Le numérique au secours des manuscrits anciens

Le patrimoine malien comprend des centaines de milliers de manuscrits anciens dont la plupart sont de très grande valeur. Pendant l’occupation des régions nord du pays et particulièrement Tombouctou, ils ont été pillés par les différents groupes armés. Bamako accueille depuis le 28 janvier une conférence internationale qui se penche que les moyens de les préserver au mieux. Venus du monde entier et du Mali, notamment de Tombouctou et de Gao, les participants partagent leurs expériences en vue d’atteindre les résultats escomptés. Lors de la journée du jeudi, a eu lieu un panel portant sur le rôle important du numérique dans la sauvegarde et la conservation des manuscrits anciens. Le numérique a en effet permis de conserver 4203 manuscrits anciens qui ont été brûlés ou volés lors de l’occupation des régions du nord en 2012 et 2013. l’université numérique au service des manuscrits anciens a été présentée par M. Jean Pierre Chante, représentant de l’INSA Lyon-France. Créée depuis 2003, l’université numérique de Lyon est au service des manuscrits anciens. En 2011, elle a recensé 100 000 manuscrits sur Tombouctou et plus un détenteur de Diré. Elle entend former également les détenteurs de manuscrits à  travers une aide de 100 000 euros par an. l’objectif est de relever les défis de l’heure et conserver de façon intemporelle les biens du patrimoine mondial. Les manuscrits anciens dans leur ensemble sont porteurs d’enseignement indispensable pour le développement d’une société. Ils interviennent dans les domaines tels que la bonne gouvernance, la réconciliation, la cohésion sociale et la santé sexuelle. C’’est le cas du manuscrit N° 2145 et N°827 respectivement sur la bonne gouvernance et les conseils pour un bon souverain.

Quel avenir pour les manuscrits anciens du Mali?

Intitulée « Les manuscrits anciens face aux défis de l’heure », cette conférence vise à  trouver des solutions durables aux enjeux de la sauvegarde et de l’exploitation efficiente des manuscrits, exfiltrés de Tombouctou lors de l’occupation du nord par les groupes armés en 2012. Ils sont nombreux, les experts nationaux et internationaux, partenaires, ONG et institutions gouvernementales à  assister à  cette rencontre pour débattre des questions qui détermineront le futur de ces précieux écrits dans les bibliothèques et musées du monde entier. «Quelles visions universelles pour la sauvegarde des manuscrits ? Quels rôles doivent jouer l’Etat, les partenaires, ainsi que les communautés locales pour renforcer la protection des manuscrits ? Quel cadre juridique mettre en place pour protéger les manuscrits, les bibliothèques et les propriétaires ? » sont entre autres questions posées par Me Mountaga Tall, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique lors de son intervention. Selon le ministre, ces questions sont fondamentales et doivent être débattues pour améliorer la conservation des manuscrits et tirer un meilleur profit pour la science, les techniques et le développement. Pour le Coordonnateur Résident du système des Nations Unies au Mali, David Gressly, la protection de tous les éléments qui constituent le patrimoine culturel malien a toujours été leur cheval de bataille. Il a saisi l’occasion pour exprimer son admiration pour « le courage que les communautés ont eue, en prenant des risques considérables pour exfiltrer dans la discrétion, près de 350 000 manuscrits durant l’occupation du nord du pays.» Reconstruire, sauvegarder « Les crimes contre la culture, l’autodafé des livres et des manuscrits portent la trace de la pire des agressions contre la dignité humaine et les valeurs qui nous rassemblent. C’’est pourquoi l’UNESCO s’est portée aux côtés du gouvernement du Mali, afin de l’aider à  mobiliser la communauté internationale pour reconstruire les mausolées, et sauvegarder les manuscrits (…) » tel est le message délivré par la Directrice générale de l’UNESCO à  l’occasion de la cérémonie d’ouverture, à  travers son représentant au Mali, Lazare Eloundou. Selon les dernières estimations, le Mali compte environ 400 000 manuscrits. l’UNESCO s’est engagée à  réhabiliter les 3 mosquées endommagées et les 14 mausolées rasés, et à  sauvegarder son exceptionnel patrimoine documentaire encore inexploité que sont ses manuscrits anciens, dont plus de 4200 ont été délibérément brûlés, causant une immense perte pour l’histoire du Mali, de l’Afrique et du monde.

Crise au nord: L’Unesco vient s’enquérir du sort des manuscrits

Le 20 avril dernier, à  Tombouctou, le monument de l’indépendance Al Farouk était saccagé. Le 4 mai, dans la même ville, le mausolée Sidi Mahmoud Ben Omar Mohamed était profané par des membres de groupes islamistes armés. Dès le lendemain, l’Unesco s’était dit préoccupé par la préservation des mosquées et des mausolées inscrits depuis 1988 au Patrimoine mondial. Ces événements ravivent le souvenir de la destruction des magnifiques Bouddhas de Bâmiyân par les talibans afghans en 2001. Une situation suffisamment inquiétante pour qu’une délégation de l’Unesco menée par la sous-directrice générale Afrique Lalla Aicha Ben Barka se déplace à  Bamako à  l’invitation du ministère de la Culture. Le 20 mai, la rencontre finale a réuni des représentants du ministère, de l’Unesco et de la société civile, invités à  apporter des témoignages et des propositions. Des témoignages inestimables « Les biens culturels sont une partie de notre corps. Quand on les touche, C’’est une atteinte à  l’intégrité de notre corps », a déclaré la ministre de la Culture, Diallo Fadima Touré. Au-delà  des édifices religieux et funéraires, la crainte est grande pour les célèbres manuscrits de la ville aux 333 saints. Plus de 30.000 documents ont été répertoriés mais il en existerait en fait plus de 300.000, jalousement gardés par les descendants des érudits qui les ont écrit ou étudiés, ou encore par ceux qui les ont recopiés. Autant de témoignages inestimables du rôle prépondérant que la cité sainte a joué dans le développement intellectuel, culturel et scientifique et la diffusion des savoirs à  son âge d’or, entre le 12e et le 15e siècle. Evacuer les manuscrits ? Leur destin est désormais entre les mains des groupes islamistes armés, qui contrôlent notamment l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, o๠une partie d’entre eux est exposée. « Il faut être très prudent et ne pas se précipiter », conseille Abdel Kader Haà¯dara, président de l’association pour la sauvegarde et la valorisation des manuscrits. Selon lui Ansar Dine s’est engagé à  protéger les documents. A patrimoine mondial, responsabilité mondiale. Le représentant du Haut conseil islamique, présent à  la réunion, s’est prononcé en faveur de l’organisation d’un colloque international sur l’islam avec la participation des groupes armés, de l’UNESCO, de l’ISESCO (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture) et de la mosquée Al-Azahr du Caire, autorité intellectuelle de l’islam. « Ce qui se passe au Mali nous interpelle tous », a déclaré Lalla Aà¯cha ben Barka, accompagné par le directeur du Centre du patrimoine mondial, Kishore Rao. Evoquant l’éventualité d’une guerre dans le Nord ce dernier est resté prudent sur la nécessité de procéder à  une évacuation préventive des précieux manuscrits.

Tombouctou la mystérieuse : Mille années de civilisation

Située au Nord du Mali et à  950 km de Bamako, Tombouctou souffle ses 1000 bougies cette année 2010. Coà¯ncidant avec les cinquante années d’indépendance du pays. Ville mystérieuse et cité des 333 saints, Tombouctou tire son originalité non seulement de son architecture particulière, son riche artisanat, mais aussi et surtout, ses mystères qui ne cessent d’impressionner les visiteurs au quotidien. Historique de la cité Selon l’historien Salem Ould Elhadje, la ville de Tombouctou a été créee par des éleveurs arabes. Ces derniers ont immigré vers le désert du Sahara, à  la recherche de meilleures conditions de vie. C’’est ainsi qu’ils creusèrent un jour un puit qui deviendra une véritable source d’eau potable et naturelle. Et lorsqu’ils partaient à  la recherche de leur pain quotidien, ils confiaient tous leurs bagages à  une vieille dame, en plus du puit qu’elle devait garder. Cette dernière s’appelait Bouctou. Et lorsqu’on demandait aux voyageurs de retour, o๠est-ce qu’ils allaient, ils répondaient «Â nous partons à  tinbouctou », c’est-à -dire, au puit de Bouctou. Mr Salem signale qu’il n’y a que les touaregs, les arabes et les anglais qui prononcent bien le nom Tinbouctou. C’’est par la suite qu’avec la colonisation, les français lui donnèront le nom de Tombouctou. Affluence vers la ville Après la chute de l’empire du Ghana entre les 12e et 13e siècles, les habitants du Wagadou émigrèrent vers Tombouctou. Ces migrants composés de l’empereur Kankan Moussa, étaient majoritairement musulmans. Après le retour de Kankan Moussa de la Mecque, il fit construire la grande mosquée de DJINGAREYBER par un architecte du nom d’Abou Isaac venue d’Arabie. La construction qui dura cinq ans, débutera en 1325. Tombouctou atteindra son apogée au 16e siècle avec de nombreux commerces assez fleurissants de tissus, de barres de fer, de tapis, d’épices, d’or et aussi d’esclaves, etc. b Cité des 333 saints ] l’historien tombouctoutien Salem Ould explique que le nombre 333 est en réalité un symbole. Il explique «Â 3 est un chiffre qui a une signification particulière dans la religion musulmane. C’’est le chiffre de la Baraka. Tombouctou l’a écrit 3 fois. Les 333 saints sont la ceinture spirituelle de la ville sainte. Leurs tombes entourent la ville comme un cercle. C’’est l’édifice qui empêche la maison de tomber. » Il affirme que le 333e saint du nom de Sidi Yehia Al Andeloussi Al Tadessi, est arrivé dans la ville en 1440. La cité mystérieuse Les mystères de la ville de Tombouctou se découvrent tous les jours. C’’est ce qui fait sans aucun doute, son charme et sa beauté. Parmi ces mystères, nous pouvons citer le cas du camp militaire dont la porte ne ferme jamais. Et cela, malgré les nombreuses tentatives de mises de serrure à  la grande porte d’entrée. Nous avons aussi une porte à  Sidi Yehia qui ne s’ouvre jamais et une autre dans le quartier de DJINGAREYBER qui ne se ferme jamais elle non plus. Un autre mystère de Tombouctou selon Mr Salem, C’’est que, quelques soient les conditions de vie des populations, les menus sont aussi variés les uns que les autres dans les familles pauvres et riches. Il certain que cette ville demeurera un mystère pour tous, parce qu’elle ne cesse de nous étonner à  chaque fois qu’on se perd dans ses ruelles sablonneuses…