Mali : le Ministère de la Justice à l’ère du numérique

A l’instar d’autres secteurs d’activités, celui de la justice s’engage dans l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sept ans après le premier projet, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme a lancé ce 28 juillet 2022,  deux plateformes destinées à offrir à la population une justice transparente et efficace, des informations accessibles ainsi que des services équitables et de qualité, avec l’appui de  Mali Justice Project.
Ce projet qui constitue un appui financier de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) dont bénéficie le Ministère de la Justice, facilite l’accès à la justice ainsi qu’une assistance juridique au Mali.
Ces deux plateformes digitales visent à renforcer la politique de communication interne et externe de l’institution. Ces interfaces vont non seulement favoriser la bonne compréhension des textes mais aussi des codes en vigueur au Mali.
 La première plateforme intranet servira à améliorer la politique de communication interne du Ministère. Ainsi à travers cette infrastructure numérique, le personnel se verra instantanément informé sur les décisions et les orientations. Cette initiative va aussi accroître le sentiment d’appartenance et même davantage encourager la collaboration et la cohésion entre les différentes équipes de travail.
En ce qui concerne le portail web, il mettra l’accent sur la communication externe du Ministère, ce qui permettra de rehausser le niveau d’accessibilité de l’information judiciaire au sein de la population à travers des données fiables et la facilité d’accès aux textes et lois à jour.
Toutes les autres données pertinentes concourent à une meilleure compréhension et un accès à la justice. Des questions relatives notamment aux pratiques et  procédures devant les juridictions civiles, pénales, entre autres seront disponibles.
Compte tenu de ces enjeux, Mali Justice Project a mis à la disposition du Ministère sa contribution technique et financière pour appuyer le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme . « La justice malienne abandonne peu à peu le système classique. Elle fait sa mue lentement mais, sûrement dans la modernité » s’est réjouit, Boubacar Sidiki Diarrah, secrétaire général du Ministère de la Justice.
Rokietou Maïga 

Des initiatives pour améliorer la justice

Devant le tableau peu reluisant que présente la justice malienne, certaines initiatives représentent de véritables bouées de sauvetage. Financées pour la plupart par des bailleurs de fonds étrangers, elles ont comme leitmotiv une justice de qualité, accessible et impartiale. Pour rehausser l’éclat du processus, elles organisent des formations à l’endroit des acteurs de la justice afin d’améliorer leurs capacités.

Le 14 juillet 2015, un consortium composé d’Avocats sans frontières Canada (ASFC), du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et de l’École nationale d’administration publique du Québec (ENAP) procédait au lancement du projet Justice, Prévention, Réconciliation (JUPREC). D’une durée de cinq ans et doté d’un budget de 20 millions de dollars canadiens, le projet JUPREC se donne pour missions, entre autres, de rendre justice aux victimes, de combattre l’impunité et de parvenir à une paix véritable. « Le projet JUPREC marque un pas de plus dans la lutte contre l’impunité au Mali : il donne la parole aux femmes, sensibilise la société malienne autour du respect des droits fondamentaux, suscite un effet d’entraînement auprès des intervenants de la justice et il parvient à mobiliser différents secteurs autour de la nécessité d’éviter la résurgence d’un conflit généralisé », peut-on notamment lire sur le site de l’ONG. A l’instar de cette dernière, Mali Justice Project (MJP), un programme d’assistance judiciaire de l’USAID, œuvre à améliorer l’accès à la justice pour les victimes. « Ces initiatives amènent les acteurs de la justice à réfléchir différemment, à traiter les problèmes autrement », assure Me Sidi Mohamed Diawara. Dans ce sens, des formations sont organisées à l’endroit des acteurs de la justice, afin d’optimiser leurs capacités à traiter de questions délicates. « Les violences basées sur le genre sont par exemple un épineux sujet. Les victimes ne bénéficient le plus souvent pas d’une oreille attentive », constate Me Diawara. « Des formations sont distillées aux magistrats et aux officiers de police judiciaire afin qu’ils revoient et améliorent leurs outils sur cette problématique », ajoute-t-il. Mais le champ d’intervention ne se limite pas aux VBG. « Tous les aspects du droit, du litige foncier à l’héritage, ou même une simple créance entre particuliers, sont concernés. L’objectif est d’avancer vers l’amélioration du service de la justice », poursuit notre interlocuteur.

Mutualiser les efforts Bien que salutaires, ces initiatives gagneraient en impact si elles étaient mutualisées. C’est du moins le constat dressé par Me Diawara, qui a été collaborateur de l’une d’elles. « Il n’y a pas d’approche commune, ce qui est dommage. Nous constaterions résolument plus de résultats si il y avait une meilleure harmonisation des actions », plaide-t-il.