A qui profite la mode des sommets avec l’Afrique ? (Chronique)

Les nombreux sommets que tiennent les grandes puissances mondiales avec l’Afrique renseignent à suffisance sur l’attractivité du continent. Cependant, les pays africains y participent en ordre dispersé sans agenda commun : une attitude individualiste qui ne semble pas profiter au continent… pourtant confronté dans son ensemble à des défis énormes dans plusieurs domaines. En raison de sa pertinence, nous rééditons ici cette chronique parue initialement le 21 novembre 2019.C’est un chiffre révélateur : sur les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, seule la Grande-Bretagne n’a pas encore son Sommet périodique avec l’Afrique. Sous l’ancien président américain, Barak Obama, les Etats-Unis avaient organisé en 2014 leur premier Sommet avec l’Afrique.

La France, quant à elle, tient depuis 1973 des sommets avec l’Afrique. D’abord, ce furent des rencontres entre Paris et les pays du pré-carré qui ont fini par être rejoints par tous les Etats du continent. Le 28ème Sommet Afrique-France est d’ailleurs prévu en juin 2020 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France.

Lancé en 2001, le sommet Chine-Afrique, qui a tenu sa 7ème édition en septembre dernier, est devenu un événement important de l’agenda des rencontres internationales. Longtemps restée à l’écart depuis la dislocation de l’Union soviétique, la Russie a organisé en octobre 2019 à Sotchi son premier sommet Russie-Afrique.

Sans être membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres grandes nations du monde ont leur rendez-vous avec l’Afrique. Sous l’acronyme de Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), le Japon tient depuis 1993 sa rencontre politique de haut niveau avec l’Afrique. La Turquie a tenu en novembre 2018 son deuxième Sommet avec l’Afrique à Istanbul.

Le Business contre l’aide

A la faveur du Sommet du G-20, l’Allemagne a lancé en 2017, son sommet avec l’Afrique sous le nom de « Compact with Africa ». Plutôt que de recevoir toute l’Afrique, Berlin a choisi une douzaine de pays du continent présentant des garanties de stabilité et des niches de progression en matière de développement et de commerce.

Ici, le paradigme n’est pas d’annoncer de gros montants d’aide au développement, ni de procéder à une annulation de la dette, mais de créer des interactions entre entreprises africaines et allemandes qui seraient soutenues par des accompagnements financiers de l’Etat fédéral allemand.

Quels que soient leur format et leur périodicité, ces Sommets avec l’Afrique révèlent un rapport de forces déséquilibré et une impréparation totale des Etats africains. Les pays d’en face ont leur agenda et savent ce qu’ils attendent des pays africains : le soutien diplomatique, les matières premières, de nouvelles destinations commerciales, de nouveaux clients pour les industries, y compris celles de l’armement, etc.

Les Africains en ordre dispersé !

En revanche, les pays africains arrivent à ces tête-à-tête en ordre dispersé et sans agenda commun. En effet, il n’y a aucune concertation préalable (pré-Sommet interafricain) pour arriver face à la Chine, la France, les Etats-Unis, la Russie, les Etats-Unis, le Japon ou la Turquie avec des propositions et des demandes transnationales.

Chaque Etat y vient avec ses attentes spécifiques. L’Afrique arrive donc avec 54 attentes alors que le camp d’en face arrive avec sa seule attente. Finalement, alors que ces sommets auraient pu servir à faire avancer des grands projets continentaux tels le financement des routes transsahariennes, des liaisons ferroviaires continentales, de la Grande Muraille Verte, les dirigeants africains repartent satisfaits des annonces d’annulation d’une partie de la dette, du doublement voire du triplement des échanges commerciaux dont on ne sait pas à qui ils profitent surtout.

Dans sa forme actuelle, le Sommet Afrique/reste du monde n’est qu’une grand-messe qui n’apportera aucune valeur ajoutée à la mobilisation pour améliorer le bien-être des populations.

A qui profite la mode des sommets avec l’Afrique ? (Chronique)

Les nombreux sommets que tiennent les grandes puissances mondiales avec l’Afrique renseignent à suffisance sur l’attractivité du continent. Cependant, les pays africains y participent en ordre dispersé sans agenda commun : une attitude individualiste qui ne semble pas profiter au continent… pourtant confronté dans son ensemble à des défis énormes dans plusieurs domaines. En raison de sa pertinence, nous rééditons ici cette chronique parue initialement le 21 novembre 2019.C’est un chiffre révélateur : sur les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, seule la Grande-Bretagne n’a pas encore son Sommet périodique avec l’Afrique. Sous l’ancien président américain, Barak Obama, les Etats-Unis avaient organisé en 2014 leur premier Sommet avec l’Afrique.

La France, quant à elle, tient depuis 1973 des sommets avec l’Afrique. D’abord, ce furent des rencontres entre Paris et les pays du pré-carré qui ont fini par être rejoints par tous les Etats du continent. Le 28ème Sommet Afrique-France est d’ailleurs prévu en juin 2020 à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France.

Lancé en 2001, le sommet Chine-Afrique, qui a tenu sa 7ème édition en septembre dernier, est devenu un événement important de l’agenda des rencontres internationales. Longtemps restée à l’écart depuis la dislocation de l’Union soviétique, la Russie a organisé en octobre 2019 à Sotchi son premier sommet Russie-Afrique.

Sans être membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres grandes nations du monde ont leur rendez-vous avec l’Afrique. Sous l’acronyme de Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), le Japon tient depuis 1993 sa rencontre politique de haut niveau avec l’Afrique. La Turquie a tenu en novembre 2018 son deuxième Sommet avec l’Afrique à Istanbul.

Le Business contre l’aide

A la faveur du Sommet du G-20, l’Allemagne a lancé en 2017, son sommet avec l’Afrique sous le nom de « Compact with Africa ». Plutôt que de recevoir toute l’Afrique, Berlin a choisi une douzaine de pays du continent présentant des garanties de stabilité et des niches de progression en matière de développement et de commerce.

Ici, le paradigme n’est pas d’annoncer de gros montants d’aide au développement, ni de procéder à une annulation de la dette, mais de créer des interactions entre entreprises africaines et allemandes qui seraient soutenues par des accompagnements financiers de l’Etat fédéral allemand.

Quels que soient leur format et leur périodicité, ces Sommets avec l’Afrique révèlent un rapport de forces déséquilibré et une impréparation totale des Etats africains. Les pays d’en face ont leur agenda et savent ce qu’ils attendent des pays africains : le soutien diplomatique, les matières premières, de nouvelles destinations commerciales, de nouveaux clients pour les industries, y compris celles de l’armement, etc.

Les Africains en ordre dispersé !

En revanche, les pays africains arrivent à ces tête-à-tête en ordre dispersé et sans agenda commun. En effet, il n’y a aucune concertation préalable (pré-Sommet interafricain) pour arriver face à la Chine, la France, les Etats-Unis, la Russie, les Etats-Unis, le Japon ou la Turquie avec des propositions et des demandes transnationales.

Chaque Etat y vient avec ses attentes spécifiques. L’Afrique arrive donc avec 54 attentes alors que le camp d’en face arrive avec sa seule attente. Finalement, alors que ces sommets auraient pu servir à faire avancer des grands projets continentaux tels le financement des routes transsahariennes, des liaisons ferroviaires continentales, de la Grande Muraille Verte, les dirigeants africains repartent satisfaits des annonces d’annulation d’une partie de la dette, du doublement voire du triplement des échanges commerciaux dont on ne sait pas à qui ils profitent surtout.

Dans sa forme actuelle, le Sommet Afrique/reste du monde n’est qu’une grand-messe qui n’apportera aucune valeur ajoutée à la mobilisation pour améliorer le bien-être des populations.

Fatou et Linda, têtes-pensantes de l’African leadership University

Elles ont l’air de lycéennes normales. Mais Fatoumata Fall et Linda Rebeiz n’ont pas suivi le cursus classique. A 16 ans, elles font une rupture dans leur parcours académique. Et s’en vont grâce à  une bourse, étudier à  l’African Leadership Academy à  Johannesburg. Là , les deux jeunes filles apprennent l’anglais, l’histoire de l’Afrique, ré-inversent leurs cours, feront des maths appliquées et du génie urbain (Fatou à  Harvard et Linda à  Duke University) et deviendront des entrepreneurs dans l’âme. Comme le dira Fatou : « ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment la jeunesse s’en sort sans tout attendre de l’aide d’en haut. Autrement dit, comment devenir un vrai leader en Afrique ». Rencontre avec deux jeunes dames en avance sur leur temps. Journaldumali.com : Fatou, raconte-nous ton parcours académique ? Fatou Fall : J’ai étudié au Sénégal, jusqu’ à  l’âge de quinze ans pour faire un bac en sciences. Mais en 2008, je suis allée à  l’African Leadership Academy en Afrique du Sud pendant deux ans. Là  bas, J’ai reçu une formation en entrepreneuriat, leadership et études sur l’Afrique. En 2010, J’ai été reçu à  l’université de Harvard o๠J’ai étudié les Mathématiques appliquées pendant quatre ans. Aujourd’hui avec Linda, je suis revenue au Sénégal et nous travaillons sur un nouveau projet de chaà®nes d’universités africaines consacrées au leadership. Journaldumali.com : Comment cette expérience à  l’African Leadership Academy a-t-elle changé ta vie ? Fatou Fall : Depuis que je suis adolescente, je me suis toujours intéressée à  ma communauté et aux problèmes qui nous environnent, particulièrement au genre. Mais jusque là , je n’avais jamais vécu une expérience africaine. A l’académie, nous étions plus de 30 nationalités à  vivre sur un campus, des jeunes de mon âge, aussi ambitieux et persévérants que moi, et vivre cette expérience, projette l’Afrique dans un contexte plus positif et qu’on entend pas souvent en grandissant et désormais, je me vois vivre ici en Afrique et tout faire pour participer au changement. Journaldumali.com : Justement, es-tu optimiste sur cette future Afrique, on parle beaucoup d’émergence économique, d’ici les 20 prochaines années ? Fatou Fall : Vingt ans, C’’est beaucoup trop loin. Aujourd’hui, il y a des changements partout. Selon les régions en Afrique. Mais ce qui m’intéresse, C’’est de voir comment une grande partie de ce changement ne vient plus du top, de l’administration, de l’état, mais plutôt des jeunes comme moi, des mouvements sociaux, des femmes qui se mobilisent pour impacter durablement sur leurs sociétés. Journaldumali.com : Alors Linda, toi tu es sénégalo-libanaise et apparemment, tu n’arrives plus à  trop parler français, après l’Afrique du Sud ? Quels cours avez-vous suivi là  bas ? Linda Rebeiz : Effectivement, après deux ans à  l’Académie Africaine de Leadership, je crois que l’anglais effectivement a pris le dessus sur mon français ( rires). Pour en revenir aux cours que nous suivions là  bas, on avait deux programmes en parallèle. Le premier concerne entrepreneuriat, études sur l’Afrique et leadership et le deuxième, ce sont les études normales ou le bac en anglais. Les cours nous ont surtout appris à  matérialiser une idée, comment créer son entreprise et dès la première année, les élèves créent leur propre business et lors de la deuxième année, ils sortent leur entreprise du cadre de l’école pour le faire évoluer dans leur propre pays. Ensuite, le cours sur les études africaines nous apprend à  penser l’histoire de l’Afrique de manière critique, des civilisations antiques à  l’histoire contemporaine, comment l’évolution de l’histoire affecte la manière dont on se développe. On choisit aussi cinq matières o๠l’on a vraiment envie de se focaliser. J’avais personnellement opté pour les maths, la psychologie, la biologie, l’histoire entre autres. Journaldumali.com : Fatou et toi planchez sur ce réseau d’Universités africaines du leadership qui vise à  s’implanter dans toute l’Afrique, y compris anglophone Linda Rebeiz : « African Leadership Unleashed », c’est la suite logique de l’African Leadership Academy. C’est la version universitaire de ALA. On apporte une vraie différence en matière de savoir aux étudiants. On a un module qui s’appelle « Flip Classrooms », ce qui veut dire littéralement, retourner la classe. C’est à  dire que les élèves ne viennent plus en classe pour apprendre mais simplement pour faire les exercices, établir des discussions critiques. Le cours, ils l’apprennent à  leur propre rythme à  la maison. On leur donne donc tout le soutien technologique pour pouvoir intégrer le cours et ensuite en faire une application directe. On a quatre modules. Le premier « Data and décisions »,comment appliquer les maths pour la résolution de problèmes concrets. Le deuxième c’est « Professionnal communication », comment écrire un CV, un rapport, faire une présentation, se mettre en valeur. Le troisième Modules, c’est »Projets ». Tous les élèves sont sponsorisés par de grandes multinationales, qui leur donnent des sujets à  trouver, des idées à  développer. Le quatrième Module est autour du leadership entrepreneurial. Comment allez-vous sélectionner les étudiants ? Linda Rebeiz : L’application est complètement en ligne. Ils iront s’inscrire sur un site et auront un test en ligne, en plus de leurs notes et recommandations des professeurs. Après la première sélection, ils auront un cours en ligne à  faire, suivi d’un deuxième test d’aptitude, de leadership et d’entrepreneuriat. La chose la plus intéressante de l’application, c’est qu’ils seront appelés à  collaborer avec d’autres candidats d’autres pays. Journaldumali.Com : dernière question, o๠vous voyez vous dans 20 ans ? Linda Rebeiz : Wouaw, vous savez, il y a tellement d’options. Mais après ce projet, je pense que je vais me focaliser sur la science des données, je serai certainement quelque part à  faire des recherches sur la manière dont les choses évoluent, notamment dans le domaine de l’éducation. Fatou Fall : Pour moi, ce sont davantage les capacités qui comptent, notamment les capacités à  créer des institutions solides et c’est cela qui m’anime. Je me vois bien dans la politique, à  imaginer les nouvelles politiques à  mettre en œuvre pour consolider nos institutions et les moderniser. Dans 20 ans, je vois qu’on aura déjà  dépassé le cadre du leadership individuel à  l’assemblée nationale mais nous verrons plutôt les choses en termes des politiques qui s’y votent. Je pense que je resterai dans le domaine de l’environnement du business et parmi les pionniers de ceux qui construisent ces institutions fortes pour l’Afrique

Idriss Déby, le nouveau Kadhafi?

En fonction depuis 24 ans, l’homme fort du Tchad, Idriss Déby Itno, semble marcher dans le sillage de l’ex chef d’à‰tat libyen. Pas seulement pour sa longévité au pouvoir, mais aussi et surtout pour son engagement à  rendre les Africains maà®tres de leur destin. Une vision panafricaniste commune Depuis la disparition de Mouammar Kadhafi, Idriss Deby est le nouveau visage de l’Afrique qui en veut. Son pays devenu il y a quelques années producteur de pétrole, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Tout comme dans la Libye de Kadhafi. Il n’a pas non plus la langue de bois et évoque, parfois vertement, les problèmes auxquels les pays africains sont confrontés. Tout comme Kadhafi. Déby ne s’en cache d’ailleurs pas, il est fervent admirateur de Kadhafi qui fut un exemple pour lui. Il partage sa vision, celle de faire de l’Afrique un continent uni, solidaire et conscient de sa position dans le monde. Fort de ses convictions, tel un Kadhafi à  la tribune des Nations Unies, il n’hésite pas à  dénoncer en plein Forum International sur la Paix et la Sécurité en Afrique à  Dakar, le comportement de l’OTAN, des Nations Unies et des partenaires occidentaux qu’il accusait d’avoir concocté l’assassinat du leader libyen. Des méthodes différentes Mouammar Kadhafi était très généreux, on s’en souvient. Des projets d’écoles à  ceux de mosquées en passant par l’appui aux chefs d’Etat, les pétrodollars libyens ont profité à  la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Idriss Deby Itno s’investit tout autant, mais à  sa manière. Faisant face à  diverses menaces internes, il n’hésite cependant pas à  envoyer ses troupes sur les théâtres au Mali, au Cameroun, pour défendre l’intégrité territoriale et assurer la sécurité. Janvier 2013, le Tchad annonçait l’envoi d’un régiment d’infanterie de 1 200 hommes et deux bataillons d’appui, soit environ de 2 000 hommes (dont le propre fils Deby) dans la crise du nord-Mali. Deux ans plus tard, 36 soldats manquent à  l’appel mais il en faut plus pour décourager les Tchadiens qui sont au plus près des troupes ennemies dans le nord du Mali. Janvier 2015, c’est au Cameroun que sont envoyés 400 véhicules militaires et des hélicoptères de combat pour soutenir les soldats camerounais dans leur lutte contre la secte Boko Haram. La stature de leader, sinon continental, du moins régional de Deby se conforte au fil des années. Ses prises de position dans les conflits qui ébranlent le continent, sa propension à  s’engager au secours de ses voisins, en font un digne « successeur » de Mouammar Kadhafi. Reste maintenant à  rallier ses pairs africains à  sa vision et les pousser à  l’action. C’est cela certainement le plus dur pour Deby, comme ce fut le cas pour Kadhafi.

Bernadette-Mah Ippet, du Parlement des enfants au YALI

Elle a eu « la chance d’être parmi les 500 sélectionnés sur 50 000 candidatures »… C’est avec une fierté non dissimulée que la jeune femme raconte cette expérience. Son nom, Bernadette-Mah Ippet Letembet, est connu dans le milieu associatif jeune au Mali. Son passage à  la tête du Parlement des enfants de 2002 à  2004, et son engagement au sein de l’association OPEN Mali lui ont forgé une certitude, « l’avenir appartient à  ceux qui le font ». Forte de cette conviction, celle que tous appellent « Ippet », 26 ans, ne recule devant aucun effort pour faire « face à  sa responsabilité de jeune ». « Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on doit attendre les bras croisés. Nous devons nous prendre en main ». Avec ses amis au sein de Oui Pour une Enfance Noble (OPEN-Mali), ils créent un réseau de jeunes dynamiques et solidaires, qui travaillent bénévolement à  soulager l’enfance démunie et conscientiser leurs pairs sur les défis majeurs de l’heure: VIH, insécurité routière, leadership… C’est dans ce dernier domaine que Ippet se fait rapidement remarquer. Diplômée en finances et management, elle prend la tête de OPEN Mali, fondée dans les années 2000 par de jeunes adolescents sensibles à  la misère des enfants démunis. A l’annonce du programme Young African Leadership Initiative (YALI), elle n’hésite pas à  tenter sa chance. Et l’inespéré survient, son dossier est retenu, ainsi que ceux de 5 autres jeunes maliens. Et par la même occasion, son projet qui porte sur la gestion des déchets et l’assainissement, un grand défi pour Bamako et le Mali. Elle devra cependant faire face à  un choix cornélien, saisir cette opportunité ou garder son emploi dans une société immobilière de la place. « Je choisis de représenter mon pays.D’aller apprendre pour mieux être à  son service ». Mi-juin, c’est parti pour six semaines à  la Florida International University. Elle y participe avec d’autres « YALI »,à  une session intensive, composée de cours sur la gestion publique, la gestion de projets et celle de l’environnement. Ponctués de cours sur le leadership et des actions sur le terrain, ce sont des journées bien remplies pour Ippet qui réalise une chose. « Nous avons encore beaucoup à  faire, à  prouver, nous jeunes du Mali. Grâce à  ce programme, je me suis découverte des potentialités qui étaient pour le moment sous-exploitées. C’est revigorée et encore plus motivée que je rentrerai chez moi », affirme la jeune femme. Qui souhaite intégrer une ONG pour travailler dans le développement en particulier en faveur de la petite enfance et de la femme. Dans quelques jours, la quasi totalité des participants au programme vont rentrer chez eux, la tête pleine de projets et l’envie de faire bouger les choses dans leurs pays respectifs. Ippet a, elle, choisi de rester quelques semaines supplémentaires pour continuer d’acquérir des connaissances et des compétences. Elle va effectuer un stage dans une organisation en tant que bénévole. Une opportunité pour toucher du doigt d’autres réalités, et surtout s’ouvrir à  d’autres façons de faire. A ses frères et sœurs maliens, la jeune femme veut servir d’exemple. Sa double nationalité, papa du Congo Brazza et maman malienne, semble la rendre encore plus sensible aux enjeux de l’heure qui ont pour noms réconciliation, tolérance, vivre ensemble. « Tous les jeunes aspirent aujourd’hui au changement. Nous sommes le futur, soyons ce changement à  travers notre engagement pour notre pays et son développement ». Parole de femme leader..

Leadership : NDI renforce les capacités des jeunes femmes maliennes

Cette formation s’inscrit dans le cadre de la contribution du National Democratic Institute(NDI) à  l’amélioration de la participation de la femme malienne à  la vie politique. D’après le directeur des programmes du NDI, M. Théophile Folly Amouzou, ce programme porte notamment sur l’appui à  un plaidoyer pour un quota féminin, le renforcement du cadre de concertation des femmes des partis politiques du Mali, la formation des femmes candidates aux élections législatives et locales, le développement du leadership politique des jeunes femmes. «Un des objectifs de ce projet est de promouvoir le leadership des jeunes femmes militantes des partis politiques et activistes des organisations de la société civile » explique –t-il. Ce projet d’académie dénommé « Institutionnalisation du genre dans les processus électorales et politique » a bénéficié de l’appui de l’ambassade royale du Danemark. Pour Irene Havass, la représentante de l’ambassadeur du royaume du Danemark, il demeure qu’avant la crise, les femmes participaient peu à  la vie politique, pendant la période transitoire elles ont peu participé et après la transition, les femmes continuent d’être marginalisées. « Le nombre de femmes candidates et le positionnement des femmes sur les listes électorales des partis politiques est une cause du faible taux de femmes élues à  l’Assemblée Nationale, 14 femmes sur 147 députés » révèle –t- elle. Une autre évidence que la représentante a évoquée sur l’initiation des femmes maliennes à  la politique est que « la plupart des femmes qui sont dans les partis politiques aujourd’hui ont été initiées par leurs parents, pour leur engagement face aux réalités de la gouvernance du pays. Certaines sont arrivées à  la politique par un passage de la vie associative vers un parti politique ». Le programme bénéficiera également des acquis des programmes de renforcement du leadership féminin d’autres pays dont le Kenya. Pour sa part, Mme Fatima Maiga, chef de cabinet du ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille a exhorté ces pépinières des femmes politiques à  faire « partie de la génération consciente de la politique malienne. Vous pouvez nous permettre d’atteindre à  un certain nombre d’indicateur dans la politique du genre ». Signalons que la procédure de sélection des candidates a permis de sélectionner 10 partis politiques et 5 organisations de la société pour l’envoi de 4 dossiers par structures. Les candidates présentes ont été retenues suites à  des critères rigoureux axés sur le niveau académique et l’expérience de militantisme dans la vie politique ou associative.

Femme et leadership : des astuces pour réussir !

Quand mon hôtesse m’a proposé d’aller à  cette rencontre de femmes, je me suis demandée ce qu’elle avait derrière la tête. Je lui ai d’ailleurs posé la question et elle m’a répondu que J’y rencontrerai des femmes extraordinaires. Elle n’avait pas tort ! Universite de Hodges, Fort Myers, Floride. Il est 8 heures du matin et la salle de conférence grouille de dames, plus élégantes les unes que les autres. Mais quelque chose me fait deviner que J’ai affaire à  des têtes bien faites, certes, mais surtout des têtes bien pleines. l’objet de la réunion à  laquelle participent une centaine de personnes, le leadership féminin. Tout un programme, même un mois ne suffirait pas pour épuiser le sujet. Heureusement telle n’est pas l’intention des organisatrices, Barbara Melvin (Vice-Présidente de Wells Fargo, une grande banque) et Barbara Linstrom (Directrice Executive de la WGCU Public Media, Floride). Non, le panel de femmes qu’elles ont invitées est venu partager son expérience et donner des pistes pour arriver à  devenir « quelqu’un ». Vous parler d’elles sera trop long et pourtant je n’en sais que très peu. Je voudrais juste partager avec vous quelques morceaux choisis des propos qu’elles ont tenus pendant la rencontre. Theresa Shaw, enseignante. Présidente de ‘Boys and grils Clubs du Comte de Collier, en Floride. Depuis 30 ans, elle œuvre en faveur des jeunes et des familles. « Nous les femmes devons avoir confiance en nous et en notre potentiel. Nous devons arrêter de nous tirer dans les pattes et travailler toutes ensemble à  mettre en valeur ce que nous sommes. Etre ouverte d’esprit, réceptive à  ce qui se passe autour de nous, et surtout être consciente de notre valeur. Parce que quand on n’a pas confiance en soi, on ne saura jamais devenir leader. Pour prendre des responsabilités, il faut d’abord être pleinement soi-même ! Et pour nous aider à  aller de l’avant, il ne faut pas hésiter à  demander de l’aide. Nos ‘mentors’ sont indispensables à  notre réussite parce que ce sont les personnes qui nous poussent à  nous surpasser et à  faire ressortir le meilleur de nous. Il faut aussi être en contact avec les générations qui viennent apres nous. Pour ca, connaitre les nouvelles technologies est important. Ainsi nous pourrons leur tramsmettre nos acquis mais aussi apprendre d’elles. » Nina Gray, responsable du Développement a la Neighborhood Health Clinic de Naples en Floride. Participe a de nombreuses œuvres pour l’aide aux personnes en fin de vie « Pour être un leader, il faut avoir son réseau de relations, il faut savoir lier contact avec les autres et ainsi apprendre d’eux. Cela ne veut pas dire qu’il faille aller dans tous les sens. Il faut être à  l’affut des opportunités de visibilité. Cela peut se faire à  travers le bénévolat qui donne l’occasion de donner de soi tout en rencontrant un grand nombre de personnes intéressantes. Réussir, C’’est aussi devenir une ressource, une référence pour les autres. La pire des choses : ne pas donner suite à  des nouvelles relations, vous ferez des mécontents qui eux ne vous oublieront pas. La meilleure des choses : rester authentique, ne décevez pas vos relations en leur révélant plus tard que vous n’êtes pas la personne qu’elles avaient cru. » Sarah Owen, présidente et directrice exécutive de la Southwest Florida Community Foundation. Elle est très active pour aider les organisations humanitaires a trouver des donateurs. « Famille et carrière, soi-même et autrui, dans notre vie de femme, nous nous sentons obligées de choisir. Arriver à  équilibrer tous les compartiments de sa vie est tout simplement impossible ! Parce que tout est important ! Il faut donc savoir jongler, savoir prendre du temps pour ce qui est le plus important au temps T, il faut prioriser. Mais il faut garder à  l’esprit que vous devez avoir du temps pour vous, pour vous reposer, vous retrouver. Cela peut durer 15 minutes ou deux jours, C’’est à  vous de décider. Mais il faut avoir ce temps avec soi-même pour mieux revenir vers les autres » Krisitina Rodriguez, Responsable des services de gerontologie et lutte contre la faim du Comte de Hendry. Laureate de nombreux prix dont celui du Magazine Gulfshore Business qui l’a classee parmi les 40 plus brillants jeunes de moins de 40 ans en 2011 «J’étais partie dans la vie avec un sérieux handicap. Parents pauvres, famille nombreuse, alcool, faim, J’ai connu ce qu’une enfant pouvait traverser de pire. Mais très vite, J’ai décidé que je ne serai pas ce que mon milieu d’origine pourrait faire de moi, une employée médiocre qui ramerait pour joindre les deux bouts. J’ai décidé de me prendre en main et je me suis jetée dans les études. J’ai fait une multitude de boulots pour pouvoir les payer mais aussi pour soutenir ma famille. J’ai été malade d’un cancer, victime d’un grave accident de la route…bref, la vie ne m’a pas fait de cadeaux, comme C’’est le cas pour des millions d’entre nous. Mais s’il y a une chose que J’ai retenu, C’’est que l’adversité, les difficultés doivent non pas nous écraser, mais nous rendre plus fortes. Quel que soit ce qui vous arrive, gardez la flamme de votre passion et adaptez-vous ». Puis-je me permettre de conclure en disant, « à  bonne entendeuse, salut ! » ? Célia d’Almeida, Fort Myers, Floride

Mariam DIALLO-DRAME : « La jeunesse n’attendra pas demain pour développer le continent ! »

Des yeux de biche, un regard franc, Mariam Diallo-Dramé est une femme de conviction. A 29 ans, elle dirige l’association AFLED pour la participation active des femmes à  la vie Publique et politique et travaille parallèlement pour le réseau International «Â I Knows Politics, » dont elle gère la branche Afrique. Il n’en fallait pas d’avantage pour faire partie des 125 délégués venus de 47 pays et qui ont rencontré Barack Obama le 3 Août à  Washington. Une rencontre à  l’initiative du département d’état Américain et visant à  mobiliser de jeunes leaders Africains pour impulser une dynamique de changement sur le continent Africain. A Accra lors de son discours, Obama l’avait prêché : «Â l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions solides ». Avec la jeunesse en prime pour la diriger. Et C’’est à  cette jeunesse que Mariam s’adresse aujourd’hui. Le Groupe ATT Tout a commencé au Groupe ATT, au lycée. Mariam et ses camarades écoliers initient ce groupe, pour mener des actions de plaidoyer et de terrain en faveur des défavorisés de la vie. «Â A l’époque, nous étions très précoces, et plein de revendications. J’ai toujours été sensible à  mon environnement, aux autres, aux droits des enfants, au rôle actif que pouvait jouer la jeunesse dans la vie publique », juge t-elle sans fards. Nous voulions changer les choses autour de nous. Ce groupe deviendra plus tard, le fameux Parlement des Enfants du Mali, une institution reconnue avec des statuts et un président élu chaque année. Mariam elle a été la 2è présidente du Groupe ATT. Déjà  son engagement politique se manifestait. Parmi les actions phares, l’obtention d’un terrain grâce à  l’ex président Alpa Oumar Konaré et qui deviendra La Cité des Enfants de Bamako. Le Sidaction Show, une initiative visant à  sensibiliser sur le VIH Sida, tout en célébrant la journée mondiale du SIDA, avec en prime la distribution de préservatifs dans les lycées, mais aussi des campagnes de vaccination contre la Poliomyélite. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années On dit qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. Cela est juste pour Mariam qui après le bac, choisit de faire des études de Droit en France à  Evry. Elle tiendra 2 ans : «Â Je me suis rendue compte que le droit n’était pas fait pour moi ». Elle s’envolera ensuite pour le Canada en 2002, et obtiendra Bachelor en Sciences Politiques à  l’Université de Montréal : «Â  Les sciences politiques mènent à  tout, et offrent une solide capacité d’analyse des choses, je me suis spécialisée dans la communication politique, dans les comparatifs entre pays et surtout, J’aimais beaucoup la philosophie… ». Retour au pays natal en 2005. Le choc fut immense. Si elle organise son mariage la même année, Mariam est confrontée au chômage des jeunes. «Â  Malgré toutes mes actions de terrain avec le groupe ATT et les relations développées, je n’avais pas de boulot, avec mon diplôme ( Un Bachelor = Bac +4). «Â  J’ai tout fait, des stages, de l’intérim, en alternant les périodes de galère avec la maison. A l’époque pas moyen d’avoir du boulot, même avec les relations…» Loin de se décourager, la jeune malienne continue ses actions et sert de mentor aux jeunes du Parlement des Enfants. En 2008, naà®t son premier enfant, un garçon, et puis tout se met soudain à  changer. Par une simple recherche d’emploi sur Internet : «Â Tous les jours, je consultais Malipages.com, les offres d’emploi et je suis tombée sur deux propositions». Mariam choisira alors de travailler pour le réseau «Â I Know Politics «Â , au lieu de l’ONG internationale Save the Children, pour laquelle elle avait une préférence. Le destin fera le reste, sa patience récompensée. Le réseau I Knows Politics Il vise à  promouvoir la participation des femmes dans la vie politique et publique ! Dans ce réseau international, Mariam Diallo, épouse Dramé, est la responsable Afrique. Son regard est lucide sur la situation de la femme malienne : « Une faible participation dans la vie politique, due à  des critères anticonstitutionnels, elles sont aujourd’hui 15 députés sur 147, avec 7 ministres femmes dans le gouvernement actuel, C’’est trop peu ! » Alors comment réussir cette émancipation dans un pays conservateur comme le Mali ? « Vous savez, l’émancipation, peut se réussir en conjuguant avec les traditions, la question est de savoir comment produire cette femme Africaine émancipée, qui prend en compte ses valeurs sociétales. Mais je trouve les femmes dynamiques au Mali . Et d’évoquer les associations de la place, la CAFO, le groupe Pivot, la Cofem etC’… ». Femmes et leadership « On veut être émancipée, mais les choses sont mal présentées. Il faut rassurer l’homme dans son rôle et ne pas l’exclure. Voilà  l’un des combats de Mariam, redonner à  la femme toute sa place au foyer comme dans la vie professionnelle, alors qu’elle estime que 98 jours de congé de maternité, C’’est trop peu pour les Maliennes. Et d’évoquer la difficulté à  gérer les deux fronts, mère et femme professionnelle. C’’est sans doute pourquoi, elle a crée sa propre association, AFLED « L’association Femme leadership et développement ». «Â Je me suis dit qu’il fallait aider ces femmes avec des lacunes, insister sur leur parcours, l’école, les initier aux Nouvelles technologies, les aider à  travailler au développement de leur communauté et bien sûr les intéresser davantage à  la vie publique ! Mais je précise que les femmes émancipées ne doivent pas rester seules, ça nous ressemble pas en Afrique ça ! » Et ses modèles alors ? Elle cite d’emblée Hillary Clinton, qu’elle a rencontré à  Washington. Une femme d’une intelligence rare, courageuse, avec un engagement politique et qui malgré les épreuves, ne s‘est jamais laissée abattre. Cette dernière leur a d’ailleurs affirmé «Â Qu’il était impossible pour un pays de se développer sans tenir compte de 50% de sa population, à  savoir les femmes. La jeunesse n’attendra pas demain pour développer le continent ! C’’est un peu le message qu’a souhaité adresser le président Américain Barack Obama, aux Jeunes leaders Africains réunis le 3 Août à  Washington. «Â Nous étions 125 délégués venus de 47 pays, raconte Mariam les yeux brillants, nous avons visité le Musée Africain de Washington, puis le département d’état, dans l’aile Est de la Maison Blanche, avant de rencontrer Hillary Clinton». Au programme, des discussions de groupe, des rencontres avec des spécialistes sur l’importance de la participation à  la sphère politique. Mariam était dans le panel Jeunesse et Démocratie. Ensuite, Barack Obama apparaà®tra décontracté dans le Town Hall. Pendant près d’une heure et demie, il posera des questions aux jeunes délégués, affirmera la volonté des Etats -Unis à  accompagner les jeunes pour apporter des changements sur le continent. Un partenariat gagnant-gagnant, pour ce fils d’un Kenyan et d‘une mère blanche. A la fin les délégués du Kenya lanceront : «Â Youth WE CAN » ! Ou Jeunesse peut ! «Â  Les Leaders Africains sont décidément trop vieux ! », ajoute Mariam. Barack Obama nous a en quelque sorte donné sa parole à  Washington, sur sa vision de la jeunesse Africaine pour les 50 prochaines années à  venir…et la première des choses ici en Afrique, est de mettre cette jeunesse en confiance, d’appuyer ceux qui veulent s’engager en politique et dynamiser le partenariat Jeunes et Aà®nés ! Moi je pense sincèrement ce ne sont pas les femmes qui ont le plus de problème au Mali, mais les jeunes ! ». Ils étaient de la société civile, avocats, jeunes entrepreneurs, directeurs d’écoles du continent à  participer à  cette rencontre de Washington : «Â En sortant de là , conclut Mariam Diallo, je suis consciente de la chance que J’ai eu et je n’ai qu’une envie, me surpasser, parce qu’avec les jeunes tout est possible ! Il faut juste travailler pour ça… ». Et Mariam se souviendra longtemps de cette voix qui lui a soufflé à  Washington : «Â Vous n’êtes pas les leaders de demain, mais d’aujourd’hui ! »

Leadership : « Il faut donner aux femmes les postes qu’elles méritent ! »

C’’est le professeur Amsatou Sow Sidibé, professeur Agrégé de droit à  l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui animait la rencontre entre les femmes Maliennes et l’Ambassadeur du Sénégal au Mali, Mme Saoudatou Ndiaye Seck au Musée National de Bamako. Parmi ces femmes leaders, on comptait la doyenne Sira DIOP, Mme Mbam Diatigui Diarra, médiatrice de la République du Mali, Ouleymatou Sow Dembélé de la CAFO ou encore Oumou Ahmar Traoré du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et d’autres. Les femmes et le code de la famille Au menu des discussions, le statut des femmes, relatif au code de la famille ; Pour Amsatou Sow Sidibe, le respect des époux est une chose formidable. « Je ne comprends pas les femmes maliennes. Celles qui se sont érigées contre le nouveau code de la famille et l’annulation de la notion d’obéissance. Nous risquons de tomber dans l’islamisme », ajoute la conférencière, qui évoque le projet de loi sur la parité au Sénégal et visant à  bonifier le statut des femmes. Il est clair que la perception du code de la famille diffère entre le Mali et le Sénégal. Quant Au Mali, la puissance paternelle est érigée, la femme est reléguée au rôle de gestionnaire du foyer et de mère, alors qu’au Sénégal, les femmes s’affirment intellectuellement, économiquement, s’émancipent ou alors deviennent 2è épouses pour avoir un statut social mais aussi s’en sortir financièrement ! C’’est le cas de trentenaires, aguerries, épanouies et qui n’ont pas froid aux yeux quant aux dispositions d’un code de la famille, certes à  réformer mais vecteur de valeurs traditionnelles également. A Bamako, o๠certaines, lors de la promulgation du nouveau code, ont manifesté et crié à  la spoliation de leurs droits, de leurs valeurs, à  Dakar, la question n’avait pas tant crée l’ire. Un écart existe bel et bien entre la mentalité des femmes maliennes et celles sénégalaises. Quant ces dernières cherchent le leadership, recherchent l’appui des autorités, les militantes maliennes ont, reculé devant un code, décrié, cédant à  la menace des autorités islamiques ! Combien sont-elles à  avoir été attaquées sur les ondes des radios, par les leaders religieux : « Je suis insultée de partout, critiquée, menacée », confiait Saoudatou Haidara, de la Commission Lois de l’Assemblée Nationale et qui a planché sur le texte Malien, difficile à  avaler pour les uns et les autres. Le débat reste ouvert. Il fallait se protéger mais garderla tête froide : « Ce code, n’a pas assez été expliqué aux gens, nous nous l’avons fait avec les gens de la Francophonie lors d’un séminaire à  Québec », confiait Mbam Diatigui Diarra, Médiatrice de la République du Mali. « Il faut quand même qu’on sache ce qu’il y a dans ce code avant de l’adopter. Combien d’entre nous connaissent le document. Combien d’entre nous peuvent le décrypter ». « Le code de la famille lui a été réécrit par les membres du Haut Conseil islamique du Mali, et qu’à  cela ne tienne, les autorités Maliennes devront compter avec leurs dispositions. « Le débat risque d’être chaud, plus que ce que nous avons déjà  vu en Août dernier», confiait aussi Sy Kadiatou Sow, ex gouverneur de la République du Mali. « Mais peut-être, pourrions-nous inspirer des femmes sénégalaises, de leurs points de vues » et « mêmes des femmes arabes, de Tunisie, du Maroc, d’ailleurs pour enrichir le débat », ajoute une autre femme leader. « Les femmes n’ont pas assez confiance en elles », ajoute Mme Sidibé. Elles se promettent alors de remettre ça, sous les bons auspices de la doyenne Sira DIOP, ( Fondation Femmes d’Afrique et Culture, Mémorial de Rufisque),qui propose un cadre de concertations de réflexions, une initiative déjà  commencée, avec l’idée : « Ma grand-mère m’a dit », sorte de paroles de sagesses aux tout petits ! Les femmes instrumentalisées en politique Reste l’instrumentalisation politique des femmes, lors d’élections ou de nominations à  des postes clées. Les chiffres sont là  pour témoigner, explique le professeur Sow et la disparité est là  entre femmes du continent : Au Sénégal, précise Amsatou Sow Sidibé, il 37 femmes députés pour 150, 1 vice présidente sur 7,10 femmes élues pour 100 dans les collectivités, 6 femmes ambassadeurs. Au Mali, elles sont sous représentées également : Il y a 3% de femmes à  la tête de partis politiques, 10% de députés, 28% de femmes ministres (la parité avance), 14% membres du conseil Consitutionnel. Ce qui pose le problème de la parité évoqué plus haut et qui se voit entravé par de multiples facteurs : Rapports sociaux de force, inégalités sociales, mauvaise interprétation de l’Islam, pouvoir économique etc… « Les femmes doivent avoir les postes qu’elles méritent, il faut les privilégier partout o๠il y a des postes de responsabilité, elles ne doivent pas être « de simples jupettes» « , en référence aux femmes ministres qu’avaient nommé Alain Juppé, en France, alors premier ministre sous Chirac, et dont beaucoup étaient passées à  la trappe. Ce fut aussi le cas au Sénégal pour des femmes ministres qu’on avait placé là , sans réelle conviction. Au Mali, l’instrumentalisation politique se situe au niveau des masses électorales, des femmes rurales notamment, celles qu’on mobilise pour soutenir des candidats Hommes et celles qui ne sont pas tout à  fait éligibles sur les listes électorales se contentant d’être des leviers du pouvoir des autres. « Pourtant, il y a de plus de femmes engagées en politique et même dans les régions au Mali », explique Nana Sissako, du Groupe Pivot Droits et Citoyenneté des femmes ». Les femmes victimes des conflits et autres paramètres sociaux Outre la politique, les femmes africaines, restent victimes des conflits(comme en Casamance au Sud Sénégal) et d’autres de situations d’urgence de santé ou d’accès aux soins et à  l’eau potable, notamment dans les zones rurales, etC’… Elles sont classées populations vulnérables par les organismes internationaux et font partie du programme des OMD(objectifs du millénaire pour le développement ». Nous devons intégrer les OMD dans nos politiques nationales, ajoute Amsatou Sow. Parce qu’il y a clairement un manque de culture du droit des femmes chez nous, ce qui suppose donc un engagement national, régional et même international ». Leadership ! leadership ! Les faits, la réaltié des femmes Africaines est là  avec toute sa complexité, mais les femmes leaders dont nous parlons aujourd’hui et qui ont débattu au Musée National de Bamako, dans le cadre de la semaine de l’amitité sénégalo-malienne, ne sauraient être des victimes d’un monde « d’hommes ». Plutôt sont-elles des battantes, des femmes dont l’image impressionne et dont la parole sert d’exemple, des femmes dont l’action influence les autres et dont le positionnement social confère le respect ! A l’instar de Mme Saoudatou Ndiaye Seck, Ambassadrice du Sénégal au Mali, et qui a chapeauté ce large débat, autour de questions féminines. Une autre belle initiative de femmes !

Querelle de leadership à la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (Cafo)

Au sortir de sa récente crise, on en était arrivé à  la conclusion que la principale organisation des femmes (la Cafo) pouvait désormais poursuivre le combat qui lui est dévolu (celui dédié aux femmes). L’on assiste plutôt à  une querelle de leadership en son sein. Ah les femmes ! Mauvaise image Décidemment, les « recettes » ne manquent pas pour écorner l’image de la Cafo. « Assoiffé de postes stratégiques et de privilèges indus, le groupuscule dirigé par l’imperturbable Ouleymatou Sow voudrait, dit-on, à  nouveau entraà®ner la Cafo dans une querelle de leadership ». C’’est du moins ce qu’affirment des sources au bureau actuel de l’organisation dirigée par Mme Keita Fatoumata Sissoko. En effet, Mme Dembélé Ouleymatou Sow serait revenue à  la charge d’une organisation qui a engrangé des résultats très significatifs en matière de promotion féminine. Certaines femmes militantes à  la Cafo désapprouveraient même le comportement de Mme Dembélé Ouleymatou Sow. Voilà  une dame qui bénéficie de moins en moins de crédit aux yeux de ses consoeurs. Pourquoi ? Vieille querelle La querelle de leadership à  la Cafo ne date pas d’aujourd’hui. De nombreuses irrégularités peuvent justifier la suspension d’Ouleymatou Sow, membre de la CAFO, le 6 avril dernier, par le bureau de la coordination. Le Bureau lui reproche un certain nombre de faits qui jurent avec l’esprit du règlement intérieur de la Coordination. Selon nos informations, la présidente de la Fenacof(la fédération nationale des collectifs d’Associations féminines ) mais aussi Secrétaire Générale de la CAFO, préférerait la gestion de la Fenacof à  celle la Cafo, quand bien même cette dernière n’est qu’une composante de la Cafo. l’on se rappelle de la dernière crise (la veille du congrès de la Cafo) qu’a connu l’organisation. Ouleymatou Sow avait été pointée du doigt comme étant à  l’origine de cette dissidence. « C’’est elle qui avait été à  la base de la première crise qui a durement secoué l’organisation », affirme une membre. Mettant à  nouveau l’organisation sur une chaudière, elle crée toujours la tension avec ses ardeurs belliqueuses », affirme une militante de la Cafo. L’origine de la querelle Partie occuper un poste dans un organisme onusien à  Dakar, la présidente de la Cafo, Traoré Oumou Touré, a de plein droit, délégué son mandat à  la personne en qui elle a placé sa confiance. Hiérarchiquement ce n’est pas elle qui choisit, mais ce sont les textes mêmes de l’association qui autorisent la présidente à  nommer la personne qui assurera son intérim. C’’est pourquoi, au lieu de Mme Dembélé Ouleymatou Sow, la présidente de la Cafo a plutôt jeté son dévolu sur la 1ère secrétaire aux finances, Mme Keita Fatoumata Sissoko, pour assurer l’intérim. Toute chose qui a crée de l’indignation et de la frustration chez Oulemaytou Sow qui dit être abusivement suspendue. Toutefois ses partisans n’ont pas dit leur dernier mot dans cette histoire de suspension. En effet, elles entendent se battre pour le retour de la légalité. Quant à  Mme Dembélé, elle se dit victime d’une cabale contre sa personne.

Crises politiques en Afrique : un continent en perpétuel mouvement

Le cas de la Côte d’Ivoire On se rappelle que la crise ivoirienne s’est transformée en guerre civile, après les assassinats du général Robert Guei et sa femme Rose en 2002. La côte d’Ivoire s’est divisée en deux comme lors de la séparation de Berlin par le mur. Signalons que cette crise a pour base, le rejet de la candidature de l’opposant et ancien premier ministre Alassane Dramane Ouattara à  l’élection présidentielle de 1995. Des doutes avaient été émis sur sa nationalité ivoirienne par le président de l’époque, Henry Konan Bédié. Ce dernier craignait de perdre face à  un adversaire de taille. Donc, C’’est un conflit d’intérêt personnel qui entrainera le pays dans un bain de sang qui durera 5 à  6 ans. Et C’’est comme toujours, la population civile qui paie les pots cassés. Lorsque nous voyons l’actuel président Laurent Gbagbo s’accrocher lui aussi au pouvoir et faisant tout, pour ralentir le processus électoral et qui aurait dû se faire depuis 2005, on a l’impression que C’’est une drogue qui gagne tout ceux qui goûtent au fauteuil présidentiel en Afrique. La guinée n’est pas en reste ! La fièvre du pouvoir n’épargne décidément personne, ou presque. Le cas de la Guinée est aussi triste qu’ailleurs. La junte militaire au pouvoir depuis 2008, avait, sous la houlette de son chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, promis de mener la transition et organiser des élections avant la fin de l’année 2009, pour ensuite, retourner dans les casernes. Seulement, quelques mois après la prise du pouvoir, la position de Dadis a changé. Il émettait toujours des doutes à  la question de savoir s’il serait candidat aux élections. Jusqu’à  ce que finalement, l’homme affiche clairement ses ambitions présidentielles. C’’est d’ailleurs ce qui lui causera plus tard, des torts. En effet, en voulant coûte que coûte empêcher l’opposition de mener des campagnes, des regroupements, il laissera commettre l’irréparable au Stade du 28 septembre cette année. On apprendra par la suite qu’il a fait porter la responsabilité des massacres à  son aide de camp, Toumba Diakité. C’’est d’ailleurs ce dernier qui, ne voulant pas servir de cobaye, tirera à  bout portant sur son chef, le jeudi 3 décembre dernier au camp o๠il s’était retranché. Et à  bien y regarder, la crise guinéenne risque très fortement de se transformer en guerre civile. Signalons la Guinée connait un fort problème ethnique entre malinkés et peulhs. Feu rouge à  Madagascar La crise malgache aussi n’est pas sur le point de se résoudre. Rappelons que le jeune président Andrey Rajoelina a chassé du pouvoir, Marc Ravalomanane, par à  un soulèvement civil. Le jeune maire de 35 ans, s’est vu interdire sa chaine de télévision par les autorités du pays. Marc Ravalomanane a catégoriquement refusé la diffusion des programmes du jeune maire et ancien disc-jockey. Décidé à  ne pas se laisser faire, le désormais président décide de déloger son président du palais. Chose qu’il réussira d’ailleurs. Après l’accession d’Andry Rajoelina à  la tête du pays, la communauté internationale avait vivement sanctionné le coup de force. Des médiations s’en sont suivies. Des accords avaient d’ailleurs été trouvés avec les anciens présidents Albert Zaff, Marc Ravalomanane et Didier Ratsiraka. Malheureusement, cette médiation n’a rien donnée puisque Andrey Rajoeline a refusé de participer à  la dernière réunion. Il a même refusé l’accès de l’à®le aux trois anciens présidents. Ces derniers ont reçu des visas touristes de la part des autorités Sud-Africaines jusqu’au 20 janvier prochain. Signalons que ce qui est arrivé au président déchu, n’est que le retour du bâton. Il avait lui aussi été maire de Tana sous la présidence de Didier Ratsiraka, à  la différence que ces deux là , ont été départagés par la voix des urnes. En effet, le jeune maire a été plus pressé que la musique, parce qu’il n’a pas encore atteint l’âge requis pour se présenter à  la présidentielle. Visiblement, il n’avait le temps le temps d’attendre autant d’années. Gouvernance politique Le problème chez la plupart de nos dirigeants en Afrique, C’’est que chacun vise d’abord son intérêt personnel, avant de penser aux autres. Vous direz certainement que cette idée n’est pas propre aux seuls africains, certes. Néanmoins, C’’est ici en Afrique que les conflits d’intérêt engendrent les crises contribuant à  la régression du développement de nos pays. Rôle des médiateurs Les médiations servent à  la résolution des conflits entre différentes factions en désaccord. Cependant, ces médiations ne sont pas toujours des succès. Les critères de sélection comptent énormément pour la désignation d’un médiateur. Il est toujours mieux de déployer des personnes en fonction des crises. Lorsque nous prenons le cas de la Guinée. Le président burkinabé n’est pas forcément l’homme de la situation. Parce que lui-même est le fruit d’un coup d’Etat. Il est alors difficile qu’il arrive à  satisfaire convenablement les deux parties. Par contre, il a mené une excellente médiation en Côte d’Ivoire parce que là , les protagonistes sont des civils. Que l’Afrique se ressaisisse Il est temps que l’Afrique se ressaisisse. Que les leaders politiques, les décideurs publics et privées, les acteurs du développement prennent conscience que, ce n’est lorsque nous accèderont à  l’indépendance économique, que nous pourront aller de l’avant. Cela ne sera possible que si chaque dirigeant accepte de quitter le pouvoir en temps et en heure. Et lorsque nous respecteront les constitutions de nos Etats Monsieur Tandja. Il faut être fair-play et accepter la défaite parce que ce n’est pas du tout une fatalité. Ne pas toujours tendre la main. Ne pas toujours tout attendre des bailleurs de fonds. Et surtout, savoir dire non à  l’aide publique de l’Occident. Il est tant que nos dirigeants comprennent que la colonisation est terminée depuis longtemps.

Blaise Compaoré, le faiseur de paix et de rois

Malgré l’activisme du président sénégalais, C’’est le placide Burkinabé qui a été choisi pour une difficile médiation à  Conakry. Il avait pourtant en charge deux autres dossiers particulièrement délicats. La Côte d’Ivoire, o๠il a réussi à  faire signer un accord de paix à  Ouagadougou, le 4 mars 2007, et le Dialogue intertogolais, qu’il a accueilli à  Ouagadougou, en août 2006, pour un accord entre le gouvernement et les partis de l’opposition. Il est vrai qu’il est, de loin, le doyen des chefs d’Etat de la région. Son plus proche suivant, le Gambien Yayah Jammeh ne compte encore que quinze ans au pouvoir. Mais la durée, tout étant un atout, ne constitue pas un élément décisif. Nul ne s’aviserait de penser à  Jammeh pour prendre sa succession. l’homme du Faso avait tout contre lui pour prétendre s’imposer à  la région. Après les indépendances, la région a d’abord connu un trop-plein de leaders charismatiques. Du côté des Anglophones, Kwame Nkrumah, bien sûr. Quand il est évincé par l’armée, le Nigérian Yakubu Gowon prend le relais. Chez les Francophones, C’’est carrément la bousculade. Sékou Touré, Félix Houphouà«t-Boigny, Léopold Sedar Senghor, Modibo Keita… Instabilité nigériane Puis, l’instabilité politique s’installe au Nigéria. Murtala Muhamed (29 juillet 1975-13 février 1976), Olusegun Obasanjo (13 février 1976-1er octobre 1979), Shehu Shagari (1er octobre 1979-31 décembre 1984) n’ont eu guère le temps de s’imposer dans l’instable fédération pour songer à  la région. De même, le Ghana, après Nkrumah, connaà®tra quatre présidents en quatre ans. C’’est l’Afrique francophone qui prend le leadership régional, avec Senghor et Houphouà«t-Boigny. Les autres rivaux sont passés à  la trappe. Le Malien Modibo Keita est évincé par le fruste et brutal Moussa Traoré, alors que Sékou Touré s’isole dans une dérive dictatoriale. Les deux leaders de la région s’imposent avec des armes différentes. Senghor compte sur sa stature intellectuelle et l’influence de son pays, qui fut la capitale de l’Afrique occidentale française, alors que l’Ivoirien brille par son sens de la manœuvre politique, appris sur les bancs du parlement français, et le poids économique de son pays, qui attire tous les ouest-africains. A la disparition de Senghor, Abdou Diouf a su préserver son legs diplomatique. Le Sénégal continue à  accueillir les grandes conférences internationales, à  assurer la présidence en exercice des organisations continentales ou régionales (OUA, CEDEAO, CEAO, UEMOA, CILSS) et à  placer ses ressortissants à  la tête des institutions internationales (Organisation commune africaine et malgache, Air Afrique, UNESCO, Banque africaine de Développement, Organisation de la Conférence islamique, Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, Union économique et monétaire ouest-africaine, UEMOA, FAO…) Voie ouverte La mort d’Houphouà«t-Boigny le départ de Diouf ouvrent la voie à  un nouveau venu. Alpha Oumar Konaré. Tribun, il peut s’appuyer sur la belle victoire de la démocratie sur la dictature de Moussa Traoré et le prestige impérissable de l’empire du Mali pour reprendre le flambeau, le Sénégal commençant à  perdre place. La co-rédaction du NEPAD assure au départ une certaine visibilité à  Wade, mais la multiplication de ses initiatives finit par irriter. Il est le rare chef d’Etat à  ne pas bénéficier du renouvellement de son mandat à  la tête de l’UEMOA et de la CEDEAO. Le leadership de Blaise Konaré retraité, Amadou Toumani Touré plutôt effacé, Gbagbo empêtré dans une rébellion interne, il n’y avait plus que le Burkina en Afrique francophone et, après la fin du second mandat d’Olusegun Obasanjo, dans toute l’Afrique de l’Ouest. Plus vieux dans le grade, réfléchi jusqu’à  la rouerie, Blaise Compaoré ne partait pas avec la faveur des pronostics. Son pays, le Burkina, l’ancienne Haute Volta, n’était pas taillé pour le leadership régional. Le colon français le vouait au rôle de réservoir de main-d’oeuvre pour la riche colonie ivoirienne. C’’est Thomas Sankara qui a sonné la révolte voltaà¯que pour fonder une nouvelle nation, fière d’elle-même, avant d’être « rectifié » par ses compagnons d’armes, parmi lesquels Compaoré, qui éliminera ensuite Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani, les deux autres acteurs du quatuor qui avait pris le pouvoir en 1983. Compaoré peut restaurer au Burkina, il est vrai au forceps l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998, l’illustre – la stabilité politique que connurent, du XIe au XIXe siècle, les royaumes Mossi, malgré les expansions des empires du Mali et du Songha௠dans la boucle du Niger. Les ingérences Pour ne rien arranger, Compaoré est accusé d’ingérence. Sa main est vue dans les guerres civiles du Libéria, de la Sierra Leone et de l’Angola. Il en sera de même avec la Côte d’Ivoire. C’’est depuis Ouagadougou que la rébellion s’organise. Les Burkinabés sont victimes de graves exactions qui les conduisent à  quitter par milliers, en catastrophe, la Lagune Ebrié. La métamorphose Le premier théâtre d’opération du Compaoré nouveau est le Togo. Dans les années 90, C’’est lui qui sauve la mise de Gnassingbé Eyadema, près d’être emporté par le vent de démocratie qui souffle sur le continent. Il récidivera avec le fils, en 2005, en arrachant un improbable accord avec le fils d’Olympio, qui ravive l’opposition entre leurs pères. La semaine dernière, il a réussi à  faire revenir le président Faure sur la nomination du président de la Commission électorale nationale indépendante, qui risquait de plomber, avant l’heure, la présidentielle de l’année prochaine. Alors que le Burkina a également une communauté touareg, l’ordre qu’il fait régner sur son pays lui évite les soubresauts qui déchirent ses voisins nigériens et maliens. Compaoré est aussi intervenu en Centrafrique pour installer au pouvoir François Bozizé , son complice selon les partisans de Patassé. Bozizé est venu à  Ouagadougou, en février 2005, pour le remercier. Précédé de quelques jours par un autre président, le Libérien Gyude Bryan, dans le même exercice. Fort de ses succès, il bénéficie du pragmatisme de Gbagbo. Las de la multiplication des médiateurs, Wade, Kufuor, Mbeki…, il se tourne vers celui qui est, à ses yeux, le véritable parrain de la rébellion du Nord. Pari gagnant. La paix est en marche et les deux pays sont réconciliés, ainsi que vient de l’entériner une visite officielle de Compaoré en Côte d’Ivoire, du 15 au 18 septembre dernier. Stabilité La France, préoccupée de stabilité parce qu’elle n’a plus les moyens de multiplier les interventions armées, les Etats-Unis, soucieux de ne pas offrir de refuge éventuel à  Al Qaà¯da, l’Union européenne, mollement engagée dans le soutien à  la démocratie, Compaoré, qui a modifié sa constitution pour rester au pouvoir, offre les gages de stabilité qui lui assurent ses galons de médiateur. Le « beau Blaise » a parcouru bien du chemin. Parrain hier, faiseur de paix aujourd’hui. A 58 ans, bien décidé à  rester au pouvoir, il sera de plus en plus incontournable. Notamment dans la crisé guinéenne.

« Read, Learn and Lead » : un atelier pour l’apprentissage au primaire

Lire, apprendre et pratiquer le leadership, voilà  le thème de cet atelier qui s’est ouvert ce matin, au Centre International de conférence de Bamako, en présence du Ministre de l’éducation Salikou Sanogo et des responsables de l’Institut d’Education Populaire IEP, dirigée par Marie Diarra. Les touts petits étaient là  aussi, car c’est à  eux que s’adresse surtout ce programme d’apprentissage. Il s’agit de favoriser un enseignement de qualité et lutter contre l’illetrisme et l’analphabétisme des enfants grâce à  des méthodes d’apprentissage dynamique. Prévenir l’échec scolaire Sur 100 enfants, 60 ne savent pas lire et écrire au Mali, au niveau de la 7è ( primaire), indique le Ministre de l’Education de base. Et pour éviter l’échec scolaire, il faut renforcer les bases des enfants au primaire, ce que propose le programme, Read, Learn ans Lead ! Non seulement, lire est important, mais penser la lecture, mener une réflexion autour de ce qu’on apprend et devenir en quelque sorte mâitre de son savoir propre. S’outiller pour les futures leçons de l’éducation à  un niveau plus élevé. l’importance de l’apprentissage de la langue maternelle Pour Hélène Abdazi, Consultante, l’instruction, l’apprentissage de l’enfant doit d’abord se faire dans la langue maternelle.  » Des langues comme le wolof ou le Bambara ne sont pas difficiles à  apprendre, même phonétiquement, pour ensuite attaquer les langues officielles comme le Français ou l’Anglais. Preuve à  l’appui, Hélène, consultante au Programme Evaluation Indépendante de la Banque Mondiale, montre des vidéos d’enfants au Malawi ou en Asie, apprenant dans leur langue maternelle et avec aisance !  » Le bénéfice qu’on tire de l’instruction des langues nationales est immense, or on veut faire croire que sont les langues officielles qui sont prioritaires », déplore Hélène.  » Le français est même traité comme une langue maternelle pour les jeunes francophones ». Et c’est une grecque, polyglotte, qui affirme cela ! Le débat autour des Langues Nationales Voilà  qui pose le débat de l’importance des Langues Nationales et leur apprentissage précoce. Or dans les langues officielles, le taux d’échec scolaire s’accentue au Mali et préoccupe l’éducation Nationale ? Le niveau de Français baisse, le dernier DEF, l’a prouvé. Maà®triser la langue de Molière devient difficile, faute de lecture assidue. Faut-il alors envisager l’apprentissage d’abord en langue Nationale avant les langues exportées ? Pour l’IEP, la pratique d’éducation fait la promotion d’un « changement social » fondé sur les principes et les valeurs suivantes : l’Afrique, berceau de l’humanité, est aussi l’espoir de l’humanité et l’avenir du peuple africain incarne cet espoir à  travers ses valeurs humaines. Les langues sont multiples en Afrique, et certaines s’apprennent comme le Swahili ou le Haussa, futures langues d’Unions, mais la prédominance du Français demeure en Afrique Francophone… Le programme Read, Learn and Lead s’étend à  la ville de Kati, située à  15km de Bamako et se poursuivra jusqu’au 1er Octobre. Juste au moment de la Rentrée scolaire. Une coincidence heureuse.