Mopti : Affrontement meurtrier entre villageois

Ce qui s’est passé cette nuit du 2 octobre à  2 heures du matin dans la commune rurale de Dianweli (région de Mopti) est un témoignage éloquent de la difficile cohabitation qui persiste encore (malheureusement) entre certaines communautés dans notre pays. Cela malgré le brassage interculturel et le sentiment de fraternité et d’appartenance à  une même Nation. Un conflit de longue date, aussi vieux que l’indépendance du pays entre deux villages, vient de refaire surface au grand dam des discours politiques prônant l’unité nationale. Un conflit territorial de plus de 50 ans Nous sommes le 31 mars 1956, un litige territorial oppose le village Wakara à  celui de Béni, tous en 5ème région administrative du pays. l’affaire est portée devant le commandant d’alors du cercle de Douentza, M. Berthault Pierre. Statuant sur la question, l’administrateur colonial tranche le contentieux en faveur du village de Béni. Depuis ce jour, l’affaire est donc jugée et classé. Car, dit-on, en matière de droit « on ne peut juger deux fois la même affaire ». Mais cette nuit du dimanche 2 octobre 2011, les vieux démons sont réapparus. Des émissaires du village de Wakara informent les populations de Béni qu’ils viendront récolter ce lundi les champs de mil cultivés sur leur territoire. Ceux qui avaient présagé le pire à  travers cette note d’information font vite dépêcher des émissaires auprès des autorités du cercle de Douentza, les informant du risque imminent d’affrontement. Malheureusement, rapportent nos sources, ni le préfet, ni le sous-préfet, n’ont pu être joints. Mais la nouvelle atterrit chez le maire de Douentza, qui se charge d’informer à  son tour les autorités administratives ci-dessus citées. Le matin, ils se transportent sur les lieux, mais trouvent que les deux communautés étaient lourdement armées. Les 11 gendarmes, accompagnant les autorités, donnent ordre aux villageois (notamment à  ceux de Béni) de se retirer afin de « faire la part des choses ». « Aussitôt cet ordre donné par la gendarmerie, un coup de fusil part du camp du Wakara» rapportent de sources concordantes. La victime, qui s’appelle Issa Kagoe, n’a survécu à  ses blessures. Ce fut le coup de fusil qui a fait déclencher les hostilités. Les deux villages s’affronteront comme dans un champ de bataille et de conquête des grands empires. Difficile cohabitation Les gendarmes débordés par la situation, se voient contraints de rebrousser chemin. C’’est dans cette situation tendue que les populations du village de Wakara récolteront les 10 hectares de mil appartenant à  Béni sous prétexte que les champs sont sur leur territoire. l’information sera remontée plus tard au niveau de la Direction nationale de l’intérieur, qui instruit aussitôt au gouvernorat de Mopti de « prendre des dispositions ». Le lendemain matin des affrontements, c’est-à -dire mardi, un impressionnant contingent de gardes et de gendarmes est dépêché sur les lieux. Joint hier au téléphone, notre source rassure que la situation est redevenue calme, et que « les forces de l’ordre veillent au grain ». Mais pour combien de temps ? Et quelle suite vont-elles donner à  la mort du ressortissant du village de Béni, Issa Kagoe, quand on sait que tous les pourparlers (entrepris récemment dans l’affaire) et le verdict de l’administrateur colonial Berthault Pierre (daté du 31 mars 1956), avaient donné raison au village de Béni. Le triste bilan de ce conflit dans la commune rurale de Dianweli entre les villages Wakara et Béni, relance une fois de plus le débat sur la difficile cohabitation entre les communautés dans certaines localités du pays. On se rappelle encore des malheureux évènements survenus il y a deux ans dans le cercle de Bougouni, o๠des populations s’étaient pris violemment aux Minianka venus de Koutiala, parce qu’ils avaient cultivé « leurs » champs. Les nombreux conflits (très souvent armés) intervenus entre éleveurs et agriculteurs dans la région de Kayes, à  Nion ou encore les conflits liés au territoire comme celui intervenu en 2009 dans la région de Gao, etc. sont autant de faits qui compromettent dangereusement l’unité nationale, et surtout le processus de décentralisation entamée par notre pays. Les autorités nationales, à  travers le ministère de l’administration territoriale, doivent véritablement prendre le taureau par les cornes.

Affrontements sanglants à San : un litige foncier en cause

La terre si elle est une richesse peut générer bien des conflits dans une communauté d’hommes. C’est le cas dans 8 villages de la commune rurale de N’Goa (cercle de San) qui vivent un conflit d’intérêts portant sur plusieurs hectares de terres cultivables. De nouveaux occupants souhaitent s’approprier ces terres que les villageois refusent pourtant de leur céder, en dépit de la pression des autorités. Le conflit s’est donc mué en affrontements, qui ont fait un mort et des blessés graves. A l’origine du litige, les terres ont été attribuées sur autorisation du maire, à  des exploitants pour entreprendre la culture du riz, dans le cadre d’un programme d’aménagement agricole. Mais les populations ont refusé de céder ces terres qui sont leurs moyens de survie et qu’ils cultivent au quotidien pour nourrir les leurs. « Il s’agit d’une plaine naturelle de propriété coutumière des villages environnants. Après l’installation du seuil de Talo, l’eau a submergé la zone et la population s’est aussitôt ré-intéressée à  l’espace en cultivant du riz » raconte un habitant du village, résidant actuellement à  Bamako. Huit villages (Néra, Denso, Flasso, Bosso, Dalla, Gualani, Zemesso, Dogona) de la commune rurale de N’goa sont concernés par cette affaire. Ces villages sont situés dans une circonférence de 20 Km, distant l’un de l’autre que de quelques petits kilomètres, indique une source locale. La décision des villageois d’otempérer a été mal perçue par les autorités locales, qui ont employé les forces de l’ordre pour empêcher les paysans d’accéder à  leur champs, les 24 et 25 juillet. Ce qui a engendré la violence. Les affrontements entre les deux camps ont dégénéré et engendré 1 mort et quatre gendarmes blessés. Des paysans révoltés Le bilan est lourd : un mort côté assaillants, quatre gendarmes blessés dont un grièvement. Ce qui, naturellement, a nécessité l’envoi d’un renfort le même jour, occasionnant l’interpellation de 73 personnes. Celui qui est mort se nomme Kassoum Coulibaly, âgé d’environ 30 ans et ressortissant de Dinso. Selon une source hospitalière de San, il serait mort suite à  un traumatisme. Faux, rétorquent ses parents qui estiment qu’il a tout simplement été abattu. Pour éviter toute accusation facile, le corps du défunt a été transporté à  Bamako pour une autopsie afin de déterminer la cause exacte de sa mort. « Notre souffrance n’a pas de limite aujourd’hui du fait que toutes les terres que nous ont laissées nos ancêtres nous ont été retirées » s’indigne Madou Coulibaly, un notable du village de Denso. « Nous restons toute la journée en famille de peur d’être arrêté » a-t-il poursuivi. La crise latente avait entrainé, au début du mois de juin, l’arrestation de vingtaine-quatre personnes, ayant écopées pour la plupart d’une condamnation avec sursis. Afin de baisser la tension, les ministères concernés ont ordonné aux populations de mettre fin aux affrontements.

Emeutes à Kayes : ce qui s’est réellement passé

Que s’est-il passé? C’’est en fait un énième litige foncier qui est la cause de toute l’agitation qu’a connue hier la capitale des rails. Promoteur d’école de son état, le sieur Modibo Kane Doumbia possède un terrain à  Kayes dont il détient d’ailleurs le titre foncier. Il y a peu, il fat clôturer sa parcelle. Le hic, C’’est que le terrain est occupé par une autre personne qui en revendique aussi la propriété. Le litige avait d’ailleurs déjà  été porté devant le juge déjà  sous le mandat du maire sortant, Hamidou Koné, actuellement conseiller municipal de la Codem. Hier dans la matinée, Modibo Kane Doumbia est revenu pour demander à  l’occupant du terrain clôturé, un marabout, de quitter les lieux. Ce dernier, bien entendu, refusa. Mais C’’est surtout auprès des riverains du terrain que la requête de Doumbia eu du mal à  passer. Des jeunes investirent le terrain et entreprirent de démolir la clôture. . De plus en plus nombreux et excités, ils en sont même venus à  brutaliser des passants. Le sieur Doumbia saisit alors la police qui se rend sur les lieux pour procéder à  l’interpellation du meneur de la casse, le propriétaire de la maison d’à  côté. A l’arrivée des policiers, les jeunes leur jettent des pierres et brûlent des pneus. Les forces de l’ordre finirent par utiliser des grenades lacrymogènes pour les disperser. Chassés des abords de la parcelle, C’’est dans les rues de la ville que les jeunes allèrent déverser leur colère. Route barrée, circulation complètement bloquée à  travers la ville, C’’est le spectacle qu’offrait Kayes pendant une partie de la journée. Ils ont même failli s’en prendre physiquement au maire de la localité.Le calme n’est revenu qu’aux environs de 16 heures. La seule motivation des jeunes : « faire comprendre aux riches qu’ils ne peuvent pas déposséder les pauvres impunément. Cela ne se passera pas comme ça, cette fois-ci », disaient-il très remontés. Il faut rappeler que, depuis quelques années, Kayes, comme de nombreuses autres localités à  travers le Mali, est confrontée à  de litiges récurrents autour du foncier. Cet épisode vécu dans la cité des rails vient rallonger la liste des situations difficiles causées par la gestion chaotique du foncier au Mali. A quoi auront servi tous ces forums, assises nationales, colloques, tenus en grande pompe par les plus hautes autorités?