Des déclarations d’intention aux actes concrets !

La société malienne est une société fortement patriarcale dans laquelle l’autorité politique, économique et religieuse est détenue par les hommes. En général dans les traditions de la société malienne, l’exercice du pouvoir est une question d’homme, le débat et la prise de décision par rapport à la vie de la cité y compris celles affectant la vie des femmes et filles a lieu dans le vestibule du chef, ou sous l’arbre à palabres (sans les femmes bien sûr), alors que dans la constitution malienne il n’existe pas de discrimination basée sur le sexe. Les droits des femmes et filles sont reconnues et protégés par plusieurs instruments juridiques.

Malgré l’existence de ces textes, des programmes et politiques sur le genre, il existe encore des discriminations fondées sur le sexe.

En 2002, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a commandité une étude sur les violences faites aux femmes. Cette étude a identifié une vingtaine de formes de violences : les injures, les coups et blessures, le gavage des jeunes filles en vue du mariage précoce, les viols, les sévices et excès sexuels au sein du couple, l’excision, le harcèlement sexuel, la répudiation, le lévirat et ou le sororat, les mariages forcés ou précoces, le rapt de femmes, etc. L’étude a conclu que toutes les femmes maliennes sont victimes d’au moins une de ces formes de violence identifiées. La situation n’a pas beaucoup évoluée depuis. Or, pour que les femmes puissent s’épanouir, elles ont besoin de jouir de l’ensemble de leurs droits humains et de vivre dans la dignité.

Nous avons aujourd’hui besoin de changement à tous les niveaux pour que l’émancipation des femmes soit une réalité au Mali. Ce changement est social, mais aussi institutionnel.

La société pourrait se montrer réticente car ces changements viennent bouleverser leur quotidien, les habitudes, les croyances. Il faut les convaincre du bien fondé d’un tel processus qui permettra non seulement aux femmes de s’épanouir, mais à la société elle-même d’en tirer partie.

Il faut que les femmes soient des partenaires égales, libres de réaliser leur plein potentiel. L’émancipation sociale, politique, économique de la femme est essentielle à l’essor de la démocratie et au développement durable des nations. Le renforcement des institutions démocratiques est impossible si la couche la plus signifiante de la population est marginalisée et privée de toute participation.

Les autorités doivent s’assumer et passer aux actes concrets en commençant par rendre conforme les textes et pratiques du Mali à ses engagements régionaux et internationaux et ainsi changer les lois discriminatoires et initier des politiques qui encouragent et facilite l’émancipation des femmes. Au niveau communautaire, il faut renforcer le dialogue sur les droits de la femme pour susciter une prise de conscience. Il est également nécessaire d’œuvrer pour la scolarisation et le maintien des filles à l’école et vulgariser les textes relatifs aux droits de la femme.