Mariage tardif au Mali : pour Safiatou, la vie conjugale est trop ennuyeuse

Pourquoi certaines filles tardent à  avoir un mari ? La réponse à  cette question parait banale, mais elle s’éloigne, à  vrai dire, des hypothèses fantaisistes qu’on pourrait en apporter. Le mariage comme statut social Dans la société malienne comme dans bien d’autres milieux sociaux africains, certaines jeunes filles en âge de fonder un foyer, généralement autour de 22-23 ans, rechignent à  se plier à  cette étape de la vie sociale. Même si des superlatifs ne manquent pas pour expliquer le phénomène, il n’en demeure pas moins qu’il est en décalage total avec les principes édictés par la tradition malienne. Afin d’échapper à  tout harcèlement social, nombreuses sont les jeunes filles qui brandissent le prétexte d’être en quête de l’homme idéal… « Le bon mari ? ». Elles sont nombreuses à  se lancer à  la conquête de l’homme idéal qui n’est autre que l’homme riche. Ainsi, elles peaufinent leur choix avec à  la clé des critères purement matériels et financiers. Si se marier procède d’une vocation sociale, du reste incontournable, dans la société Africaine, bon nombre de demoiselles ne l’entendent pas de cette oreille. Le phénomène date depuis longtemps, mais il commence à  connaà®tre des proportions grandes. Au grand dam des mères pressées de voir leurs filles avec la corde au cou. A en croire le Dr Fafré Coulibaly, toutes les valeurs et principes traditionnels liés à  la tradition sont entrain de s’effriter pour laisser place à  un modernisme à  l’occidental. Quand une jeune fille traà®ne à  se marier, ce n’est pas un phénomène Africain. D’autant plus que la tradition exige à  ce que la jeune fille soit vite donnée à  un mari. Or si l’on observe bien , ces réfractaires au mariage, ont pour la plupart vécu en Europe pour leurs études :  » Moi je préfère attendre au lieu de me jeter au bras de n’importe quel bénêt riche ou pas ! De toute façon, c’est mal vu ici, mais il serait bon de pouvoir vivre un peu avec son amoureux pour apprendre à  mieux le connaà®tre ! », confesse Lalla, 32 ans et commerciale. Ce à  quoi, Mme Camara Assitan Diallo répond outrée :  » Le concubinage est la voie à  toutes les dérives. Qui nous garantit que le couple finira par se marier ? » Le débat est lancé ! Le poids de la tradition «Dans le passé, la jeune fille n’avait aucune occasion de traà®ner sans mari. Et ce compte tenu de la pesanteur de la tradition. Aujourd’hui, force est de constater que ce garde-fou s’effrite progressivement, en laissant libre cours à  la liberté et ou au libertinage.». Libertinage De nos jours, la société malienne semble accorder trop de liberté aux filles dans le choix du moment de leur mariage. Ce qui fait que souvent, elles deviennent sélectives dans leurs choix de « l’homme idéal ». Et mieux, elles ont beaucoup de mal à  en découdre avec les habitudes du monde moderne, o๠la femme a le contrôle de sa vie. Le phénomène est aussi lié à  une acculturation fortement ancrée dans les réalités occidentales. La propension de certaines filles à  ne pas se marier tôt, s’explique par le fait qu’elles se fixent des critères de choix, souvent trop rigides. Sauter le pas Pour Mme Traoré Aissata Touré, le bon choix réside dans le risque qu’on prend pour se marier à  tel ou tel mari. « Autrement dit, C’’est en prenant le risque de se marier à  tel ou tel homme qu’on se rend compte qu’il est bon. Car souvent, on se fait trop d’idées sur les hommes pour rien ». Ainsi, nombre de femmes sont beaucoup trop sélectives dans leurs choix. Or, dans la société traditionnelle malienne, une jeune fille doit se marier tôt pour ne pas succomber à  des dérives de nature à  compromettre sa légitimité dans la vie sociale. Pour Safiatou Touré, il faut finir de jouir de tout son statut de célibataire avant de s’engager dans la vie conjugale…trop ennuyeuse. Comme elle, plusieurs jeunes filles estiment que le foyer met un terme à  la liberté et devient une étape à  entamer avec beaucoup de sérénité et de sérieux. Et que la jeunesse est l’instant approprié pour vivre ses ardeurs, s’éclater une bonne fois ou jamais ! » Infuence du milieu social Le fait qu’une jeune fille tarde à  se marier peut également s’expliquer par l’influence très marquante de son milieu social. Car souvent la mentalité qui anime certains proches et amis, peut influer négativement sur la décision de la sujette à  aller vers le mariage. Nombreuses sont ces jeunes filles qui restent dans le piège de critères souvent irréalistes et se prêtent du coup à  la stigmatisation sociale. Dans le milieu rural en général, une fille qui dépasse l’âge requis du mariage, est souvent taxée de tous les mauvais comportements du monde.