Produits pétroliers : Les petites stations locales résistent

La multiplication de stations des multinationales avait fait craindre la disparition des acteurs locaux sur le marché des hydrocarbures au Mali. Si plusieurs propriétaires ont préféré vendre ou renoncer, d’autres résistent encore à l’offensive.

Un tour sur les grandes artères de la capitale. Les stations d’essences privées sont toujours présentes dans un paysage de plus en plus envahi par les grandes entreprises internationales qui se livrent une concurrence acharnée. A côté des pompes, la clientèle ne manque pas.  « J’ai l’habitude de prendre de l’essence ici  et depuis je n’ai pas de problème avec ma moto. L’essence est de bonne qualité et le prix est abordable » confie Bintou Traoré, interrogée en plein ravitaillement à la station M’baye Oil à Badalabougou. Comme elle, beaucoup d’autres ont fait ce choix, comme nous le confirme Daouda, pompiste à la dite station. « Nous avons toutes sortes de clients, surtout les motocyclistes mais aussi les voitures, et les gros porteurs » lâche-t- il.

A 10 francs près. Les prix de la plupart de ces stations sont légèrement moins élevés que dans les stations multinationales même si l’écart n’est pas assez conséquent. Le litre d’essence est à 700 FCFA et le gasoil à 620FCFA alors que de l’autre côté c’est respectivement à 717 et 637CFA. «  Notre force c’est surtout l’accueil des clients et la qualité des produits que nous proposons » pense Issa Guindo, pompiste à la Station Dia Négoce de Kalaban coura.

Si certains de ces sociétés locales arrivent à tenir, ils ne sont pas cependant à l’abri de difficultés. « Total, Shell, Oryx et autres ont leurs prix en fonction de ce que fixe l’ONAP. Nous les privés, nous sommes obligés de descendre, faire des remises parfois jusqu’à 40F,  c’est dur pour nous » se plaint Samba Dolo, agent commercial à la Société Malienne des Produits Pétroliers (SOMAPP), même s’il reconnait que les moyens marketings et le suivi des produits est  mieux chez les multinationales.

Au-delà des difficultés, l’atout majeur de ces sociétés d’essences locales demeure le coût du transport. Ils ne font pas face à ce problème, car disposant de leur propre parc, contrairement aux multinationales qui évoluent en location. « Même si  nous diminuons le prix de nos produits, nous les récupérons sur le transport » assure Samba Dolo.

Élections locales : le 25 octobre envers et contre tout ?

La course contre la montre est engagée. Dans un mois et demi, les Maliens seront appelés aux urnes pour choisir leurs élus locaux, maires, conseillers communaux et régionaux. C’’est la mission clairement définie au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, afin de parachever le processus électoral entamé en 2013 avec la présidentielle. Mais depuis que la date du vote a été annoncée, les réserves ont fusé de toutes parts, tant au niveau des politiques que de la société civile. « Trop court pour se préparer », pour les uns, « trop de conditions préalables non satisfaites » selon les autres. Le gouvernement n’en démord pourtant pas, les élections couplées auront bel et bien lieu le 25 octobre 2015. 10 752 élus locaux pour diriger les 703 communes, les 49 cercles, les 8 conseils régionaux et le District de Bamako. C’’est donc une élection d’envergure qui doit se dérouler dans quelques semaines. à€ l’occasion de la rencontre des acteurs de la décentralisation tenue les 4 et 5 septembre au Centre international de conférence de Bamako (CICB), les élus locaux ont de nouveau exprimé leur inquiétude quand au respect du calendrier électoral. « Nous ne sommes pas prêts. Il y a encore trop de choses à  régler, ne serait-ce que sur le plan logistique », s’inquiète un élu de la région de Ségou, présent à  ces assises. Dans les recommandations issues de leurs travaux, ils ont d’ailleurs à  nouveau demandé au gouvernement de reconsidérer sa position et de repousser une nouvelle fois le scrutin, en prorogeant leur mandat jusqu’à  son organisation effective. Pour rappel, les élections communales et régionales ont déjà  été reportées à  trois reprises, en avril et octobre 2014, puis en avril 2015. Le 25 octobre est donc le quatrième rendez-vous pris avec le corps électoral. Un argument brandi par le ministère de tutelle, qui estime qu’un énième report ne changera rien à  la situation. s’adressant aux présidents des organes des collectivités territoriales lors de la rencontre de la semaine dernière, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maà¯ga, les a pourtant invités à  « s’impliquer pleinement dans la préparation et la tenue des élections communales, régionales et du District devant avoir lieu le 25 octobre prochain à  travers une bonne information et la sensibilisation des populations». Les arguments du report Sécurité, retour des réfugiés, application des dispositions de l’accord. Ce sont les raisons invoquées pour justifier un nouveau report. Dans les régions au nord du Mali, et en particulier celles de Gao et Kidal, la violence est de retour et met en danger la réalisation du scrutin. Qu’ils soient de la majorité présidentielle ou de l’opposition, les élus sont quasi unanimes. « Comment va se faire l’acheminement du matériel électoral, avec tous les coupeurs de route qui sévissent, les mines, etc. ? l’à‰tat peine à  se réinstaller dans certaines communes, que dire de Kidal qui échappe encore aujourd’hui à  l’administration malienne ? On ne peut pas aller dans ces conditions si l’on veut que cette élection soit validée et ses résultats acceptés par tous », plaide un élu du nord. Pour d’autres, à  travers son entêtement, le gouvernement est en train de créer les conditions d’une résurgence des conflits. « Dans nos communes, des communautés entières sont encore hors du pays, réfugiées dans les camps du Niger ou du Burkina Faso. Faire une élection sans assurer leur retour, C’’est à  nouveau créer des frustrés qui finiront par prendre les armes car ils ne se reconnaitront pas dans les autorités en place », insiste, inquiet, Harouna Keà¯fou élu à  Ouattagouna dans la région de Gao. Un argument largement repris par le maire de Ségou, qui rappelle d’ailleurs le fait que le retour des réfugiés est un préalable fixé par l’accord de paix signé en mai et juin derniers. l’annexe 1 du texte, qui porte sur la période intérimaire, stipule bien que « les élections sont tenues aux niveaux régional et local pour les organes concernés par les dispositions du présent Accord durant la période intérimaire, conformément aux dispositions et dans le délai maximum de 18 mois ». Joueurs et arbitres… N’en déplaise aux élus, pas question pour le ministre Maà¯ga de céder aux pressions. Répondant à  leurs questions lors de la rencontre de Bamako, il a été on ne peut plus formel. Rappelant qu’il existe des cadres de concertation avec les différents acteurs, il a signalé qu’aucune de ces instances n’avait officiellement saisi le département pour demander le report des élections. « Il ne vous sied donc point de demander votre maintien en violation des lois de la République », leur a-t-il déclaré. Un report entraà®nerait en effet une nouvelle prolongation du mandat des élus, en poste depuis 2009. « Qu’il dise plutôt que le Rassemblement pour le Mali (RPM) a hâte de placer ces cadres à  nos places », marmonne un élu d’un parti de l’opposition, croisé dans les couloirs du CICB. Le parti au pouvoir craindrait, selon lui, de voir sa côte encore baisser au niveau de l’électorat et ainsi ne pas pouvoir faire passer ses listes, si le scrutin était à  nouveau repoussé. « Les élections permettront de donner la légitimité aux élus municipaux qui ont outrepassé leurs mandats. à‡a ne sert à  rien d’aller de report en report », estime quant à  lui Adama Mamary Traoré, militant du RPM. Pourtant, certains dirigeants du parti des Tisserands laissent entendre un autre son de cloche, et en appellent au président de la République. Ce jeudi 10 septembre est la date limite de dépôt des dossiers de candidatures, qu’elles soient issues d’un parti politique ou d’indépendants. Il semble bien que malgré leur réticence, les candidats se soient bel et bien préparés à  compétir. Les dernières semaines ont été utiles pour sceller les alliances nécessaires à  la victoire et déterminer les porte-étendards. Les listes qui pourront prendre part au double scrutin seront proclamées le 5 octobre 2015. Et, si rien ne vient changer la ligne que s’est fixée le gouvernement, les Maliens iront voter le 25 octobre. Du moins ceux qui le pourront, car dans la région de Kidal, une menace supplémentaire pourrait s’abattre sur le processus : la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) vient de publier un communiqué dans lequel elle interdit « toute mobilisation, sensibilisation ou campagne concernant les élections municipales sur l’ensemble du territoire de l’Azawad »Â…

Soumaila Cissé à Africités : « l’Afrique ne peut se développer sans ses collectivités territoriales »

Il n’est pas passé inaperçu. Lui, Soumaila Cissé, ex candidat de l’URD à  la présidentielle manquée d’Avril 2012 au Mali. L’ancien président de la Commission de l’Uemoa a suscité l’adhésion du public, notamment celle de la délégation malienne, présdente au 6è Sommet Africités, qui s’est ouvert ce 4 décembre à  Dakar avec pour thème ; « Construire l’Afrique à  partir de ses territoires, quels défis pour les collectivités locales ». Pour celui qui fut un porte-flambeau de l’intégration africaine, les partenariats sont une bonne chose, entre états d’abord pour effacer les frontières mais aussi entre communes voisines. C’est toute la probématique de la solidarité entre les territoires, estime Soumaila Cissé :  » Tout le monde est convaincu que l’on ne peut pas développer l’Afrique si on fait fi des collectivités territoriales. Je suis convaincu que mon expérience des intégrations me fait comprendre que c’est certainement le maillon manquant à  l’intégration. Il faut que les communes voisines et les communes de l’Afrique développent un autre type de partenariat et de solidarités pour que les frontières puissent se prolonger largement au- delà  des frontières habituelles ». Solidarité internationale Sur la question du nord, Soumaila Cissé, originaire de Niakunké, est plutôt réaliste : « C’est une situation très pénible que vivent les populations de ces communes, sous occupation, mais il faut dégager des voies et solutions. Elles ont trait à  l’amélioration des conditions de vie des populations du nord et à  une plus grande solidarité internationale ». Toujours souriant, et humble, le président du parti URD s’est dit ravi d’assister à  ce 6è Sommet Africités, qui selon lui prend chaque année de plus en plus d’ampleur, avec une forte affluence des communautés et maires d’Afriques, mais aussi une plus grande responsabilisation dans la gestion des territoires et communes du continent :  » C’est un chemin obligé, long certes, pénible, mais nécessaire pour parvenir à  un développement dirable, a conclu Soumaila Cissé au micro des journalistes.

Conventions locales : Halte aux cafouillages !

Des règlementations au niveau local Les conventions locales constituent aujourd’hui pour les collectivités territoriales l’outil le plus important de gestion décentralisée et e gouvernance locale des ressources naturelles. Dans la plupart des localités de notre pays, elles régissent la gestion de toutes les ressources : forestières, pastorales, aquatiques, etc. Cependant , la multiplicité des approches dans l’élaboration des conventions locales, souvent à  des niveaux de maitrise d’ouvrage différents, fait que leurs termes ne prennent pas forcément en compte tous les aspects d’une gestion durable des ressources naturelles des collectivités. Cette diversité des approches pose d’énormes problèmes d’o๠la nécessité d’harmoniser. l’atelier, organisé par la toute nouvelle Agence de l’Environnement et du Développement Durable, en collaboration avec ses partenaires, doit permettre aux différents acteurs d’échanger et d’élaborer un cadre propice à  cette harmonisation. Deux jours durant, les participants, cadres des services de l’environnement, représentants des collectivités territoriales et de la société civile, plancheront sur la possibilité d’élaborer des textes qui consacrent les conventions locales dans le paysage institutionnel et administratif de notre pays. Ils devront également proposer un plan de finalisation et de diffusion de la démarche. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Conseiller Technique Souleymane Cissé, représentant le Ministre de l’Environnement et de l’Assainissement empêché. Les partenaires techniques et financiers avec à  leur tête leur chef de file la GTZ prennent également part à  la rencontre. Légalité versus Légitimité Des recherches ont montré une diversité des conventions locales existant depuis l’époque précoloniale. Il s’agit entre autres des ‘ben kan’ traditionnels, des conventions coloniales et des conventions négociées. En ce qui concerne les conventions locales actuelles, on est tenté de poser le débat en termes de légitimité contre légalité. Personne ne doute cependant de la nécessité des conventions comme outil de gestion des ressources naturelles. Face aux difficultés de l’Etat à  gérer efficacement les ressources, les communautés concernées sont en droit de prendre des mesures de sauvegarde. De ce point de vue, la légitimité des conventions locales ne fait aucun doute. Elles doivent être comprises comme une entente entre acteurs locaux, pour contourner les pesanteurs et les incohérence de la législation en vue d’une gestion rationnelle des ressources naturelles locales, de gérer et de prévenir les conflits. Elles sont ainsi légitimes du point de vue des acteurs et de leur objectif. Selon Amadou Kéita, consultant, il ne faut pas opposer la légitimité à  la légalité. Il faut plutôt les concilier. Pour ce faire, on dispose à  ce jour de trois approches de validation/stabilisation des conventions que sont la validation administrative, la mutation de la convention en réglementation de police administrative et l’homologation par les tribunaux. Les opportunités offertes par la décentralisation doivent être exploitées au mieux. Dans le cadre de la gestion efficace des ressources naturelles, les conventions locales sont aujourd’hui l’un des outils les plus efficaces pour une prise en charge par les communautés à  la base des questions environnementales. Il est donc indispensable de définir une approche nationale pour leur donner toute leur substance et surtout force de loi dans un contexte de dégradation accélérée des ressources.

L’utilisation du budget des collectivités expliqué aux journalistes

Cet atelier de trois jours s’inscrit dans la recherche de solutions aux problèmes identifiés dans le processus de décentralisation. Cela à  travers un meilleur suivi par les médias du fonctionnement des collectivités locales. Cette initiative de l’institut Panos entre dans le cadre du projet « médias et communication, pour une participation citoyenne à  la gouvernance démocratique au Mali ». Elaboration, suivi et exécution du budget local l’atelier est basé sur trois sessions de formation thématique : Les mécanismes d’élaboration, d’exécution et de suivi du budget local. Au terme de la formation, les journalistes devront comprendre le lien entre le processus budgétaire et les composantes de vie de la collectivité, la participation des communautés au processus budgétaire, l’utilisation du budget pour le développement des localités, les conséquences sur les communautés, les dysfonctionnements. Enfin, ils devront rendre compte d’un processus d’élaboration budgétaire. Recettes et dépenses Le formateur et consultant Abdoulaye Traoré explique que le budget est un acte par lequel sont prévus et autorisés, l’ensemble des recettes et dépenses. Il indique que « le citoyens souhaitent avoir un regard sur la gestion économique de la communauté. » Et pourtant, l’argent public est utilisé au mépris et au détriment des citoyens. Mr Traoré juge important et nécessaire de faire participer la population à  la gestion des services publiques. Méconnaissance des rouages du fonctionnement des budgets Abdoulaye Traoré ne manque pas de souligner que la presse malienne ne maà®trise pas les dessous du fonctionnement des budgets. Il appelle donc les participants à  être assidus au cours de ces trois jours, dans le souci de mieux comprendre et vulgariser l’information. Il est impératif que l’opinion publique nationale et internationale soit édifiée de façon très claire sur les budgets. Les principes d’élaboration d’un budget Pour l’élaboration d’un budget, il est impératif de respecter au minimum quelques principes fondamentaux. Il s’agit de l’annualité. Autrement dit, un budget doit être voté sur une année. Il doit être précis et comporter toutes les dépenses et recettes dans les moindres détails. Les fonds de souveraineté ne sont malheureusement pas toujours soumis à  des contrôles stricts. Par ailleurs, il est important de spécifier les crédits destinés à  n’importe quelle utilisation. Chaque dépense devant être clarifiée. l’équilibre doit être respecté entre dépenses et recettes. Notons qu’un budget peut être rejeté lorsqu’il n’est pas équilibré.