Transport urbain à Bamako : Du neuf, bientôt

D’ici quelques mois, la capitale malienne accueillera de nouveaux acteurs du transport urbain. Grâce à un partenariat tripartite entre la mairie du District, le syndicat des transporteurs et une société chinoise, de nouveaux bus assureront le transport dans la capitale et ses environs. Si le programme prévoit une cohabitation entre les différentes options de mobilité existant déjà dans la capitale, l’objectif est d’aboutir à un transport de qualité, performant et répondant aux besoins des usagers.

Une cinquantaine de bus d’ici 6 mois et jusqu’à 400 à l’horizon 2020, c’est ce que promet la nouvelle société de transport dont la création a été matérialisée le 22 août 2019 entre la mairie, des privés chinois et le syndicat des transporteurs routiers du Mali. La société mixte sera détenue à 60% par les Chinois et à hauteur de 20% par chacune des deux autres parties.

« Le système de transport est innovant en ce qu’il prend en compte l’aspiration des parties. Les syndicats sont parties prenantes et ne sont pas mis devant le fait accompli », explique M. Djibril Sidibé, Directeur de la Régulation de la circulation et des transports urbains (DRCTU). Cet indispensable compromis a pour but de susciter l’adhésion de tous les signataires et surtout d’éviter les échecs des précédentes tentatives de modernisation du transport dans la capitale malienne. En effet, ces sociétés étaient détenues soit exclusivement par l’État, soit seulement par les privés, ce qui a souvent suscité une farouche résistance de la part des « SOTRAMAS », les célèbres minibus verts bamakois. Cette fois, leurs propriétaires se sentent pleinement concernés par le processus et ont exprimé leur souhait d’y contribuer.

« Bamako doit changer de visage, mais cela ne peut se faire sans nous », déclare M. Ousmane Chérif Moussa Haïdara, Chargé de l’Organisation à la Coordination des transporteurs routiers.

Nécessaire  réorganisation

« Dans ce nouveau système, qui privilégie la qualité, il faut envisager une réorganisation », ajoute le responsable de la DRCTU. Ce nouveau « système de transport multimodal » est destiné à mettre à la disposition des urbains « un autre type de services ». Reformulations des lignes de transport, sites à desservir et coûts des trajets, toutes ces questions seront abordées lors de l’étude approfondie qui précèdera l’arrivée des premiers bus.

Le changement sera toutefois progressif, insiste le syndicat des transporteurs, qui souhaite être « associé à la gestion pour que cela marche bien ».

Curer les caniveaux, limiter les risques d’inondation

Suite aux inondations meurtrières du 16 mai 2019 à Bamako, les autorités communales ont enclenché une riposte à travers d’importantes mesures de préventions d’éventuelles futures inondations dans la capitale. Parmi celles-ci, un vaste programme de curage des caniveaux et collecteurs est en cours dans les six communes du district de Bamako. D’un montant de près de 4 milliards de Francs CFA, son exécution devrait aboutir à terme à une limitation durable des risques d’inondations dans la ville.

Ils sont visibles presque partout dans la capitale ces temps-ci. Les agents qui s’occupent des travaux de curage des caniveaux sont plus que jamais à l’œuvre pour les décharger des ordures qui s’y sont installées. « Nous travaillons tous les jours depuis quelques semaines et tout se passe bien. Nous sommes organisés en équipe et nous nous relayons pour faire avancer le travail », confie Moussa Doumbia, ouvrier, chef d’une équipe d’agents à Baco Djicoroni. « Les caniveaux sont vraiment très sales et bouchés. Nous avons fait sortir plein de déchets depuis que nous avons commencé », ajoute-t-il.

Programme avancé Scindé en 3 phases, le programme de curage a effectivement démarré le 28 mai dernier dans les six communes du district de Bamako. La première phase concerne les points à hauts risques d’inondation, soit un total de 184 km de linéaire à curer. La deuxième phase de 350 km, est consacrée, quant à elle, aux caniveaux de moindre envergure ou à moindres risques d’inondation et la 3ème est celle du surcreusement et du dégagement des collecteurs naturels occupés par les ordures.

Cette dernière phase a été déjà lancée le 22 juin dernier par le ministre de l’Administration territoriale alors que les travaux de la première phase ont été exécutés à plus de 40%. Essentiellement, quatre collecteurs naturels seront surcreusés à travers la ville de Bamako.

« Cela ne sert pas à grande chose de curer les caniveaux et qu’ils aboutissent aux collecteurs si nous ne libérons pas également les marigots. C’est pourquoi le programme de surcreusement est venu plus tôt. Mais nécessairement la deuxième phase du curage des caniveaux va bientôt suivre », explique Amadou Konaké, Directeur Adjoint de la Cellule technique d’appui aux communes du district de Bamako (CTAC).

Sur la durée, pour maintenir les caniveaux propres après le curage, il faut nécessairement l’accompagnement de la population. « Il ne faut plus jeter des déchets solides dans les caniveaux ou dans les collecteurs, pour que les eaux pluviales puissent couler vers le fleuve et que nous soyons à l’abri de futures inondations », plaide M. Konaké.

Ramassage des ordures : La Mairie veut faire le ménage

Rien ne va plus entre la mairie du District de Bamako et les Groupements d’Intérêt Économique (GIE) chargés de la collecte des ordures ménagères dans la capitale. Les GIE, regroupés au sein du Collectif des Groupements Intervenant dans l’Assainissement au Mali (COGIAM), refusent de signer le protocole de partenariat avec la mairie.

Après plusieurs mois de négociation, les deux parties ne sont pas parvenues à un accord. En cause, deux points de divergence majeure : le recouvrement des redevances de ramassage payées par les ménages et la clé de répartition de cet argent. Suite à la signature de la convention entre l’Etat du Mali à travers la mairie du District, et la société Ozone en février 2015, la gestion des ordures a été entièrement confiée à cette dernière. Mais très vite, face aux défaillances constatées, les mairies des communes du District ont donné « aux GIE des mandats pour assurer la collecte au niveau des ménages vers les dépôts de transit », explique Oumar Konaté Directeur des services urbains de voirie et d’assainissement de Bamako. Et d’autres acteurs ont été chargés d’amener ces ordures vers les décharges ajoute-t-il.
À partir de cet instant des réunions ont donc été organisées pour convenir d’un partenariat avec Ozone. Au dire du Directeur, il y a eu accord sauf sur 2 points : les GIE veulent continuer à percevoir la redevance de 3 000 francs CFA mensuels payés par les ménages pour évacuer leurs ordures, ensuite pour leur contribution à l’évacuation des ordures à partir des dépôts de transit, les GIE veulent payer 50 000 francs CFA par trimestre et par GIE. Ce qui est tout simplement inacceptable, selon les autorités du District.


La redevance, pomme de discorde
Parce que « cette redevance doit être payée aux collectivités et non aux prestataires » que sont les GIE, déclare Konaté. Compte tenu des difficultés de la société Ozone à trouver une solution à la gestion des ordures dans la capitale, la mairie souhaite mettre de l’ordre dans le domaine. Depuis le 12 mars 2018, les agents de la société Ozone observent un nouveau mouvement de grève ; ce qui fait que plusieurs dépôts de transit de la capitale n’ont pu être évacués depuis quelques jours. Cette grève fait suite à une autre de 3 jours, entamée le 5 mars 2018, pour réclamer le paiement des salaires de février. Une grève suspendue le 8 mars, mais reconduite le 12 mars parce que tous les salaires n’avaient pas été payés. La mairie qui assure prendre les mesures pour faire face à cette situation, veut désormais prendre les choses en main.
En effet, la collectivité souhaite « organiser la filière pour savoir combien les ménages payent pour la gestion des ordures », ajoute notre interlocuteur. Pour ce faire elle veut évaluer la prestation des GIE et les payer en fonction de cela. En effet, lorsqu’un GIE « déclare gérer 800 concessions, il faut que cela soit vérifié sur le terrain » et leurs prestations seront payées par mois, selon la mairie. Selon les autorités du District, cette évaluation permettra aussi à la mairie de présenter des données exactes à ses partenaires qui veulent les appuyer dans ce domaine.