Mali – Aigles : la Covid complique tout

Les Aigles joueront leurs deux derniers matchs de qualification pour la prochaine CAN la semaine prochaine. Le 24 mars à Conakry, face à la Guinée, pour la 1ère place du groupe, et le 28 contre le Tchad. Même si, pour l’instant, des doutes subsistent sur la tenue de cette rencontre, après que la ministre des Sports ait retiré à la fédération sa délégation de pouvoir. Le sélectionneur devra faire sans de nombreux joueurs, dont les deux jeunes talents Sékou Koita et Mohamed Camara, suspendus trois mois par l’UEFA en février pour la prise d’un produit jugé illicite. Amadou Haidara et Diadié Samassekou, piliers du milieu de terrain, pourraient également manquer à l’appel car les clubs allemands refuseraient de libérer leurs joueurs pour cette fenêtre FIFA. En cause, les restrictions en cours, qui les priveraient d’eux pendant 14 jours au moins. En France, le FC Metz de Mamadou Fofana et de Boubacar Kouyate a aussi affiché la même volonté.

Aigles du Mali : Une nouvelle hiérarchie ?

Le Mali dispute début octobre deux rencontres amicales. L’occasion pour le sélectionneur dont la liste est attendue ce lundi de procéder à une revue de l’effectif.

11 mois après leur dernier match, les Aigles du Mali vont se retrouver. Après avoir longtemps cherché un adversaire de « taille » et refusé de jouer les Comores, la sélection malienne va successivement affronter le Ghana et l’Iran, les 9 et 13 octobre. Ces rencontres, qui serviront de matchs de préparation à la double confrontation contre la Namibie, se dérouleront en Turquie, où le Mali effectuera un stage lors des prochaines dates FIFA. La liste du sélectionneur Mohamed Magassouba, attendue la semaine prochaine, ne devrait pas comporter beaucoup de surprises, même s’il n’est pas exclu qu’une nouvelle hiérarchie se dessine. Notamment en défense, où la place de Youssouf Koné est fortement menacée. Après une saison remplie à Lille, le latéral gauche a été transféré à Lyon en 2019. Blessé durant la saison, il a depuis perdu sa place en club et a même été prié de se trouver un nouveau point de chute. Massadio Haidara, qui a disputé le dernier match des Aigles comme titulaire, en novembre 2019 face au Tchad, devrait conserver son poste. N’ayant pas encore joué la moindre minute en Ligue 1, pour cause de blessure et de suspension, il fera son retour ce dimanche lors du déplacement de son équipe à Nîmes. Son coéquipier à Lens Cheick Doucouré, très bon ce début de saison, serait, selon des consultants sportifs, « une très bonne option » en milieu de terrain. Notamment pour le stabiliser et permettre aux « artistes » d’évoluer plus sereinement. Problèmes de riche pour le sélectionneur Magassouba dans l’entre-jeu, avec le retour possible d’Yves Bissouma et les bonnes performances de Mohamed Camara avec le Red Bull Salzburg. Les habituels Diadié Samassekou, Amadou Haidara ou encore Lassana Coulibaly, qui pourrait aussi faire son retour, sont aussi des pistes. La ligne d’attaque pourrait être portée par deux jeunes qui viendraient en appui à Moussa Maréga, le talentueux Sekou Koita, déjà présent lors du dernier rassemblement, et le très prometteur El Bilal Touré, qui crève déjà l’écran avec son club de Reims. Il remplacerait numériquement Kalifa Coulibaly, en délicatesse dans son club. En effet, depuis la première journée il n’est plus apparu avec le FC Nantes.

CAN 2019 : Mali, coup d’éclat en vue ?

Il s’en est fallu de peu. Le Mali était à une demi-heure de la disqualification. Mais, heureusement, il n’en a rien été. Les Aigles participeront donc bien à cette première CAN à 24 sur les terres égyptiennes. Pour son entrée en lice, le Mali rencontrera un néophyte dans la course à ce trophée, la Mauritanie, le 24 juin, avant quatre jours plus tard de défier la Tunisie dans le match des jeunes générations et des Aigles (24 ans de moyenne d’âge pour les Aigles de Carthage contre 24,3 pour le Mali). La sélection clôtura sa phase de groupe par un dernier match à Ismaïlia face à l’Angola, sélection contre laquelle, neuf ans plus tôt, le Mali avait réussi une improbable remontada, revenant de 0 – 4 à 4 – 4 en 15 minutes.

Présentée par certains observateurs comme l’une des équipes avec le plus de potentiel, le Mali a impressionné lors des éliminatoires. En tête de son groupe de qualification avec 14 points pris sur 16 possibles, 0 défaite, 10 buts marqués et 2 encaissés, l’équipe entrainée par Mohamed Magassouba, également DTN, a fait montre d’une grande solidité défensive. Solidité qu’il lui serait bien indiqué de retrouver à quelques jours de son premier match à la CAN. À sa nomination, en 2017, Magassouba s’était fixé comme objectif de mettre fin à la « saignée défensive » de l’équipe, face à une sélection psychologiquement marquée par une lourde défaite (6 – 0) au Maroc. S’en sont suivi huit matchs où le Mali n’a encaissé que deux buts et concédé aucune défaite, juste avant de débuter sa préparation en vue de la CAN. Depuis, deux défaites (contre le Sénégal et l’Algérie), un match nul contre le Cameroun et surtout six buts encaissés lors de ces trois matchs. Est-ce pour autant la fin de l’état de grâce ? Pas si sûr. Si le timing de ses contre-performances est indéniablement fâcheux, le sélectionneur et les joueurs ont quelques jours pour mettre à profit les enseignements de ces matchs et rectifier le tir.

Meilleure gestion des périodes

Ces trois dernières rencontres du Mali auront mis en lumière un fait : la très mauvaise gestion des périodes. Les moments « clutch » comme on le dirait en NBA.  La trame de ces trois matchs a été la même : le Mali qui ouvre le score avant de se faire reprendre vers la toute fin d’une des deux périodes du match et de chuter. Un problème sur lequel il urge de se pencher selon Bréhima Diakité, journaliste sportif. « Le sélectionneur devrait vite corriger cela, car nos adversaires risquent de jouer là-dessus », conseille-t-il. Dimanche 16 juin, pour son dernier match de préparation contre l’Algérie, le Mali a mené deux fois au score, mais a fini par céder et par s’incliner 3 – 2, sur un but marqué dans les dix dernières minutes. À l’issue du match, le sélectionneur algérien s’est dit satisfait du résultat contre une « équipe qui a développé des automatismes et un jeu plaisant ». « Sur l’ensemble du match, nous avons été beaucoup plus dangereux et, en concrétisant quelques occasions, nous aurions pu finir avec un score plus large », a-t-il ajouté. La rencontre se disputant à huis clos et sans images, difficile d’apporter une contre-analyse. Toutefois, à en croire le sélectionneur algérien, les Aigles ont concédé plusieurs occasions. « Le sélectionneur est encore à la recherche de la bonne formule. Il a essayé différentes associations en défense centrale et je suis sûr qu’il trouvera la bonne avant le deuxième match à la CAN de la sélection », estime Soumaila Diarra, secrétaire général de l’Union nationale des anciens footballeurs du Mali et ancien international.  Face au Sénégal, c’est la paire Boubacar « Kiki » Kouyaté – Mamadou Fofana, qui avait été alignée. Contre les champions en titre camerounais, Fofana cédait sa place dans l’axe à Molla Wague et face aux Fennecs le dernier cité tenait la charnière avec Fofana.

Jeune génération, grandes ambitions

La génération dorée des Kanouté, Diarra « Djila », Keita, Sissoko… a cédé le terrain à une jeunesse dorée. Une jeunesse conquérante, pleine d’envie, de fougue et de talent. Rarement ces dernières années le Mali aura eu autant de talents dans sa sélection. Pour la plupart éléments clés dans leurs différents clubs, les Aigles avancent avec confiance et certitude. Celles d’avoir disputé de grandes compétitions, affronté les meilleurs, engrangé de l’expérience. Seul l’état de forme de Djigui Diarra, pourtant bon gardien, peut poser question. La faute à un manque de compétition dû à l’arrêt du championnat au Mali depuis deux ans. Même orpheline d’Yves Bissouma, qui a dû renoncer à la compétition pour cause de blessure à l’épaule, l’équipe compte en son sein de nombreux atouts. Indispensable élément de la formation messine championne de Ligue 2 française cette saison, Mamadou Fofana est une valeur sûre. Mais c’est au milieu et sur les ailes que la sélection est la mieux armée. L’ancien très bon duo des Red Bull de Salzbourg Diadié Samassekou et Amadou Haidara pourra exprimer sa complicité et sa science du jeu si le sélectionneur décidait de les aligner ensemble. Pour mieux faire étalage de son talent, la paire pourrait bénéficier de l’apport en sentinelle du très combattif Lassana Coulibaly, dont les qualités ont séduit son coach, Steven Gerrard. « Nous sommes une jeune équipe composée de bons joueurs. Le coach est en train de réaliser un bon travail. Lors de cette compétition, notre objectif sera d’aller le plus loin possible, en toute humilité. Ce ne sera pas facile, mais la CAN réserve toujours des surprises », a affirmé Samassekou. Sur les côtés, un problème de riche se pose à Magassouba. Moussa Doumbia, Moussa Djénepo, AdamaTraoré « Malouda » ou même Haidara, qui peut jouer sur une aile. Véloces et percutantes, les déflagrations sur les côtés devraient provoquer d’importantes secousses dans les défenses adverses. L’attaque sera, sauf grande surprise, conduite par Moussa Maréga. Décisif et très influent avec son club, l’attaquant peine encore à aligner les mêmes statistiques avec le Mali. Interrogé sur la question en mars 2019, le sélectionneur avançait l’état des pelouses africaines et des coéquipiers différents en sélection pour expliquer la panne du buteur. L’équation à résoudre rapidement reste à savoir qui peut être associé à Marega pour bonifier son jeu. Abdoulaye Diaby en second attaquant, l’excellent Sékou Koita en soutien ou encore AdamaTraoré « Noss » en numéro 10 pour essayer d’abreuver l’attaque en bons ballons.

Du talent, mais pas favori

Le Mali a des atouts, c’est indéniable, pour faire une belle CAN, mais l’équipe ne sera pas favorite. Le sélectionneur Magassouba, auprès de Cafonline, a assuré que parler d’un sacre en Égypte serait prématuré. Mais « on ne va pas à une compétition pour simplement faire de la figuration », a-t-il prévenu. « Les sélections qui ont de la grinta (envie) sont celles qui peuvent nous poser le plus de problèmes. Nous avons la technique et le physique, donc les moyens de rivaliser avec les équipes qui ont le même profil, mais les sélections avec de la hargne seront les plus compliquées pour les Aigles », analyse Soumaila Diarra. L’Égypte, sur ses terres, emmenée par Mohamed Salah, sera naturellement l’une des favorites de la compétition. Ce statut de grand favori, les Pharaons le partagent avec les Lions du Sénégal, première Nation africaine au classement FIFA et qui compte dans ses rangs Sadio Mané et Kalidou Koulibaly, entre autres.

Makan Magassouba, l’expert du foot business

Fils de Souleymane Magassouba, ancien joueur du Stade malien de Bamako et de l’équipe nationale du Mali, Makan entame sa carrière en 2009 comme stagiaire au sein d’une agence de marketing sportif, la société IFAP Sports, suite à  ses études de gestion et de marketing. Il se voit proposer un contrat après son stage dans la société. C’est ainsi qu’il va se familiariser avec le football africain et maitriser ses rouages. Tour à  tour Responsable des associations nationales puis Responsable Afrique de l’Ouest, Makan Magassouba affutera ses armes au plus près des fédérations nationales dans plusieurs pays africains comme le Bénin, le Burkina Faso et le Mali. Fort de cette expérience, il rejoindra Sportfive, le leader mondial du Marketing, en 2011 pour occuper le poste de Chargé de compétitions. Au sein de cette société il prendra une autre envergure en étant au C’œur même du Sport Business sous la houlette de l’incontournable Idriss Akki, un poids lourd du marketing sportif. Depuis, aucun événement de la Confédération africaine de football (CAF) ne se passe sans lui. Toujours entre deux avions, Makan Magassouba parcourt tout au long de l’année le continent africain pour le compte de son agence qui est propriétaire exclusif du marketing et de droits média de la CAF. Ce jeune cadre, amoureux du football et de l’Afrique, ne ménage aucun effort pour le bonheur du football africain en étant au plus près de leurs préoccupations et s’efforce de rapprocher leurs pratiques de ceux des standards internationaux du football moderne. Marié et père de deux enfants, Makan Magassouba garde un œil attentif sur le football de son pays. Il fait partie de ces compétences dont nos instances peuvent et doivent s’appuyer afin de faire briller le football malien. Comme l’avait dit Mahamet Traoré, consultant pour Africa 24 et RFI, lors d’une interview accordée à  Journaldumali, « L’avenir du football malien dépendra de la qualité de ses managers »