Quel leadership pour la réponse à la crise Ebola ?

Journaldumali.com : Ebola est en recul dans les pays touchés. C’’est une nouvelle qui suscite l’espoir. Pourtant, vous demandez de ne pas se réjouir trop vite Christophe Martin: Je crois qu’il faut veiller à  ne pas crier victoire comme on peut le lire aujourd’hui dans certains médias internationaux laissant entendre que finalement le Libéria est sur le point de se sortir de la situation de crise et que certes, il y a encore des foyers en Sierra Leone et en Guinée mais qu’on est en train de répondre à  cette crise en termes d’urgence sanitaire. Je crois qu’on est malheureusement très loin de ça. On connait aussi la difficulté de la fiabilité des informations. Est-ce qu’aujourd’hui les quelque 7000 cas sont effectivement la réalité du nombre de personnes décédées, est ce qu’on est au-delà  de ces chiffres-là  ? C’’est vraiment une mise en garde. Il y a aussi le risque que nous rentrions possiblement dans une situation de crise chronique avec peut-être pas autant de décès par centaine par semaine ou par mois mais des foyers comme ça qui surgiraient ci et là , à  la périphérie des villes ou en province dans ces pays, ou voire à  l’étendue de la région dans d’autres régions. Ce qui poserait le problème de comment répondre à  cette crise et comment surtout garantir l’effort constant de la communauté internationale, des intervenants, des bailleurs de fonds pour s’inscrire dans la durée. On espère qu’on n’ira pas vers ça, mais C’’est quelque chose sur lequel je crois qu’on doit être très attentif. Justement, vous avez parlé de scenario qui vous avez imaginez pour le nord du Mali. De quoi s’agit-il exactement ? On sait aujourd’hui quelle est la situation d’insécurité qui prévaut encore au nord du Mali. Le CICR est une des seules organisations internationales avec une présence effective sur place. Nous soutenons l’hôpital de référence à  Gao. Comment est-ce que nous serions nous, les humanitaires amenés à  gérer des cas d’ Ebola s’ils venaient à  se présenter. On ne le souhaite pas, on espère que le pays pourra être déclaré dans quelques jours Ebola free, comme le on dit. C’’est quelque chose qu’on doit garder, C’’est un pire scénario sur lequel malheureusement aujourd’hui, le CICR cherche à  réfléchir en terme de contingence, une fois encore, quelles seraient nos capacités de réponse et comment est-ce qu’on gèrerait les enjeux sécuritaires du Nord du Mali par rapport à  des cas Ebola si elle devait être avéré. Qu’en est-il de la coordination sur le plan international? Cela a été rappelé par plusieurs intervenants dans le cadre de ce forum. Ce qui manque aujourd’hui dans la réponse à  la crise Ebola, C’’est un leadership. Il est important de pouvoir coordonner les efforts internationaux, de pouvoir fixer les priorités et de pouvoir s’assurer de l’adéquation entre les besoins et la réponse que la communauté internationale avec les Etats doivent fournir. Pour cela, il faut absolument qu’il y ait un leadership qui soit effectif. Et à  ce titre, le CICR et d’autres organisations qui travaillent sur place voyons dans les mécanismes qui ont été mis sur place, que ce soit à  travers leur représentant spécial ou l’OMS, la nécessité de réaffirmer ce leadership, parce que aussi longtemps qu’on ne l’aura pas une vision globale, on risque d’avoir des réponses qui seront ponctuelles.

40 Downtown Atlanta : un « musée » pour la mémoire des droits civiques

Loin d’être un musée seul, le « Center for civil and Human Rights », est un lieu de mémoire situé près du Parc Olympique d’Atlanta. « Un tel endroit n’existait nulle par aux Etats-Unis. Il y a quelques sections sur les droits civiques dans certains musées de l’Amérique, mais pas un lieu exclusivement dédiée à  la mémoire des Blacks civil Rights movements », explique Doug Shipman, CEO du centre. Au rez-de chaussée, pénétrez dans l’univers de Martin Luther King Jr. En lettres lumineuses, le slogan « I have a dream » plonge le visiteur une cinquantaine d’années en arrière, lorsque le jeune pasteur, déclamait sur le National Mall de Washington, son discours historique. Enfermés dans un présentoir, les notes, pensées et effets personnels du Dr King. Un peigne, de la poudre Fabergé, de l’eau de Cologne, une mallette. « Martin Luther King était un homme d’une grande classe », commente un admirateur. Dans la grande salle d’exposition, des photographies en noir et blanc, des années 50, 60. Le temps de la lutte pour les droits civiques, le bus de Rosa Parks reconstitué et les émeutes brutales des adeptes les plus radicaux de la ségrégation dont Georges Wallace. Avec un casque sur la tête, revivez les exactions contre les noirs, entrez en plein C’œur de la discrimination raciale. Combien de temps tiendrez-vous ? Puis, tournez vous vers l’immense écran géant et participez aux marches, aux discours légendaires. « Nous marcherons, nous nous battrons jusqu’ à  avoir la liberté, la liberté, rien que cela ! », clamait ces leaders noirs. Les femmes elles suivaient déterminés, telles Lydia Arnold ou Carolyn Banks, militantes de l’Association des Etudiants noirs d’Atlanta. « Nous étions déterminées à  changer les choses, même si nous savions que nous pouvions faire de la prison pour cela et nous avons été enfermées quelques jours pour avoir marché », se souvient Lydia Arnold face à  son auditoire à  la Clark Atlanta University. Mais l’histoire ne s’arrêtera pas là . Au motel Lorrain de Memphis, Tennesse, un homme était debout au balcon. Prês à  entrer dans la légende. Le Révérend Jesse Jackson l’accompagnait la veille. Le lendemain, C’’est une foule immense qui pleure, accompagne la dépouille du Dr King, assassiné le 4 Avril 1968 ; Sur une photographie, le visage noble mais chagriné de Coretta Scott King, jeune veuve et ses quatre enfants. Le National « Center for Civil and Human Rights » est un lieu tourné vers le futur, rappelle Doug Shipman, qui lors de l’inauguration, le 24 juin 2014, a invité tous ceux qui ont mené le combat pour les droits civiques à  se lever : “Parce qu’au bout du chemin, ce centre se révèlera par ceux qui changent le cours de leur destin, et celui des autres, en devenant les prochains Gandhi, Mandela et Martin Luther King de demain”…

Martin Ziguélé, regard croisé sur le Mali et la Centrafrique

C’’est en marge du Forum de Bamako que Martin Ziguélé, nous a accordé cet entretien. Le président de l’Alliance des forces démocratiques de la transition (AFDT) jette un regard croisé sur les crises malienne et centrafricaine. s’il a lui-même été aux affaires et Premier ministre de Centrafrique entre Avril 2001 et Mars 2003 , il estime que ces crises sont le fait de ceux qui veulent saper les institutions. Son mouvement entend jouer son rôle pour que la transition centrafricaine réussisse. Journaldumali.com : La Centrafrique connaà®t une instabilité qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons vécu au Mali ? Quel regard portez-vous sur la sortie de crise malienne ? Martin Ziguélé : Vous savez les crises qui frappent nos Etats ont deux caractéristiques : elles surviennent soudainement, mais en réalité, elles ont commencé il y a longtemps en amont. Pour le Mali, nous avons vu la crise atteindre son sommet avec le coup d’Etat de Mars 2012 et peu de temps après, la tentative djihadiste de s’emparer du pays. Quelques temps après en Centrafrique, l’Etat s’est effondré par une avancée de coalitions et de mouvements de rébellions. Le Mali a puisé en ses propres ressources pour sortir de cette situation. Aussi bien les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur et J’en ai été témoin, ont tout fait pour garder le pays au C’œur de l’agenda de la communauté internationale, en se mobilisant et grâce à  un plaidoyer intense jusqu’à  l’intervention salvatrice des Français. En Centrafrique aussi, nous nous battons pour mobiliser les forces républicaines et démocratiques en interne afin que notre pays ne sombre pas. La leçon à  tirer de tout cela, C’’est que la tolérance et le savoir-vivre ensemble sont le fondement de ces nations que nous sommes entrain de vouloir créer. Il ya eu les interventions « Serval » au Mali et « Sangaris » en Centrafrique, des interventions ponctuelles qui ont prévenu le chaos, malgré tout, on a vu les résurgences djihadistes au Nord Mali avec le Mujao ces derniers jours. A Bangui, la situation est loin d’être apaisée. Que font les forces africaines ? Vous savez, lorsqu’on parle de l’effondrement d’un Etat, il ne s’agit pas d’un mouvement isolé, mais cela veut dire que les institutions centrales sont faibles et l’institution centrale, ce sont quand mêmes les forces de défense et de sécurité. Ces forces en général n’ont jamais reçu, ni l’équipement, ni la formation, ni même la confiance nécessaire pour assumer leur mission. Et C’’est pourquoi la population sent qu’il n’y a pas une armée au profit des ennemis de la république. Cela montre qu’il y a un problème dans l’armée et dans d’autres institutions du pays sans légitimité, crédibilité, ni contenus. Au final, l’état s’effondre et toutes les digues tombent successivement. Vous qui avez été aux affaires, estimez-vous que Catherine Samba Panza, qui dirige la transition, sera à  la hauteur ? Madame Samba Panza est une femme très forte, sur le plan mental. Elle s’est toujours battue jusquÂ‘à  être cadre dans le secteur privé et dans d’autres postes de direction. Ensuite, elle a crée sa propre entreprise, s’est investie dans le champ social en participant à  plusieurs reprises dans les mécanismes de suivi du dialogue en Centrafrique. Elle a été présidente de l’association des femmes juristes en Centrafrique, défenseur des droits de l’homme avant d’être maire de Bangui jusquÂ‘à  la présidence de la transition. Je lui fais confiance et il faut qu’elle réussisse sa mission. Si elle échoue, C’’est le pays qui va sombrer. Si elle échouait, ce serait aussi l’échec de la classe politique centrafricaine dont vous faà®tes partie ? Non Madame, C’’est toute la nation qui échouerait! Nous devons tous la soutenir parce qu’elle représente la dernière chance pour notre pays. Vous voyez les atrocités, tous les jours et les déchirures de la société centrafricaine, alors comme femme et comme mère, comme celle qui donne la vie ou a donné la vie, J’espère qu’elle va redonner de l’espoir à  notre pays et je vous assure, que ce soit moi, ou mon parti politique, l’alliance des forces démocratiques pour la transition, qui est l’ancienne opposition, que je dirige, nous la soutenons de manière inconditionnelle. Vous pensez que le retour à  la stabilité politique va se faire rapidement comme la transition malienne ? Je pense que la lecture qui est faà®te de la situation en Centrafrique commence à  devenir réaliste. Maintenant, les uns et les autres ont compris que les milices qu’on qualifiait de milices chrétiennes sont en fait des milices militaro-politiques et qui voulaient déstabiliser durablement la transition. Maintenant, cela a été compris. On a voulu donner un aspect religieux au conflit ? La RCA comme le Mali, le Burkina, le Niger, la Côte d’Ivoire, comme tous les pays africains ont des communautés de différence de religion et d’origines et s’il fallait faire la guerre parce que vous êtes chrétien et que je suis musulman, il n’y aurait aucun pays en Afrique, qui serait en paix. Pourquoi est-ce en Centrafrique seulement qu’on voit cela, C’’est parce qu’il y a une instrumentalisation, une indexation de communautés, par des gens qui ont perdu le pouvoir et qui pensent revenir aux affaires par ce biais. Est-ce que les médias internationaux n’exacerbent pas ce côté? Non, les médias ne relatent que ce qu’ils voient. Ils cherchent à  comprendre et à  faire comprendre. Mais je vous le concède, les médias ont utilisé un terme impropre, C’’est de dire que ces milices sont des milices chrétiennes ; Moi je suis chrétien et le premier message des chrétiens, C’’est aime ton prochain comme toi-même ! Aucune religion au monde n’enseigne de tuer son prochain. Si Dieu qui nous a crée, et qu’il nous a donné diverses voies de le prier, il ne peut pas nous demander de nous entretuer. Ceux qui utilisent la religion blasphèment. Et je crois que la sagesse prévaudra, la paix reviendra et on saura qui sont les vrais coupables, et il faudra que justice se fasse. Je me réjouis de l’appel de Mme Bensouda de la CPI sur l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les crimes commis en RCA. Parce que C’’est l’impunité qui est à  la source de ce qui se passe en Centrafrique ? Comment jugez-vous la médiation au Nord du Mali et la reprise du dialogue avec les groupes armés ? Je suis un républicain et je pense qu’il ne faut jamais faire l’économie du dialogue, même quand l’adversaire n’est pas de bonne foi. La solution est politique ; La vie en société est politique. Et la politique vient du mot latin qui veut dire la cité. Il faut toujours dialoguer. Un homme de bonne volonté ne se décourage jamais et le message qui peut germer comme un grain apportera la paix.

Il y a 50 ans, Martin Luther King faisait un rêve

Il y a cinquante ans, des milliers de personnes s’étaient réunies devant le Lincoln Memorial de Washington après une longue marche pour demander l’égalité des droits et écouter Martin Luther King. Son discours illustre le désir de voir à  l’avenir les Noirs et les Blancs coexister en harmonie et vivre égaux. « Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux. » Je rêve que, un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à  la table de la fraternité. Je rêve que, un jour, l’à‰tat du Mississippi lui-même, tout brûlant des feux de l’injustice, tout brûlant des feux de l’oppression, se transformera en oasis de liberté et de justice. Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays o๠on ne les jugera pas à  la couleur de leur peau mais à  la nature de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve ! Je rêve que, un jour, même en Alabama o๠le racisme est vicieux, o๠le gouverneur a la bouche pleine des mots « interposition » et « nullification », un jour, justement en Alabama, les petits garçons et les petites filles noirs, les petits garçons et les petites filles blancs, pourront tous se prendre par la main comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve! » avait crié alors le pasteur King. Pour fêter le cinquantième anniversaire de ce fameux discours, les Etats-Unis ont consacré presque une semaine de commémorations, avec des marches, débats, concerts, expositions dans toute la ville. Samedi 24 août dernier, des milliers de personnes se sont massées tout autour de la « Reflecting Pool », l’étroit et long bassin faisant face au mémorial de l’ancien président. Le passage consacré au « rêve » de Martin Luther King est gravé sur les marches du monument, à  l’endroit précis o๠il avait parlé, cent ans après l’abolition de l’esclavage prononcée par Abraham Lincoln. Le point d’orgue de ces commémorations sera l’intervention ce mercredi 28 août de Barack Obama. Ce rêve vient de se concrétiser 45 années après par le sénateur Barack Obama, âgé à  peine de 2 ans à  l’époque, et qui devient ainsi le premier président noir dans l’histoire des Etats-Unis. Depuis le début de sa marche vers la Maison Blanche, le président américain s’est montré très prudent sur le sujet. Ce n’est qu’après une controverse provoquée par des déclarations enflammées de son pasteur qu’il avait abordé la question pendant la campagne pour l’investiture démocrate, à  l’occasion d’un grand discours très applaudi sur la question, le 18 mars 2008 à  Philadelphie.