3 questions à Mary Moussa Coulibaly, directeur du cabinet de recrutement Antarès

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez avec les personnes que vous employez ou recrutez ?

La ressource humaine est difficile à trouver. Ceci dit, il reste de véritables problèmes dans la formation des jeunes. Je ne veux pas dire que tout le monde n’a pas le droit d’aller à la  faculté, mais si c’est pour aller y faire de la sociologie, de la philosophie ou de la géographie, à quoi cela nous sert ? C’est à ce genre de problèmes que nous sommes confrontés. Aujourd’hui, tout le monde va à la faculté pour étudier ces matières et se trouve après sur le marché du travail sans emploi.

C’est donc la formation que vous remettez en cause ?

Ce que je remets en cause, ce n’est pas tant la formation mais son inadéquation avec les besoins de notre économie. Ceux qui sortent des écoles sont mal formés. Il y aura toujours besoin de professeur de philosophie, de géographie. Mais je me demande pourquoi tous les étudiants vont dans ces filières tout en sachant que les débouchés sont peu nombreux. Il y a un problème d’orientation.

Que préconisez-vous face à cette situation ?

Il faut mettre en oeuvre un véritable travail de fond pour que l’opinion puisse comprendre que le véritable problème est le système d’orientation.Aujourd’hui, ceux qui sont sur le marché du travail ne répondent pas aux attentes de notre économie, et nous sommes obligés d’aller chercher dans la sous-région.

L’adéquation formation-emploi : la complexe équation 

Chaque année, ce sont des dizaines des milliers de jeunes qui débarquent sur le marché de l’emploi, où ils sont en butte à des difficultés d’insertion, bien que les opportunités d’emploi soient nombreuses. Seul problème : l’inadéquation entre la formation qu’ils ont reçue et les besoins du marché. Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, en convient :« Nous sommes en train de travailler sur l’adéquation entre la formation que les jeunes reçoivent et les besoins des entreprises en matière de ressources humaines, en impliquant vraiment le secteur privé. Car si on réussit à faire ça, on peut réussir à casser le cycle du chômage ». Même son de cloche du côté du secteur privé, où l’on indexe le déficit de ressources humaines qualifiées. La grande majorité des jeunes diplômés le sont dans les filières comme le droit ou les sciences sociales, des disciplines qui ne sont plus adaptées aux besoins du monde professionnel. « Les jeunes formés au Mali sont difficilement employables. Souvent, les entreprises font contre mauvaise fortune bon cœur en recrutant un ingénieur pour un poste de technicien supérieur. Même s’ils sont recrutés, ils ne sont pas nombreux ceux qui excellent. Les conditions sine qua non ne sont pas réunies pour que les jeunes soient bien formés », estime Dary Sacko, assistant du directeur d’Antarès, un cabinet de recrutement, et enseignant à la faculté de droit. Avant d’ajouter qu’il y a besoin que le département en charge de l’Éducation s’implique dans l’orientation des élèves pour qu’ils se tournent vers les filières porteuses qui leur ouvrent la porte de l’emploi. Ainsi, selon Moussa Mara, ancien Premier ministre, « la question de l’éducation et de la formation professionnelle doit être abordée pour changer radicalement nos programmes, nos filières et l’esprit dans lequel nous encadrons les jeunes ». Mais M. Sacko, veut rester optimiste, car « il existe aussi sur le marché des perles rares qui sont formées au Mali ».