A Ansongo, on crie à la fraude

Ansongo, région de Gao, a voté le dimanche 10 janvier dernier pour pourvoir le poste de député vacant depuis la mort de son titulaire. Selon les résultats provisoires publiés ce 12 janvier,le RPM (majorité) et l’URD (opposition) sont qualifiés pour le second tour. Un résultat contesté, de graves accusations de fraudes, de bourrages d’urnes, ayant été proférées. Le vote ne s’est pas déroulé dans l’une des sept communes du cercle d’Ansongo, des groupes armés rebelles qui occupent la localité de Talatay avaient refusé que les opérations de vote se tiennent sur place. Dans les six autres communes maliennes, le vote s’est déroulé, mais les regards se tournent vers la commune de Tessite o๠le taux de participation atteint 98 % des inscrits sur place. l’opposition évoque un bourrage d’urne, de grandes magouilles, avant de rappeler que la localité, à  cause de la crise, s’est vidée de ses électeurs, donc impossible d’avoir ce taux de participation qui profite essentiellement au candidat du parti au pouvoir. Du côté du parti au pouvoir, on accuse les opposants d’être de mauvais perdants. En face, on menace tout simplement de ne pas participer au second tour si les résultats ne sont pas remis en cause.

Députés, soyez honorables !

Les jeux sont faits. Les 147 places seront bientôt pourvues. La nouvelle législature sera installée sous peu. En attendant, les partis se concertent pour le choix du Président du Parlement. La tradition républicaine au Mali veut que le Chef de l’Etat cède le perchoir de l’Assemblée Nationale au patron du plus grand parti de l’opposition. C’’est donc l’ADEMA jusqu’ici faiseur de rois qui doit s’emparer de ce fauteuil mais ce serait un suicide politique pour le RPM de ne pas offrir un os à  ronger à  l’URD de Soumaila CISSE. Challenger de IBK, l’enfant de Niafunké a commencé à  décocher des flèches assassines contre son tombeur. La couronne parlementaire devrait adoucir ses velléités de perturber le règne de son grand frère. Quoi qu’il en soit, le Président de cette nouvelle législature devra inviter et inciter ses collègues à  jouer pleinement leur rôle comme du reste l’a relevé le Président IBK après avoir introduit son bulletin de vote dans l’urne. àŠtre député, ce n’est pas une sinécure Il faut s’informer, écouter le peuple et tout le peuple. Il ne doit être ni sectaire, ni partisan. Il doit porter les aspirations du peuple. Dés l’acquisition de l’écharpe tricolore, il devient un contrôleur de l’action gouvernementale habilité à  interpeller tout membre du gouvernement pour des questions orales en application de l’article 90 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. La question est saisie, imprimée et déposée sur la table du Président du parlement chargé de la transmettre au ministre interpellé. Le député peut aussi saisir le gouvernement à  travers un projet de loi pour légiférer sur un sujet. Il est tenu de se prononcer sur les propositions de loi émanant du gouvernement. C’’est dire qu’entre propositions de lois, projets de loi et questions orales, le parlementaire a du grain à  moudre et toute absence volontaire à  ces séances plénières dans la salle Modibo KEITA ou en commission technique est une trahison contrat de confiance signé avec le peuple. l’absence, une pathologie parlementaire à  éradiquer Cet absentéisme des députés fragilise l’institution parlementaire. Il renforce l’image déjà  négative du député « payé gracieusement à  ne rien faire ». Le règlement intérieur du parlement doit être revu et corrigé afin que le travail de fonds réalisé en commission technique ne soit pas terni par le one-man-show des députés de la caméra obnubilés par le seul renforcement de leur aura politique via la télévision. Aussi, il urge de recruter des assistants parlementaires pour expliciter aux élus la nomenclature de la valise budgétaire faute de quoi le Mali aura encore une chambre d’applaudissements. IBK a raison. Le travail du député est plus un sacerdoce qu’une sinécure. Que les entrants s’informent, écoutent et veillent afin de bien légiférer. Il faut se faire élire pour lire et pouvoir dire les dires du peuple.

Législatives : dernier jour de campagne

Beaucoup de candidats ont attendu les derniers jours de campagne pour séduire les électeurs à  travers des manifestations et des regroupements interminables des militants des formations politiques. Des caravanes, des activités sportives et culturelles sont organisées à  l’endroit des jeunes et des femmes. La capacité de mobilisation financière a été déterminante. Des actions de proximité comme le porte-à -porte se font, même de nuit, et parfois avec des billets de banque. « Nous prenons tout ce qu’ils vont nous donner comme argent. Ils sont tous pareils » lance un conseiller d’un chef du quartier de la commune I. Des grosses marmites utilisées lors des cérémonies sont offertes aux femmes par les candidats. Et de l’argent offert aux jeunes pour organiser leurs assemblées ou autres activités culturelles. D’autres surfent sur la popularité du président IBK et les leaders religieux comme le chérif de Nioro et Ousmane Madani Haidara pour battre campagne. « Nous sommes venus nous confier à  vous pour l’élection législative. Ibrahim Boubacar Keita, Ousmane Cherif Madani et le chérif de Nioro nous soutiennent tous » indiquent certains candidats. Ils disent tous apporter un changement dans leur commune, l’expression la plus populaire en cette période de crise. « Nous avons décidé d’être candidat pour le bonheur de la commune »; « Votez pour nous! C’’est assurer votre bonheur » tels sont quelques uns des slogans passe-partout.