Me Mamadou Konaté à la tête de la Commission Nationale de l’OHADA

Me Mamadou KONATE, a été désigné, le 07 Novembre2014, membre de la Commission Nationale pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) du Mali, en qualité de représentant du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme. A ce titre, il est nommé Président de la Commission Nationale OHADA du Mali, conformément aux dispositions de l’article 4 du Décret n°95-­‐012/P-­‐RM du 11 janvier 1995, ratifiant le traité du 17 Octobre 1993 relatif à  l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique. En attendant la nomination des autres membres de la CN-­‐OHADA du Mali, Maitre KONATE s’attèle à  réunir les éléments nécessaires pour préparer un véritable plan d’actions qui lancera les activités de la CN-­‐OHADA du Mali Pour mémoire, la CN-­‐OHADA a pour mission de servir de relais entre les organes et les institutions de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires(OHADA) et les acteurs nationaux impliqués dans la mise en œuvre et le développement du droit des affaires OHADA.

Me Mountaga Tall : du prétoire à l’Université

Agé de 57 ans Me Mountaga Tall est une figure emblématique de la politique malienne. Ce quinquagénaire, natif de Ségou aura partagé le plus clair de sa vie entre le prétoire et le terrain politique. Il fait une entrée en fanfare dans la politique lors de la première élection présidentielle du Mali démocratique en 1992, o๠il occupe, à  35 ans, la 3ème place derrière l’ancien président Alpha Oumar Konaré et feu Tiéoulé Mamadou Konaté. Me Mountaga Tall fut un élève coranique avant de fréquenter par la suite l’école française en 1963, soit trois ans après l’accession de notre pays à  la souveraineté nationale et internationale. Ancien pensionnaire du lycée Askia Mohamed, il poursuit ses études à  l’Université de Dakar. Il sort en 1980 avec une maà®trise en Droit international public. En 1982, il obtient son diplôme d’études approfondies d’enseignement en histoire du Droit. Le jeune juriste s’inscrit au barreau de Dakar avant de venir exercer son talent à  Bamako. Me Tall est l’une des figures de proue du mouvement démocratique qui a joué un rôle décisif dans l’avènement de la démocratie au Mali. Il fait partie de ces hommes et femmes qui combattu à  visage découvert et souvent au risque de leur vie le régime dictatorial du général président, Moussa Traoré jusqu’à  sa chute. Ancien vice-président de l’Assemblée nationale, il a été trois fois candidat à  l’élection présidentielle (1992, 2002 et 2013). s’il est l’éternel président du Congrès d’initiative démocratique CNID FYT, depuis sa création, Me Mountaga Tall en est à  sa première expérience ministérielle. Jusqu’ici l’homme avait préféré faire la promotion de ses cadres à  cette fonction. Cette fois-ci, rapporte t-on, ce sont les militants qui l’auraient forcé à  présenter son CV pour être nommé ministre. Ce qu’il « accepté à  cause du Mali ». Saura t-il nettoyer les écuries d’Augias de l’enseignement supérieur au Mali ? Les universitaires ne cachent pas leur scepticisme : « l’enseignement supérieur est entre les mains de Me Tall qui ignore tout d’une école supérieure à  plus forte raison une faculté et ses enseignements », déplore un enseignant d’une grande faculté de l’Université de Bamako ayant requis l’anonymat.

Me Sidiki Diarra, jeune ténor du barreau malien

Il faut désormais l’appeler Me Sidiki Diarra. A 36 ans, il vient de réussir avec brio au concours du Certificat d’aptitude à  la profession d’avocat(CAPA), session d’octobre 2013 en occupant la 3ème marche du podium sur 26 candidats. l’homme se distingue d’abord au lycée Prosper Kamara(LPK) de Hamdallaye o๠il décroche en 1999 le baccalauréat en série langues et littérature avec la mention assez-bien. Pendant son parcours secondaire, il aura brillé par son aisance à  parler et à  écrire dans la langue de Molière, avec en prime de bonnes notes en français, philosophie… et surtout son éloquence admirable pendant les séances d’exposés en classe. Après une carrière secondaire bien remplie, Me Sidiki Diarra jette son dévolu sur la Faculté des sciences juridiques et économique(FSJE) de l’Université du Mali, section sciences juridiques. Au bout de quatre ans, il décroche, en 2003, une maà®trise en Droit privé, option affaires avec la mention « assez-bien ». Tout frais émoulu de la FSJE, il suivra plusieurs formations modulaires dans le souci de bonifier ses connaissances et diversifier son domaine de compétences. Fort de tout ce potentiel intellectuel, le jeune homme ne connaà®tra presque pas le chômage. Me Diarra va occuper successivement le poste de conseiller en gouvernance PGP à  l’ONG CARE International, bureau de Ségou en 2004, coordinateur de programmes à  l’ONG ORFED de 2006 à  2009. Sans compter ses multiples participations, à  titre de consultant, à  plusieurs séminaires et formations. Assoiffé de savoir, Sidiki Diarra décide en 2009 d’ajouter une nouvelle corde à  son arc. Direction : la capitale sénégalaise à  l’Université Dakar Bourguiba(UDB) o๠il obtient en 2010 un Master 2 en Droit de l’ingénierie financière et fiscale. A l’UDB, il laisse des traces puisqu’il sort comme major de sa promotion. Ce père d’un garçon et d’une fille signe son come-back au Mali pour faire valoir ses compétences au service du pays. Il dépose ses baluchons au Cabinet d’avocat d’affaires Me Lamissa Coulibaly en qualité de juriste interne. Son sérieux et sa perspicacité lui permettent de gagner la confiance et l’estime d’un chef dont il demeure admiratif : « Du haut de ses 25 années de prétoire, que de situations déliées, des plus inattendues aux plus complexes. Je le témoigne pour avoir pratiqué ce vieux routier du droit très avisé et qui a plus d’un tour dans son sac. Nous jeunes Avocats, pour être des portes-étendards de cette profession, nous nous devons de prendre le temps nécessaire de fouiller dans ces vieux sacs afin d’y puiser les secrets de notre ascension ». Si Me Lamissa Coulibaly demeure sa référence au Mali, en Afrique il est tombé sous le charme du sénégalais Me Demba Ciré Bathily pendant C’’est le regretté Me Jacques Verges demeure pour lui un monument mondial. Boute-en-train D’un naturel jovial et sobre, Me Diarra est un véritable boute-en-train dont la compagnie est appréciée par les amis et proches. Après avoir prêté serment à  la Cour d’appel de Bamako le jeudi 3 avril 2014, l’homme en robe noire donne sa perception sur la responsabilité de l’avocat : «l’Avocat est celui qui représente l’espoir, celui que le client croit pouvoir tout résoudre et le sortir des situations les plus périlleuses. En cas de problème, de quelque nature qu’il soit, le chef d’Etat, le chef d’entreprise, le service public, le Ministre, le pauvre, bref le justiciable, se tournent vers l’Avocat, vu ce jour comme l’unique refuge. Cette profession est encore plus exaltante quand vous constatez la satisfaction sur le visage du client dont le patrimoine vient d’être sauvé, la dignité restituée au détenu tiré des tréfonds de la prison. C’’est là  que l’Avocat mesure la portée de sa responsabilité qui consiste en quelque sorte à  préserver le patrimoine du justiciable, à  consacrer le droit du démuni, à  restituer la dignité du prévenu ». Contrairement à  une opinion générale très critique vis-à -vis de la justice, Me Sidiki Diarra semble prêcher pour sa chapelle : «La justice malienne a su démontrer, au gré de nombreuses procédures inattendues, son indépendance et sa vocation à  dire le droit, rien que le droit. A titre illustratif, lors des regrettables évènements du 22 mars 2012 ayant vu le renversement du régime de l’ancien président ATT, l’appareil judiciaire est resté l’un des rares services publics n’ayant pas connu d’interruption. A ce titre, les Maliens ont foi en leur justice, qui constitue par-dessus tout, le seul gage de la paix sociale tant recherchée », plaide ce féru du cinéma et de scrabble.

Affaire du Monde : Maître Konaté va défendre IBK

C’’est dans tweet daté du 30 Mars que l’information a été donnée. Maà®tre Mamadou Ismaila Konaté, du cabinet Jurifis consult, a été constitué par le président de la République pour le défendre dans le dossier de mise en accusation du Journal Le Monde. « J’ai accepté d’être l’avocat du président de la république contre Le Monde », a confié le juriste. Maà®tre Konaté fera donc partie du pool d’avocats qui va tenter de blanchir le président IBK, indexé pour ses liens avec un homme condamné en 2008 pour « corruption active » dans une affaire politico-financère, et que les français cherchent à  faire tomber. Michel Tomi, corse, un homme qui est à  la tête d’une empire financier valant des milliards FCFA est souvent décrit comme ‘’ le parrain des parrains » de la mafia. Les arguments qui ternissent l’image du président de la république, sont ceux relatifs à  la personne du chef de l’état. « Que Tomi ait offert des vêtements à  IBK ou l’ait hébergé, d’après les dires de nos confrères du Monde, ce qui reste à  prouver, donne une image peu glorieuse d’un chef de l’état, qui vient à  peine d’être élu et tente de faire sortir le Mali de la crise », estime un communicant. En outre, sur le plan juridique, « le président Ibrahim Boubacar Keita n’est pas en accusation devant la justice, ou disons le, pas pour le moment ». Quant à  Michel Tomi, il a bien investi au Mali, à  travers le casino Fortune’s club ou le PMU Mali en engrangeant de gros bénéfices, ce qui lui vaut d’être soupçonné d’entretenir un vaste réseau de blanchiment d’argent en Afrique. Ses relations avec IBK remonteraient à  une vingtaine d’années. C’’est Feu Omar Bongo Ondimba qui aurait établi le lien entre eux. l’article du journal ‘’Le Monde » évoque aussi le fait qu’Ibrahim Boubacar Keita soit actionnaire au Fortune’s Club de Bamako. « Le monde‘’ au delà  de la personne du chef de l’Etat, jette un discrédit sur les efforts inlassables de toute une nation. Pour le Mali, les dégâts pourraient être énormes. En attendant les suites juridiques de cette affaire, les Maliens, espèrent une déclaration publique sur l’honneur du Président de la république et qui ira à  l’encontre des accusations de corruption en lien avec ce que les journalistes français du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, décrivent comme le «système Tomi ».

Leçons du 26 Mars : « Honneur, dignité et grandeur pour les Maliens », dixit Maître Konaté

Journaldumali.com : Que fut réellement le 26 mars 1991 pour le peuple malien, une révolution ou une régression ? Maà®tre Mamadou Ismaila Konaté : Il s’agit sans doute d’une révolution plus que d’une régression. l’aspiration profonde du peuple du Mali était l’ouverture démocratique, incompatible avec le régime politique de l’époque, basé sur l’unicité et le centralisme démocratique. Ce régime de parti unique était d’ailleurs conforme à  ce qui existait dans la plupart des pays d’Afrique, caractérisé par l’absence de grande compétition, peu favorable au suffrage universel. Sans doute que la Révolution parait énorme dans la mesure o๠malgré le bouleversement politique qui a entrainé un changement à  la tête de l’Etat, la société malienne est fondamentalement restée la même, sans que ce bouleversement n’ait pu entrainer des changements positifs en matière d’éducation, d’amélioration de la santé, de bien-être, de construction de l’Etat, et pour ce qui est de la consolidation des institutions et de la démocratie. Aujourd’hui, 23 ans après le 26 mars, pouvons-nous conclure que la démocratie a été un échec sur toute la ligne? On ne peut pas dire que la démocratie a été un échec. En disant cela, il faut tout de même reconnaitre que 20 ans après, les acquis sont maigres. Le 22 mars 2012,un régime constitutionnel, légal a été renversé par un coup d’Etat militaire. Sur ce plan, il reste à  faire beaucoup d’efforts pour faire accepter que le seul mode d’accession au pouvoir reste l’élection. Pour autant, la démocratie ne doit pas permettre à  une oligarchie politique, d’exercer le pouvoir solitaire et exclusif,par le biais d’un suffrage tronqué, au nom d’un peuple pour lequel on plaide par procureur, contre son gré. Dans le système démocratique malien, l’intérêt particulier a tendance à  prendre le pas sur l’intérêt général. Le système démocratique est un pis-aller dans notre pays, qui donne l’opportunité à  des hommes et des femmes, d’exercer le pouvoir politique, au nom d’une puissance publique, qu’ils ramènent à  leur petite personne. Pour qui a vu l’histoire récente du Mali, disloqué, embrasé, dans un contexte de manque de cohésion sociale, face à  des hommes et des femmes, incapables de commercer entre eux, en faisant fi, au nom de la nation et de la patrie, de leur race, souvent différente, de leur religion en contraste, de leur origine éloignée, alors même qu’ils n’ont pas d’autre choix que de se réclamer du Mali et de ce qui est malien. Ce défi est celui de la réconciliation nationale qui incombe à  chaque malien que l’histoire nationale interpelle. Pensez-vous que ceux qui ont renversé le régime dictatorial de Moussa Traoré n’ont pas mieux fait que lui ? Il ne s’agit pas de reconnaitre en ce 26 mars 2014 le meilleur ou le plus valeureux des fils du Mali qui se sont succédés à  la tête de l’Etat. Modibo Keita jadis, Moussa Traoré ensuite, Alpha Oumar Konaré avant hier et Amadou Toumani Touré par deux fois, aujourd’hui Ibrahim Boubacar Keita ont jurés de donner le meilleur d’eux-mêmes, pour construire le pays de leurs ancêtres. Chacun de ces chefs a sans doute participé au devenir de la nation malienne, dans un contexte, un environnement et face à  des exigences d’un peuple et d’une nation qui ont aussi évolué. Nul n’est dupe, chacun de ces hommes a du commettre qui, des impairs, qui, des erreurs, qui, des fautes que seule l’histoire jugera. Au demeurant, le Mali leur saura reconnaissant ou pas. Ce peuple aspire comme tout peuple au bonheur, à  la concorde et au développement. Ce défi incombe aujourd’hui à  celui qui est à  la tête de l’Etat aujourd’hui. Il doit s’engager aujourd’hui à  réunir le territoire et ses hommes, à  fructifier la richesse nationale, à  assurer l’égalité des chances de tous ses fils, à  maintenir la paix et la concorde. Sur l’avenir des institutions maliennes, êtes-vous optimiste ? Le Mali est-il définitivement à  l’abri d’un nouveau coup d’Etat ? Les institutions actuelles de la République sont celles là  mêmes qui se sont essoufflées dès les premières heures du coup d’Etat militaire. Ces institutions n’ont pas pu éviter l’écroulement de l’Etat. Tout cela est rendu facile face à  une faible conscience nationale et un engagement politique d’acteurs politiques et publics dont le crédit fait quelque peu défaut. Contre ce phénomène, il s’agit de réfléchir et de proposer un cadre institutionnel le plus en rapport avec nous mêmes, notre environnement, notre culture et notre pratique démocratique. On peut s’interroger sur le caractère effectivement universel du suffrage à  tous les coups contesté. On peut également s’interroger sur le rôle et la mission d’un député représentant de la nation, incapable d’exercer son pouvoir de contrôle sur l’exécutif. On peut également s’interroger sur la nature particulière de la justice et du juge qui refusent de se bander les yeux, pour rendre la justice conformément à  la loi, sans aucune référence à  la race des protagonistes, à  leur origine, à  leur religion et à  leur état de fortune. Qu’est ce que C’’est que cette justice qui n’est pas à  l’abri des influences par rapport à  son indépendance ? On peut s’interroger sur les rapports homme et femme, sur les rapports interreligieux, sur les rapports sociaux, en l’absence d’un véritable cadre teinté de moral, dans un contexte de manque d’éthique. Toutes ces questions doivent être prises en charge, pour permettre à  ce grand Mali, issu du Soudan français, des empires et des royaumes d’antan, de faire renaitre à  l’esprit de chaque malien un honneur, une dignité, une grandeur

Coopération Mali/ Côte D’ivoire : Un bel exemple pour les juristes

Diffusion du droit: un objectif commun l’association TICS crée à  l’initiative de Me Mamadou Ismaà«l Konaté il y’a 2 ans est une association qui a pour objectif de contribuer à  une meilleure diffusion du droit et une bonne distribution de la justice au Mali. Depuis sa création, TCIS entreprend des actions efficaces, visant à  promouvoir en République du Mali et dans d’autres contrées, le droit de l’entreprise et des affaires et la bonne pratique des affaires. Ces actions sont menées à  travers la formation, la diffusion et l’information pour le grand public des justiciables et des professionnels du droit. De même, le Réseau francophone a pour objectif de donner à  ses membres un cadre de concertation et d’échanges leur permettant d’harmoniser leurs vues sur les problèmes d’intérêt commun relatifs à  la diffusion du droit ; œuvrer à  la création des structures appropriées de gestion et de diffusion du droit dans les Etats francophones o๠elles n’existent pas encore; contribuer au renforcement des capacités des structures existantes dans les différents Etats. Du matériel informatique de valeur Ce lot de matériel d’une valeur de 1 605 730 FCFA est composé d’un micro-ordinateur de bureau HP DX 2400, d’un logiciel Microsoft office 2007 professionnel, d’une imprimante Laser HP Laserjet 2015, d’un scanner HP etC’… Le décor de la cérémonie a été planté par le secrétaire permanent du TICS, Oumar Keita. Vision partagée Au regard des objectifs communs des deux associations de juristes, le président Brou Kouakou N’Guessan a rendu visite au siège de l’Association. Une visite qui lui a fait voir le manque de matériel informatique pour la diffusion du droit: «Â Le réseau francophone a le même objectif que le TICS de droit, celui de diffuser l’information relative au droit, et C’’est à  travers la télévision malienne que J’ai su l’existence de cette association. Après une visite de courtoisie, J’ai constaté qu’il manquait du matériel d’informatique de haut débit. C’’est dans ce cadre que nous avons mis à  la disposition de Tics, ces outils pour renforcer leurs capacités et nos liens de coopération ». Le récipiendaire, Me Mamadou Ismaà«l Konaté, président de l’association a exprimé sa joie et la marque de considération faite à  son association par le réseau Francophone africain : «Â Du fond du C’œur, je vous remercie au nom des membres de l’association pour ce geste symbolique». Après la remise des dons, les deux présidents ont procédé à  la signature d’un document attestant leur coopération. Un cocktail a mis fin à  la cérémonie.

Maître Konaté sur le code de la famille : « On s’est contenté de plaquer les institutions républicaines, pour simplement répondre à la mode démocratique !»

Avocat réputé au barreau malien, Maà®tre Mamadou Ismaà¯la Konaté est associé du cabinet Jurifis Consult. Très présent dans les débats de société qui traversent la société malienne, affaire du vérificateur général, ou BHM, il est aussi l’avocat de l’ancien président tchadien Hissène Habré. A travers une longue interview consacrée à  JournalduMali.com, cet agitateur d’idées nous livre sa vision sur le très controversé code de la famille, qui ne manquera pas d’occuper les devants de l’actualité dès la fin du mois de Ramadan. JournalduMali.com : Que pensiez-vous du nouveau code après qu’il ait été voté par l’Assemblée Nationale le 3 Août 2009? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Comme toutes les personnes de ma génération et de ma formation, je me suis réjoui à  l’idée qu’un Code de la famille ait opté pour ce qui est apparu à  mes yeux d’homme, de citoyen, de professionnel du droit comme une avancée réelle en termes de droits et d’équilibre des droits. JournalduMali.com : Ne regrettez-vous pas que le code n’ait pas été plus loin sur l’excision et la polygamie notamment ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Je ne juge pas les avancées de ce Code uniquement sur ces questions spécifiques là . De mon point de vue, pour ce qui concerne ces questions, le droit positif et tout le dispositif prévu dans les Conventions internationales signées par le Mali comportent de nombreuses réponses adéquates. Il est vrai que ces réponses sont moins « bruyantes » mais plus efficaces que les dispositions insérées dans un texte aussi spécial que le Code de la famille. Vous me parlez de la polygamie, pour moi, cela relève d’une option qui reste ouverte à  ceux là  qui en font le choix. Il ne reste pas moins vrai que certaines personnes subissent plus que ne vivent la polygamie. Ces personnes là  ont peut être besoin de la protection de la loi dans le cadre d’un ordre public de protection. JournalduMali.com : Avez-vous été étonné par l’ampleur des manifestations de protestation? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Très franchement je n’avais pas exclu une réaction, mais jamais au point de penser que l’on pouvait remplir d’un coup tout un stade en une seule matinée. Nombre de candidats aux élections les plus importantes dans notre pays ne sont pas arrivés à  faire cela, malgré qu’ils se réclament du peuple et disent disposer de militants partout. Il est vrai que l’appel auquel tous les « contestataires » du Code ont répondu, venait de plus loin qu’un appel politique. JournalduMali.com : Votre position sur le code a-t-elle évoluée depuis ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : La position de tout le monde devrait plus ou moins évoluer après ce qui s’est passé. C’’est vrai qu’il y a toujours des téméraires, mais Il ne faut pas tomber dans ce travers qui amène beaucoup de gens à  se dire « modernes » face à  d’autres qu’ils peuvent malencontreusement juger « moins modernes », ou « arriérés ». Ma position sur cette question a donc évolué pour plusieurs raisons : La première tient à  la diversité et à  la spécificité « des communautés ethniques » non suffisamment prises en compte dans les dispositions de ce Code. La seconde est en rapport avec le rôle social et la mission d’un certain nombre d’« autorités », de « notabilités » qui ne sont pas toujours « valorisées » dans nos lois « modernes ». La troisième, et pas forcément la dernière, tient au fait que des composantes essentielles de la nation malienne se sont exprimées dans un cri « presque » de détresse et de douleur. Une autre raison est qu’il faut évoluer, en tout état de cause, et je suis en parfait accord avec mon confrère Mountaga TALL, député de son état qui nous invite à  moins de paresse intellectuelle… Je n’ai pas de scrupule à  reconnaitre que J’ai évolué sur des points se rapportant au Code. JournalduMali.com : Pourquoi la frange de la société civile qui était favorable au code ne s’est-elle pas mobilisée ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : J’ai souvent entendu un tel argument qui venait comme un gros reproche fait à  la société civile, comme si cette dernière avait failli à  un « devoir de solidarité ». Envers qui d’ailleurs ? Non, je ne suis pas un farouche partisan du recul et de l’inaction. Mais reconnaissons le, le pays et ses hommes n’avaient pas beaucoup d’autre choix que d’apaiser le climat social afin que la réflexion se fasse dans la plus grande sérénité. Il fallait dans tous les cas éviter de se regarder en chiens de faà¯ence, prêts à  un affrontement dont personne ne pouvait prédire l’issue. Il faut se parler désormais et avancer dans la réflexion et dans les propositions. JournalduMali.com : Que pensez-vous de la gestion gouvernementale de cette affaire avant le renvoi? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Le gouvernement malien s’est trouvé exactement comme son homologue français au moment du passage en force de la Loi dite « Devaquet ». Il s’agit d’un projet de loi qui a tenté de reformer les universités françaises en fin 1986. Très contesté, il a entraà®né un mouvement étudiant et lycéen, notamment marqué par la mort de Malick OUSSEKINE, et le projet de loi a fini par être retiré. Le Président ATT s’en est sans doute instruit. Il a, dans son adresse à  la Nation, soutenu lui-même que tout avait été fait pour que le consensus soit à  la base de l’adoption de ce texte. Il faut rappeler qu’il s’agit d’un texte qui est d’origine gouvernementale. Il n’y a pas de raison de douter de la parole de la première autorité nationale, ce d’autant plus qu’il a été le tout premier à  se réjouir publiquement du vote de la loi par le Parlement. Cependant, force est de constater qu’au regard de l’évolution de l’actualité du Code de la famille, il y a comme quelques ratés dans le « déroulé ». En définitive, la leçon à  tirer est que dans notre pays comme dans beaucoup d’autres de la sous région, nous nous sommes souvent contentés de « plaquer » les institutions républicaines, pour simplement répondre à  la « mode démocratique ». En mettant en place ces institutions, nous les avons assez souvent perverties dans leur fonctionnement et rapports entre elles et avec d’autres. Il faut désormais « oxygéner » les institutions et « libérer » le système politique et démocratique dans notre pays. Les lois doivent être votées après des débats francs, ouverts et instructifs au cours desquels les élus de la nation s’expriment. Il n’y a aucun besoin de donner des « instructions politiques » et des « directives », qui font perdre de vue aux représentants du peuple qu’ils sont d’abord là  pour le peuple et pour son bonheur, et non uniquement pour un gouvernement. JournalduMali.com : l’Assemblée Nationale a-t-elle joué son rôle ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : l’Assemblée Nationale a pleinement joué son rôle dans le vote de la loi au moins. A t-elle joué un autre rôle que celui là , je ne saurais le dire. Va-t-elle encore jouer son rôle dans ce second exercice qui lui est demandé par le Président de la République, à  savoir, relire la loi, est bien malin qui saura le prédire. JournalduMali.com : Etes-vous d’accord avec le renvoi par le Président ? Etait-ce la bonne décision ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : La décision de renvoyer le texte de la loi en seconde lecture par le Président de la République ne relève que de sa seule et unique prérogative. Cette décision ne se discute pas. Elle se discute d’autant moins qu’elle trouve son fondement dans la Constitution. Il a pris la décision qu’il a cru devoir prendre et je constate que pour ce faire, il a pris le soin de consulter les nombreuses institutions de la République et leurs Chefs, les corporations, les forces vices et autres leaders politiques et d’opinions. N’aurait-il pas été plus opportun de consulter tous ceux là  avant plutôt qu’après ? Enfin, pour cette seconde relecture, je reste en tant que juriste, curieux de connaà®tre les points de contradiction qui vont servir de support à  la relecture du texte et à  sa nouvelle discussion. JournalduMali.com : Quels sont d’après vous les articles qui font le plus polémique et quelles solutions préconisez-vous? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Le plus curieux dans cette affaire, C’’est que tout le monde avance tout et son contraire à  la fois. De sorte qu’il devient plus difficile de faire la part des choses entre les points contesté et ceux qui sont contestables. Au-delà , il est facile de constater les articles controversés se rapportent le plus souvent à  des aspects philosophiques, des références culturelles, sociologiques et religieuses. Dans tous les cas, il est possible de concilier les points de vue si tous les acteurs sont animés du souci de doter notre pays d’un véritable cadre juridique applicable à  la famille et à  nos relations humaines, sociales, matrimoniales, patrimoniales… La question de la place et du rôle de la jeune fille d’une part et de femme-épouse d’autre part, est centrale. Il est impensable de confiner la femme d’aujourd’hui dans un rôle qui ne tienne pas compte de son environnement, de sa culture, de sa sociologie et de beaucoup d’autres facteurs. La femme de 2009 n’est pas celle de 1989 à  n’en pas douter. Son aspiration profonde à  plus de liberté, plus d’équité et plus de justice sont d’autant plus légitime qu’aucune religion du livre ne dit « non » à  une telle quête. De ce point de vue, les dispositions du code ne doivent pas être discutées sur la base d’une référence unique, de fondements figés et immuables, mais les réponses à  y apporter doivent se fonder sur des bases multiples, qui doivent venir de nous même, de notre culture et de nos religions. Autre question importante, la succession et la part susceptible d’être attribuée aux héritiers ne devrait pas avoir une importance véritable en raison du sexe, de la filiation. Le plus important aux yeux des maliens que nous sommes étant que les héritiers soient issus du même père. Dès lors que ce dernier a exprimé une volonté claire, cette volonté devra demeurer et s’exécuter. Cet argument est soutenu par le fait qu’il existe un air de tolérance naturelle des religions, aussi bien chrétienne que musulmane, qui n’expriment aucune opinion contraire. Pour ce qui concerne le formalisme nécessaire en matière de célébration d’union maritale, les dispositions du code de la famille n’interdisent point les mariages religieux. Il ne viendrait d’ailleurs à  l’idée de personne de nier l’évidence de l’importance de ce rôle. C’’est d’ailleurs sur ce point précis que les pouvoirs publics ne doivent plus hésiter à  s’avancer pour fixer un véritable « cadre juridique » de l’intervention des « ministres du culte » en matière d’état civil. Dans notre pays, aucun baptême ou mariage ne peut être célébré, aucun mort ne peut être inhumé, sans la présence et l’intervention d’un « ministre du culte ». Il ne viendrait là  encore à  l’idée de personne de confier de telles missions au premier venu que l’on rencontrera dans la rue par exemple. Cela veut dire que ces « actes » ont un sens et que les personnes qui les accomplissent ont une « importance sociale ». Dès lors, pourquoi ne pas imaginer de créer un statut particulier d’« officiers d’état civil religieux » ou d’ «agents d’état civil religieux ». Ces « autorités » seront nommées tous les ans, renouvelable dans des localités définies, par arrêté du ministre de l’intérieur, sur la base de critères tels que l’intégrité morale, le niveau de savoir et de connaissances cultuels, la notoriété publique, l’exercice effectif d’un ministère du culte… Le rôle et la mission de ces « officiers » ou « agents » de l’état civil consisteraient selon leur culte, à  prononcer les baptêmes, célébrer les mariages, inhumer les morts … Et ils feraient les déclarations auprès des autorités en charge de la tenue des registres ouverts pour ce faire pour y être mentionnées. JournalduMali.com : Le fait de créer des officiers d’Etat civil religieux ne va-t-il pas à  l’encontre de la laà¯cité de l’Etat ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Aucunement, bien au contraire. Il s’agit vraiment là  de prendre en compte une réalité de notre culture et de nos pays. Jusque là , C’’est le principal reproche qui nous est fait de tout faire venir d’ailleurs, en termes d’idées. Je pense pour une fois que l’on peu oser se jeter à  l’eau pour travailler sur des concepts nouveaux. La création de statuts particuliers d’officiers d’état civil religieux permet également de prendre convenablement en charge la mission de service public de déclaration des naissances, des décès et des mariages. Ces statistiques dans notre pays ont besoin d’être considérablement améliorés. Et puis, la mission de service public comme celui proposé s’exécutera sous un double contrôle administratif et judiciaire. Les personnes conservent encore leur liberté d’aller ou de ne pas aller par-devant les « ministres du culte » pour assurer un ministère. JournalduMali.com : Les modifications qui vont être apportées ne constituent-elles pas un recul pour le droit des femmes ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Les femmes le diront mieux que quiconque. Mais entre avancer doucement mais sûrement et ne rien à  avoir, il n’y a pas beaucoup de femmes qui ne suivraient pas sur ce qui est avancé là . Et puis les femmes ne sont jamais pour l’affrontement et les contradictions qui ne se terminent pas vite. JournalduMali.com : Comment allez-vous agir pour faire avancer vos propositions ? Existe-t-il un collectif autour de vous ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Je prends le risque de mettre sur la place publique une réflexion personnelle que J’ai muri et que je continue encore de murir. Je m’inspire de ce qui se passe tout autour de nous, en termes de droit comparé dans des environnements similaires ou identiques. Cette réflexion va sans doute se poursuivre dans le cadre d’une structure associative que je préside : « TICS DU DROIT ». TDD agit pour le développement et la promotion du droit et cette question-ci en fait fondamentalement partie. JournalduMali.com : Vos collègues avocats partagent-ils votre point de vue ? Mamadou Ismaà¯la KONATE : Les avocats sont des gens généralement intelligents, ils prendront sans doute position dans un sens comme dans l’autre, mais si cela présage d’un débat qui ne s’est malheureusement pas fait encore de manière lucide et profonde sur cette question dans notre pays, J’applaudirais mes Confrères des deux mains.