », assure-t-elle. Ces prises de position ont fait d’elle l’une des opposantes les plus virulentes au régime d’IBK. Sarakolé bon teint, Fatoumata Sacko n’est pas qu’une femme politique, elle a également la bosse du commerce. Juste après ses études en 1991, elle se lance dans les affaires et gère une boutique de cosmétiques en France. Rentrée au bercail en 2002, elle investit notamment dans un salon de beauté et des restaurants. Autant d’aventures entrepreneuriales qui lui réussissent et en font aujourd’hui une chef d’entreprise reconnue et respectée. Sportive, Djina préfère la course qu’elle pratique cinq fois par semaine. Elle joue du tennis, aime le catch et le football. C’’est également une amoureuse des belles lettres : « je ne dors pas la nuit, je lis et écris ».

Les futurs leaders de la presse à la découverte d’Edward Murrow

Ils sont présentement une centaine de journalistes venus du monde entier, dont le Mali, réunis (du 26 octobre au 16 novembre 2013) aux Etats-Unis d’Amérique dans le cadre du «Programme Edward R. Murrow». Le Parrain (Edward R. Murrow) est une référence planétaire dont le parcours est une vraie école de journalisme et dont le courage, l’honnêteté et l’engagement sont légendaires et doivent inspirer tout journaliste qui a l’ambition de marquer son temps en servant à  quelque chose à  sa société, à  son pays voire à  l’humanité. Selon de nombreuses sources, «les historiens traditionnels considèrent Edward R. Murrow comme l’une des plus grandes figures du journalisme». Grâce son talent et sa passion du métier, il a révolutionné le journalisme, notamment les reportages puis les documentaires à  la radio puis à  la télévision. Et cela le plus souvent avec les moyens du bord. Toute sa carrière, ou du moins sa vie durant, Murrow était réputé pour son honnêteté et son intégrité dans le travail de journaliste. Des valeurs qui, hélas, ont tendance à  disparaà®tre aux dépends du professionnalisme et de la crédibilité du métier de journaliste. Pionnier de la diffusion du journal à  la télévision, Murrow a produit une série de reportages TV qui ont profondément marqué la société américaine, notamment sur le plan politique. Un programme à  l’image du Pionnier et Parrain Plus que tout autre journaliste, avant ou depuis, Murrow a «capturé» la confiance et la conviction de toute une nation. Une confiance qu’il a toujours a honoré avec «honnêteté et courage». Selon de nombreux témoignages ici à  Washington, «sa conviction que le journaliste devait faire activement partie du processus et être un instrument nécessaire au sein de la démocratie aura changé pour toujours la politique et la vie quotidienne». Journaliste légendaire à  la radio nationale américaine CBS et correspondant de guerre, Edward a marqué son temps et la profession de journaliste à  jamais. Le programme qui porte son nom aujourd’hui vise à  perpétuer ces valeurs du journalisme engagé pouvant contribuer à  l’ancrage institutionnel et citoyen de la démocratie dans le monde, notamment en Afrique. En effet, le «Programme Edward R. Murrow» pour journalistes invite les dames et hommes de la presse du monde entier, futurs leaders dans le secteur, à  se frotter aux pratiques journalistiques des Etats-Unis. Cette initiative est le fruit d’un partenariat public-privé novateur entre le Département d’Etat, l’Institut de l’Education internationale (IIE) et neufs des plus célèbres écoles américaines de journalisme. Une centaine de journalistes à  la découverte d’Edward Murrow Le séjour des journalistes en petits groupes linguistiques (francophones, lusophones, anglophones, arabophones, hispaniques…) est jalonnés de rencontres avec des icônes dans différents domaines, de séminaires académiques et d’activités sur le terrain avec les professeurs et les étudiants de certaines des écoles partenaires du programme (cette année à  Athens, en Géorgie, pour les francophones), la visite de certaines villes américaines (Atlanta, Las Vegas, New York…) afin de permettre aux participants d’acquérir une compréhension de la couverture médiatique de la politique de l’Etat et du gouvernement. Pendant trois semaines (du 26 octobre au 16 novembre 2013), il sera proposé aux visiteurs internationaux des programmes offrant «une grande diversité et un équilibre du point de vue» pour les participants. Il intègre une variété de rencontres avec des personnes et des représentants d’organismes dont les opinions ne reflètent pas forcément celles du gouvernement des Etats-Unis. C’’est ainsi que ce 28 octobre 2013, les participants (Africains, Arabes, Sud-américains, Asiatiques, Européens…) ont passé un moment inoubliable avec le célèbre Bob Woodward, rédacteur adjoint du très influent quotidien, Le Washington Post, et icône du journalisme d’investigation. Avec près de 42 ans de journalisme derrière lui, M. Woodward a écrit sur les dirigeants et les rouages internes d’un grand nombre d’institutions publiques les plus importantes aux Etats-Unis, notamment, la présidence, la Cour suprême, le congrès, le Département d’Etat, la CIA, le Pentagone et la Réserve fédérale. Il a surtout joué un rôle important dans la révélation des faits liés au scandale du Watergate, une affaire d’espionnage politique qui aboutit, en 1974, à  la démission de Richard Nixon, alors président des Etats-Unis d’Amérique. Avec les participants, il a surtout fait part de son expérience de journaliste d’investigation avec un regard critique sur le journalisme à  l’heure actuelle, avec des menaces sur la presse comme les réseaux sociaux à  travers les TIC. Une menace réelle pour la presse écrite dans de nombreux pays développés comme celui de l’Oncle Sam (USA)! En collaboration donc avec les écoles de journalisme américaines à  travers ce vaste pays de démocratie, le Bureau des affaires éducatives et culturelles du Département d’Etat américain a élaboré cette initiative d’échange international à  travers le Programme de leadership des visiteurs internationaux (IVLP) qui a permis à  plus de 1.000 journalistes étrangers se séjourner aux Etats-Unis depuis 2006. Le Programme Edward Murrow pour les journalistes engage ainsi les jeunes professionnels des médias internationaux dans un dialogue avec leurs homologues américains, les actions pratiques du journalisme aux Etats-Unis, et crée de nouveaux réseaux professionnels avec les professionnels des médias collègues des Etats-Unis et partout dans le monde.

Un leader honnête pour un Mali nouveau : Les dix commandements à respecter…

Bousculé par ce qu’on appelle «l’affaire Cahuzac», le pouvoir français s’apprête à  prendre des mesures importantes en matière de transparence, avec notamment la systématisation de la déclaration du patrimoine des membres du Gouvernement. Ces exigences décidées là -bas devraient être élémentaires chez nous. Car plus qu’ailleurs, la transparence est une nécessité dans notre pays. Un pays o๠le leadership est devenu source d’enrichissement, o๠la responsabilité est considérée comme une permission de voler, détourner, profiter du bien public et en faire profiter le maximum de ses proches ! Nous devons rectifier le tir, nous inspirer de ce qui a été fait ailleurs et nous battre pour que nos leaders s’engagent enfin sur le chemin de la vertu, la vraie vertu, celle qui est mesurable et vérifiable. Quoi de mieux que d’obtenir d’eux, au moment o๠ils aspirent aux responsabilités, de prendre des engagements clairs et de poser des actes univoques vers la transparence ? C’’est pourquoi, il est impérieux que chaque candidat aux prochaines élections présidentielles soit soumis à  certaines exigences présentées dans les lignes qui suivent. Nous éclairer sur son parcours Les Maliens ont la mauvaise habitude de voter pour des personnes qu’ils ne connaissent pas ou en raison de critères subjectifs (parenté, présentation, …). Cela est entretenu par les candidats qui ne donnent que peu d’informations sur leurs parcours. Il est souhaitable qu’on sorte de cela en obtenant de chaque candidat la publication de son parcours, des actes posés par le passé dans les responsabilités, mais aussi et surtout avant qu’il n’exerce de responsabilité. Chaque détail de son parcours doit être su par les électeurs. Des résultats obtenus au fur et à  mesure des responsabilités à  ses mœurs et à  sa morale en passant par son apport en tant qu’individu pour sa communauté, son voisinage, son village, sa commune …Les informations peuvent être fournies à  travers la presse, les sites internet, les conférences de presse…Elles doivent être vérifiables et tout citoyen, toute organisation doit pouvoir les contrôler. Publier son patrimoine, ce qu’il a gagné, ce qu’il gagne et les justifier La publication du patrimoine et des revenus pendant toute la carrière et la justification détaillée de la manière dont le patrimoine a été constitué forme le C’œur du dispositif vers une nouvelle exemplarité du leadership dans notre pays. Le patrimoine est l’illustration parfaite de l’enrichissement d’un responsable et donc le miroir de son honnêteté ou de sa malhonnêteté. Tout candidat doit le publier, mais également s’engager à  collaborer avec la presse, les organes de contrôle, la société civile et les organisations internationales pour donner toutes les informations permettant de contrôler, de divulguer ou de contester la véracité des informations données. La publication du patrimoine ne doit pas attendre le début du mandat. Elle doit se faire au moment de l’acte de candidature pour qu’à  moyen terme soit rejeté le dossier de tout candidat dont le patrimoine n’est pas justifiable. La publication du patrimoine doit être accompagnée par un acte solennel du déclarant qui accepte de se retirer de la course si jamais il était prouvé qu’il a menti sur son patrimoine ou sur ses revenus. Publier les revenus et biens de ses proches l’acte de déclaration du patrimoine et des revenus ne doit pas seulement porter sur la personne même du candidat, mais aussi et surtout sur ses proches (famille directe notamment les descendants) car ceux-ci, quelques fois, sont les bénéficiaires des détournements et autres comportements déviants. Chaque candidat doit déclarer la liste des personnes concernées et procéder à  la déclaration sur leur patrimoine, leurs revenus afin de justifier qu’ils ne se sont pas enrichis de manière disproportionnée. Publier tous les comptes de toutes ses campagnes La manière de mener et surtout de financer la campagne conditionne pour une large part le style de gouvernance adoptée une fois le pouvoir acquis. En prenant de l’argent auprès de très gros contributeurs, on établit tacitement ou de manière expresse un pacte de corruption avec ces derniers. Ce qui nous liera pendant le mandat. Il faut œuvrer à  avoir des leaders libres de leurs décisions pour atteindre des résultats. Il faut exiger de chacun, la publication de tous les comptes de campagnes précédentes en recettes et en dépenses, une indication précise des sources de financement de chacune et les explications détaillées de ces sources. Chaque candidat doit ensuite s’engager à  collaborer dans le cadre d’éventuelles vérifications. Ces dernières, à  conduire par les structures publiques ou privées porteront sur la réalité et la vraisemblance des comptes de campagnes eu égard avec les réalités de terrain et donc fixeront la validité des informations fournies et donc l’honnêteté du candidat. Publier le budget de sa campagne 2013 La fourniture d’informations sur les campagnes passées sera complétée par la présentation publique des budgets de campagne au titre des élections avortées de 2012 et de cette année, avec une indication précise des origines des fonds. Ces informations doivent pouvoir être suivies sur le terrain avec une forte participation de la société civile pour justifier les ressources, leurs provenances et leur niveau de collecte ainsi que la réalité et l’effectivité des dépenses envisagées. s’engager à  ne pas acheter les électeurs Dans un acte public, chaque candidat doit s’engager de manière irrévocable à  ne pas recourir aux cadeaux (biens matériels, aliments, meubles…) et aux distributions d’argent destinés à  acheter des voix. Il doit condamner par avance toute initiative de ce type par ses responsables de campagne conformément aux exigences de la loi électorale. Chaque candidat doit manifester clairement ses intentions à  combattre ses pratiques, sanctionner ses collaborateurs qui y auraient recours et collaborer avec les autorités et toutes les autres forces qui les combattent. Collaborer à  la promotion de la transparence La multiplication des exigences contraignantes pour les candidats n’aura aucun sens si elle n’était pas accompagnée par l’acceptation par les candidats eux-mêmes à  Âœuvrer à  la bonne exécution du processus de transparence et de bonne gouvernance. Nous devons exiger de chaque candidat un engagement solennel à  demander aux organisations de la société civile, aux Organisations non gouvernementales (ONGs) nationales et internationales et à  la communauté internationale à  venir aider le Mali à  organiser des élections propres o๠l’argent et la fraude ne feront pas la différence. Demander et collaborer aux contrôles des informations données Le contrôle et les vérifications constituent des phases majeures du dispositif des «dix commandements du leader honnête». La perspective de dispositif de contrôle efficace, exhaustif, objectif et dissuasif accroà®tra la crédibilité des déclarations et autres actes posés. Nous devons aller dans ce sens. Il est de ce fait nécessaire que chaque candidat souscrive un engagement solennel visant à  demander à  l’Etat, exceptionnellement et à  travers ses structures de contrôle et de vérification, à  procéder aux vérifications des informations données pour en valider la réalité, la pertinence et la crédibilité. Pendant cette courte période, nous séparant des élections, les corps de contrôle doivent être mobilisés et engager leurs moyens et compétences pour mener à  bien les contrôles appropriés et fournir les résultats aux autorités. Proposer et soutenir un programme mesurable Dans une démocratie organisée et crédible, le choix des électeurs se fait sur les idées et programmes des candidats ainsi que leur crédibilité à  défendre ses propositions. Cela n’est pas encore le cas dans notre pays. Il nous faut marquer le coup de la rupture cette année en exigeant des aspirants un programme avec des objectifs chiffrés, sur lequel il s’engagera et demandera aux contrepouvoirs de le juger à  l’aune des réalisations de ce programme. Nous devons exiger que les candidats dévoilent clairement leurs intentions, qu’ils sortent du bois, se «mouillent» sur des résultats à  atteindre et surtout qu’ils se fixent des objectifs chiffrés, permettant aux populations, aux corps intermédiaires et aux contrepouvoirs d’évaluer l’efficacité du dirigeant et donc de pouvoir le juger ultérieurement. Accepter de débattre et de confronter ses idées à  celles des autres Chaque candidat doit s’engager à  accepter le principe de se rendre disponible pour les sollicitations de la presse, les débats contradictoires avec les autres candidats et de manière générale participer à  toutes occasions de confrontation permettant d’éclairer la lanterne des électeurs sur son programme. Il doit soutenir les initiatives des Organisations non gouvernementales (ONGs) nationales et internationales, de la presse et de la société civile permettant aux citoyens de comparer, d’apprécier et d’analyser la capacité de conviction de chaque leader. Ces exercices crédibilisent le processus électoral et renforce l’ancrage de la démocratie dans notre pays en suscitant l’intérêt des citoyens pour la politique. La société civile, les acteurs de la presse, les organisations de jeunes et de femmes, les tenants de nos pouvoirs traditionnels et religieux, les intercesseurs sociaux, nos anciens et de manière générale tous les maliens soucieux de notre pays doivent s’organiser pour exiger le respect de ces dix commandements par tout candidat qui désirerait diriger le Mali aujourd’hui. Ils doivent être aidés en cela par tous les amis du Mali, très nombreux et qui ont tous appréhendé à  quel point la malhonnêteté, le vol aggravé, l’enrichissement sans cause du leadership a pu affaiblir l’Etat malien au point de faire s’écrouler le pays. s’ils veulent que la rigueur, la justice et la bonne gouvernance aient un jour droit de cité sous nos cieux, ils doivent s’évertuer à  attaquer le mal à  la racine, au moment o๠le leadership s’octroie, à  l’occasion des prochaines élections générales dans notre pays.

Cabral, un leader fauché en pleine jeunesse

Son corps n’a jamais été rendu à  sa famille. Et C’’est avec émotion que les anciens camarades de lutte se souviennent de lui, en ce jour anniversaire. Assassiné le 17 mars 1980, dans des circonstances étranges et dans l’indifférence la plus totale, Abdoul Karim Cabral était avant tout un grand leader estudiantin malien dont l’exemple inspirera toujours les générations actuelles et celles de demain. Militant, homme d’idées et d’actions, il a entraà®né toute une masse d’hommes dans le combat pour la démocratie, et à  quelques jours de la commémoration du 26 Mars, l’émotion est vive, les souvenirs remontent, depuis 1980, année de prémisses révolutionnaires, et tous ceux qui ont côtoyé Cabral, ont aujourd’hui un devoir de mémoire, un héritage à  transmettre… Modibo Diallo, compagnon de lutte témoigne dans le journal 26 mars «Â C’’était un soir de l’année scolaire 1976-77 dans l’amphithéâtre de l’Ecole Normale Supérieure o๠nous nous sommes réunis pour mettre sur pied la troupe théâtrale de l’Ecole Normale Supérieure. Je fais ce jour là  une rencontre, qui allait devenir l’une des plus marquantes de ma vie. Un des nombreux étudiants ayant répondu à  l’appel se présente à  moi alors que J’étais secrétaire à  la Culture au bureau de l’ADENSUP, l’Association des Etudiants de l’Ecole Normale Supérieure). “ Je m’appelle Abdoul Karim Camara, mais je suis plus connu sous le nom de Cabral, surnom qui m’a été donné au Lycée de Badala ; je suis en 1ère année Philo-Psycho-Péda ”. Je me présente à  mon tour. La petite réunion se déroule. La troupe est mise sur pied. Les dates de répétition sont arrêtées et le petit groupe se sépare. A partir de cet instant, mes rencontres avec Cabral deviennent de plus en plus fréquentes. En dehors des séances de répétition, les multiples activités de l’ADENSUP (conférence-débats, assemblées générales, récitals, actions de salubrité, etc.) nous en donnaient l’occasion. Car, Cabral était un de ces étudiants qui répondait présent à  tous les appels du bureau ; il était un “ militant ” de l’ADENSUP, qualificatif qui, à  cette époque-là , était attribué avec parcimonie et après une période probatoire pertinente. En plus d’avoir été assidu aux répétitions, Cabral tient son rôle avec art et application dans chacune des deux pièces mises en scène (“ Ni san cènna, jate tè kalo la ” ; “ la poudrière astrale éclatera ”). La conviction se lisait dans ses gestes, et la solennité dans sa voix ». 1976- 1978 : les années de turbulence l’année 1976-77 a été ponctuée de deux grèves mémorables (d’abord, celle conte l’introduction du concours d’accès à  l’enseignement supérieur, puis celle pour la libération de Boniface Diarra arrêté pour diffusion de mots d’ordre de grève) ainsi que l’arrestation de Tiébilé Dramé (pour participation aux obsèques de Modibo Kéà¯ta) ; Ces grèves furent mémorables à  cause de la dureté de la répression de la police. Comme palliatif à  la turbulence du front scolaire, le pouvoir entendait organiser les élèves et étudiants dans un cadre o๠il pourrait les contrôler à  distance. Un programme de supervision des comités est alors communiqué à  tous les établissements d’enseignement secondaire et supérieur. Faut-il boycotter cette mise en place ? Faut-il, au contraire, l’empêcher ? A l’ADENSUP, selon Modibo Diallo , ils pensent que l’erreur consisterait à  laisser le champ libre aux “ pions ” du régime ou à  ceux qui n’ont aucune conviction, et qui viennent dans le bureau pour paraà®tre ou pour uniquement organiser les bals et concerts. La stratégie arrêtée poursuit -t-il, consiste à  faire élire un bureau constitué d’un noyau de militants sûrs. « Cabral, bien sûr, faisait parti des “ favoris ”. Il est élu secrétaire administratif, C’’est-à -dire deuxième personnalité du bureau que J’ai eu l’honneur de diriger cette année-là  », se souvient Modibo Diallo. Etre responsable, C’’est donner le bon exemple « Ceux qui ont placé en Cabral leur confiance, en le proposant et en le faisant élire, ne s’étaient pas trompés. Car, très vite, il s’impose comme un élément incontournable au sein du bureau, par sa disponibilité, par son sens du devoir, sa rigueur morale, sa franchise et surtout en ont très vite fait. Son dévouement pour l’ADENSUP n’avait d’égal que sa volonté d’être, aussi et surtout, un étudiant modèle pour qui l’effort et le respect sans borne pour ses professeurs étaient les premiers commandements. Les nombreuses sollicitations découlant de la qualité de responsable estudiantin, pour lui (et pour nous tous, à  l’époque), ne devaient aucunement dispenser des contrôles et devoirs), et encore moins justifier les mauvaises notes. Etre responsable C’’est, surtout, donner le bon exemple ; C’’est, aussi travailler plus que les autres. » raconte le quinquagénaire. « Cette exemplarité au sein de l’ADENSUP ne passe pas inaperçue au niveau des autres comités d’établissement. En Janvier 1978 se tient le congrès de l’UNEEM (Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali). Les délégués venus, pour la première fois, de l’ensemble du pays doivent se doter de nouveaux statuts et élire un Bureau de Coordination. Là  encore, Cabral se fait distinguer par la qualité de ses interventions et par ses qualités humaines. Ses bonnes relations personnelles avec la plupart des délégués de Bamako et l’attention qu’il a portée aux camarades venus des Régions, lui permettent facilement de rapprocher les positions d’arrondir les angles. Il est élu secrétaire à  l’Information au Bureau de Coordination de l’UNEEM, que J’ai eu, une fois encore, l’honneur de diriger. Le fait d’appartenir tous deux au Bureau de l’ADENSUP et du Bureau de Coordination amena Cabral et moi à  avoir des relations plus suivies tant sur le plan du travail que sur le plan humain. De fait, il devient “ mon adjoint ” au sein du Bureau de Coordination. Inutile d’ajouter que là  aussi, Cabral s’impose par les mêmes qualités que celles rappelées plus haut ». « Cabral s’est toujours présenté comme la sentinelle des intérêts de l’étudiant » Durant toute cette année, que ce soit à  l’occasion des petits conflits qui éclataient au sein de tel ou tel établissement, ou autour des questions plus importantes, Cabral s’est présenté comme la sentinelle des intérêts de l’étudiant malien. Nul ne pouvait compter sur lui pour porter atteinte aux principes. Mais, tous pouvaient attendre de lui qu’il amène les uns et les autres, à  force de persuasion, au compromis qui ménage l’essentiel. l’image que je garde le plus de ce camarade infatigable, dévoué et désintéressé, est celui d’un compagnon foncièrement honnête, chez qui le calcul était absent, un militant qui s’est toujours placé du côté o๠il pensait que le devoir voulait qu’il soit. En somme, il était de la graine des hommes faits pour marquer leur génération. Fauché prématurément, puisse son exemple de droiture et d’abnégation inspirer ses compagnons de lutte, actifs sur la scène politique du moment, et ses cadets qui affirment le prendre pour idole.