Gastronomie : Expérimentez la cuisine nouvelle de Sally Wade…

Chez elle, un petit musée moderne. Des tableaux d’artistes aux murs, des teintures en bogolan et des sièges en fer forgé travaillé. Salimata Wade a l’âme d’une artiste. Avec ses dreadlocks et son sourire neige, elle séduit par une grande chaleur. La même chaleur qui provient de la cuisine o๠elle concocte et mijote toutes sortes de plats pour ses clients. Lauréate du prix Harubuntu 2012 (là  o๠il y a de la valeur en langue kirundi) dans la catégorie Entreprenariat », Sally Wade crée la Compagnie du Bien Manger en 2008. A l’origine, un constat : les dégâts dans la population sénégalaise des maladies métaboliques comme le diabète, l’hypertension ou encore l’obésité. Si Sally Wade s’est mise aux fourneaux, C’’est après avoir traversé une grande épreuve physique : « J’en pouvais plus, je travaillais des heures par jour et je mangeais n’importe quoi. Un matin, mon corps a dit stop et je n’ai pas réussi à  me lever ce jour là Â… ». Malade du stress, malade d’une époque o๠la performance se mesure à  l’argent que vous gagnez ou faà®tes gagner aux autres, Sally Wade a été une working-girl acharnée au travail. Son médecin lui prescrit alors des traitements. Mais elle sent que cela ne suffit pas. Et un beau jour, Sally Wade, retrouve l’envie, la motivation, et se met à  cuisiner : « J’ai aimé ça. J’ai commencé à  revoir mon alimentation, à  comprendre que nous mangions tout le temps la même chose, les produits importés de l’occident, avec les maladies en plus, alors qu’au Sénégal, nous avions des produits incroyables. » Beignets de haricots, couscous et ditakh nectar… Le niébé ou haricot, les tubercules, les plantes, les feuilles comme l’oseille, les confitures, Sally, aujourd’hui chercheuse et enseignante à  l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, crée, tente une pizza à  base de feuilles d’oseille ( habituellement utilisés pour faire du bissap). La cuisine, moléculaire, expérimentale devient une passion, pour celle qui passe plusieurs heures dans sa cuisine à  épurer la gastronomie africaine et à  lui donner une saveur différente : « Nous mangeons trop gras, trop salé, trop sucré et pas assez varié ». « Nous sommes devenus des consommateurs effrénés de la culture moderne ! Nous mangeons les produits dont l’occident ne veut plus et qu’il déverse en Afrique… », explique la jeune femme, qui nous présente des plats succulents et sans matière grasse. Des beignets de haricots au goût authentique, du couscous avec de la sauce aux feuilles et poisson séché, un plat de thieb blanc, agrémenté de légumes colorés et d’un énorme crabe qui rappelle le goût de l’océan ». l’idée, C’’est aussi de moderniser cette cuisine africaine vue comme abondante… En dessert, Sally nous présente du « thiakri » ou « déguè », une recette plutôt traditionnelle mais au goût nouveau : la semoule de mil, brassée et mélangé à  du lait caillé frais, des raisins sec, a très peu de sucre mais convainc. Suivra la version « Ngalakh », avec de la poudre de pain de singe et de l’arachide pilé…. Des mets succulents, qui ravivent le palais mais ne font pas de mal. Ce qu’on mange détermine notre bien-être… Bon ! Sally ne nous révélera pas tous ses secrets, mais elle continue ses expériences derrière les fourneaux aidée de ses cuisinières, d’une nutritionniste et même d’un psychologue. « Ce qu’on mange détermine notre bien-être. Nous ne prenons même plus le temps de mastiquer, de savourer nos aliments, il y a un problème là  ! », s’exclame celle qui est devenue guérisseuse d’âme ou plutôt d’estomac. Repérée par le jury du Prix Harubuntu qui décerne aux créateurs d’idées des trophées chaque année, Sally Wade, a été désignée lauréate 2012 du Prix Harubuntu lors du sommet Africités de Dakar en Décembre 2012 dans la catégorie Entreprenariat. Pour l’instant, la Compagnie du Bien Manger, de Sally en est encore à  ses débuts. Difficile en effet de faire changer les mentalités, de convaincre les africaines, d’arrêter les bouillons cubes, mais Salimata Wade y croit et cuisine pour des particuliers… Son rêve C’’est aussi de transmettre cette cuisine, créative à  d’autres, en Afrique, de provoquer une véritable révolution gastronomique sur tout le continent.