Participation politique des femmes : Une lente évolution

Malgré une présence incontournable dans l’animation de la vie politique, les femmes restent faiblement représentées dans les instances de décision. En cause, des facteurs sociaux, mais aussi une insuffisance de stratégies et de capacités pour inverser la tendance. Si la loi sur la promotion du genre adoptée en 2015 représente un espoir, sa mise en œuvre et la détermination des femmes sont les principaux gages de leur réussite politique.

Généralement sollicités pour leur capacité de mobilisation, les femmes et les jeunes « étaient considérés comme du bétail électoral ». Une période désormais révolue, selon Madame Diawara Aïssata Lady Touré, Présidente de l’alliance « Ensemble pour le Mali » (EMP), car « petit à petit, les femmes sont en train d’acquérir une conscience politique ». Et si elles se sentent autant concernées, c’est grâce à l’évolution de la société, qui admet maintenant qu’une femme puisse parler de politique, mais aussi, selon Madame Diawara, grâce à l’adoption de la loi sur le genre, qui n’est pas « un cadeau » mais la récompense des efforts des femmes.

L’une des conséquences visibles de « ce bon positionnement » sur les listes électorales est l’augmentation du nombre d’élues communales, qui est passé de 900 à plus de 2 000 de 2009 à 2016, mais reste en deçà des attentes de femmes, qui constituent plus de la moitié de la population.

Pour garantir leur émergence politique, les femmes doivent surmonter d’énormes obstacles. En plus de la réticence encore réelle à cette participation aux prises de décision, « celles qui ont le courage de se lancer en politique » doivent souvent se battre sans le soutien de leurs sœurs. « Lorsqu’une élection oppose une femme et un homme, les femmes se mettent derrière l’homme. La femme a tendance à céder, même quand elle est plus compétente », relève Madame Adiawiakoye Ramatou Koné, Présidente du Mouvement national des Femmes de l’URD. Une sous-estimation de ses capacités qui doit faire place « à la culture de l’excellence », selon elle.

Si la loi sur le genre garantit aux femmes une meilleure représentativité sur les listes de candidature, la pratique révèle des comportements contraires à ses dispositions. En effet, pour bénéficier « d’une bonne place sur la liste, les partis exigent un certain montant », déplore la Présidente des femmes de l’URD. Et le faible pouvoir d’achat des femmes les empêche d’y prétendre.

C’est pourquoi, plus que la loi, il faut une « volonté politique » pour assurer la participation des femmes à la gestion des affaires, soutient Monsieur Sidi Mohamed Adiawiakoye, cadre de l’URD. « Car si on ne peut garantir 30% des postes électifs aux femmes, on peut l’assurer aux postes nominatifs ».