Guinée : le gouvernement se dit « en danger »

Pour le ministre de la sécurité, Madifing Diané, la Guinée « est en danger », menacée par des personnes manipulées depuis l’étranger, sans donner plus de détail. Il précise que ces informations proviennent de services « plus structurés » que les siens. L’hebdomadaire cite deux notes de la DGSE et de la CIA qui mettent en cause, sans apporter de preuves, « des mercenaires français, sud-africains et israéliens, disposant de relais à  Paris et en Afrique et soutenus par un ‘roi du diamant' ». La stratégie viserait, lors de grandes manifestations, à  « inciter la police et les forces armées à  recourir à  la force et ainsi créer des martyrs ». Violences à  Conakry Depuis le 22 septembre, la campagne électorale a été marquée par des violences dans la banlieue de Conakry entre partisans du parti au pouvoir (RPG) et partisans de l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG), principal opposant, qui ont fait un mort et plus de 70 blessés, selon un bilan du gouvernement. Ces législatives, prévues dans la foulée de l’élection à  la présidentielle de l’opposant historique Alpha Condé, en novembre 2010, ont été repoussées à  de nombreuses reprises, faute de consensus sur leur organisation. Un diamantaire poursuivi par le FBI La note de la CIA cite la compagnie Beny Steinmetz Group Resources (BSG), propriété du diamantaire Beny Steinmetz, en conflit ouvert avec le gouvernement pour l’exploitation d’une partie du gisement de Simandou, la plus grande réserve de fer inexploitée au monde. M. Steimetz fait actuellement l’objet d’une enquête internationale du FBI, qui le soupçonne d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir la concession en 2008 au détriment du géant minier Rio Tinto. Cette opération avait eu lieu peu après la mort du général Lansana Conté (au pouvoir de 1984 à  2008), alors que le pays était dirigé par une junte militaire. Depuis son élection, en novembre 2010, Alpha Condé a progressivement remis en cause les droits de BSG Resources sur le gisement. Un parti fantôme Selon la note américaine citée par Le Canard, un consultant en sécurité israélien, collaborateur régulier du groupe BSG, aurait contribué à  former un parti prête-nom en Guinée, le Parti national pour le renouveau, « sans doute sponsorisé par BSG ». Ce parti aurait rédigé un « mémorandum saisi par les enquêteurs guinéens », qui prévoit que le groupe conserverait ses droits d’extraction à  Simandou si le parti participait à  un futur gouvernement. Mercredi, le ministre Diané affirmait qu’il y avait « des hommes politiques de l’UFDG qui sont à  l’étranger, orientent et manipulent » des membres de l’opposition. Il a néanmoins semblé disculper le président du parti, Cellou Dalein Diallo, en déclarant : « Le président de l’UFDG et ses alliés ont appelé à  la retenue, en affirmant que ceux qui sont dans la rue ne sont pas des militants de leurs partis. Ce sont des loubards qui font du tort à  leur peuple. »