Louis Aliot : « Avec Marine Le Pen, la France et le Mali marcheront main dans la main »

À quelques heures du scrutin du second tour de l’élection présidentielle française, une éventualité inédite subsiste, voir accéder aux plus hautes fonctions de l’État, une présidente d’extrême droite. Quelle incidence pour le Mali, pays ami de la France ? Louis Aliot, vice-président du Front national, député européen et compagnon à la ville de la candidate Marine Le Pen, a répondu aux questions du Journal du Mali sur la vision du pays et sur certains dossiers que la candidate, si la France lui en donne le mandat le 7 mai, pourrait avoir à gérer.

Quelle est la vision de Marine Le Pen sur ce pays du Sahel qu’est le Mali ?

Marine Le Pen a une vision du Mali pleine d’inquiétude tant la situation économique et sociale est difficile et la menace permanente, dans ce pays sahélien.

L’opération Barkhane est déployée dans le Sahel pour combattre la menace terroriste. Si Mme Le Pen est élu présidente, renforcera-t-elle la présence militaire française sur le terrain ?

Nous pensons qu’il faut maintenir la présence et participer activement à la formation des armées locales. De ce point de vue-là, l’alliance stratégique avec l’armée tchadienne est un bon exemple de coopération militaire de lutte contre le terrorisme.

L’action militaire, est-elle considérée par la candidate comme la seule solution pour combattre ce fléau ?

Il faut l’action militaire et un accord de défense d’un côté, ainsi que des actions en faveur d’un développement au plus près des préoccupations locales et vitales de l’autre. Les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’éducation notamment, doivent être privilégiés car c’est par le développement que les populations s’émanciperont.

L’Accord de paix d’Alger peine à être mis en œuvre depuis sa signature. Si Mme Le Pen est élue, compte-t-elle dynamiser le processus ?

Mme Le Pen considère qu’il faut aller vite car la pression djihadiste n’a pas réduit ses intentions sur la région. Nous comptons agir sur le terrain, avec nos partenaires régionaux, avec l’Algérie, mais aussi en s’attaquant et en démantelant le financement de certaines filières djihadistes liés à différents trafics.

Les accords de réadmission entre l’Europe et les pays africains ont fait beaucoup parlé au Mali. Si Mme Le Pen accède au pouvoir, exigera-t-elle que ces accords de réadmission soient signés entre le Mali et la France ?

Vous savez, toutes ces choses se discutent et se négocient. Je tiens tout de même à signaler qu’heureusement que La France est intervenue au Mali en 2013 car le Mali n’existerait plus. Il faut quand même reconnaître ça à la France et jouer le jeu de la coopération. Une politique du donnant-donnant est une marque de respect de la volonté des deux parties d’avancer sur tous les dossiers économiques, sociaux ou militaires. Mais nous pensons qu’au-delà de ces accords de réadmission qu’il faudra signer, le développement équilibré et les partenariats que nous souhaitons mettre en place permettront une meilleure régulation des flux migratoires.

La France est plus présente militairement au Mali que commercialement, à contrario des Chinois par exemple. Une fois au pouvoir comptez-vous changer cet état de fait ?

Nous comptons faire avancer la position de la France par un rééquilibrage ciblé de ses investissements et par un partenariat privilégié avec ce pays ami. Il n’est pas admissible que la France engage son budget militaire sur ces opérations de lutte contre le terrorisme et qu’en retour, ce soit la Chine qui en profite. Il faudra lister et cibler les actions, les entreprises et les chantiers prioritaires pour contribuer à mieux aider à la pérennisation d’un État malien durable. Dans la concertation et la coopération.

Quelle sera la position de Mme Le Pen par rapport au franc CFA qui suscite de vif débat en Afrique francophone  ?

Nous considérons que l’Afrique dans sa zone CFA doit pouvoir voler de ses propres ailes. Un grand débat doit avoir lieu et une refondation de ce système monétaire par étape doit émerger. C’est la logique des choses, la reconnaissance des souverainetés de ces États et pour la France témoigner utilement de sa volonté d’en finir avec d’anciennes pratiques.

Les liens entre le France et la Mali étaient au beau fixe sous l’ère Hollande. Comptez-vous renforcer ces liens et des contacts ont-ils déjà été pris en ce sens avec la présidence malienne ?

La France et le Mali, comme d’autres nations africaines, marcheront main dans la main. Liées par l’histoire et aussi car elles sont aujourd’hui partenaires dans la lutte contre le terrorisme islamiste, nous pensons que nos liens doivent perdurer dans le respect et la franchise. De nouvelles relations et pratiques seront inaugurées par Marine Le Pen qui souhaite mettre un terme à une vision dépassée du rôle de la France en Afrique. Une nouvelle ère s’ouvre, celle du partenariat privilégié avec nos amis africains. Et dans ce cadre, la Francophonie est un atout absolument déterminant.

Quelle fonction occuperez-vous dans le gouvernement de Mme Le Pen si elle est élue ?

Aucune…