Mali : décès de l’ancien Premier ministre Modibo Keïta

Modibo Keita est décédé samedi à 78 ans, au lendemain des obsèques de Soumaïla Cissé. Deux fois Premier ministre sous les régimes de Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keïta, Modibo Keïta tire donc sa révérence de ce monde en ce début d’année 2021. Les circonstances de son décès ne sont pas évoquées par les nombreux médias qui ont fait état de sa disparition. Mais l’homme d’Etat vient remplir une liste de personnalités politiques maliennes récemment décédées.

Après Soumaïla Cissé, éminente figure de l’opposition et trois fois candidat malheureux au second tour de la présidentielle, mort en décembre de la Covid-19, les présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré se sont éteints également en septembre et novembre.

Le Premier ministre Modibo Keïta, à ne pas confondre avec le premier président du Mali (1915 – 1977), avait pris ses fonctions dans le contexte de dégradation sécuritaire consécutif à la poussée indépendantiste et djihadiste de 2012 dans le nord du Mali. D’avril 2014 jusqu’à sa nomination, il avait été le haut représentant du président Ibrahim Boubacar Keïta pour les pourparlers de paix à Alger entre le gouvernement et les groupes rebelles du nord à dominante touarègue.

Né le 31 juillet 1942 à Koulikoro (centre-ouest), Modibo Keïta fut d’abord instituteur avant d’exercer de multiples fonctions au sein de l’administration et du gouvernement du Mali, comme ministre, ambassadeur et secrétaire général de la présidence.

Moctar Ouane, Premier ministre de la transition au Mali, s’est dit « affligé ce matin par la nouvelle du décès » de son prédécesseur. « Je salue la mémoire du grand commis de l’Etat et de l’homme pétri de nos valeurs ancestrales de probité, d’honneur et de dignité. J’exprime à sa famille mes condoléances émues et prie pour le repos de son âme », a-t-il écrit sur sa page Twitter.

Sur le même réseau social, Soumeylou Boubeye Maïga, devenu Premier ministre du Mali en 2017 après la démission du défunt, a adressé ses « condoléances attristées » pour le décès de Modibo Keïta. « Tout au long de son parcours, il s’est illustré comme un grand serviteur de l’Etat. Que son âme repose en paix », a-t-il indiqué.

Au plan sociopolitique, l’année 2020 fut très éprouvante pour le pays. Le pouvoir est depuis le 25 septembre entre les mains d’un régime de transition, suite au renversement le 18 août du président IBK par une junte militaire, après plusieurs jours de manifestations de civils.

Yoro Diallo : une longévité à toutes épreuves

L’homme a de multiples noms : Yoro Diallo, Wassada Djinè, Tièkorobani ou encore Kônô boro Tiki. Tous pour magnifier sa persévérance et son savoir-faire. Yoro Diallo, le virtuose du kamalén n’goni, n’a pas fini de faire parler de lui. Il est originaire du Wassoulou, précisément de Wassada, un village situé dans le cercle de Yanfolila, région de Sikasso.

Disparu de la circulation depuis quelques années, parce qu‘il s’occupait de sa mère, récemment décédée à l’âge de 110 ans, et aussi à cause de son projet d’agriculture dans son village natal, Yoro Diallo compte lancer son nouvel opus très bientôt. « J’ai déjà fini mon nouvel album. J’attends la nouvelle année pour préparer son lancement », dit-il. Yoro Diallo est connu dans le monde entier grâce à un célèbre instrument de musique du Wassoulou, le kamalén n’goni. Un instrument qui servait dans le temps à accueillir les jeunes braves au début de l’hivernage. Cet instrument à 6 cordes est pour Yoro plus qu’une vocation, c’est un don qui s’est manifesté dès sa plus tendre enfance. Compositeur et interprète à la voix chaleureuse, Yoro Diallo a été le premier à rénover le kamalén n’goni, en l’accompagnant avec des instruments modernes. Cqui lui a donné toute sa célébrité actuelle. Malheureusement, le maestro regrette aujourd’hui d’assister à la disparition de son instrument favori. « Il n’y a plus personne qui joue de cet instrument actuellement, le n’goni perd son sens et commence à disparaître. La relève m’inquiète. Le kamalén n’goni est un instrument à 6 cordes, maintenant les jeunes le jouent à 7 ou 15. Pour moi, ça c’est la kora, non le n’goni. Ces deux instruments sont très différents. Lkora est instrument des griots qui vient du Mandé », déplore-t-il. Yoro explique que le kamalén n’goni a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. « Cet instrument m’a beaucoup apporté. Je viens de perdre ma mère, il y a deux mois, et par la grâce de Dieu elle n’a manqué de rien. J’ai pu subvenir à tous ses besoins grâce au n’goni. J’étais très proche d’elle, parce que j’ai perdu mon père dans mon enfance. C’est pourquoi tu n’écouteras jamais aucune de mes chansons sans entendre son nom, Djénèba ». Yoro Diallo appelle les Maliens à la paix et à la générosité. « J’aime bien être généreux. Dans la vie, il ne sert à rien de gagner des millions si ton entourage ne peut pas en profiter ».

Mali – Transition : fin de la visite du Colonel Assimi Goita au Togo

Le Vice-Président de la transition, le Colonel Assimi Goita,  a achevé hier mardi 29 décembre 2020, une visite de travail de 48 heures  à Lomé au Togo. Cette  visite fait suite à celle du président de la transition  Bah N’Daw, les 13 et 14 novembre derniers.

Pendant son séjour à Lomé,  le Colonel Assimi Goita a été reçu en audience par le chef de l’Etat togolais, Faure  Gnassingbé. Pour le Président togolais, la grande fermeté de la CEDEAO dans la condamnation de toutes les prises de pouvoir par des voies autres que celle des urnes et l’exigence d’une transmission du pouvoir aux civils repose sur les principes énoncés dans le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance auxquels le Togo souscrit entièrement. Le Président togolais a également réaffirmé l’appui indéfectible du Togo au Groupe de Soutien de la Transition au Mali (GST-MALI) initié par la Commission de l’Union africaine. Les deux personnalités ont longuement échangé sur les questions de paix et de sécurité dans la sous-région ouest-africaine notamment au Sahel. Ils ont réaffirmé leur convergence de vues tant sur la nécessité d’une coordination des différentes initiatives visant à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent

Mali – Pierre Buyoya : l’ultime adieu

Décédé le 18 décembre dernier à Paris, l’ancien président Burundais, Pierre Buyoya, a été conduit à sa dernière demeure ce mardi 29 décembre 2020, en terre malienne. La messe de ses obsèques a été célébrée à la cathédrale Sacré-Cœur de Bamako, suivi de l’inhumation au cimetière chrétien de la ville.

« Lorsqu’en octobre 2012, le Président de la Commission de l’Union Africaine de l’époque lui fit confiance et le nomma représentant, personne n’aurait cru qu’un jour de deuil comme celui-ci nous réunirait ici au cimetière catholique de Bamako pour son inhumation », s’est attristé, Salvator Mianzima, dans son oraison funèbre.

En présence de la famille, notamment son épouse et ses enfants, des membres du corps diplomatique, des représentants du gouvernement malien et de l’Union Africaine, l’ancien Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel a reçu les derniers hommages et les prières pour le repos de son âme.

Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, Al Hamdou Ag IIène, représentant le gouvernement du Mali, a évoqué la solidarité du gouvernement à la famille de l’illustre disparu, soulignant  le « grand témoignage de reconnaissance de la part du peuple du Mali de l’accepter ici en terre africaine du Mali, pour tous les efforts qu’il a consenti s».

« Je suis ici pour représenter le président de la Commission de l’Union Africaine qui m’a chargé d’être là pour transmettre ses condoléances à la famille Buyoya, au peuple Burundais mais aussi aux autorités maliennes qui l’ont beaucoup assisté pendant et après sa mission », a déclaré pour sa part, Abdoulaye Diop, ancien ministre des Affaires étrangères du Mali.

« Je peux témoigner que c’est un fervent défenseur de l’unité, de l’intégrité territoriale du Mali, qui sont des valeurs cardinales aussi pour l’union Africaine. C’était un homme honnête, de dialogue et de conciliation, et nous en retenons le souvenir d’un homme qui était totalement engagé pour la paix et la stabilité, qui a beaucoup donné au Mali, au Sahel et à toute l’Afrique », a-t-il ajouté.

Avant d’être nommé Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali, fonction qu’il occupait jusqu’à sa démission le 7 novembre 2020 pour préparer sa défense après avoir été condamné à la perpétuité dans son pays dans le procès de l’assassinat de Malchior Ndadaye. Buyoya, né le 24 novembre 1949 à Rutovu, au Burundi,  a servi comme envoyé spécial de l’organisation internationale de la Francophonie dans beaucoup de pays de 2004 à 2012.

Il a été membre du Panel de Haut niveau de l’Union Africaine de 2009 à 2012 et  a conduit des missions de bons offices , au Tchad, au Niger, en Centrafrique, en Mauritanie, mais aussi des missions d’observations d’élections dans ces deux derniers pays et en RDC.

Au cours des 8 années passées au Mali, M. Buyoya a participé non seulement  à la libération du Nord Mali occupé par les terroristes mais aussi aux négociations de l’Accord de Ouagadougou qui a permis au Mali d’organiser des élections en 2013 et de renouer avec l’ordre constitutionnel. Il a aussi contribué à l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et à sa mise en œuvre à travers son comité de suivi.

« Pierre Buyoya a aimé le Mali et le Mali l’a adopté. Aujourd’hui en acceptant qu’il repose ici dans ce cimetière, le Mali l’accueille comme un de ses fils. Que La terre du Mali, cette terre qu’il a tant aimé lui soit légère », a imploré Salvator Mianzima.

CHU Gabriel Touré : l’éternel malade

L’affluence était très modérée à l’hôpital Gabriel Touré ce 29 décembre 2020. Moins d’une dizaine de personnes sont présentes dans le hall d’entrée qui en accueille habituellement des dizaines. Raison : Le personnel de l’hôpital observe un arrêt de travail ces 29, 30 et 31 décembre 2020 et tous les lundis et mardi du mois de janvier 2021.  Après 3 jours de grève en octobre 2020, et 4 jours du 1er au 4 décembre 2020, l’hôpital Gabriel Touré renoue avec les grèves. L’amélioration des conditions de vie et de travail des agents ainsi que des conditions d’accueil des patients restent les motifs évoqués par le syndicat.

« Le service minimum est strictement observé », note le surveillant général de l’hôpital. « Les urgences fonctionnent comme d’habitude, la maternité et certains services » sont opérationnels comme en temps normal, assure t-il.

En effet, il faut se rendre au service des consultations médicales pour constater l’effectivité de la grève. Habituellement huit médecins « officient » dans ce couloir où les chaises vides témoignent de l’absence d’activité. Un seul médecin est présent. « C’est celui qui assure la garde », nous explique un agent. Pour s’occuper notamment des urgences et des malades hospitalisés dont le suivi « est correctement effectué », assure le médecin.

Aucune nouvelle revendication n’est à l’ordre du jour pour ce mot d’ordre. Des revendications récurrentes dont l’insatisfaction justifie amplement le mouvement, explique le syndicat.

Il s’agit d’abord des primes des bi-appartenant, qui « sont injustement prélevées depuis le début de cette année sur les salaires des seuls travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré », dénonce M. Djimé Kanté, le secrétaire général adjoint et porte parole du comité syndical du CHU Gabriel Touré.

L’une des revendications du Syndicat national de la santé et de l’action sociale et de la promotion féminine  (SNAS/PF) concerne aussi la situation des contractuels de l’hôpital dont il demande « le reversement à la fonction publique ». Alors même qu’il existe un accord dans ce sens depuis environ 10 ans, selon M. Kanté, ce changement n’est pas encore effectif pour tous ces travailleurs.

L’amélioration des conditions d’accueil et d’hospitalisation des malades est également une des préoccupations du syndicat qui tire la sonnette d’alarme, surtout en cette période de pandémie à coronavirus ou la très grande affluence au niveau des guichets d’entrée constituent autant de risques pour les malades et les soignants. Il serait judicieux selon le syndicat de décentraliser ces guichets au nouveau des différents services pour une prise en charge efficace et sans risque des patients. Des patients dont les conditions d’hospitalisation laissent à désirer tant certaines salles ne sont plus dignes d’un hôpital à cause du manque d’hygiène qui a atteint des proportions inquiétantes. L’aménagement des espaces externes de l’hôpital constitue également pour le syndicat une urgence pour faciliter l’accès et l’accueil des patients et leurs accompagnants.

Enfin, le syndicat demande l’exécution de tous les accords précédents issus des procès verbaux signés entre lui et les autorités.

Arrestation du DG du PMU-Mali : Les comités syndicaux exigent sa libération

Les comités syndicaux des travailleurs permanents du PMU-Mali, des revendeurs et du personnel du bureau de placement y travaillant ont tenu un point de presse samedi 26 décembre 2020 au siège de la société, relatif à l’arrestation du Directeur Général, M. Robert Vital Diop.

Dans la déclaration conjointe lue par le Secrétaire Général des permanents, M. Fadaman Keita,les trois comités syndicaux exigent  des plus hautes autorités du pays la libération immédiate de leur Directeur Général parce que « le procédé de son interpellation, la durée actuelle de sa séquestration et l’opacité autour des véritables raisons de sa détention violent la constitution et les lois en vigueur en république du Mali ».

« Le lundi 21 Décembre 2020, trois individus se sont présentés dans nos locaux disant vouloir rencontrer le Directeur général, pour des raisons d’État, selon eux. Mais la réalité est qu’ils sont venus l’enlever devant les regards impuissants de ses collaborateurs que nous sommes, pour une destination inconnue », a indiqué M. Keita.

A l’en croire, ils sont restés depuis ce jour sans nouvelles de M. Diop, et  « sans information sur le lieu et le motif réel de sa détention ».

Les trois comités syndicaux ont indiqué mener d’autres actions si leur demande n’est pas satisfaite dans les plus bref délais.

Robert Vital Diop a accédé aux fonctions de Directeur Général du PMU-Mali en février 2020.  Il a été arrêté par les services de Sécurité d’Etat, avec d’autres personnes soupçonnées de tentative de déstabilisation de la transition selon certaines indiscrétions. La justice n’a pas été saisie du dossier.

Bah N’daw: « Soumaïla Cissé s’en va à un tournant critique »

Le président de la Transition malienne Bah N’daw, s’est dit sous le « choc » après l’annonce de la disparition de Soumaïla Cissé, décédé ce vendredi à la Covid-19 à Paris.La présidence malienne a rendu hommage à l’opposant malien Soumaïla Cissé. Le président de la Transition évoque une grosse perte à l’heure où le Mali fait face à plusieurs défis.  « Soumaila Cissé s’en va à un tournant critique de notre évolution en tant que nation. Nul doute qu’en ce moment, le pays avait encore particulièrement besoin de son expérience et de sa sagesse pour relever les défis de l’heure » regrette-t-il.

Bah N’daw se souvient  « d’un homme plus déterminé et plus engagé après sa libération » au cours de l’audience d’octobre dernier avec Soumaila Cissé dans la foulée de sa libération. « Il m’avait laissé l’impression d’un homme encore plus déterminé et engagé pour son pays. Son optimisme était demeuré intact et sa dure détention de plusieurs mois l’avait comme davantage aguerri » se rappelle-t-il.

En cette douloureuse circonstance, le président de la Transition malienne adresse à son nom et au nom du peuple malien, « ses condoléances les plus émues à la veuve du défunt, ses enfants, ses proches, ses collaborateurs, ainsi qu’à ses nombreux sympathisants au Mali comme à l’extérieur » conclut-il.

Mali: le dialogue avec les djihadistes peut aboutir à un «cessez-le-feu» (analyste)

Le dialogue annoncé, hier lundi, par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avec les chefs djihadistes de son pays devrait aboutir à « un cessez-le-feu », analyse pour APA le Béninois, Maurice Mahounon, spécialiste des questions de sécurité.Ce dialogue pourrait aboutir à « un cessez-le-feu, un accord classique comme dans les guerres », estime le docteur en Sciences Politiques, par ailleurs spécialiste de défense et de sécurité en Afrique de l’ouest.

Pour lui, ce type de négociations « a marché en Algérie et ça peut marcher également au Mali ». Présent au 33e sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba (Ethiopie) tenu les 9 et 10 février, le président IBK a annoncé, dans des médias français, l’ouverture d’un dialogue avec les chefs djihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.

Quelques jours auparavant, son prédécesseur et Haut représentant pour le centre, Dioncounda Traoré, expliquait avoir mandaté des émissaires pour prendre contact avec les groupes terroristes.

A lire aussi: Dialogue avec les terroristes: lueur d’espoir à Bamako

L’initiative de Bamako, qui est « une bonne chose », s’inscrit ainsi « dans la logique des Occidentaux, en l’occurrence la France et les Etats-Unis. Officiellement, c’est ça la doctrine », analyse Maurice Mahounon, soulignant que l’on « sait ce qui s’est passé en sourdine dans la libération des otages ».

Mais « si le numéro un malien opte pour cette solution, il faut toujours essayer pour voir si les leaders djihadistes sont prêts à saisir cette main tendue de Bamako », poursuit-il.

Même s’ils « sont des gens avec une idéologie que ne partage pas le commun des mortels », les djihadistes devraient exprimer par ce dialogue ce qu’ils demandent : « autonomie, développement de leurs localités, … ».

A lire aussi: Mali : l’intégration d’ex-rebelles dans l’armée, « un couteau à double tranchant » (expert)

« Il y a beaucoup de choses à mettre sur la table pour savoir ce qu’ils veulent complètement », ajoute Dr Mahounon, notant néanmoins que Bamako « n’a pas la mainmise sur tous ces mouvements (qui) poussent comme des champignons. Mais c’est déjà un pas qui peut inciter les autres également à venir à la table de négociation ».

Au-delà du dialogue annoncé, le président Keita a également confié que l’armée malienne devrait arriver vendredi prochain à Kidal. Une ville du nord du pays qui échappe au contrôle de l’Etat central depuis six ans.

Mali: décès de Soumaïla Cissé de la Covid-19

Le chef de l’opposition malienne Soumaïla Cissé est décédé à l’âge de 71 ans à Paris où il était hospitalisé pour le coronavirus.Soumaïla Cissé était évacué à Paris à l’hôpital américain de Neuilly pour y être soigné. Il avait contracté le coronavirus depuis quelques jours.

Son décès brutal a été confirmé par plusieurs cadres de son parti, l’URD.

Né à Tombouctou, ingénieur-informaticien de formation, Soumaïla Cissé avait étudié au Sénégal et en France puis travaillé dans de grands groupes tels qu’IBM, Péchiney ou Thomson, avant de rentrer au Mali. Figure de la vie politique dans son pays depuis le début des années 1990, président de l’Union pour la République et la démocratie, Soumaïla Cissé avait été enlevé par des jihadistes le 25 mars 2020 dans la circonscription électorale de Niafunké (région de Tombouctou) alors qu’il était en campagne pour les législatives.

Après plus de six mois en captivité, il avait été libéré en octobre, notamment avec l’otage française Sophie Pétronin.

Depuis 2002, Soumaïla Cissé avait à plusieurs reprise tenté d’accéder à la présidence malienne, arrivant deuxième de l’élection à trois reprises. Aux scrutins de 2013 et 2018, il s’était incliné face à Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par des militaires.

Mali : 143 kg d’or saisis sur la route de la Guinée

La douane malienne a saisi une cargaison de 143 kilos d’or, d’une valeur estimée à plus de 4 milliards de FCFA, cachée dans une voiture en partance pour la Guinée voisine, a appris APA mardi.« Cette saisie porte sur 88 lingots d’or qui pèsent 143 kilos », a déclaré le colonel Hamadou Sanogo, chef du bureau des enquêtes à la douane du Mali. Les 143 kilos découverts dans la nuit de samedi à dimanche étaient « destinés à être exportés à l’insu des agents de douane, ce qui aurait eu comme conséquence de perturber notre économie », a précisé le directeur général adjoint des douanes du Mali, le colonel-major Amidou Fakourou Bakagha.

Le Mali est le cinquième pays producteur d’or du continent, selon la Banque mondiale. Les sites de production, industriels et artisanaux, font de ce métal précieux le premier produit d’exportation du pays, selon la même source.

Les frontières étant cependant poreuses et l’économie largement dominée par le secteur informel, les saisies d’or sur les routes du Mali sont fréquentes.

L’Afrique doit accroître les investissements pour atteindre les objectifs de développement

Pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), l’Afrique doit accroître les investissements, souligne un rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).« Un défi central que l’Afrique doit relever pour réaliser les ODD et parvenir à un développement durable et inclusif consiste à mobiliser les investissements requis dans des secteurs clés tels que la santé, l’énergie, les transports, la construction, l’éducation et la fabrication », indique le rapport économique sur l’Afrique.

Le document rendu public récemment par la CEA révèle que les besoins en infrastructures du continent se chiffrent entre 130 et 170 milliards de dollars par an jusqu’en 2025, avec un déficit de financement annuel de 67,6 à 107,5 milliards de dollars.

Selon le rapport, 19,6 % des entreprises opérant en Afrique estiment que le manque de financements est un obstacle majeur à la conduite de leurs activités. Près d’un quart des petites entreprises l’ont cité comme un obstacle majeur, tout comme environ 13 % des grandes entreprises.

A propos de l’énergie, il souligne qu’environ 590 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à l’électricité, et pour ceux qui y ont accès, la qualité est généralement médiocre et la fiabilité inacceptable en comparaison à d’autres régions du monde.

Sur le plan environnemental, la CEA note que 18 à 30 milliards de dollars par an au cours des deux prochaines décennies sont nécessaires pour l’action climatique et l’adaptation au changement climatique en Afrique, des projets et investissements de près de 1 000 milliards de dollars étant prêts à être financés.

« Pour la (bonne) gouvernance, quelque 6,3 % des entreprises en Afrique ont mentionné la corruption comme un obstacle majeur à la conduite de leurs activités », indique le rapport.

La croissance économique de l’Afrique s’établit à 3,4% en 2019

L’économie africaine a connu une croissance de 3,4% l’année dernière, révèle un rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).« L’Afrique est la région du monde qui affiche la deuxième plus forte croissance, estimée à 3,4 % en 20193 », informe l’édition 2020 du rapport économique sur l’Afrique rendu public ce mardi à Addis-Abeba (Ethiopie).

Toutefois, note le document, « la pandémie de Covid-19 aura pour effet de ralentir la croissance, la ramenant entre 1,8 % et -4,1 % en 2020 ».

« La croissance en Afrique devrait rebondir à 5 % en 2021, à la faveur d’une mise en œuvre efficace des mesures de riposte à la Covid-19 et de la reprise économique mondiale », prévoit la CEA.

Elle souligne qu’après de légères hausses en 2019, les prix de plus de 2/3 des matières premières africaines exportées ont chuté en 2020. Le prix du pétrole, qui représente 40 % des exportations africaines et 7,4 % du PIB du continent, s’est effondré de plus de 50 %, atteignant son plus bas niveau depuis 2003. Les prix des métaux ont chuté de 20 % et ceux du coton de 26 %.

Selon les projections de la CEA, la pandémie fera basculer 5 à 29 millions de personnes en dessous du seuil d’extrême pauvreté fixé à 1,90 dollar par jour, par rapport à un scénario de référence de la croissance africaine en 2020.

La crise sanitaire actuelle a de nombreux effets sociaux négatifs et l’Afrique est particulièrement vulnérable, du fait de la faiblesse des systèmes de santé, des conditions de vie difficiles et d’un accès limité aux services d’assainissement.

Les systèmes de santé africains sont plus fragiles que ceux du reste du monde, avec des nombres plus faibles de lits d’hôpitaux, d’unités de soins intensifs et de professionnels de la santé rapportés à la population. L’Afrique compte en moyenne 1,8 lit pour 1 000 habitants, contre 6 en France et 8,2 en Fédération de Russie.

Mali: le colonel Malick Diaw élu président du Conseil de transition

Le numéro deux de la junte au Mali, qui a dirigé le pays après le putsch du 18 août, a été élu samedi à la tête du Conseil national de transition (CNT).Cet organe législatif jouera le rôle d’Assemblée nationale durant la période de transition de 18 mois. Seul candidat au poste de président, Malick Diaw a été élu lors de la session inaugurale du conseil tenue à Bamako. Sur 118 membres votants, le militaire a obtenu 111 voix.

Dans son discours, il a promis de travailler à la réconciliation des Maliens et à relever les défis du pays (sécurité, élections, …).

Le CNT compte 121 sièges dont les membres ont été désignés, vendredi 4 décembre, parmi des représentants de partis politiques, des syndicats et des militaires. 

Les forces vives sont pratiquement toutes représentées, puisqu’on retrouve aussi des figures d’anciens groupes armés rebelles, des personnalités touareg, des représentants de la société civile et la grande star de la musique malienne, Salif Keïta.

Par ailleurs, la mise en place du CNT met fin à l’existence officielle du Comité national pour le Salut du peuple (CNSP), organe créé par la junte après le coup d’État contre Ibrahim Boubakar Keita. 

Mais les militaires continuent d’étaler leurs pouvoirs dans l’appareil étatique, non sans quelque frustration auprès d’une partie de la classe politique et la société civile. Ils se sont arrogés déjà 22 des 121 sièges du CNT. Et si le général retraité Bah Ndaw dirige la transition, son vice-président Assimi Goïta est considéré comme l’homme fort du pouvoir.

En revanche, le Premier ministre Moctar Ouane a déclaré jeudi que l’une des premières tâches du CNT serait d’adopter « très prochainement » le programme de son gouvernement.

Mali : les membres du Conseil national de la transition désignés

Le Conseil National de la Transition (CNT) doté d’un pouvoir législatif est composé de 121 membres.Après la désignation du Chef d’État du Mali, la nomination d’un Premier ministre et des membres de son gouvernement, le CNT, troisième institution de la transition, a vu le jour vendredi. Parmi les figures marquantes, il y a le colonel Malick Diaw, numéro deux de la junte, annoncé pour diriger l’organe qui aura un pouvoir législatif.

Le consensus n’a pas été simple à trouver dans la mise en place de ce dernier organe de la transition. Le décret présidentiel publié le 9 novembre dernier avait déjà défini la clé de répartition des membres de l’institution.

Ainsi dans sa composition actuelle, le CNT réserve la part belle aux militaires qui arrachent vingt-deux (22), contre onze (11) pour les 200 formations politiques du pays, neuf (9) pour la société civile et huit (8) pour le Mouvement du 5 juin qui réclamait au départ un quart des sièges entres autres.

On retrouve dans la liste dévoilée jeudi soir, des proches de l’Imam Dicko (CMAS) comme Issa Kaou Djim, Nouhoum Sarr et Imam Oumarou Diarra. On note aussi la présence de plusieurs membres des partis de l’ex-majorité et de l’ex-opposition dans cette institution.

Parmi toujours les membres, on retrouve aussi des figures de l’ex-rébellion, comme Mohamed Ag Intalla, par ailleurs chef traditionnel de la tribu des Iforas à Kidal, dans le nord-est du Mali.

L’élection du président du CNT devrait se tenir ce samedi 5 décembre. Les 121 membres désignés, doivent siéger pour désigner le futur président du CNT, selon le décret présidentiel lu par le président de la Transition Bah N’daw.

En plus du poste vice-président de la transition occupé par le Colonel Assimi Goïta et de postes clés au sein du gouvernement, la composition du CNT démontre une fois encore une certaine mainmise des militaires sur le processus de transition.

Mali: la CPI annonce de nouvelles mesures en faveur des victimes

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, ce vendredi, de nouvelles mesures devant répondre aux préjudices des victimes des violences dans le centre et le nord du Mali.« A l’issue d’une mission à Bamako, le Fonds au profit des victimes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé de nouvelles actions de réhabilitation en faveur des victimes au Mali. Ces mesures devront répondre aux préjudices des victimes dans le centre et le nord du pays, en complément de celles déjà engagées à Tombouctou et du processus déployé par l’État malien », rapporte un communiqué de presse  de la CPI.

Il souligne que les crimes relevant du droit international se sont multipliés au Mali au cours des dernières années, en particulier dans le centre et le nord-est du pays.

C’est pourquoi, « en attendant que la justice se fasse, nous avons décidé de mettre en place des mesures pour réhabiliter les victimes dans ces régions. Beaucoup d’entre elles se trouvent aujourd’hui dans une situation extrêmement précaire et certaines ont perdu tous leurs biens ».

« Avec cette décision, nous voulons permettre aux survivants d’aller de l’avant et contribuer ainsi au processus de justice transitionnelle », a déclaré Mme Mama Koité Doumbia, présidente du Fonds au profit des victimes citée par le communiqué.

Pour ce faire, le Fonds au profit des victimes mettra en œuvre ce nouveau programme en partenariat avec des organisations implantées au Mali. Les victimes éligibles à ces nouvelles mesures pourront ainsi bénéficier, entre autres, de traitements médicaux, de réhabilitation psychologique, y compris dans le cadre de consultations en cas de traumatisme, et d’appui matériel, notamment pour développer des moyens de subsistance.

Ces mesures, qui devraient être mises en œuvre dès 2021, compléteront les réparations judiciaires décidées par la Cour pénale internationale à l’issue de la condamnation d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour la destruction des mausolées et de la porte de la mosquée Sidi Yahia.

La décision des juges de la CPI prévoit des réparations judiciaires individuelles, collectives et symboliques, pour la communauté de Tombouctou mais également pour la communauté malienne et la communauté internationale, pour compenser le préjudice subi par la destruction d’un patrimoine mondial de l’humanité.

Notre source précise que les premières mesures, qui sont en passe d’être exécutées, doivent également compléter le dispositif national de justice transitionnelle et de réconciliation.

« Au cours d’une mission à Bamako qui a permis de rencontrer les autorités gouvernementales, le Fonds au profit des victimes a pu mesurer les efforts engagés par l’État malien pour permettre aux victimes d’obtenir des réparations. Le projet de Politique nationale de réparation, actuellement à l’examen, prévoit ainsi la mise en place d’une Commission d’administration des réparations aux victimes. Cette commission pourrait prendre le relais de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, dont le mandat prendra fin en 2021, et qui a déjà entendu près de 18.000 victimes sur l’ensemble du territoire », note le texte.

Il souligne que cette commission pourrait alors proposer des indemnisations et compléter les initiatives de justice transitionnelle adoptées dans l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger de 2015, qui prévoit également la poursuite des auteurs des crimes les plus graves.

Mali – Bloc anti CNT : Vers des alliances de circonstances 

Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif, et le seul qui reste à mettre en place pour achever le tableau des organes de la transition, continue de crisper les attentions. Les remous sur sa mise en place se poursuivent, rapprochant, de loin, les positions des plus grands partis et regroupements politiques de l’arène malienne, qui ont décidé pour beaucoup de ne pas y envoyer de représentants. Pour capitaliser cette convergence apparente, des démarches sont menées pour former un bloc commun, capable d’amener les autorités de la transition à revoir leur copie. Si les portes ne sont pas totalement fermées entre les partis politiques, d’autres paramètres de positionnement ne rendent pas pour autant aussi simple une éventuelle grande alliance entre eux.

Dès le lendemain de la publication au Journal officiel de la République des deux décrets fixant respectivement les modalités de désignation des membres du CNT et sa clé de répartition, le M5-RFP, qui « refuse de servir de faire-valoir à un régime militaire déguisé », a non seulement décidé de ne pas y participer dans le format proposé, mais aussi lancé un appel à toutes les forces patriotiques et politiques, pour « se concerter, entrer en résistance et faire face pour sauver la démocratie et la République ».

Cette prise de position n’en était qu’une parmi les très nombreuses qu’a suscitées l’adoption des deux décrets au sein de la classe politique. Cette dernière, dans sa presque totalité, a fustigé la manière de procéder des autorités de la transition et décidé de boycotter le Conseil national de transition si la procédure n’était pas revue.

Le 12 novembre 2020, après une première réaction la veille, exhortant toute la classe politique à observer le devoir de non-participation, l’alliance de l’ancienne majorité présidentielle Ensemble pour le Mali (EPM) a réitéré, dans une déclaration commune avec d’autres partis et regroupements politiques, à l’instar de la Coalition des forces patriotiques (COFOP), de l’Action républicaine pour le progrès (ARP), de l’Alliance Jiguiya Koura ou encore du parti Yelema, la décision unanime de ne pas siéger au CNT. La conférence des Présidents de ces différents partis a appelé à « une union sacrée pour préserver les acquis démocratiques pour sauver la République ».

Quelles actions communes ?

Le Président de la transition, Chef de l’État, M. Bah N’Daw avait déclaré alors qu’il était récemment en tournée dans la sous-région, vouloir s’en tenir à l’esprit des deux décrets qu’il a signés. Les premières réactions de la classe politique n’ont pas réussi jusqu’à maintenant à le faire revenir sur ce qui a été décidé.

Mais, le 19 novembre dernier, trois ministres du gouvernement ont rencontré la classe politique dans le cadre de la relance du Cadre de concertation des partis politiques déjà existant entre elle et le gouvernement. La question de la mise en place du CNT n’était initialement pas à l’ordre du jour, mais les politiques n’ont pas manqué l’occasion d’y revenir.

Les émissaires du gouvernement ont alors promis de faire un compte-rendu aux plus hautes autorités, sans pour autant donner la garantie que la procédure allait être revue.

Pour faire adhérer les autorités de la transition à ses exigences, le M5-RFP se met déjà dans une démarche active, pour faire converger les actions au sein de la classe politique.

« Nous avons commencé par prendre des contacts avec les partis de l’ancienne majorité présidentielle puis avec d’autres forces vives. Nous avons un agenda de rencontres cette semaine. Elles ont déjà commencé et nous allons les intensifier, puis faire un front commun dans lequel tout le monde va se retrouver pour imposer une transition vraiment démocratique », affirme Choguel Kokala Maiga, Président du Comité stratégique du M5-RFP.

Pour lui, il ne s’agit même plus pour les « jeunes militaires » de discuter uniquement avec le M5, mais de « parvenir à un accord politique global qui puisse convenir au moins à l’ensemble des forces politiques et sociales ».

Cette vision est partagée à la COFOP, où le Président, Dr. Abdoulaye Amadou Sy, estime qu’il faut nécessairement une concertation avec la classe politique, parce qu’il s’agit de l’intérêt du Mali et non d’un individu et qu’il faut que les fils du pays discutent autour d’une table et décident ensemble de ce qu’il faut faire, dans le cadre des règlements qui sont fixés.

Jeux politiques et grande coalition

Le M5-RFP est résolument tourné vers la réalisation d’une grande coalition des forces politiques et sociales, y compris celles se positionnant du côté de l’ancienne majorité présidentielle. « Nous les avons déjà invitées à des séances de travail. Nous avons eu une première rencontre avec elles pour une prise de contact dans le courant de la semaine passée et nous irons peut-être au-delà cette semaine », confie M. Maiga, pour lequel l’objectif est de réunir tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la façon de faire des autorités de la transition.

Mais, à l’alliance EPM, l’ancienne majorité présidentielle, même si la procédure de la mise en place du CNT est fustigée, le ton semble ne pas être le même que celui du M5, du moins pour le moment, sur l’unicité des actions.

« Le M5 et nous, nous sommes différents et nous n’avons pas les mêmes méthodes pour faire aboutir nos revendications. Nous ne sommes pas dans la défiance de la transition, nous l’accompagnons. Le M5 est par contre dans une posture de défiance de la transition, en disant qu’il est aussi légitime que la transition », précise Me Baber Gano, Secrétaire général du RPM, parti-clé de l’alliance EPM.

« Nous ne sommes pas dans ce schéma. Au contraire, pour nous, il faut accompagner la transition et trouver les meilleures solutions afin de sortir de cette situation », ajoute l’ancien ministre des Transports.

Même avec les partis et regroupements politiques avec lesquels a été signée la déclaration commune du 12 novembre, l’alliance EPM ne voit pas pour le moment une plus large alliance. « C’est juste un partage de vision sur un objectif commun. Le CNT est un organe qui doit regrouper l’ensemble des forces politiques et sociales du pays. Cela veut dire que nous allons tous nous retrouver là-bas. Nous avons donc dit que, pour cet objectif, pour un départ il ne faut plus  se mettre dans une posture d’opposition ou de majorité, c’est surtout pour l’intérêt du Mali », souligne M. Gano, laissant tout de même entrevoir que les portes ne sont pas totalement fermées.

« L’avenir nous le dira. Nous sommes tous des partis politiques qui œuvrent pour la démocratie et si tant est que leur objectif à eux est de consolider la démocratie et l’État de droit, nous allons le poursuivre ensemble », assure-t-il.

Marge de manœuvre réduite 

La situation enchevêtrée, avec une multitude d’acteurs politiques et des positions différentes, fait craindre à certains une faible marge de manœuvre des politiques dans le processus de mise en place du CNT. Il faut préciser qu’en dehors des grands partis et regroupements politiques, qui s’inscrivent dans la posture de boycott, un nombre non négligeable de petits partis est prêt à siéger au sein de l’organe, d’où la multitude de candidatures qui atterriraient sur le bureau du Vice-président de la transition, le colonel Assimi Goita.

Pour l’analyste politique Boubacar Salif Traoré, quand on tient compte de cette situation, il semble difficile qu’un seul bloc politique puisse se former autour de la cause du CNT. D’autant plus, selon lui, qu’il y a déjà une sorte de précampagne en vue de la future présidentielle. « Se mettre ensemble, c’est quelque part renoncer aux différentes candidatures au profit d’un seul candidat, alors qu’aujourd’hui cela parait peu probable ».

D’ailleurs, soutient M. Traoré, « le fait de perdre l’autorité morale de l’Imam Mahmoud Dicko, associé à la fragilisation de la classe politique liée aux mésententes internes, ne leur permet pas de constituer à ce jour une force assez critique ».

Germain KENOUVI

Recours à la science pour renforcer la résilience des agriculteurs africains

Un consortium d’acteurs a lancé, sous l’égide du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf), le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique ex-Pilier 4 (PDDAA-XP4), axé sur la science pour renforcer la résilience des agriculteurs au climat.Financé par l’Union européenne et lancé le 12 novembre dernier, le PDDAA-XP4 aidera le Coraf et ses partenaires à tirer parti de la science, des technologies et des innovations, pour faire progresser les objectifs de productivité alimentaire.

« Ce projet est conçu pour déployer la science et l’innovation pour arriver à une transformation inclusive, durable et adaptée au climat, de l’agriculture et des systèmes alimentaires connexes en Afrique de l’Ouest et du Centre », a déclaré le Dr Abdou Tenkouano, Directeur exécutif du Coraf cité par le texte.

Le consortium d’acteurs de mise en œuvre comprend le Forum pour la recherche agricole en Afrique (Fara), le Forum africain pour les services consultatifs agricoles (Afaas), l’Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre (Asareca) et le Centre de Coordination de la Recherche et du Développement Agricoles pour l’Afrique Australe (CCARDESA).

Le PDDAA-XP4 est administré par le Fonds international de développement agricole (Fida).

« (…) l’objectif du PDDAA-XP4 est de contribuer à la mise en œuvre de l’Agenda 2030, en particulier l’objectif 2 (zéro faim), l’objectif 5 (égalité des sexes), l’objectif 10 (réduire les inégalités), l’objectif 12 (consommation responsable) et l’objectif 13 (lutter contre le changement climatique), ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Déclaration de Malabo », a expliqué de son côté, Dr Malu Ndavi, Spécialiste technique mondial en chef du Fida.

Le montant total du don de quatre ans est d’environ 30 millions d’Euros pour tous les partenaires d’exécution, avec un cofinancement potentiel du Fida et d’autres organisations.

Le PDDAA-XP4 fait partie du projet Développement de l’Innovation Intelligente grâce à la Recherche en Agriculture (en anglais, Development Smart Innovation through Research in Agriculture, DeSIRA), une initiative de l’Union européenne.

Semaine nationale de la sécurité routière : Le port du casque autour des débats

Le Mali célèbre du lundi 16 au samedi 21 novembre 2020  la 16ème édition de la semaine nationale de la sécurité routière sur toute l’étendue du territoire national avec comme thème  « le port du caste ». Pour magnifier cette semaine, l’ANASER mène plusieurs activités dans toutes  les communes du district de Bamako et certaines régions du pays.  C’est dans ce contexte que l’ANASER a choisi le campus  universitaire  de Kabala pour une journée de sensibilisation et de formation sur la sécurité routière et le port des casques.

Le choix de l’université de Kabala n’est pas fortuit  selon la directrice générale de l’ANASER Mme Doumbia Djadie Sacko. Elle soutient que le principal moyens de transport des étudiants reste les engins à deux roues à côté du fait qu’ils sont nombreux ces étudiants en moto qui perdent la vie suite aux accidents sur l’axe Kalanbancoro-Kabala depuis l’ouverture du complexe universitaire en février 2017.

Au cours de cette journée (2020), afin d’éclairer les étudiants sur l’importance du port du casque, des exposés  ont été animés par deux médecins de l’hôpital Mère-Enfant de Luxembourg. Sur le traumatisme crânien suite à un accident de motocycle, le médecin colonel Diarra neurochirurgien s’est entretenu avec les étudiants curieux d’en savoir davantage sur les risques qu’ils courent. Le Dr Mamadou Karim Touré chef de service anesthésie- réanimation, a mis l’accent sur la réanimation des victimes. Des exposés riches en pratiques d’urgence et en comportements responsables ont retenu l’attention des étudiants venus nombreux à ce rendez-vous de sensibilisation.

Lors de son intervention, la directrice a insisté sur le port sur du casque, en invitant les étudiants à se familiariser avec ce gestion de protection.  Elle a également déclaré  que la dernière évaluation du port du casque de protection réalisée  par l’ANAZER à Bamako en 2016, estimait que seulement 8% des conducteurs et 3% des passagers de moto portent régulièrement le casque. Alors que  le code de la route en son article 27 alinéa 1 est formel « le port du casque de protection est obligatoire pour les conducteurs et les passagers de motocyclettes et vélomoteurs de cylindrée supérieure ou égale à 100 cm3 ». c’est pourquoi l’ANASER a offert un lot de 50 casque à l’université de Kabala et annonce être toujours disponible pour accompagner le campus  dans ses efforts de lutte contre l’insécurité routière.

 

Bréhima Mamadou Koné : « Il n’y a aucun leader au RPM qui fasse l’unanimité »

Le Président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Bocary Tréta, a, dans une récente lettre adressée aux Secrétaires généraux des fédérations et des sections du parti, lancé un appel au réarmement moral des militants, en vue de relancer les activités du RPM après les évènements du 18 août 2020. Dans cet entretien, le politologue Bréhima Mamadou Koné livre son analyse sur ce « nouveau départ » du parti des Tisserands.

Quel est votre regard sur la reprise annoncée des activités du RPM ?

Ces activités s’inscrivent dans le cadre de la vie du parti. Il faut faire vivre le RPM et cela passe par l’organisation de certaines activités, pour être en contact avec les cellules de base. Il est important que le parti se retrouve aujourd’hui pour discuter de certaines questions de fond concernant la vie du RPM, mais aussi concernant la vie de la Nation. Malgré le départ d’IBK, ce n’est pas la fin du RPM. Le parti doit continuer à vivre et continuer l’animation du paysage politique.

Doit-on craindre des entraves politiques à cette relance ?

Au sein du RPM, il y a trois tendances. Celle qui est aujourd’hui au niveau de l’animation politique est celle de Tréta, Diarassouba et autres. Mais la tendance IBK, Timbiné, Camara et autres n’est aujourd’hui pas visible sur la scène politique. Il y a aussi celle de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, dans l’ombre elle aussi actuellement. Le RPM a donc plusieurs problèmes. Un problème de structuration et de représentativité en termes de responsabilité, mais aussi le souci de la légitimité et du charisme de ses dirigeants. Aujourd’hui, il n’y a aucun leader au sein du parti qui fasse l’unanimité et bénéficie de la confiance et de l’investiture de l’ensemble des membres du RPM pour porter les couleurs du parti aux prochaines élections. Il faut s’attendre à une fracture du RPM, à un effritement en fonction des trois tendances citées ci-dessus.

Le RPM risque-t-il une traversée du désert ?

Malheureusement, le Dr. Bocary Tréta, n’est pas un homme charismatique, ni de cohésion, parce qu’il n’a pas su faire régner l’union au sein du parti. C’est un homme de clan et non un leader éclairé. Le RPM risque de devenir comme l’Adema. À chaque fois qu’ils vont choisir un candidat issu du Bureau politique national pour représenter le parti, il y aura d’autres membres qui risqueront de travailler au détriment de ce dernier et de soutenir d’autres candidats. On risque de voir le RPM accoucher de trois ou quatre autres partis politiques dans les années à venir.

Mali : deuil national de trois jours suite au décès d’ATT

Le président de la transition, Bah N’daw, a décrété trois jours de deuil national suite au décès de l’ancien chef de l’État, Amadou Toumani Touré (ATT).À compter du lundi 16 novembre, « les drapeaux (seront) mis en berne sur tous les bâtiments et édifices publics ». Le peuple malien compte rendre un bel hommage à Amadou Toumani Touré à travers des « funérailles nationales » prévues mardi prochain à la place d’Armes du Génie militaire.

L’ex-président de la République est mort, le 10 novembre dernier en Turquie, à l’âge de 72 ans. Sa dépouille est arrivée samedi à l’Aéroport international Modibo Keïta-Sénou de Bamako.

Ce jour-là, il y avait parmi la foule le Premier ministre, Moctar Ouane et le vice-président de la transition, le Colonel Assimi Goïta. Celui-ci, très ému, s’est incliné devant le cercueil du Général ATT.

Eliminatoires CAN 2022 : le Mali s’impose dans la douleur

Mission accomplie. Les Aigles avaient pour objectif de gagner face à la Namibie, ils l’ont fait mais sans la manière. Un but sur pénalty d’El Bilal Touré a suffi pour le Mali à engranger les trois points dans un stade du 26 mars qui sonnait tristement creux à cause de la pandémie du Covid. Avec cette victoire, le Mali recolle en tete du classement avec la Guinée avec 7 points en trois journées. Mais les joueurs de Magassouba devront faire mieux, mardi prochain en Namibie pour le match retour. Bousculés, les Maliens ne se sont pas montrés sous leur meilleur visage. Néanmoins, une nouvelle victoire contre la Namibie qualifierait presque les Aigles pour la prochaine CAN en 2022 au Cameroun.

Mali : un cadre de la mouvance jihadiste neutralisé

Les forces armées françaises ont mis hors d’état de nuire Bah ag Moussa, l’un des principaux adjoints d’Iyad ag Ghali, le leader du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim).Cible atteinte ! Dans un communiqué, Florence Parly, la ministre française des Armées, renseigne que « cette opération de haut niveau a engagé d’importants moyens de renseignement ainsi qu’un  dispositif d’interception composé d’hélicoptères et de troupes au sol ».

La neutralisation à Ménaka (nord-est) de Bah ag Moussa, « le 10 novembre en fin de journée », porte « un nouveau coup dur » aux mouvances affiliées à Al-Qaïda. Car cette figure du jihadisme dans le Sahel était, précise-t-elle, « le chef militaire du Rassemblement pour la victoire de l’Islam et des musulmans (Rvim) ».

Bah ag Moussa, « chargé de la formation des nouvelles recrues » des jihadistes au Mali, est considéré par la France comme le « responsable de plusieurs attaques contre les forces maliennes et internationales ».

De ce fait, c’est « un succès majeur » dans la lutte contre le terrorisme que la France et ses partenaires mènent dans cette partie de l’Afrique. Partant de là, Florence Parly adresse des félicitations aux « militaires français engagés dans cette opération, ainsi que tous ceux qui y ont contribué en matière de renseignement ».

Poursuivant, la ministre française des Armées réaffirme la détermination de son pays à frapper en plein cœur « ceux qui, au nom de leur idéologie mortifère, s’en prennent aux populations civiles et souhaitent déstabiliser les Etats de la région ».

Dans la zone dite des trois frontières, l’action militaire de la France a permis de diminuer « les capacités (de nuisance) de l’Etat islamique au Grand Sahara », se réjouit Paris. Une dynamique qui devrait se renforcer avec la « montée en puissance » des forces armées sahéliennes. En outre, la France compte sur le soutien de ses alliés internationaux, notamment européens, pour gagner la guerre contre les jihadistes.

Contrats miniers : Comment gagner plus ?

Le Mali est le troisième pays producteur d’or en Afrique, après le Ghana et l’Afrique du Sud. Mais, pour beaucoup de Maliens, l’or ne brille pas assez pour eux. Si après plus de 30 ans d’exploitation industrielle des évolutions sont à noter, notamment en matière de lois, pour profiter davantage des retombées du secteur minier certains préalables sont requis.

La Loi minière en vigueur au Mali est l’ordonnance 2019-022 du 27 septembre 2019, entré en vigueur depuis un an, dont le décret d’application a été ratifié le 23 octobre 2020. Les Codes miniers successifs, jusqu’en 2012, étaient jugés très attractifs par les investisseurs. Le Mali, ne disposant pas du savoir-faire nécessaire, faisait alors la part belle aux sociétés minières pour assurer l’exploitation de son potentiel. Mais la dynamique est en train de changer, assurent les acteurs.

De 1970 à 2018, des exonérations étaient accordées, pour l’importation par exemple des produits pétroliers, à toutes les sociétés qui s’installaient au Mali. Désormais, elles sont taxables, depuis la loi de 2019. Mais cette loi n’est pas rétroactive, selon un principe intangible du droit. C’est pour cela que les sociétés déjà installées et dont les conventions, signées pour 30 ans, sont adossées aux codes précédents, ne sont pas régies par la loi de 2019, qui prévoit que désormais les conventions types, les mêmes pour toutes les sociétés, seront signées pour une durée de 20 ans. .

Les dispositions relatives à l’exonération de la TVA, accordée durant trois ans, même si la société commence à produire, n’existeront plus. Les sociétés devront la payer dès la première année de production.

Maximiser les ressources

« Tous les grands pays producteurs d’or se sont développés en misant sur la fiscalité minière et le Mali ne fait pas exception », explique M. Diadié Amadou Keita, Conseiller technique au ministère des Mines et du pétrole. Pour mieux profiter de son potentiel minier, l’État malien doit donc améliorer la fiscalité et mettre en adéquation la formation des Maliens avec les besoins du secteur, afin de favoriser le recrutement d’un personnel local qualifié. La mise en place prochaine de l’École des mines va dans ce sens, ajoute M. Keita. La mine de Nampala emploie par exemple un millier de personnes, dont vingt expatriés.

Une vie après l’exploitation est également prévue, avec des retombées non négligeables. Mais il faut tout d’abord assurer la transparence dans la gestion des ressources issues du secteur minierLorsqu’une société veut s’implanter, elle convient avec les communautés d’un plan de développement validé par la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM) et le département des Mines, rappelle M. Keita. L’étude d’impact environnemental valide aussi, ou non, l’exploitation, à travers le ministère en charge de l’Environnement.

C’est également la loi qui détermine la clé de répartition des patentes versées par les sociétés minières. 60% des montants sont destinés à la commune où l’exploitation est effectuée, 20% au cercle et 20% sont reversés au budget régional, en plus du paiement des impôts locaux. À titre d’exemple, « la commune de Sitakily a reçu environ 1,9 milliard de francs CFA de patentes l’année dernière de B2 Gold » et la même somme de Barrick.

Si l’État a souverainement décidé de limiter sa participation à 20% dans les années 1980, compte tenu de la particularité de l’activité, il peut en décider autrement. Cependant, il doit continuer à jouer son rôle régalien pour assurer la réalisation des infrastructures de base. « Faisons plutôt en sorte que les sociétés payent de façon juste et équitable ce qu’elles doivent à l’État », suggère M Keita. Parce que, « si le potentiel reste important, pour en profiter rien n’est irréversible », conclut-il.

Mali : le président de la transition en tournée

Le chef de l’État, Bah N’daw, entame ce jeudi 12 novembre un périple qui le conduira au Ghana, au Togo, au Sénégal et en Guinée Bissau.Investi le 25 septembre dernier, l’officier à la retraite effectue son premier déplacement officiel. Zeïni Moulaye, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et Alhamdou Ag Ilyene, ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine font partie de la délégation présidentielle.

À son départ à l’Aéroport International Modibo Keïta-Senou de Bamako, Bah N’daw a été accompagné par le vice-président, Colonel Assimi Goïta, le Premier ministre, Moctar Ouane et les membres du gouvernement.

Bah N’Daw : le président de la transition en tournée dans la sous-région

Le président de la transition, chef de l’Etat Bah N’Daw effectue du 12 au 17 novembre une tournée sous régionale au Ghana, au Togo, au Sénégal et en Guinée Bissau.

Le président de la transition entame cette tournée par une visite officielle de travail au Ghana, les 12 et 13 novembre. Il aura un tête à tête avec le président ghanéen Nana Akuffo Addo, qui est également le président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO. Ce déplacement est le tout premier du président de la transition depuis son investiture le 25 septembre 2020.

ATT : Le Mali dont il rêvait

« Un acteur majeur de la démocratie », dont « l’empreinte restera forte ». C’est en ces termes que le Président de la transition, Ba Ndaw, a rendu hommage à l’ancien Président Amadou Toumani Touré, décédé ce 10 novembre 2020. Son parcours public, débuté en 1991, aura marqué l’histoire du Mali et connu bien des rebondissements. Si le consensus politique, dont il avait fait sa marque de fabrique, lui a permis de réaliser une « partie de son rêve », il ne lui a pas permis d’aller au bout de son second mandat, écourté à quelques semaines de son échéance en 2012. Mais ATT restera pour beaucoup un patriote, initiateur de grands projets pour le Mali.

Il « a profondément marqué le Mali, par une empreinte physique » dont personne ne nie la réalité. C’est l’image, s’il n’y en avait qu’une seule, que retient M. Seydou Cissouma, proche et ex Directeur de cabinet de l’ancien Président. Son action réformatrice à la tête de l’État, à travers la mise en œuvre d’un ensemble de programmes, restera dans le cœur et dans l’esprit des Maliens, selon lui.

Évoquant lui-même ses réalisations à la tête de l’État, l’ancien Président citait, parmi celles qui l’ont « rendu fier », la mise en place de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), qui continue d’inspirer au-delà des frontières maliennes et est un système de protection sociale qui en réjouit plus d’un.

Le « patriote, très accessible, très proche du peuple, qui tenait à la concorde nationale et à la paix en Afrique » est aussi pour M. Zoumana Sacko, son Premier ministre lors de la transition, un grand bâtisseur d’infrastructures socio-économiques. C’est « son souci pour le mieux être du petit peuple » qui est à la base du programme des « logements sociaux, appelés logements économiques, pendant la transition ».

Sa disparition intervient dans un contexte où « il faut plus que jamais un dialogue entre les forces politiques ». Son héritage dans ce sens doit donc servir d’inspiration aux nouvelles générations, ajoute M. Sacko.

Après une transition jugée exemplaire, celle qu’il a menée suite au coup d’État contre Moussa Traoré en 1991, l’homme politique ATT s’investit dans des causes humanitaires, dont l’une des plus symboliques est toujours la lutte contre la dracunculose, plus communément appelée maladie du ver de Guinée. Une « action humanitaire qui a profondément changé la vie de beaucoup de Maliens et d’Africains ». Les réalisations du Président ATT ont été appréciées au-delà des frontières et ses missions de médiation, notamment en Afrique, lui ont valu le titre de Soldat de la paix, dont il n’était pas peu fier.

Mais, pour réaliser ses rêves d’homme d’État, l’ancien soldat finit par endosser le costume politique. S’il n’en a jamais été loin, le monde politique et ses réalités n’ont pas toujours permis au général à la retraite d’avoir « la baraka » et la vision, indispensables pour atteindre les objectifs dont il aurait pu se réjouir.

Pourtant ATT, « a réalisé une bonne partie de son rêve pour le Mali », estime Cissouma. Parce que, même pour « un patriote avec tant de projets et d’ambitions », un ou deux mandats ne suffiraient pas à les mettre en œuvre. Mais, entre 1991 et 1992, où il a balisé le chemin de la démocratie, et entre 2002 et 2012, avec les actions de transformation à Bamako et à l’intérieur du pays, ATT « peut rendre grâce à Dieu pour l’inspiration et la baraka qu’il a eues », car, il en était convaincu, c’est cette double combinaison qui lui a permis d’engranger des résultats satisfaisants.

Les limites du choix politique

S’il a choisi lors de son premier quinquennat le consensus, c’est parce que le second mandat du Président Konaré avait été caractérisé par « une période politique agitée », analyse M. Gaoussou Drabo, journaliste. Son ambition était donc « de réconcilier un personnel politique très divisé et qui avait manifesté des positions antagonistes ». Une option qui a rencontré une adhésion immédiate, favorisant un climat de cohabitation entre d’anciens adversaires politiques et permettant de réaliser un programme avec l’accompagnement des principaux acteurs.

Cependant, l’option politique du Président ATT « avait une faiblesse fondamentale ». « Le consensus n’avait pas été accompagné de discussions préalables », ajoute M. Drabo. Une multitude d’acteurs étaient associés à « l’exercice du pouvoir sans un contrat politique ».

Ce qui ne tardera pas à faire naître des clivages et des ambitions, dans la perspective de la succession du Président ATT, qui en était à son dernier mandat. L’accompagnement des forces politiques ayant été « très défaillant dans les moments difficiles », même la création de son mouvement de soutien, le parti PDES, ne sera pas suffisante pour créer un consensus politique fort pour appuyer son action.

L’homme du compromis devra donc prendre des décisions seul. Une mission délicate pour celui dont le credo était le dialogue. Et, selon certains, c’est un certain laxisme qui empêche l’État d’agir. La crise qui éclate en 2012 aura raison de la capacité de dialogue du Président et le coup d’État qui interviendra moins de 3 mois avant la fin de son mandat sera accueilli avec soulagement par beaucoup.

Pourtant, selon M. Drabo, c’est moins son tempérament, se faire comprendre à travers le dialogue, que l’absence de bases pour le consensus qui est à la base de cette disgrâce.

La réhabilitation

« Ce qu’ATT a fait pour le Mali ressortira encore davantage après sa disparition », assure M. Cissouma. Convaincu que c’est le consensus et la stabilité qui ont permis « d’obtenir toutes ces réalisations ». « Après l’écume des auto-justifications, les choses se sont clarifiées sur le projet funeste ourdi par certains acteurs et dont nous voyons les résultats aujourd’hui », s’emporte t-il. Les facteurs extérieurs, sur lesquels ATT avait attiré l’attention en son temps, sont déterminants dans la crise que nous vivons encore aujourd’hui.

Malgré tout, il n’a eu que de la compassion lors de son départ en exil, « même de la part de ceux qui pouvaient avoir des projets contre lui ». « Un homme en paix avec lui-même, toujours dédié au Mali », insiste Cissouma.

En tout cas, c’est en véritable héros qu’ATT a fait son retour en décembre 2017, après 5 ans d’exil forcé au Sénégal. Si elles n’ont pas été comptées dans son bilan final, « les améliorations du quinquennat positif » n’ont pas été oubliées, relève M. Drabo.

Auteur d’un coup d’État, qui l’a fait accéder au pouvoir, ATT a été renversé lui-même par un coup d’État. Un coup du destin, estime Zoumana Sacko. Dans les pays africains, nul n’est à l’abri et lorsque les difficultés surviennent, « les chefs deviennent des boucs émissaires ». L’ancien Premier ministre veut retenir de l’homme « affable et accessible », dont le talent de négociateur a été apprécié à travers toute l’Afrique, sa disponibilité permanente à trouver les solutions par le dialogue. Dont nous devons explorer les vertus en ces périodes difficiles pour notre pays et le continent.

Amadou Toumani Touré, la chute du para

L’ancien président malien Amadou Toumani Touré est décédé mardi 10 novembre, près de deux mois après son prédécesseur Moussa Traoré qu’il a renversé en 1991. ATT, 72 ans, a donc tiré sa révérence à Istanbul, la capitale turque, dans la nuit de lundi à mardi. Il s’y était rendu pour un suivi médical peu après son opération du cœur à l’hôpital Le Luxembourg de Bamako, qu’il a fondé avec son épouse Lobbo Traoré. L’ex-président malien a vécu comme il est parti. C’est-à-dire une vie pleine de péripéties surtout au plan politique.

Né le 4 novembre 1948 à Mopti, dans le centre du Mali, Amadou Toumani Touré est un parachutiste de formation alors qu’il était prédestiné pour une carrière d’instituteur. Il intègre l’école interarmes de Kati et gravit rapidement les échelons au sein du 33e Régiment des commandos parachutistes (RCP). Il en devient le commandant en 1984 après plusieurs stages en URSS et en France.

Le 26 mars 1991, il fait irruption sur le devant de la scène lors du coup d’État mené par un groupe d’officiers pour renverser Moussa Traoré. L’ancien chef d’Etat, décédé le 15 septembre 2020, tenait alors le pays d’une main de fer depuis le putsch mené contre le socialiste Modibo Keïta, en 1968.

Le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré est porté à la tête du Comité de transition pour le salut du peuple et assure les fonctions de chef de l’État durant la transition. Il ne s’éternisera pas toutefois au pouvoir comme c’était à la mode à l’époque.

Après une conférence nationale tenue du 29 juillet au 12 août 1991, il organise des élections législatives et présidentielle en 1992. Alpha Oumar Konaré accède au pouvoir et ATT sort avec les honneurs. Il monte au grade suprême de général et acquiert le surnom de « soldat de la démocratie ».

Ascension politique

Mais c’est en septembre 2001 qu’il décide de se lancer dans la vie politique après une retraite anticipée dans l’armée. Il sort vainqueur du scrutin présidentiel de 2002 avec 64,35% des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre et actuel chef de file de l’opposition malienne, obtient 35,65% des voix.

Au cours de son mandat, des observateurs retiennent du défunt les nombreux chantiers qu’il avait ouverts pour développer le pays et la politique de consensus qu’il proposait. Il fut renversé cependant par un coup d’État en mars 2012 alors qu’il s’apprêtait à quitter le pouvoir deux mois plus tard.

Les djihadistes commençaient à s’emparer d’une partie du pays en attaquant l’armée malienne dans le nord. Depuis lors, c’est un cycle de violences ininterrompu qui a territorialement divisé le Mali.

ATT part en exil à Dakar où il vivra plus de sept ans, avant de rentrer triomphalement dans son pays le 15 décembre 2019. Même s’il était devenu un peu muet sur la vie politique, il était fréquent ces derniers mois dans les manifestations publiques. Il a notamment participé aux hommages rendus au président Moussa Traoré aux côtés des leaders du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui ont renversé le 18 août dernier son successeur Ibrahim Boubacar Keïta.

A l’annonce de son décès, l’actuel président de la transition, Bah Ndaw, a souligné dans une adresse télévisée que « son empreinte restera forte, sa voix résonnera toujours et son patriotisme sera salué à juste mesure ».

« Notre chagrin est grand et il est d’autant plus grand que nous pleurons ATT, un peu moins de deux mois après le décès de l’ancien Président, le Général Moussa Traoré. Ce moment est pénible mais telle est la volonté du Tout-Puissant », a-t-il ajouté, citant ses prédécesseurs Alpha Oumar Konaré, Dioncounda Traoré, et Ibrahim Boubacar Keïta dans les condoléances qu’il a adressées à la famille du défunt.

Outre Bah Ndaw, plusieurs de ses homologues africains, à l’image du Sénégalais Macky Sall et de l’Ivoirien Alassane Outtara, ont exprimé  leur « peine » et « grande tristesse » après le décès d’ATT.

Mali : décès de l’ancien président Amadou Toumani Touré

L’ancien chef de l’Etat du Mali, Amadou Toumani Touré (ATT), est décédé, ce mardi matin en Turquie où il a été évacué samedi dernier pour des soins médicaux, rapporte la presse locale.Agé de 72 ans, le général ATT a été renversé par un coup d’Etat en 2012, avant de s’exiler à Dakar, au Sénégal. En 2019, il était rentré à Bamako.

Mali : un deuil national de 3 jours décrété

Le président de la transition, Bah N’daw, annonce un deuil national de trois jours en mémoire des victimes de la double attaque dans le centre du pays.Cet hommage démarre le jeudi 15 octobre à minuit. En Conseil des ministres, le chef de l’État malien « a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles des disparus et souhaité un prompt rétablissement aux blessés ».

L’attaque du poste des Forces armées et de sécurité de Sokoura (centre) s’est produite le mardi 13 octobre. Par la suite, un renfort de l’armée dépêché sur les lieux a été victime d’un assaut réalisé avec l’explosion d’un engin et d’une embuscade au pont de Parou (centre).

En outre, douze individus qui se rendaient à la foire hebdomadaire de Bankass (centre), et dont le bus « suivait le renfort de l’armée », ont aussi perdu la vie dans cette seconde attaque, a indiqué une source policière.

Au total, douze civils et au moins autant de militaires maliens ont été tués dans la double attaque. C’est le bilan le plus lourd depuis le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août dernier. Selon une source militaire, le camp de Sokoura a été attaqué par « des terroristes infiltrés ».

En tout cas, cette double attaque intervient quelques jours seulement après la libération de six otages. Il s’agit du leader de l’opposition Soumaïla Cissé, de l’humanitaire française Sophie Pétronin et de deux ressortissants italiens.

En contrepartie, un nombre important de jihadistes, jusque-là dans les prisons maliennes, ont recouvré la liberté. En plus du versement d’une rançon. Dans le centre du Mali, le groupe jihadiste dirigé par Amadou Koufa est très actif.

La Cedeao aux côtés du Mali pour « une transition réussie »

​Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la Cedeao, s’est réjoui de l’évolution du processus de transition au Mali où il a bouclé une visite officielle de vingt-quatre heures.Le Mali peut compter sur la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). En résumé, c’est le principal message porté par Nana Akufo-Addo. Dès sa descente d’avion, le président en exercice de l’organisation régionale a déclaré que « le Mali est un membre très important. Nous sommes une communauté et nous travaillons ensemble ».

 A travers cette visite démarrée dimanche, la Cedeao veut réchauffer les relations avec Bamako. En effet, elle avait vigoureusement condamné le coup d’Etat du 18 août dernier contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Avant de prendre une série de sanctions durement ressenties par le Mali tout entier.

 Pour que le pays sorte la tête de l’eau, le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), créé par les militaires putschistes, s’est résigné à appliquer les recommandations fortes de la Cedeao. Il s’agissait principalement de la nomination de civils comme président et Premier ministre de la transition, de l’impossibilité pour ces deux dirigeants d’être candidat à la prochaine présidentielle et de l’interdiction pour le vice-président de la transition de remplacer le président.

 Et quand toutes ces exigences ont été satisfaites, la Cedeao a levé le 5 octobre dernier toutes les sanctions qui pesaient sur ce pays dont la bonne santé de l’économie dépend, en grande partie, de l’ouverture des frontières de l’espace communautaire.

 C’est pourquoi, à Bamako, le chef de l’Etat ghanéen est « venu pour réaffirmer le soutien de la Cedeao ». Pour prendre la température, Nana Akufo-Addo s’est notamment entretenu avec le président de la transition Bah N’daw, le vice-président colonel Assimi Goïta et le Premier ministre Moctar Ouane.

 Au terme de la transition politique censée durer 18 mois, l’organisation régionale espère qu’« il y aura un président démocratiquement élu ». En attendant, le président de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao a appelé « les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Mali dans cette phase importante de son histoire ».