Olivier Dubois : 20 mois de captivité

Aujourd’hui, jeudi 8 décembre 2022, cela fait vingt mois que le journaliste français, Olivier Dubois, est retenu par un groupe terroriste après avoir été enlevé à Gao le 8 avril 2021. Depuis son enlèvement il y a 609 jours, Olivier Dubois est apparu dans deux vidéos diffusées par ses ravisseurs, dans lesquelles il explique lui-même être détenu par le Jnim. Les autorités maliennes et françaises ont indiqué à plusieurs reprises être pleinement mobilisées pour sa libération, tout en rappelant la nécessité d’une grande discrétion sur les actions pouvant être entreprises. Pour les 18 mois de son enlèvement, le 8 octobre, quarante rédacteurs en chef des principaux médias français ont signé un appel à ne pas l’oublier, ont demandé aux autorités françaises de poursuivre et surtout d’intensifier leurs efforts pour le libérer. D’autres journalistes sont également retenus en otage depuis plusieurs mois, notamment Moussa Dicko et Hamadoun Nialibouly dont les familles n’ont plus de nouvelles.

 

 

Maliens en Guinée équatoriale : le calvaire continue

En 2021, suite à des rafles organisées par les autorités équato-guinéennes, environ 200 Maliens avaient été interpellés. Cette année, l’ambassade du Mali dans ce pays a invité nos compatriotes à se faire régulariser avant le 31 août 2022. Une démarche semble-t-il difficile, puisqu’à ce jour plus d’une centaine d’entre eux sont encore détenus.

Ces contrôles des étrangers lancés par les autorités équato-guinéennes depuis quelque temps concernent tous les non nationaux, dont notamment les Maliens. Plusieurs d’entre eux sont actuellement en détention dans plus de 16 localités, informe M. Mamadou Lamine Bane, Chargé des affaires sociales et des questions migratoires au Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME). Difficile de donner un nombre exact, compte tenu du caractère évolutif de la situation, mais « au moins 177 personnes ont été touchées après quelques libérations », ajoute M. Bane.

6 parmi les détenus de Malabo ont été libérés et ont pu regagner le bercail grâce au soutien du HCME. Organisation faîtière créée en 1991, le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur est reconnu d’utilité publique, mais reste une organisation consultative de la Société civile qui a des collaborations opérationnelles avec le département en charge des Maliens établis à l’extérieur et ses services rattachés, notamment le Comité national de suivi des Maliens de l’extérieur en situation de détresse.

Situation récurrente

Même si les autorités en charge des Maliens de l’extérieur assurent que la situation des Maliens en Guinée équatoriale est bonne, la problématique des titres de séjour reste cruciale pour les immigrants irréguliers dans ce pays d’Afrique centrale qui attire beaucoup de monde.

Généralement dans le commerce, les Maliens établis dans ce pays sont détenteurs de titres de séjours temporaires d’une année ou deux. Mais leur obtention est compliquée parce qu’il faut passer par des intermédiaires, explique un compatriote établi sur place. La voie officielle étant presque sans issue, ajoute-t-il.

En attendant de trouver un dénouement heureux à la situation de ces Maliens souvent pris au piège de la migration irrégulière, le HCME « appuie  et coordonne les actions de solidarité envers les Maliens en situation de détresse ». À travers sa cellule de veille « Informations et assistance », il recueille « en temps réel les informations relatives à nos compatriotes en Guinée équatoriale ». Il leur vient en aide à travers des appuis en vivres et non vivres et soins de santé et mène des plaidoyers en faveur des détenus. Il assure aussi la transmission des informations à  la mission diplomatique et consulaire ou au gouvernement.

Covid-19 : baisse de la charge pandémique en Afrique (OMS)

Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible.Au moment où l’Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, une récente augmentation de quatre semaines souligne l’importance de la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Il s’agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un son dernier rapport reçu ce jeudi à APA.

L’organisme onusien souligne que cette hausse de cas a été enregistrée jusqu’au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre 2022, rompant ainsi la tendance à la hausse.

Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. « Bien que les décès liés à la pandémie aient augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible », a expliqué l’OMS.

« Malgré la récente résurgence, il y a de l’espoir que l’Afrique sera épargnée des difficultés qu’elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l’évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s’avère nécessaire », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Selon elle, les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la Covid-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d’intervention d’urgence sanitaire ont été renforcés.
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l’occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d’efforts sur d’autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d’autres épidémies.

Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu’à présent 106 épidémies et situations d’urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu’en 2021 et presque autant qu’en 2019 avant l’apparition de la pandémie de Covid-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l’OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.

Arbres à palabres : impliquer les femmes par le dialogue

Donner la parole aux femmes sous l’arbre à palabres, c’est l’objectif du programme « Femmes, Transition et élections au Mali », lancé le 6 décembre 2022, pour encourager une participation accrue des femmes à la gestion de la cité, aux réformes en cours et au processus électoral, en vue d’une stabilité et d’une sortie durable de crise. Parce que souvent, malheureusement, en cas d’instabilité, ce sont les femmes et les enfants qui sont les premières victimes. Une réalité toujours d’actualité, non seulement par rapport à la violence mais aussi à la vulnérabilité, à la pauvreté, au manque d’éducation. C’est pourquoi des solutions sans écouter les femmes seront inefficaces. Initiative mise en œuvre par ACE Conseil (Afrique, Caraïbes, Europe Conseil), en partenariat avec notamment les ministères de l’Administration territoriale et de la Refondation, le projet « Arbres à palabres » veut permettre une meilleure implication des femmes dans les processus de paix et de développement local de leurs communautés. Il comporte trois axes. Le premier vise à appréhender les enjeux de la Transition et de la paix pour le Mali par une meilleure appropriation par les femmes de la Charte, de la Feuille de route de la Transition et des accords. Le deuxième axe entend mobiliser l’intelligence collective et le potentiel des femmes sur l’analyse de la situation sur les plans social, sécuritaire et humanitaire afin de fournir les réponses idoines aux défis. Le troisième axe veut prévenir les risques de crise à travers un système d’alerte précoce fondé sur un réseau de suivi et d’observation composé de 2 000 femmes issues des 703 communes du Mali et du dispositif Arbres à palabres.

Choguel Kokalla Maïga : un retour et des questions

Absent depuis près de 4 mois, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a repris service le 5 décembre 2022. Un retour aux affaires très scruté pour celui qui avait pris les rênes de la Primature en juin 2021. Alors que sa gestion lors de son premier passage reste décriée par une partie de la classe politique, le Président de la Transition lui maintient sa confiance à l’orée d’une étape charnière de la Transition, l’année 2023.

Son absence aura duré 108 jours. De sa dernière apparition publique, le 9 août 2022 (audience accordée à la Fondation Damaguilé Diawara) à sa visite au Président de la Transition le 25 novembre. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui était en soins suite à un accident vasculaire cérébral, prend de nouveau les rênes du gouvernement.

C’est d’ailleurs le message qu’il a tenu à adresser au Colonel Assimi Goïta lors de la rencontre des deux hommes au palais de Koulouba, avant son message de remerciement au peuple malien lu à la télévision nationale le même jour. « Après plus de 3 mois d’absence, me revoici parmi vous, en pleine possession de mes capacités physiques et intellectuelles », a assuré le chef du gouvernement.

Trois jours après, le 28 novembre, il s’était rendu chez le Président du Conseil national de Transition (CNT), le Colonel Malick Diaw, pour le remercier et lui dire qu’il était apte à reprendre le travail, selon la direction de la communication du CNT.

Le 4 décembre, le Président de la Transition a tranché et mis fin par la même occasion au flou qui persistait autour de la Primature depuis la réapparition du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Un décret présidentiel lu à la télévision nationale par le Secrétaire général de la Présidence a abrogé celui du 21 août 2022 désignant le Colonel Abdoulaye Maïga en qualité d’intérimaire du Premier ministre, remettant de facto Choguel Maiga en fonction.

Le retour effectif aux affaires de celui qui est également Président du Comité stratégique du M5-RFP n’a dès lors pas trainé. « Après près de quatre mois de repos médical, le Premier ministre, chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, reprend service ce jour 5 décembre 2022 », a indiqué la Primature lundi, précisant que le chef du gouvernement commençait ses activités par une série de rencontres avec, notamment, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Secrétaire général du gouvernement et le Cabinet de la Primature.

« Cette reprise de fonction était déjà actée après ses deux visites au Président de la Transition et au Président du CNT et son message de remerciement aux Maliens. Il fallait juste attendre que le déplacement qui déjà était prévu du Premier ministre par intérim à Kayes ait lieu pour que Choguel Maïga reprenne  fonction et c’est ce qui a été fait », nous confie Dr. Allaye Bocoum, Président du mouvement politique CPM (Convention pour le Mali) et  proche du Premier ministre. À l’en croire, d’ailleurs, le Premier ministre n’a jamais été déconnecté d’avec les autorités, il était au courant de tout ce qui se passait et a souvent donné son avis sur certaines questions.

Un retour qui divise

En remettant Choguel Kokalla Maïga dans ses fonctions, le Président de la Transition a fait le choix de la continuité dans la trajectoire prise par la Transition depuis mai 2021. « Ce retour du Premier ministre montre que les autorités sont respectueuses de leur parole et qu’elles sont stables, elles savent là où elles vont. Le bouclier d’Assimi Goïta se renforce. La conduite de la Transition sera meilleure et l’œuvre de la refondation va se poursuivre », se félicite Dr. Allaye Bocoum. Pour ce fervent soutien de Choguel Kokalla Maïga, son retour va sonner le glas de « ceux qui veulent détruire l’espoir des Maliens » et « l’esprit du M5-RFP va prévaloir à nouveau ».

Mais si ce choix conforte les partisans du Premier ministre actuel, il ne satisfait pas la  partie de la classe politique qui demande depuis plusieurs mois la nomination d’un Premier ministre neutre. Longtemps d’ailleurs, certains observateurs avaient évoqué l’éventualité du départ de Choguel Maïga de la Primature dans un scénario où son « repos forcé » serait également synonyme de sa fin à la tête du gouvernement.

« Le Cadre maintient sa position et sa demande de nomination d’un Premier ministre plus consensuel, moins clivant, apolitique, pour diriger les affaires de la Transition. Notre position n’a pas changé », affirme Dr. Laya Amadou Guindo, l’un des porte-paroles du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel.

« Pour un retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes, nous croyons qu’un Premier ministre politique ne peut pas faire ce travail. C’est à ce niveau que nous parlons du Premier ministre actuel. Sinon, notre combat n’est pas dirigé contre une personne », ajoute celui qui dit se réjouir, au-delà de l’adversité politique, que le Premier ministre ait recouvré la santé et aille mieux.

Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, le retour de Choguel Kokalla Maïga aux affaires est « normal », puisque l’intérim suppose qu’une fois que le titulaire est en bonne santé et revient il reprenne ses fonctions.

Selon lui, les prises de position des politiques contre le Premier ministre ont leur explication ailleurs. « Les hommes politiques ne voulaient pas que Choguel Kokalla Maïga revienne. Mais le problème, ce n’est pas le Premier ministre. Ce dernier gère un gouvernement, les décisions ne viennent pas de lui, ce n’est qu’au niveau de l’Exécutif. Je ne vois pas pourquoi on doit s’agiter au niveau d’une personne », fustige-t-il. Cet analyste soutient que Choguel Kokalla Maïga, taxé de « clivant », n’a posé aucun acte d’exclusion à l’endroit de cette classe politique. Toutefois, ses « amis » d’hier au sein du M5-RFP, qui ont dénoncé sa gestion de leur mouvement, se sont retirés pour créer le M5-RFP Malikura. Lancé le 3 août dernier par Mme Sy Kadiatou Sow, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, Konimba Sidibé ou encore Me Mohamed Aly Bathily, ce mouvement, qui est dans une opposition de points de vue avec Choguel Maïga, pourrait selon certains observateurs se prononcer bientôt et exprimer son désaccord à son retour à la Primature.

Tenir le rythme

D’un point de vue médical général, des médecins estiment qu’une victime d’AVC, même si elle recouvre la santé, ne devrait pas immédiatement commencer à travailler à un rythme soutenu. En raison d’une très grande charge de travail à la Primature, qui peut aller à 15 heures d’activités par jour, plusieurs observateurs craignent que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui, selon une source, continue de prendre des médicaments, ne soit pas encore totalement en mesure de tenir ce rythme de gestion du gouvernement.

Allaye Bocoum, quant à lui, ne s’inquiète pas outre mesure pour le Chef du gouvernement. « Je pense que le fait qu’il soit passé par cette étape va le forcer à réduire son temps de travail. Il aura un programme beaucoup plus léger. D’ailleurs, l’essentiel du travail est derrière lui. Il fallait tenir tête à toute cette adversité venant de l’extérieur. Je sais qu’il est vraiment apte aujourd’hui à continuer à assurer ses charges », assure le Président de la CPM.

Plus d’inclusion ?

Choguel Kokalla Maïga a été longtemps décrié par une partie de la classe politique, pour laquelle il n’est ni rassembleur ni inclusif, avec des prises de paroles et des discours divisant les Maliens. Avec son maintien à la Primature et à l’amorce d’importants échéances pour la Transition, notamment la préparation et la tenue des grands rendez-vous électoraux à venir, certains analystes pensent que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga devrait changer de posture vis-à-vis de la classe politique en mettant plus d’inclusivité dans la gestion des affaires de la Transition.

« Je pense bien que Choguel Kokalla Maïga a intérêt à rassembler tous les bords, compte tenu des projets du gouvernement, notamment les différentes réformes politiques et institutionnelles à venir et les élections. Il va falloir qu’il soit un homme de consensus qui parvienne à rassembler tous les Maliens », indique Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako.

Boubacar Bocoum pense pour sa part que le Premier ministre subit des attaques infondées de la part des politiques et qu’il est injustement taxé de non inclusif. « Pour moi, le problème est à un autre niveau. Les politiques savent que Choguel  Maïga aussi est politique et qu’ils ne vont pas pouvoir l’embarquer dans un certain nombre de choses. Ils pensent peut-être que ce sera plus facile avec les militaires », accuse l’analyste politique. Et, pour l’heure, rien ne présage d’un changement de ton ou de posture du Premier ministre. « Je pense que les politiques sont obnubilés par leur envie de reprendre le pouvoir. Ils disent que Choguel Maïga est clivant parce que la lutte que ce dernier est en train de mener ils ne pourront pas le faire eux, ayant pris des engagements à l’extérieur », soutient Allaye Bocoum. La « promotion » du Colonel Maïga comme ministre d’État qui assure l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance, est analysée par certains comme une ombre permanente sur le Premier ministre ou encore comme un jeu de positionnement des militaires à moyen terme. « Quand vous êtes dans une équipe que vous venez de diriger pendant près de 4 mois, vous avez une particularité. Il est normal que cela fasse de lui la 2ème personnalité du gouvernement », relativise Dr Allaye Bocoum. Le temps et les évènements nous donneront de la matière pour juger de la portée ou non de ce qui s’apparente à un coup politique.

Coton : bientôt deux filatures au Mali

Premier producteur de coton en Afrique, notre pays a enregistré 760 000 tonnes de cette matière première au terme de la campagne 2021-2022. Pour obtenir une plus-value de l’or blanc, l’État a signé avec la Chine, le 21 novembre dernier, un protocole d’accord qui vise à mettre en place deux filatures.

L’une sera construite à Koutiala et l’autre à Bamako. Elles seront financées par  Eximbank, la banque d’import-export chinoise, qui investira 354 millions de dollars avec un taux concessionnel sur 20 ans.

Les structures seront gérées par la Société Malienne de Filature (SOMAFIL),  récemment créée. Elle est détenue à 85% par la CMDT et à 15% par le partenaire chinois, la société Qingdao, en charge de la réalisation du projet. Selon les prévisions, l’usine de Koutiala, qui sera bâtie sur une superficie de 50 hectares, aura une capacité de transformation de 20 000 tonnes de coton fibre par an. Quant à l’unité de Bamako, elle pourra traiter annuellement 25 000 tonnes de fibres de coton.

Avec la mise en place de ces deux filatures, il s’agira pour le Mali de capter environ 30% de la valeur ajoutée de l’ensemble de la chaine de valeur du coton. En outre, 50 000 emplois seront créés.

Rappelons que c’est avec la production de la campagne précédente que le Mali a reconquis sa place de leader africain. Une véritable prouesse vu la situation de crise multidimensionnelle qu’il connait. Pour conforter cette place, la campagne 2022-2023 prévoit une production de 800 000 tonnes de coton.

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

Mali : Choguel Maïga reprend du service

Après plus de 3 mois d’absence pour des raisons sanitaires, Choguel Kokalla Maïga a été réhabilité dans ses fonctions de Premier ministre. Dimanche 4 décembre, le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita a abrogé le décret portant nomination du colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim. 

Cette décision intervient quelques jours après l’audience accordée par le chef de l’Etat malien à Choguel Kokalla Maïga, titulaire du poste depuis le coup d’Etat de mai 2021, au palais de Koulouba, à Bamako. A l’occasion de cette rencontre, le Premier ministre a assuré au colonel Assimi Goita être en mesure de reprendre le travail après avoir été contraint au « repos forcé » par un Accident vasculaire cérébral (AVC) pendant trois mois. Par cet acte, le président de la transition semble officialiser le retour de Choguel Maïga.

Quant à lui, le colonel Abdoulaye Maïga prend du galon. Il a été nommé Ministre d’État, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Selon le décret lu à la télévision nationale, il assure à ce titre l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance.

Mali : L’OMVS inaugure un barrage hydroélectrique

La capacité de production du nouvel ouvrage de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal est estimée à 140 mégawatts.C’est un jour important pour les pays  membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal  (OMVS). Ce samedi 3 décembre, sera inauguré au Mali le barrage  hydroélectrique de Gouina, situé dans l’arrondissement de Diamou, à 45 kilomètres de Kayes. La cérémonie sera co-présidée par le Colonel  Abdoulaye Maïga, Amadou Ba, Mohamed Bilal Messaoud et Bernard Gomou,  respectivement premier ministre du Mali,  du Sénégal, de la Mauritanie  et de la Guinée Conakry.

D’une  capacité de 140 mégawatts (MW), précise un communiqué du gouvernement  malien, l’ouvrage a été financé grâce à un prêt contracté solidairement  par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal auprès de la banque chinoise de  promotion des exportations (EXIMBANK).

La  pose de la première pierre de ce projet a été effectuée en décembre  2013, mais les travaux ont officiellement démarré en novembre 2016.

L’infrastructure  est située sur le fleuve Sénégal, avec une hauteur de barrage de 19  mètres, une longueur de 1371 mètres et une capacité de stockage de 136  millions de mètres cubes et est reliée à la société de gestion de  l’électricité de Manantali (SOGEM) qui produisait déjà 260 mégawatts à  partir de Manantali et de Féllou. La production de 140 mégawatts par le  nouvel ouvrage inauguré ce samedi accroît la capacité  d’approvisionnement au bénéfice des pays membres.

«  Depuis le démarrage du premier groupe de la centrale hydroélectrique de  Manantali au d’octobre 2001, l’OMVS a délivré aux sociétés  d’électricité des trois Etats membres une énergie propre et bon marché à  hauteur de 53% pour le Mali, 33% pour le Sénégal et 15% pour la  Mauritanie, grâce à deux lignes à haute tension interconnectées  d’environ 1500 km », indique en décembre 2021 l’OMVS. L’organisation  précise que « l’énergie de Manantali a servi à alimenter d’abord les  capitales Bamako, Dakar et Nouakchott et les autres villes secondaires  comme Kayes, Matam, Podor, Dagana, Rosso, Boghé, Kaédi etc ».

Créée en 1972 par le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, l’OMVS a enregistré l’adhésion de la Guinée en 2006.

Mali : le GSIM revendique l’attaque de Kayes

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a affirmé, dans un communiqué diffusé vendredi soir, être l’auteur de l’attaque du 30 novembre dernier ayant fait deux morts dans la région de Kayes.Dans la nuit de mercredi à jeudi 30 novembre, des hommes armés ont pris d’assaut le poste de douane et le camp des Forces armées maliennes (Fama) de de la ville Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes, non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil selon des sources locales. L’attaque a été revendiquée ce vendredi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) très active au Mali.

Dans son communiqué, le groupe jihadiste proche d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’en prend aussi ironiquement aux mercenaires de la compagnie sécurité privée russe, Wagner, « qui pillent et tuent les innocents, vendent leurs larcins sur les marchés, brûlent les villages et confisquent le bétail… »

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

Mali : un décret confirme la suspension des ONG en lien avec la France

Bamako a suspendu, le 21 novembre dernier, les activités, sur le territoire malien, de toutes les organisations non gouvernementales qui bénéficient d’un soutien de Paris.En réaction à la suspension de l’aide française au développement destiné au Mali, les autorités de la transition au pouvoir à Bamako avaient décidé, dans un communiqué diffusé le 21 novembre dernier, d’« interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Dans décret portant interdiction des activités de certaines associations et fondations sur le territoire de la République du Mali, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a confirmé cette décision prise par son gouvernement.

« Sont interdites, jusqu’à nouvel ordre, les activités menées par les associations/ ONG et assimilées opérant sur le territoire de la République du Mali, sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France », lit-on dans le décret.

Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et le ministre de l’Economie et des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera enregistré et publié au Journal officiel, ajoute le document consulté par APA.

Cette crise est la énième entre la France et le Mali depuis que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel. La junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales.

Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron.

Joliba TV News : la HAC lève la suspension de de la chaîne

Après un mois de suspension suite à décision de la haute autorité de la communication en date du 2 novembre dernier, Joliba TV News va reprendre du service. La HAC a décidé ce 1er décembre de ramener la durée de la suspension initialement de deux mois à un mois ce qui procède à la levée de la mesure. Selon un communiqué de l’instance de régulation, la décision est motivée par des engagements pris par la chaîne privée et par la médiation, ainsi que des appels à la clémence de la maison de la presse et d’autres associations professionnelles. Joliba TV News avait été suspendu par la HAC le 2 novembre dernier suite à la diffusion d’un programme intitulé « l’Editorial » animé par Mohamed Halidou Attaher. LA HAC a considéré que l’Editorial comportait des propos diffamatoires et des accusations infondées portées contre l’état de la liberté d’expression au Mali, les autorités de la transition et la HAC.

Mali : deux morts dans une attaque à Kayes

La double attaque du 30 novembre au 1er décembre s’est produite à moins de 300 kilomètres de la frontière sénégalaise.Des véhicules et motos calcinés, des douilles de fusil d’assaut. C’est la scène hideuse laissée par des hommes armés qui ont fait une incursion dans la nuit de mercredi à jeudi à Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes et non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Plusieurs sources locales font état de deux attaques ayant ciblé le poste de douane de la ville et le camp des Forces armées maliennes (Fama). Selon les mêmes sources, ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil. La réaction des autorités maliennes est attendue suite à cet incident que beaucoup d’observateurs de la crise sécurité au Mali attribuent aux jihadistes.

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

Minusma : renforts logistiques en vue

Alors que plusieurs pays se sont retirés ou ont annoncé récemment leur intention de se  retirer de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan vont y déployer une unité d’hélicoptères utilitaires d’ici à mars 2023, a annoncé Farhan Haq, Porte-parole du Secrétaire général des Nations Unis, António Guterres, lors de son point de presse régulier il y a quelques jours au siège de l’ONU à New-York. « Ces hélicoptères  fournissent un soutien indispensable à nos forces et sont essentiels pour l’alerte précoce et la réponse rapide afin de protéger les civils », a-t-il souligné. À l’en croire, l’ONU continue de discuter avec les États membres du déploiement de nouveaux moyens au sein de la MINUSMA et prévoit de combler les lacunes de plus longue date de la Mission, en plus de celles résultant des récentes annonces de retraits.

Interdiction des ONG aux financements français : une décision aux grandes conséquences

Déjà fragilisées par l’insécurité depuis 2012, les ONG au Mali doivent désormais exercer sans financement français. Une décision du gouvernement malien en riposte à l’annonce par la France d’arrêter son Aide publique au développement (APD) à destination du Mali.

Expulsion de l’ambassadeur de France, départ de Barkhane, plainte à l’ONU… Les relations entre le Mali et la France sont très compliquées depuis plusieurs mois. Ce que certains estimaient être une brouille passagère, qui ne conduirait pas au divorce, s’étend désormais aux ONG bénéficiant de financement français, y compris humanitaires. Le 16 novembre, Paris a annoncé arrêter son Aide publique au développement au Mali, estimant que les conditions n’étaient plus réunies pour la poursuite des projets. Les autorités françaises avaient maintenu cependant l’aide d’urgence et l’action humanitaire.

La réaction des autorités maliennes n’a pas tardé. Dans un communiqué daté du 21 novembre, le gouvernement de la transition a interdit, « avec effet immédiat », toutes les activités menées sur son sol par des ONG opérant sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans l’humanitaire.

« La décision de la France, prise depuis février 2022, ne suscite aucun regret, d’autant plus qu’elle contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée, d’une part, par l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernements et, d’autre part, dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le terrain malien », fustige-t-on dans le communiqué signé par le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga. D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars américains, soit environ 77 milliards de francs CFA d’aide publique au développement de la part de la France en 2020. Selon des données de l’ambassade de France non actualisées, entre janvier 2013 et septembre 2017 le montant des octrois de la France au Mali, au travers de l’Agence française de développement (AFD), s’est élevé à 310 milliards de francs CFA.

Conséquences

Avant même les annonces officielles, Coordination Sud, un collectif d’une trentaine d’ONG françaises de solidarité internationale, avait fait part de son inquiétude quant aux conséquences qu’aurait l’arrêt des financements pour la population, les organisations de la société civile malienne, ainsi que ses propres organisations, dans une lettre du 15 novembre adressée aux autorités françaises.

« Alors que 7,5 millions de personnes ont besoin d’assistance, soit plus de 35% de la population malienne, et que le Mali est en 184ème position sur l’Indice de développement humain, la suppression de ces financements entrainera l’arrêt d’activités essentielles, voire vitales, menées par les organisations de la société civile malienne et internationale au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté. Ces populations se retrouvent ainsi encore plus vulnérables à la violence et à l’influence des parties en conflit », indique-t-on dans la lettre. Selon une source française, l’aide humanitaire de la France s’élève à 9 millions d’euros, soit un peu plus de 5 milliards de francs CFA. En mai dernier, la France a paraphé une aide de 2, 625 milliards de francs CFA destinée aux populations vulnérables du Mali. Un financement alloué à trois projets. Le premier sera porté par le Programme alimentaire Mondial, pour un montant de près de 1,640 milliards de francs CFA, le deuxième par l’ONG Première Urgence internationale et le troisième par l’ONG Solidarités internationales.

« Il y aura quelques impacts à court terme, c’est sûr. Si on prend par exemple le Conseil régional de la région de Mopti, c’est une institution qui fonctionne à peu près à 70% sur financement de l’AFD. Ça veut dire que les activités de ce Conseil régional vont s’arrêter à un niveau très élevé. Plusieurs projets qu’ils ont initiés seront stoppés. Il en sera de même dans la région de Kayes, où beaucoup d’associations et de petites ONG nationales sont financées par des fonds français. Cela aura pour conséquences de mettre certains jeunes au chômage », analyse Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations des jeunes de la région de Mopti.

Amadou Touré, juriste et collaborateur du cabinet FSD Conseils, va plus loin, expliquant que dans une grande partie du territoire, où « l’État malien brille par son absence », seules les actions d’ONG permettent aux populations d’avoir accès à un certain nombre de services sociaux de base, notamment la santé, en assurant la continuité du service des quelques centres de santé existants.

« En outre, les ONG viennent en aide à ces populations par des activités de micro finance, afin de leur permettre d’avoir une autonomie financière, singulièrement les femmes. En filigrane, les ONG œuvrent aussi pour le retour de la paix, de la cohésion sociale et de la prévention des conflits communautaires, tout ce qui peut aider l’État du Mali dans sa politique sectorielle de réconciliation, d’où plusieurs conséquences à prévoir si la décision est appliquée avec rigueur », craint-il.

Arrêts

Certaines organisations non gouvernementales ont déjà annoncé arrêter leurs activités  pour se conformer à la décision du gouvernement malien. Il s’agit par exemple de l’ONG Santé Diabète et de son Centre Médico-Social, ainsi que de d’’AVSF (Agronomes et Vétérinaires sans frontières). Cette dernière, présente au Mali depuis 1983, soutient les éleveurs transhumants, les agropasteurs sédentaires, les familles paysannes et leurs organisations pour sécuriser l’accès à l’alimentation et créer des revenus dans des régions difficiles et dans les zones rurales.

Avec « Trois Frontières », l’un des projets qu’elle exécute au Mali et qui couvre également le Burkina Faso et le Niger, l’ONG appuie depuis 2018 des organisations paysannes en leur donnant des équipements, de l’aliment bétail, des poissons, etc. Le projet appuie également des investissements communaux sur la base du PDSEC (Eau, santé, éducation, formation).

« Dans les régions du Nord du Mali (Tombouctou, Taoudéni et Gao), environ 35 000 personnes ont eu accès à la santé humaine et animale au travers de la mise en place d’équipes mobiles de santé mixtes. Ainsi, 24 000 personnes ont accès à l’eau pour leurs ménages et leurs élevages et environ 50 000 personnes ont pu développer leurs activités agricoles (productions végétales et animales) », estime un agent de l’ONG basé dans la région de Gao.

Selon ce dernier, l’un des rares humanitaires qui a accepté de répondre à nos questions sous anonymat, leurs activités sont totalement suspendues du fait que le projet est à 100% financé par l’AFD. « Je suis impacté par l’arrêt, de même que les organisations paysannes que nous appuyons, ainsi les investissements dédiés aux collectivités. Le projet couvre 6 cercles frontaliers : Gao et Ansongo pour la région de Gao, Gourma Rharouss pour Tombouctou et Koro, Bankass et Douentza pour Mopti. Dans chacun des cercles d’intervention toutes les communes sont bénéficiaires », explique-t-il.

Partagé entre inquiétudes pour les populations bénéficiaires du projet et esprit de patriotisme, il ajoute : « personnellement, malgré que cela me mette au chômage, je soutiens la décision du gouvernement malien. La France fait du chantage et il ne faut pas céder à ce chantage ».

Les autorités de la Transition ont conforté leur décision en adoptant lors du Conseil des ministre du 23 novembre un projet de décret pour interdire « avec effet immédiat » toutes les activités menées par les associations, les Organisations non gouvernementales et assimilées opérant sur le territoire malien sur financement, ou avec l’appui matériel ou technique, de la France. Une mesure qui concerne aussi bien les associations nationales ordinaires et les associations signataires d’accords-cadres avec l’État que les associations étrangères et les fondations.

« Le Gouvernement s’engage à évaluer au niveau interministériel et au niveau des Gouverneurs de Région et du District de Bamako les effets de la décision sur les populations, afin de prendre les dispositions nécessaires pour les accompagner », promet-on dans le communiqué du Conseil des ministres.

Résilience

Redouté par les agents des ONG soucieux de leurs emplois, la question de l’impact sur les populations se pose également. « Pour le cas spécifique du pays dogon, l’insécurité a fait que les ONG ont quitté la zone il y a plus de 5 ans. Donc la population s’est déjà adapté à l’absence d’ONG et de projets financés par tous les pays. En tant que ressortissant de la zone, ce dont je suis au courant c’est que le financement français en pays dogon est en bonne partie un financement privé. Des ONG françaises financées par des fonds publics y sont, mais ce sont surtout les initiatives privées d’associations françaises qui sont les plus nombreuses. Je pense que cette décision de l’État ne concerne pas ces financements privés », explique Adama Diongo.

De même que lui, Djibrilla Abdoulaye, acteur de la société civile de Gao, estime que depuis 2012 « les gens du Nord ont adopté une résilience face à la souffrance. Ce sont les autres qui crient toujours devant le moindre effet. J’ai vu récemment les Bamakois se plaindre du prix du carburant, qui avait atteint 800 francs. Au même moment, on l’achetait à 1000 francs ici à Gao sans faire trop de bruit », dit-il.

Ces propos sont appuyés par l’agent de l’AVSF qui insinue, en outre, que la suspension de l’aide française aura plus d’impact sur les acteurs politiques et humanitaires que sur les plus vulnérables. Et pour cause : « une grande partie des actions destinées aux plus vulnérables sont détournées par certains acteurs humanitaires. Malheureusement, ce sont des miettes qui arrivent à ces pauvres. À regarder le mode de vie richissime de certains de nos amis humanitaires, on voit bien cette dimension de détournements. Dans ce lot, on a malheureusement aussi certains élus, des notables et l’administration », assure-t-il.

Un autre aspect tendant à minimiser l’impact de l’arrêt de l’aide française est que plusieurs ONG bénéficiant de l’appui de fonds publics français disposent d’autres sources de financements. Ce qui leur permettra de continuer à exercer sur le sol malien. Comme c’est le cas de l’ONG Médecins du Monde Belgique, qui, après avoir suspendu ses activités le 22 novembre, « par mesure conservatoire vu qu’elle était bénéficiaire d’un financement français », a annoncé, via une lettre au Gouverneur de la région de Gao le 24 novembre, vouloir reprendre ses activités dans la région sans financement français.

« Les vrais perdants seront nous, les Maliens qui évoluent dans les ONG 100% financées par l’AFD et qui nous retrouverons sans doute très prochainement au chômage. Reste à voir comment le gouvernement compte compenser cela », se questionne l’agent de l’AVSF.

L’Etat islamique annonce la mort de son « calife »

L’Etat islamique est en pleine expansion sur le continent africain.L’Etat islamique a annoncé, mercredi 30  novembre dans un élément sonore de près de 10 minutes de son porte-parole Abou Muhajir al Hachimi al Qourachi, la mort de son «  calife ». Abou al Hassan al Hachimi Al Qourachi a été tué au cours d’un combat dont le lieu n’a pas été précisé, décrypte Wassim Nasr, journaliste à  France24 et spécialiste des mouvements jihadistes. 

D’origine  irakienne comme Abou Bakr al Baghdadi, premier chef de l’Etat islamique  tué par les Etats-Unis en octobre 2019, Abou al Hassan al Hachimi al  Qourachi a remplacé son compatriote Abou Ibrahim al Hachimi al Qourachi  après la mort, en février 2022, de ce dernier dans le nord de la Syrie  lors d’une opération des forces spéciales américaines.

Très  discret comme son prédécesseur, Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi  est arrivé en février dernier, à la tête de l’Etat islamique, alors en pleine expansion dans le monde, particulièrement en Afrique où il compte sept « provinces », après avoir perdu du terrain dans la zone syro-irakienne d’où il a été proclamé en juin 2014.

En mars dernier, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui était rattaché à la « province de  l’Afrique occidentale », placée sous l’autorité d’un « wali »  (gouverneur) nigérian a été promue province à part entière et revendique  ses opérations sous le nom de l’Etat Islamique au Sahel (EIS). Depuis mars, l’EIS concentre ses actions dans le nord malien, entre les régions  de Gao et de Ménaka, tuant plusieurs centaines de civils, indiquent des organisations de défense des droits humains.

Dans  la même logique, la branche mozambicaine a été détachée de la province de l’Etat islamique en Afrique australe, dans laquelle elle évoluait sous la direction des Forces Démocratiques alliées (ADF), des islamistes  radicaux ougandais, installés dans l’Est de la République démocratique  du Congo (RDC). Dans le nord du Nigeria, principalement dans le Bassin  du Lac Tchad, l’État islamique en Afrique occidentale multiplie les  assauts contre les forces armées nigérianes et tentent d’administrer des territoires. 

Selon plusieurs  experts, cette politique d’expansion décidée par le commandement central  de l’organisation jihadiste sera poursuivie quel que soit le chef. Abou  al Hassan al Hachimi al Qourachi est déjà remplacé par un « vétéran du  jihad », Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, a indiqué le porte-parole de l’État islamique appelant à « vouer allégeance » au nouveau « calife ».

Le Mali, de retour dans les bonnes grâces de la Cédéao ?

Le médiateur de la Cédéao pour le Mali a déclaré être « satisfait de ce qui est en train de se passer » pour un retour à l’ordre constitutionnel.Goodluck Jonathan était encore à Bamako ce mardi 29 novembre. Ce court séjour du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Mali avait pour objet d’évaluer la conduite de la transition. Après sa rencontre avec les autorités maliennes, l’ancien président du Nigeria (2010-2015) s’est dit « plutôt satisfait de ce qui est en train de se passer », estimant que « le programme de la transition se déroule bien ».

La visite de Goodluck Jonathan au Mali intervient à quelques jours du sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement prévu le 4 décembre à Abuja, au Nigeria. Les dirigeants ouest-africains examineront la situation politique en Guinée, au Burkina Faso et au Mali, trois pays qui ont récemment connu des coups d’Etat et sous l’emprise des militaires.

Au même titre que le Burkina et la Guinée, la junte malienne a accepté de faire une transition de 24 mois à compter de mars 2022 en lieu et place des cinq ans décidés initialement. Tirant les conséquences de cette décision, l’institution régionale a levé à l’occasion de son sommet du 3 juillet, les sanctions économiques et financières imposées au Mali depuis le 9 janvier dernier.

Cependant, les sanctions individuelles de même que l’exclusion de Bamako des instances de décision de la Cédéao sont toujours en vigueur. Une épée de Damoclès dont les autorités maliennes voudrait bien se débarrasser, mais l’affaire des 46 ivoiriens n’arrange pas les choses pour le Mali. Le maintien en détention de ces soldats arrêtés depuis juillet dernier par Bamako qui les accuse de « mercenariat » préoccupe la Cédéao.

L’organisation régionale qui a été saisie par Abidjan qui continue de clamer leur innocence et ne cesse de réclamer leur libération sans condition, a dépêché une « mission de haut niveau » à Bamako, suite à son sommet extraordinaire du 22 septembre à New-York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies.

Mais rien n’a fuité de l’audience accordée le 29 septembre par le Colonel Assimi Goita au Gambien Adama Barrow, au Ghanéen Nana Akufo Addo et au ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey, représentant de Faure Gnassingbé, empêché. Au même moment, la Côte d’Ivoire annonce le retrait de toutes ses troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la Stabilisation au Mali (Minusma) d’ici août 2023.

Mali : soupçons de financement opaque de la grande mosquée de Bamako

Le gouvernement malien a pris la décision de suspendre les chantiers entamés à la grande mosquée de Bamako face au refus des bailleurs d’expliquer l’origine des fonds.C’est une affaire qui défraie la chronique dans la capitale malienne. Le ministère malien des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes a demandé aux responsables de la grande mosquée de Bamako de clarifier la provenance des fonds destinés à la construction d’un bâtiment évalué à plus de deux cent millions de FCFA. Mais ces derniers n’ont pas daigné s’exécuter alors que les travaux se poursuivaient au sein de l’édifice religieux, regrette ledit ministère qui a procédé à leur arrêt.

« Nous avons eu aussi la précision que les dits travaux sont financés par Monsieur Harouna Sawadogo à qui vous avez prêté la bonne intention d’avoir +accepté de construire gracieusement+. Nous sommes, cependant, surpris que les dits travaux soient au niveau d’étage alors qu’il vous a été demandé surseoir à la pose de la première pierre jusqu’à la déclaration, par le généreux donateur, sur l’origine des fonds que vous-même avez estimé à plus de deux cent vingt millions », a souligné le ministère des Affaires religieuses dans une correspondance transmise au régisseur de cette grande mosquée.

« En enfreignant cette injonction, vous avez choisi d’ignorer la discipline administrative et braver les textes de la liberté religieuse et de la Centif (Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières). Cette méprise sur la rigueur de la discipline administrative et les exigences de la déclaration de biens, le tout conjugué au mécontentement général autour de l’entreprise en cours, nous amènent à demander l’arrêt immédiat des travaux de construction au niveau de la grande mosquée », a-t-il ajouté.

Avant cet épisode, les autorités de transition maliennes avaient décidé d’interdire les activités des organisations non gouvernementales (ONG) soutenues par la France, en réaction à la suspension par Paris de son aide publique au développement à destination de Bamako.

Le ministère français des Affaires étrangères avait invoqué comme raison le recours par les autorités maliennes au groupe paramilitaire russe Wagner. La junte militaire au pouvoir depuis mai 2021, après un deuxième coup d’Etat contre le président de la transition Bah N’dao, a constamment nié avoir fait appel à cette société aux agissements décriés dans plusieurs pays et parle d’instructeurs de l’armée russe déployés au nom d’une ancienne collaboration entre les deux pays.

Mali : frayeur après une prise d’otages au cœur de Bamako

Les forces de sécurité maliennes ont mis fin à une prise d’otages impliquant des narcotrafiquants.Dimanche 27 novembre, dans l’après-midi, les habitants du quartier de Missabougou, dans l’est de Bamako, ont entendu des tirs, près de l’hôpital du Mali. Au début, des rumeurs ont fait état d’un accrochage entre des forces de sécurité maliennes et des présumés jihadistes. Le Mali lutte contre une insurrection jihadiste depuis une dizaine d’années. Principale coalition des organisations liées à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) a osé, en juillet dernier, une opération dans la ville-garnison de Kati, à une vingtaine de kilomètres de Bamako et considéré comme le cœur du pouvoir incarné par des colonels depuis le coup d’Etat de mai 2021 contre Bah N’dao.

Les commentaires sont allés bon train sur les réseaux sociaux avant qu’un communiqué du gouvernement de la transition n’apporte des précisions sur cet évènement. Selon le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, « une unité spéciale des forces de sécurité est intervenue pour libérer des otages et appréhender les membres d’un groupe de criminels et de narcotrafiquants qui les détenaient à Missabougou, non loin de l’hôpital du Mali ».

Le communiqué consulté par APA explique que « depuis le 18 novembre, des membres d’une famille avaient été enlevés par ces preneurs d’otage moyennant le paiement d’une rançon de 900 millions de francs CFA ou à défaut donner des informations permettant de localiser la cocaïne interceptée par les douanes maliennes. En août dernier, les douaniers maliens ont intercepté 160 kilogrammes de cocaïne d’une valeur marchande de 12,5 millions de dollars à la frontière avec la Guinée. Le lien entre cette affaire et la prise d’otages à Missabougou n’est pas encore établie. Mais les autorités maliennes assurent que l’opération menée dimanche dans ce quartier bamakois a « permis de libérer dix otages dont 3 femmes et six enfants » et d’ « arrêter quatre criminels dont un Franco-sénégalais, deux Français et un Franco-malien ».

Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux dimanche en début de soirée, des individus supposés être les preneurs d’otages arrêtés sont montrés à visage découvert.

Médias: les organes de régulation de l’Uémoa en conclave au Sénégal

La lutte contre les discours de haine était au menu de cette rencontre tenue récemment dans la capitale sénégalaise.Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) s’engagent à lutter contre la prolifération des discours de haine et la désinformation. Ainsi, leur organe de régulation de l’audiovisuel ont tenu leur 9e Assemblée générale, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2022 au Sénégal, rapporte l’Agence de presse sénégalaise  (Aps, publique).

L’évènement de deux qui a également vu la participation de la République de Guinée avait pour thème :  »La lutte contre la prolifération des discours de haine ou violents dans les médias et la désinformation ».

Selon Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) du Sénégal, « cette rencontre est l’occasion pour nous d’aborder cette thématique qui est d’une importance capitale pour les pays africains en général et ceux constituant notre chère plateforme en particulier ».

« Les technologies élargissent le champ du possible en matière de communication, fragilisant en même temps les socles de sociétés traditionnellement multiculturelles et ethniques », a indiqué M. Diagne, par ailleurs ancien directeur général de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS, publique).

Poursuivant, il a souligné que « de la liberté d’expression dont le principe est universalisé et renforcé par la radio et la télévision ouvertes aux interpellations citoyennes, notre monde a progressivement glissé vers l’universalité  de contenus ».

Prenant la parole, le président de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) de Côte d’Ivoire, René Bourgoin a affirmé que « cette Assemblée qui nous réunit traduit clairement notre vision commune et mieux notre détermination à renforcer nos systèmes de régulation face à tous les défis auxquels nous faisons face ».

Bcéao : Jean Claude Kassi Brou officiellement installé gouverneur

L’ancien ministre ivoirien de l’Industrie et des Mines doit notamment travailler à la stabilisation de l’inflation notée dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).Jean Claude Kassi Brou a été officiellement installé dans ses fonctions de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) ce vendredi 25 novembre à Dakar, au Sénégal. Il a été nommé à ce poste le 04 juin 2022 dernier en remplacement de son compatriote Tiemoko Meyliet Koné, promu vice-président de la République de Côte d’Ivoire depuis le 19 avril 2022.

« Dans l’exécution de cette mission, l’une des priorités du moment est de réduire l’inflation, qui se situe actuellement à un taux élevé », a indiqué le président du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), Sani Yaya à M. Brou.

Pour y arriver, « vous aurez à mobiliser les instruments de politique monétaire adaptés à cette circonstance, dans un contexte marqué par des chocs multiples, notamment celui induit par la guerre russo-ukrainienne, les défis sécuritaires et les effets de la pandémie de Covid-19 », a conseillé Sani Yaya.

Ce dernier, également ministre de l’Economie et des Finances du Togo, a par ailleurs invité le nouveau gouverneur à consolider l’œuvre entamée par ses prédécesseurs, à veiller au respect de l’application des dispositions, traités, accords et conventions, des statuts et protocoles de la Bcéao.

Dans l’exercice de cette nouvelle mission, le nouveau gouverneur de la Bcéao devra notamment compter sur le concours loyal de ses collaborateurs, mais aussi la coopération de la communauté bancaire et financière des Etats membres et des partenaires, a souligné Sani Yaya.

En effet, note-t-il, des choix efficaces s’imposent pour maintenir les économies de l’Uémoa sur une trajectoire de croissance forte, tout en travaillant à préserver la stabilité macroéconomique des pays concernés, laquelle se trouve « menacée par les soubresauts de la conjoncture internationale ».

« La préservation de la stabilité financière est une mission fondamentale de la Bcéao. Les défis sont nombreux notamment dans le secteur bancaire, monétaire et financier, qui est de plus en plus exposé aux effets de la révolution numérique, avec l’émergence de nouveaux acteurs et produits qui, s’ils sont de nature à faciliter l’inclusion financière et la fluidité des transactions, ne sont pas simples », a-t-il dit.

Conscient du poids de l’héritage qui lui a été légué, Jean Claude Kassi Brou a rappelé que d’importants défis interpellent les dirigeants actuels dans un contexte où les attentes des États, des acteurs du système financier et des populations sont fortes et urgentes.

« Outre la lutte contre l’inflation, d’autres défis retiendront toute notre attention au cours des prochaines années. Il s’agira de la stabilité macroéconomique, notamment monétaire, gage de la confiance pour les épargnants et les investisseurs nationaux et internationaux, du financement sein de nos économies pour soutenir une croissance saine et durable, du renforcement de la solidité de notre système bancaire, de la poursuite du développement d’un secteur de la microfinance solide et performant en termes d’accès des populations à faible revenu aux services financiers, de l’approfondissement du marché financier régional et de l’accroissement de l’inclusion financière, grâce notamment à toutes les possibilités offertes par la numérisation », a listé M. Brou.

Il a ainsi annoncé la finalisation prochaine de nouvelles lois sur l’activité de la réglementation bancaire, sur la microfinance et sur la réglementation des relations financières extérieures, les Etats membres de l’Union ainsi que sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Mali : Le premier ministre Choguel Maïga de retour aux affaire ?

Trois mois après un arrêt cardiaque qui l’a écarté de la sphère publique, le Premier ministre de la transition, Choguel Maiga serait de retour.Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) au mois d’août dernier, Choguel Kokalla Maïga, nommé à la primature en juin 2021 après le coup d’Etat du Colonel Assimi Goita contre l’ancien président de la transition Bah N’daw, aurait repris service.

L’information est confirmée par plusieurs de ses collaborateurs à la primature alors que la page Facebook de l’Office de la Radiodiffusion télévision malienne (ORTM) fait état d’une audience, photo à l’appui, que le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta aurait accordé ce vendredi au chef du gouvernement. Sur le même réseau social, Choguel Maïga a publié une photo de lui accompagnée du message « Al Hamdoulilah » (Louange à Dieu). «Après une retraite médicale de quelques mois, le Président de la transition, Son Excellence le Colonel Assimi Goita, Chef de l’État, a reçu le Dr Choguel Kokala MAÏGA, Premier ministre, Chef du Gouvernement, ce vendredi », a indiqué la page Twitter de la présidence du Mali. 

Le média malien L’Essor soutient qu’en réalité, le premier ministre était surtout venu informer le président de l’évolution de son état de santé et de lui assurer qu’il « était apte à reprendre le travail ».

Mis au « repos forcé » il y a trois mois, Choguel Maïga a été remplacé par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga, nommé le 21 août Premier ministre par intérim par le président de la transition. Le gouvernement malien n’a pas encore réagi à cette information.

Anti-terrorisme : l’Initiative d’Accra au secours du Burkina Faso

Le pays se réserve le droit de se retirer de cette force conjointe si les résultats ne suivent pas.Le Sommet des chefs d’Etat de l’Initiative d’Accra, réuni mardi dans la capitaine ghanéenne, a annoncé le déploiement de 2000 hommes au Burkina Faso pour contrer l’avancée des groupes armés non étatiques, rapporte la télévision nationale, ce mercredi.

L’Initiative s’est fixée un délai d’un mois pour rendre opérationnelle sa force multinationale conjointe. La task-force comporte un contingent de 10.000 soldats qui seront stationnés à Tamalé au Ghana et un volet renseignement, basé à Ouagadougou au Burkina Faso, a précisé un communiqué des pays membres.

La task-force de l’Initiative d’Accra est un regroupement de sept pays dont le Burkina Faso destinée à faire face à l’expansion du terrorisme. Elle est axée sur « le partenariat et le soutien mutuel entre membres » en matière « d’opérations conjointes, de formation et de partage de renseignements », selon les pays membres.  

« Si cette initiative ne donnerait pas de résultats concrets, le Burkina Faso se réserverait le droit de se retirer de cette initiative. Parce que nous ne sommes pas pour des réunions et sommets sans fin, qui tournent en boucle et sans résultats. Je pense que nous avons été compris », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, représentant le Capitaine Ibrahim Traoré à Accra.

Pour rendre fonctionnelle la force anti-terroriste, l’Initiative a besoin d’environ 550 millions de dollars américains, une enveloppe qui suscite déjà l’intérêt de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE) et de la Grande-Bretagne. Les dirigeants ont recommandé aussi que des actions concrètes, « y compris la collecte de fonds, pour soutenir les pays sévèrement touchés par le terrorisme ».

Le Burkina Faso a plaidé pour un financement endogène, loin du diktat des bailleurs de fonds. « En prélevant par exemple, rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café vendu, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative », a expliqué Tembela.

Les Présidents ont indiqué avoir pris « bonne note » de la volonté du Nigeria de rejoindre le siège de la task-force de « l’Initiative d’Accra » et l’ont désigné comme observateur. Le géant ouest-africain a pris le leadership de la mobilisation et s’est engagé à accompagner la Force conjointe en appuis aérien et logistique.

Pour le chef du gouvernement burkinabè, l’Initiative a pris conscience de la gravité de la situation et les membres se sont engagés à mettre en place très rapidement la task-force pour soutenir les pays confrontés au terrorisme

Lancée en 2017, l’Initiative d’Accra regroupe le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Mali et le Togo. Bamako n’a pas participé au sommet d’Accra. Tous les trois mois, « l’Initiative » tient des réunions ministérielles précédées d’une rencontre technique des responsables en charge de la sécurité et des renseignements. L’organisation est financée par les Etats membres.

Mali : l’Etat islamique s’approche de Gao

Les jihadistes reprennent du poids dans le nord du Mali.Lundi 21 novembre, le village de Kadji, dépendant de la commune de Gounzereye, près de la ville de Gao, a été la cible d’une attaque d’hommes armés supposés appartenir à l’Etat islamique au Sahel (EIS). Les assaillants ont visé un camp de déplacés internes installés dans cette localité. S’exprimant mardi à la télévision nationale, le Général Moussa Moriba Traoré, gouverneur de Gao, a fait état de onze personnes tuées à l’occasion de cette attaque non encore revendiquée.

Selon plusieurs observateurs, cette attaque révélerait l’intention des jihadistes de tester le dispositif de sécurisation de la ville de Gao pour d’éventuelles opérations futures à l’intérieur de la ville.

En 2012, le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), issu d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a occupé cette ville du nord malien et y a appliqué une version ultra-rigoriste de la loi islamique avant d’en être délogé en janvier 2013 par l’intervention française, Serval. Près de dix ans après, les jihadistes restent actifs dans la région.

« Règlement de compte »

Le commandant du théâtre-Est de l’Opération « Maliko » (Entre Maliens, en bambara), lancée par l’armée malienne en janvier 2021, le colonel Famouké Camara, résume l’attaque de Kadji à « un règlement de comptes entre groupes armés ».

Depuis plusieurs mois, l’EIS multiplie les opérations dans le nord du Mali, entre les régions de Ménaka et de Gao. En juillet, l’EIS a occupé le village de Talataye pendant 48 heures après avoir livré bataille contre des unités du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) liés à AQMI et des mouvements touaregs pro-gouvernementaux. Au terme des accrochages, l’EIS a affirmé avoir tué une soixantaine de combattants du GSIM et des mouvements Touaregs. Fin octobre, ces derniers ont tenté de laver cet « affront » en tentant des contre-offensives contre des positions de l’EIS dans la région de Ménaka. Selon les informations d’APA News, les affrontements se poursuivent entre les deux groupes jihadistes dans des localités de Ménaka où des centaines de civils ont été tués depuis mars, d’après plusieurs organisations humanitaires.

La France et le Mali à couteaux tirés autour de l’aide au développement

La France et le Mali jouent les prolongations dans leur crise diplomatique.La réponse du Mali n’a pas tardé suite à l’annonce de la suspension de l’aide française au développement destiné à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Bamako a décidé d «interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Selon le communiqué du 21 novembre signé du Premier ministre par intérim de la transition, le colonel Abdoulaye Maïga, cette décision du gouvernement respecte les « principes définis par le gouvernement » articulés autour « de la souveraineté du Mali », du « respect des choix des partenaires opérés par le Mali » et « la prise au compte des intérêts du peuple malien dans les décisions ».

Rappelant que la déclaration de Paris « n’est qu’un subterfuge destiné à tromper l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali », Bamako indique que « la France a notifié » depuis février 2022, « par voie diplomatique la suspension de sa coopération au développement en faveur du Mali ».

« Nous prenons note et regrettons la décision des autorités maliennes de la transition », a réagi au lendemain le ministre français des Affaires étrangers, regrettant « une décision qui intervient malheureusement au détriment de la population malienne ».

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars d’aide publique au développement de la France en 2020. L’Organisation des nations unies estime que 7,5 millions de personnes au Mali ont besoin cette année de 4,5 millions de dollars.

Mais le gouvernement malien explique que sa décision « contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée d’une part dans et dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le territoire malien ».

Cet épisode est le énième d’une série d’actes posés de part et d’autres depuis plusieurs mois entre la France et le Mali, dans un contexte de rapprochement entre la Russie et ce pays sahélien en proie à une crise sécuritaire depuis une dizaine d’années. Après que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel, la junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales. Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron.

Sahel: Incertitudes autour de la mort d’un cadre de l’Etat islamique

Cadre de l’Etat islamique au Sahel, le Nigérien Iliassou Djibo, surnommé Petit Chaporé, aurait été tué fin octobre dans dans la guerre fratricide entre jihadistes sahéliens.Activement recherché par plusieurs services de renseignement sahéliens et occidentaux, Iliassou Djibo alias Petit Chaporé aurait été tué. Le jihadiste nigérien aurait trouvé la mort fin octobre dans des affrontements entre l’Etat islamique au Sahel et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), dans l’est du Mali, non loin de la frontière avec le Niger. 

Plusieurs médias nigériens ainsi que des spécialistes des groupes jihadistes ont confirmé la mort du jihadiste. Cependant des sources sécuritaires contactées par APA préfèrent jouer la carte de la prudence. “Selon mes informations, il n’a même pas pris part aux affrontements entre l’EIS et le GSIM”, soutient l’une d’elles.

En tout cas, sa mort serait un coup dur pour la branche sahélienne de l’Etat islamique. Ancien membre du le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), un groupe créé en 2011 par le jihadiste mauritanien Hamada Ould Mohamed Heirou, alors en rupture de ban avec Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et l’arabe malien Ahmed Tilemsi, Petit Chaporé a milité à Almurabitoune, né en 2013 d’une fusion du MUJAO et de la Brigade des Signataires par le Sang du jihadiste algérien, Mokhtar Belmokhtar.  

Recherché par les Etats-Unis

Lorsque Adnan Abou Sahraoui fait allégeance à l’Etat islamique en 2015, il a compté sur des hommes comme Iliassou Djibo pour constituer le noyau dur de la succursale du “Califat islamique” proclamé par Abou Bakr al Baghdadi en Irak. Le 4 octobre 2017, des forces spéciales américaines et des soldats nigériens tombent sur une embuscade des insurgés islamistes. Le bilan est lourd. Huit militaires sont tués, dont quatre Américains et quatre Nigériens. Le 12 janvier 2018, Adnan Abou Walid al Sahraoui (AWAS) revendique cette opération, relevant l’aura de son groupe auprès du commandement central de l’État islamique dont les provinces syro-irakiennes étaient en difficultés. 

Les Américains lancent à travers le programme “Reward for justice” la traque contre les auteurs de cette attaque et offrent jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information facilitant leur capture. Mais Petit Chaporé échappe aux multiples opérations des militaires français visant le commandement de l’EIS en 2021 et qui ont permis de tuer en aout Adnan Abou Walid al Sahroui, avec l’aide des américains. Très actif à la frontière entre le Mali et le Niger, le jihadiste aurait joué un rôle important dans la montée en puissance de l’EIS dans l’est du Mali et les exactions contre les civils dans cette région.

Autonomisation des femmes : un vaste programme

Processus complexe destiné à permettre aux femmes d’accéder à la jouissance de plusieurs droits, l’autonomisation est souvent malheureusement réduite à l’exercice d’activités génératrices de revenus. Ce qui entrave encore plus la possibilité pour les femmes d’espérer une amélioration de leur situation.

Grand acquis pour les femmes afin de s’épanouir, l’autonomisation est un programme leur permettant non seulement de se prendre en charge mais aussi d’être utile à toute la société, estime Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente du réseau Femmes, droit et développement en Afrique (Wildaf Mali).

Il faut donc une véritable politique étatique, capable de mettre en œuvre toutes les problématiques relatives à l’accès des femmes à leurs droits. « Ce n’est pas une question d’argent », insiste Madame Bouaré. Car il faut aborder les questions de l’éducation, de la santé de la reproduction et de l’entrepreneuriat ensemble afin d’y apporter des réponses globales.

Au Mali, plus de 77% des femmes vivent en milieu rural, selon le 4ème Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Malgré un très faible accès aux ressources, comme la terre ou le crédit, elles représentent 49% de la population active agricole et assurent plus de 70% de la production alimentaire. L’appui à la réalisation d’activités génératrices de revenus à l’endroit des femmes n’est donc qu’un volet du vaste chantier de l’autonomisation.

Plusieurs facteurs défavorables hypothèquent l’émergence économique et sociale des femmes. Dans un contexte marqué par l’insécurité alimentaire et le changement climatique, les appuis consistent à leur offrir des moyens innovants de réduire non seulement la consommation des ressources naturelles, sources d’énergie, mais aussi la réduction du temps consacré aux tâches ménagères, afin de donner plus de temps à la production.

Violences persistantes

La question de l’autonomisation des femmes ne peut être abordée sans celle des violences, qui subsistent, surtout dans le contexte conjugal « lorsque tout repose sur une personne et que celle-ci n’arrive pas à tout résoudre », explique la Présidente de Wildaf. Résoudre les violences à l’égard des femmes constitue donc un pas réel vers l’autonomisation. Mais le défi, dans un environnement difficile marqué par de nombreuses crises, est d’assurer non seulement la pérennité des investissements réalisés, mais aussi de garantir une participation efficace des femmes à la vie sociale et leur épanouissement . Une étape essentielle pour l’atteinte de l’Objectif 50-50 d’ici 2030.

Facej sugu : montrer au grand public le made in Mali

Le Facej sugu prépare sa deuxième édition qui se tiendra du 24 au 27 novembre 2022 à Bamako. Mis en place en 2019, le Fonds d’appui à la création d’entreprises par les jeunes (Facej), a accompagné plus d’un millier d’entreprises. Son but est maintenant de les consolider afin qu’elles servent de repères à l’entrepreneuriat jeune.

L’objectif du Fonds d’appui à la création d’entreprise par les jeunes qui a débuté en 2019 était de financer 1 652 entreprises dans le District de Bamako, la région de Koulikoro, de Mopti, Tombouctou, Ségou, Sikasso et Kita, explique Chloé Rimmann, chargée de mission Genre, Plaidoyer et Communication. La structure dispose actuellement de trois guichets principaux. Celui pour la création d’entreprise pour des jeunes entre 18 et 30 ans et 35 ans pour les femmes, un pour les entreprises en croissance, et un dernier qui vient de démarrer avec pour objectif de financer des entreprises écologiques.

Le Facej travaille avec des partenaires « facilitateurs ». Ce sont des structures d’accompagnement, des ONG, des centres d’incubation qui sont une soixantaine.  Ce sont elles qui identifient les jeunes, et appuie dans l’élaboration d’un plan d’affaires. Il s’agit aussi de les accompagner dans l’obtention d’un prêt bancaire. Des prêts bancaires au taux d’intérêt de 8% avec quatre partenaires (BNDA, COFINA, CORIS, ORABANK) et le Fonds de garantie du secteur privé qui appuie.  Lorsque les jeunes obtiennent des prêts bancaires, ils sont accompagnés entre 12 mois pour les entreprises en croissance et 18 mois pour les startups pour les appuyer dans la consolidation de leur entreprise.  Ces derniers bénéficient aussi d’une formation en gestion d’entreprise.

Ils sont dans plusieurs domaines, sauf le commerce général. Le projet doit représenter une valeur ajoutée, comme l’agro business, le digital, la mode, les services, notamment.

Des contraintes récurrentes

L’une des contraintes des jeunes entrepreneurs reste l’écosystème même qui est peu « propice à l’entrepreneuriat formel », note notre interlocutrice. Or, l’une des conditions de l’accompagnement du Facej est cette formalisation. Aussi, même l’accès à l’information demeure difficile.

Les jeunes entrepreneurs ont souvent du mal à savoir s‘orienter sur le choix du type d’entreprise, ou encore la fiscalité. Il faut ajouter à cela les différentes crises que traverse le Mali. Mais nombre d’entre eux sont « très résilients ».

Outre l’âge qui reste déterminant, les jeunes doivent avoir un minimum de formation. Un CAP ou autre, pas forcément un diplôme supérieur. Le but ultime est de choisir des « jeunes qui ont vraiment l’esprit d’entrepreneuriat, sont sérieux et comprennent qu’un prêt bancaire doit être remboursé », précise la chargée de Communication.

Pour célébrer ces entreprises déjà créées, le Facej a initié Facej Sugu qui tient sa deuxième édition cette année avec plus de 1 500 entreprises.

La première édition ayant donné aux jeunes des opportunités de gagner en visibilité, Facej entend poursuivre cette initiative pour davantage valoriser ces entreprises et magnifier le made in Mali.  Facej sugu, permet en outre de mettre en valeur les entreprises d’autres régions, pas seulement de Bamako.

C’est aussi un espace d’apprentissage où les jeunes seront en contact avec des entrepreneurs aguerris et auront l’opportunité d’apprendre à mieux exposer et à améliorer les stratégies commerciales.

Cette année le nombre d’exposants a été doublé et porté à 200 dont une centaine de Bamako. Un grand panel sur l’entrepreneuriat, avec Mossadeck Bally, (le président du CNPM), une entrepreneure du Niger, du Burkina Faso et un entrepreneur influenceur de la Côte d’Ivoire sera organisé à l’intention des participants.

Avec un objectif « presqu’atteint », le Facej envisage plus de 1 600 entreprises accompagnées, qu’il va falloir « consolider et pérenniser ».

 Le domaine qui intéresse actuellement la structure est celui de l’écologie.  Il s’agit de rendre les entreprises existantes plus vertes et d’encourager d’autres à voir le jour. « Si on peut créer des entreprises qui participeront à relever les défis du réchauffement dont le Mali souffre déjà des conséquences ; cela peut être bien, surtout dans le domaine de l’agriculture », conclut madame Rismann.

Mali – Burkina Faso : les enjeux d’une coopération militaire renforcée

Pour contrer la menace terroriste à laquelle font face les deux pays, le Mali et le Burkina Faso sont dans une dynamique de renforcement de leur coopération bilatérale militaire depuis la prise de pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré.

Le 2 novembre 2022, pour son premier déplacement à l’étranger après sa désignation à la tête de la transition burkinabé, le Capitaine Ibrahim Traoré avait choisi le Mali pour échanger avec son homologue malien, le Colonel Assimi Goita, sur « comment renforcer notre coopération militaire et pouvoir mieux mener nos opérations pour sécuriser nos populations ». Un choix « normal » porté sur « un pays frère avec lequel nous partageons une très large frontière et avons beaucoup d’échanges de populations », s’était justifié le Capitaine Traoré.

Dans la foulée de cette visite, le 11 novembre le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Colonel Sadio Camara, accompagné du Chef d’État-major général des armées et de plusieurs officiers, a effectué une visite d’amitié et de travail à Ouagadougou.

« Nous avons reçu des instructions de nos chefs d’États de nous mettre ensemble, de mutualiser non seulement les efforts mais aussi les moyens pour faire face à cet ennemi commun (le terrorisme, ndlr) pour le bien-être de nos populations », a indiqué le Colonel Sadio Camara au sortir de la rencontre avec son homologue burkinabé.

Un rapprochement « gagnant – gagnant »

Pour plusieurs observateurs, depuis le retrait du Mali du G5 Sahel, un renforcement des relations bilatérales sur le plan militaire avec ses voisins que sont le Burkina Faso et le Niger était devenu indispensable. Selon le chercheur Mahamadou Sawadogo, spécialiste des questions sécuritaires, avec la mort programmée du G5 Sahel il était difficile que le fuseau central Mali – Burkina – Niger, qui constitue d’ailleurs l’épicentre de la menace terroriste, survive sans le Mali.

Pour lui, dans ce sens, le renforcement en cours de la coopération bilatérale militaire entre le Burkina Faso et le Mali est « gagnant – gagnant ». Il permettra d’une part au Burkina Faso de sécuriser ses frontières avec le Mali et d’autre part au Mali de prendre à revers les groupes armées terroristes qui attaquent le centre du pays.

« Le Mali est dans la traque des groupes terroristes depuis une dizaine d’années et le Burkina Faso pourrait bénéficier de son expérience et aussi des moyens techniques et des vecteurs aériens dont dispose le Mali dans ce domaine. De l’autre côté, le Burkina Faso est soutenu par la communauté internationale, ce qui pourrait, de façon indirecte, bénéficier au Mali si toutefois il continue à être ostracisé. Le Mali a besoin de partenaires et ne peut pas continuer à s’isoler. Le Burkina Faso peut donc lui servir un tant soit peu de bouclier », analyse M. Sawadogo.

« C’est une obligation de part et d’autre. En mettant en commun les capacités militaires, cela ne peut que renforcer la lutte anti-terroriste. Le Burkina Faso a une majeure partie de son territoire située dans la zone des 3 frontières. Ce renforcement est donc d’abord au bénéfice du Burkina, même si le Mali y a aussi une partie non négligeable de son territoire », souligne pour sa part Boubacar Salif Traoré, analyste politique et sécuritaire, Directeur du Cabinet Afriglob Conseils.

Rendre la lutte anti-terroriste plus efficace

Pour que la dynamique de renforcement de la coopération sur le plan sécuritaire entre le Mali et le Burkina Faso aboutisse à des résultats probants, Boubacar Salif Traoré pense que les deux pays doivent partager des renseignements. « Il va falloir travailler assez rapidement sur cette question afin que les deux pays mettent en place des canaux d’échange assez dynamiques et des relations de confiance », suggère l’analyste, pour lequel des formations communes doivent également être envisagées au niveau des deux armées, qui doivent travailler ensemble, afin qu’elles se comprennent dans les différentes unités.

Dans le cadre de cette coopération militaire renforcée entre le Mali et le Burkina, les opérations conjointes des deux armées au niveau des frontières, arrêtées il y a plus d’un an, pourraient reprendre dans la zone. Toutefois, pour Mahamadou Sawadogo, « il est impératif que les opérations conjointes dans cette zone impliquent le Niger. Sans quoi il sera difficile d’engranger des résultats ».