Procès Al Mahdi à la CPI: fin des audiences, verdict attendu le 27 septembre prochain

Le procès d’Ahmad Al Mahdi devant la CPI s’achevait le mercredi 24 Août 2016 dernier après trois jours d’audience. Le jugement et la peine de ce malien poursuivi pour la destruction de plusieurs mausolées à Tombouctou en 2012 lors de l’occupation jihadiste seront prononcés le 27 septembre 2016.

Toutes les parties se sont exprimées  le 24 août passé . Les débats ont porté sur la peine à infliger à ce Jihadiste. Comme Al Mahdi a plaidé coupable, le procureur a requis entre 9 et 11 ans de prison, conformément à un accord passé avec la défense. Parallèlement accusation et défense ont voulu convaincre les juges que les 9 à 11 ans requis seraient une sentence appropriée, alors que la peine maximale encourue par Al Mahdi est de 30 ans.

« C’est un juste équilibre », a estimé le procureur. Un équilibre entre d’un côté, la gravité du crime, l’impératif d’apaiser les victimes et la nécessité d’un jugement dissuasif face à la multiplication des atteintes aux biens culturels dans le monde ; et de l’autre, les circonstances atténuantes propres à l’accusé. « Sa collaboration avec l’enquête, ses aveux et ses excuses doivent être pris en compte », a-t-il souligné.

La gravité des faits, le rôle de monsieur Al Mahdi, son intention, son profil militent pour une peine qui reflète pleinement sa culpabilité et qui soit aussi de nature dissuasive. Une peine qui rende justice aux victimes.
La défense, elle, a présenté l’image d’un intellectuel honnête, qui voulait bâtir sur ses convictions, mais qui, pris dans des circonstances exceptionnelles, a fait une grave erreur qui l’a finalement amené à détruire les mausolées. « S’il demande pardon, c’est qu’il sait qu’il s’est dévoyé, il faut lui accorder une présomption de sincérité », a plaidé Me Gilissen.

Si on est capable de reconnaître sa culpabilité, d’aider à la recherche de la vérité, oui, il y a place pour une forme de repentir et une manière de réduire la peine, dans des mesures extrêmement raisonnables. Ajoute Jean-Louis Gilissen.
Une sincérité dont doutent les victimes, d’autant que les excuses arrivent tard et « profitent à l’accusé », a souligné leur représentant. Face au sentiment d’humiliation et d’anéantissement, « les mots seuls ne peuvent suffire » a insisté Maitre Kassongo.
La réalité est que les victimes prennent mal l’aveu de monsieur Al Mahdi. Certaines pensent même que l’aveu de culpabilité ne sert que le responsable de ce crime. « J’en témoigne, parce que j’en reviens. Toutes les victimes sont remontées. rassure l’avocat Kassango.
Deux visions s’opposent :
à crime historique, sanction exemplaire, a plaidé Me Kassongo, Et Me Gilissen a lui mis en garde contre la justice pour l’exemple et demandé une peine à la mesure de l’homme et des circonstances.
A Bamako, les Maliens s’étonnent de la rapidité de ce procès historique pour eux.

Le procès du djihadiste Amahd Al Faqi Al Mahdi est déjà terminé. Abderamane Ag Mohammed, un habitant de Tombouctou, arrivé à Bamako il y a quelques semaines, est déçu. Le procès ne lui a pas apporté les réponses qu’il espérait. « Si on peut nous expliquer un peu plus, qu’on puisse comprendre. Bien. Mais finir le procès, comme ça, aussi vite. Les accords, c’était quoi ? On aimerait bien en savoir un peu plus. J’aimerai bien comprendre pourquoi il s’est retrouvé dans al-Qaïda et quelle est la raison exacte, et pourquoi ils ont fait tout ce qu’ils ont fait. »
Pour Alpha San Chirfi, le gardien du mausolée Alpha Moya de Tombouctou, le fait qu’Al Faqi Al mahdi ait plaidé coupable a clairement influencé l’accusation. Mais même si la peine est réduite, c’est un mal pour un bien, dit-il.
« L’accusation, il me semble, a été beaucoup influencée par son attitude de plaider coupable. J’ai eu l’impression qu’il y a déjà une espèce de clémence de l’accusation. Peut-être pour inciter les autres à venir, ceux qui sont prêts à collaborer. Parce qu’il y a des gens qui regrettent leurs actes mais qui ont peur de la rigueur de la justice. »
La rapidité du procès est en partie dû à l’accord passé entre la défense et l’accusation. Une diminution de la peine en échange d’une reconnaissance de culpabilité.