Rentrée Littéraire : Dix ans déjà !

 

Pour marquer les dix ans de cet évènement majeur pour la culture et la création au Mali, les organisateurs ont concocté un programme spécial pour célébrer le livre et les créateurs. Des conférences, des ateliers d’écriture, des expositions photos, rythmeront la semaine du 17 au 24 février à Bamako, Djenné et Tombouctou.

De 5 livres produits en 2008, lors de sa première édition, la rentrée littéraire au Mali en a enregistré 36 lors de l’édition de 2017. Un progrès certes, mais bien en deçà des potentialités et surtout au regard de ce que le Mali devrait représenter dans le domaine de l’écriture, avec les villes de Djenné et Tombouctou, berceaux de manuscrits anciens. Une des raisons qui justifient d’ailleurs le choix de ces villes pour abriter avec Bamako les festivités de ces dix ans. Pour « célébrer le lien » et incarner cet espace de débats et de rencontres, la rentrée littéraire se passe cette année sous le thème de « l’humanité est un lien ». Cet espace sera aussi un pont entre le Mali et tous les autres pays qui seront présents à cette dixième édition.

Des rencontres et échanges

2018, étant aussi une année d’élections au Mali, les organisateurs veulent « interpeller » les candidats à l’élection présidentielle sur les problèmes que rencontrent le secteur du livre et leurs solutions. Cette édition spéciale sera aussi l’occasion d’une série d’hommages à ceux qui ont accompagné l’évènement depuis ses débuts. Au total 50 auteurs venus des 5 continents seront présents au rendez-vous. Plusieurs personnalités du monde de la culture seront également présentes et un invité d’honneur, en la personne de l’artiste africain Alpha Blondy, pour sa contribution originale à la promotion du livre. En marge des rencontres, débats, 4 expositions dont une consacrée aux auteurs maliens et une au fleuves du monde, donnera aux visiteurs la possibilité de découvrir 19 fleuves de 25 pays à travers 131 photographies. Les différentes activités dont l’accès est gratuit, se dérouleront dans les six communes du District de Bamako et dans les villes de Djenné et Tombouctou. Les sites sont la Bibliothèque nationale, les lycées (10 pour chacune des rives de Bamako), les grandes écoles, l’Institut Français de Bamako et le centre culturel Blonba.

 

Le trésor de Tombouctou, l’histoire d’un sauvetage

En avril 2012, la nuit s’abat sur le solaire Tombouctou : venus du nord du Mali et du désert, les djihadistes d’Ansar Dine envahissent la ville et font régner la terreur. Non content d’imposer (surtout aux femmes) une dictature se réclamant de la charia et du rejet du mode de vie occidental, le groupe armé s’attaque aussi à la culture et à l’histoire de la cité. Ancien grand centre spirituel arabo-africain qui connut son apogée aux XVe et XVIe siècles, et carrefour commercial au croisement de nombreuses cultures, Tombouctou incarne ce que les miliciens islamistes ne supportent pas : le brassage, le savoir et la tolérance. Détruisant de nombreux mausolées, ils menacent surtout les bibliothèques et leurs inestimables trésors, des manuscrits séculaires, porteurs de la mémoire du pays.

ICOM : sauvegarder nos biens culturels

Une liste des patrimoines culturels et objets d’arts, comportant une section spéciale « urgence Mali », sera dévoilée au Musée National de Bamako par l’ICOM.

Ce vendredi 16 décembre au Musée National de Bamako, sera dévoilée la liste Ouest-africaine des biens culturels en péril et notamment. La liste ouest-africaine de l’ICOM, dévoilée ce matin à Bamako comporte une section « Urgence Mali », en raison du risque important de vol d’objets et de manuscrits suite à la crise de 2012. C’est une initiative du Conseil international des musées (ICOM) dont l’une des missions essentielles est de lutter contre le trafic illicite d’objets d’art. L’un des moyens principaux de lutte consiste à distribuer aux polices et aux douanes du monde entier des listes types d’objets protégés, leur permettant ainsi d’agir en cas de soupçon de trafic. En tout, l’ICOM a recensé 16 listes rouges éditées depuis l’an 2000 concernant 25 pays dont le Mali. Parmi ces objets, les manuscrits de Tombouctou, des vases funéraires nigériens et beaucoup d’autres. Des objets très anciens, recherchés justement par les collectionneurs. Ce qui rend le trafic difficile à démonter est le fait que les policiers et douaniers ne savent pas toujours faire la différence entre un objet dont le commerce est autorisé et un autre objet, interdit à la vente.

La liste a permis de retrouver depuis sa création il y a 16 ans, bon nombre d’objets d’art et de collections à la douane, entre autre 600 statuettes nigériennes et 8.000 objets pillés durant la guerre en Afghanistan en 2011. Durant la crise malienne de 2012, en tout, 14 mausolées ont été détruits à Tombouctou par les djihadistes, sur 16 inscrits sur la liste du patrimoine mondial.