Élection de Lula : une aube nouvelle pour les relations entre le Brésil et l’Afrique

Après quatre ans d’indifférence de Jair Bolsonaro, le retour aux affaires de Luiz Inácio Lula da Silva est globalement salué sur le continent noir.

Tel un phénix, Lula, 77 ans, renaît de ses cendres. Passé par la case prison d’avril 2018 à novembre 2019, le chef de file du Parti des Travailleurs (PT) a su reconquérir le cœur de ses concitoyens après avoir exercé deux mandats entre 2003 et 2010.

Dimanche 30 octobre, le socialiste a remporté d’une courte tête le second tour de l’élection présidentielle avec 50,90 % des suffrages valablement exprimés contre 49,10 % pour le président sortant Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite.

Depuis l’annonce des résultats, les réactions des dirigeants du monde affluent de partout, y compris de l’Afrique. Sur le continent noir, le triomphe de Lula da Silva a été singulièrement salué.

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA), Macky Sall, lui a adressé de « chaleureuses félicitations », non sans souhaiter « ses meilleurs vœux de réussite » à cette figure de la gauche en Amérique latine.

Le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, a congratulé l’ancien syndicaliste « pour sa belle victoire » et promis d’œuvrer « pour des relations bilatérales solides et prospères entre le Brésil » et son pays.

« L’Afrique se réjouit de travailler avec le gouvernement brésilien sous la direction de M. da Silva », projette déjà le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pour qui « le peuple brésilien a mené avec succès cette élection » à hauts risques.

L’engouement du continent africain, à travers ses dirigeants, n’est pas anodin. Dès son premier passage au sommet de l’État, « Lula da Silva a montré un intérêt assez particulier pour l’Afrique », explique l’écrivain et analyste géopolitique, Khalifa Mohamed Touré.

En effet, durant les huit années de sa présidence, Lula da Silva a visité pas moins de 27 pays africains dont le Sénégal. « Sa conception de l’économie  sociale fait des émules sur notre continent », souligne M. Touré qui s’attend alors à une redynamisation des relations africano-brésiliennes sur les plans diplomatique, économique et culturel.

Surnommé le « Trump des Tropiques », en référence à Donald, l’ancien président des États-Unis, Jair Bolsonaro n’a pas mis les pieds en Afrique pendant ses quatre années de présidence, privilégiant les pays de l’hémisphère nord. Pourtant, entre 2000 et 2010, les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Afrique sont passés de 4 à 20 milliards de dollars.

Par conséquent, « le retour de Lula da Silva ne peut être qu’une bonne chose pour le continent africain », soutient Khalifa M. Touré. Toutefois, la troisième élection du septuagénaire dans ce grand pays sud-américain intervient dans un contexte de lutte d’influence des puissances mondiales en Afrique. « Il est vrai que le Brésil connaît depuis les années 90 un boom économique, devenant une puissance économique. Il peut jouer sa partition, mais il lui sera difficile de s’affirmer d’un point de vue diplomatique et d’être aussi présent que des pays comme la France, les États-Unis… », estime M. Touré.

Pour raviver la flamme presque éteinte entre son pays et l’Afrique, le président nouvellement élu pourrait néanmoins tirer profit de « l’affection que lui porte une certaine jeunesse africaine friande de liberté, de panafricanisme et d’éloignement par rapport à l’Occident », conclut cet analyste géopolitique.

Zambie : 12 chefs d’Etat au Sommet de coordination de l’Union Africaine

La réunion est prévue le 17 juillet 2022 au Mulungushi International Conference Centre de Lusaka, dans la capitale zambienne.Plusieurs dirigeants africains ont confirmé leur participation à la 4e réunion de coordination semestrielle de l’Union africaine (UA). Au total 12 chefs d’Etat sont attendus à Lusaka pour cette rencontre prévue le 17 juillet prochain, selon le ministre zambien des Affaires étrangères, Stanley Kakubo.

Parmi les participants, figurent les quatre chefs d’Etat et de gouvernement qui forment le Bureau de l’Assemblée de l’UA et les huit chefs d’Etat qui président les huit Communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’UA.

Le Bureau de l’UA est composé de représentants des cinq régions africaines : Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique australe.

Les huit CER sont l’Union du Maghreb arabe, le Marché commun d’Afrique orientale et australe, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, la Communauté d’Afrique de l’Est, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et la Communauté de développement d’Afrique australe.

Selon le chef de la diplomatie zambienne, sur les cinq régions formant le Bureau de l’UA, seule l’Afrique de l’Est ne sera pas représentée à la réunion en raison de la poursuite des consultations internes sur le leadership.

Le président zambien Hakainde Hichilema participera en tant qu’hôte de la réunion qui se tiendra au Mulungushi International Conference Centre à Lusaka.

La réunion de coordination a été conceptualisée en 2017 comme le principal forum permettant à l’UA et à ses CER d’aligner leurs travaux et de coordonner la mise en œuvre du programme d’intégration continentale. Elle a remplacé les précédents sommets de mi-année qui se tenaient généralement vers juin/juillet et impliquaient les dirigeants des 55 États membres de l’organisation continentale.

La réunion de cette année devrait recevoir des rapports des présidents des différentes Communautés économiques région ales (CER) sur l’état de l’intégration régionale et examiner les résultats des négociations en cours entre l’UA, les CER et les Etats membres sur les domaines d’intégration déjà convenus.

Elle devrait également discuter du lancement prévu de l’échange interrégional de connaissances (I-RECKE) sur l’alerte précoce et la prévention des conflits.

L’I-RECKE est une communauté institutionnelle de pratique pour l’apprentissage intracontinental et interrégional en vue de construire la paix. Il s’agit d’un mécanisme panafricain pour développer, capturer et documenter les connaissances et également partager les leçons apprises et les expériences sur la gouvernance et la prévention des conflits sur le continent.

Parmi les autres points à l’ordre du jour, figurent l’impact de la crise ukrainienne sur l’Afrique, à la lumière de la hausse vertigineuse des prix du gaz naturel, du blé et des engrais, ainsi que la réponse du continent à la Covid-19.

20 ans de l’UA : quel bilan ?

Malgré les critiques formulées à l’encontre de l’Union africaine au cours des deux dernières décennies, celle-ci est loin d’être un suiveur docile des ordres de ses Etats membres, écrit Thomas Kwasi Tieku, professeur associé de sciences politiques au King’s University College.L’opinion selon laquelle l’Union africaine – et sa bureaucratie – sont les serviteurs glorifiés des gouvernements africains est largement répandue. Cette opinion est soutenue par les universitaires et les médias.

Mais est-elle exacte ? J’aborde cette question dans un article récent, alors que l’Organisation fête cette année son 20ème anniversaire.

L’Union africaine a été négociée et signée par les gouvernements africains en 1999. Son traité fondateur n’aurait pas vu le jour si au moins deux tiers des 54 gouvernements africains ne l’avaient pas ratifié et déposé le 26 mai 2001.

Mon article montre que depuis son lancement officiel en 2002, l’Union africaine a développé une agence considérable. Je l’ai définie comme sa capacité à façonner l’agenda et les décisions en Afrique et dans les affaires mondiales.

Il ne fait aucun doute que l’Union africaine a des défis à relever. Elle est financièrement faible et dépend de donateurs extérieurs. Elle est souvent perçue comme un club de vieux messieurs inaccessible aux Africains ordinaires. Et elle présente des déficits de mise en œuvre, son travail étant parfois freiné par des Etats mal gouvernés.

Pourtant, l’Organisation est souvent au cœur de la définition des programmes, de la prise de décision, de la création de règles, de l’élaboration des politiques et de la direction stratégique du continent africain.

C’est donc une simplification excessive de la relation complexe entre l’Union africaine et ses membres que de traiter la bureaucratie panafricaine comme un simple serviteur des gouvernements du continent. L’Union africaine et sa bureaucratie ne sont ni des messagers glorifiés ni des suiveurs dociles des ordres des gouvernements africains.

Elle a rassemblé ses 55 membres pour qu’ils adoptent des positions communes sur de nombreux problèmes mondiaux critiques. Il s’agit notamment de dégager un consensus sur les réformes des Nations unies, la réponse du Covid-19 et le financement du développement de l’Afrique.

Rédaction de traités internationaux

L’Union africaine a contribué à la rédaction de traités visant à promouvoir la paix, la démocratie et la bonne gouvernance.

Nombre de ses traités contiennent des premières mondiales. Cela est vrai même si de nombreux Etats membres présentent encore des lacunes en matière de protection de la démocratie.

L’Union africaine a pu contribuer à l’élaboration de traités parce qu’elle a attiré certains des meilleurs esprits politiques du continent. Ces recherches montrent que le personnel de l’Union africaine compte parmi les fonctionnaires internationaux les plus instruits au monde. Ils ont également une grande expérience professionnelle.

Faire respecter les règlements, les promesses et les traités : L’Union africaine a développé une machine bien huilée pour promouvoir la paix et la sécurité.

Ses initiatives ont consisté à développer un modèle institutionnel pour la médiation, le dialogue politique, les systèmes d’alerte précoce et les opérations de soutien de la paix. Ces initiatives ont changé la donne des missions de paix et ont conduit à un succès relatif. L’intervention en Somalie en est un exemple.

L’Union a également réussi à faire évoluer l’état d’esprit des élites politiques africaines, qui sont passées de leur posture traditionnelle d’indifférence à une attitude qui les encourage à intervenir dans les affaires des autres. Elle est intervenue rapidement lors des violences post-électorales au Kenya en 2007 et a rapidement déployé l’opération « Démocratie » aux Comores en 2008.

Volonté collective, définition de l’ordre du jour et orientation de la réflexion, l’Union africaine a utilisé le pouvoir des recommandations avec beaucoup d’efficacité.

Elle l’a utilisé pour rallier ses membres à soutenir une liste de candidats africains en lice pour des postes au sein d’organisations internationales. Parmi les exemples, citons l’élection de l’Ethiopien Tedros Adhanom Gebreyesus au poste de Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé et de la Rwandaise Louise Mushikiwabo au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie.

En outre, des études indiquent que l’Union africaine a réussi à amener ses membres à adopter des positions communes sur plus de 20 questions majeures.

Nombre de ces positions ont influencé le débat et les décisions au niveau mondial. Elles ont notamment influencé les termes de l’engagement entre l’Onu et les organisations régionales.

Mais l’Union a également convoqué et mobilisé pour de mauvaises causes. Par exemple, l’ex-président du Soudan, Omar el Béchir, et le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, ont été protégés des appels à comparaître devant la Cour pénale internationale pour répondre aux accusations de crimes contre l’humanité.

Leadership stratégique

L’Union africaine a montré qu’elle était capable d’assurer un leadership et de jouer un rôle de conseiller auprès des gouvernements et des agences intergouvernementales.

Elle a élaboré avec succès des cadres de développement tournés vers l’avenir, tels que l’Agenda 2063 et l’Accord de libre-échange continental africain (Zleca).

Par ailleurs, elle a créé des agences de développement, dont l’Agence de développement de l’Union africaine (NEPAD).

L’Union africaine a réussi à socialiser les gouvernements africains pour qu’ils acceptent les idées de développement et en fassent les piliers des plans de croissance nationaux.

Elle a également mobilisé des ressources pour stimuler les initiatives de développement du continent. Elle a notamment déployé des efforts pour mettre les vaccins Covid-19 à la disposition des Etats membres.

Mais il y a des faiblesses

La mobilisation des ressources de l’Union africaine a été critiquée pour avoir exacerbé la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des partenaires internationaux. Certains affirment également que l’UA est douée pour proposer des idées nobles, mais qu’elle est souvent incapable de les mettre en œuvre ou peu désireuse de le faire.

Problèmes

L’Organisation a été freinée par la pression constante exercée pour la réformer.

Entre 2002 et 2009, l’acharnement de Mouammar Kadhafi à vouloir la transformer en un gouvernement d’union est devenu un obstacle majeur à la mise en œuvre de ses programmes.

Et depuis 2016, un processus de réforme de l’Institution mené par le président rwandais Paul Kagamé a semé la division parmi les dirigeants de la commission. Ce processus a paralysé le personnel pendant près de cinq ans et affaibli la Commission de l’UA, comme l’a observé l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki.

De vieilles habitudes – telles que le culte de la personnalité, la concentration du pouvoir dans le bureau du Président de la Commission et le rétrécissement des espaces de participation populaire à la prise de décision – se sont installées au cours des dernières années.

La rotation du président de l’Union entre des dirigeants dont les références démocratiques sont douteuses suggère également que l’Union est entrée dans l’orbite d’un groupe particulier de dirigeants africains. Ce groupe est composé de dirigeants autoritaires qui ont fait de l’Institution un organisme conservateur et peu enclin à prendre des risques.

Un exemple de cette approche plus conservatrice est l’assouplissement de sa position de tolérance zéro à l’égard des régimes militaires.

Elle s’est montrée indulgente à l’égard des récents auteurs de coups d’Etat. Cela contraste avec sa position franche des années précédentes et les mesures qu’elle a prises pour ostraciser les régimes militaires en Guinée-Bissau et à Sao Tomé-et-Principe en 2003, au Togo en 2005, en Mauritanie en 2005 et 2007, en Guinée en 2008, au Mali en 2012, ainsi qu’en Egypte et en République centrafricaine (RCA) en 2013.

La récente résurgence des coups d’Etat sur le continent invite l’Union africaine à revoir sa position sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement et renforcer son programme de promotion de la démocratie.

Le continent a besoin d’un leadership plus fort de l’Union africaine sur cette question – et sur bien d’autres – au cours des 20 prochaines années.

Cet article a été publié pour la première fois par ‘The Conversation’.

Afrique subsaharienne : vers une hausse de la croissance économique

Le dynamisme économique de la région devrait reprendre légèrement pour s’établir à 3,6 % en 2022 et 3,8 % en 2023, a annoncé l’institution basée à Bretton Woods (États-Unis).Après une première récession en 25 ans, le continent noir renoue avec la croissance.  Selon la Banque mondiale (BM), le niveau élevé des prix des produits de base devrait favoriser la reprise à court terme dans la région. Le Nigéria et l’Angola profiteront de l’augmentation des cours pétroliers et de l’assouplissement graduel des baisses de production dans les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), souligne l’institution financière.

La croissance devrait ainsi atteindre 2,5 % en 2022 et 2,8 % en 2023 au Nigéria, tandis qu’elle s’accélérera à 3 % en moyenne en 2022-23 en Angola. En Afrique du Sud, la croissance retomberait aux niveaux d’avant la pandémie, freinée par des obstacles structurels et le lourd endettement du pays.

Par ailleurs, la Banque signale que les prix élevés du coton et des denrées alimentaires comme le café bénéficieront aux exportateurs de produits agricoles (Éthiopie, Kenya et Tanzanie).

Ces chiffres représentent toutefois près d’un point de pourcentage de moins que la moyenne sur la période 2000-19. Cette situation est la conséquence des effets persistants de la pandémie et de la réduction des mesures d’aide. A cela s’ajoutent l’incertitude en matière de politique publique et l’aggravation de l’insécurité dans certains pays.

Dans certains pays, l’expansion des activités agricoles sera aussi limitée par des incertitudes diverses, notamment des périodes de sécheresse et des précipitations inférieures à la moyenne, ainsi que l’intensification des conflits, poursuit la BM.

D’après cette dernière, la pandémie a entravé les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté et dans la réalisation des principaux objectifs de développement dans l’ensemble de la région, effaçant plus d’une décennie de gains enregistrés dans le revenu par habitant pour certains pays.

Dans plus d’un tiers des pays de la région, dont l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, le revenu par habitant en 2022 restera inférieur au niveau d’il y a dix ans, soutient-elle.

Les risques pesant sur ces prévisions sont plutôt orientés à la baisse, affirme la BM. Toutefois, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la hausse des prix des produits alimentaires et les tensions géopolitiques pourraient peser sur la demande des consommateurs et freiner la croissance.

En outre, un net ralentissement de la croissance économique mondiale pourrait entraîner d’importantes corrections à la baisse des prix des produits de base au détriment des pays producteurs de pétrole et de métaux, avertit la Banque. Celle-ci ajoute que les pays confrontés à des problèmes de surendettement pourraient avoir plus difficilement accès aux financements extérieurs, ce qui nécessiterait un ajustement budgétaire brutal.

La BM note enfin que les faibles taux de vaccination contre la Covid-19 exposent les pays de la région à une résurgence et une aggravation des vagues épidémiques. Ce qui pourrait ébranler à nouveau l’activité économique. La prolongation de la pandémie risque quant à elle d’exacerber les problèmes de développement et de santé existants, d’enrayer les réformes structurelles et budgétaires, et d’entraîner des pertes de capital humain durables.

Sahel: la Grande muraille verte, une source de revenus (FAO)

L’analyse coûts-avantages de la FAO publiée dans Nature Sustainability montre un rendement moyen de 1,2 dollars pour chaque dollar investi dans le projet de restauration des terres, malgré les conditions climatiques rigoureuses.C’est un retour sur investissement inattendu. L’objectif de la Grande muraille verte d’Afrique n’est pas en effet de générer des profits. Elle vise plutôt à lutter contre la désertification dans la région du Sahel. Mais, d’après une nouvelle étude menée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et publiée dans Nature Sustainability, elle peut aussi être un débouché commercial intéressant pour les investisseurs.

Selon l’analyse, parvenue ce mardi à APA, pour chaque dollar investi dans cette initiative de grande ampleur qui part du Sénégal à l’ouest à Djibouti à l’est, les investisseurs peuvent s’attendre à un rendement moyen de 1,2 dollars. Ce profit peut même monter jusqu’à 4,4 dollars, précise le document.

Pour le Coordonnateur des projets internationaux au sein de la Division des forêts de la FAO et l’un des principaux auteurs de l’étude, Moctar Sacande, cité par le document, « nous devons faire évoluer le discours sur la région du Sahel afin de montrer que, malgré l’environnement hostile et sec de la région, les investisseurs peuvent tout de même obtenir un rendement viable en investissant dans la restauration des terres. »

L’étude est fondée sur des données de terrain et des données satellitaires qui permettent de suivre la dégradation des terres sur la période 2001-2018. Celles-ci sont ensuite comparées aux coûts et aux avantages de la restauration des terres selon différents scénarios adaptés aux circonstances locales.

D’après M. Sacande, les résultats de l’analyse sont le dernier élément nécessaire pour comprendre la situation économique et viennent s’ajouter à la volonté politique et au savoir-faire technique déjà en place, et devraient encourager le secteur privé, qui manifeste un intérêt croissant.

Le verdissement et la restauration des terres dans cette zone longue de 8.000 kilomètres qui traverse le continent sont déjà en cours. Les populations plantent des espèces arboricoles résistantes, comme l’acacia du Sénégal, qui produit de la gomme arabique, fréquemment utilisée comme émulsifiant dans les aliments et les boissons, ou l’arbre gao, aussi appelé Faidherbia albida. Ce dernier aide à fertiliser les sols pour qu’y soient notamment produits du fourrage et des cultures de base comme le millet.

L’étude a indiqué que la surface couverte par l’initiative Grande muraille verte restait limitée et n’atteignait que 4 millions des 100 millions d’hectares ciblés.

Au total, quelque 20 milliards d’USD ont été promis au niveau international en vue de transposer à plus grande échelle l’initiative Grande muraille verte, dont 14,3 milliards d’USD promis à l’occasion du Sommet One Planet pour la biodiversité tenu en janvier de cette année à Paris, et 1 milliard d’USD promis par le fondateur d’Amazon, M. Jeff Bezos, lors de la conférence climatique de la COP26, qui vient de se terminer.

Les modalités concrètes d’accès à ces fonds doivent encore être déterminées, d’après M. Sacande, qui ajoute que si une partie des fonds n’est pas versée très rapidement, il pourrait être trop tard pour planter les arbres avant la tombée des précipitations limitées attendues en juin et en juillet.

L’initiative Grande muraille verte permettrait de stocker du carbone et de restaurer la biodiversité et s’attache à apporter des avantages socio-économiques aux populations défavorisées de la région. Elle couvre les domaines clés que sont l’atténuation du changement climatique, l’adaptation à ses effets et la résilience face aux aléas climatiques.

Elle contribue également à la réalisation des Objectifs de développement durable 1 (pas de pauvreté), 2 (faim zéro), 13 (mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques), 15 (Vie terrestre) et 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs) du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’analyse souligne par ailleurs que du fait des conflits armés qui caractérisent la région, certains investisseurs sont longtemps restés méfiants à l’égard du potentiel de l’initiative. En outre, l’étude a conclu qu’environ 50 % des terres concernées sont actuellement inaccessibles pour des raisons de sécurité. Malgré cela, les interventions de restauration des terres continuent de représenter un débouché commercial viable, selon les auteurs.

Présidentielle en Libye: la candidature de Saïf-al-Islam compromise

Les Libyens élisent leur président le 24 décembre 2021.Le Procureur militaire libyen a envoyé une lettre à l’organe de supervision des élections pour empêcher le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi, de se présenter à l’élection présidentielle du 24 décembre 2021.

Mohamed Gharouda a exhorté la commission électorale à ne pas traiter la candidature de Saïf pour le scrutin présidentiel, premier du genre depuis trois générations.

Le Procureur a également conseillé à la commission de ne pas autoriser le chef de guerre libyen Khalifa Haftar à se présenter à la présidence.

La commission électorale a déclaré, hier dimanche, que M. Kadhafi a soumis les documents nécessaires en tant que candidat à la présidentielle.

Mais selon la justice libyenne, Saïf al-Islam et Haftar font l’objet d’une enquête pour des actes criminels, ce qui justifie l’arrêt du traitement de leur candidature à la présidence jusqu’à la fin de l’enquête.

Saïf al-Islam Kadhafi a été accusé pour son rôle dans le meurtre de manifestants pendant le soulèvement libyen qui a fini par renverser son père en 2011. Détenu par une milice pendant six ans, il a été jugé et condamné à la peine de mort avant que celle-ci ne soit annulée.

Saïf, 49 ans, vit dans l’opulence à Zintan, une ville du nord-ouest du pays. Il est toujours considéré comme une figure discordante de la politique libyenne et sa candidature à la présidence pourrait compliquer davantage le dilemme électoral de la Libye, un pays qui peine à se débarrasser d’années de conflits internes.

Certains craignent que l’instabilité actuelle du pays, qui dure depuis dix ans après la mort de Mouammar Kadhafi, ne compromette la crédibilité du scrutin.

De nombreux défenseurs des droits de l’Homme « ne croient pas que le climat politique soit propice à la tenue d’une élection libre et équitable ».

M. Haftar est quant à lui recherché par un tribunal américain pour des actes de torture présumés en Libye.

Afrique : les diabétiques, plus vulnérables à la Covid-19

La pandémie du coronavirus est plus mortelle chez les Africains atteints de diabète selon une récente analyse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).Le coronavirus a fait des ravages chez les personnes atteintes de maladies chroniques. En Afrique, les diabétiques sont ceux qui en ont le plus souffert selon l’OMS qui  a évalué les données issues de 13 pays et portant sur les affections sous-jacentes ou les comorbidités chez les Africains testés positifs à la Covid-19.

Selon l’organisme onusien, le taux de létalité de la pandémie est de 10,2% chez les patients diabétiques, contre 2,5% pour l’ensemble des patients atteints de Covid-19. Le taux de létalité chez les personnes atteintes de diabète était également deux fois plus élevé que chez les patients souffrant de n’importe quelle autre comorbidité. Les trois autres maladies sous-jacentes associées aux taux de létalité due à la Covid-19 les plus élevés incluent le VIH et l’hypertension.

« La Covid-19 envoie un message clair : la lutte contre l’épidémie de diabète en Afrique est à bien des égards tout aussi cruciale que la lutte contre la pandémie actuelle », a déclaré la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique la Dre Matshidiso Moeti, citée par le communiqué parvenu jeudi à APA.

« La pandémie de Covid-19 finira par s’estomper, mais l’on prévoit que l’Afrique enregistre dans les prochaines années la plus forte hausse de l’incidence du diabète dans le monde. Nous devons agir dès à présent pour prévenir de nouveaux cas, vacciner contre la Covid-19 les personnes souffrant de diabète et, chose non moins importante, recenser et soutenir les millions d’Africains qui ignorent qu’ils sont atteints par ce tueur silencieux », a-t-elle souligné.

Le diabète altère la capacité de l’organisme à produire ou à utiliser l’insuline, une substance essentielle pour empêcher une augmentation dangereuse du taux de sucre dans le sang. La maladie provoque une inflammation et une mauvaise circulation sanguine, qui accentuent toutes les deux le risque de complications liées à la Covid-19, dont le risque de décès.

Les pays ayant fourni des données pour cette analyse étaient le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, Eswatini, la Guinée, la Namibie, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Sénégal, les Seychelles, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad.

Environ 24 millions de personnes vivent avec le diabète en Afrique en 2021, selon la Fédération internationale du diabète, et le continent devrait connaître la plus forte augmentation du nombre de cas de diabète dans le monde. En effet, le nombre d’Africains souffrant de cette maladie devrait atteindre 55 millions d’ici à 2045, soit une augmentation de 134 % par rapport aux données disponibles en 2021.

L’Afrique est le continent comptant le plus grand nombre de personnes qui ne connaissent pas leur statut pour le diabète. On estime ainsi que 70 % des personnes diabétiques ne savent pas qu’elles sont touchées par cette maladie.

« Les responsables de la santé en Afrique devraient tirer parti de la disponibilité croissante de tests de diagnostic rapide à faible coût pour tester systématiquement les patients dans les centres de prise en charge du diabète afin de garantir une détection précoce de cette maladie et des soins appropriés», a suggéré le directeur du groupe organique Couverture sanitaire universelle/Maladies transmissibles et non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Benido Impouma. « Ces centres peuvent également être des sites clés pour la vaccination », a-t-il ajouté.

Dès les premiers jours de la pandémie, les personnes atteintes de diabète ont été jugées prioritaires dans tous les pays du monde pour recevoir des doses de vaccin anti-Covid-19. L’Afrique a éprouvé des difficultés à appliquer cette stratégie, rapporte la note.

A en croire l’OMS, l’accès aux vaccins reste limité. Jusqu’à présent, affirme-t-elle, seulement 6,6 % de la population africaine est entièrement vaccinée contre la Covid-19, contre une moyenne mondiale de 40 % environ. Les données issues de 37 pays indiquent que, depuis mars 2021, plus de 6,5 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 ont été administrées à des Africains présentant des comorbidités, soit 14 % de toutes les doses administrées jusqu’à présent.

Les efforts visant à donner la priorité aux personnes souffrant de comorbidités comme le diabète s’accélèrent, près de la moitié de ces 6,5 millions de doses ayant été administrées au cours des deux derniers mois. Cependant, beaucoup reste à faire pour que les personnes à haut risque reçoivent effectivement les vaccins dont elles ont besoin, souligne le document.

« Neuf mois après le début des campagnes de vaccination contre la Covid–19 en Afrique, nous sommes encore loin de l’objectif que nous nous sommes fixé concernant la protection de nos groupes les plus vulnérables », a déploré Dre Moeti. Elle ajoute qu’« il est urgent d’intensifier la vaccination et d’autres services essentiels destinés aux personnes à haut risque, y compris celles qui sont atteintes de diabète. »

Pour la responsable de l’OMS, tous les Africains exposés au diabète doivent avoir accès au dépistage. « Nous pouvons aussi empêcher le diabète de faire plus de victimes en faisant la promotion d’une alimentation saine et abordable et de la pratique régulière de l’exercice physique », a-t-elle dit.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l’accès aux soins du diabète est sérieusement perturbé dans la Région africaine. Les confinements imposés pour limiter la propagation de la Covid-19, par exemple, ont entravé l’accès aux soins de santé et aux éléments de base d’une bonne prise en charge des patients diabétiques, tels que la surveillance systématique de la glycémie et une alimentation saine.

En vue d’améliorer l’accès équitable à des soins de qualité pour sujets diabétiques, l’OMS a lancé en avril 2021 le Pacte mondial contre le diabète. Cette initiative s’appuie sur les travaux entrepris ces dernières années pour déployer l’ensemble des interventions de l’OMS pour lutter contre les maladies non transmissibles (WHO PEN) dans le cadre des soins de santé primaires dans les milieux à faibles ressources.

À ce jour, 21 pays africains ont commencé à utiliser cet ensemble d’outils. Le Bénin, l’Érythrée, Eswatini, le Lesotho et le Togo ont réussi à transposer ces services à l’échelle nationale, assurant ainsi une couverture de l’ensemble des établissements de soins de santé primaires.

Afrique-France: un sommet pour « écouter la parole de la jeunesse »?

Ce Sommet est inédit dans son nouveau format.Pour la première fois depuis 1973, aucun chef d’État africain n’a été convié au sommet Afrique-France qui se tient vendredi 8 octobre à Montpellier (France). Le président français Emmanuel Macron va s’adresser à la jeunesse africaine plutôt qu’aux présidents africains.

Ce nouveau format porte l’empreinte de l’intellectuel camerounais Achille Mbembe. Le théoricien du post-colonialisme a piloté les préparatifs de la rencontre avant de remettre son rapport au président français sur la « refondation des relations entre la France et le continent ».

L’historien camerounais estime que la France est trop déconnectée « des nouveaux mouvements et des expérimentations politiques et culturelles » portés par la jeunesse africaine.

Ce nouveau format sera l’occasion « d’écouter la parole de la jeunesse africaine et de sortir des formules et des réseaux sociaux » selon un communiqué de la présidence française.

Pour cette 28ème édition, ce sont des jeunes entrepreneurs, des membres de la société civile, du secteur associatif, du sport et de la culture qui sont les invités de ce sommet.

Autour de cinq grandes thématiques : l’engagement citoyen, l’entreprenariat et l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche, la culture et le sport, ils échangeront pendant une demi-journée sur la manière de nouer des nouveaux réseaux, de concevoir des projets communs, de bâtir des ponts.

Emmanuel Macron devrait échanger avec douze jeunes invités, dont aucune personnalité connue, repérés lors de débats préparatoires tenus dans 12 pays africains. Les débats tourneront sur « les pistes de réconciliation ». Les questions économiques seront aussi débattues avec 350 entrepreneurs africains sélectionnés.

En outre, une table ronde sur la restitution des biens culturels pillés durant la colonisation et dont le processus est en cours sera au cœur des échanges. A ce titre, Macron devra revenir sur sa promesse faite en novembre en 2017 à l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso) de « créer les conditions pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique » au plus tard en 2022.

Mais pour l’intellectuel sénégalais Boubacar Boris Diop qui s’est exprimé à la veille du sommet dans une tribune publiée sur senegalactu.info, « le face-à-face entre Macron et la société civile africaine aurait été beaucoup plus crédible ou même fructueux si on avait au moins senti sur le terrain des signes concrets de sa volonté de changement. »

A l’issue des échanges, Emmanuel Macron devrait annoncer la création d’un Fonds destiné à soutenir les initiatives de promotion de la démocratie, des programmes permettant une plus grande mobilité étudiante, ou la mise en place d’un « forum euro-africain sur les migrations.

Vaccins Covid : l’éventuelle suspension des brevets

Les Etats Unis se disent désormais favorables à la levée de la propriété intellectuelle sur les vaccins contre le nouveau coronavirus. Un revirement qui emporte l’adhésion de l’Europe au grand bonheur de l’Afrique.Mal engagée dans la course au vaccin, l’Afrique l’est à coup sûr. À ce jour, d’après l’agence de santé publique de l’Union africaine (Africa CDC), 1,14 % de la population du continent a reçu la première dose d’un des vaccins sur le marché et 0,37 % a pris la seconde.

Pour un peu plus d’un milliard d’habitants, c’est dérisoire. L’appel des Etats-Unis en faveur de la démocratisation des vaccins sonne donc comme une délivrance.

« Il s’agit d’une crise sanitaire mondiale et les circonstances extraordinaires de la pandémie de Covid-19 appellent des mesures (exceptionnelles) », a récemment déclaré Katherine Tai, la représentante pour le commerce des USA.

La première puissance mondiale est convaincue que sa stratégie contribuera à « accélérer la production » des vaccins au moment où les différents laboratoires producteurs croulent sous les commandes.

A travers la voix d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le Vieux continent s’est engagé « à discuter de toute proposition qui réponde à la crise de manière efficace et pragmatique ».

L’Ethiopien, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a déclaré que « c’est un moment monumental dans la lutte contre la Covid-19 ».

Il reste à savoir, cependant, si les laboratoires, ayant dépensé des fortunes pour élaborer de façon express les vaccins, renonceront à leurs droits de propriété intellectuelle au service de la fin de cette pandémie. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) devrait être mise à contribution pour faciliter un consensus sur les modalités pratiques d’un tel accord.

La Covid-19 a déjà causé dans le monde la mort de 3,2 millions de personnes sur 156 millions de cas répertoriés. Le pays de l’oncle Sam est le plus touché avec 33 millions d’infections pour plus de 594.000 décès. Dans le continent noir, c’est l’Afrique du Sud qui paie le plus lourd tribut avec 1,5 million de contaminations qui ont entraîné la mort de 54.620 individus.

Le Tchad rend un dernier hommage à Idriss Déby

Douze chefs d’Etat ont notamment assisté, ce vendredi 23 avril, aux obsèques du défunt président.Les Tchadiens ont fait leurs adieux à leur guide pendant 30 ans et dont la mort au front a été annoncée mardi dernier. Plusieurs présidents, parmi lesquels Emmanuel Macron de la France, ont pris part à l’hommage national.

Il y avait également, aux côtés de la famille biologique et politique d’Idriss Déby, Félix Tshisekedi, chef de l’Etat congolais et président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé (Guinée), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Bah N’Daw (Mali), Mohamed Bazoum (Niger), Faure Gnassingbé (Togo), Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Général Abdul Fattah al-Burhan (Soudan) et Mohamed al-Manfi (Libye).

Au cours de la cérémonie funèbre,  Abdelkerim Idriss Déby, l’un des fils de l’ancien président, s’est exprimé en premier : « Tu es parti en défendant ta passion de toujours, le Tchad. Tu es parti en avançant face à l’ennemi. Le Tchad perd en toi un président marqué au fer du patriotisme. Ta mort brutale nous a dévastés. Elle nous prive de tes solides épaules et ton regard lumineux. Il est des morts qui rendent fiers les vivants malgré la douleur ».

A sa suite, la veuve Hinda Déby Itno, tout de noir vêtue, a salué la mémoire de celui qui était pour elle « un époux exemplaire ». Poursuivant son éloge funèbre, l’ex-première dame du Tchad a déclaré : « Le père a disparu nous laissant en perdition dans un désert mouvant. Intrépide guerrier, invincible devant tous les périls. Nous devons porter partout le message de la paix et de la cohésion nationale. Ce sera notre héritage ».

Un autre fils d’Idriss Déby, Zacharias, a affirmé que « le monde se souviendra longtemps de ce digne fils d’Afrique » car « il représentait à la fois la fierté et l’âme de la nation tchadienne ».

Le président guinéen a abondé dans le même sens. En effet, Alpha Condé a soutenu que Déby « a montré son attachement à l’Afrique en versant son sang dans différents champs de bataille ».

De son côté, Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo a émis le souhait que la transition tchadienne menée par un Conseil militaire, présidé par Mahamat Idriss Déby, soit « pacifique, démocratique et inclusive ».

Seul chef d’État occidental présent à N’Djamena, le président français Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage à son ancien allié dans la lutte contre le jihadisme au Sahel : « Nous voilà réunis devant votre dépouille après trois décennies à la tête de votre pays et tant de combats livrés avec bravoure. Vous avez vécu en soldat, vous êtes mort les armes à la main. Vous avez connu la guerre, mais vous ne l’aimiez pas. Vous avez donné votre vie pour le Tchad ».

Le Parlement turc autorise l’envoi des troupes en Libye

C’est ce jeudi après de longues discussions que les parlementaires turcs ont voté à plus de la majorité une motion autorisant l’envoi de troupes turques en Libye pour aider le gouvernement d’union nationale dans les combats. Sur 509 députés, 325 ce sont prononcés en faveur du projet de loi, contre 184 voix.

A noter que le gouvernement d’union nationale avait « officiellement » demandé « l’aide militaire » terrestre, aérienne, maritime à la Turquie le 26 décembre 2019, pour faire face à « l’avancée de l’Armée nationale libyenne » (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.

A noter que le gouvernement d’union nationale est opposé au Maréchal Hafta dans une guerre fratricide que connait la Libye depuis la chute du président Mouammar Kadhafi.

Source: Sputnik

 

Financement libyen de la campagne de 2007 : Nicolas Sarkozy en garde à vue

L’ancien président de la République a été placé en garde à vue mardi 20 mars au matin, à Nanterre dans les locaux de l’Office anticorruption de la police judiciaire.

C’est la première fois que M. Sarkozy est entendu à ce sujet depuis qu’une information judiciaire a été ouverte en avril 2013, et confiée à plusieurs juges d’instruction du pôle financier de Paris, dont Serge Tournaire, qui a déjà renvoyé l’ancien président devant le tribunal dans l’affaire Bygmalion. Sa garde à vue peut durer quarante-huit heures. Il pourrait être présenté aux magistrats à l’issue de sa garde à vue afin d’être mis en examen. Brice Hortefeux a de son côté été convoqué comme suspect libre. Il est actuellement entendu lui aussi par la police.

Depuis la publication, en mai 2012, par le site Mediapart d’un document libyen faisant état d’un financement par la Libye de Khadafi de la campagne de Nicolas Sarkozy, les investigations des magistrats ont considérablement avancé, renforçant les soupçons qui pèsent sur la campagne de l’ancien chef de l’Etat.

En novembre 2016, en pleine primaire du parti Les Républicains, l’intermédiaire Ziad Takieddine avait affirmé avoir transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et début 2007 avant de les remettre à Claude Guéant puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Mis en examen depuis pour « complicité de corruption d’agent public étranger » et pour « complicité de détournements de fonds publics en Libye », ces propos venaient confirmer ceux tenus le 20 septembre 2012 par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignement militaire du régime libyen devant le procureur général du Conseil national de transition libyen.

Un autre intermédiaire, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, présenté comme un personnage clé de l’enquête, a été arrêté en janvier à Londres. Il y est actuellement placé en détention, dans l’attente d’une audience sur son éventuelle extradition en France, prévue en juillet.

CHAN 2018 : Lions de l’Atlas VS Chevaliers de la Méditerranée

La cinquième édition du CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) se poursuit au Maroc. Après les matchs de quart de finale disputés les 27 et 28 janvier 2018, la compétition amorce sa dernière phase aujourd’hui avec les matchs du dernier carré. Le Maroc et la Libye se disputent le premier ticket qualificatif pour la finale.

Ce duel entièrement maghrébin aura lieu au stade Mohammed V à Casablanca ce soir à partir de 16h30. Avec le soutien de leur public, les Lions de l’Atlas partent légèrement favoris, mais l’entraîneur Jamal Sellami s’est montré méfiant en conférence d’avant match tenu hier. « La Libye a une bonne équipe et nous savons que nous allons jouer contre une super équipe. Nous avons besoin de nous concentrer et ne pas faire des erreurs », a-t-il indiqué. 

Etat d’esprit

Il a ensuite parlé de l’état d’esprit qui prévaut au sein de son groupe : « Nous travaillons sur l’état mental de nos joueurs parce que je crois que demain (31 janvier 2018, ndlr) sera plus difficile. Les deux pays ont un respect mutuel et cela se traduit au niveau des deux fédérations et des peuples, mais nous avons un match à jouer et nous voulons gagner. » 

Confiance

Le capitaine marocain Badr Benoun s’est quant à lui montré très rassurant. « Nous sommes prêts pour tout scénario et très confiant pour la victoire. La Libye a des problèmes dans son championnat, mais pour nous, il s’agit de respecter l’adversaire. Nous avions joué avec eux et gagné 5-1 mais demain sera différent », déclare-t-il.

Entre prudence et envie 

Du côté libyen, le coach Darko Novic, joue la carte de la prudence et espère damer le pion à son rival. « Le Maroc a une super équipe et ils ont vraiment progressé en football donc je serai heureux si nous les battons demain. J’ai un joueur blessé, mais c’est mineur donc nous aurons une équipe forte au départ. Nous avons un plan si nous partons aux prolongations ». Même son de cloche chez son capitaine Mohamed Nashnush, qui en plus, s’est montré très déterminé : « Nous ne craignons aucun joueur parce que nous croyons en notre équipe. Nous sommes ici pour gagner et nous allons travailler pour ça.»

Rencontres suivantes

La deuxième demi-finale opposera le Soudan au Nigéria, plus tard dans la soirée à 19h30. Les vainqueurs des deux rencontres s’affronteront lors de la grande finale prévue pour le dimanche 4 février 2018 à 19h tandis que la veille, samedi 3 février aura lieu la petite finale.
Le CHAN, compétition exclusivement réservée aux joueurs qui évoluent sur le continent, a commencé le 12 janvier dernier. 28 matchs ont été joués pour un nombre total de 47 buts marqués, soit une moyenne de 1,68 but/match. Le Marocain Ayoub El Kaabi est à la tête du classement des buteurs avec six réalisations.

L’Union européenne cherche un accord sur la migration

Le 7 janvier 2018, 48 Maliens ont trouvé la mort dans la Méditerranée, lorsque leur embarcation, au départ de la Libye vers l’Italie, a chaviré. Un drame de plus, qui souligne la difficile gestion du phénomène migratoire, auquel l’Union européenne tente d’apporter une solution concertée.

Dans un communiqué rendu public le 9 janvier 2018, le ministère Des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine a annoncé la mort de 48 Maliens dans le naufrage de leur bateau en partance pour l’Europe. Regrettant la situation, il a réitéré la volonté des autorités à mettre fin à cette migration clandestine qui continue à faire des victimes et invité les « familles des candidats au départ », a participé à la sensibilisation des jeunes, entreprise par les autorités, sur les dangers de cette migration irrégulière. Les drapeaux ont été mis en berne pour deux jours.

Au même moment, la France et l’Italie veulent renforcer leur cohésion dans la crise migratoire et l’avenir de l’Europe. Le président français, Emmanuel Macron, a entamé ce 11 janvier 2018 à Rome, une série de rencontres avec les dirigeants italiens afin de convaincre leurs partenaires européens sur la nécessité d’un accord sur l’accueil des migrants, car l’Italie constitue avec la Grèce, les principaux pays d’arrivée des migrants. « Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire qu’on a besoin de renforcer les éléments de solidarité pour mieux protéger nos frontières », a notamment déclaré le président français, à l’occasion du mini-sommet ayant regroupé sept pays du sud de l’Europe ce 7 janvier.

La France et l’Italie souhaitent, en outre, changer la règle, selon laquelle les demandeurs d’asile doivent déposer leurs dossiers dans le premier pays européen où ils arrivent. Une situation qui fait de l’Italie, la Grèce et l’Espagne les principaux concernés. Pour faire face à l’arrivée, toujours, massive des migrants, l’Italie a donc signé des conventions controversées avec la Libye, où un pouvoir central n’est toujours pas à l’ordre du jour et où certaines milices sévissent en toute impunité.

Mesure contestée

Pendant ce temps, les autorités françaises font face à l’opposition d’associations de défense des migrants qui ont saisi le Conseil constitutionnel afin de suspendre une circulaire du ministre de l’Intérieur, Monsieur Gerard Collomb. L’arrêté prévoit un recensement des demandeurs d’asile dans les centres d’accueil d’urgence pour déterminer ceux qui peuvent y avoir droit et prendre une décision de reconduite à la frontière pour les autres. Les associations qualifient cette décision de « déshumaine » ou « discriminatoire », car les centres d’hébergement d’urgence ne sont pas des « centres de tri. »

Migrants rapatriés de Libye : retour à la case départ

Face à l’horreur des pratiques obscures en Libye, l’État malien a décidé de rapatrier certains de ses enfants, sur la base du volontariat. Le 24 novembre, 124 migrants, sur les 170 initialement attendus, ont pu de nouveau fouler le sol de leur patrie. Comment sont-ils pris en charge ? Quel sort leur est réservé dans leur pays, qu’avaient pourtant fui pour des lendemains supposés « meilleurs » ? Mais surtout, que reste-t-il de ces personnes brisées ?

17 h 50. Pile à l’heure, l’avion s’est enfin posé sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta. Des jeunes hommes dont la moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, visage fatigué et même camouflé pour certains, démarche mollassonne, regards dans le vide, telles sont les premières images de ceux qui reviennent « bredouilles » au pays. Tous vêtus de la même manière : survêtement bleu marine ou gris.

Ils sont accueillis par des membres du gouvernement, des représentants de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et la Protection civile. Malgré la fatigue, certaines langues se délient timidement. « Les conditions étaient très difficiles, vendre des personnes comme des poulets, on voit cela en Libye maintenant. Grâce à Dieu, je n’ai pas connu cette situation. J’ai eu beaucoup de chance, car on était susceptibles d’être vendus partout », nous confie l’un des hommes. Interpellé par un agent de la Protection civile, il part rejoindre le reste du groupe, déjà à bord des cars affrétés en direction de Sogoniko. D’autres ressortissants maliens avaient auparavant pu rentrer volontairement par un vol opéré par les autorités nationales et l’OIM, notamment.

De la prison au camp de réfugiés

A la base de la Protection civile, c’est en file indienne que nous retrouvons ces jeunes hommes. Des médecins et des infirmiers sont là pour les ausculter et leur poser des questions. « Il ne faut pas prendre uniquement en compte les maladies somatique, c’est-à-dire, physiques. Nous avons détecté des infections, des maladies de la peau, des lésions cutanées d’origine traumatique, des infections respiratoires et des infections urinaires qui seront prises en charge ici ou dans les centres de santé », explique Sidiki Togo, Médecin – Commandant de la sous-direction Santé et secours médical de la Direction générale de la Protection civile.

Les arrivants sont ensuite invités à se diriger vers la cour extérieure, où il est procédé à leur identification.  Pour les migrants originaires d’autres localités que Bamako, des lits sont mis à disposition dans les dortoirs. Harouna se confie : « c’est le destin. Je ne m’attendais pas à ça », dit-il, encore secoué par les événements. Des amis du jeune homme de 19 ans l’avaient pourtant rassuré avant son périple. Eux sont en Algérie, où tout se passe bien, d’après Harouna. « Quand nous avons quitté le Mali, à la frontière algérienne cela n’a pas du tout été facile. Nous voulions même repartir, mais comme on nous avait aidés pour le financement du voyage, nous nous devions de continuer ».

Après quelques jours en Algérie, le calvaire atteint son paroxysme en Libye. « Ils nous ont lancé sur l’eau, mais le bateau était percé. La mort nous faisait face. On était 150 au départ, mais il y a  eu des morts. Les Asma Boys [les gangs de Tripoli qui s’en prennent aux Sub-sahariens : NDLR]  » sont venu nous prendre et nous jeter en prison, en nous demandant de l’argent pour sortir. Nous n’en avions pas. Chaque jour, on mettait du courant sur nous, on nous frappait. On nous donnait un pain tous les jours à 16 h, avant de nous dire d’appeler nos familles. Quand appelais plus de 30 secondes, on te frappait pour que ta famille t’entende. Nous sommes restés quelques mois à Sabratha, une ville au bord de l’eau. La police et l’OIM sont venus casser la prison et nous libérer, avant de nous amener dans un camp de réfugiés. J’y suis resté presque deux mois », explique le rescapé. Malgré le récit de ce calvaire, sa joie est manifeste : « aujourd’hui, pour moi, c’est une fête, parce que je suis rentré ».

Issa, un rêve brisé

En attendant de prendre place dans les dortoirs ou de voir leur famille venir les chercher, ces hommes ne se laissent pas abattre. En dépit de la fatigue, de la peur et de l’échec, car leur projet de vie n’a pas pu aboutir, leur foi est intacte. Certains font leur prière à même le sol, faute de tapis. Parmi les plus jeunes, nous discutons avec Issa, 15 ans seulement. Son rêve était de devenir footballeur dans un club européen. « Mes parents m’ont motivé pour partir, parce que je savais jouer au foot. Mon grand frère m’a donné l’argent », dit-il. Son rêve est brisé et sa voix tremblante. Quand l’adolescent se replonge dans ses souvenirs macabres, l’émotion est palpable. « Mon voyage s’est très mal passé. On m’a mis dans le coffre d’une voiture, enfermé, ligoté, avec un grillage et des bâches très sales sur moi. On vous attache à deux ou trois personnes. Dans le désert, les bandits vous agressent et prennent votre argent, quand ils ne vous tuent pas. Il y a beaucoup de morts. On ne peut pas tout dire, wallaye ! ». Deux mois après son arrivée, Issa s’est retrouvé derrière les barreaux pendant six mois. Son message aux potentiels candidats à l’immigration irrégulière est sans appel : «  Même à mon pire ennemi je ne conseillerais pas d’emprunter cette route-là. Je ne veux plus y aller. La Libye, c’est l’enfer. Si vous avez du talent, il faut travailler dans votre pays. C’est Dieu qui donne l’argent. Quand tu marches dans le désert, ce sont des corps couchés que tu enjambes. C’est n’est pas facile », conclut Issa, avant qu’un agent de l’OIM ne l’escorte, car il est trop affaibli pour tenir sur ses deux jambes.

Des « frères » comme bourreaux

Le plus âgé des migrants a bien voulu faire part de son expérience au Journal du Mali. Yaya, 36 ans, éprouve beaucoup d’amertume face aux bourreaux qui règnent en maîtres dans les prisons libyennes. « On a tendance à indexer, à tort, les Arabes pour les exactions commises à l’encontre des Noirs. Ce sont plutôt les Noirs qui se maltraitent entre eux. Ce sont eux qui font les prisons et ce sont eux qui torturent », déplore ce Malien. En maltraitant leurs propres « frères », ces bourreaux espèrent sauver leur peau. « Il est même promis au tortionnaire qui arrivera à obtenir le plus de rançons, un voyage tout frais payé vers l’Italie. Ils ont trois mois pour cela et ils s’en donnent à cœur joie ». Yaya poursuit : « il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. Celle d’un jeune plein d’entrain, toujours le bon mot pour mettre l’ambiance. Il s’est fait égorger et éventrer et ce sont des Noirs qui ont fait ça ».

Une nouvelle semaine vient de commencer à Bamako et la vie reprend son cours dans une famille de Daoudabougou. A l’heure de la sortie des cours, nous retrouvons deux frères, partis sur la route sinueuse de l’Europe tant rêvée. Cette famille avait investi trois millions de francs CFA pour faire partir ses deux fils, mais, de retour de Libye, impossible de remettre la main sur cet argent, prêté par des parents. Ali, le benjamin voulait passer son bac en France, et il peine encore à retrouver ses marques. « À mon retour à Bamako, l’école avait déjà repris. La semaine dernière, j’ai pu m’inscrire pour cette nouvelle année, mais je suis en retard alors que je dois passer le bac ». Son frère aîné, Kodéré, voulait « aider la famille. Nous n’avons pas grand-chose et l’idée était d’aller en Libye pour changer nos conditions de vie ». Délégué par le chef de famille, Mohamed, le grand frère, remercie Dieu d’’avoir retrouvé ses petits frères. Mais « ils sont revenus malades. Nous les avons donc emmenés à l’hôpital où les médecins ont dit qu’ils étaient déshydratés. Nous étions très contents de les voir, car les informations qui nous parvenaient n’encourageaient pas à l’optimisme. Ils ne sont pas totalement guéris, le traitement continue. Nous avons fait beaucoup de dépenses pour les soigner et nous ne sommes pas couverts par l’Assurance Maladie Obligatoire ».

Quid des aides promises ?

« Pour l’heure, nous ne bénéficions d’aucune aide. L’OIM nous a promis d’aider mes frères à monter un projet et de nous rembourser les frais d’ordonnance. Cela fait trois semaines et nous n’avons pas de nouvelles », explique Mohamed. L’organisation assure que des initiatives sont en cours. « Elles vont permettre de bénéficier d’activités de réintégration et aux communautés d’origine des migrants d’avoir des projets productifs. Tout cela est important quand c’est couplé avec des messages de sensibilisation », précise Bakary Doumbia, représentant de l’OIM au Mali. Comme les deux frères de Daoudabougou, Yaya évoque le soutien de l’OIM, sans trop y croire. « Ça ne me dit rien, je sais ce qu’est le Mali. Tu présentes tes documents de projet et ils vont prendre la poussière, à tel point que tu les oublieras toi-même ».

Yaya comptait mettre les voiles sur l’Italie, mais décidera de s’établir en Libye. Après quelques déboires à Sebha, il s’installe à Tripoli, « plus sûre ». « J’ai eu beaucoup de chance. J’étais au service d’un vieil arabe qui m’a traité comme son fils. Il savait ce que c’était que d’être dans un pays étranger. Je vivais dans l’une de ses maisons et j’étais bien payé. Je ne pouvais rêver mieux ». Après un an, la vie de Yaya a basculé lors d’une simple course. « Sur la route, une voiture s’est brusquement arrêtée devant moi. Dedans, il y avait des soldats libyens. Ils m’ont demandé de monter. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont menacé avec une arme. Je me suis donc exécuté et ils m’ont emmené à l’Immigration ». Pendant un mois, ce sera le centre de rétention, avant l’embarquement dans un charter pour Bamako. Yaya a laissé derrière lui ses effets personnels et trois millions de francs CFA. « Cet argent devait me servir à rentrer au Mali en 2018, à me marier et à monter un élevage de volailles. Là, je repars à zéro ». Yaya ne peut compter aujourd’hui que sur lui-même et sur ses proches pour construire au mieux son avenir chez lui, au Mali.

 

123 Maliens arrivent de Libye

Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine le Docteur Abrahamane Sylla a animé une conférence de presse ce 24 novembre 2017, quelques heures avant l’arrivée prévue des 123 Maliens rapatriés de Libye. Tout en rappelant l’importance de la migration dans notre pays, il a affirmé l’opposition du gouvernement à la migration irrégulière et exposé les programmes mis en œuvre pour faciliter la réinsertion de ces Maliens de retour.

Depuis le début de l’année 3 715 Maliens ont été rapatriés de Libye. Un pays aujourd’hui en proie à l’instabilité et l’insécurité exposant les migrants qui y vivent à toutes sortes d’abus et de violence. C’est dans ce contexte difficile que 123 Maliens arrivent à Bamako.

Le 7 décembre 2017, un autre vol est prévu pour rapatrier d’autres Maliens de ce pays. Des Maliens en situation difficile et dont certains sont même en prison selon le ministre Sylla, qui précise que des négociations sont en cours pour leur libération. En raison des conditions difficiles que rencontrent ces Maliens de retour, les autorités ont envisagé des projets de réinsertion à leur intention. « Nous ne sommes pas contre la migration, nous sommes contre la migration irrégulière qui coûte la vie aux jeunes », affirme le ministre Sylla.

« Entre 2016 et 2017, 12 00 jeunes ont été réinsérées à travers des projets mis en place par le ministère », selon le ministre Sylla. Des projets que le gouvernement mène parallèlement avec une politique de sensibilisation pour l’abandon de la migration irrégulière, selon le ministre Sylla.

« Nous disposons d’un fonds de 99 milliards pour aider les jeunes à rester dans leurs localités d’origine et aider à la réinsertion de ceux qui sont de retour », affirme le ministre des Maliens de l’extérieur. Un fond mit à la disposition grâce aux différents partenaires de l’État. Ce sont des projets nationaux pour permettre de maintenir les jeunes, dans le domaine de l’anacarde et d’autres dans le domaine dans le domaine de l’artisanat. Pour ceux qui ne sont intéressés ni par l’anacarde ni par l’artisanat, ils peuvent également bénéficient de financement pour leur projet de réinsertion, précise le ministre Sylla.

 

Mali : sit-in devant l’ambassade da la Libye à Bamako

Depuis quelques jours, le monde entier découvre une pratique obscurantiste. Il ne s’agit pas du commerce triangulaire, mais d’une vente aux enchères des migrants d’Afrique subsaharienne en Libye. Un pays effondré. Au Mali, des voix protestent et l’appel à la mobilisation est donné pour ce lundi 20 novembre.

« Indignation », « inhumain », « intolérable », « révoltant ». Un vocabulaire qui inonde les réseaux sociaux de par le monde. La découverte de la vente des Africains sub-sahariens en Libye a heurté bien des consciences. En ce 21e siècle, sur un territoire africain, des hommes sont vendus comme du bétail. Des vidéos circulant sur internet montrent des jeunes africains aux visages meurtris. D’autres témoignent de leur calvaire dans ce pays pourtant jadis « défenseur » d’un panafricanisme viril. L’émotion a été immédiate, face à des images glaçantes et souvent insoutenables. Des Maliens, parmi ces sub-sahariens seraient parmi ce lot d’infortunés. 

Protestation à Bamako

Pour montrer sa désapprobation face à une telle pratique, le mouvement Trop c’est Trop qui a appelé à une mobilisation à l’échelle continentale monte au créneau. À Bamako, des manifestants se sont retrouvés aux environs de dix heures, ce matin, devant l’ambassade de la Libye. Sur des banderoles qu’ils exhibent, des slogans dénonçant l’esclavage. « Non à l’esclavage », « l’homme noir n’est pas une valeur marchande », « En Libye nous ne sommes que des esclaves !!! », peut-on lire. Selon le président du mouvement Malick Konaté, l’objectif est d’arrêter la situation en Libye. « Nous voulons interpeller les autorités et les acteurs pour mener des enquêtes, il faut aussi libérer immédiatement tous ceux qui ont été vendus et les mettre dans leurs droits » proteste-t-il. Selon lui, c’est toute la jeunesse malienne qui est mobilisée. « Ce sont des Africains qui sont vendus, qu’il y ait des Maliens ou pas, c’est ce qui est important chez nous pour nous. Nous sommes tous interpellés, par ce que ce sont des peaux noires comme nous », poursuit-il l’air révolté. Des artistes et hommes politiques étaient aussi au sit-in, parmi lesquels, Master Soumi et Tieblé Dramé du Parena. À l’issue de ce rassemblement des associations, société civile et partis politique, un projet de déclaration est assorti. Ce projet « condamne avec rigueur les exactions et les traitements inhumains » que subissent les ressortissants des pays africains en Libye. Ils interpellent par conséquent le gouvernement du Mali, les Nations unies et toute la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour le respect des instruments juridiques internationaux. Face au choc engendré, plusieurs internautes ont été déçus des timides réactions des chefs d’Etats africains.

Du côté des politiques 

Le gouvernement du Mali dans un communiqué s’est dit « profondément préoccupé et indigné par les informations faisant état de traitement inhumain et dégradant réservé aux migrants africains en Libye.» Tiken Jah, l’artiste ivoirien, invite lui, à arrêter les ‘’blabla politiques ’’. La star du reggae propose en effet dans une publication sur son compte Facebook, le renvoie de tous les ambassadeurs de la Libye des pays de la CEDEAO. Une mesure selon lui qui pousserait les « dirigeants de la Libye, à accélérer l’enquête et la libération de nos frères et sœurs détenus par des esclavagistes », s’indigne-t-il.

Libye : indignation et mobilisation sur le sort des migrants réduits en esclavage

C’est au cours d’un reportage diffusé cette semaine  sur la chaîne américaine CNN que le monde s’est vraiment rendu compte de l’existence d’un trafic d’êtres humains en Libye. Les migrants y sont vendus comme esclaves alors que ces derniers ont fui des conditions de vie difficiles. Ces images ont suscité de vives réactions qui ont entraîné une vague de mobilisations.

Une vérité éclate au grand jour ! Depuis le début de la semaine, c’est le monde entier qui est stupéfait de la situation des migrants en Libye. Le pays est l’une des étapes incontournables pour atteindre l’Europe via l’Italie. Autrement dit « l’eldorado » tant fantasmé. Pourtant, leur sort est connu depuis assez longtemps, mais le voir et l’entendre a provoqué un électrochoc. Cela a pu se produire à la suite d’un reportage réalisé par deux confrères de la chaîne américaine CNN. Ce qu’on y voit ? Des migrants d’Afrique sub-saharienne réduits en esclavage et vendus aux plus offrants. Les sommes allant de 500 à 700 dinars libyens (soit environs 285 000 francs CFA)

« Qui a besoin d’un mineur ? C’est un mineur, un grand homme fort, il va creuser », assure un passeur. Voilà ce que l’on peut entendre dans les images diffusées par CNN.

 

Les instances internationales

L’Union africaine, par la voix du Président en exercice, Alpha Condé, s’est indigné de la situation. « J’invite instamment les autorités libyennes à ouvrir une enquête, situer les responsabilités et traduire devant la justice les personnes incriminées et à revoir les conditions de détention des migrants », exhorte le Président guinéen. « Ces pratiques modernes d’esclavage doivent cesser et l’Union africaine usera de tous les moyens à sa disposition pour que plus jamais pareille ignominie ne se répète », prévient M. Condé.

Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut Commissaire des Nations unies (ONU) aux droits humains n’a pas hésité à qualifier d’« inhumaine » la coopération de l’Union européenne avec ce pays. Cet « esclavage des temps modernes » est un « outrage à la conscience de l’humanité », a-t-il poursuivi.

Manifestations devant les ambassades libyennes

Du côté de la société civile, on assiste à des élans de mobilisations aussi bien sur le continent qu’en Europe. « Non à la discrimination et au marchandage des migrants sub-sahariens en Libye », est l’intitulé de la conférence de presse qui s’est tenu, ce samedi 18 novembre, au sein des locaux de la Radio Libre de l’artiste engagée Tiken Jah Fakoly. Pour les circonstances, il était accompagné d’Ousmane Diarra, Président de l’Association Malienne des Expatriés (AME) et de Malick Konaté, porte-parole du mouvement Trop c’est trop.

Chez nos voisins guinéens, en plus du chef de l’État qui s’est exprimé, certains de ses concitoyens se sont levés pour se rassembler devant l’ambassade de la Libye à Conakry.

En France, également, des personnalités appellent à la mobilisation pour dénoncer ce fléau. À l’instar des chanteurs Mokobé et Cheick Tidiane Seck et de l’acteur Omar Sy.

La Libye est le piège qui se referme sur ces migrants en quête d’un « eldorado » qui s’apparente à un enfer, au vu de ce qu’ils subissent. Ces conditions déplorables, vécues par les migrants sub-sahariens, ne datent pas d’aujourd’hui. Des politiques avaient été mises en place pour sensibiliser les potentiels candidats à la traversée sur les risques encourus. Au Mali, la chanteuse Rokia Traoré n’a pas hésité à user de sa notoriété afin de prêter mains fortes à l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) ainsi qu’aux autorités italiennes lors de la campagne Aware Migrants. Son message, elle le diffuse à travers un clip vidéo tourné entre Bamako et Bruxelles. Nous sommes en 2016.

Des témoignages d’hommes et de femmes viennent renforcer le message de l’artiste. Ces derniers déplorent, entre autres, ce qui se passe dans un pays « frère ».

Cette nouvelle forme d’esclavage est possible, car les bateaux qui réussissent à franchir la Méditerranée sont de moins en moins nombreux. Ce qui fait que les passeurs se retrouvent avec des personnes « sous le bras ». Que faire alors ? Les vendre pour soutirer encore plus d’argent sur le dos de la misère humaine.

Libye: Haftar et Sarraj s’engagent à un cessez-le-feu dans un projet de déclaration

Les deux principaux rivaux dans la crise libyenne, le chef du gouvernement de Tripoli Fayez al-Sarraj et l’homme fort de l’est Khalifa Haftar, s’engagent à un cessez-le-feu et à l’organisation d’élections dès que possible, selon un projet de déclaration diffusé mardi par la présidence française.

Ce « document de travail » a été diffusé avant la rencontre entre MM. Sarraj et Haftar prévue dans l’après-midi à la Celle-Saint-Cloud, en région parisienne, sous les auspices du président français Emmanuel Macron.

Selon des sources diplomatiques, les deux frères ennemis se sont accordés sur une déclaration, mais le texte diffusé n’est pas la version définitive, même s’il reprend les principaux points évoqués depuis quelques jours.

Le projet de déclaration, en dix points, réaffirme que seule une solution politique permettra de sortir de la crise libyenne, et réitère la validité des accords de Skhirat, signés en 2015 sous l’égide de l’ONU.

Le cessez-le-feu ne s’appliquerait pas à la lutte antiterroriste, précise le texte, qui appelle également à la démobilisation des combattants des milices et à la constitution d’une armée libyenne régulière.

Il insiste aussi sur la construction d’un Etat de droit en Libye, et au respect des droits de l’Homme.

La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du colonel Kadhafi fin 2011, et plusieurs autorités rivales ainsi que des myriades de milices se disputent le contrôle du territoire.

Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’entente nationale (GNA), est reconnu par la communauté internationale mais peine à asseoir son autorité depuis plus d’un an. Le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée armée nationale libyenne, répond aux autorités de l’est, qui ne reconnaissent pas la légitimité de Sarraj, et ses forces accumulent les gains militaires sur le terrain.

Le maréchal Haftar annonce sa victoire face aux djihadistes Benghazi

Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, a annoncé mercredi soir la «libération totale» de la ville de Benghazi des djihadistes , après plus de trois ans de combats meurtriers.

«Après une lutte continue contre le terrorisme et ses agents, qui a duré plus de trois ans (…) nous vous annonçons la libération de Benghazi du terrorisme. Une libération totale…», a déclaré le maréchal Haftar dans un discours à la télévision.

La Libye est livrée au chaos depuis la chute de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Au cours du printemps 2014, le maréchal Haftar avait lancé une opération qu’il a appelée «Dignité» pour reprendre la ville de Benghazi, bastion de la révolution libyenne de 2011 qui était alors tombée aux mains des djihadistes .

Parmi les groupes armés actifs dans cette deuxième ville de Libye, figuraient le Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi, une coalition de milices islamistes comprenant notamment des membres présumés de l’organisation Etat islamique (EI) et d’Ansar Asharia, un groupe proche d’Al-Qaïda qui a annoncé sa dissolution fin mai.

 Hommage «aux caravanes de martyrs»

Dans son discours, le maréchal Haftar a rendu hommage «aux caravanes de martyrs» tués dans les combats contre les djihadistes , ajoutant que Benghazi entrait aujourd’hui «dans une nouvelle ère de paix, de sécurité, de réconciliation (…) et de reconstruction».

Les forces loyales à Haftar avaient annoncé plus tôt dans la journée une importante percée dans les derniers bastions des djihadistes à Benghazi.

L’armée nationale libyenne (ANL) auto-proclamée, par Haftar, avait ainsi annoncé la fin des opérations militaires dans le quartier de Soug al-Hout, ajoutant avoir avancé dans le quartier central d’al-Sabri, selon le général Abdessalam al-Hassi, chef de la cellule des opérations.

Abdessalam al-Hassi avait précisé à l’AFP que les derniers djihadistes étaient cernés dans un petit périmètre du quartier d’al-Sabri et faisaient l’objet d’attaques sur trois fronts, sous une couverture des forces aériennes. Il avait ajouté que l’annonce de la «libération» totale de Benghazi, deuxième ville du pays située à 1000 km à l’est de Tripoli, était imminente. Le maréchal Haftar a annoncé plus tard la «libération totale» de la ville.

Deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : un gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et des autorités non reconnues basées dans l’est du pays, auxquelles est lié le maréchal Haftar.

Interlocuteur indispensable

Haftar, un ancien dignitaire du régime Kadhafi qui a aussi vécu aux Etats-Unis, est accusé par ses rivaux, en particulier les puissantes milices de Misrata (ouest), de vouloir instaurer un régime militaire en Libye.

Ses ennemis mettent aussi en doute ses capacités militaires. L’ANL a perdu beaucoup d’hommes et a eu du mal à en découdre avec les groupes djihadistes dans l’est, pourtant très affaiblis.

Le maréchal a pu compter sur le soutien de l’Egypte voisine ainsi que des Emirats arabes unis, avant de se rapprocher de la Russie début 2017.

Alors qu’aucun poste ne lui a été attribué dans l’accord politique interlibyen conclu fin 2015 et qui avait abouti à la formation du GNA, le maréchal Haftar s’est imposé comme un interlocuteur indispensable, notamment après s’être emparé de quatre terminaux pétroliers dans l’est, d’où s’exporte la majorité du pétrole libyen.

L’ANL n’a pas communiqué un bilan d’éventuelles victimes durant les cinq derniers jours. Le dernier bilan connu faisait état de 48 soldats tués dans les combats au cours du mois de juin dans les combats, selon des sources médicales à Benghazi.

Libye : Le retour des Kadhafi ?

Saif al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-raïs libyen, a été libéré par un groupe armé dans l’ouest de la Libye, où il était détenu depuis 2011. Le fils préféré de Mouammar Kadhafi pourrait devenir un acteur non négligeable pour l’avenir de son pays, en pleine dislocation depuis l’insurrection de 2011.

Saif al-Islam Kadhafi, détenu depuis 6 ans dans la ville de Zintan par la milice rebelle Abubakr al Sadiq, en conflit ouvert avec le gouvernement de Tripoli, a été libéré dimanche 11 juin, en vertu d’une loi d’amnistie adoptée par un parlement basé dans l’est de la Libye. L’annonce a été faite par son avocat, Khaled al-Zaidi. Le fils du guide libyen a ensuite été emmené vers une autre ville libyenne dont le nom est tenu secret pour des raisons de sécurité. Libéré, Saif al-Islam n’en est pas moins toujours recherché par les autorités judiciaires de Tripoli, qui l’ont condamné à mort par contumace le 28 juillet 2015, lors d’un procès dénoncé par l’ONU. Son avocat a pourtant ajouté lors de l’annonce de sa libération, qu’il pourrait « jouer un rôle majeur dans la trêve en Libye ». Une déclaration pour le moins mystérieuse, alors que la Libye est en proie à l’anarchie et aux guerres intestines, sous le contrôle variable d’un ensemble complexe de groupes armés et de gouvernements en compétition pour contrôler le pays et ses ressources. Avant l’insurrection en Libye, Saif al-Islam, âgé de 44 ans, était le fils le plus en vue du colonel Kadhafi et a souvent été présenté comme un successeur réformiste.

Nostalgie Les fidèles de Kadhafi en dehors de la Libye ainsi que certains dans l’est du pays, où le maréchal autoproclamé, Khalifa Haftar, s’est rendu maître de toute la Cyrénaïque et de ses raffineries de pétrole, ont poussé à la libération du fils du défunt dictateur libyen. Une éventuelle alliance avec le général Haftar pourrait être envisageable, selon certains observateurs, avec le soutien de l’Égypte, elle-même supplétive des Américains dans ce dossier. D’autres pensent que le fils Kadhafi pourrait aussi se rapprocher du gouvernement de Fayez El-Sarraj à Tripoli. Quoi qu’il en soit, le fait qu’il soit libre, connaisseur de tous les secrets du régime avec les pays occidentaux, et qu’il porte le nom du dernier raïs, font plus que jamais de Saif al-Islam un ennemi à abattre mais aussi un allié convoité. Le retour d’un Kadhafi au pouvoir est désormais une possibilité à ne pas écarter.

 

Libye : Saïf Al-Islam, fils cadet de Kadhafi, libéré

Le fils du défunt dirigeant libyen a été relâché par la milice qui le détenait depuis le soulèvement contre son père, en 2011.

La ville de Zinten, pôle militaire influent du djebel Nefoussa, les monts au sud-ouest de Tripoli, était plongée dans une vive tension au lendemain de l’annonce, samedi 10 juin, de la libération de Saïf Al-Islam Kadhafi, 44 ans, fils cadet de l’ancien « Guide » libyen renversé par la révolution de 2011. Détenu à Zinten après son arrestation en novembre 2011, Saïf Al-Islam se trouve, depuis environ un an, au cœur d’un imbroglio politico-judiciaire particulièrement trouble, partisans et adversaires de sa libération s’affrontant autant à Zinten qu’à l’extérieur.

Après plusieurs annonces de son élargissement restées sans suite, la déclaration diffusée samedi par Ajmi Al-Atiri – le chef de la brigade Abou Bakr As-Siddiq, qui détient le célèbre prisonnier –, affirmant que ce dernier avait quitté Zinten, est cette fois jugée sérieuse par les Zintenis contactés par Le Monde. « Il a en effet été libéré », confirme Mohamed El Gorj, porte-parole du bureau des médias de la municipalité. Outre la déclaration d’Ajmi Al-Atiri, la libération avait été annoncée par l’avocat libyen de Saïf Al-Islam Kadhafi, Khaled Al-Zaïdi.

L’information a aussitôt suscité des réactions hostiles de la part de groupes à Zinten partisans d’un maintien en détention du fils de l’ancien « Guide ». Des manifestants en colère auraient tiré des coups de feu en l’air. Berceau de la révolution de 2011, Zinten avait rallié lors de l’éclatement de la guerre civile de l’été 2014 le camp de Tobrouk (Est), opposé au bloc politico-militaire à inclination islamiste de Fajr Libya (« aube de la Libye »), qui s’était alors imposé à Tripoli. Tobrouk est le siège du Parlement soutenant le maréchal Khalifa Haftar, chef en titre de l’Armée nationale libyenne (ANL) et homme fort de la Cyrénaïque (Libye orientale).

Pas vu en public

A Zinten, la faction la plus proche du camp Haftar, mouvance où s’activent des figures de l’ancien régime, militait pour une libération de Saïf Al-Islam. Une autre faction, fidèle aux idéaux de la révolution de 2011, s’y opposait. Samedi soir, une déclaration commune du conseil militaire et du conseil municipal a dénoncé la libération de Saïf Al-Islam, illustrant la fracture de la cité.

Le mystère reste toutefois entier sur le lieu où le fils de Mouammar Kadhafi aurait trouvé refuge. Des informations non confirmées font état d’un départ vers Tobrouk. D’autres évoquent un exil à l’étranger. L’intéressé n’a pour l’instant pas été vu en public ni n’a fait de déclaration. Le secret qui l’entoure s’explique en grande partie par des considérations de sécurité.

La plupart des analystes s’accordent à imputer la récente évolution du sort politico-judiciaire de Saïf Al-Islam Kadhafi aux grandes manœuvres déployées par le camp du maréchal Haftar. Ce dernier cherche à consolider son alliance avec des réseaux kadhafistes afin de renforcer sa position vis-à-vis du gouvernement d’« union nationale » de Faïez Sarraj, qui a pris le contrôle de Tripoli en mars 2016 avec le soutien des Nations unies et des capitales occidentales. Déjà au printemps 2016, le Parlement de Tobrouk avait adopté une loi d’amnistie dont Saïf Al-Islam Kadhafi était censé avoir bénéficié. Aux côtés de huit autres anciens dirigeants du régime déchu, il avait été condamné à mort en juillet 2015 par une cour spéciale de Tripoli pour son rôle joué dans la répression des insurgés de 2011.

Conflit larvé

Mais ce jugement avait été prononcé par contumace, car cette cour n’exerçait de facto aucune autorité sur Zinten où était détenu l’intéressé. Bien que Zinten reconnaisse Tobrouk, la loi d’amnistie du printemps 2016 n’avait pu être exécutée en raison des divisions au sein de la ville entourant le sort de Saïf Al-Islam. Les partisans de sa remise en liberté ont apparemment redoublé d’activité ces dernières semaines. Fin mai, un haut cadre du ministère de la justice du gouvernement de Tobrouk s’est rendu à Zinten pour réaffirmer qu’à ses yeux Saïf Al-Islam était un homme libre.

Si cette libération devait se confirmer, elle est de nature à peser sur les équilibres politico-militaires d’une Libye fragilisée par le conflit larvé qui oppose les camps rivaux de M. Haftar à Tobrouk et de M. Sarraj à Tripoli. « Une déclaration de soutien à Haftar d’un Saïf Al-Islam libre mettrait Tripoli sous pression », affirme un observateur libyen basé à Tunis. Des fiefs kadhafistes comme Tarhounah ou Beni Oualid, au sud-est de Tripoli, ou le réseau tribal des Warshefana, présent à l’ouest de la capitale, pourraient se mobiliser dans cette éventualité pour soutenir une offensive du maréchal Haftar sur Tripoli. La libération de Saïf Al-Islam est bien plus qu’une simple péripétie judiciaire.

Immigration féminine : Pour une vie meilleure

27 850 personnes sont arrivées par la mer en Europe depuis le début de l’année 2017, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). 655 autres sont mortes ou portées disparues en voulant tenter la traversée. Malgré ces chiffres sinistres, ceux qui tentent l’aventure sont de plus en plus nombreux. Parmi eux, un nombre croissant de femmes accompagnées ou non de jeunes enfants. Quête d’une vie meilleure pour elles-mêmes mais surtout pour leur progéniture, prise de risque, les migrantes jouent le tout pour le tout et en paient un prix souvent plus lourd que celui des hommes.

Faire témoigner une migrante n’est pas chose aisée. Les langues se délient difficilement, voire pas du tout. Le sujet est tabou, en parler est gênant, voire dangereux. Malgré cette omerta, une Malienne accepte de nous narrer son histoire. Semblable à celle de milliers d’autres femmes, venues d’Afrique, du Moyen-Orient, par le désert ou par la mer. Une histoire d’espoir, minée par les privations et les drames, le compromis et la suspicion, même quand le voyage est fini. « Nos appels sont surveillés, donc je ne serai pas longue, je n’ai pas encore de documents solides, je ne veux pas de problème », lance celle que nous appellerons M., en guise d’introduction. Son périple débute à Bamako le 18 septembre dernier. Depuis la capitale malienne, elle gagne Gao à près de 1 200 km. « À Bamako, l’intermédiaire que j’ai a rencontré, a fait une copie de mon passeport et c’est aussi lui qui m’a payé mon billet ». Une fois arrivée à la cité des Askia, elle est prise en charge par une autre personne. « J’y ai passé deux jours, attendant d’autres qui comme moi voulaient partir. C’est lorsque notre nombre s’est étoffé que nous avons fait route vers le Niger ». À Agadez, une personne qui semble appartenir aux bureaux de l’OIM dans la région vient la voir pour la dissuader de continuer son voyage et lui propose des solutions alternatives. « L’intermédiaire m’a lancé un méchant regard et m’a fait des remontrances en me disant de rester bien sagement dans mon coin si je voulais que mon voyage se passe bien », se souvient-elle. Dans l’extrême nord nigérien où il fait très chaud, elle reste une semaine avant de faire route vers la Libye. « Nous dormions entassés à plusieurs dans des chambres délabrées au milieu des bestioles. Certaines femmes, par crainte de se faire agresser, faisaient leurs besoins à l’intérieur même de la pièce ».

Trajet périlleux Ils sont une vingtaine dans un pick-up à s’engouffrer dans le vaste désert libyen. La promiscuité et l’inconfort sont totaux. « Nous (les femmes, ndlr) étions assises les unes sur les genoux des autres sur la banquette arrière, les hommes étaient à l’arrière ». Attachés entre eux à l’aide de cordes avec un gros nœud tout autour du véhicule pour les empêcher de tomber. Certains d’entre eux sont au bord de l’asphyxie. « La route est difficile et pleine de secousses, beaucoup criaient de douleur à l’arrière mais le chauffeur n’y prêtait aucune attention. La soif est le plus grand défi. La tentation de vider sa bouteille d’un trait est grande mais on s’abstient pour pouvoir en profiter plus tard ». Après presque deux jours de course, les passagers sont priés de bien vouloir continuer à pied. Une marche d’une quinzaine de kilomètres dans un paysage de dunes et de sables épais à perte de vue jusqu’à la ville libyenne de Sahba. Après y avoir passé quelques jours, le groupe gagne Tripoli situé à 700 km de là. « Ça ne ressemble plus à rien. On ne voit que des bâtiments en ruine et des impacts de balles sur presque tout », se souvient M. Un véritable no man’s land où sévissent plusieurs groupes armés depuis la crise de 2011, qui se livrent eux aussi au trafic de migrants. « La déstabilisation de la Libye a eu pour conséquence l’accroissement du trafic. Avec Kadhafi, on n’entendait même pas parler de migrants », analyse Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés (AME).

À Tripoli, ils passent trois semaines cachés dans un entrepôt, dans des conditions exécrables. « Comme nourriture on avait droit à du fromage, du pain et une petite bouteille d’eau. Le soir c’était tout le temps ou presque des pâtes », raconte M. C’est la dernière étape avant la traversée vers l’Europe, étape tout aussi difficile que les précédentes. Entre la surcharge des embarcations, la fragilité de celles-ci face aux flots de la Méditerranée, mais aussi avec la violence. « Ceux qui partent n’ont le plus souvent qu’une vague idée des véritables dangers. Les passeurs sont de plus en plus violents et les femmes, plus fragiles, sont souvent l’objet de violences sexuelles », explique le Dr Brema Ely Dicko, chef du département de sociologie et anthropologie de l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB). Pour embarquer à destination de l’Italie, à 300 km des côtes libyennes, il faut payer 700 000 francs CFA. Ceux qui ne les ont pas se font battre, certains sont torturés… « Nous étions près d’une centaine dans le bateau. On se collait du mieux qu’on pouvait. On pouvait sentir l’eau sur nous. Il faisait très froid, nos maigres couvertures ne suffisaient pas », raconte M. dont la voix faiblit à l’autre bout du fil. Avec elle à bord, vingt autres femmes, dont trois sont enceintes. « J’avais beaucoup de peine pour elles. C’est mon sort qui me préoccupait avant tout, mais être enceinte et dans ces conditions c’est difficile. Avant d’embarquer, ils nous avaient dit de crier dès que nous apercevrions les côtes italiennes et que les Européens viendraient nous sauver ». C’est ce qui arriva après huit heures passées en mer : un bateau norvégien de l’opération Triton (pour la surveillance et le sauvetage) les a récupérés pour les conduire vers les côtes siciliennes.

Visage féminin « Il y a autant de femmes qui émigrent que d’hommes. Dans les statistiques mondiales, les femmes seraient même un petit peu plus nombreuses », assure le Dr Dicko. Au Mali, elles seraient 30 à 35% toujours selon le sociologue. « La première cause des départs étaient dans le cadre d’un regroupement familial. Maintenant elles partent toutes seules dans l’espoir de s’assurer des lendemains meilleurs en Occident ». Quatre millions de Maliens au moins vivent  à l’étranger, selon le ministère des Maliens de l’extérieur. Mais ce nombre est loin d’être exhaustif et ne prend pas en compte les migrants irréguliers. « 87% des femmes partent pour des raisons économiques et elles sont pour la plupart adultes et analphabètes », explique Mariam Traoré qui s’occupe des questions du genre au Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM). M. colle à ce profil. Après son divorce, elle a longtemps mûri et préparé son voyage. Trois années lui auront été nécessaires pour rassembler les fonds qui allaient financer son projet. « J’ai trois enfants que j’ai confiés à leur grand-mère. C’est pour eux que j’ai pris le risque de partir. C’est à la femme divorcée de supporter le plus souvent la charge de ses enfants, surtout si le père est polygame. Je veux leur offrir une meilleure vie que j’en ai eu », conclut-elle. Son périple est loin d’être terminé. Notre interlocutrice qui se trouve actuellement dans un centre de la Croix-Rouge en Italie, ne compte que les jours qui la séparent d’une nouvelle opportunité de prendre le large. Pour l’Allemagne, cette fois-ci : c’est l’eldorado qu’elle s’est choisi.

 

Nouveau naufrage en Méditerranée: 146 disparus, selon l’unique survivant

Quelque 146 migrants sont portés disparus après un nouveau naufrage au large de la Libye, selon le récit livré mercredi à l’ONU par le seul survivant, un jeune Gambien secouru apparemment par hasard en mer.

Ils venaient du Nigeria, de Gambie ou encore du Mali, il y avait parmi eux cinq enfants et plusieurs femmes enceintes, a raconté cet adolescent de 16 ans à un représentant du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) à l’hôpital de Lampedusa, l’île italienne la plus proche des côtes libyennes.

Le canot est parti dimanche ou lundi de Sabrata, dans le nord-ouest de la Libye, mais a commencé à prendre l’eau au bout de quelques heures. Le jeune Gambien a raconté avoir survécu en s’agrippant à un bidon d’essence.

C’est un navire militaire espagnol de l’opération européenne anti-passeurs Sophia qui l’a tiré de l’eau, avant qu’une vedette des gardes-côtes italiens vienne le conduire dans la nuit à Lampedusa.

Selon les premiers éléments recueillis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il a été repéré presque par hasard par le navire espagnol.

« Cela démontre qu’il y a peut-être des naufrages dont nous ne saurons jamais rien, parce que les embarcations coulent sans laisser de trace », a déclaré à l’AFP Flavio di Giacomo, porte-parole en Italie de l’OIM.

Depuis le début de l’année, au moins 590 migrants sont morts ou disparus au large de la Libye, selon un bilan de l’OIM établi avant ce naufrage.

– 1.100 migrants secourus –

La semaine dernière, l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms avait découvert deux canots vides et en partie coulés, laissant redouter des dizaines de disparus puisque les passeurs entassent en général entre 120 et 140, parfois beaucoup plus, sur ces embarcations de fortune.

Un bateau de l'ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, le 12 octobre 2016 au large de la Libye / AFP

Un bateau de l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, le 12 octobre 2016 au large de la Libye / AFP

Le bilan de l’OIM ne prend cependant pas en compte ces disparus, estimant qu’au moins l’un des canots pourrait avoir été celui d’un naufrage la veille dans les eaux libyennes, dans lequel il y avait eu 54 survivants et 66 disparus.

Le danger ne freine cependant pas les départs: les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir coordonné le secours de plus de 1.100 migrants entre mardi et mercredi matin au large de la Libye.

Ces derniers font actuellement route vers la Sicile, où ils porteront le total des arrivées cette année en Italie à plus de 24.000, soit une forte augmentation par rapport aux années précédentes.

Selon les ONG, cette accélération des départs serait due à la dégradation des conditions de vie des migrants en Libye et à la crainte, attisée par les passeurs, d’une prochaine fermeture de cette route maritime vers l’Europe.

Rome chercher en effet à renforcer sa coopération avec Tripoli pour tenter de s’assurant que les migrants soient intercepté avant d’atteindre les eaux internationales et conduits dans des camps avant d’être raccompagnés dans leur pays.

Cette stratégie suscite l’inquiétude des organisations de défense des droits de l’Homme, qui dénoncent les conditions effroyables en Libye pour les migrants d’Afrique sub-saharienne et rappellent que 40% de ceux qui arrivent en Italie et demandent à y rester pour raisons humanitaires obtiennent actuellement gain de cause.

Libye : après la défaite de Daesh à Syrte, des combats entre acteurs militaro-politiques

En Libye, alors que la défaite infligée à Daesh à Syrte concentre toutes les attentions, les combats entre deux camps politico-militaires à côté du « croissant pétrolier » sont venus rappeler la nécessité d’un compromis entre les différents protagonistes libyens.

Pour nombre d’observateurs, il faudrait un miracle pour remettre de l’ordre dans la situation chaotique qui prévaut en Libye, depuis la chute de Muhammar Kadhafi en 2011. En dépit du soutien de la Communauté internationale, le gouvernement d’union nationale de Faïez el-Sarraj a compris que sa marge de manœuvre est réduite.

Dans la région, ni Alger ni Tunis ne voulait entendre parler d’intervention militaire, estimant qu’il faut d’abord trouver un compromis entre les acteurs politico-militaires libyens engagés dans une interminable bataille pour le pouvoir. Hier mercredi, les affrontements qui ont eu lieu en lisière occidentale du « croissant pétrolier », ont montré à quel point il est difficile d’envisager une sortie du tunnel. Des combats qui ont mis aux prises deux camps politico-militaires : d’un côté des milices de l’est favorables au gouvernement d’El Sarraj, de l’autre l’armée nationale libyenne dirigée par le désormais Maréchal, Khalifa Haftar, bras armé du Parlement basé à Tobrouk, opposé au gouvernement d’union soutenu par les chancelleries occidentales. Deux camps qui symbolisent la partition du pays : la Tripolitaine à l’ouest et la Cyrénaïque à l’est.

Selon des sources officielles, les milices pro-gouvernementales ont attaqué la ville de Ben Jawad, où passe la moitié du brut libyen exporté, mais ont été repoussés par les forces de Khalifa Haftar qui en ont le contrôle depuis septembre dernier, après en avoir chassé une milice alliée au gouvernement d’El Sarraj. Dans son communiqué d’hier, le gouvernement d’El Sarraj a nié une quelconque implication dans les combats.

Ces événements interviennent au moment où Daesh a été mis en déroute à Syrte, ville qu’elle contrôle depuis un an. Même si pour beaucoup d’observateurs, il est difficile de dire que c’est la fin du groupe extrémiste dont des leaders et des combattants se sont retranchés dans le sud du pays.

 

 

Libye : le bout du tunnel est encore loin

En Libye,  l’offensive lancée il y a six mois a finalement réussi à mettre en déroute Daesh. Le pays reste cependant englué dans une bataille de pouvoir entre des milices rivales. La stabilité du pays n’est donc pas encore gagnée…

Le lundi 5 décembre, le gouvernement d’union nationale de Faïez el-Sarraj a annoncé avoir repris le contrôle la ville de Syrte sous domination de l’EI depuis un an. L’organisation État islamique qui avait profité du chaos pour renforcer sa position dans ce pays en lambeaux depuis la chute de Muhammar Kadhafi en 2011, a été stoppée et poussée dans ses derniers retranchements par une offensive lancée le 18 mai, avec l’aide la communauté internationale. Même si la concurrence qui opposait el-Sarraj au général Kalifa Haftar, bras armé du Parlement basé à Tobrouk, n’a pas arrangé les efforts de lutte contre le groupe extrémiste. La chute de Syrte est un revers important pour Daesh qui est aux abois en Irak et en Syrie, où il perd chaque jour du terrain, sous le feu croisé des armées nationales et des forces internationales. Les observateurs émettent cependant des réserves sur la suite de ces victoires, en Libye en particulier où, depuis quelques jours, les leaders du groupe ont quitté Syrte avec des combattants pour se retrancher dans le sud du pays. Il faut donc croire que « l’histoire n’est pas finie », comme l’estime Issandr el-Imrani, directeur du secteur Afrique du Nord de l’International Crisis Group, interrogé par RFI. « On peut s’attendre à ce que les forces de Daesh se replient aujourd’hui dans d’autres parties du pays, qu’il y ait des cellules dormantes dans d’autres villes », explique-t-il. Pendant ce temps, Tripoli, la capitale, est toujours le théâtre d’affrontements entre milices rivales. Huit personnes y ont trouvé la mort  et des dizaines ont été blessées, les 1er et 2 décembre. Une situation inquiétante pour les Nations unies, qui, à travers le représentant Martin Kobler, ont estimé qu’il « est tout à fait inacceptable que les groupes armés se battent pour faire valoir leur intérêt et leur influence (…), terrorisant la population ». Les déclarations de part et d’autre des mouvements en présence en Libye n’augurent pourtant pas d’une conciliation de leurs positions, et il semble bien que pour la paix en Libye, le chemin soit encore bien long…

 

Saïf al-Islam, fils préféré de Khadafi, libéré ?

En Libye, l’ex-numéro deux du régime de Khadafi serait libéré. Une nouvelle couverte du voile épais de la confusion, à l’image de celle qui règne dans le pays.

Saïf al-islam a-t-il été livré aux autorités de Tobrouk ? Est-il toujours en résidence surveillé à Zenten ? Pour le moment, la nouvelle est couverte du voile épais de la confusion. Mais depuis fin juin, ses avocats s’activent pour demander sa mise en liberté.

Il serait libre, c’est la nouvelle qui enflamme les rédactions, françaises s’entend, et qui appellent tout de même à la prudence compte tenu du fait qu’aucune source officielle pour le moment ne l’a confirmée. Même la presse libyenne n’en fait pas grand cas. Le mercredi 6 juillet, c’est l’avocat de celui qu’on appelait « le prisonnier encombrant », Me Karim Khan,  qui l’a annoncé à France 24.

Ce serait en vertu d’une amnistie générale décrétée en juin 2015 par le Parlement de Tobrouk, qui ne reconnaît pas le gouvernement d’union nationale dirigé par El Sarraj soutenu par la Communauté internationale, qu’il serait libéré. Interrogé par Radio France Internationale, le porte-parole du parlement, Fathi al-Maryami, a fait savoir que Saïf al-Islam est bien concerné par l’amnistie, le ministre de la Justice du gouvernement de Tobrouk (décédé) ayant d’ailleurs rédigé une lettre (dont l’authenticité est contestée) en avril, dans laquelle il demande sa libération.

C’est le 28 juillet 2015 que Saïf al-Islam a été condamné à mort par contumace par le Tribunal de Tripoli. Il est, en outre, accusé pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) qui, depuis 2011, ne cesse de réclamer son extradition. La peine capitale n’a pu être exécutée, car il était détenu par une milice de Zenten. La nouvelle de sa libération, si elle s’avère vraie, pourrait encore plus envenimer les choses en Libye où s’exprime encore une réelle soif de justice dans le camp des « révolutionnaires », qui ont provoqué la chute de Kadhafi dans les conditions que l’on sait. D’autant plus que tout cela s’est fait au nez et à la barbe du gouvernement d’unité nationale d’El Sarraj, qui donne ainsi l’impression de ne rien contrôler dans ce pays encore en proie à une profonde division.

Le bourbier libyen

Pour la communauté internationale, rien ne se fera en Libye sans une reconnaissance du gouvernement d’union nationale qu’elle soutient, mais qui reste contesté. Il apparaît de plus en plus clair que l’intervention militaire contre Daesh viendra après la fin des divisions politiques.

Lever partiellement l’embargo sur les armes qui frappe la Libye depuis 2011 : cette demande de Faïez El-Sarraj, à la tête du gouvernement d’union nationale soutenu par la communauté internationale, a été approuvée par les délégations africaine, arabe, européenne, onusienne et américaine réunies, le lundi 16 mai, à Vienne. Ce qui pourrait permettre au gouvernement de recevoir armes et munitions pour stopper la montée en puissance de l’État islamique qui, fort de ses 3 000 à 5 000 combattants, s’est d’ailleurs emparé d’Abou Grein, localisée à l’ouest de Syrte, ville qu’il contrôle depuis juin 2015. Mais aussi faire face à l’immigration illégale. Les espoirs que cette décision pourrait faire sortir la Libye de l’enlisement sont maigres, notamment à cause des divisions politiques qui sont loin d’être réglées. En effet, le parlement basé à Tobrouk, dans l’est, s’entête à ne pas reconnaître El-Sarraj, malgré les sanctions à son encontre que la communauté internationale a promis de durcir. Résultat, les forces militaires des deux camps sont lancées dans la course pour combattre Daesh.

« Les possibilités de ce gouvernement restent limitées, tant que les conflits internes, la compétition entre deux pouvoirs rivaux ne sont pas surmontés », a d’ailleurs reconnu le chef de la diplomatie allemande, Franz-Walter Steinmeier. On imagine donc sans mal que le défi prochain pour la communauté internationale est de convaincre le Parlement de Tobrouk et son bras armé, le général Kalifa Haftar, de s’aligner derrière El-Sarraj. Car, estime Claudia Gazzini, analyste à International Crisis Group, « une opération militaire pour libérer Syrte requiert une plus grande coordination des forces de sécurité pour des raisons à la fois tactiques et politiques ». Il demeure tout aussi évident que la crédibilité de ce gouvernement d’union nationale ne sera assise qu’avec la guerre contre l’EI. Un autre défi consiste à sortir les Libyens de la précarité dans un pays en crise de liquidités depuis bientôt cinq ans, avec une population dont 40% se trouve en besoin urgent d’aide humanitaire.

Nicolas Sarkozy en garde à vue

L’ancien chef de l’E‰tat est arrivé à  l’office anti-corruption de la PJ,dans la matinée de ce mardi 1er Juillet pour y être placé sous le régime de la garde-à -vue. Cette mesure intervient alors que les rumeurs s’accentuent sur la volonté de Nicolas Sarkozy de renouer avec la vie politique, et notamment de prendre à  l’automne la tête de l’UMP.

Nicolas Sarkozy est visé par une enquête ouverte notamment pour trafic d’influence présumé. C’est la première fois qu’une telle mesure concerne un ancien chef de l’à‰tat en France L’avocat historique de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, est, lui, en garde à  vue depuis lundi, ainsi que deux hauts magistrats, Gilbert Azibert et Patrick Sassoust. Les enquêteurs vont pouvoir confronter les versions des quatre hommes. Les enquêteurs cherchent à  établir si l’ancien chef de l’Etat (2007-2012) a cherché à  obtenir des informations auprès d’un magistrat de haut rang, Gilbert Azibert, sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d’un poste de prestige à  Monaco. La Cour de cassation devait se prononcer sur la saisie des agendas présidentiels de Nicolas Sarkozy, à  laquelle ce dernier s’opposait.

Ces agendas étaient susceptibles d’intéresser les juges enquêtant sur d’autres dossiers, notamment l’affaire de l’arbitrage Tapie. Dans le dossier qui lui vaut d’être placé en garde à  vue, les policiers de l’office anti-corruption (Oclciff) vont pouvoir entendre Nicolas Sarkozy pendant une durée pouvant aller jusqu’à  24 heures, éventuellement renouvelable une fois.

A l’issue de cette mesure coercitive, le chef de l’Etat peut être relâché sans poursuites ou présenté à  un juge d’instruction qui peut le mettre en examen. Autre soupçon qui pèse sur l’ancien chef de l’Etat,avoir été informé de manière illicite de son placement sur écoute par des juges enquêtant sur les accusations d’un financement de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi . Ces accusations ne sont pour le moment pas encore étayées.

CHAN: La Libye, sacrée championne d’Afrique

Ce n’était pas l’affiche attendue pour la finale du Championnat d’Afrique des Nations qu’a accueilli la ville du Cap en Afrique du Sud. Déjà  opposées au premier tour de la compétition, ce sont les équipes du Ghana et de la Libye qui se sont opposées ce samedi. lors de leur premier face-à -face, c’est sur un score d’un but partout que les deux formations s’étaient quittées. Les supporters ne se faisaient donc pas d’illusion sur le niveau de cette finale. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’elles se retrouvaient à  ce stade de cette même compétition. Il y a 32 ans, c’était le Ghana qui l’emportait à  Tripoli. Prise de revanche? S’en est bien une pour la Libye qui devait organiser la compétition. La CAF en a décidé autrement en appelant l’Afrique du Sud à  la rescousse. Pour les joueurs libyens, il n’y avait d’autre choix que la victoire, premièrement pur prendre leur revanche par rapport à  cette finale perdue de 1982, mais aussi montrer que le football libyen a la capacité d’organiser et de gagner des compétition continentale. Mais pour le public, cette finale a été une déception, tant le jeu était pauvre en action, voire insipide. Pourtant favori, le Ghana n’a su prendre le jeu à  son compte et d’avoir laissé sa défense partir à  vau-l’eau. Des boulevards dans la défense ghanéenne dont les attaquants libyens, peu chanceux sur la finition, n’ont pas non plus su exploiter. Côté défense libyenne, c’est à  mur infranchissable que se heurtent les quelques timides avancé des attaquants ghanéens. Résultat, score vierge à  la fin du temps réglementaire. Ce sont donc les tirs au but qui sont venus départager les adversaires du jour. 4 tirs au but à  3, au terme d’une une séance à  grand suspens. Des moments d’angoisse pour des supporters libyens qui laisseront éclater leur joie devant cet exploit d’une équipe qui offre ainsi un beau cadeau à  un peuple libyen meurtri.