Mali: réunion de chefs des armées ouest-africaines sur la reconquête du Nord

Cette réunion, qui doit détailler les plans de la reprise du Nord occupé depuis plus de sept mois par des islamistes liés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), a lieu au moment o๠des négociations se tiennent à  Ouagadougou et Alger avec certains d’entre eux, afin qu’ils se distancent d’Aqmi. Les chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doivent se prononcer sur le « concept stratégique » de la reconquête du nord du Mali, mis au point pendant une semaine à  Bamako par des experts internationaux, africains et occidentaux. Une fois approuvé par eux, ce concept, qui doit préciser la composition de la force, le niveau de participation des pays de la Cédéao qui en constitueront le noyau, le financement et les moyens militaires dont elle devrait disposer, devra ensuite l’être par les dirigeants politiques africains. Il sera alors transmis, avant le 26 novembre, au Conseil de sécurité de l’ONU qui, le 12 octobre, avait voté une résolution donnant à  la Cédéao 45 jours pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali. « Il s’agit de s’entendre sur un concept d’opération pour aider rapidement le Mali à  récupérer le Nord », a déclaré à  l’ouverture de la réunion le général Soumaà¯la Bakayoko, chef d’état-major de l’armée malienne. « Je peux vous affirmer que nous sommes prêts à  jouer notre rôle », a-t-il dit. « Le concept stratégique soumis aujourd’hui est la fois flexible, innovant et consensuel. Il est flexible, parce que notre champ de divergences s’est progressivement réduit pour aller vers un consensus », a-t-il ajouté. Le général guinéen Sékouba Konaté, chef de la Force africaine en attente (FAA), chargé par l’Union africaine (UA) de superviser la préparation de la force de la Cédéao au Mali, assiste à  la réunion. Force de 4.000 hommes « Je voudrais saluer déjà  le travail qui a abouti à  l’élaboration du concept. Les crises auxquelles le Mali est confronté sont préjudiciables à  la paix dans la sous-région », a-t-il déclaré. Des troupes non africaines pourraient participer à  la reconquête du Nord si les chefs d’Etat africains donnent leur accord, avaient indiqué lundi des experts à  l’issue de leur réunion. Jusqu’à  présent, l’envoi de troupes non africaines a toujours été écarté par la France et les Etats-Unis, prêts à  un appui logistique. Mais des responsables ouest-africains espèrent une intervention de leur aviation, qui pourrait s’avérer décisive pour chasser les groupes islamistes. Un responsable africain avait également indiqué que « le nombre de militaires » de la force de la Cédéao, « pourrait atteindre les 4.000 au lieu des 3.000 initialement prévus » et qu’ils seraient répartis « un peu partout » au Mali. Parallèlement à  la préparation de la force armée à  Bamako, la médiation burkinabè poursuit à  Ouagadougou ses discussions avec Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), l’un des groupes islamistes contrôlant le nord du Mali avec Aqmi et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Une délégation d’Ansar Dine doit rencontrer mardi après-midi le président Blaise Compaoré, médiateur au nom de la Cédéao, après plusieurs entretiens avec son ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé. M. Compaoré veut convaincre Ansar Dine – surtout composé de Touareg maliens comme son chef Iyad Ag Ghaly – de rompre avec ses alliés jihadistes d’Aqmi et du Mujao, d’opérer un éventuel rapprochement avec les rebelles touareg laà¯cs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le MNLA prône l’autodétermation du nord du Mali et y avait lancé l’offensive en janvier avec les groupes islamistes armés, avant d’en être évincé par eux. Les jihadistes y imposent depuis la charia (loi islamique) de manière très rigoriste (lapidations de couples non mariés, amputations de présumés voleurs) et y commettent de nombreuses exactions dont des viols et pillages, selon de nombreux témoignages. Une délégation d’Ansar Dine se trouve également à  Alger: l’Algérie, puissance militaire régionale incontournable, privilégie le dialogue, sans exclure la force contre les groupes « terroristes » et sécessionnistes.

Mali : à quand l’intervention militaire ?

La Force en attente de la CEDEAO (FAC), n’attend que le feu vert des autorités maliennes pour une intervention militaire au Mali. Au lendemain de l’éclatement de la crise au Mali, la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO a instruit au Comité des Chefs d’Etats major (CCEM) d’envisager l’emploi de la Force (si nécessaire) pour aider le Gouvernement malien à  recouvrer l’intégrité de son territoire. Après Abidjan qui a abrité, les 25 et 26 juillet dernier, la réunion d’urgence du Comité des chefs d’Etat major de la CEDEAO, C’’est autour de Bamako d’accueillir la conférence finale de planification. Convergence de vues Cette réunion vise donc à  consolider les points de convergence et à  aplanir les divergences d’approches dans le cadre de l’intervention militaire que la CEDEAO entend mener au Mali. Cette rencontre devra marquer la fin des travaux de planification sur le déploiement éventuel de la FAC au Mali. Dans la réalisation de son rôle en tant qu’organe technique de la CEDEAO, sur les questions de paix et de sécurité, le Comité des Chefs d’Etat-majors (CCEM) a tenu plusieurs réunions en phase avec les importants engagements politiques pris par la Conférence des Chefs d’Etat afin d’atténuer les défis sécuritaires auxquels le Mali est confronté. «Â Nous venons prendre des dispositions concrètes dans le cadre du déploiement de la FAC au Mali. Nous venons rassurer la population malienne et l’aider à  mettre hors de son territoire les terroristes et extrémistes religieux qui sèment la désolation au nord du pays…», indique Soumaà¯la Bagayogo président du CCEM. Pour le Chef d’Etat major des armées du Mali, Ibrahima Dahirou Dembélé, ce nouveau pas sera aussi déterminant et se construira sur une stratégie inclusive des réels besoins des forces armées maliennes » Méfiance ! Le ministre de la Défense, le colonel Yamoussa Camara s’est montré méfiant et réservé quant à  l’intervention de la Force en attente de la CEDEAO (FAC). La Mission des forces de la CEDEAO, il la résume à  une mission d’assistance et d’appui dans le cadre de la solidarité sous régionale. «Â Les forces de défense et de sécurité nationales sont et doivent rester le fer de lance de toute stratégie de sortie de crise ». Et le ministre de signifier : «Â nous acceptons la main tendue de nos frères de la CEDEAO. Nous l’acceptons en vous demandant de ne pas chercher à  vous substituer ni aux forces de défense et de sécurité du Mali, ni au peuple malien », avertit le ministre Yamoussa. La commissaire chargée des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité de la Commission de la CEDEAO, Salamatu Hussaini Suleiman, a exhorté les Chefs d’Etat major à  faire preuve d’imagination et de clairvoyance car, dit-elle, « l’attention de la communauté internationale est tournée vers nous et vers les solutions que nous allons proposer pour sortir le Mali de la crise ».  La réunion a été marquée par une session à  huis clos.