Sénégal : Le premier ministre, Abdoul Mbaye, se blanchit 

Près de huit mois après son arrivée à  la primature, le premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye a signé hier sa première sortie face à  la presse. Occasion saisie par le PM pour aborder la situation socio-économique du pays. Devant les hommes de médias, il a surtout ténu à  répondre à  ceux qui l’accusent de blanchir l’argent de l’ex-dictateur tchadien Hissène Habre qui vit au Sénégal depuis 1990 après sa chute. En effet le journal, La «Â Lettre du continent » avait fait cas d’un audit réalisé sur ordre du groupe marocain Attijariwafa Bank dans le cadre de la reprise de la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest(Cbao), dirigée par l’actuel premier ministre de 1989 à  1997. Selon les conclusions dudit audit, le chef du gouvernement sénégalais, à  en croire La Lettre du continent, serait impliqué dans un blanchissement d’argent en faveur de Hissène Habré via des comptes fictifs ou appartenant à  clients décédés. l’argent se chiffrerait à  une vingtaine de milliards de francs Cfa. Abdoul Mbaye est resté zen devant ces accusations et parle de diffamation même s’il se défend de porter plainte. «Â La moindre des choses quand on accuse une personne de blanchiment d’argent, C’’est de vérifier comment ce délit est défini dans la loi. La loi contre le blanchissement d’argent date de 2004 alors qu’on me reproche des faits qui remontent à  1990 » se défend le chef de l’attelage gouvernemental. Aldoul Mbaye a tenu à  préciser que ce sont d’abord les autorités sénégalaises de l’époque qui ont accueilli l’ex-dictateur. Il a cherché, explique t-il, à  déposer son argent dans des banques. «Â J’étais administrateur général de la CBAO. J’ai d’abord demandé aux autorités si je pouvais accepter cet argent comme dépôt auprès de ma banque. Pourquoi voulez-vous que je n’accepte pas, alors que la banque était à  l’époque dans une situation catastrophique ? Pourquoi voulez-vous que je n’accepte pas des dépôts qui n’ont aucun problème avec le sentiment des autorités sénégalaises ? », s’interroge, avec une pointe d’étonnement, celui qui se dit être la cible privilégiée des attaques. Pouvait-il en être autrement ? Non pour Abdoul Mbaye qui confie : «Â Le Président m’avait prévenu au soir de ma nomination, que J’allais être confronté à  d’éternelles attaques, ça n’a pas raté. J’avais espéré que cela cesserait à  un moment mais… »

Abdoul Mbaye, Premier ministre du Sénégal

Voici le visage du nouveau chef de Gouvernement sénégalais. Inconnu dans le paysage politique sénégalais, il a été nommé hier mardi, au lendemain de la prise de fonction du Président Macky Sall. Formé au Sénégal et en France, Abdoul Mbaye, âgé de 59 ans, est réputé chef d’entreprise rigoureux et sérieux, des qualités qu’il entend mettre au service de son pays et de ses compatriotes. « Je suis heureux de me mettre au service du projet décliné pendant la campagne électorale » et qui a été confirmé dans son discours à  la Nation, a déclaré le nouveau Premier ministre aux journalistes, peu après sa nomination. Son parcours La carrière d’Abdoul Mbaye commence en 1976 lorsqu’il la Banque centrale des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest comme économiste au département Recherche o๠il travaille sous les ordres de Alassane Dramane Ouattara. En 1982, il est nommé President Directeur Général de la Banque de l’habitat du Sénégal. En 1990, il devient le Directeur Général de la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO) créée sur les cendres de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO). Tout en étant à  la tête de la CBAO, Abdoul Mbaye lance la première société de leasing au Sénégal et le premier fonds d’investissement de l’Afrique de l’Ouest. En 1999 il fait partie du consortium qui rachète la Banque sénégalo-tunisienne dont il devient le Directeur Général. Il parvient à  redresser les résultats qui progressent considérablement les trois années suivantes. En 2006, Attijari Bank rachète la majorité des parts de la BST, dont les promoteurs réalisent une belle plus-value lors de l’opération. Sobriété, efficacité et célérité Les chantiers sont nombreux pour Abdoul Mbaye. Les problèmes de délestage, de chéreté de la vie, de chômage entres autres sont au C’œur des préoccupations des sénégalais qui ont voté à  plus de 65% pour Macky Sall, le 25 mars dernier. Pour y faire face, le nouveau pouvoir entend aller très vite. Ainsi, le nouveau gouvernement sera connu dès ce mercredi soir et devra être réduit au strict minimum, soit 25 membres qui se mettront aussitôt à  la tâche. « Ce sera un gouvernement qui devra conduire les affaires publiques dans la plus grande transparence, selon les principes de bonne gouvernance », a-t-il encore dit à  la presse. « La principale priorité sera de se mettre au travail. Le président Macky Sall tient à  ce que ses engagements devant le peuple soient respectés », a-t-il ajouté. « Tout est urgent », avait déclaré le Président Sall lors de son discours à  la Nation après sa prestation de serment. Il avait également indiqué que « l’Etat et ses démembrements (représentations) réduiront leur train de vie », évoquant notamment une rationalisation des missions à  l’étranger et de la carte diplomatique.

Prix Kéba MBAYE pour l’éthique : Me Wade rend hommage à Amadou Toumané Touré

Il a indiqué que « la simplicité, l’effacement de l’auguste juge sont une leçon à  enseigner aux jeunes». Le président Amadou Toumani Touré, qui a reçu, samedi dernier, au théâtre national Daniel Sorano, le 1er prix Kéba Mbaye pour l’éthique, a offert sa récompense aux enfants du Mali et du Sénégal. « J’ai décidé de partager le prix en deux parts : la première ira aux enfants du Sénégal et la deuxième aux enfants du Mali», a-t-il déclaré. Ce prix est décerné tous les deux ans par la Fondation Kéba Mbaye, un éminent juge sénégalais, décédé il y a quelques années. La récompense est constituée d’une médaille, d’un trophée, d’un diplôme et de 10.000 euros (6,5 millions de francs Cfa). Le président malien se dit très honoré et profondément touché de recevoir cette distinction qui porte le nom de l’illustre disparu qu’il considère comme un «père spirituel». «Dans ma vie de soldat et d’homme d’Etat, J’ai collectionné les médailles, mais ce prix Kéba Mbaye occupera une place particulière dans ma galerie», a-t-il indiqué, ajoutant que «la simplicité et l’effacement » de l’éminent juge sont «une leçon à  enseigner aux jeunes». Amadou Toumani Touré a indiqué que la cérémonie de remise du Prix Kéba Mbaye prolonge la longue liste des événements qui permettent aux Sénégalais et Maliens de célébrer la fraternité et les liens multiples qui unissent les deux pays dont le juge Kéba Mbaye est un artisan de cette construction fondée sur le sang entre les deux pays. «Lui le natif de Kaolack, dans le Saloum, a lié son destin à  une fille de Ségou (Mali), a-t-il souligné. D’ailleurs, pour rendre hommage à  celle-ci, il a confié avoir emmené dans sa délégation, Sékouba Kouyaté, le célèbre joueur de Ngoni, un instrument traditionnel de musique pour rendre hommage à  l’épouse du défunt juge, originaire de Ségou (République du Mali). Auparavant, Me Sidiki Kaba a dressé, dans une présentation ponctuée d’applaudissements nourris, le parcours élogieux du lauréat. Tout commence, souligne-t-il, le 26 mars 1991, date à  laquelle Amadou Toumani Touré s’est révélé au monde en dirigeant l’opération militaire qui a mis fin au régime de Moussa Touré. Elu président du Comité de réconciliation nationale, il est porté, le 29 mars, à  la tête du Comité de transition pour le salut du peuple. «Il conduit avec bonheur la transition qui durera 14 mois et engrange des résultats probants pour la jeune démocratie malienne, en particulier la tenue de la Conférence nationale dans le temps record de 15 jours qui produira des textes d’une importance capitale tels que : le projet de constitution, le code électoral, la charte des partis, l’Etat de la nation», indique Me Sidiki Kaba. Et d’ajouter sur un ton admirateur : «grâce à  ses talents d’organisateur méthodique et rigoureux, le calendrier des échéances électorales pour la mise en place des institutions de la 3e République est respecté dans le calme et la sérénité». Amadou Toumani Touré a, selon Me Sidiki Kaba, consolidé l’indépendance de la magistrature par l’adoption d’un statut de la magistrature garantissant l’inamovibilité des magistrats du siège, appuyé l’éclosion de la presse libre. Le président malien, après avoir transmis le pouvoir aux civils, montre une autre facette de lui, en sillonnant le continent pour prêcher la paix dans les foyers de tension comme le Rwanda. Ce parcours exemplaire, a-t-il ajouté, a justifié le choix porté sur le lauréat. «Le bilan de votre action humanitaire, politique et éthique est élogieux», a-t-il dit, soulignant que le chef de l’Etat du Mali est «resté sobre avec l’argent», plus encore qu’il a une «éthique du pouvoir», reflétant son attachement aux valeurs millénaires de son pays. A la fin de la cérémonie, Me Abdoulaye Wade a offert deux camions frigorifiques aux femmes de Bandiagara (Mali). Une annonce accueillie par des applaudissements.