Kayes : la société civile vent debout contre la dégradation des routes

Le problème persiste depuis plusieurs années. Dans la région de Kayes, les routes sont très dégradées. En 2019, des jeunes de la Cité des rails étaient d’ailleurs à l’origine de mouvements qui s’étaient par la suite répandus à d’autres endroits du pays, réclamant la réhabilitation des routes. 3 ans après, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » reprend le combat.

Regroupement des organisations de la société civile de la région de Kayes, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » a été créé en octobre dernier pour « attirer l’attention des autorités administratives et politiques sur le plan régional et national sur l’état de dégradation avancée de certaines routes de la région ».

Six axes sont indexés, notamment Kayes – Sandaré – Diéma, Kayes – Yélimané, Sadiola – Kénieba, Kayes – Bafoulabé, Kayes – Diboli, Keniéba – Kita – Kati et Baboroto – Oualia – Toukoto – Kita.

« Cette année, la région de Kayes a été confrontée à d’énormes problèmes liés aux routes, surtout pendant l’hivernage, depuis le mois de juillet. Par exemple, la route Kayes – Sandaré – Diéma, une route nationale très importante, est totalement dégradée, causant d’énormes dégâts matériels et des pertes en vies humaines », déplore Ousmane Bamia, membre du mouvement « Je suis les routes de Kayes ».

« Quand on prend l’axe Kayes – Yélimané, la route était pratiquement impraticable et le transport, qui coûtait 3 000 francs CFA, est passé à 10 000 francs CFA. Tous les villages et communes entre Kayes et Yélimané étaient coupés du reste du monde », poursuit-il.

Démarches administratives

Le 2 octobre dernier, le mouvement a adressé une lettre au Directeur régional des routes de Kayes; en demandant des informations relatives à la réhabilitation de la RN1, la reprise des travaux de la route de Yélimané ainsi que le financement de la route Sadiola – Kéniéba, le pont de Bafoulabé et ses routes annexes.

En réponse, dans une correspondance en date du 3 octobre, le Directeur régional des routes assurait que le projet de reconstruction du tronçon Kayes – Sandaré « ne saurait plus tarder », après une mission conjointe la semaine suivante (du 3 au 9 octobre) pour « faire l’inventaire des travaux urgents pour améliorer très sensiblement sa praticabilité ».

Mais le mouvement, qui n’a pas été satisfait des explications de l’autorité régionale, a, dans un autre courrier un mois plus tard, demandé un « chronogramme détaillé et précis relatif aux travaux des routes de Kayes », après avoir été également reçu par le Gouverneur de la région.

« Depuis le dépôt de cette correspondance jusqu’à ce jour (21 novembre, Ndlr), nous n’avons officiellement pas eu de suite favorable », assure M. Bamia. À l’en croire, le mouvement estime que ses doléances ne sont jusque-là pas prises en compte, même si, selon des sources, des travaux mineurs seraient en cours entre Diéma et Sandaré.

Manifestations en vue

Outre les revendications auprès des autorités, le mouvement « Je suis les routes de Kayes » est aussi dans la sensibilisation des populations de la région, non seulement pour qu’elles comprennent et adhèrent au bien-fondé de ses objectifs, mais également concernant leur responsabilité dans le maintien des routes en bon état.

« Notre mission n’est pas que de demander la réhabilitation des routes, mais aussi de demander aux populations de prendre soin de ces routes. Nous avons rencontré les différents chefs de quartiers de Kayes. Nous aussi avons ce rôle de veille citoyenne », explique Ibrahim Bagaga, l’un des responsables du mouvement.

Mais, faute de satisfaction de leurs doléances, les membres du mouvement n’excluent pas de mener prochainement d’autres actions, comme des manifestations dans tous les cercles de la région de Kayes. « Des missions sont actuellement sur le terrain et, à leur retour, nous comptons organiser une grande manifestation », prévient Ousmane Bamia, qui indique que le mouvement pourrait avoir recours à d’autres actions, plus draconiennes, par la suite.

Sénégal : la manifestation de l’opposition dégénère

Au Sénégal, l’opposition passe à l’action malgré l’interdiction de manifester du préfet de Dakar, en date du 15 juin 2022, tablant sur les  « menaces de troubles à l’ordre public ».  Pourtant, ce 17 juin date retenue par Ousmane Sonko, l’un des visages de l’opposition, des Sénégalais ont mis en application l’appel du leader à manifester malgré l’interdiction des autorités. Certaines artères de Dakar pour éviter les débordements sont surveillées par la police et la gendarmerie, des manifestants ont été dispersés par endroit avec des bombes lacrymogènes ce vendredi sur la VDN Sacré – Coeur, à Colobane les débordements ont fait au moins un mort et une dizaine de blessés (Dakar et Ziguinchor) selon les premières informations, sans compter les dégâts matériels. Jusqu’à plus de 21h, il n’y avait pas encore de bilan officiel et les manifestants occupaient toujours certaines artères de la capitale et de Bignona.

Pourtant, pour éviter des débordements, les banques ont fermé à 13h GMT ce vendredi, certaines institutions et entreprises un peu plutôt à 12h.

A l’origine de ces manifestations de l’opposition qui commencent à ce multiplier à Dakar et même à Ziguinchor, l’invalidation par le Conseil constitutionnel d’une liste nationale de candidats de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi. Mais l’opposition refuse de se cantonner à cette décision. Elle dénonce une volonté manifeste de la présidence de vouloir écarter ses adversaires de la course vers les législatives prévues le 31 juillet 2022.

Khalifa Sall, un des chefs de l’opposition en solidarité à Ousmane Sonko a dit devant la presse que la manifestation sera maintenue car,  « il y a aucune base légale fondant la décision du préfet ».

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024 avec d’autres leaders sont décidés à empêcher la tenue des élections législatives si Yewwi Askan Wi n’y participe pas. Il faut dire que Ousmane Sonko n’a pas pu prendre part à la manifestation car assigné à résidence.

Les législatives au Sénégal, c’est renouveler 165 députés de l’Assemblée nationale, aujourd’hui largement dominée par la coalition présidentielle.

Il y a une peu plus d’une semaine, le préfet de Dakar avait autorisé une manifestation de l’opposition contre le rejet de sa liste nationale aux prochaines législatives et contre le pouvoir.

Idelette BISSUU

 

Sécurité : Le sentiment « anti-français » gagne les esprits

La montée chez une partie des Maliens d’un sentiment de lassitude vis-à-vis de la France et de sa présence militaire au Mali va grandissant. Alors que les appels de soutien aux Forces armées maliennes se multiplient, à travers des manifestations populaires, ces dernières deviennent très rapidement l’occasion pour certains d’exprimer ouvertement leur mécontentement envers le rôle des Français dans la gestion de la crise sécuritaire qui secoue le pays depuis 2012. Si l’Hexagone n’est pas exempt de reproches, n’est-il pas indexé à tort ? Pour beaucoup, la question est : la France joue-t-elle franc jeu au Mali ?

Vendredi 15 novembre 2019. Des milliers de Maliens sont sortis massivement pour répondre à l’appel de partis politiques de l’opposition et regroupements de la société civile afin de manifester un soutien sans faille à l’armée malienne, qui ne cesse de compter ses morts au front dans la crise sécuritaire que traverse le pays depuis des années.

Si officiellement le mot d’ordre était donc clairement en faveur des Famas et de la dénonciation de la mauvaise gouvernance, les partisans de l’incrimination de la France dans les plus grands  malheurs du Mali, du moins d’un point de vue sécuritaire, n’ont pas manqué l’occasion de se faire entendre. Certains l’ont même poussé à l’extrême, en brûlant le drapeau français Place de l’Indépendance à Bamako, un lieu hautement symbolique.

« Ces moments sont douloureux à plus d’un titre. Ils occultent les efforts déployés par la France pour sauver le Mali du péril djihadiste et font le jeu de ceux-là même qui attaquent les forces maliennes et internationales. Ils ne sont pas à l’image de la longue et amicale coopération qui unit la France et le Mali », regrette SE Joël Meyer, ambassadeur de France au Mali.

Les initiateurs de la manifestation n’ont pas, dans les jours qui ont suivi, condamné ces actions même s’ils n’approuvent pas ces agissements. « Les messages qui ont été véhiculés par les leaders présents lors de la manifestation n’étaient pas des messages de haine contre la France. Nous n’adhérons pas à cette position. Mais aujourd’hui il faut comprendre que cette population est perdue à cause de la mauvaise gouvernance. Notre problème n’est pas donc pas la France », explique Moussa Seye Diallo, secrétaire adjoint à la communication de l’URD.

« Mais, quand vous lancez un appel, c’est tout le monde qui vient, avec ses intentions, émotions et réflexions. Aujourd’hui, quand on regarde la population malienne, on se rend compte que certains n’arrivent pas à comprendre ce qui se passe dans les zones de conflit. Bien qu’il y a une présence des forces étrangères, avec en tête de proue la France, les massacres continuent », ajoute-il.

Même son de cloche chez les Fare An ka Wuli, où l’on précise que la manifestation n’avait pas pour but d’attaquer qui que ce soit, même si l’on estime la réaction de certains Maliens compréhensible. « La déclaration du Président Modibo Sidibé va dans le sens de l’essence même de la mobilisation. Après, l’opinion nationale et les ressentiments des uns et des autres quant à la position de la France ne nous engagent pas », précise Bréhima Sidibé, secrétaire général adjoint du parti, qui par ailleurs fait partie du regroupement « Anw Ko Mali Dron ».

Causes lointaines 

Avant d’en arriver là, des prémices avaient déjà été observés à travers le pays. Que ce soit lors des manifestations récentes à Sévaré ou de la mobilisation du mouvement « On a tout compris » début 2018, le sentiment « anti-français » croît ces dernières semaines.

« Il s’explique par un essoufflement face à la détérioration de la situation sécuritaire. Autant, en 2013, l’arrivée de l’opération Serval, avec la campagne militaire franco-africaine qui s’en est suivie, a été perçue comme salvatrice, autant  la persistance de la menace sécuritaire des années après reste incompréhensible pour certains Maliens », fait remarquer Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études de sécurité en Afrique (ISS Africa).

Cet observateur averti trouve d’ailleurs « normal » que la population s’en prenne un peu aux acteurs militaires, et donc à la France, considérée comme une puissance dans ce sens, capable d’aider le Mali à faire face aux terroristes si elle jouait franc-jeu.

« La suspicion vient du fait que les Maliens ne comprennent pas toujours pourquoi, à l’entrée de Kidal, les troupes françaises avaient interdit l’accès des troupes maliennes, et cela jusqu’à présent », souligne le Pr Issa N’diaye, ancien ministre de l’Éducation nationale et militant du mouvement démocratique.

Selon lui, cela crée une ambigüité et ce n’est pas seulement au Mali que les Français sont indexés, mais un peu partout en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso ou au Niger.

Une ambigüité que ne comprend pas SE Joël Meyer, selon lequel, au contraire, la position de la France face au fléau terroriste qui meurtrit le Sahel a toujours été parfaitement claire.

« Quelle « ambiguïté », de la France et de la communauté internationale, peut-on dénoncer alors que, aux côtés de leurs camarades maliens, tant  de soldats français et étrangers, tout particulièrement Africains, se sont sacrifiés sur ce sol pour défendre ce pays ? », questionne le diplomate français, qui avoue par ailleurs comprendre l’incompréhension ou l’impatience d’une partie de l’opinion malienne.

Pour SE Meyer,  la lutte contre le fléau terroriste s’inscrit nécessairement dans un temps long. « Croyez bien encore une fois que nous préférerions épargner la vie de nos militaires, mais la France tient ses engagements de solidarité », rappelle-t-il.

Kidal, le point d’achoppement

Pour beaucoup, le nord du Mali, plus précisément la région de Kidal, serait le symbole du « jeu trouble » auquel s’adonnerait la France au Mali. Les Maliens auraient toujours en travers de la gorge cette interdiction des forces françaises d’entrer à Kidal pour en reprendre le contrôle au détriment des rebelles Touaregs.

« Cela est difficile pour un pays qui se dit ami du Mali d’interdire l’entrée dans une partie du territoire national malien aux troupes maliennes. Cela ne peut pas se justifier, ce qui rend la position de la France de plus en plus indéfendable, même du point de vue de certaines personnes dans l’opinion publique française », relève le Professeur N’diaye.

« S’agissant de Kidal, le Président Macron a récemment rappelé que la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali n’étaient pas négociables », lui répond l’ambassadeur Joël Meyer, pour lequel ces principes ont été solennellement consacrés par l’Accord signé en 2015 entre le gouvernement et d’anciens rebelles du Nord, qui ont ainsi fait le choix de retrouver le giron de l’État malien plutôt que de poursuivre leur funeste entreprise déstabilisatrice.

« La France n’a d’autre intérêt au Nord que l’application de cet Accord », soutient-il très fermement.

Désengagement français ?

Pour ceux qui se questionnent sur un éventuel désengagement de la France du Mali, vu les appels incessants émanent d’une partie de l’opinion nationale, il n’en serait rien, du moins pas tant que les données n’auront véritablement pas évolué.

« Un tel désengagement, c’est d’abord admettre que les millions d’euros qui ont été investis au Mali et dans le Sahel n’auront pas servi à grand-chose. Ce serait pratiquement un aveu d’échec », affirme Baba Dakono. « D’autre part, la position portée par une frange de la population n’est certainement pas celle portée par les décideurs au plan national, qui ont établi le plan de coopération militaire avec la France », précise le chercheur.

Un point de vue qui cadre parfaitement avec celui du représentant de la diplomatie française au Mali, qui réaffirme l’attachement de son pays au « caractère souverain des décisions des autorités maliennes pour ce qui concerne leur pays », avant d’appeler les Maliens à « distinguer la réalité de la désinformation et à faire la part entre les faits et les rumeurs ». « Ne nous trompons pas d’ennemi », avertit-il.

Grogne sociale : Le gouvernement cèdera-t-il ?

Le 5 avril, des milliers de personnes ont répondu à l’appel de l’iman Mahmoud Dicko et du Cherif de Nioro à la  place de l’indépendance de Bamako. La démission du gouvernement et la mauvaise gouvernance étaient les catalyseurs de cette manifestation pacifique inédite. Mais cette énième défiance du Président du Haut conseil islamique aura-t-elle raison du gouvernement de Soumeylou Boubeye Maiga ?

« C’est une manifestation qui s’inscrit dans la logique de protestation de la gouvernance actuelle dans notre pays. C’est également une manière d’exprimer la colère que les populations ont longtemps gardé dans leur cœur vis-à-vis de ce qui se passe au nord, au centre, de la cherté de la vie. C’est tout un ensemble de problèmes sociaux, économiques, conjugués à des problèmes politiques, qu’ils ont essayé d’exprimer à travers le grand rassemblement de vendredi », explique Ballan Diakité, analyste politique au Centre de recherches et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES).

Le 5 avril, à l’initiative du Président du Haut Conseil islamique du Mali, l’imam Mahmoud Dicko, soutenu par le richissime Cherif de Nioro, des milliers des personnes avaient convergé depuis 14 heures, sous un soleil peu clément, vers la place de l’indépendance à Bamako. De tous les mots d’ordre et de revendication, la démission du gouvernement Soumeylou Boubeye Maiga était le noyau autour duquel gravitaient tous les autres. Certains manifestants réclamaient le départ de la MINUSMA et de la France  du Mali, estimant que « leur présence ne sert absolument rien si chaque jour le pays compte ses morts ». Arrivé sur place dans cette ambiance électrique, l’imam Mahmoud Dicko a fait la revue de la situation que vit le Mali, arguant que « ceux qui sont venus aider le pays doivent le faire en toute franchise ou quitter le Mali ». Il avertissait à cette occasion le Président de la République que les marches continueraient tous les vendredis si son message n’était pas entendu.

Revendications légitimes 

La manifestation de vendredi, au-delà de l’imam Mahmoud Dicko, était un cocktail explosif d’hommes et de femmes mécontents de la situation que travers le pays. Des religieux, des politiques, des commerçants, des  enseignants, chacun avait un message. « Les gens ont répondu à l’appel et la masse présente témoigne d’un haut degré de mécontentement au sein de la population. Derrière cette marche, il faut voir le niveau de frustration des Maliens par rapport à la manière dont les choses sont gérées », souligne Woyo Konaté, Docteur en philosophie politique et enseignant à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako. Selon lui, un réaménagement gouvernemental est nécessaire pour calmer les tensions. « On ne peut pas dire aujourd’hui que l’équipe qui est là est une équipe qui gagne. Ce sont des demandes légitimes. En démocratie, on est face à des gouvernements d’opinion et le nombre de gens qui ont marché constitue une tranche très importante de l’opinion publique, donc à prendre au sérieux », explique le philosophe.

Par contre, pour le  politologue Boubacar Bocoum, le terrain politique n’est pas celui du religieux. « Je ne pense pas qu’il soit du ressort de l’iman Dicko de réclamer la démission du Premier ministre,  encore moins de manifester pour dénoncer les tares politiques. Manifester fait partie de la liberté d’expression, mais en termes d’analyse  politique, je ne vois pas comment un imam peut demander à un ministre de démissionner dès lors qu’il y a une opposition, un Parlement et toutes les procédures administratives et juridiques », se démarque-t-il. « C’est anachronique et cela veut dire qu’il prend la place de l’opposition », ajoute-t-il. Que les messages mis en avant soient légitimes ou pas, il y a une évidence à prendre en compte : les frustrations. « La question de la légitimité de la marche ne pose plus aujourd’hui, mais plutôt celle du symbole qu’elle donne du point de vue démocratique. Dans cette marche il y avait toutes les sensibilités, les partis politiques, les syndicats, des citoyens lambda, des opérateurs économiques. C’est une frange importante de la société qui a répondu pour exprimer son mécontentement quant à la manière dont les choses publiques sont gérées et quant à la manière dont les acteurs qui sont censés répondre aux besoins des populations sont perçus », juge Dr Aly Tounkara, sociologue et  professeur à la faculté des Sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako.

Messages entendus

Vingt-quatre heures après cet imposant rassemblement, le Président de la République reçoit en audience la Ligue des Imans du Mali(LIMAMA). Après cette rencontre dont il s’est réjoui de la tenue « au lendemain d’une journée d’effervescence », IBK a dénoncé « certains slogans et surtout des déclarations désobligeantes pour nos amis en souci du Mali, aujourd’hui à nos côtés pour combattre le terrorisme », a-t-il réagi. Des « amis » pourtant qui ne cessent d’être critiqués, au regard d’une situation sécuritaire toujours alarmante. « On dit que Barkhane est là pour lutter contre le terrorisme, la Minusma pour stabiliser le pays,  mais, malgré leur présence, l’insécurité n’a jamais été aussi grande dans notre pays. Les attentats continuent, des villages comme Ogossagou continuent d’être brûlés », expose l’analyse politique Ballan Diakité, pour lequel « à un moment donné il faudra revoir le mandat de la MINUSMA ». Dans un contexte de terrorisme international, l’enjeu lié au retrait des  forces étrangères dépasse le Mali. « Ce n’est pas facile d’obtenir dans l’immédiat le départ de ces forces. Parce que la menace va au-delà, pour porter atteinte à la sécurité internationale et cette question va aussi au-delà d’une seule souveraineté », décortique le Dr Woyo Konaté.

Pourtant, cette sortie avec les imans aurait été selon certains analystes une occasion pour le Chef de l’Etat de mettre « balle à terre ». Que nenni ! Alors que les organisateurs du meeting attendaient des réponses sur la démission du Premier ministre, le Président a éludé ce sujet qui fâche et s’est engagé dans un discours offensif. « Nul n’arrivera à subvertir le Mali, à le prendre de l’intérieur, nul ! Prétendre qu’Ogossagou nous aurait laissés indifférents est une infamie, une ignominie de la pire espèce », répliquait IBK. Un discours qui a reçu un froid accueil de ceux qui espéraient une détente après une journée à risques. « La réponse n’est pas adéquate. On n’a pas besoin d’une rhétorique pareille. Il aurait été plus élégant en les recevant, les écoutant », analyse Boubacar Bocoum. Une position que partage également le docteur en philosophie politique Woyo Konaté. « Il peut ne pas avoir compris. Le fait de ne pas considérer cette doléance, c’est se mettre dans une logique de va-t’en guerre. En démocrate, qu’il engage des pourparlers pour voir ce qu’il peut faire », suggère-t-il.

Pour le sociologue Aly Tounkara, « en invitant une partie de l’Imamat qui n’a pas pris part à la manifestation, notamment ceux de l’approche malékite, hormis le Cherif de Nioro, la Présidence a voulu jouer sur les dissidences ». Une pratique qui serait devenue récurrente. « La politique de ce gouvernement a toujours été de diviser pour mieux régner. C’est Mahmoud Dicko qui a dit aux gens de sortir. C’est un imam, Président du HCI, et pour casser la dynamique le Président  appelle certains autres imams pour parler avec eux comme s’il avait leur accord et que Mahmoud Dicko serait un réfractaire, ce qui n’est pas le cas », clarifie de son côté Ballan Diakité, qui se demande si IBK a compris la démonstration. Le chercheur du CRAPES alerte sur le danger que peut engendrer « la politique de la sourde oreille ». « Si jamais la foule sortie vendredi ressort encore sur la base des mêmes revendications, cela ne sera pas bon pour ce régime. Personne ne veut que ce pays éclate, mais à un moment donné, s’il faut une refondation, il faut la faire », estime Ballan Diakité, ajoutant que « la révolution est nécessaire dans ce pays, parce que nous sommes avec une  classe politique qui depuis 25 ans continue à gouverner sur la base d’oligarchies et de politiques de copinage ».

Depuis, le lundi 8 avril, IBK a reçu toutes les confessions religieuses et les familles fondatrices de Bamako à Koulouba, avec la présence très remarquée de l’imam Mahmoud Dicko. Les démarches entreprises ont permis de surseoir à la marche annoncée pour vendredi prochain. À l’issue de cette rencontre nocturne, une dynamique de dialogue constructif semble se dégager. Mais le porte-parole de l’Imam, Issa Kaou Djim manifestera sa déception après cette audience. « Les chefs traditionnels n’ont pas pu faire entendre raison au Président afin qu’il comprenne que c’est une question de Nation et non une question de Boubeye. Une grande partie de la population demande à ce que Boubeye parte, mais le Président refuse de le lâcher. On verra ce qui va se passer », s’insurgera le porte-parole, selon qui, toutefois, « l’imam Dicko demande à tout le monde de la retenue pour le moment ».

Un  dilemme cornélien

La manifestation de vendredi dernier n’était pas la première injonction faite au Président de se débarrasser de son Premier ministre. Sa résistance face aux requêtes insistantes aussi bien des religieux et de l’opposition que du  Rassemblement pour le Mali (RPM) témoigne d’une certaine reconnaissance envers celui qui a contribué à sa réélection en 2018. « Le Président serait dans une sorte de considération de fidélité vis-à-vis de son Premier ministre, qui est peut-être pour beaucoup des choses dans sa réélection. Ce qui n’est pas facile », révèle Dr Woyo Konaté.  Or, selon lui, il faut souvent évoluer en fonction des réalités et « les hommes se doivent de comprendre que la politique a sa morale, différente de la morale ordinaire. Il doit lui dire je te suis reconnaissant, mais le Mali est au-dessus de nos amitiés », souffle-t-il.  Une autre hypothèse concernant ce refus du Président serait qu’il ne veut pas se montrer fébrile face aux exigences des ces groupes religieux. « Toute décision qui sera prise au lendemain de cette marche sera vue comme une victoire d’une frange importante des leaders religieux. C’est cela le dilemme aujourd’hui. Cela veut dire que l’État aussi se bat pour ne pas être étiqueté comme étant à la merci des religieux. Mais en même temps il sait pertinemment qu’il y a un poids qui le gène dans son fonctionnement », relève Dr Aly Tounkara.

Dans cette bataille, dont l’issue est encore incertaine, toute résolution sera décisive pour l’avenir du Mali. « Je ne  pense pas qu’il va les écouter, parce que s’il accepte leurs revendications ce sont eux qui vont piloter le pouvoir et son autorité sera mise à mal. Cela lui coûtera ce que ça va lui coûter, mais il ne va pas céder », conclut Boubacar Bocoum. Alors que le sociologue Aly Tounkara privilégie l’hypothèse d’une ouverture, car « ces leaders religieux sont des pourvoyeurs de paix sociale et cela est essentiel dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme religieux. Ce sont des acteurs légitimes et peu coûteux, et qui ont des accointances avec certains  leaders religieux violents ».

Incertitudes ?

Pourtant, l’absence d’un consensus sur les questions soulevées par les manifestants  pourrait cristalliser les tensions dans les jours à venir. « Il est important de rester ouvert. Quelqu’un qui a une foule derrière lui, en démocratie, est à craindre. Le Président doit regarder les choses en face et savoir que ce ne sont pas deux individus qui le combattent. Derrière eux, combien d’hommes et de femmes sont mécontents aujourd’hui? », fait remarquer Dr Aly Tounkara. Pour le Dr Woyo Konaté, le péril à chaque mobilisation deviendra plus grand. « Le risque est que, si les marches continuent, le discours pour mobiliser les gens va monter en grade en termes de menaces. Pour remobiliser les gens il faut changer de discours et en changeant de discours il ne faut pas être surpris de voir de voir des propos qui ne vont pas dans le sens pacifiste », avertit-il. Les difficultés sociales, exacerbées par la crise sécuritaire et politique, ont réduit l’horizon d’une large frange de la société malienne. Un changement dans la gouvernance serait la seule issue, selon le politologue Ballan Diakité. « Il faudra à un moment donné qu’il change de gouvernement et qu’il fasse appel à d’autres personnes, avec une nouvelle feuille de route, une nouvelle vision, qui puissent donner l’impression au peuple qu’il y a du travail qui est fait. Pendant que nous autres végétons sous le soleil ardent dans la pauvreté, il y en a certains qui fêtent leur anniversaire à hauteur de 50 millions, ce qui crée des blessures profondes dans les cœurs des gens », prévient-il.

Véritable marée humaine à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko, la démission du Premier ministre exigée

Plusieurs milliers de personnes, répondant à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko ont investi le boulevard de l’indépendance ce 5 avril.  Après la prière du vendredi, une véritable marée humaine a déferlé de tous côtés pour rejoindre le point de rencontre. Aux cris des ‘’IBK dégage’’ et ‘’Boubeye démission’’, les manifestants ont exprimé leur mécontentement et leur ras-le-bol à l’encontre du pouvoir. « Nous en avons marre, la situation empire, le pays est dans le gouffre, absolument rien ne va dans le bon sens, nous ne voulons plus de ces personnes qui mettent notre Mali à terre » s’écrie un manifestant qui confie avoir fermé sa boutique pour répondre à l’appel.  Plusieurs autres ayant défié soleil et déshydratation brandissaient des pancartes hostiles au chef de l’État, au Premier ministre mais également aux forces étrangères présentes dans le pays.

Le porte-parole de l’imam Dicko, Issa Kaou Djim a assuré que « ce gouvernement doit partir, et il partira ». « IBK est décrié par le peuple.  Ce peuple sort, si c’est un démocrate, il doit se poser des questions sur sa légitimité » ajoute-t-il. Dans son adresse difficilement audible, notamment à cause d’une mauvaise sonorisation et d’une coupure d’électricité par la suite, le président du Haut conseil islamique a une nouvelle fois pointé du doigt la gouvernance du président IBK, jugée « très mauvaise ». Il a lancé un ultimatum au Premier ministre, à qui il enjoint de démissionner, faute de quoi, la manifestation deviendra hebdomadaire jusqu’à satisfaction.  Injonction accueillie avec une large clameur par les milliers de personnes présentes, obligées de capter différentes stations de radio pour entendre le message de Dicko.

A la fin de l’évènement qui s’est déroulé sans heurts, un groupuscule s’est dirigé vers la propriété du chef du gouvernement. Ce qui a conduit à un affrontement entre le groupe et les forces de défense et de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser le mouvement.

Opposition: En ordre de marche…dans la divergence

Le 8 décembre, les forces de l’ordre dispersaient à coup de gaz lacrymogènes une énième marche de l’opposition dans les rues de Bamako. Depuis la réélection du Président IBK en août, l’opposition ne cesse de contester. Certains de ses leaders, réunis au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ne reconnaissent pas la légitimité du président, contrairement à la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), avec laquelle ils sont alliés pour dénoncer « la mauvaise gestion du pays ».

« L’objectif final  de toutes ces marches n’est pas de créer des problèmes au pays, mais qu’il y ait un cadre de dialogue pour traiter toutes les préoccupations en cours, par ce qu’il est illusoire aujourd’hui d’organiser des  élections sur la base de l’élection présidentielle, avec toutes ses failles ». C’est ainsi que l’Honorable Mody N’diaye, Président du groupe Vigilance républicaine démocratique (VRD) résume le combat que mène l’opposition. Depuis le début du nouveau mandat du Président Ibrahim Boubacar Keita, les différentes composantes de l’opposition, au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou de la Coalition des forces patriotiques (CoFoP), se font entendre. « L’élection présidentielle a été émaillée de beaucoup d’irrégularités et la façon la plus appropriée pour les dénoncer ce sont les marches. Celles qui ont suivi sont dues à la crise sécuritaire, à laquelle s’ajoute la crise sociale,  économique et politique », poursuit le député de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Les différentes actions s’inscrivent dans cette démarche. « Depuis les premiers résultats, qu’elle avait rejetés, l’opposition s’inscrit dans une logique de contestation de la légitimité d’IBK. Ses différentes manifestations démontrent qu’elle est restée sur sa position, par ce qu’elle estime que l’élection a été émaillée de fraudes et d’irrégularités », analyse Ballan Diakité, politologue et chercheur  au Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Mais le Président de la République a prêté serment le 4 septembre, avec la reconnaissance de la communauté internationale. Pour Jeamille Bittar, Président  du Mouvement citoyen ATT (MC-ATT), membre de la majorité, « on ne change pas les règles du jeu en plein match. Il faut être des bons perdants », dit-il, s’adressant à l’opposition. « On ne met pas le feu à la case qu’on veut habiter plus tard ».

Une opposition hétérogène

Dans leur annonce de la marche du 8 décembre, le FSD et la CoFoP, ainsi que l’Adema association, devaient battre le pavé contre la « mauvaise gestion du pays ». Si les regroupements partagent cette conviction, ils divergent sur plusieurs points. Le FSD est considéré comme la branche radicale qui s’oppose depuis 2013 à IBK et qui s’obstine à ne pas le reconnaitre alors que tout est terminé et la CoFoP compte en son sein des anciens ministres du premier mandat d’IBK, comme Housseini Amion Guido ou Moussa Mara. Elle a pris acte de la réélection du président et se démarque de tout projet contraire. Dans une interview accordée il y a plus d’un mois à Journal du Mali, Housseini Amion Guindo précisait  que leur combat était différent de celui du FSD. « Nous nous associerons avec tous ceux qui sentent leur avenir menacé. Mais nous ne nous engagerons pas dans un combat qui mettra en cause l’élection du président de la République ou sa légitimité. C’est la ligne rouge à ne pas franchir », disait-il. Certains observateurs qualifient même cette alliance « d’incestueuse » et sans lendemain.  

Sur la prorogation du mandat des députés, aucun des élus de l’opposition  n’a voté contre alors que certains la désapprouvaient publiquement. « Cela peut être interprété comme une inconstance pour quelqu’un qui n’est pas initié en politique, mais toujours est-il que cette opposition  a une coalition parlementaire assez grande. Cela montre aussi une certaine connivence entre les grands partis au sein de la Nation », explique Ballan Diakité. Cette prise de position a en effet étonné ceux qui avaient foi en l’opposition. « Je me suis abstenu et ceux qui l’ont  votée ont estimé qu’en n’allant pas dans ce sens ils risquaient de se faire exclure », se défend l’Honorable Mody N’diaye, notant que « le processus est contraire à la Constitution dans tous les cas ».

Des mesures drastiques

Un nouvel arrêté du gouverneur du district de Bamako en date du 4 décembre scelle toutes grandes artères et places publiques de Bamako. Une manière de contrer toute protestation dans la capitale. En réaction, une cinquantaine d’organisations de défense des droits humains ont dans un communiqué conjoint dénoncé « une violation de la Constitution et un acte de nature à mettre en péril la démocratie malienne ». Pour le politologue Ballan Diakité, le gouverneur « n’a aucune légitimité pour interdire à des partis politiques de marcher », car « le droit de manifester fait partie des droits fondamentaux dans une démocratie ». Il s’inquiète du durcissement des mesures du gouvernement.  « Plus les jours passent, plus le régime d’IBK s’assimile à un régime autoritaire plutôt qu’à un régime démocratique. À un moment donné, il faut revenir aux textes ». Alors que le Comité pour la défense de la République (CDR)  prévoyait lui aussi une marche le 10 décembre, un dispositif policier a été installé tôt le matin au niveau des points stratégiques. Ces mesures,  qui, selon les autorités, s’inscrivent dans le cadre de l’état d’urgence, risquent d’accroitre le mécontentement.

Quelle issue ?

Dans le souci de calmer la situation politique, des leaders religieux et chefs des familles traditionnelles de Bamako ont rencontré le 5 décembre les ténors de l’opposition. Il s’agissait d’asseoir les bases d’un dialogue entre les deux parties. Même si l’initiative a son sens, elle n’a pas produit de résultats concrets, car la protestation prévue pour le samedi 8 décembre a été maintenue. Pour Ballan Diakité, un dialogue entre les deux tendances est « inopportun ». « Il n’y pas de  crise au plan interne entre les partis politiques qui nécessite un certain dialogue entre le gouvernement et l’opposition. L’opposition est dans son plein droit en marchant », justifie-t-il. Il va même plus loin. « La crise que connait le Mali, c’est celle du nord. La laisser de côté et perdre du temps sur ces questions n’est pas respectueux vis-à-vis des citoyens maliens, et surtout vis-à-vis de ceux qui sont au nord et qui souffrent de  l’insécurité depuis 2012 », ajoute-t-il.

Les défis du moment et les réformes à venir nécessitent une convergence des acteurs. Sur la question du consensus, Jeamille Bittar estime que le pouvoir a mené des tentatives. « Le président a tendu la main, mais comment comprendre qu’un Premier ministre se déplace pour une prise de contact avec des formations politiques et que les uns et les autres essayent de fermer leur porte ? », s’étonne-t-il. Il ajoute : « tout le monde veut le dialogue, mais on n’arrive pas à y aller ». De l’autre côté, on affirme aussi la même chose. Et la surenchère de l’opposition a sa finalité. « Nous avons fait une retraite au cours de laquelle nous avons traité de toutes les questions institutionnelles, des réformes administratives en cours et des perspectives de la loi électorale. Le document sera adopté ce 15 décembre par notre conférence nationale et, dans le cadre d’un dialogue constructif, nous pouvons le partager avec la majorité », révèle l’Honorable Mody N’diaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée nationale. Déjà, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a tenu une rencontre similaire. Le député conclut sur une note d’espoir d’un dépassement des uns et des autres pour le Mali. « Nous sommes ouverts au dialogue, nous voulons seulement qu’on ne fasse pas l’impasse sur les réformes majeures à venir et sur les propositions de toutes les parties prenantes, partis politiques comme société civile. C’est en allant dans ce sens que le pays va gagner et il qu’il y aura la paix », dit-il, convaincu.

Pouvoir – opposition : La solution par le dialogue?

Depuis la réélection du Président Ibrahim Boubacar Keita, l’opposition ne cesse de manifester son mécontentement. Certains de ses leaders mettent en cause sa légalité et sa légitimité, en dépit du verdict sans appel de la Cour Constitutionnelle. Le 8 décembre, une nouvelle contestation est prévue sur tout le territoire. Le dialogue est- il la solution ?  

« Les concepts pouvoir et opposition ne me paraissent pas être en phase aujourd’hui dans un pays aussi vulnérable et fragile que le Mali. Je parlerai plutôt du duo démocratie et bonne gouvernance », recadre Dr Abdoulaye Sall, Président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (CRI 2002). Le climat entre l’opposition et le pouvoir depuis la présidentielle n’est pas à la camaraderie. La formation de nouvelles coalitions et les manifestations organisées illustrent les divergences entre acteurs de l’opposition et gouvernement. Certains d’entre eux, dont l’Honorable Oumar Mariko de Sadi, ne reconnaissent pas le pouvoir actuel. À cela s’ajoutent les dénonciations du projet de loi sur le découpage territorial et la prorogation du mandat des députés, que l’opposition a d’ailleurs largement votée. « Les différentes marches ne sont que les conséquences d’un déficit de communication. Théoriquement, le Président IBK a tendu la main, mais nous n’avons pas vu d’initiatives réelles visant à calmer la situation », souligne le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie – anthropologie de l’Université des Lettres et des sciences humaines de Bamako. Une réelle crise de confiance s’est installée entre ces deux catalyseurs de la démocratie. « Qu’ils comprennent que le Mali est dans une situation de fragilité territoriale et de vulnérabilité économique, sociale et culturelle. Il faut qu’ils s’entendent », estime Dr Abdoulaye Sall.

Premier pas

De plus en plus, une solution par le dialogue est prônée. « Si le Président IBK lui-même se rend compte qu’il n’est pas seulement Président de la République mais  aussi chef de l’État, et en tant que tel chef du pouvoir politique, il ne doit pas seulement tendre la main, mais la donner », estime Dr Abdoulaye Sall. «  La solution, c’est le dialogue, mais entre eux ils savent faire monter les enchères. C’est la même chose depuis 30 ans », affirme Dr Brema Ely Dicko. Mais qui pour la médiation ? « Malheureusement,  la société civile, qui devrait l’organiser, est politisée et les leaders religieux aussi. Peut-être faut-il voir avec la CEDEAO? », note le politologue Salia Samaké. « À part l’archevêque de Bamako, tous les religieux sont connotés », ajoute Dr Brema Ely Dicko.

Moussa Seye Diallo : « Il nous faut changer la forme du combat »

En dépit de l’investiture du Président et de la formation du gouvernement, l’opposition ne démord pas. Elle prévoit une nouvelle marche ce samedi pour dénoncer la « fraude » et exiger la libération de Paul Boro et de Moussa Kimbiri. Le Secrétaire adjoint à la communication de l’URD répond aux questions de Journal du Mali.

Une nouvelle marche est programmée ce samedi. Est-ce la limite de votre stratégie ?

Quand vous commencez une lutte, il faut lui donner une forme convenable afin que tous ceux qui contestent aujourd’hui ce qui s’est passé puissent se retrouver. Pour que cela puisse se faire, il faut changer la forme du combat. Les gens ne sont pas là parce que c’est Soumaila Cissé ou Bathily, mais parce qu’ils estiment qu’un système a mis un régime en place et que si ce système ne change pas ceux qui ont la main feront ce qu’ils veulent au moment où ils le veulent. Pour bloquer ce qui est de notre point de vue un crime contre la Nation malienne, une prise en otage du pays, nous devons nous réunir autour de quelque chose de différent. Notre directoire de campagne est aujourd’hui caduc. Nous avons besoin d’un autre front, d’une plateforme pour défendre la démocratie malienne.

Une coalition serait donc en gestation…

Dès qu’elle prendra corps vous en serez informés. Pour l’heure, il y a des pourparlers. Il ne s’agit pas seulement de l’URD. De ce qui est dit nous avons été deuxièmes, mais certains leaders pensent comme nous qu’il y a eu de la triche.

Ces personnes ont eu des scores très peu flatteurs. Pensez-vous qu’elles auront un impact sur votre lutte ?

Si les choses avaient été normalement exécutées et le vote des Maliens scrupuleusement respecté,  je vous assure que le résultat aurait été différent. Il y a eu une distribution de pourcentages. L’essentiel est de trouver la meilleure plateforme pour tous ceux qui l’ont compris, qui veulent lutter pour qu’une telle chose ne se reproduise pas au Mali.

Les législatives approchent. Allez-vous présenter des candidats ?

Nous avons un problème à régler. Nous avons accepté d’aller au second tour pour boucler une boucle afin de pouvoir discuter. Si nous nous étions arrêtés au premier, on nous en aurait tenu rigueur. Nous avons donc continué. Nous avons sorti un livre blanc sur ce qui est en réalité un mécanisme de triche. Réglons d’abord cette étape et avançons ensuite.

Le Président a été investi et reconnu par la communauté internationale. Votre combat n’est-il pas une perte de temps ?

Par qui a-t-il été investi ? Par un arsenal qui a accepté de valider des résultats…

Un « arsenal » constitutionnel…

Je ne dis pas le contraire. Ce que nous voulons, c’est que les Maliens soient entendus quand ils aspirent au changement. Nous avons des instruments, mais sont-ils les meilleurs pour une démocratie ?  Avec ce qui s’est passé, il nous faut changer pour faire évoluer notre démocratie. Nous ne pouvons pas nous engager dans un combat de ce type et penser que cela va se faire en une journée.

Présidentielle 2018 : Soumaila Cissé appelle à la résistance

Suite à la proclamation  lundi 20 août des résultats définitifs du scrutin du 12 août, le candidat Soumaila Cissé chef de file de l’opposition, s’est exprimé devant la presse et des centaines de ses partisans jeudi 23 août 2018 dans une salle de l’hôtel Salam à Bamako. S’appuyant sur des preuves de fraudes rassemblées et publiées par sa base, celui que les militants de l’URD acclament en tant que « Président », rejette les résultats et  appelle à un « large front pour la sauvegarde de la démocratie ».

Il sonnait 17h 29 quand Soumaila Cissé fît son entrée sur les lieux, salle pleine à craquer, accompagné de quelques membres de la Plateforme pour l’Alternance et le Changement, sous  une  « standing ovation » des centaines de  « restaurateurs de l’espoir ».

Comme pour rappeler la supériorité du vivre-ensemble de la nation malienne sur les différends politiques, l’homme fort de l’URD  a d’abord rappelé le contexte de célébration de la fête de la Tabaski 48h plutôt, décrivant la « manifestation de notre foi, qui nous élève à plus de respect en notre humanité et ouvre nos cœurs à la tolérance et à solidarité fraternelle ». S’en ai suivi des propos  discréditant formellement les résultats de l’élection validés par la Cour Constitutionnelle.

Indexations de fraudes                                             

« Force est de reconnaître que les bourrages d’urnes en particulier dans les régions du Nord, dans les zones CMDT et office du Niger sont des faits avérés qu’on ne peut plus encore décemment et ouvertement nier », indique celui que ses partisans ont surnommé « Soumi Champion ». Le prétendant au palais de Koulouba  déplore l’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle, qui selon lui, n’a malheureusement donné aucun signe d’apaisement à ceux qui espéraient encore une reconnaissance, même minimale, des fraudes avérées dont ils avaient été parfois témoins. Soumaila Cissé dénonce des irrégularités criardes telles que entre autres l’accès refusé de ses assesseurs dans 8750 bureaux de votes, des centaines de milliers de procurations, l’utilisation abusive des moyens de l’Etat ainsi que la partialité du gouvernement. La plateforme pour l’Alternance et le Changement, dont il est le candidat,  a en effet mis au point un document intitulé « Election Présidentielle 2ème tour 2018 : Dictature de la Fraude » dans lequel des chiffres précis sont avancés.

Rejet des résultats

Le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé rejette « catégoriquement et sans équivoque » les résultats proclamés par la cour constitutionnelle et ne reconnaît pas « le président déclaré élu » par elle. « Que les bricoleurs d’élections truquées sachent que leur prétendu gloire  est une illusion » met t-il en garde sur un ton harangueur, accueilli dans la salle par des acclamations. «  Il est venu le temps  de rétablir la vérité, il est temps surtout de reconnaître la victoire citoyenne, il est temps enfin de restituer la victoire volée » insiste le principal challenger du président Ibrahim Boubacar Keita.

Appel à la mobilisation

Le natif de Niafunké ne compte pas se plier devant ce qu’il qualifie de  «  victoire volée ». « J’en appelle à tous les acteurs politiques et de la société civile, aux candidats à l’élection présidentielle, aux partis politiques, aux associations de jeunes et de femmes, aux syndicats et à tous les Maliennes et Maliens  épris de paix et de justice pour la constitution d’un large front pour la sauvegarde de la démocratie », lance t-il. Pour ce faire, Soumaila Cissé incite à une grande marche pacifique samedi 25 août 2018 afin que « notre démocratie se restaure et se renforce ». « Marchons pour que votre libre choix soit reconnu, Marchons pour imposer votre victoire, Marchons pour investir en votre nom, votre candidat qui ne trahira pas vos espoirs », précise celui qui se dit attaché à la paix sociale et à la  cohésion sociale en tant que républicain et démocrate.

Affaire Moussa Samaké : Ses proches réclament justice

Faire toute la lumière sur le décès du jeune Moussa Samaké, situer les différentes responsabilités et mettre à la disposition de la justice les personnes incriminées, voilà entre autres les demandes formulées par les centaines d’amis et proches de la famille qui se sont rassemblés ce matin devant le domicile du défunt.

Ils étaient plus d’une centaine ce matin à s’être massés devant le domicile de la famille Samaké. Amis, camarades de classe, et proches de la famille, tous se sont donnez rendez-vous ce mardi matin, pour réclamer justice. Justice pour le jeune Moussa Samaké, 18 ans, décédé samedi 10 février des suites d’une blessure par balle. « Aidez-nous à rendre justice pour Moussa Samaké, tué par la police » pouvait-on lire sur une grande banderole déployée par les manifestants. Message sans équivoque auquel se mêlait des slogans hostiles à l’encontre des policiers. « Ils l’ont tué et nous voulons que les coupables soient jugés » lance l’un des nombreux élèves de l’école Mamadou Konate présent au rassemblement.  Le drame remonte au vendredi 9 février. Ce jour-là, Samake et trois de ses amis se retrouvent comme à leurs habitudes dans leur « repère» près des berges du fleuve Niger. « Intrigué » par ce groupe de jeunes, deux policiers qui venaient de boucler une « opération » pas loin du CICB, les apostrophent. « Ils les ont fouillé, mais ils n’avaient rien sur eux » assure le cousin de la victime. Pris de panique par cette fouille inopinée Samaké tente de s’échapper. C’est alors que l’un des policiers lui tire dessus toujours selon son cousin. Grièvement blessé,  Samaké tomba dans un ravin. Face à la gravité de l’acte, les policiers appelèrent leur commandant pour lui faire part d’un incident. Ils affirment auprès de ce dernier avoir tiré en l’air, et Samake dans sa fuite et apeuré se serait cogné la tête contre le mur. « Lorsque nous avons entendu cela, nous nous sommes dits que ce n’est pas très grave, il devrait vite se remettre » raconte le commissaire divisionnaire Mahamadou Sidibé, Directeur général adjoint de la Police Nationale.

Blessure balistique

Mais cette version sera très vite contestée. Le lendemain de l’incident, le jeune Samake succombe à ses blessures à l’hôpital. « Nous savions que la version de la tête contre le mur ne pouvait être la cause de sa mort, nous avons donc demandé à ce que les éléments en cause soient cuisinés » confie Sidibé. Ils ont donc instruit à leur médecin légiste d’examiner le corps. Et son rapport est sans appel. La victime a succombé des suites d’une blessure balistique. En clair, une balle l’a mortellement touché. « La balle est entré par-dessous son oreille droite et est ressorti par son nez » détaille le DGA de la Police.

Enquête en cours

La famille de la victime a immédiatement déposé plainte après les faits. Une enquête a été ouverte par le procureur de la commune III. « Maintenant c’est à l’enquête de déterminer les responsabilités et de faire toute la lumière sur l’affaire, nous, nous n’avons rien à cacher et nous fournirons toutes les informations dès que le procureur nous le demandera »  assure notre interlocuteur. Pour l’heure, avant les conclusions de la procédure en cours, la population de Bamako-Coura ne décolère pas.  Un sentiment de fortes inimitiés à l’égard des policiers animent une partie des jeunes du quartier. « Ils ne sont plus les bienvenus ici » s’esclaffait l’un d’eux ce matin. En dépit de ce sentiment qui les anime, ses proches ne demandent qu’une chose: la justice.

 

 

Violences faites aux femmes : les Amazones disent « stop ! »

Dénoncer les violences commises à l’égard des femmes et exiger une loi contre ces violences, c’est l’objectif que visait le sit-in organisé par le collectif des « Amazones » du Mali ce 12 janvier 2018. Un rassemblement dispersé par les forces de l’ordre, mais qui ne décourage pas ces militantes déterminées à mener leur lutte jusqu’au bout.

« Il faut que ça cesse ! », « Stop aux violences conjugales », ce sont quelques-uns des slogans que l’on pouvait lire sur des pancartes tenues par les manifestants venus répondre à l’appel des Amazones. Alors qu’ils s’étaient donné rendez-vous devant l’Assemblée nationale, les manifestants ont eu la surprise d’y trouver sur place les forces de l’ordre. « Nous n’avons pu rien faire. On était venus pour lire une déclaration. Les forces de l’ordre ont commencé à nous jeter des gaz Lacrymogène », témoigne madame Coumba Ba, proche d’une des victimes de violences conjugales. Souhaitant alors se rabattre sur la Maison de la presse pour lire leur déclaration, les organisateurs en ont été là aussi, empêchés par les forces de l’ordre. Si elle dénonce ces agissements des forces de l’ordre, qui ont fait des blessés parmi les manifestants, notamment des femmes, elle réaffirme la volonté des familles de victimes et du collectif « Amazones » à poursuivre ce combat.

Déterminés

« Demander aux députés qui sont nos représentants de voter cette loi », c’était l’objet de ce sit-in devant l’Assemblée nationale. Ce projet de loi destiné à donner plus de protection et de droit à la femme, qui tarde à voir le jour, selon madame Kadidia Fofana, présidente du collectif « Amazones. » Condamnant ces actes des forces de l’ordre qu’elle juge « révoltants », madame Fofana estime que ces violences conjugales sont subies quotidiennement par les femmes en silence. « C’est seulement quelques cas qui sont médiatisés », c’est pourquoi il faut adopter une loi et dissuader d’éventuels auteurs. « Les députés sont élus par les populations. Nous voulons qu’ils se battent pour nous, afin que plus jamais ces genres de meurtres ne se reproduisent », conclut madame Fofana.

Mali : sit-in devant l’ambassade da la Libye à Bamako

Depuis quelques jours, le monde entier découvre une pratique obscurantiste. Il ne s’agit pas du commerce triangulaire, mais d’une vente aux enchères des migrants d’Afrique subsaharienne en Libye. Un pays effondré. Au Mali, des voix protestent et l’appel à la mobilisation est donné pour ce lundi 20 novembre.

« Indignation », « inhumain », « intolérable », « révoltant ». Un vocabulaire qui inonde les réseaux sociaux de par le monde. La découverte de la vente des Africains sub-sahariens en Libye a heurté bien des consciences. En ce 21e siècle, sur un territoire africain, des hommes sont vendus comme du bétail. Des vidéos circulant sur internet montrent des jeunes africains aux visages meurtris. D’autres témoignent de leur calvaire dans ce pays pourtant jadis « défenseur » d’un panafricanisme viril. L’émotion a été immédiate, face à des images glaçantes et souvent insoutenables. Des Maliens, parmi ces sub-sahariens seraient parmi ce lot d’infortunés. 

Protestation à Bamako

Pour montrer sa désapprobation face à une telle pratique, le mouvement Trop c’est Trop qui a appelé à une mobilisation à l’échelle continentale monte au créneau. À Bamako, des manifestants se sont retrouvés aux environs de dix heures, ce matin, devant l’ambassade de la Libye. Sur des banderoles qu’ils exhibent, des slogans dénonçant l’esclavage. « Non à l’esclavage », « l’homme noir n’est pas une valeur marchande », « En Libye nous ne sommes que des esclaves !!! », peut-on lire. Selon le président du mouvement Malick Konaté, l’objectif est d’arrêter la situation en Libye. « Nous voulons interpeller les autorités et les acteurs pour mener des enquêtes, il faut aussi libérer immédiatement tous ceux qui ont été vendus et les mettre dans leurs droits » proteste-t-il. Selon lui, c’est toute la jeunesse malienne qui est mobilisée. « Ce sont des Africains qui sont vendus, qu’il y ait des Maliens ou pas, c’est ce qui est important chez nous pour nous. Nous sommes tous interpellés, par ce que ce sont des peaux noires comme nous », poursuit-il l’air révolté. Des artistes et hommes politiques étaient aussi au sit-in, parmi lesquels, Master Soumi et Tieblé Dramé du Parena. À l’issue de ce rassemblement des associations, société civile et partis politique, un projet de déclaration est assorti. Ce projet « condamne avec rigueur les exactions et les traitements inhumains » que subissent les ressortissants des pays africains en Libye. Ils interpellent par conséquent le gouvernement du Mali, les Nations unies et toute la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour le respect des instruments juridiques internationaux. Face au choc engendré, plusieurs internautes ont été déçus des timides réactions des chefs d’Etats africains.

Du côté des politiques 

Le gouvernement du Mali dans un communiqué s’est dit « profondément préoccupé et indigné par les informations faisant état de traitement inhumain et dégradant réservé aux migrants africains en Libye.» Tiken Jah, l’artiste ivoirien, invite lui, à arrêter les ‘’blabla politiques ’’. La star du reggae propose en effet dans une publication sur son compte Facebook, le renvoie de tous les ambassadeurs de la Libye des pays de la CEDEAO. Une mesure selon lui qui pousserait les « dirigeants de la Libye, à accélérer l’enquête et la libération de nos frères et sœurs détenus par des esclavagistes », s’indigne-t-il.

Sit-in devant le ministère des transports : les étudiants expriment leurs ras-le-bol

Les étudiants ont tenu hier matin un sit-in devant le ministère des Transports pour protester contre les accidents ayant entraînés la mort d’étudiants et réclamer que des mesures soient prises afin d’endiguer ces sinistres.

Ils étaient plus de 200, massés devant le ministère des Transports à Hamdallaye-ACI, rendant toute circulation sur cette voie impossible. Ils sont venus exprimer leurs désarrois et leurs ras-le-bol. Il y a une semaine (9 novembre), un étudiant de l’université de Kabala est mort écrasé par un camion-benne, sous le regard de témoins tétanisés par l’effroi de la scène. Cet accident loin d’être un cas isolé, était déjà le cinquième mortel, sur ce « triangle des Bermudes » naissant. « Cinq morts en quatre mois (quatre étudiants, un professeur), si ça continue, c’est la moitié de nos étudiants qui vont périr sur cette route, nous en avons assez » s’esclaffa, un étudiant lors du sit-in, visiblement excédé par la situation.

Après la mort de cet étudiant, l’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), a tenu une assemblée générale, le lundi 13, pour exposer leurs doléances. Estimant que le « cri de cœur » n’a pas eu l’écho souhaité, ils ont décrété une grève de 72 heures. Et depuis aujourd’hui la lutte a pour cadre le ministère des Transports. « Nous voulons que la route de Kabala, soit une voie sécurisée et tranquille, nous avons demandé à ce qu’elle soit aménagée, que les horaires des camions-bennes et des étudiants, soient différents », s’est exprimé Abdoul Salam Togola, Secrétaire général de l’AEEM, à sa sortie d’une entrevue avec des membres du ministère des Transports. Il assure qu’ils ne « baisseront jamais les bras » avant d’obtenir gain de cause.

https://www.youtube.com/watch?v=cTUSrz8ZcWI

Sécuriser la fac de médecine 

Au-delà, de la problématique de Kabala, les étudiants ont également manifesté pour une meilleure sécurisation de la faculté de médecine, située à Koulouba. « Les cours se tiennent souvent de 7h à 21h, nous constatons qu’à partir de 20h déjà, il y’a des braquages à mains armées, et cela ne peut continuer », assure Ibrahima, étudiant à la faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG)venu en soutien à ces « camarades étudiants ». Afin de porter cette action, les étudiants par la voie leur Secrétaire général, entendent faire cap très bientôt vers le ministère de l’Administration territoriale, et celui de la sécurité.

Mali : l’opposition a battu le pavé contre la gouvernance actuelle

Des milliers de manifestants ont envahi la rue de Bamako pour dire non aux dérives du gouvernement et à la mauvaise gouvernance.

Annoncée en grande pompe, la marche de l’opposition a mobilisé des milliers de manifestants de la Place de la Liberté au Boulevard de l’indépendance, samedi 21 mai 2016. Ils étaient 50 000 Maliens à battre le pavé selon les organisateurs et seulement un millier selon les sources gouvernementale. La manifestation a démarré vers 09 heures sous la direction des chefs de file de l’opposition : l’honorable Soumaila Cissé, de l’URD, Tiebilé Dramé du PARENA, Sadou Diallo du PDES, Daba Diawara du PIDS et Djibril Tangara du FCD.

Cette marche était renforcée par la participation de centaines d’associations comme ‘’Ras-le-bol’’, ‘’An Ta Yafa’’, ‘’An Toro la’’, pas moins de 300 associations avaient répondu à l’appel. Les marcheurs ont quitté la Place de la liberté, en passant par la place de l’OHVN pour rallier le Boulevard de l’indépendance. Tout au long de leur itinéraire, ils ont dénoncé les maux qui minent le quotidien des Maliens, comme « la vie chère », « la corruption généralisée », « la mauvaise gouvernance», « la pénurie d’eau et les coupures d’électricité », « les surfacturations », « l’insécurité », etc. Sur les banderoles, on pouvait aussi lire « Halte à la dilapidation des ressources publiques, non aux autorités intérimaires ».

Au cours de la marche, nombre de manifestants exprimaient leur désaveu de la gouvernance actuelle, « le Mali est devenu la boîte privée du Président IBK et de sa famille avec la bénédiction de certains partis dits de la majorité ». « Ça suffit. Nous marchons pour dénoncer ces malversations financières », ont martelé certains opposants marcheurs.

Un jeune du mouvement « Ras-le-bol », enchaînait : « On en a marre d’un régime qui a montré ses limites dans la gestion du pouvoir ». Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, Tiebilé Dramé, Président du PARENA a pris la parole pour dénoncer les dérives du pouvoir : « Cette marche n’est pas une marche de l’opposition, mais une marche du Mali. C’est une marche pour le retour du Président Amadou Toumani Touré. Les 33 mois de pouvoir d’IBK sont émaillés de scandales. C’est cet immobilisme qui a conduit l’opposition à la marche ».

Sur le haut de la tribune du Boulevard de l’indépendance, en face des milliers de marcheurs, le chef de file de l’opposition a pris à témoin les Maliens. « Nous sommes là parce que ça ne va pas ! Et pourtant nous avons alerté ! Sans cesse alerté ! Oui nous avons toujours dénoncé toutes les dérives qui caractérisent la gouvernance de notre pays ! Et pour toute réponse nous avons eu le mépris des autorités et la diffamation publique. Nous avons été traités d’apatrides, de « hassidi » ! Or, notre peuple n’aspire qu’à la paix, à la quiétude dans la solidarité et le partage », a tancé Soumaila Cissé.

Poursuivant son intervention, le chef de l’URD a déclaré que cette marche était la réaction du peuple malien face aux souffrances et au désespoir : « Le cri du peuple est notre cri à tous et c’est ensemble que nous devons désormais nous engager au chevet de notre pays pour le bien-être des populations, au-delà de tous les clivages politiques. Le temps est venu de sortir de l’immobilisme actuel et redonner espoir à nos populations. Les Maliens attendent un État fort, un État solide, stable et juste, un État stratège, capable de donner une direction au pays…»

Et l’honorable Soumaila Cissé d’inviter le public à « Dire non à la mauvaise gestion de la question du Nord, à la mauvaise gouvernance, à la corruption généralisée, à la dilapidation de nos maigres ressources, à l’arrogance et au mépris, à l’absence de dialogue social…».

Cette démonstration de force de l’opposition, visant le régime actuel, à assis, par cette mobilisation populaire, la légitimité réelle des opposants à la gouvernance actuelle, et permettra d’en apprécier l’ampleur et l’éfficacité lors des prochaines échéances électorales.

Resultats préliminaires sur la manifestation violente à Kidal

Bamako, 26 avril 2016 – L’équipe d’enquête interne de la MINUSMA mise en place afin d’établir les faits concernant une manifestation violente qui a eu lieu le 18 avril dernier à  l’aérodrome de Kidal, au Mali, a remis le 26 avril son rapport préliminaire au Représentant spécial du Secrétaire Général et Chef de la MINUSMA, M. Mahamet Saleh Annadif.

 Le 18 avril 2016 avait débuté une manifestation sur la Place de la Liberté à  Kidal. Selon les premières informations disponibles, la foule, qui comprenait des enfants, s’était ensuite dirigée vers l’aérodrome de Kidal o๠la manifestation a dégénéré. Les manifestants, dont certains étaient munis notamment de cocktails Molotov, s’étaient alors introduits par effraction sur la piste sécurisée par la MINUSMA, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires, un incident qui a fait deux morts et plusieurs blessés parmi les manifestants.

 La MINUSMA, a immédiatement diligenté une enquête préliminaire interne selon les procédures applicables des Nations Unies, afin de déterminer les faits et circonstances de ce grave incident au cours duquel des vies humaines ont été perdues. Les premières constatations n’ont, à  ce stade de la procédure, pas permis de déterminer l’origine des tirs meurtriers avec certitude. Cette enquête se poursuit et sera complétée dans les meilleurs délais par une deuxième phase plus approfondie qui devrait permettre d’établir les causes exactes de l’incident et de dégager des responsabilités éventuelles à  la lumière des éléments que les enquêteurs auront pu recueillir.
 l’enquête préliminaire indique que les Casque bleus ont effectué des tirs de sommation alors que, repliés dans un container, des manifestants y mettaient le feu. Des postes d’observation ont également été enflammés par les manifestants. Afin de protéger ses installations et son personnel de la violence de la foule, les forces de maintien de l’ordre de la MINUSMA ont également utilisé du gaz lacrymogène afin de disperser les manifestants, puis se sont retirés quand la situation est devenue incontrôlable. 

 « La MINUSMA déplore et regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures occasionnées suite cet événement . Cependant, le recours à  la violence, sous quelque forme que ce soit, envers nos forces, ainsi que la destruction de nos installations au niveau de l’aérodrome sont inacceptables. Ce sont des actes délictueux qui n’honorent personne et bénéficient avant tout aux ennemis de la paix, à  moins que les instigateurs de ces manifestations soient eux-mêmes contre la paix. La MINUSMA est par ailleurs vivement préoccupée par l’instrumentalisation d’enfants lors de telles manifestations violentes et la condamne vigoureusement », a déclaré M. Annadif. «Nous allons donc procéder à  une investigation plus approfondie pour établir les faits exacts car malheureusement, aucun des éléments recueillis dans le cadre de l’enquête préliminaire n’a pu établir avec certitude la provenance des tirs meurtriers, ni le, ou les auteurs. A cet effet, nous aurons besoin de la pleine coopération de toutes les parties pour compléter l’investigation », a-t-il souligné. La MINUSMA regrette les retombées négatives de ces évènements sur les efforts engagés pour venir en aide aux populations. « Cette piste d’atterrissage de Kidal est un élément essentiel pour l’approvisionnement de l’aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la MINUSMA et des forces partenaires. Une fois de plus, plusieurs mois de réhabilitation et de lourds moyens financiers seront nécessaires avant de la rendre opérationnelle, pénalisant lourdement les populations du Nord dans l’acheminement des dividendes de la paix. La MINUSMA ne pourra pas renouveler la réhabilitation de l’aérodrome sans des garanties politiques et sécuritaires. Après avoir été dévastée, la piste est à  présent occupée », a précisé le RSSG, tout en encourageant la coopération effective de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) pour assurer la sécurisation de la zone de l’aéroport. En conclusion, M. Annadif a réitéré l’engagement continu de la MINUSMA à  soutenir la stabilisation du Mali et la mise en œuvre de l’Accord de paix conformément à  son mandat.

Kidal : 5 jours après la manifestation, l’aéroport toujours aux mains des manifestants

Depuis jeudi, une vingtaine de femmes ont dréssés des tentes sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kidal contrôlé par des manifestants et s’y sont installés de jour comme de nuit. Elles ont exprimé, hier, une liste de doléances parmi lesquelles : La remise à  la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de toutes les personnes détenues par la force Barkhane qu’elles soient coupables ou non, l’arrêt immédiat des perquisitions de domicile par les forces françaises, la reconnaissance par la Minusma des deux victimes décédées lors de la manifestation de lundi dernier, l’évacuation urgente par les forces onusiennes des blessés et la délocalisation de l’aéroport de Kidal loin des habitations de la ville. Selon une source sur place, « Ces femmes sont instrumentalisés par leurs maris, des gens du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Tous les gens qui ont été arrêté sont liés au narco-traffic ou avec les djihadistes, ils veulent faire cesser les arrestations de Barkhane parce qu’ils trempent dans beaucoup de choses. Ils souhaitent aussi devenir leader par rapport au MNLA. ». Pour cet autre, « C’est la Minusma qui a provoqué ce vide et les femmes en ont profité. La Minusma ne sécurise ni ne maà®trise la situation à  l’aérodrome. », conclut-il. Sur place on attend les résultats de l’enquête onusienne qui doivent déterminer les circonstances ayant mené à  la mort des deux jeunes abattus lors de la manifestation de lundi. Même si pour beaucoup, il ne fait aucun doute que les balles mortelles ont été tirées par les forces de la Minusma qui tentaient d’empêcher des manifestants de prendre le contrôle d’un de leurs véhicules armés. « ils disent qu’ils sont en train d’enquêter mais ils ont déjà  toutes les images. Il y a un grand ballon gonflable au-dessus du camp, une sorte de drone statique équipé de caméra, ce ballon-là  regarde tout ce qui se passe en ville et aux alentours », confie un habitant. à€ Kidal, l’occupation de l’aéroport inquiète. Une majorité pense que sa fermeture est néfaste pour la ville, « Les personnes qui voyagent utilisent l’aéroport et les vols de la Minusma. Les médecins, les médicaments, viennent par ces vols. Depuis que l’aéroport est fermé, ce sont les hélicos de la Minusma qui font le lien entre ici et Gao, ces hélicoptères ne peuvent prendre que 22 personnes environ, les voyages sont devenus restreints », maugrée un commerçant. Au sein des mouvements la tension est montée d’un cran, le MNLA accepte mal que deux de ses jeunes, instrumentalisés par le HCUA, soient mort. « Il y avait des véhicules qui emmenaient les gens à  la manifestation un peu partout en ville, ils sont passés dans les écoles, ils ont fermé les classes pour les emmener là -bas », révèle un témoin qui était à  la manifestation. De plus, le fait que les femmes du HCUA occupent l’aérodrome leur donne une plus grande notoriété par rapport aux femmes du MNLA. Zeina Wallet llady, la femme de Cheick Ag Aoussa le N°2 du HCUA et ex-chef militaire du groupe djihadiste Ansar Dine, est d’ailleurs à  la tête de ces femmes qui campent sur la piste d’atterrissage de l’aérodrome. La Plateforme, quant à  elle, ne semble pas impliquée dans les évènements. Ses membres n’ont pas participé aux marches de protestation. « Il y a deux individus du Gatia qui ont été arrêté par Barkhane vers Aguel’hoc, ça n’a pas suscité de marche n’y rien. », ajoute cet habitant du quartier Aliou. On ne sait pas à  l’heure actuelle qu’elle sera l’issu de ce bras de fer entre la minorité influente qui manifeste et les forces étrangères, mais on craint sur place que ces événements déclenchent une nouvelle source de radicalisation des populations qui ne viendrait qu’envenimer une situation déjà  très préoccupante.

Manifestation contre les caricatures du prophète Mahomet à Bamako

Ils étaient environ trois mille manifestants selon la police à  marcher ce vendredi 16 janvier 2015 dans les rues de Bamako brandissant des pancartes sur lesquels on peut lire ‘’Je ne suis pas Charlie, je suis Musulman »; ‘’Respectez mon prophète (PSL) » ; ‘’Oui à  la liberté d’expression. Non à  la caricature de notre prophète (PSL). Non à  la provocation » ou encore ‘’IBK est Charlie, le Mali n’est pas Charlie ». Cette marche organisée par la communauté musulmane du Mali a rassemblé plusieurs fidèles, des hommes et des femmes, tous criant ‘’Allahu Akbar » (Dieu est grand). Réunis à  la bourse du travail, les fidèles ont effectué la prière de 16 heures avant de battre le pavé dans une effervescence impressionnante jusqu’à  la place de l’indépendance. En présence de grands dignitaires religieux du Mali, Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique et Ousmane Cherif Haà¯dara, guide spirituel d’Ansar Dine, les associations musulmanes du Mali ont condamné fermement la caricature une fois de plus du prophète Mahomet (PSL) qu’ils qualifient de provocation. La communauté musulmane du Mali dans sa déclaration officielle dénonce avec énergie la haine viscérale du journal Charlie Hebdo qui se cache derrière la liberté d’expression pour porter atteinte à  celui-là  dont les musulmans du monde entier portent au plus profond de leur être, le prophète Mahomet (PSL) a souligné Mohamed Kimbiri, porte-parole du collectif des associations islamiques du Mali. « Nous commençons par le nom de Dieu et nous terminerons par le nom de Dieu » a rappelé Ousmane Haà¯dara avant de poursuivre, « nous ne sommes pas des islamistes, mais nous condamnons tout acte qui viole les préceptes de l’islam, notamment la caricature de notre prophète bien-aimé ». Quant à  Mahmoud Dicko, il reviendra sur la grande marche de soutien en France « Nous avons accepté la marche en France, mais ce qui a suivi, nous le combattons fermement ». Il rappellera par ailleurs, ce qu’est l’essence d’un musulman, « je le dirai avec force, conviction et détermination, l’essence de notre vie, C’’est notre religion et l’essence de notre religion, C’’est notre prophète (PSL) ». Cependant, il appellera les uns et les autres à  observer un esprit de tolérance et de ne pas surtout céder aux différentes provocations, car précisera-t-il, l’islam est une religion de paix. La cérémonie sera clôturée par la lecture de quelques versets du Saint Coran.

Guinée: manifestation à Conakry, deux morts et des dizaines de blessés

Conakry et sa banlieue, privées d’électricité, les habitants en ont assez. Ils entendaient bien le faire savoir ce mardi en prenant d’assaut les rues de la capitale guinéenne. Une manifestation qui a rapidement dégénéré en violences qui ont coûté la vie à  2 personnes.33 autres ont été légèrement blessées. Le directeur de la sûreté urbaine de Conakry, le commissaire Boubacar Kassé, a indiqué « la première victime est un civil tué dans un accident de la circulation. Il a été renversé par un véhicule alors qu’il tentait de traverser la route. La seconde, un élève gendarme atteint d’un caillou jeté par un manifestant ». Le porte-parole de la gendarmerie nationale, le commandant Mamadou Alpha Barry a précisé que « le civil tué a été heurté accidentellement par un véhicule de la gendarmerie », tandis que « le gendarme a été atteint par un un caillou jeté par les manifestants alors qu’il était à  bord d’un pick-up de la gendarmerie. Il est tombé et les manifestants l’ont récupéré et battu à  mort ». La version des officiels « l’accident de la circulation » a été contestée par un membre de la famille de la victime. à‰meutes généralisées « Ce sont les forces de l’ordre qui ont pourchassé mon frère avec des matraques et, en essayant de traverser la route, il a été heurté par un véhicule qui l’a entraà®né sur plusieurs mètres et il est mort sur le coup », a-t-il déclaré sous couvert de l’anonymat. Les émeutes ont éclaté mardi matin dans plusieurs quartiers de la banlieue sud de Conakry, opposant des milliers de manifestants, en majorité des jeunes, aux forces de l’ordre. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour disperser les manifestants, mais des témoins ont affirmé avoir entendu des tirs ou vu « des policiers tirer à  balles réelles ».Les émeutiers ont riposté avec des pierres, érigé des barricades, brûlé des pneus et renversé des poubelles sur plusieurs axes routiers. Il y a 8 jours, 21 personnes, dont trois policiers, avaient été blessées lors d’émeutes similaires. Les coupures d’eau et d’électricité sont récurrentes dans les grandes villes de Guinée et provoquent régulièrement de violentes émeutes d’habitants exaspérés.

Gao: manifestation contre le retour de djihadistes

Une centaine de jeunes du 4e quartier de Gao, dans le nord du Mali ont marché dimanche 25 août pour dénoncer le retour des djihadistes à  Gao. Depuis plusieurs jours, la population alerte la police et la gendarmerie pour leur demander d’intercepter ces personnes qui après plusieurs mois de silence refont surface. Il s’agit essentiellement de djihadistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) qui ont semé la terreur dans la ville depuis durant des mois l’an passé et qui avaient trouvé refuge en dehors des frontières maliennes. Joint par RFI, un habitant de Gao déclare : « nous avons constaté le retour de certains qui ont les armes au temps de l’occupation. On les connaissait très bien. C’’était nos voisins, nos compagnons durant des années donc on les connaissait très bien. On a informé les autorités à  plusieurs reprises mais elles ne réagissent pas. Elles se content de prendre de l’argent et de les libérer… Il y a trop d’impunité chez nous, ça nous fatigue. Il faut que la gendarmerie et la police fassent correctement leur travail. » Avertissement aux autorités D’après les organisateurs, « ceux-ci retournent en tenues civiles et se pavanent comme si de rien était. En plus, certains des alliés des Moudjahidines qui étaient arrêtés par les forces de l’ordre, ont été libérés moyennant de l’argent. C’est pourquoi nous avons marché pour dénoncer ces situations ». « Si les autorités régionales ne s’impliquent pas pour arrêter le retour des alliés des islamistes dans la ville, au-delà  d’un délai de trois jours, nous allons nous-mêmes les agresser physiquement » ont-ils ajouté. Il y a quelques jours, le Mujao, né au nord-Mali et auteur d’exactions pendant les mois d’occupation de trois régions, s’est trouvé de nouveaux alliés. Avec les « Signataires par le sang », groupe terroriste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, il a fusionné pour créer « Al Mourabitoune » c’est-à -dire les Almoravides en français. « Les Signataires par le sang et le Mujao ont décidé de s’unir au sein d’une même Jamaa, dénommée « Al Mourabitoune », dans la perspective de réaliser l’unité des musulmans du Nil à  l’Atlantique », a indiqué la nouvelle organisation dans un communiqué diffusé par l’agence de presse mauritanienne AP.

Egypte: après un week-end très violent, la tension ne faiblit pas

Alors que les voix montent de partout dans le monde pour appeler à  un retour au calme, la situation en Egypte est toujours extrêmement tendue, après une fin de semaine particulièrement violente et meurtrière. Au moins 27 policiers ont été tués lundi dans le Sinaà¯, dont 25 dans un attentat. Des hommes armés, soupçonnés d’appartenir à  la mouvance radicale islamiste, ont tiré à  la roquette et à  l’arme automatique sur deux minibus de la police se dirigeant vers la ville de Rafah, o๠se trouve le point de passage vers la bande de Gaza. Le ministère de l’Intérieur a accusé des « terroristes », tandis que les sources de sécurité ont précisé que trois des assaillants avaient été arrêtés. Deux officiers de police ont également été tués dans deux attaques à  Al-Arich, la capitale du Nord-Sinaà¯, selon des sources au sein des services de sécurité. Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, s’est exprimé hier dimanche devant des centaines d’officiers de l’armée et de la police. Il a promis aux islamistes qui ont choisi la violence une riposte « des plus énergiques », sans considération apparente pour le tollé déclenché dans les pays occidentaux dont certains parlent de « massacres ». Le gouvernement a par ailleurs annoncé l’interdiction des « comités populaires ». Il s’agit de milices de jeunes armés prenant pour cible au Caire tous ceux dont ils pensent qu’ils sont des islamistes – hommes portant la barbe ou femmes intégralement voilées – ainsi que les journalistes étrangers qu’ils accusent de défendre le camp du président Mohamed Morsi, déposé par l’armée. Tollé international et réunion à  venir Les condamnations ont fusé de partout pour condamner la violente répression des manifestants pro-Morsi. Les affrontements avec la police ont causé la mort de près d’un millier de personnes en une semaine. l’Union Européenne, les à‰tats-Unis ont demandé un retour au calme et la reprise du processus d’organisation d’élections anticipées. Londres et l’ONU ont dénoncé un « usage excessif de la force », alors que Berlin a appelé au « dialogue » pour éviter la « guerre civile ». La chancelière Angela Merkel a estimé qu’un arrêt des livraisons d’armes était un moyen de pression approprié. Des sénateurs américains, dont l’influent républicain John McCain, ont demandé que les à‰tats-Unis suspendent la substantielle assistance militaire – 1,3 milliard de dollars par an – à  l’à‰gypte après le « massacre ». En revanche, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Irak et surtout Ryad ont affirmé soutenir le pouvoir égyptien. Quant au Qatar, principal soutien des Frères musulmans, il a dit aider l’à‰gypte et non la confrérie, affirmant vouloir corriger des « conceptions erronées ». Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne doivent se réunir exceptionnellement ce mercredi à  Bruxelles pour examiner la situation en Egypte et s’entendre sur une position commune. La décision a été prise aujourd’hui à  l’occasion d’une réunion des ambassadeurs auprès de l’UE chargés des questions de sécurité, en pleine crise entre l’armée égyptienne et les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi. Manifestations annulées mais vive tension 36 détenus islamistes ont perdu la vie, hier dimanche, asphyxiés par du gaz lacrymogène pendant une tentative d’évasion selon la police égyptienne. Ces 36 détenus, tous des Frères musulmans, la confrérie de Mohamed Morsi, ont péri asphyxiés par les grenades de gaz lacrymogène tirées dans le camion qui les transportait dans l’après-midi vers une prison près du Caire, parce qu’ils avaient kidnappé un officier de police et tentaient de s’évader, a affirmé le ministère de l’Intérieur. Le convoi transportait plus de 600 prisonniers islamistes. La mobilisation des pro-Morsi a semblé marquer le pas dimanche, les manifestants redoutant sans doute davantage de morts dans leurs rangs décimés depuis cinq jours. Ils avaient annoncé neuf manifestations au Caire, mais les ont quasiment toutes annulées « pour des raisons de sécurité » dans la soirée. Plus d’un millier de manifestants et cadres des Frères musulmans ont été arrêtés en cinq jours, selon le gouvernement.

18 Juillet: 67 minutes pour Mandela

Mandela va avoir 95 ans ce jeudi 18 juillet 2013. Et comme chaque année depuis 2010, le monde va le fêter en cette journée qui lui est consacrée. C’est un spectacle conjuguant plusieurs arts que se propose de livrer l’Association pour la Promotion de la Culture Africaine(APCA)pour marquer cette journée spéciale. L’activité aura lieu dans la grande salle de la Médiathèque la «Medina » à  Medina-coura en face de l’ECICA, ce Jeudi 18 Juillet 2013 à  21h00 dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale Nelson Mandela. Contes, acrobates, danse contemporaine, un programme alléchant pour rendre un hommage mérité au premier président noir de l’Afrique du Sud, icône de la lutte contre l’apartheid. 67 minutes pour Mandela La Mandelda Day a été initiée par la Fondation Nelson Mandela pour exhorter le monde à  consacrer 67 minutes de son temps à  aider les autres, afin de commémorer la Journée internationale qui lui est consacrée. Elle a été instaurée officiellement en 2010 par les Nations Unies. Le spectacle de l’APCA durera 67 minutes, en référence aux 67 ans pendant lesquels Nelson Mandela a mis sa vie au service de l’humanité, en tant qu’avocat spécialiste des droits de l’homme, prisonnier de conscience, architecte international de la paix et premier président démocratiquement élu d’une Afrique du Sud libre. La célébration de cette année est particulière. Nelson Mandela est gravement malade et hospitalisé dans un état critique depuis plusieurs semaines.

Gao: des milliers de personnes interpellent François Hollande sur Kidal

« Nos pensées aux victimes et non aux bourreaux », « Pas d’élections sans confiance », « Président François Hollande, merci pour la liberté, maintenant la justice », pouvait-on lire sur des pancartes brandies lors du rassemblement organisé par des groupes de jeunes et de femmes sur la place centrale de Gao. « Les banderoles qui s’adressaient à  François Hollande, c’était pour lui dire: tu as libéré le Mali des terroristes, maintenant libère Kidal, sinon avec toi, le Mali va divorcer brutalement », a commenté pour l’AFP Ousmane Maà¯ga, l’un des membres de la coordination de la jeunesse de Gao, plus grande ville du Nord. L’intervention militaire française qui a débuté le 11 janvier au Mali a permis, aux côtés d’autres armées africaines, de chasser en grande partie les jihadistes liés à  Al-Qaà¯da du nord du pays, mais la ville de Kidal reste occupée par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le MNLA et de petits groupes alliés, revenus à  Kidal à  la faveur de l’intervention de l’armée française toujours présente sur l’aéroport de la ville et qui collabore avec la rébellion touareg, s’opposent à  la venue de l’armée malienne dans la région. Le premier tour de la présidentielle, prévu le 28 juillet, doit se tenir sur toute l’étendue du territoire malien, y compris Kidal, mais cela ne pourra se faire qu’en présence de l’administration et de l’armée maliennes dans la ville, estime l’écrasante majorité des Maliens. Des négociations sont actuellement en cours à  Ouagadougou pour tenter de parvenir à  un accord sur le vote à  Kidal le 28 juillet. L’attitude de la France, soupçonnée de collusion avec le MNLA à  Kidal, est de plus en plus ouvertement critiquée dans la presse malienne et par certains hommes politiques. Les habitants de Gao ont profité du rassemblement pour dénoncer leurs conditions de vie. « Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, et nous avons l’impression que l’Etat malien nous abandonne », a déclaré Oumou Touré, d’une association de femmes de Gao.

ULSLB : les étudiants manifestent malgré l’état d’urgence

Après six mois en classe sans trousseaux ni bourse, les étudiants de l’Université des Lettres, Langues et des Sciences du Langage(ULSLB), ex-FLASH , ont battu le macadam ce matin pour réclamer leurs « droits ». Des dizaines d’étudiants ont quitté vers 10 heures le décanat pour venir se rassembler à  quelques encablures du Centre des œuvres universitaires(CENOU). Perturbant du coup la circulation sur l’avenue du Mali. Le mot d’ordre est clair : obtenir le déblocage des trousseaux et bourses. Devant une colonne de forces de sécurité qui barre l’accès au CENOU, des étudiants surexcités crient des slogans hostiles au gouvernement, au ministre et aux responsables du CENOU. «Nous voulons nos bourses, nous voulons nos trousseaux », répètent à  l’envie des jeunes qui se disent prêts à  tout pour obtenir gain de cause. En témoigne le slogan de cette pancarte tenue par un longiligne étudiant tout en sueur : « Enough is enough. On préfère la prison au campus. No money, no work in Bamako”. Le secrétaire général adjoint de l’association des étudiants de l’ULSLB, Abdoulaye Traoré déplore que son Université soit la seule à  ne pas percevoir jusque-là  ni bourse ni trousseaux. Une situation d’autant plus regrettable, selon lui, que beaucoup d’étudiants n’ont même plus le transport pour se rendre l’école, à  plus forte raison, acheter leurs matériels didactiques. Pas un rond depuis la rentrée Une thèse défendue par Djélika Koné, étudiante en lettres modernes. Selon elle, les étudiants n’ont pas perçu un rotin alors que les examens seraient censés débuter le 17 juillet. « Des étudiants désertent les amphis et les campus pour faire les petits boulots pour avoir de quoi manger pendant que des étudiantes en sont réduites à  se prostituer pour s’en sortir. On en a marre », fulmine-t-elle. La gorge nouée par l’amertume, ce jeune étudiant n’ayant pas de proches parents dans la capitale et qui a requis l’anonymat avoue être obligé, à  l’instar de beaucoup de ses collègues, à  faire l’apprenti maçon pour joindre les deux bouts. En marchant n’avez-vous pas bravé l’état d’urgence ? A cette question, les étudiants sortent de leurs gonds et répondent en chœur : « rien à  faire de l’état d’urgence. On veut tout simplement nos bourses et trousseaux. On nous a berné à  plusieurs reprises par des promesses non tenues ». Des discussions sont en cours entre le secrétaire général de l’association des étudiants de l’ULSLB et le directeur du CENOU. En attendant d’obtenir entière satisfaction, les jeunes entendent déserter les amphis.

Bamako : des milliers de personnes manifestent contre les islamistes

BAMAKO (AFP) – Plusieurs milliers de personnes ont marché jeudi à  Bamako pour soutenir l’envoi d’une force armée ouest-africaine appuyant les soldats maliens afin de reconquérir le nord de leur pays occupé par des groupes islamistes, auteurs de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique). Cette manifestation s’est tenue alors qu’un projet de résolution, proposé par la France à  ses partenaires au Conseil de sécurité de l’ONU, presse l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine (UA) de préciser dans les 30 jours les modalités d’une intervention dans le nord du Mali. Tout au long de la marche dans le centre de Bamako, les manifestants ont affirmé leur soutien à  l’armée malienne, au Premier ministre Cheick Modibo Diarra et à  la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui prépare l’envoi de soldats dans le Nord avec le soutien de l’ONU et de pays occidentaux. Sur une banderole était écrit: « Capitaine Sanogo, tous les militaires au front ». Le capitaine Amadou Haya Sanogo est le chef des auteurs d’un coup d’Etat à  Bamako qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, dont Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Le capitaine Sanogo s’est retiré du pouvoir en avril, mais reste influent à  Bamako o๠ses hommes sont accusés de nombreuses atteintes aux droits de l’Homme. « La place des militaires, c’est le front, tous les militaires doivent y aller », a estimé un des manifestants, un autre affirmant: « Je soutiens l’armée malienne, l’arrivée de troupes de la Cédéao, je soutiens une intervention ». Selon lui, depuis que le président français François Hollande est arrivé au pouvoir en mai, « la situation a changé, il soutient le Mali, et nous lui disons merci ». Les marcheurs ont défendu la laà¯cité du Mali, fustigé les groupes islamistes, l’application de la charia dans le Nord, mais aussi la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui avait lancé l’offensive dans cett région en janvier. D’abord allié aux groupes islamistes armés, le MNLA a ensuite été rapidement évincé du nord du pays par ces groupes. « Non-assistance à  peuple en danger » « Ni l’indépendance, ni l’autodétermination pour les apatrides du MNLA », pouvait-on lire sur une des banderoles. Le MNLA, qui après le lancement de son offensive avait décrété l’indépendance du Nord qu’il dénomme Azawad (les deux tiers du territoire malien), est récemment revenu sur cette revendication, rejetée par la grande majorité des Maliens et par la communauté internationale, pour parler « d’autodétermination ». « Si rien n’est fait dans les jours à  venir, c’est l’existence de notre Nation qui sera en danger », affirment dans un communiqué les organisateurs de la marche – partis politiques, syndicats, organisations de la société civile – qui ont évalué à  au moins 100.000 personnes le nombre de manifestants. « Ne pas assister le Mali serait une faute grave de la communauté africaine et internationale face à  l’Histoire (…), un crime pour non-assistance à  peuple en danger », ajoutent-t-il. Le projet de résolution proposé par la France, en pointe dans le dossier malien, prévoit que le secrétaire général de l’ONU devra se concerter avec la Cédéao et l’UA pour présenter dans un délai de 30 jours des « recommandations détaillées » en vue d’une intervention, comprenant « un concept opérationnel » et une liste de troupes. Le texte, qui peut encore faire l’objet d’aménagements, dénonce les violations des droits de l’Homme dans le Nord et demande aux groupes rebelles de se dissocier, sous peine de sanctions, des « organisations terroristes » comme Aqmi. Bamako a demandé officiellement à  l’ONU un mandat pour une « force militaire internationale » avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à  reconquérir le nord du pays. La France et les Etats-Unis sont prêts à  fournir une aide logistique et technique à  cette force dont le principe semble acquis. Mais des obstacles demeurent, liés à  sa composition, ses capacités et son financement.

Manifestation de femmes contre la charia à Tombouctou

Une centaine de femmes ont manifesté samedi contre l’imposition de la charia (loi coranique) à  Tombouctou, dans le nord du Mali avant de se disperser lorsque des islamistes ont tiré des coups de feu en l’air, a-t-on appris auprès de témoins. Les femmes, au nombre de 100 à  130 selon les estimations, s’étaient rassemblées sur la place principale de « la cité au 333 saints » en fin de matinée afin de marcher sur le centre-ville. Elles en ont été empêchées par les tirs des islamistes. « La vie est devenue de plus en plus difficile avec ces gens », a déclaré Cissé Touré, une des manifestantes, par téléphone à  Reuters. « Nous sommes fatiguées. Ils nous imposent le voile et nous pourchassent comme des bandits si nous n’obtempérons pas ». Sanda Ould Bounama, un porte-parole des islamistes a confirmé qu’une manifestation avait eu lieu sans plus de précisions. Les islamistes d’Ansar Dine, qui contrôlent officiellement la ville depuis avril, entretiennent des liens étroits avec Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) depuis que ces derniers ont, avec l’aide de rebelles touareg, mis en déroute les garnisons locales de l’armée et se sont emparés du contrôle de la moitié nord du pays il y a six mois. Ils ont depuis écarté les Touareg, pris le contrôle total de la région et progressivement imposé leur interprétation rigoriste de la « charia », notamment en interdisant la musique et en obligeant les femmes à  porter le voile. Les populations du nord du Mali pratiquent traditionnellement un islam modéré et tolérant. Admana Diarra et Tiémoko Diallo; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet

Plusieurs blessés après une manifestation pour le départ de Dioncounda Traoré

Si les propositions institutionnelles de Dioncounda Traoré offrent une nouvelle éventuelle piste de sortie de crise à  Bamako, le retour au Mali du celui qui déclarait le 1er mai qu’il ne resterait « pas une seconde de plus que les quarante jours de l’intérim si tel est le souhait partagé » a toujours du mal à  passer auprès de certains. Les manifestants dispersés dans la violence Lundi matin, des militants du mouvement « Yéréwoloton » ont tenté de battre le pavé pour protester contre le maintien de Dioncounda Traoré à  la présidence. Dans un cafouillage total, les marcheurs se sont dirigés vers Koulouba pour demander le départ de celui qu’ils voient comme l’homme imposé par la CEDEAO. Les forces de l’ordre ont fait une descente musclée pour les disperser à  hauteur de l’ancienne Ecole Nationale d’Administration. Déterminés à  tenir têtes aux policiers certains militants ont été frappés à  coups de matraques et de pieds. Un marcheur blessé à  la tête saignait abondamment. D’autres se sont enfuis pour échapper au gaz lacrymogène. Une force de protection des institutions annoncée « J’ai été appelé par le mouvement pour marcher. Nous ne pouvons pas accepter que Dioncouda Traoré nous dirige dans l’illégalité. Son mandat a pris fin le 21 mai dernier » fustige Djigui Keita, vendeur ambulant. Le gouvernement avait annoncé le 9 juillet la création d’ « un corps d’élite indépendant de 1200 éléments chargés d’assurer la protection des Institutions de la République ». Une mesure destinée à  éviter de revivre l’épisode du 21 mai au cours duquel Dioncounda Traoré avait été tabassé à  l’intérieur du palais présidentiel. Le président de la transition est revenu à  Bamako le 27 juillet après avoir été hospitalisé à  Paris.

Sénégal: Pari réussi pour le M23

Le Mouvement du 23 juin (M23) regroupe des représentants de l’opposition et de la société civile sénégalaise. Après la validation de la candidature du président Abdoulaye Wade par le Conseil Constitutionnelle le dimanche 29 janvier dernier, il a appelé la population à  manifester pour protester. Appel entendu puisqu’ils étaient plus de 10 000 selon les organisateurs à  s’être rassemblés place de l’Obélisque. Le M23 s’est félicité ce mercredi du « succès » de sa manifestation contre la candidature du chef de l’Etat Abdoulaye Wade à  l’élection présidentielle. Notre capacité de mobilisation n’a pas été démentie, le mouvement a mobilisé au maximum, a estimé le porte-parole du M23, Abdoul Aziz Diop. « Nous avons atteint tous nos objectifs », a expliqué le porte-parole. « Nous voulions d’abord prendre la place de l’Obélisque, de gré ou de force. Il y a eu reculade du gouvernement qui a autorisé la manifestation, et donc la place a été prise ». « Ensuite, nous avons relevé le test de la mobilisation », a –t-il ajouté. Le M23 a également promis une « nouvelle stratégie » face à  la « répression » des autorités. Un comité de crise (du M23) devrait se réunir ce mercredi pour évaluer la suite à  donner à  la manifestation. « Mais nous allons désormais développer une stratégie qui tienne compte de la répression menée par le gouvernement », a prévenu le porte-parole du M23. Deux morts et des blessés Du côté de la présidence sénégalaise, on minimise les chiffres avancés par le M23. Dans un communiqué, elle estimé que la manifestation du M23 n’a rassemblé que « 2.500 participants environ ». « Cela prouve encore une fois que les Sénégalais sont plus que jamais déterminer à  soutenir le Président Wade », précise le communiqué. La manifestation a été endeuillée. Mamadou Diop, un jeune étudiant, est décédé mardi après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion par la police du rassemblement. Une jeune fille a également succombé à  ses blessures, renversé elle aussi par un camion, en marge de la manifestation.e Ce mercredi, la ville est calme et la police est déployée dans tous les quartiers.

Guinée : Conakry sous haute tension

Le régime d’Alpha Condé fait face à  la fronde politique. Elu démocratiquement après une période de transition militaire, Alpha Condé n’a pu interdire la marche de protestation, organisée par l’opposition guinéenne mardi, après de longues discussions. Motif de cette protestation, la tenue des élections législatives de Décembre. Les leaders de l’opposition dénoncent une fraude en préparation. La CENI, chargée d’organiser ces élections fait aussi l’objet de doutes quant à  la main mise du pouvoir sur ce scrution. Ce qui irrite surtout les opposants, c’est la date du 29 décembre, fixée selon elle « unilatéralement » par le pouvoir et la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Répression des forces de l’ordre Prévue au stade du 28 septembre, o๠a eu lieu le massacre du même nom, deux ans plus tôt, la manifestation a été bloquée par les forces de l’ordre qui ont tenté d’empêcher l’entrée dans le stade. Jets de gaz lacrymogènes, coups de matraques, les affrontements ont fait deux morts et plusieurs blessés. Selon sa famille, Mamadou Boye Barry, boulanger de 35 ans, a été tué dans le quartier de Bambeto, un des fiefs de l’opposition. La situation reset très tendue à  Conakry, chacune des parties accusant l’autre de vouloir semer le désordre. Quant à  Alpha Condé, il est resté silencieux pour le moment sur cet évènement. Le président Guinéen est au coeur des critiques depuis des mois sur une gestion du pouvoir jugée autocratique. Les réformes promises, le changement en Guinée tarde à  venir, dans un pays o๠la stabilité politique reste fragile.

Constitution: Wade fait marche arrière

La société sénégalaise est en ébullition depuis plusieurs jours et ce jeudi a été particulièrement chaud. à€ Dakar, la mobilisation anti projet de loi s’est transformée en émeutes, les policiers sont intervenus brutalement et ont interpellé de nombreux manifestants qui avaient répondu à  l’appel du mouvement de jeunes « Y en a marre ». Même à  Paris, l’ambassade du Sénégal a été brièvement occupée par des opposants. En cause : la volonté du chef de l’à‰tat Abdoulaye Wade d’instaurer un vice-président élu ; et surtout, le « ticket » formé par le candidat à  ce poste et celui à  la magistrature suprême, qui pourrait remporter l’élection avec seulement 25 % des voix, seuil qualifié de « minimum bloquant » en cas d’absence de majorité absolue au premier tour. Pas question pour les sénégalais de cautionner ce qu’ils appellent un « coup d’état » de la part de celui qui a été longtemps une figure de proue de la démocratie sénégalaise. Dans huit mois, les sénégalais devront choisir leur président. Abdoulaye Wade l’a clairement annoncé, il sera candidat. Mais le « vieux » sait très bien qu’il risque fort de ne pas venir à  bout des cinq ans de pouvoir si jamais il était réélu. La réforme constitutionnelle aurait donc pour objectif d’assurer son élection et le passage du pouvoir à  son fils après son départ. Le texte prévoit en effet qu’en cas de vacance du pouvoir, le président sera remplacé par le vice-président qui aura toutes ses prérogatives – y compris celle de nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Le super-ministre Karim deviendrait donc, par cet ingénieux tour de passe-passe, super-président. La dérive ? De chantre de la démocratie, Abdoulaye Wade est-il en train de devenir fin dictateur ? l’opinion publique sénégalaise le lui reproche en tout cas. Des projets gigantesques pas compris par les populations qui souffrent de coupures intempestives d’électricité et d’une inflation galopante à  la reformulation de la constitution sur-mesure, le vieil avocat est en train de rêver à  un destin à  la « Oumar Bongo » ou « Eyadéma ». Mourir au pouvoir et laisser le pouvoir à  son fils. « Aujourd’hui, j’ai tous les pouvoirs, mais je vais partager mes pouvoirs avec le vice-président », a déclaré l’actuel président de la République du Sénégal à  l’ouverture de la VIe conférence nationale de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl) du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour expliquer son projet. « Avec cette phrase, qui sonne le glas de la démocratie sénégalaise, le président de la République nous promet son enterrement en bonne et due forme, si le Congrès vote son projet de loi constitutionnelle d’élection du président et du vice-président » déclare Fatou Kiné Camara Docteure d’Etat en Droit Secrétaire générale du Cosef (Conseil sénégalais des femmes) Secrétaire générale adjointe de l’Ajs (Association des juristes sénégalaises. Mais Wade se défend : « à‡a, c’est un progrès démocratique ». Avancée ou pas, il l’aura finalement retirée. Il aura fallu lui tordre la main avec des affrontements intenses qui ont opposé manifestants de l’opposition aux forces de l’ordre. Le ministre de la justice, Cheikh Tidiane Sy a annoncé le retrait de cette mesure aux députés peu après l’ouverture de la séance plénière o๠elle devait être adoptée. Le président Wade « a pris en considération vos préoccupations » et « a pris bonne note » de toutes les réactions, « il m’a chargé de retirer ce projet de loi », a déclaré le ministre, l’air grave, suscitant des applaudissements nourris. Entretemps, les manifestations auront fait des dizaines de blessés dont Alioune Tine, président de la Rencontre africaine des droits de l’Homme, à  la pointe de la contestation contre le projet de réforme constitutionnelle. Il se trouvait en compagnie de l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio lorsqu’il a été attaqué par des présumés hommes de main d’un responsable du parti présidentiel. Les sénégalais semblent désormais décidés à  ne plus avaler les couleuvres sans broncher. Le début de la révolution…du tiéboudienne ?