M5-RFP Malikura: 3 mois après sa création, le mouvement essaye de se faire une place

Lancée en août dernier, la nouvelle tendance du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (MR-Rfp) est figée sur ses prérogatives : militer pour l’amélioration de la situation sécuritaire et le redéploiement de l’État sur l’ensemble du territoire malien, la lutte contre la corruption et l’impunité ainsi que le coût de la vie. Estimant que les mêmes inquiétudes qui l’ont poussé à manifester contre l’ex Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) sont toujours présentes, le mouvement a appelé les autorités de la transition à changer de paradigme lors d’une conférence de presse ce mardi. 

Trois mois après sa mise en place, rien ne semble avoir changé pour le M5-RFP Mali Kura. Cette nouvelle tendance considère que, depuis le 3 août dernier, le « partenariat » noué avec les autorités militaires en mai 2021 souffre d’un « déficit de dialogue », qui a « nui à la mise » en œuvre de son projet pour le Mali. Il s’agit de l’arrêt de partage d’informations sur les enjeux majeurs de la transition. Notamment sur le retour de la paix et de l’administration sur l’ensemble du territoire national, la lutte contre la corruption et l’impunité dans la gestion des affaires publiques et la baisse du coût de la vie.

Selon le mouvement, la situation sécuritaire s’est sérieusement dégradée en 2022. Il souligne, entre autres, l’extension croissante des attaques des groupes armés terroristes, leur emprise dans les localités des régions de Ménaka et Tombouctou ainsi que la multiplication des déplacés internes dans le pays.

Sur le plan économique, « les prix des denrées de première nécessité ont fortement augmenté au cours des deux dernières années, pour de multiples raisons imputables à la crise mondiale, mais aussi à la relative inefficacité de l’État à réguler les comportements de certains opérateurs économiques », dénonce le collectif, selon lequel il urge que le gouvernement procède à un examen approfondi de cette question pour prendre toutes les mesures efficaces possibles afin de soulager les populations.

« Le M5-RFP est la force politique qui a créé les conditions de la chute du régime d’IBK, à travers la mobilisation massive du peuple malien contre sa mauvaise gouvernance », s’est exclamé Konimba Sidibé, Président du Comité stratégique M5-RFP Mali Kura. « À  ce titre, cette transition est la nôtre et nous voulons qu’elle soit la transition de rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance, pour gagner la lutte contre les groupes armés terroristes, restaurer la sécurité et la souveraineté de l’État sur toute l’étendue du territoire national et poser les piliers du Mali Kura, tant attendu par le peuple malien. Notre engagement et notre détermination restent totaux pour l’atteinte de ces objectifs », dit-il.

Dans cet élan, le mouvement a rencontré le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga le 10 octobre dernier et exprimé le souhait de la libération « le plus tôt possible » des militaires ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet dernier, trouvant que leur détention est à l’origine d’une tension qui n’est bonne ni pour le Mali en situation de grande fragilité, ni pour la Côte d’Ivoire, ni pour la sous-région, confrontée à une grave crise sécuritaire et économique.

« Ce souci d’apaisement est une forte demande des populations maliennes, qui voient en la République de la Côte d’Ivoire un pays frère, où vivent 4 millions de Maliens, et un partenaire économique majeur du Mali », justifie le Président du M5-RFP Mali Kura.

En rupture avec le M5-RFP originel, où les relations étaient tendues notamment avec Choguel Kokkala Maïga, qui dirigeait le mouvement avant ses soucis de santé, le M5-RFP Mali Kura annonce vouloir être une force politique efficace de veille.

Pr. Clément Dembélé : « Le M5-RFP n’est la propriété privée de personne »

Le Président de la Plateforme contre la corruption et le chômage, le Pr. Clément Dembélé, revient sur l’actualité sociopolitique de la semaine.

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était devant le CNT pour évoquer l’état d’exécution de son Programme d’action gouvernemental (PAG). Comment évaluez-vous la promotion de la bonne gouvernance ?

On est en train de politiser la lutte contre la corruption. Le gouvernement se doit de poser de vrais actes et non de procéder à des arrestations. Pourquoi Assimi Goïta n’enjoint pas à ceux qui sont assujettis aux déclarations de biens de le faire sous peine d’être radiés ? Pourquoi ne pas ouvrir d’enquêtes systématiques sur les rapports du Vérificateur général ? Je ne comprends pas cette lutte contre la corruption sélective. Elle ne marchera pas. Il faut qu’une volonté politique accompagne la volonté judiciaire. La justice doit vraiment être indépendante et on doit doter le pôle économique de moyens pour ce faire. Comme je l’ai toujours dit, il faut prévenir en empêchant les gens de voler et non les mettre en prison.
Six membres du M5-RFP ont été suspendus du Comité stratégique. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas parce qu’on suspend des gens qu’ils vont se taire ou avoir peur. Au contraire, on les radicalise. Le M5-RFP n’est la propriété privée de personne. Il représente le peuple. Je dis à ceux qui prétendent être les dirigeants du M5-RFP  qu’ils n’ont pas le droit d’empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent. Cette époque est révolue. Cette suspension n’a aucune valeur juridique.

Êtes-vous d’accord avec ceux qui estiment que le Premier ministre, également Président du Comité stratégique du M5-RFP, est « le » problème ?

Sincèrement non. Le vrai problème est le manque d’orientation stratégique, qu’on doit imposer à la volonté même de Choguel Kokalla Maïga. Ce rôle revient à toutes les associations et partis qui constituent le M5-RFP. Le Premier ministre ne peut pas être un homme fort qui fait la pluie et le beau temps, ni d’autres d’ailleurs. C’est au peuple de dicter sa voie. Choguel Kokalla Maïga n’est pas le problème, il profite seulement du vide.

Récemment, vous avez déclaré que l’absence d’intervention réelle de l’État face à la montée du prix des engrais serait un crime contre les paysans maliens. Que craignez-vous pour la campagne agricole prochaine ?

L’État se doit de subventionner l’engrais ou de le réquisitionner pour éviter la spéculation. L’urgence, c’est que l’État interdise aux distributeurs de dépasser 11 000 francs CFA sous peine de sanctions. Sinon, l’année prochaine on risque d’acheter le sac de riz de 60 000 à 75 000 francs CFA. L’insécurité alimentaire est pire que l’insécurité territoriale.

Me Mohamed Aly Bathily : « Je suis très attentif à l’application du droit de façon égale pour tous »

Pour l’ancien ministre de la Justice Me Mohamed Aly Bathily, membre du Comité stratégique du M5, l’enquête dans l’affaire des tueries de juillet 2020 devait commencer par le ministère de la Sécurité, l’autorité de tutelle compétente pour déployer la Force spéciale antiterroriste (FORSAT)

Que pensez-vous de la libération sous pression du Commandant de la FORSAT, qui s’est par la suite remis à la disposition de la justice ?

Je suis très attentif à l’application du droit, mais de façon égale pour tous les citoyens. Il y a trois commandants à la FORSAT : celui qui commande les gendarmes, celui de la garde nationale et celui de la police. C’est la FORSAT qui est intervenue et non sa version police, garde nationale ou gendarmerie. Pourquoi seul le commandant de la police a été interpellé et non les trois en même temps ?  D’après les textes, la FORSAT est placée sous l’ordre du ministre de la Sécurité. En aucun cas elle ne peut intervenir sans ordre du ministre. Personnellement, le premier point sur lequel je porterais mon attention est de savoir d’où vient l’ordre qui a permis de mettre la FORSAT dehors.

Est-ce que ce coup de pression des policiers ne va  pas influencer le processus de manifestation de la vérité ?

Moi, je serais juge, cela ne m’intimiderait pas. Ils ont le droit de manifester, de faire un sit-in, mais si le juge est droit dans ses bottes cela ne doit pas l’impressionner. Mais s’ils veulent aller au-delà, en cassant la prison par exemple, c’est autre chose.

Les policiers pointent du doigt le M5 comme celui qui a ordonné la désobéissance civile qui a dégénéré…

La désobéissance civile est un droit constitutionnel. Les policiers font de l’amalgame. Ils ne peuvent pas nous dire que lorsque nous exerçons nos droits constitutionnels ils ont le droit de nous tirer dessus comme des lapins. Qu’ils se défendent autrement et mieux. Selon moi, le juge a mal procédé. Je n’aurais jamais appelé les commandants sans avoir au préalable appelé l’autorité de tutelle, qui est la seule à pouvoir ordonner leur sortie. Pour arrêter les commandants, il aurait fallu établir qu’ils étaient sortis d’eux-mêmes. Certes, à l’époque des faits, il n’y avait pas de ministre de la Sécurité. Mais tant qu’on n’a pas fait de passation on est en charge du département. J’aurais d’abord demandé la réalité à Salif Traoré. S’il niait avoir une quelconque responsabilité dans la décision d’envoyer la FORSAT sur le terrain les jours des tueries, il faudrait alors interroger le Premier ministre et le Secrétaire général du ministère de la Sécurité d’alors. 

Mali – Transition: le Premier ministre Choguel Maiga fait le point face à la Presse

Le Premier ministre de la transition, Choguel Maiga a rencontré la presse nationale et internationale ce lundi 28 juin 2021. Objectif de cette rencontre, décliner le programme du gouvernement. Plusieurs thématiques ont été abordées par l’homme politique: parmi lesquelles les victimes des événements de juillet 2020, la dissolution du Conseil national de transition, l’Accord d’Alger ou encore la durée de la transition.

 

Les maisons détruites aux abords de l’aéroport

Pour le sujet surprise de cette rencontre avec la presse, le Premier ministre estime que les sanctions ou les dédommagements ne doivent pas seulement concerner quelques personnes, mais toutes les parties impliquées. Pour ce faire, il  annonce qu’ « il y aura une commission d’enquête qui va éclaircir » cette affaire à travers un « rapport qui va trancher » sur le sort de ces populations.

Durée de la transition

Pour la durée de la transition, Choguel Maiga rassure que les autorités feront ce qui est en leur pouvoir pour calibrer le programme sur les neuf mois restant afin de respecter le calendrier électoral.

Justice pour les victimes de la lutte du M5

En se penchant sur cette problématique, le Premier ministre de transition explique que la justice est toujours attendue pour ces personnes, car certains ont perdu la vie, d’autres ont perdu leur mobilité et toutes ces victimes doivent être entendues.

Le Conseil National de Transition

La dissolution de l’organe législatif de la Transition demandée par le M5 est aujourd’hui de la compétence des hommes de loi. Seule la justice malienne, précise le Premier ministre est habilitée à trancher. Il ne faut pas perdre de vue que « le temps de la justice n’est pas le temps des  politiques ». En attendant le verdict des autorités compétentes, le gouvernement continuera à travailler en étroite collaboration avec le CNT. Seule la décision de justice dira « si le CNT doit rester comme tel ou doit être remodelé».

Le Premier ministre s’est engagé devant la délégation de la CEDEAO début juin, à présenter au bout de six semaines à compter de sa prise de fonction, sa feuille de route devant le Conseil national de transition. Si le texte est validé, le gouvernement reviendra auprès des Maliens pour plus d’explications afin que « les forces vives adhèrent » massivement au texte.

L’Accord pour la paix et la réconciliation

Il précise que ça sera la même démarche explicative appliquée à la feuille de route, avec les mouvements signataires de l’accord. Il estime d’ailleurs que « l’unité nationale, l’intégrité du territoire, la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire, le caractère laïc et républicain de l’Etat ne doivent pas être négociable quelque soit les conditions. En dehors de cela, tout le reste est négociable» poursuit-il, avant d’ajouter qu’avant de se voir soutenir par la communauté internationale, il est important que les discussions et les consensus soient d’abord trouvés à l’interne par des Maliens, car « la communauté internationale ne peut pas venir résoudre les problèmes » à la place des nationaux.

L’objectif de la transition aujourd’hui est qu’au moins 90% de la population puisse s’identifier à chaque accord signé pour éviter les soulèvements qui ont conduit le pays à la crise actuelle. C’est pourquoi les autorités et les différents acteurs doivent faire preuve de « cohérence, d’objectivité, et surtout de pédagogie». Selon Choguel, l’Accord pour la paix et la réconciliation qui est au centre du débat a été signé par le gouvernement et les mouvements, pourtant « aucun d’entre eux ne s’est donné le temps d’aller l’expliquer et le faire accepter » par les populations. « La majorité des gens l’ont accepté dans l’espoir que ça va ramener la paix » ajoute Choguel Maiga, l’ancien Porte-parole du gouvernement à l’époque de la signature de l’Accord. Il précise avoir demandé à cette époque, la mise sur pied d’une équipe ad hoc chargée d’étudier les éléments de langage afin d’en expliquer aux Maliens et institutions. Mais l’initiative n’a jamais été mise en œuvre: c’est pourquoi pour cette transition, il est important d’avoir une nouvelle méthode. Il ne s’agit pas de tout remettre en cause mais d’apporter du neuf tout simplement parce que l’Etat est une continuité. Ainsi, la Transition va être jugée par sa capacité à organiser les élections, à faire avancer le processus de l’Accord d’Alger et à faire les réformes auxquelles s’attend le peuple malien.

 

 

Les assises nationales de la refondation

Les assises vont être faites sur la base des conclusions du dialogue national inclusif de 2019, la conférence d’entente nationale, les Etats généraux et autres travaux réalisés pour enrichir le débat national et prendre en compte les préoccupations des populations. Le Premier ministre a tenu à préciser que les résultats des assises ne pourront forcément pas tous être pris en compte par la Transition, estimant que d’autres gouvernements pourront poursuivre la mise en œuvre après cette période.

Les doléances de la Maison de la Presse

Même si cette rencontre entre le Premier ministre et la presse , n’était pas une occasion de questions/réponses, la Maison de la Presse a tenu à présenter quelques difficultés que rencontre le secteur. La question du non paiement de l’aide à la presse depuis 2019 a été soulevée. La poursuite de la rénovation de cette enceinte des médias entamée par le dernier gouvernement a été posée sur la table. La dépénalisation des délits de presse, la fiscalité des radios, la refondation de la presse malienne sont quelques points abordés par le président de la Maison de la Presse Bandiougou Danté.

Idelette BISSUU

Boubacar Haidara : « Ce n’est pas une transition civile, elle est purement et simplement militaire »

Le colonel-major à la retraite Bah N’Daou, nommé l21 septembre Président de la transition par un collège mis en place par le CNSP, prêtera serment ce vendredi. Le chercheur Boubacar Haidara nous livre son analyse sur cette nomination et sur la tournure que prend la transition.

Que pensez-vous du choix de Bah N’Daou comme Président de la transition ?

C’est une personnalité que je ne connaissais pas. Les renseignements que j’ai pu obtenir sur lui ont quand même tendance à converger sur le fait que ce soit une personne dbonne moralité. Mais sur la forme de sa désignation, il y a à redire. Dès l’annonce, il a été dit par le M5 et l’Imam Dicko, qui a fait partie du collège, que ce n’était pas un choix issu d’un débat entre les principales personnes qui en étaient membres. Cela ressemble plutôt à une main basse de l’armée sur le pouvoir. Les concertations nationales n’étaient rien d’autre qu’une entourloupe.

Est-ce une transition militaire camouflée?

Ce n’est rien d’autre qu’une transition militaire. Ce n’est pas une transition civile, elle est purement et simplement militaire. Dès le départ, quand les militaires tournaient en rond, je me suis dit qu’ils ne voulaient pas lâcher le pouvoir et qu’ils allaient trouver tous les moyens pour le garder. Ils y sont parvenus. Aujourd’hui, le pouvoir est bien militaire.

Selon vous, quelle va être la relation entre Bah N’Daou et Assimi Goita ?

J’ai appris que le président de la transition avait démissionné de son poste de ministre de la Défense parce qu’il y avait quelque chose qui ne lui plaisait pas. C’est assez rare au Mali que de voir des ministres partir d’eux-mêmes. Cela laisse penser que c’est une personne qui ne se laissera peut-être pas faire. Mais on ne peut pas préjuger de ce qui va arriver. Peut-être qu’ils seront tous les deux de bons dirigeants, mais en l’état actuel des choses, la manière ressemble plus à une perpétuation du système. J’espère que le Vice-président Assimi Goita ne va pas continuer à diriger et que le Président N’Daou ne serait pas fantoche.

Cette nomination ne semble pas avoir l’aval du M5-RFP. Est-ce que cela pourra jouer sur le président et la réussite même de la transition ?

Je pense que, finalement, la marge de manœuvre du M5-RFP semble être réduite, dans la mesure où le CNSP est parvenu à le fissurer. La désignation de Bah N’Daou est actée et je pense qu’il ne va pas subir de contestations. Choguel Maiga est à bout, mais je ne pense pas que cela fera effet. L’Imam Dicko a pris acte, même s’il affirme que ce n’est pas le choix du collège.

M5 – Rassemblement du 10 juillet: Adama Ben Diarra répond aux 3 questions de la rédaction

Le mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) continue de mettre la pression sur le président Ibrahim Boubacar Keita et son régime. Le comité stratégique du M5-RFP appelle de nouveau les Maliens à manifester ce vendredi 10 juillet 2020 pour exiger le départ d’IBK. C’est dans ce cadre que Adama Ben Diarra, membre du Comité stratégique du M5 – RFP, répond aux 3 questions de la rédaction. 

 

Quel est le mot d’ordre pour le rassemblement du 10 juillet 2020 ?

Le mot d’ordre demeure la démission du Président de la République et de son régime. Quand le Président nous a invités le 5 juillet, nous avions pensé que c’était pour discuter du contenu du mémorandum. Mais, comme il a l’a carrément ignoré et nous a appelés à approfondir les discussions avec la majorité présidentielle, cela a radicalisé davantage les positions et nous sommes revenus à notre revendication initiale : celle de sa démission, comme son régime, pure et simple.

Pensez-vous avoir l’adhésion du peuple pour votre appel à la désobéissance civile ?

Le 10 juillet, pour nous, marquera le début des hostilités. L’action de désobéissance civile va commencer et nous estimons que le peuple se reconnait dans la lutte que nous menons parce qu’il souffre. Le pays est dans l’abîme. Nous sommes entièrement convaincus que les Maliens vont suivre cet appel.

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Nous avons dénommé la sortie du vendredi l’assaut final. Cela va se traduire par l’occupation de tous les bâtiments publics, y compris la première institution de la République, qui se trouve à Koulouba. Pour nous, il s’agit clairement de mettre fin au régime d’Ibrahim Boubacar Keita et nous continuerons jusqu’à l’atteinte de cet objectif, pour le Mali et pour le bonheur des Maliens.

Mali – Crise politique : Le M5 appelle à la désobéissance civile ce 10 juillet

Le Mouvement du 5 juin- Rassemblement Patriotique (M 5-RFP) maintient son rassemblement du vendredi 10 juillet. Il a réitéré lors d’une conférence de presse, mercredi 8 juillet,  son appel à la désobéissance civile. C’était en présence de l’imam Mahmoud Dicko, des faîtières de société  civile, d’hommes politiques et de nombreux sympathisants.  

Après les rassemblements du 5 et 19 juin dernier, le M-5 compte rempiler pour le vendredi 10 juillet. Cette troisième sortie, à en croire les organisateurs,  sera marquée de désobéissance civile. L’autorisation de la tenue du rassemblement se fait toujours attendre, mais n’entache en rien la détermination des organisateurs. « La sortie du vendredi est maintenue. On a eu des informations selon lesquelles le régime s’apprêterait  à interdire la manifestation de ce 10 juillet. Sachez tous qu’on n’a pas besoin de l’autorisation du gouvernorat. Sortez tous ce vendredi comme vous le voulez et occupez où vous voulez. Qu’IBK face ce qu’il peut. On verra », tempête Issa Kaou N’djim, coordinateur général de la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko.

Les avocats Mohamed Aly Bathily et Mountaga Tall ont expliqué la légitimité de la démarche du M-5 appelant le président IBK à la démission. Il accuse celui-ci d’avoir instauré un régime oligarchique et ploutocratique, altérant ainsi le caractère républicain de l’Etat. C’est ainsi qu’ils estiment que le droit de désobéissance civile leur est reconnu.

Remembrement de la cour constitutionnelle

Arrivé en retard à la conférence de presse, l’imam Mahmoud Dicko, tout de blanc vêtu, a expliqué qu’il s’entretenait avec le président de la République qui, à ses dires, s’adresserait à la nation le soir du 8 juillet. Cependant, Issa Kaou N’djim avait prévenu dans l’après-midi, que ce qu’IBK dirait le soir devrait être conforme au mémorandum du M5, gage de l’annulation de la manifestation du 10 juillet.

Le Président s’est effectivement adressé le 8 juillet à la nation vers minuit. Cependant, à part le remembrement de la cour constitutionnelle, aucune autre proposition du mémorandum du M5 n’a été ténue en compte.

Le M 5-RFP rendait public le 30 juin dernier son mémorandum de sortie de crise. Il y demande entre autres la dissolution de l’assemblée nationale, le renouvellement des membres de la cour constitutionnelle ou la mise en place d’un gouvernement de transition dont le premier ministre, doté du plein pouvoir, sera son choix. Le président de la République a rencontré le M5 le 5 juin dernier et les a renvoyé vers la majorité présidentielle afin de discuter des propositions du mémorandum, dont seule l’acceptation, selon les auteurs, permettra de mettre fin à la crise politique. Le M5 s’en est offusqué. Ce vendredi 8 juillet, Bamako sera en ébullition.

Mali : Des milliers de manifestants demandent le départ d’IBK

A l’appel du Mouvement du 5 juin, des milliers de personnes ont manifesté vendredi 19 juin, Place de l’Indépendance, pour appeler le Président Ibrahim Boubacar Kéïta à la démission. Deuxième grande mobilisation du genre après celle du 5 juin dernier, elle a regroupé des faîtières de la société civile, des hommes politiques, tous autour du plébiscité imam Mahmoud Dicko.  

Plusieurs pensaient que la résolution de la crise scolaire, le 17 juin, porterait un coup dur à la mobilisation.  Mais il n’en est rien. Ils sont des milliers à venir écouter le très influent imam Mahmoud Dicko et le Mouvement du 5 juin.  Le mot d’ordre n’a pas changé : « la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime ». Pour le Mouvement du 5 juin, plus de temps à perdre. « Nous décidons de nous rendre toutes et tous, ensemble au Palais de la République à Koulouba pour remettre à M. Ibrahim Boubacar Kéïta l’Appel à la démission. A défaut d’une réponse dans le délai d’une heure, le peuple exercera son droit constitutionnel de la désobéissance civile et occupera tous ponts, ronds-points(…) et pratiquera toutes actions nécessaires jusqu’à l’atteinte de l’objectif fixé », a déclaré Cheick Oumar Cissoko, sous des hourras des manifestants très excités.

Alors que vers le rond-point de l’hippopotame des manifestants, ragaillardis par cette déclaration, prenaient la route du Palais de Koulouba, ce fut le tour de l’imam Dicko de s’exprimer. En « sage » et en « éclairé » il temporise. Il propose en lieu de tous les manifestants, d’envoyer plutôt une délégation de trois personnes. Choguel Maïga, Issa Kaou N’Djim et Clément Dembélé sont désignés émissaires. Ils reviendront une quinzaine de minutes plus tard, arguant que l’accès du Palais leur a été interdit en plus d’avoir été gazés.

Cela met les manifestants en colère, qui criaient «  Koulouba » à l’unisson. Cependant l’imam Mahmoud Dicko est demeuré intraitable.  « Nous sommes un peuple non violent. Nous sommes dignes et debout. Cette tentative de nous décourager ne nous fait pas renoncer. Au contraire, ça va nous galvaniser. Je vous demande de ne rien brûler et n’insultez personne ».

Mahmoud Dicko a promis aux manifestants d’autres actions avant de leur demander de rentrer à la maison. La veille, 18 juin, des médiateurs de la CEDEAO lui avaient demandé d’annuler la tenue de cette grande mobilisation.

Boubacar Diallo

Mali: Le M5 décide de maintenir la mobilisation jusqu’à la démission du Président IBK

La déclaration du M5 lue par Cheick Oumar Cissoko décide de maintenir la mobilisation sociale jusqu’à la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita et de son gouvernement. La déclaration appelle aussi à la « désobéissance civile » si une heure après la remise de « l’appel à la démission » au Président de la République, il n’y a pas de réponse, « le peuple exercera son droit constitutionnel de la désobéissance civile. Le peuple occupera, tout pont, rond, sortie et entrée dans toutes les villes du Mali ».

 

Avec pour mot d’ordre la non-violence, le Rassemblement du Mouvement du 5 juin annoncé pour ce vendredi s’est concrétisé. C’est une foule de personnes que l’on pourrait évaluer à de centaines voire de milliers qui a pris d’assaut l’historique place de l’indépendance de Bamako ce 19 juin 2020.

Si les manifestants semblent bien se tenir, c’est à dire sans débordement, il est plus qu’évident qu’en cette période de crise sanitaire mondiale de Covid-19, les gestes barrières ne sont pas respectés: pas de masques pour la plupart des personnes présentes, ni le respect du mètre de distanciation social préconisé.

Entassés sur des bâtiments ou des murs qui côtoient le mythique lieu de rassemblement, des Bamakois et des maliens venus de différentes régions du pays ont témoigné de leur présence, comme un signal au soutien du M5.

M5 - Rassemblement du 19 juin 2020 - Boulevard de l'Indépendance - Bamako - Mali
M5 – Rassemblement du 19 juin 2020 – Boulevard de l’Indépendance – Bamako – Mali

 

M5 - Rassemblement du 19 juin 2020 - Boulevard de l'Indépendance - Bamako - Mali
M5 – Rassemblement du 19 juin 2020 – Boulevard de l’Indépendance – Bamako – Mali

Malgré la double sortie du Président du la République à travers l’adresse à la Nation et la rencontre avec les forces vives au CICB, puis par la suite des mesures concrètes comme dans le secteur de l’éducation,  le Mouvement du 5 juin est resté sur sa position. Même si des consultations entamées hier (18/juin/2020) avec la CEDEAO se poursuivent les attentes sur la Cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale restent intactes à côté d’autres préoccupations sociales et politiques soulevées par les populations lors des différentes sorties revendicatives.

Côté sécurité pour empêcher tout débordement le dispositif de dissuasion et de riposte est présent sur le site.

Depuis ce mercredi, trois jours de deuil national ont été décrétés en hommage aux soldats des Forces armées Maliennes tombées dans une embuscade.

Idelette Bissuu

Mali: Le Mouvement du 5 juin appelle à un nouveau rassemblement vendredi  

Le mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) appelle à une nouvelle mobilisation générale vendredi 19 juin 2020 à partir de 14h à la place de l’indépendance de Bamako.

Ce nouveau rassemblement, qui fait suite à celui du 5 juin dernier s’inscrira toujours dans la principale revendication  du mouvement, à savoir la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et de son régime.

Le M5-RFP après s’être réuni hier vendredi a arrêté la date consensuelle de la nouvelle manifestation, qui a été rendu publique ce 13 juin 2020 lors d’un point de presse tenu au siège de la CMAS à Magnambougou.

Plusieurs figures de la scène politique malienne qui se sont ralliés au M5-RFP ont répondu présent au rendez-vous, notamment L’ex premier ministre Modibo Sidibé, l’ex ministre Mohamed Aly Bathily, Maître Demba Traoré de l’URD, ou encore Paul Ismael Boro du Rassemblement des Maliens.

Pour Issa Kaou Djim, coordinateur général de la CMAS, « le peuple malien doit s’assumer vendredi prochain pour démontrer à IBK que le pays ne lui appartient ,ni à sa famille », visiblement très remonté contre la reconduction jeudi 11 juin du Premier ministre Boubou Cissé, chargé de former un nouveau gouvernement.

« Cette fois ci nous n’allons pas que manifester à Bamako mais également dans les régions du pays et nous appelons aussi à des manifestations dans la diaspora devant les ambassades et consuls du Mali à travers le monde. Nous demandons au peuple de ne pas quitter la rue jusqu’à ce que IBK ne démissionne », a martelé Clément Dembélé,  Président de la Plateforme pour la lutte contre la corruption et le chômage (PCC), membre du mouvement Espoir Mali Koura (EMK).

Germain Kenouvi