Enquête sur la présence libyenne dans l’économie du Mali

Le 40e anniversaire de la révolution libyenne a été célébré avec faste le week-end dernier à  Tripoli. l’évènement auquel a participé le président de la République Amadou Toumani Touré et une forte délégation malienne, met en avant la coopération économique que la Libye entretient avec le Mali. Le Mali, un attrait pour les investisseurs libyens Les opérateurs libyens ont investi la quasi totalité des secteurs économiques maliens. Ils interviennent dans des domaines tels que le tourisme, l’hôtellerie ou le commerce. En terme d’investissements, la Libye injecte aussi des milliards dans le secteur pétrolier. Compte-tenu des rapports bilatéraux entre le Mali et la Libye, les investisseurs libyens se bousculent au portillon du Mali. L’hotellerie, une valeur sûre Les Libyens ont pu acquérir la plus grande structure hôtelière du pays à  savoir l’Hôtel Laico de l’Amitié ainsi que l’ex Hôtel Kimpesky (actuel El Farouk) situé en bordure du fleuve Niger. Puis, ils ont racheté l’Hôtel Azala௠de Tombouctou. Le rachat à  6 millions d’euros du Mariétou Palace (communalement appelé Hôtel de Babani) et bientôt terminé, vient compléter ce patrimoine immobilier. Rien que pour Mariétou Palace (dont l’inauguration est prévue pour 2011), le Directeur Général de l’OMATHO, Oumar Balla Touré signale que la Libye investira à  hauteur de 23 milliards de FCFA. Car, dit-il, cet hôtel a un positionnement stratégique et constituera à  n’en pas douter un mirador pour la ville de Bamako. Cet important projet prévoit aussi l’aménagement et l’embellissement des berges du fleuve Niger sur environ 2 km. Un peu plus de 50 milliards dans l’hôtellerie de luxe et des emplois directs crées Selon M. Touré, les libyens vont investir plus d’une cinquantaine de milliards de F CFA dans le secteur de l’hôtellerie au Mali. Cet investissement, selon lui, restera au Mali, d’autant que la main d’œuvre et les infrastructures resteront maliennes. « Il est prévu 600 à  700 emplois directs crées grâce aux fonds libyens. Or, dans le secteur du tourisme, un emploi direct crée deux emplois indirects». Cette forte préférence de la Libye pour le Mali est très symbolique. « Un pays est jaugé et jugé à  travers sa structure hotelière. Grâce à  la diversité de sa structure hotelière, le Mali, aujourd’hui, peut accueillir n’importe quelle conférence ou rencontre internationale. Le parc hôtelier du Mali a connu une croissance exponentielle, tant au niveau de Bamako, qu’à  l’intérieur du pays. Nous avons tous les types d’hôtels et pour chaque bourse. L’apport de l’investissement étranger Aux « mauvaises langues » qui soutiennent que le Mali aurait bradé ses hôtels aux étrangers, M. Touré soutient que la cession des hôtels à  la Libye s’avérait nécessaire. « Le Mali n’a pas bradé ses hôtels. C’’est sur la rentabilité qu’il faut miser. En effet, la souveraineté nationale est une bonne chose, la rentabilité nationale est également une très bonne chose. Au moment ou ces hôtels étaient gérés par l’Etat, ils étaient déficitaires. D’o๠l’intervention des opérateurs comme ceux de la Libye, salutaire. Ces preneurs sont assidus, ils se prennent totalement en charge, s’acquittent régulièrement de leurs taxes et impôts et créent des emplois. C’’est véritablement cela le partenariat économique ». On ne le contredira pas. Pour le patron de l’OMATHO, l’investissement déjà  acquis et en perspective pour les opérateurs libyens, s’estime aujourd’hui à  près de 70 milliards de F CFA. La Banque et les hydrocarbures : deux secteurs clés Pour ce qui est du secteur pétrolier, l’investissement libyen croà®t de manière exponentielle. Avec l’avènement il y a à  peine 3 ans, de la chaà®ne pétrolière « Oil Libya » qui est entrain d’étendre ses racines à  travers l’ensemble du pays. A en croire nos sources, ils sont nombreux, ces opérateurs pétroliers libyens qui aspirent à  exploiter l’énorme potentialité que leur offre le marché malien. Les Libyens sont aussi très présents dans le secteur bancaire du Mali par le biais d’une nouvelle banque : la Banque commerciale du Sahel (BCS) dont le capital se monte à  10 millions d’euros. Cette banque s’est spécialisée dans le micro-crédit. La société nationale du tabac (SONATAM) a aussi été sauvée de la faillite par la Libye qui l’a rachetée à  70 millions d’euros pour assurer sa relance. Toutes ces activités vont désormais bénéficier de l’encadrement d’un bureau populaire d’investissement créé par des privés libyens à  Bamako, dans le quartier chic d’Hamdallaye. Cette structure est chargée de coordonner leurs actions. l’un de ces privés vient d’installer une société de concassage de pierres à  Koulikoro, 2è région malienne après Kayes. Coût du projet : 2 millions d’euros. Et le guide de la Grande Jamahiriya libyenne, Mouammar Kaddafi, s’est engagé à  financer la nouvelle cité administrative en chantier depuis des années.