Presse : la HAC suspend Joliba TV pour deux mois

Après une mise en demeure de la chaîne de télévision privée Joliba suite à un édito de son journaliste Attaher Alidou Maiga diffusé le 30 septembre dernier, la Haute autorité de la communication a décidé ce jeudi de suspendre Joliba TV pour une période de deux mois. La HAC reproche à l’émission Editorial animée par le journaliste de comporter des propos diffamatoires et des accusations infondées concernant l’instance de régulation, l’état de la liberté d’expression au Mali et les autorités de la transition. Le média à déjà introduit un recours gracieux auprès de la HAC. La direction de la chaine a communiqué informant ses téléspectateurs et partenaires de la suspension de ses programmes. Dans un communiqué publié le 3 novembre, la maison de la presse a « déploré » la suspension de la chaine, inviter la HAC à examiner le recours et solliciter sa clémence pour lever la décision de suspension.

Mali – Transition: le Premier ministre Choguel Maiga fait le point face à la Presse

Le Premier ministre de la transition, Choguel Maiga a rencontré la presse nationale et internationale ce lundi 28 juin 2021. Objectif de cette rencontre, décliner le programme du gouvernement. Plusieurs thématiques ont été abordées par l’homme politique: parmi lesquelles les victimes des événements de juillet 2020, la dissolution du Conseil national de transition, l’Accord d’Alger ou encore la durée de la transition.

 

Les maisons détruites aux abords de l’aéroport

Pour le sujet surprise de cette rencontre avec la presse, le Premier ministre estime que les sanctions ou les dédommagements ne doivent pas seulement concerner quelques personnes, mais toutes les parties impliquées. Pour ce faire, il  annonce qu’ « il y aura une commission d’enquête qui va éclaircir » cette affaire à travers un « rapport qui va trancher » sur le sort de ces populations.

Durée de la transition

Pour la durée de la transition, Choguel Maiga rassure que les autorités feront ce qui est en leur pouvoir pour calibrer le programme sur les neuf mois restant afin de respecter le calendrier électoral.

Justice pour les victimes de la lutte du M5

En se penchant sur cette problématique, le Premier ministre de transition explique que la justice est toujours attendue pour ces personnes, car certains ont perdu la vie, d’autres ont perdu leur mobilité et toutes ces victimes doivent être entendues.

Le Conseil National de Transition

La dissolution de l’organe législatif de la Transition demandée par le M5 est aujourd’hui de la compétence des hommes de loi. Seule la justice malienne, précise le Premier ministre est habilitée à trancher. Il ne faut pas perdre de vue que « le temps de la justice n’est pas le temps des  politiques ». En attendant le verdict des autorités compétentes, le gouvernement continuera à travailler en étroite collaboration avec le CNT. Seule la décision de justice dira « si le CNT doit rester comme tel ou doit être remodelé».

Le Premier ministre s’est engagé devant la délégation de la CEDEAO début juin, à présenter au bout de six semaines à compter de sa prise de fonction, sa feuille de route devant le Conseil national de transition. Si le texte est validé, le gouvernement reviendra auprès des Maliens pour plus d’explications afin que « les forces vives adhèrent » massivement au texte.

L’Accord pour la paix et la réconciliation

Il précise que ça sera la même démarche explicative appliquée à la feuille de route, avec les mouvements signataires de l’accord. Il estime d’ailleurs que « l’unité nationale, l’intégrité du territoire, la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire, le caractère laïc et républicain de l’Etat ne doivent pas être négociable quelque soit les conditions. En dehors de cela, tout le reste est négociable» poursuit-il, avant d’ajouter qu’avant de se voir soutenir par la communauté internationale, il est important que les discussions et les consensus soient d’abord trouvés à l’interne par des Maliens, car « la communauté internationale ne peut pas venir résoudre les problèmes » à la place des nationaux.

L’objectif de la transition aujourd’hui est qu’au moins 90% de la population puisse s’identifier à chaque accord signé pour éviter les soulèvements qui ont conduit le pays à la crise actuelle. C’est pourquoi les autorités et les différents acteurs doivent faire preuve de « cohérence, d’objectivité, et surtout de pédagogie». Selon Choguel, l’Accord pour la paix et la réconciliation qui est au centre du débat a été signé par le gouvernement et les mouvements, pourtant « aucun d’entre eux ne s’est donné le temps d’aller l’expliquer et le faire accepter » par les populations. « La majorité des gens l’ont accepté dans l’espoir que ça va ramener la paix » ajoute Choguel Maiga, l’ancien Porte-parole du gouvernement à l’époque de la signature de l’Accord. Il précise avoir demandé à cette époque, la mise sur pied d’une équipe ad hoc chargée d’étudier les éléments de langage afin d’en expliquer aux Maliens et institutions. Mais l’initiative n’a jamais été mise en œuvre: c’est pourquoi pour cette transition, il est important d’avoir une nouvelle méthode. Il ne s’agit pas de tout remettre en cause mais d’apporter du neuf tout simplement parce que l’Etat est une continuité. Ainsi, la Transition va être jugée par sa capacité à organiser les élections, à faire avancer le processus de l’Accord d’Alger et à faire les réformes auxquelles s’attend le peuple malien.

 

 

Les assises nationales de la refondation

Les assises vont être faites sur la base des conclusions du dialogue national inclusif de 2019, la conférence d’entente nationale, les Etats généraux et autres travaux réalisés pour enrichir le débat national et prendre en compte les préoccupations des populations. Le Premier ministre a tenu à préciser que les résultats des assises ne pourront forcément pas tous être pris en compte par la Transition, estimant que d’autres gouvernements pourront poursuivre la mise en œuvre après cette période.

Les doléances de la Maison de la Presse

Même si cette rencontre entre le Premier ministre et la presse , n’était pas une occasion de questions/réponses, la Maison de la Presse a tenu à présenter quelques difficultés que rencontre le secteur. La question du non paiement de l’aide à la presse depuis 2019 a été soulevée. La poursuite de la rénovation de cette enceinte des médias entamée par le dernier gouvernement a été posée sur la table. La dépénalisation des délits de presse, la fiscalité des radios, la refondation de la presse malienne sont quelques points abordés par le président de la Maison de la Presse Bandiougou Danté.

Idelette BISSUU

Lancement du rapport conjoint FIDH – AMDH : une justice ballottée

La maison de la presse a servi de cadre le vendredi 8 décembre au lancement du rapport conjoint FIDH- AMDH, intitulé «  Face à la crise, faire le choix de la justice ». Les responsables des organisations de défense des droits de l’homme lors de cette conférence de presse, ont étayé l’état  de la lutte contre l’impunité, le point sur plusieurs affaires judiciaires  et  formulé des recommandations aux autorités nationales et internationales.

Au présidium, le président de l’association malienne des droits de l’homme (AMDH) Me Moctar Mariko, accompagné du coordinateur du projet conjoint Fédération internationale des droits de l’Homme  (FIDH)- Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), Drissa Traoré, de la présidente du WILDAF Mme Bintou  Founé Samaké et d’Issiaga Fofana, membre du bureau national de l’AMDH. Me Mariko a éloquemment résumé ce document de 47 pages, qui apparait dans un contexte où le domaine subi tant d’entraves.

Des dossiers au ralenti

Face à la presse, le président de l’AMDH, Me Moctar Mariko a mis l’accent sur l’importance de ce rapport, qui analyse les moyens et les actions développés par la justice du Mali pour lutter contre les crimes les plus graves. « Le rapport montre que certains dossiers ont connu  des avancées significatives grâce à la volonté  et aux positions tenues par les autorités maliennes », se félicite Me Mariko. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt a-t-on dit. Plusieurs dossiers sont restés dans la stagnation, à cause de l’implication des politiques dans des affaires  judiciaires. « D’autres affaires sont toutefois restées en souffrance, entravées par une situation sécuritaire fragile, le manque des moyens ou parce que politiquement sensibles », a-t-il regretté. Des obstacles majeurs qui font tarder  la vérité non seulement  pour les accusés mais aussi pour les victimes dans certains cas. Le plus souvent des criminels sont libérés sur des décisions politiques alors que les victimes s’attendaient au triomphe de la justice. Ceux de la crise de 2012, constatent avec indignation leurs droits sacrifiés au nom des mesures de confiance et  de la réconciliation.

Retour sur les faits majeurs

Le conflit  déclenché en 2012 au Nord du pays, opposant l’État à certains groupes armés s’est propagé au fil des années dans sa partie centrale. Selon le président de l’AMDH, cette opposition à causer des milliers des victimes. Malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la situation des droits de l’homme s’empire d’année en année. «Les deux dernières années ont vu une recrudescence des violences et attaques et la perpétuation des nouveaux crimes graves» déplore Me Mariko.  Le rapport souligne l’ampleur et la gravité des crimes en cours d’instruction et  des jugements qui, sont selon lui, inédits dans l’histoire contemporaine du Mali. «Nos organisations ont entendu plus de 500 victimes et témoins ces dernières années. Elles ont initié et participé à une dizaine de procédure judiciaire, accompagnant plus de 180 victimes aux parties civiles devant la justice » relate Me Mariko. L’ouverture du procès du général Amadou Haya Sanogo et de ses complices poursuivis pour l’exécution de plus de 20 bérets rouges, la condamnation par la justice malienne de l’ancien commissaire de  police islamique de Gao, la création du pôle spécialisé  dans la lutte contre le terrorisme et la commission vérité justice et réconciliation sont considérés comme « des avancées considérables .»

Dossiers dormants

En outre, le  rapport décrit l’attente de certaines affaires, telle que les crimes sexuels perpétrés par des groupes djihadistes entre 2012 et 2013. « Sur les dizaines de personnes arrêtées et inculpées en 2013, aucune depuis n’a été inquiétée, alors que ces crimes sont constitutifs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.» rappelle Me Mariko. « Plusieurs autres procédures sont dans l’attente de relance, notamment  celles concernant le massacre d’Aguelhok, la mutinerie de Kati, les disparus de Tombouctou et les autres crimes commis par toutes les forces en présence pendant la reconquête du Nord en 2013»s’impatiente le président de l’AMDH. Dans sa plaidoirie Me Mariko, soutient aussi l’inclusion au sein des enquêtes terroristes les graves violations des droits humains contre les populations. Il déplore le contexte sécuritaire et politique ‘’ambivalent ‘’qui pèse sur les procédures judiciaires. « Les accords passés ont entrainé la libération et parfois l’abandon des poursuites à l’encontre d’individus soupçonnés des crimes les plus graves », martèle-t-il. L’emblématique dossier d’Amadou Haya Sanogo et coaccusés quant à lui est en suspens depuis un an, alors qu’autant les accusés qui ont soif  de connaître la vérité.

Appel aux autorités

Étant les principales organisations de défense de droits de l’homme au Mali, le FIDH et l’AMDH, « appellent les autorités maliennes et les forces internationales à mettre la justice, le dialogue, le respect des droits Humains au cœur de toutes leurs actions et d’éviter ainsi de renouer avec les erreurs du passé, des stratégies du tout sécuritaire» prévient le président de l’AMDH. En lançant cet appel, les deux organisations mettent en garde les autorités maliennes  contre la concentration des efforts sur la lutte armée au détriment des mesures pouvant ramener la paix et la justice de façon efficace et durable.

Ce rapport conjoint, prend en compte les violations des droits humains commis de 2012 à 2017. Il indexe la nécessaire urgence que constitue le rendement de la justice dans un pays en crise, car « il ne pourrait y avoir de paix sans un minimum de justice », assure le président de l’association malienne des droits de l’homme.

Maison de la presse : à quoi ça sert ?

Vingt et un ans après sa création, la mission de la Maison de la presse demeure encore inconnue du grand public, voire de certains journalistes. À l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le mercredi 3 mai, voici quelques clés pour comprendre sa mission.

Des murs repeints, des salles aménagées, la Maison de la presse se prépare pour la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée chaque année le 3 mai dans le monde. Assis sous l’arbre autour d’une théière, des journalistes échangent avec gaité devant l’entrée. Si certains sont de passage, d’autres y passent la journée, ayant fait du lieu le siège de leur journal.

Depuis sa création en 1996, la Maison de la presse reçoit chaque année un fonds de fonctionnement de l’État appelé « aide à la presse ». De 200 millions de francs CFA, l’État a annoncé une réévaluation à 300 millions en 2016. Selon Dramane Aliou Koné (DAK), actuel président de la Maison de la presse, en 2016 l’aide reçue était de 293 millions. La somme est repartie entre sa structure à laquelle sont imputés entre 30 et 35 millions, et les organes de presse. L’URTEL, l’AMAP, l’ORTM et l’Essor reçoivent chacun 10 millions de francs CFA, selon Abdoul Thiam, administrateur délégué par intérim de la Maison de la presse. Mais alors que le président de la République a promis de porter la somme à 400 millions de francs CFA en 2017, certains professionnels se questionnent sur l’utilisation de ces fonds au niveau de la Maison de la presse. Selon son président, ils servent essentiellement à son fonctionnement.

Cette représentation faitière a pour « principale mission la formation continue des journalistes », affirme DAK. Elle initie en effet plusieurs formations à leur attention. Le partenariat signé avec l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille en France qui a permis de former une trentaine de jeunes journalistes maliens sur les fondements et les valeurs de la profession en est un exemple. Avec l’Institut français du Mali, la Maison de la presse offre aux journalistes des cours de français approfondis sanctionnés par des diplômes de l’État français. « Plus de 90 journalistes sont actuellement dans ces programmes », explique DAK. Issa Fakaba Sissoko, journaliste à Studio Tamani, déplore cependant le manque de formation. « La Maison de la presse peut faire mieux en offrant plus de formation aux journalistes, qu’ils soient vieux ou jeunes », dit-il. Pour DAK, le temps des séminaires est révolu, « nous souhaitons des formations qualifiantes avec à l’appui des diplômes ».

La Maison de la presse dispose de trois salles louées à 75 000 et 150 000 francs CFA par événement et loue également des locaux au Studio Tamani. Des fonds qui servent à payer les charges et l’entretien du bâtiment.

 

Presse malienne cherche désespérément financements

Au Mali, les journaux sont confrontés à de nombreuses difficultés. Ce qui oblige les patrons de presse à demander plus à l’État, ou à inventer des modèles leur permettant de se développer

Depuis 20 ans, le gouvernement alloue annuellement 200 millions de francs CFA d’aide à  la presse. Cette subvention, l’une des plus basses de la sous-région, n’a pas augmenté depuis des années, alors que le nombre de journaux a explosé. « Cette aide ne figure même pas dans le budget de l’État et provient d’un fonds souverain de la présidence. Ce qui est déplorable, c’est le manque de critères d’attribution. Il faut juste exister pour prétendre à  cette aide », explique Alexis Kalambry, directeur de publication du journal Les Échos et vice-président de la Maison de la presse. Le secteur reste gangréné par les parutions éphémères, des journaux dit « clé USB », sans structure, ni personnel, qui peuvent obtenir les mêmes montants qu’une entreprise qui à  pignon sur rue. Trente-cinq millions seulement ont été affectés par le gouvernement aux journaux en 2015. « En même temps, l’administration est abonnée d’office aux principaux quotidiens nationaux comme l’Essor, quotidien public, L’Indépendant ou le Républicain, ce qui est une subvention déguisée », observe un patron de la presse en ligne.

Selon Kalambry, la portion de l’aide qu’a reçu son journal « ne couvre même pas une semaine d’exploitation du quotidien ». Vendu à  300 francs CFA, avec un coût de fabrication de 250 francs, les 50 francs de marge dégagés se partagent avec le revendeur, qui reçoit 30%. Compte tenu des faibles volumes vendus, liés à  une culture de la lecture inexistante, la presse est obligée de se tourner vers d’autres bailleurs.

La pub comme remède Ces financements alternatifs viennent principalement de la publicité, qui peut représenter plus de 60 % du chiffre d’affaires d’un journal. Cette manne financière a été initiée par les opérateurs Télécoms, au début des années 2000, suivis par les banques et les produits de consommation courante. Plus gros bailleur du secteur, Orange ferait à  lui seul 70 % du chiffre d’affaires de certains journaux. Des contrats annuels de deux à  cinq millions sont souvent signés avec des grandes entreprises pour publier avis, insertions et communiqués. Néanmoins, les journaux qui arrivent à  construire un business model sur la publicité ne sont pas nombreux. « le nombre d’annonceurs n’est pas large et ils souhaitent en général se voir afficher dans un support à  fort tirage et de bonne qualité d’impression », confie un directeur de publication. Une grande partie de la presse est aussi financée par des bailleurs cachés, souvent des hommes politiques, qui mettent la main à  la poche pour financer ces parutions. La solution pour subsister repose aussi sur la diversification des activités. Quelques organes l’ont compris et sont adossés à  des imprimeries (l’Indépendant, les Échos, l’Indicateur du Renouveau), ce qui permet de réduire les coûts. D’autres ont développé de véritables groupes incluant maison d’édition, régie d’affichage et agence de communication, ou radio et télévision. Bien que la majorité des entreprises de presse ne soit pas encore prête à  passer de l’ère Gutenberg à  celle de Google, le web semble aussi un créneau à  développer.

Vers une revalorisation du financement de la presse ? En 2015, la maison de la presse a fait des propositions à  l’État concernant l’augmentation de l’aide et les critères d’attribution de cette subvention, pour assainir le secteur. Parmi elles, des mécanismes de subvention indirecte et des avantages fiscaux, permettant de faire baisser les charges. Sur ces sujets, le président IBK a promis de « fournir plus d’efforts », car, a-t-il estimé lors des voeux en début janvier, qu’ « une presse responsable et mieux équipée contribue efficacement au développement du pays ». Les paroles du chef de l’État ont été entendues par toute la profession. Reste maintenant à  les concrétiser.