Partout dans la ville de Bamako, on aperçoit des affiches publicitaires d’Orange sur le bord des routes, devant les maisons et les immeubles. Cette société, spécialisée dans la téléphonie, implantée au Mali en novembre 2006, a rénové ses services grâce à ses actionnaires, France Telecom et Sonatel. Avec Malitel, elle est le principal opérateur de téléphonie au Mali. Orange leader sur le marché malien ? Ses clients composés de toutes les couches sociales : industriels, artistes, politiciens, cadres de l’administration, ouvriers et paysans peuvent effectuer des transactions bancaires via le téléphone portable avec des envois d’argent grâce au service Orange Money. Ce service est incontournable dans un pays o๠le taux de bancarisation est faible, 11 %, selon la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Dans les locaux du siège d’Orange à Hamdallaye, un quartier de Bamako, o๠un opérateur, élégamment habillé, les yeux rivés sur un écran d’ordinateur, vérifie l’identité d’un client, un homme, qui veut effectuer un retrait de 150 mille francs CFA de son compte Orange Money. En moins de 5 minutes, le demandeur est servi et s’en va en souriant. Actuellement au Mali, Orange «Â est le seul opérateur qui effectue ce type de transfert d’argent. C’est pourquoi je l’apprécie plus que Malitel  », se réjouit-il. La société, anciennement Ikatel, a implanté ses bureaux et points de vente dans tous les quartiers de la capitale « pour satisfaire ses clients en leur proposant de nouvelles méthodes de communications » avec des installations sophistiquées qui permettent de téléphoner « efficacement à tout moment », explique Mamadou Koné, économiste, travaillant dans une ONG à Bamako. Par exemple, le nouveau système appelé A sara n’yé permet à un abonné de prendre en charge les appels émis par ses proches, amis, collaborateurs et parents ne pouvant pas recharger leur compte téléphonique « c’est une initiative à saluer », se félicite-t-il. Cependant, la société « a obligé ses clients à se souscrire à la tarification des appels par seconde lors des offres de bonus Diagné waati . La tarification des communications sur le réseau Orange est chère, 109 F par minute », se plaint ce jeune économiste, auprès des employés de l’opérateur « qui me répondent toujours avec courtoisie. Ils ne s’énervent jamais, même si je leur manque de respect. Par contre, Malitel est plus profitable, avec moins de 100 Francs, peut parler pendant une minute. En termes de coût des communications, je préfère Malitel, mais s’il s’agit de stabilité de réseau, je choisis Orange », ajoute-t-il. L’offensive Malitel, i dakawili Sur le site Internet de sa société, Norredine Boumzebra, Directeur général de Malitel, affirme que sa vision est de mettre à la disposition des Maliens des produits à moindre coût, d’installer de nouveaux équipements et d’étendre le réseau à Bamako et dans toutes les régions du pays en vue d’améliorer la qualité des services. Beaucoup de Bamakois constatent que le groupe Maroc Télécom, actionnaire de Malitel, a développé ces deux dernières années la société de façon spectaculaire: la création et la modernisation des infrastructures, la multiplication des points de ventes, Â
Mais « Malitel ne dispose pas de la technologie de pointe » pour améliorer la qualité de ses services, imagine Namory Kouyaté, un journaliste qui s’insurge contre le service client de cet opérateur qui ne répond pas souvent à ses appels lorsqu’il a besoin de renseignements. « Il y a des défaillances au niveau du réseau chaque fois qu’ils font des promotions sur les cartes de recharge. Lorsque je tente de faire des appels, on me fait croire que le numéro que J’ai composé est injoignable, alors la personne à qui je veux parler se trouve dans une zone couverte par Malitel, se lamente Kassim Traoré, un réparateur de téléphone portable. C’est à cause du dysfonctionnement de son réseau que Malitel a perdu un grand nombre de ses abonnés, irrités, qui ont finalement choisi Orange, une société plus performante », commente-t-il. Qualité de service et accessibilité Une vingtaine de personnes, interrogées sur la qualité des services d’Orange, sont unanimes. Le réseau de cet operateur est facilement accessible à tout moment. Sa stratégie marketing « est bonne », car la société sponsorise les grands événements sportifs : le football, en particulier. Une discipline aimée par la plupart des jeunes maliens. Quelques jeunes, vendeurs de téléphones portables devant le siège de la société Malitel à Bamako-coura, se précipitent vers les passants pour leur proposer leurs produits, et affirment qu’ils préfèrent conserver leur puce Orange, car le réseau Malitel est parfois perturbé et ne permet pas, ajoutent-ils, de communiquer en temps réel les résultats de certains matchs de foot à des personnes qui n’ont pas accès à la télévision dans les campagnes. Qu’est-ce qui explique la perturbation du réseau Malitel? Nous avons voulu poser la question aux responsables de la société qui n’ont pas répondu à notre demande d’interview. L’offensive Malitel Privatisée en juillet 2009, la société Malitel compte aujourd’hui plus de 672 000 abonnés mobiles, sa part de marché a atteint 31 %, indique le site Internet de l’opérateur qui ne révèle pas le chiffre d’affaires. Son directeur général, Norredine Boumzebra, explique sur le même site qu’il souhaite conserver et consolider la position de leader sur le marché de la téléphonie. Pourtant, Orange revendique également sur son site Internet la place de leader en télécommunications au Mali, avec ses 4 millions de clients, 40% en matière de couverture de réseau, 42 milliards de Francs CFA de chiffre d’affaires en 2010, ce que démentira pas Alioune Ndiaye, son PDG. Ce second opérateur se vante d’avoir versé 42 milliards de nos francs l’année dernière dans les caisses de l’Etat à titre d’impôts, de taxes, de redevances, de cotisation sociales et de droits de douanes. Sa contribution à l’économie nationale s’élève à 200 milliards de francs CFA depuis son arrivée en 2006. Le Match publicitaire Les deux opérateurs, Malitel et Orange, intensifient les publicités dans les médias, multiplient les promotions en offrant des bonus sur les cartes de recharge. Ces bonus vont de 100 à 200%. Le premier opérateur vend une puce à 500 francs, invite les Maliens à participer à une loterie. Il y aura une récompense à la clé, une voiture et 3 motos. Le second proposait en Septembre dernier une villa moderne à Bamako, des motos et 50 000 francs CFA de crédits gratuits pour celui ou celle qui aura gagné la tombola. «Â J’ai joué plusieurs fois. Je n’ai jamais gagné. Je ne crois plus à ces jeux concours. La stratégie commerciale des deux sociétés est d’inciter les gens à acheter plus de cartes de recharge et de consommer plus de crédits. « On nous trompe. Dans ce domaine, je n’aime ni l’une ni l’autre », explique Drissa Coulibaly, un marchand ambulant avant d’ajouter «Â Orange est le meilleur opérateur » au Mali. Bientôt un 3è opérateur… Les deux sociétés essayent de défier la concurrence pour accroitre leurs parts de marché. «Â Orange n’a pas de véritable concurrent actuellement au Mali o๠elle domine le marché de la téléphonie mobile », explique l’économiste Mamadou Koné qui souhaite l’arrivée d’un troisième operateur dans notre pays. «Â Il n’y a pas de développement sans concurrence. s’il y a une concurrence rude entre trois sociétés, les clients bénéficieront de beaucoup de choses. Les tarifs seront réduitsÂ
 », espère-t-il. En tout cas, le Mali a lancé en septembre dernier l’appel d’offre international pour octroyer une troisième licence d’exploitation à un opérateur de téléphonie. La chasse est ouverte !