Rentrée littéraire 2016 : l’événement s’annonce grand

Cette année, l’évènement s’annonce grand. Une cinquantaine d’écrivains étrangers viendra s’ajouter à  38 nationaux pour célébrer les belles Lettres avec faste. Pour ce faire, des ateliers de lecture à  haute voix et d’écritures ainsi que des cafés littéraires/dédicaces auront lieu à  l’Institut français du Mali, aux Lycées partenaires de l’évènement et à  la Galerie Medina. A cela, s’ajouteront également des ateliers professionnels des bibliothécaires, des tables rondes et plusieurs conférences-débats à  la Bibliothèque Nationale et dans plusieurs universités de Bamako notamment celle des lettres. Selon Ibrahima Aya, membre de la commission d’organisation, la rentrée littéraire est restée dans son cadre. « Elle est une manifestation littéraire, une rencontre entre auteurs et publics autour du Livre », a-t-il précisé. Quant à  sa collègue, Fatoumata Kéita, il s’agit également d’un espace de réflexion. Après avoir salué les auteurs, Fatoumata Kéita a ajouté que quand on parle de la rentrée littéraire, on parle de production et que cette production est faite par les auteurs. « Cette rentrée littéraire ne donne pas la page belle aux éditeurs. Nous devons être au C’œur de l’évènement, mais malheureusement nous ne sommes pas très considérés », a déclaré Bamba Niaré au nom des éditeurs maliens. Le 26 février prochain, une grande soirée est prévue à  l’Institut français de Bamako. Elle marquera la clôture de la rentrée littéraire de cette année au cours de laquelle il y aura la remise de quatre prix. Il s’agit du Prix Ahmed Baba, celui de Massa Makan Diabaté, celui du premier Roman et enfin le prix du meilleur manuscrit

PEN Mali: une journée du Mérite littéraire

PEN Mali est un collectif d’écrivains, de chercheurs, de rédacteur, d’éditeur et de traducteur, qui sont attachés « aux principes de la liberté d’expression, de la libre circulation des idées entre toutes les nations quelles que soient la nationalité, l’origine ethnique, la langue, la couleur ou la religion ». A travers cette journée, il s’agit pour les membres de ce collectif, de faire comprendre davantage la nécessité de mettre sur un piédestal les acteurs de la filière du livre. « C’’est surtout pour montrer à  la nouvelle génération que les écrivains, rédacteurs ont une grande place dans l’édification de la nation malienne », explique Ismaà¯la Samba Traoré, président de PEN Mali, avant d’ajouter : « nous avons conscience de nous battre pour reconstruire une culture du modèle et du mérite. » Au programme de cette journée, des expositions de livres avec les autres présents, débat animé par les doyens de la littérature et de l’édition, des causeries-débats entre écrivains et élèves sur les thèmes tels que le rôle et la place des penseurs et écrivains dans la construction d’une nation, et enfin une remise des distinctions du Mérite littéraire par le président Dioncounda Traoré.

Fatoumata Keita et Samy Tchak, grands vainqueurs de la rentrée littéraire

Elle avait les larmes aux yeux, la voix tremblante. Lorsque le jury du prix Massa Makan Diabaté, du nom d’un écrivain et historien malien, lui a décerné cette récompense prestigieuse de la rentrée littéraire au Mali. « Sous fer », C’’est le titre évocateur du roman de Fatoumata Keita, femme aux mots tendres pour la condition féminine, le poids de l’excision, des traditions, que vivent ses deux personnages. Œuvre moderne, qui puise dans les soubassements de la société malienne, « Sous Fer » est une invite à  la réflexion, à  un appel à  questionner ce qui entrave, encore et toujours, le bonheur et l’épanouissement des femmes. Avec ces hommes à  leur côté. l’histoire est celle de « Fanta et Kanda, mariés sous le régime de la monogamie contre la volonté de la famille de Kanda, en subissent les conséquences tous les jours. Victimes d’une exclusion que rien ne semble pouvoir remettre en cause, ils élèvent leur fille Nana dans un cadre apparemment affranchi des pesanteurs traditionnelles. Destinée à  des études de médecine, protégée de l’excision (la « mise sous fer ») par sa mère dont le travail consiste à  sensibiliser la population sur ses conséquences, Nana semble avoir échappé à  l’emprise d’autrui sur sa vie. Pourtant, les contradictions de chacun de ses parents la mettront au centre de la tension entre respect des coutumes et désir d’émancipation ». Consécration pour Samy Tchak Pour Samy Tchak, la fable de « l’ethnologue et du sage, préfigure une conte moderne. l’auteur, togolais d’origine, qui s’est vu décerné le Prix Ahmed Baba, du nom d’un érudit de Tombouctou, y voit une consécration. Un nouveau souffle à  sa création littéraire qu’il juge désormais questionnée. , publié en septembre 2013 aux éditions Odette Maganga du Gabon, est le huitième et dernier roman en date de Sami Tchak. Pour le blogueur togolais, Anas Atakora, « ce roman de Sami Tchak est un conte merveilleux qui plonge le lecteur dans la vie des contrées paysannes avec ses ferveurs et ses frayeurs, avec ses certitudes souvent ridicules, parfois salvatrices. Loin des « secousses narratives » de ses autres romans, cet écrivain togolais étale ici un schéma narratif et une écriture dans lesquels on a plaisir à  entrer délicieusement. Une écriture par moments éminemment imagée, calquée sur le modèle langagier tem un peu à  la manière de Kourouma avec le malinké, surtout dans le discours du chef, comme cet exemple o๠il s’adresse à  l’ethnologue : Ces deux auteurs ont donc été récompensés des deux plus prestigieux prix de la rentrée littéraire malienne. Le prix du Manuscrit est lui revenu à  Mohamed Diarra, auteur de : « La folle du pont des indigents. Et le Prix du Premier Roman a été remis à  Moussa Koné, pour son ouvrage, « Niamoye, promise de Tombouctou, blessée de l’Azawad »..

« Quand l’Afrique change l’Afrique »: regard d’écrivains

Comment raconter les présages et lendemains des changements en cours sur le continent ? Les cas tunisien et burkinabè ont au été au centre de cette conférence qui a réuni les écrivains Yamen Mana௠de la Tunisie, Sami Tchak du Togo, Elise Ouattara-Coulibaly du Burkina Faso, Habi Bamba du Mali et avec comme modérateur le Malien Mamadou Bani Diallo. Selon ce dernier, il s’agit pour les Africains de prendre leurs responsabilités et leur destin en main afin de ne pas subir la crise qui sévit au plan mondial. Les écrivains disposent de grands pouvoirs d’imagination, une capacité de recul leur permettant de porter un regard critique sur ce qui se passe autour d’eux a-t-il ajouté. Auteur du livre « La sérénade d’Ibrahim Santos », le Tunisien Yamen Mana௠affirme avoir écrit son ouvrage lorsqu’il voyait venir la révolution dans son pays. « Le mot a un véritable pouvoir et il faut croire qu’il y a des écrits qui ont changé le monde » même si le « livre n’a jamais sauvé un enfant de la faim, C’’est l’esprit qui peut combattre la faim, la maladie, la pauvreté. Nous sommes des hommes d’esprit » a-t-il soutenu. Abondant dans le même sens, Elise Ouattara-Coulibaly dira qu' »écrire C’’est éveiller les consciences, faire passer un message, attirer l’attention sur ce qui ne va pas. Elle a illustré ses propos avec avec l’allégorie de la grenouille. Une thèse qui se fonde sur l’idée que si l’on plongeait subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échapperait d’un bond. Alors que si on la plongeait dans l’eau froide et qu’on portait progressivement l’eau à  ébullition, la grenouille s’habituerait à  la température et finirait ébouillantée ». Cette allégorie cherche à  illustrer des phénomènes de prises d’habitudes se révélant dans des situations de crise. « C’’est un peu ce qui s’est passé mais heureusement nos jeunes ont eu le sursaut de ne pas arriver au stade de l’ébouillantement » a-t-elle expliqué. Quant à  Habi Bamba, son intervention a porté sur l’immigration, en quoi le retour des immigrés peut apporter le changement sur le continent et comment aider les jeunes à  rester dans leur pays d’origine. Selon Sami Tchak, pour que les œuvres aient un impact, il faut les gens s’intéressent à  la lecture.

Rentrée littéraire : Réinventons l’avenir avec les mots

Ce mardi 24 février, sera donné au Musée national le top départ de la 5ème édition de la rentrée littéraire. Le thème général retenu pour la présente édition s’intitule : « Osons réinventer l’avenir ». l’événement qui a fini de s’imposer dans l’agenda littéraire du pays se poursuivra jusqu’au 27 février 2015. Il va drainer dans la capitale malienne plusieurs hommes de lettres du Mali et d’ailleurs. Ils seront journalistes, sociologues, journalistes et autres cinéastes à  assurer l’animation de cette 5ème édition de la rentrée littéraire. Espace de rencontres et d’idées Initiée en 2008 avec le soutien du Fonds des prix littéraires du Mali , la rentrée se veut un espace de rencontres et de débats entre des écrivains venus d’Afrique et du reste du monde, des étudiants et des lycéens, des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, des lecteurs et tous ceux qui voient dans le livre un indispensable outil de progrès et de développement. La finalité recherchée est de contribuer à  la structuration et à  l’intégration de la filière du livre en Afrique en général, et au Mali en particulier. Ce, en apportant un éclairage fort sur la production éditoriale africaine. Elle vise également à  faire de Bamako un lieu de rendez-vous incontournable pour les créateurs et intellectuels du continent. Au programme, il y aura des conférences-débats, des tables rondes, des cafés littéraires. La rencontre littéraire sera également marquée par des ateliers, des dons de livre, un forum des métiers du livre et la liste n’est pas exhaustive. Pendant cette grand-messe littéraire, plusieurs sujets relatifs aux auteurs africains seront abordés tout comme il sera fait un zoom sur les sujets d’actualité. Les férus des belles lettres pourront suivre ces activités littéraires à  l’Institut français de Bamako, le centre culturel « Medina », le restaurant Bla-Bla ainsi que dans les écoles et universités de la place. A l’heure de la récompense du mérite, des prix littéraires seront remis à  l’issue de la rencontre. Il s’agit des prix Ahmed Baba, Massa Makan Diabaté, prix du meilleur roman et le prix du meilleur manuscrit.

Des livres et des auteurs engagés…

A regarder de près l’œuvre de ces auteurs engagés ou engageants si l’on peut dire, on retrouve une diversité de thèmes abordés, touchant à  l’humain et à  l’essence même de l’homme et ses multiples contradictions. Hanane Keita, interprète et plume vibrante signait en 2011, « Femmes sans avenir », un réquisitoire contre la polygamie et plus récemment « Et si on relisait le Coran? », tous publiés aux éditions La Sahélienne. L’auteur déplore un manque de débat, une certaine réticence face à  ses ouvrages qui abordent des sujets sensibles. La polygamie, pratique courante au Mali ou encore la religion restent encore très tabous dans notre société. L’auteur, qui doit participer à  un panel sur [I Diversité et crise? regards de femmes ] aura tout le loisir d’expliquer sa vision modérée des choses. Pour Eugène Ebodé, auteur camerounais reconnu en France et présent à  Bamako, le roman « La rose dans le bus jaune », aux éditions Continent Noirs(Gallimard), revisite l’histoire de Rosa Parks, d’un point de vue original. Entrant dans l’imaginaire du Blanc, Eugène Ebodé, confie à  Tirthankar Chanda, critique littéraire à  RFI : « je me suis demandé qui pouvait bien être le Blanc qui voulait prendre la place de Rosa Parks dans le bus jaune. Lui donner une identité autre que le fait d’être un Blanc a accru ma motivation à  écrire ce livre. Et puis, Rosa prétendait dans une interview parue après la sortie de son autobiographie, qu’elle n’avait pas tout dit, ce propos a retenu mon attention ». Fatoumata Niaré est auteur malienne vivant en France. Elle a publié [i«Sous Fer » ], un roman paru en 2013 aux éditions La Sahélienne et qui aborde la vie de Nana, une jeune femme moderne qui a été élevée loin des pesanteurs traditionnelles, mais qui tôt ou tard subira les contradictions de ses parents, entre le respect des coutumes et son fort désir d’émancipation. Autre écrivain phare de cette rentrée, Moussa Sow, sociolinguiste et Directeur de recherche à  l’ISH de Bamako. Il a notamment codirigé avec Gilles Holder, l’ouvrage collectif, « l’Afrique des laà¯cités, Etat, religion et pouvoirs au Sud du Sahara » qui donne un éclairage sur ce concept de laà¯cité et à  travers divers pays d’Afrique subsaharienne. Regards et diversité Samia Zennani Chikh est algérienne, éditrice, sociologue est chercheuse à  l’Université. C’’est en 2002 qu’elle publie « l’Art du Tapis au fil des temps », un ouvrage qui fait voyager dans l’orientalisme. Avec ce regard moderne mais si particulier d’une femme engagée dans le monde des lettres. Doulaye Konaté, est historien et archéologue. Docteur Es Lettres, et professeur à  la Flash. Il a dirigé l’ouvrage collectif’ qui fait évidemment un lien avec la crise traversée par notre pays, un ouvrage qui fera débat lors de cette rentrée littéraire 2014, dans laquelle, de nombreux autres auteurs seront à  découvrir… Beaucoup d’entre eux ont notamment collaboré à  l’ouvrage « Voix hautes pour Tombouctou », paru aux éditions Tombouctou en 2013.

Rentrée littéraire : pour le plaisir de lire et débattre

Des mots, rien que des mots pour dire toute la réalité complexe de notre monde. Des mots pour entrer dans des univers épars, visiter des mondes parallèles et mieux appréhender le réel. Prendre un livre, ouvrir une page, un chapitre, refermer et devenir quelqu’un d’autre ? C’est un peu l’expérience que procure la lecture d’un ouvrage quel qu’il soit. Adepte de romans contemporains qui traduisent notre siècle ou amateur de livres plus légers et digestes, la rentrée littéraire au Mali, sera aussi l’occasion de rencontrer des auteurs, des plumes. Eugène Ebodé, Hanane Keita, Paul Marie Keita, Doumbi Fakoli, Ousmane Sy, et des spécialistes comme André Bourgeot, Naffet Keita parmi tant d’autres. En accueillant ces écrivains du Mali et d’autres parties du monde autour d’une quinzaine de grandes manifestations littéraires ouvertes au grand public, la Rentrée littéraire constitue un moment privilégié de célébration et de partage de la création littéraire et intellectuelle en Afrique. Les débats, axés sur le thème « la diversité et vivre-ensemble », ouvrent une fenêtre sur la réconciliation et la reconstruction du Mali après la crise de 2012. Bonus : Erik Orsenna publie, dix ans après Madame Bâ, Mali, ô Mali (Editions Stock) un ouvrage dans lequel il décrira la situation actuelle du pays qu’il aime tant. Au programme  de cette rentrée : des cafés littéraires, des rencontres, des dédicaces, conférences et débats, des ateliers aux métiers du livre, des soirées et spectacles, des prix littéraires etc… A vos chapitres ! Lieux : Universités, lycées, Musée national, Institut Français, Médina, Bla-Bla.

Venance Konan sacré Grand Prix littéraire d’Afrique noire

Dans le monde de la presse ivoirienne, Venance Konan est reconnu pour être l’un des journalistes les plus talentueux de sa génération. Directeur Général du groupe de presse gouvernemental, Fraternité Marin, il a collaboré sur le plan international à  de nombreux magazines comme le célèbre hebdomadaire Jeune Afrique ou le site d‘informations en ligne Slate Afrique.com. l’un de ses derniers ouvrages « Edem Kodjo, un homme, un destin ou le parcours politique d’un intellectuel africain », vient de lui valoir, le prestigieux « Grand Prix littéraire d’Afrique Noire », décerné chaque année à  un auteur africain de talent. Mais c’est véritablement en 2003, qu’il est propulsé au devant de la scène, grâce à  son best-seller les  » Prisonniers de la haine ». Grand témoin des évènements politique ivoiriens et africains, Venance Konan est connu pour sa plume acérée, satirique qui n’épargne nullement les travers de l’exercice du pouvoir en Afrique. Pourquoi Edem Kodjo ? L’auteur explique que cet ouvrage de 360 pages retrace le parcours de l’ex Premier ministre Togolais et ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) tout en brossant un pan de l’histoire politique du Togo et ses soubresauts sous la dictature du Général Gnassingbé Eyadéma. Préfacé par Abdou Diouf, l’actuel secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le livre est le fruit de plusieurs années de recherche sur Edem Kodjo, à  travers des entretiens avec l’homme politique, alors Premier ministre, le tout agrémenté de témoignages d’opposants et de collaborateurs proches. Publié par la maison Présence africaine, Frat-Mat éditions et Nei-Ceda, l’ouvrage comprend quatre parties : « Edem Kodjo et Eyadéma », « Edem Kodjo et l’Afrique », « Kodjo, Eyadéma et les autres » et  » Jardins intimes ».

Polémique autour du Prix « Yambo Ouologuem »

Moins d’un mois après la tenue de la Rentrée littéraire 2012 (du 7 au 10 février derniers), la polémique s’installe autour d’un prix : celui dédié à  l’écrivain malien Yambo Ouologuèm. Tout comme celui dédié à  Massa Makan Diabaté, le «Â Prix Yambo Ouologuèm » est l’une des principales distinctions de cette rencontre biennale autour du livre. Son institution constitue, selon le critique littéraire Mamadou Bani Diallo, un bel hommage à  l’endroit de cet écrivain, dont l’œuvre fait partie intégrante du patrimoine littéraire mondial. Seulement voilà Â : les ayant-droits de l’écrivain (aujourd’hui gravement malade à  Mopti) pensent que ce prix est loin d’être un hommage rendu à  celui-ci. Car, se plaignent-ils, depuis l’institution de ce prix, la famille n’en a jamais été informée. C’’est du moins ce qui ressort de l’avis de Mme Adama Diallo (ex épouse de l’écrivain), de son fils Ambibé Ouologuèm (étudiant à  Bamako) et de Hawa Ouologuèm, basée à  Londres. Juridiquement impossible Interrogés sur la question, les professionnels du droit sont formels : «Â Yambo a beau être un patrimoine de la littéraire, toute initiative portant son nom doit avoir l’adhésion des membres de sa famille », nous explique un magistrat. Pour qui, le droit au nom est un principe inaliénable. Venue à  Bamako pour assister à  la soirée de remise des prix, l’ex conjointe de l’écrivain n’a pas sa colère à  l’idée qu’aucune allusion ne soit faite aux membres de sa famille, notamment à  ses enfants. l’écrivain Camerounais Eugène Ebodé, qui a remporté le «Â Prix Yambo Ouologuèm » de cette édition 2012 de la Rentrée littéraire, a d’ailleurs exprimé son souhait de recevoir son trophée des mains d’un représentant de la famille Ouologuèm. Mais les organisateurs l’avaient décidé autrement. Pour le fils cadet de Yambo et de son ex épouse, «Â le mépris est évident et la Commission d’organisation ne peut continuer à  utiliser le nom Yambo comme fonds de commerce ». « Comment un malheureux comme Yambo Ouologuem peut être la fierté du Mali ?». Nous posons cette question depuis que nous avons su que son nom est associé à  l’organisation d’une manifestation littéraire, sans son avis et celui des membres de sa famille. Nous nous sommes pendant longtemps posés la question de savoir si C’’est parce que Yambo est dans cet état pitoyable que les organisateurs se sont permis de faire ça sans le consulter et sans s’intéresser aux membres de sa famille », s’est interrogée, Mme Adama Diallo. Son fils, Ambibé Ouologuèm, dénonce le mépris total réservé à  Yambo et aux membres de la famille, par les organisateurs de la Rentrée littéraire. « Bien qu’il soit malade, Yambo est encore vivant. Mieux, il a des enfants, une épouse. Pour ce prix littéraire, les organisateurs invitent tout le monde entier, sauf les membres de la famille de Yambo Ouologuèm », s’insurgent les enfants de l’écrivain. Avant de déclarer qu’il ne sert à  rien d’honorer Yambo par un prix et le laisser vivre à  l’âge de la pierre taillée. « Yambo est vraiment malade et a besoin d’une assistance », a indiqué pour sa part Mme Adama Diallo. «Â La Rentrée littéraire peut continuer sans Yambo » Les organisateurs s’en défendent et excluent toute idée d’utilisation du nom de l’écrivain à  but lucratif. Joint au téléphone le Secrétaire exécutif du «Â Fonds des Prix Littéraires » est formel : «Â Yambo est une grande figure de la littéraire à  qui nous avons voulu rendre hommage au même titre que d’autres écrivains. C’’est notre devoir d’écrivains. Yambo est un patrimoine mondial, il appartient donc à  tout le monde. La Rentrée littéraire n’est pas dédiée à  Yambo, C’’est un prix qui porte son nom. Nous ne voyons pas le problème. Mais cela gène des gens, nous n’avons aucune objection à  arrêter de baptiser le prix en son nom », nous a déclaré Ibrahim Aya. Comment dédier un prix d’une valeur de 5 millions à  quelqu’un, alors qu’il vit dans une situation pitoyable ? Pour le secrétaire exécutif du «Â Fonds des Prix Littéraires », «Â le soutien à  Yambo Ouloguem face à  ses difficultés du moment, ressort de la responsabilité de l’Etat malien. Qui doit, dit-il, lui venir en aide. «Â Les fonds, dont il est question, sont mobilisés au nom de la Rentrée littéraire, et non au nom de Yambo Ouologuèm, explique M. Aya. Qu’il y ait un prix ou non au nom de Yambo, la Rentrée littéraire va continuer », a-t-il soutenu. Bref, le débat est loin d’être clos autour de cette affaire, et tout risque d’entacher l’organisation de la prochaine édition de la Rentrée littéraire. En attendant, la famille de Yambo a dressé une lettre de protestation au chef de l’Etat et au ministre de la culture. La suite à  suivre…

Rentrée littéraire : Le printemps arabe et les élections à l’honneur

«Â La politique est une pierre attachée au cou de la littérature, et qui, en moins de six mois, la submerge. La politique au milieu des intérêts d’imagination est un coup de pistolet au milieu d’un concert », écrivait l’auteur français Stendal. Interpeller les candidats sur leurs programmes culturels Du débat politique, il y en aura au cours de cette rentrée littéraire 2012 au Mali. Prévue du 7 au 10 février au Musée national de Bamako, elle intervient au moment o๠notre pays s’apprête à  organiser des élections présidentielles, référendaires et législatives. Pour les organisateurs, il s’agit d’un «Â moment opportun d’interpellation des candidats sur leurs visions et leur engagement pour la culture et pour le livre en particulier ». L’inévitable printemps arabe s’invitera lui aussi dans les débats. Les auteurs maghrébins ont-ils vu ces révoltes venir ? Comment l’ont-ils perçue ? La parole féminine dans la littérature africaine, la sécurité, la crise économique mondiale vue d’Afrique seront d’autres thèmes débattus au cours de conférences et débats prévus à  l’Université de Bamako. Une brochette d’activités au programme Organisée par le «Â Fonds des prix littéraires », la rentrée littéraire contribue à  «Â l’amélioration de la structuration et l’intégration de la filière du livre en Afrique, particulièrement au Mali ». En clair, il s’agit de promouvoir les auteurs et la diffusion de leurs œuvres. Les manifestations de cette édition 2012 se tiendront dans les librairies, les bibliothèques, les centres culturels, les universités et les grandes écoles, les lycées et collèges, les centres d’animation et les salles de spectacle. Pour cette fête autour du livre, des auteurs maliens, des éditeurs, des libraires, des diffuseurs, des critiques littéraires, des bibliothécaires, des documentalistes, des animateurs, des universitaires et des hommes de médias sont attendus. Compétition Mais la rentrée littéraire, C’’est aussi la compétition. Les auteurs se disputeront plusieurs prix : meilleur roman (prix Massa Makan Diabaté), prix Yambo Ouloguemcelui, meilleur manuscrit, plus beaux poèmes de l’année, prix du livre de la jeunesse et prix spéciaux. Des ateliers d’illustration pour enfants seront par ailleurs organisés en marge de cette édition. Animés dans des écoles et dans des centres de lecture et d’animation par des auteurs de livres pour enfants, ces ateliers permettront aux professionnels de s’inspirer directement de leurs petits lecteurs.

Café littéraire à Bamako : Tierno Monénêmbo face à Rachid Boudjedra

Chemins d’exil Le premier a obtenu le prix Renaudot 2008 pour son ouvrage le et vit à  Caen en France. Tierno Monénembo, le peulh, l’écrivain engagé était face à  Rachid Boudjedra, l’Algérien, l’écrivain subversif et qui ne mâche pas ses mots, fussent-ils écrits ou verbaux. Tous deux sont les invités de la rentrée littéraire 2010 à  Bamako. Rachid Boudjedra est l’une meilleures plumes d’Algérie avec Assia Djebar ou Kateb Yacine et l’auteur de nombreux romans comme , ou , parmi ses œuvres les plus audacieuses, et dans ce dernier, il écrit : Pour l’auteur des , le voyage est passé par Bamako, oui, Tierno Monénembo, guinéen d’origine y a posé ses valise, avant d’atterrir en Europe lors de pérégrinations de jeunesse. « Nous les guinéens sommes aussi des maliens d’origines. Bamako est une ville historique, C’’est ici que commence le nationalisme avec la création de la RDA (rassemblement démocratique Africain). Et avec les éditions Cauris, Tierno Monénembo a publié . Mais il a aussi traversé le Maroc, l’Algérie et enseigné, puis rencontré Rachid Boudjedra, frère en littératue. Ils se connaissent bien ces auteurs du monde, se croisent à  travers les cafés et rencontres littéraires pour échanger sur leurs métiers de scribes modernes et pour Boudjedra : « La colonisation est certainement ce qu’il y a eu de plus « dégueulasse » et qui a divisé en Algérie, son pays, cette terre, source constante d’inspiration et qui l’a entraà®né vers l’exil, engagé qu’il était, alors jeune étudiant syndicaliste qui fuira le régime de Boumedienne sous la menace d’une Fatwa. Il enseignera alors en France, au Maroc, la philosophie et se mariera à  une française. l’histoire fera le reste. Le rapport à  la langue française Il est double pour l’un et l’autre, fait d’amour et de rejet : « Ce sont les indépendances qui ont cristallisé les frontières, mais la colonisation a imposé cette langue ! Moi on m’a forcé à  l’école, je n’ai rien demandé, et je serais bien resté avec ma belle langue peulhe », clame Monénembo, aujourd’hui, considéré comme l’un des meilleurs écrivains, francophones, de langue française, et la dénomination fait débat ici et ailleurs, mais la question est aussi ailleurs, comment valoriser les langues africaines, nationales, les introduire dans le système éducatif, voilà  toute la question : « Si nous écrivains de langue française venions à  nous y mettre, cela serait un travail de longue haleine. Pour écrire, faire de la littérature, dans les langues, arabes, ou autres, il faut une maà®trise ! Beaucoup d’écrivains veulent s’y mettre sans connaissance aucune », ajoute Boudjedra. Ou alors, pour sauver nos langues, il faut les renouveler. Les civilisations arabes ou grecques ont produit de merveilleux écrits, des intellectuels, poètes et savants comme Averroès, Ibn El Arabi ou même Sophocle, Aristote etC’… » Et d’ évoquer Tombouctou et ses merveilleux manuscrits, que tous ne sauraient déchiffrer. Et pourtant, la littérature doit être accessible à  tous, ne plus être enfermée dans ce carcan élitiste, toucher le peuple, les tréfonds de son âme, estime un intervenant dans la salle. Mais la littérature a t-elle le pouvoir de changer les choses ? l’écrivain et l’engagement Il est indéniable, dès lors qu’il y a exil. l’éloignement nourrissant cet ailleurs o๠l’être physique se déplace et se meut, au contact du monde. Mais pour l’un et l’autre, il est là , nul besoin de le nommer. Cet engagement peut aussi être source de meurtrissures, d’inspiration comme les évènements du Rwanda ont inspiré à  Monénembo, et l’Algérie a fait écrire, à  Boudjedra en 1995. Face aux évènements de Guinée et à  ces cinquantenaires que l’on veut fêter, « cela est techniquement impossible, juge Monénembo, ce 28 septembre 1958, qui était une date de victoire pour la Guinée, a été transformé en date de deuil. Avec les massacres du 28 septembre, on a tué le symbole ! Alors je ne vois même pas comment on peut fêter le cinquantenaire ! Cela me paraà®t impossible!» Fin de citation. Boudjedra lui est contre les commémorations tristes : « On devrait arrêter de fêter les massacres, les tueries, les prises de villes etC’… », en référence à  l’Algérie Française. Mais il estime qu’il faut redonner une valeur à  ces indépendances, et aux luttes nationales positives, (Il fut membre du FLN en Algérie ), et ne pas encenser ce qui n’a pas besoin de l’être. Pour ces deux auteurs, la littérature est certainement le chemin, le début et la fin, pour dire le monde, ce monde tourmenté et qu’ils réinventent, chacun à  leur manière sur la plage blanche. Voilà  le pouvoir des mots, la puissance de rêve de la littérature qui est sans frontièresÂ