Minusma : renforts logistiques en vue

Alors que plusieurs pays se sont retirés ou ont annoncé récemment leur intention de se  retirer de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan vont y déployer une unité d’hélicoptères utilitaires d’ici à mars 2023, a annoncé Farhan Haq, Porte-parole du Secrétaire général des Nations Unis, António Guterres, lors de son point de presse régulier il y a quelques jours au siège de l’ONU à New-York. « Ces hélicoptères  fournissent un soutien indispensable à nos forces et sont essentiels pour l’alerte précoce et la réponse rapide afin de protéger les civils », a-t-il souligné. À l’en croire, l’ONU continue de discuter avec les États membres du déploiement de nouveaux moyens au sein de la MINUSMA et prévoit de combler les lacunes de plus longue date de la Mission, en plus de celles résultant des récentes annonces de retraits.

Fret international, compétence et confiance

Acheminer des biens, du matériel ou de l’équipement à des centaines ou des milliers de kilomètres sur le territoire national ou à l’étranger ne s’improvise pas. Cela requiert la compétence de sociétés spécialisées dans ce type de transport sur des longues distances, qu’il soit routier, aérien ou maritime. Au Mali, avec la présence de personnel étranger travaillant pour les ONG, les ambassades et depuis 2013 pour les missions de paix (MINUSMA, MISAHEL, etc.), le secteur du transport à dimension mondial est devenu un créneau porteur, à l’instar des déménagements internationaux, qui se développe et se professionnalise. « C’est un secteur porteur et très concurrentiel », explique ce transitaire de la place. « Nous acheminons tout le mobilier ou le matériel pour ce type de client, et assurons de bout en bout de la chaîne l’acheminement des biens à bon port, par la route ou par l’aérien. Nous facilitons toutes les démarches douanières et nous négocions le meilleur tarif pour rester compétitif », poursuit-il.

Si de nombreux acteurs proposent ces services de transport et logistique, à l’import comme à l’export, le marché spécifique de l’acheminement des envois diplomatiques des ambassades, des paquets souvent très sensibles qui demandent des mesures spéciales, fait appel à des prestataires de confiance, comme l’explique Douga, transitaire chez Express Handling Services. « Ce type d’envoi se fait généralement par fret aérien en import/export. Les formalités sont simplifiées, il n’y a pas de droits et taxes à payer et ces colis ne peuvent être stockés. Ce sont des paquets scellés qui ne sont pas fouillés ni scannés. Il y a une relation de confiance entre l’ambassade et le prestataire qui assure une livraison dédiée à bon port ».

Chaîne de froid : transport à haut risque

L’économie malienne s’ouvre de plus en plus vers l’extérieur et les importations aussi bien que les exportations de denrées périssables sont en constante augmentation. Malgré le manque de structures adaptées.

L’agrobusiness est un secteur en pleine expansion au Mali. Les mangues, le lait, la viande, autant de produits qui réclament, pour leur conservation et leur transport, des conditions particulières. Le maintien d’une température adéquate à travers des infrastructures frigorifiques demeure un défi pour les acteurs, les investissements dans ce domaine, même s’ils ont augmenté ces dernières années, restant encore largement insuffisants. Les images de produits avicoles (poulets, pintades, etc.) surgelés impropres à la consommation font encore bien souvent la une de l’actualité, soulevant des questions de sécurité sanitaire et de santé publique. La rupture de la chaîne du froid peut en effet activer la croissance de micro-organismes tels les salmonelles, les staphylocoques ou les listérias qui peuvent être toxiques.

Pour répondre à la demande, plusieurs acteurs majeurs de la chaîne logistique ont mis en place des infrastructures de stockage frigorifiques. On peut citer Bolloré Africa Logistics au Mali, mais aussi les Entrepôts du Sénégal au Mali qui disposent de plusieurs hangars de stockage pour les produits congelés ou réfrigérés. Dans le cadre du développement des exportations de mangues, des stations de conditionnement modernes contribuant à la maîtrise de la chaîne du froid et à l’amélioration des conditions de maîtrise des risques sanitaires, ont été mises en place dans le Périmètre logistique aménagé en zone agricole (PLAZA) à Bamako. L’aéroport de Bamako dispose, au terminal cargo, de 2 chambres frigorifiques d’environ 50 m2 chacune qui sont mises à la disposition des importateurs et exportateurs, le temps des formalités de transit.

Mais il existe également de nombreuses structures informelles, mises en place par des particuliers et qui ne répondent pas toujours aux normes requises. Aucun contrôle n’est effectué auprès des grossistes qu’il n’est pas rare de croiser dans la circulation, transportant leur marchandise dans des camions « normaux », rompant ainsi la chaîne de froid pourtant indispensable au maintien de la qualité.

 

 

Houd Sanogo : « L’informel pèse encore trop sur le secteur »

Directeur général de la société GLOPAX (Global Packages Express) spécialisée dans la logistique nationale et internationale, Houd Sanogo évolue depuis plus de 15 ans dans ce secteur porteur qui doit cependant accélérer sa professionnalisation et opérer un grand ménage.

Quelle vision portez-vous sur le secteur de la logistique au Mali ?

Le secteur est en plein développement. Il y a une plus grande conscience des entreprises de la nécessité de sous-traiter l’envoi de leur courrier ou colis à des sociétés spécialisées dans le transport comme la nôtre. Si le secteur se structure, cela peut être très bon pour le pays. Mais l’informel pèse encore trop sur ce secteur au Mali. Cela amène un manque de professionnalisme qui ne garantit pas aux clients un acheminement de leurs paquets dans les temps et en l’état.

Pourquoi ce recours à l’informel et comment y remédier ?

Passer par l’informel coûte moins cher. De plus, les clients maliens sont encore réfractaires à passer par des sociétés. Ils préfèrent passer par des gens qu’ils connaissent et qu’ils paient de la main à la main. C’est un problème que l’État doit prendre à bras le corps. L’informel tue le formel et cela nuit au développement du pays.

Le développement du pays passe-t-il aussi par une réforme du transport ?

En effet, le Mali importe beaucoup et exporte peu. Une réforme visant à faciliter les échanges entre le Mali et le reste du monde permettrait une accélération du développement.

Le niveau des impôts et des taxes douanières peut-il, à terme, impacter le désir d’investir et le commerce dans le pays ?

Oui bien sûr. Le Mali est bien trop cher par rapport à d’autres pays de la sous-région et cela peut nuire à son attractivité. Je connais des gens qui voulaient venir investir ici mais avec les impôts et les taxes, ils préfèrent aller ailleurs. Les douanes ont tendance à faire monter les prix car c’est rémunérateur pour l’État. Le problème c’est que l’on met des gens dont ce n’est pas la spécialité dans ce secteur. Avec des gens qualifiés, dans des domaines bien précis, qui traiteraient avec les conseillers du ministre, cela pourrait marcher.

 

Olivier DUBOIS

Baber Gano, ministre des Transports

 

Comment se porte le secteur du transport ?

Le secteur se porte très bien. Le commerce national est en plein essor. Les commerçants maliens sont également présents sur le marché international. C’est un secteur stratégique pour l’économie du pays. Cependant, tout n’est pas rose. Le transport maritime, par exemple, connaît de nombreux problèmes sur les différents corridors. La voie fluviale n’est pas navigable pendant toute l’année et est aussi entrecoupée par endroits.

La situation géographique du pays ne constitue-t-elle pas un handicap pour le développement du secteur ?

Elle peut être considérée comme tel. Avec les nouvelles règlementations en vigueur, nos opérateurs économiques sont obligés de passer par les ports des pays côtiers afin d’acheminer leurs marchandises. Ils rencontrent beaucoup de problèmes au niveau du transport maritime pour le ravitaillement et l’approvisionnement du marché malien en produits de consommation. Le trafic aérien, bien que coûteux, permet néanmoins de satisfaire en urgence et en toute sécurité les besoins d’une entreprise ou d’un particulier. Nous avons donc d’autres possibilités qui s’offrent à nous.

Comment y remédier ?

Des réflexions sont en cours afin d’arriver à desservir le Mali par un port sec qui permettra d’amoindrir les coûts de transport. Le gouvernement compte renouveler l’ensemble du mécanisme de transport actuel afin de permettre au secteur de jouer son rôle central dans la redynamisation de l’économie malienne. Dans dix ans, le secteur du transport au Mali serait envié dans la sous-région.

Transport : Le règne de l’informel

Depuis la crise de 2012, le secteur du transport au Mali souffre de nombreux maux, tels que l’insécurité, la fluctuation des prix et la corruption. Toutes choses qui s’épanouissent dans une gestion en grande partie informelle. Tour d’horizon d’un secteur qui représente moins de 5% du PIB national, malgré les nombreuses opportunités de développement.

Hamadou (le nom a été changé) est un opérateur économique très connu dans le milieu du transport routier. Il détient à lui seul une cinquantaine de gros camions qui relient les pays de la sous-région, Togo, Ghana, Nigéria, Sénégal et Côte d’Ivoire, chaque semaine. « L’import-export est ma vie. Je connais tout le monde dans le secteur », dit-il. Son carnet d’adresse très fourni est le secret de sa réussite. « C’est la jungle. Il faut avoir beaucoup d’amis pour avancer », affirme ce directeur d’une entreprise informelle vieille de plus de dix ans. C’est seulement en 2015 qu’il a trouvé un siège à son entreprise. Le plus important étant de rester en contact permanent avec ses clients, il n’était donc pas « nécessaire que j’attire les yeux des gens sur moi », déclare Hamadou, amusé.

Comme lui, nombreux sont ceux qui se lancent dans le secteur du transport sans remplir les conditions préalablement nécessaires à la création d’une entreprise. Ils évoluent donc pour la plupart dans l’ombre et ne paient ni impôts ni de frais de douane à la frontière. « Les véhicules arrivent très tard dans la nuit. Les responsables de camions connaissent bien les agents de douane. Il leur donne leur part pour que les camions passent. C’est tout », tranche ce commerçant qui détient une boutique à Zégoua, à la frontière entre le Mali et la Côte d’Ivoire près de laquelle stationne en moyenne une centaine de semi-remorques par jour.

Ces dernières années, le transport informel a connu une explosion faisant du formel, le maillon faible de la chaîne. Au Mali, le secteur du transport représente moins de 5 % du PIB national, alors que la part de ce même secteur dans le PIB est soit égal soit supérieur à 13 % dans les pays européens et de 16 % en Chine. Un chiffre qui témoigne du fait que le Mali souffre d’un déficit logistique, doublé d’une concurrence déloyale en pleine expansion sur l’ensemble du territoire national.

Insécurité de transit Problèmes de disponibilité, équipements vieillissants, tracasseries routières dans les couloirs de transit, déperdition financière et insécurité sont autant de problèmes qui touchent le secteur du transport au Mali, tout particulièrement celui par voie routière. Avec la crise de 2012, le secteur du transport en général et le transport routier en particulier a été constamment confronté à de véritables problèmes d’insécurité, notamment dans le septentrion du pays. Plusieurs compagnies ont stoppé le transit dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal craignant de tomber dans une embuscade ou sur des mines. Les infrastructures routières sont aujourd’hui encore insuffisantes, avec seulement 3 000 km de routes goudronnées qui couvrent les principaux axes routiers d’échange (Dakar et Abidjan). La réalisation du projet de construction d’un nouveau chemin de fer qui reliera Bamako à Dakar étant toujours à la phase des études, la plupart des marchandises qui partent de Dakar transitent par l’unique voie ferroviaire qui date de la période coloniale, aujourd’hui inadaptée.

Le transport fluvial autrefois très prisé par les commerçants dans la région de Mopti et Tombouctou, a également perdu l’engouement qu’il suscitait. Toutes les marchandises exportées vers le Mali, nécessitent, à partir des ports de la sous-région, des transports par route ou rail. Seule la voie aérienne semble être sécurisée cinq ans après le déclenchement de la crise. Autorités et populations sollicitent tous l’aide de la force onusienne au Mali (MINUSMA) pour se rendre dans les régions du nord. Quant au transport maritime, on rappelle que plus de 90 % du commerce international sur le Mali est effectué par mer, à travers les ports ouest-africains : Dakar au Sénégal, qui couvre 60 % du volume de trafic d’exportation, Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au Togo, Nouakchott en Mauritanie, Conakry en Guinée et Tema au Ghana. Le transport par voie maritime, certes plus long, reste le moins cher. Pour permettre aux entreprises maliennes et aux sociétés internationales d’acheminer les produits et marchandises depuis et vers le monde entier, de nombreux acteurs proposent des services de transport et logistique, à l’import comme à l’export. Des transporteurs d’Afrique du Nord et d’autres régions africaines offrent également des services de fret, mais avec une capacité de chargement plus limitée. À Bamako, l’essentiel du fret aérien utilise les vols commerciaux des compagnies aériennes comme Air France, qui fait aussi des vols cargo.

Des prix instables Dans le transport formel, les prix de dédouanement ainsi que les charges annexes sont au préalable définis. Ils dépendent donc de la qualité, du poids et du volume des produits qu’on souhaite importer ou exporter. Pour cette Française qui a ouvert son entreprise de logistique à Bamako il y a quelques années, les procédures d’acheminement des marchandises sont parfois longues et difficiles dans le formel. Les prix sont également très élevés. « Du coup rares sont les entreprises qui passent par la voie légale », affirme-t-elle. Pourtant, certains leaders comme la danoise Damco (anciennement Maersk), 1ère compagnie maritime mondiale, MSC, numéro 2, associée à Necotrans le 2ème réseau de logistique en Afrique, ou encore CGA CGM, 3ème compagnie mondiale, et Delmas, filiale de Bolloré Africa Logistics, qui domine le transport terrestre, proposent des prix plus bas aux clients en cumulant le volume et en négociant des tarifs avec les agences de transport.

Dans le secteur informel en revanche, la réalité est différente. La majorité des transporteurs ne disposant pas de camions de transport, ils s’associent pour négocier à la fois les prix de location des camions et les tarifs douaniers. « Les propriétaires de camions savent quand un transporteur a besoin de recevoir sa marchandise en urgence. Ils profitent donc pour fixer les prix. On l’accepte parce qu’on n’a pas de choix », estime une autre source. Et d’ajouter en exemple que pour l’importation d’une glace ou neige carbonique dans le secteur formel, il faut débourser environ 190 000 francs CFA, contre seulement 100 000 francs CFA dans le secteur informel. Il est clair que le système de transport et de logistique au Mali est entravé par des contraintes d’efficacité, de capacité et d’infrastructures, notamment routières et ferroviaires, qui alourdissent les frais, le temps et l’incertitude. Toutes choses qu’évitent les acteurs du secteur informel tel que Hamadou. « Pourquoi me soucier avec les histoires de papiers à n’en point finir et les va-et-vient à la douane quand je peux régler le problème en offrant de l’argent à un douanier ? ». La lenteur administrative conjuguée au marché informel pénalise la compétitivité et les exportateurs doivent souvent négocier des paiements irréguliers pour libérer la marchandise, ou pour qu’elle continue son chemin. Les prix sont quant à eux fixés sur place et l’argent payé cash.

 

Le Mali de retour sur les rails

Les gouvernements du Mali et du Sénégal ont relancé, après des années de léthargie, le projet de réhabilitation du chemin de fer Bamako-Dakar, long de 1 286 km, dont 644 au Sénégal et 642 côté malien. C’est dans cet objectif que des études de faisabilité ont été exécutées par China Railway Construction Corporation International (CRCCI), une entreprise chinoise possédant une grande expertise en matière de construction de voies ferrées, mandatée par les deux à‰tats afin de trouver une ligne de crédit pour le financement de la réhabilitation de cette voie ferrée, qui date de l’époque coloniale, et dont elle aura en charge la réalisation. Chaque à‰tat a signé un accord commercial en décembre 2015, avec un coût indicatif de réalisation du projet (1,15 milliards USD au Sénégal et 1,5 au Mali) afin de permettre à  CRCCI d’obtenir l’ouverture d’une ligne de crédit auprès d’EXIMBANK en Chine. Selon Diakaridja Sidibé, conseiller technique chargé des questions ferroviaires au ministère malien de tutelle, « le démarrage de la réalisation du projet se fera dès l’obtention du prêt » pour une durée de 36 mois. Pour ce qui est de l’axe Conakry, la construction d’une ligne de chemin de fer d’une longueur de 900 km entre les deux capitales, est longtemps restée dans les tiroirs. Malgré un protocole d’accord signé lors de la visite du président IBK en Chine en juillet 2014, aucune étude de faisabilité n’a encore été exécutée. Pour certains, les faibles capacités du port de Conakry, qui intéresse peu les transitaires maliens, figurent parmi les freins à  ce projet, dont la rentabilité reste à  prouver. à€ moins d’envisager l’exploitation de ressources minières dans le Sud du Mali, et qui seraient exportées via la Guinée.

L’indispensable ouverture sur le monde

De nombreux acteurs proposent des services de transport et logistique, à l’import comme à l’export, pour permettre aux entreprises maliennes et aux sociétés internationales d’acheminer produits et marchandises depuis et vers le monde entier. Pour un pays enclavé comme le Mali, les voies qui entrent et sortent sont les clés d’un secteur à développer.

Aéroport Modibo Keïta Senou de Bamako, midi. Sur le tarmac, au pied d’un Boeing 737-800 de la compagnie Kenya Airways, c’est l’effervescence. Le chargement d’un volume d’échantillons de sérum humain, qu’un laboratoire biopharmaceutique destine à  des confrères de Delhi en Inde, vient de commencer. Cet envoi « spécial » est maintenu à  -80°C dans de la carboglace afin d’arriver inaltéré à  destination. Un retard dans la chaîne de transport et la marchandise est perdue. Le colis est en soute. L’avion et sa cargaison s’envolent enfin pour l’aéroport de Dakar qui va prendre le relais et acheminer, via un autre vol, l’envoi jusqu’au sous-continent indien. De bout en bout de la chaîne qui a permis l’envoi de cette marchandise à  bon port, il y a une société de transport logistique qui assure le « door to door », de la porte de l’expéditeur jusqu’à  la porte du destinataire. Ce sont eux, qui ont estimé les coûts, fait venir de la neige carbonique, introuvable au Mali, dans un temps court, effectué l’enlèvement du paquet chez l’expéditeur, réservé une place en soute auprès de la compagnie aérienne et établi la pièce d’identité du volume, indispensable pour les formalités douanières. Ils ont étudié et anticipé les retards et tracasseries qui jouent sur les délais et les tarifs, pour que le colis soit livré à  destination et dans les temps requis. Ces chevilles ouvrières de l’ombre, sont des spécialistes du transport-logistique-transit. Leur travail, enlever et livrer tout type de marchandise partout dans le monde, offrir un service de transport rapide à  l’export comme à  l’import et à  des prix compétitifs. Ils gèrent l’ensemble des étapes d’acheminement des marchandises, que ce soit par voies maritimes, aériennes, ferroviaires ou routières.

Les routes de la soie « Le commerce international s’effectue par terre, rail, mer, ou air, selon la marchandise et la la destination », explique Mohammed Camara, 22 ans passés chez Bolloré, aujourd’hui directeur général d’Africa Ports et représentant de la Compagnie CEVA, un leader de la logistique au Mali. Bien que sans débouché maritime, plus de 90 % du commerce international sur le Mali est effectué par mer, à  travers les ports ouest-africains : Dakar au Sénégal, qui couvre 60 % du volume de trafic d’exportation, Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au Togo, Nouakchott en Mauritanie, Conakry en Guinée et Tema au Ghana. « Le transport par voie maritime est moins cher mais plus long, cela dépend des compagnies. Toutes les marchandises exportées vers le Mali, nécessitent, à  partir des ports de la sous-région, des transports par route ou rail », explique Mohammed Camara. Les infrastructures routières sont insuffisantes avec seulement environ 3 000 km de routes goudronnées qui couvrent les principaux axes routiers d’échanges (Dakar et Abidjan), et une seule ligne de chemin de fer reliant les capitales sénégalaise et malienne. La plupart des marchandises qui partent de Dakar transitent par cette unique voie ferroviaire. « Le chemin de fer est la voix la plus économique, mais la ligne est vieille (période coloniale) et en mauvais état. Depuis qu’ils l’ont confiée à des privés, le niveau remonte un peu, mais les investissements restent faibles », commente le DG de Mali Ports. Par la route, les marchandises sont acheminées au port sec de Kati qui accueille tous les containers. Par voie ferroviaire, une zone franche située à  Korofina, au nord-est de Bamako, permet de stocker environ 70 000 tonnes de marchandises dans des hangars. Le fret aérien qui représente environ 10 % des exportations totales, répond à  une demande de livraison rapide et fiable des marchandises. l’aéroport Modibo Keïta Senou à  Bamako traite pratiquement tous les chargements d’exportation. « En général, la majorité du fret aérien utilise les vols commerciaux des compagnies aériennes comme Air France, qui a aussi des vols cargo. Avec Cargolux, ces deux compagnies sont les seules sur Bamako à  avoir une capacité de chargement significative », détaille Douga Koita de l’agence EHS Logistics. Des transporteurs d’Afrique du Nord et d’autres régions africaines offrent des services de fret, mais avec une capacité de chargement plus limitée.

Les géants s’affrontent sur les prix Les grands groupes qui proposent ces services intégrés de logistique et de fret sont souvent les mêmes qui s’occupent du transport maritime en Afrique de l’Ouest. Des leaders comme la danoise Damco (anciennement MAERSK), 1ère compagnie maritime mondiale, MSC, numéro 2, associée à  Necotrans le 2ème réseau de logistique en Afrique, ou encore CGA CGM, 3ème compagnie mondiale, et Delmas, filiale de Bolloré Africa Logistics, qui domine le transport terrestre dans la région. Ces fournisseurs de services sont en compétition sur les tarifs, le temps et la qualité de service. Ils proposent des prix plus bas aux clients en cumulant le volume et en négociant des tarifs avec les agences de transport. «Les tarifs sont importants, mais ça ne fait pas tout. Si on amène une qualité de service, c’est qu’on amène un temps réduit, un savoir-faire et une fiabilité dans notre logistique », déclare Douga Koita.

Un manque de compétitivité Malgré les efforts des entreprises du secteur sur les services, le système de transport et de logistique au Mali est entravé par des contraintes d’efficacité, de capacité et d’infrastructures, notamment routières et ferroviaires, qui alourdissent les frais, le temps et l’incertitude. Le pays étant enclavé, toutes les marchandises transportées par mer doivent traverser des pays voisins occasionnant des frais supplémentaires. « Les prix des transports avaient été homologués par les autorités maliennes, mais les gens font leurs petites affaires dans leur coin et il est difficile de maîtriser des coûts qui ne sont pas standards », analyse une transitaire sous anonymat. Les exportateurs doivent souvent négocier des paiements irréguliers pour libérer la marchandise ou pour qu’elle continue son chemin. La lenteur administrative conjuguée à  ce marché informel pénalise la compétitivité. « Au Mali, tous les documents sont faits à  la main, ça laisse pas mal de possibilités à  la fraude et à  la corruption. Avec un système informatique douanier, les clients feraient la déclaration de la marchandise directement dans le système. Une fois le document imprimé, il n’a plus qu’à  être tamponné, payé et c’est fini. Cela résoudrait pas mal de problèmes », confie cette même source. Ces comportements plus ou moins généralisés ont pour conséquence de réduire l’efficacité logistique. Pour Douga Koita, « l’organisation du métier doit faire face à  plusieurs défis. La réponse serait peut-être la création d’un ordre pour encadrer le secteur de la logistique et permettre le respect des règles par tous ».

Le Mali, pays producteur, est lancé dans un processus de croissance économique par l’expansion de ses exportations qui nécessite de développer, de professionnaliser le secteur et d’attirer nombre d’acteurs du transport et de la logistique. Ces partenaires indispensables sont l’une des clés du succès qui permettra aux exportations d’affronter la concurrence sur le marché mondial et d’atteindre les zones qui offrent des opportunités de croissance.

Necotrans, une entreprise de logistique à la Febak 2009

Le réseau GETMA Selon Moulaye Abdoul Malick, assistant directeur d’exploitation, la participation du group Necotrans à  cette foire de Bamako, témoigne de son engagement à  élargir son champ de partenariat. Fondée en 1985 par le français Richard Talbo, le Groupe Necotrans a amorcé son développement en France à  travers l’activité de commission de transport. Pour lui permettre d’assurer le transport en Afrique, elle a mis en place, depuis 20 ans, le réseau GETMA. Spécialiste du continent africain, le réseau d’agences Getma international s’est développé en toute indépendance. Sur les principaux ports entre Dakar et Durban. Avec un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros, elles comptent aujourd’hui 3000 employés au niveau de ses 23 agences dans 14 pays africain. Seul réseau indépendant en logistique portuaire et aérienne, Getma international participe aux développements d’infrastructures et programmes de privatisation portuaire sur la coté ouest-africaine. Getma international couvre tous les métiers de la logistique, maritime, terrestre et aérienne sur différents pays. Sur ce plan, elle est une agence consignation, de manutention, de transit et commission de transport. Mieux, elle initie et ou participe à  des projets industriels pétroliers et miniers. Son professionnalisme et sa longue expérience ont fait de lui le leader dans le transport aérien et maritime, notamment, au Togo et au Gabon. Performance et réseau Selon ses responsables, le réseau Getma est capable de répondre à  toutes les configurations, y compris les conteneurs conventionnels. Il se fait distinguer à  travers un mode de travail moderne et performant, envisage la création de nouveaux types de conteneurs plus adaptés. Par ailleurs, Getma est un interlocuteur privilégié et incontournable des Gouvernements. « Notre présence au Mali participe au développement économique du pays ». Le réseau offre un service important aux armateurs, importateurs, exportateurs. Ainsi, il appuis les ports africains dans leurs stratégies de développement. GETMA appui fortement les importateurs et exportateurs africains dans leurs activités Par ailleurs, elle est parti prenante des opérations menées par le port de Conakry et de son extension. Elle accompagne également le Conseil malien des chargeurs, dans le cadre d’un projet initié par le Gouvernement malien. Pour le ministre de l’Equipement et des transports, Ahmed Diané Semega « La spécifié du mali réside dans le fait que C’’est un pays enclavé. Or l’enclavement est une entrave au développement économique d’un pays ».C’’est pourquoi, dit-il, il est indispensable pour le Mali, à  travers sa politique de désenclavement, de diversifier les différents relais vers la mer. Ainsi, le partenariat avec Necotrans s’établit comme une alternative pour le pays d’amorcer son désenclavement. « Le port de Conakry est donc pour nous d’une importance stratégique ». C’’est un pays avec lequel le Mali partage la même histoire, des liens séculaires d’amitié et de coopération. « l’histoire, la culture, les luttes d’indépendance. Grâce à  GETMA nous partagerons quelque chose aujourd’hui, le port. Ce partenariat participera de façon majeur au développement économique du pays », estime Ousmane Babalaye Daou, président du CMC. [B Appui considérable au Port autonome de Conakry ] Les responsables du Group NTC Necotrans prévoient de faire de belles choses pour entretenir leur partenariat avec le Port autonome de Conakry. Ils ont engagé un programme d’investissements importants en équipements et infrastructures portuaires. Cela passera par la réhabilitation du terminal existant et construction du nouveau terminal. Cela est soustendu par leur volonté et sa grande capacité d’investissement. GETMA est doté de moyens rénovés et plus adaptés qui lui permettent d’être rapide dans les opérations de chargements. l’entreprise prévoit des investissements matériels et humains énormes dans le cadre du renforcement de ses capacités. l’acquisition de conteneurs de dernière génération, qui sera un geste créateur d’emplois, les conducteurs d’engins seront des spécialistes à  l’issue de leur formation particulière. La formation des conducteurs qui vont conduire les camions jusqu’au Mali.