PEN-Mali/ Malivaleurs : La nécessité de se réapproprier le passé

Lundi 19 septembre ont commencé les travaux de l’atelier préparatoire du colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels. Organisé par PEN-Mali et ses partenaires, la conférence inaugurale de l’atelier a surtout mis l’accent sur la nécessité de se réapproprier du passé pour faire face aux défis du présent et du futur.

Sous le thème « Regard croisés entre chartes sociales précoloniales (Kurukanfuga/Dina du Macina) et constitutions. Des énoncés précoloniaux en matière de droits et de libertés ? », la cérémonie d’ouverture de l’atelier préparatoire du deuxième colloque international des écrivains, journalistes et écrivains, a attiré un public important, avec notamment la présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté, du 4e Vice-Président de l’Adema-PASJ, Moustaph Dicko ainsi que d’éminents chercheurs et écrivains. Désigné commissaire scientifique du colloque, Me Amadou Tiéoulé Diarra, dans son intervention, a surtout fait le constat d’une société malienne où la laïcité est sous le coup d’une menace certaine du fait de la montée en puissance de l’intégrisme : « La floraison des mosquées, la pratique violente de la religion et l’irruption croissante des congrégations  religieuses dans le champ politique sont autant de phénomènes qui nous interpellent aujourd’hui. Ces phénomènes qu’il convient d’appeler sous le vocable ‘’intégrisme’’  mettent à rude épreuve le caractère laïc de la République. », a-t-il expliqué. Citant un article de l’écrivain sénégalais, Cheik Hamidou kane, qui écrivait en 1956, «Si l’islam n’est pas la seule religion d’Afrique occidentale, elle en est la première par importance. Je veux dire aussi qu’il me semble qu’elle est la religion de son cœur », l’avocat a estimé que l’équation est tout sauf simple : « Sommes-nous condamnés à subir impuissamment cette pratique sans nul doute erronée de l’islam auquel cas nous compromettrons l’avenir de la génération future, ou au contraire nous nous devons de nous appuyer  sur notre passé traditionnel soutenu par les réalités de l’heure pour apporter des réponses adaptées à la menace actuelle ? », s’est-il interrogé. Pour lui, il s’agit aujourd’hui de nous appuyer sur le passé, surtout qu’il y a eu une expérience d’existence d’État théocratique au Macina avec Sékou Ahmadou, basé sur les préceptes coraniques (la dina), ainsi que la charte de Kurukanfuka de 1236 qui traite aussi de la question religieuse.

Dans le contexte d’un pays qui sort de crise, la tenue de cet atelier a été salué par beaucoup, surtout ceux qui sont d’avis que le besoin s’impose aujourd’hui de préciser le rôle et la place de la religion, de la politique. Moustaphe Dicko s’est inscrit dans cette démarche et ne s’est pas privé de pointer la faillite de la classe politique malienne, sous-tendue par celle de l’intelligentsia. Pour le ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté, « on s’étonne que des sujets qui ne posaient aucune difficultés jadis, en posent aujourd’hui ». Il estime que pour la garantie de nos libertés, il faut que s’établisse un cadre juridique. Or, poursuit-il, « le drame c’est que le droit ne vient pas de nous. La majorité de nos lois sont d’origine étrangère par le biais de traités et conventions que nous signons et qui ont des répercussions sur notre société. » Et le ministre de conclure que « Notre aventure est ambiguë. Tant qu’on ne se lèvera pas pour savoir qui nous sommes, où on va, notre existence sera un perpétuel recommencement. »

Fonction publique : 13 000 fonctionnaires fictifs

Selon le ministère malien de l’Information, porte-parole du gouvernement, Mountaga Tall, 13 000 fonctionnaires fictifs ont été découvert à la suite de l’opération « contrôle physique des agents de l’Etat ». Une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités.

Le lundi 15 août, le ministre de Justice, Garde des sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, a annoncé que le gouvernement avait diligenté une enquête sur l’affaire des 13 000 fonctionnaires fictifs. Le pot aux roses a été découvert après que le gouvernement eut organisé en octobre, novembre et décembre 2014, l’opération «contrôle physique des agents de l’Etat», laquelle concernait les fonctionnaires civils, militaires, les contractuels de l’Etat ainsi que les fonctionnaires des collectivités territoriales. L’opération visait à détecter les agents fictifs. « Le ministre de la Fonction publique a effectué un contrôle physique en relation avec les paiements…et a détecté environ 13 000 employés qui étaient soit fictifs ou irréguliers (…) Les épargnes qui peuvent être réalisés si toutes les mesures sont prises seront d’environ 30 milliards de francs CFA. », a déclaré le ministre de la Communication et de l’Economie numérique et porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall.

A en croire le ministère de la Fonction publique, ces fonctionnaires fictifs étaient soit décédés, soit partis de la fonction publique. Une anomalie qui a occasionné une perte de plus de 30 milliards de CFA à l’Etat. L’enquête dont le ministre de la justice a demandé l’ouverture vise surtout à « situer les responsabilités ». «Quel que soit la situation, dans un cas ou dans l’autre, il y a un faux à la base, de sorte que ces agents sont connus, identifiés et peuvent être poursuivis en justice. Les agents qui touchent ces salaires, on peut remonter toute la filière à travers les données qui sont au niveau du bureau central des soldes et au niveau des départements à travers des services chargés des ressources humaines. », a commenté  Me Abdourahamane Ben Touré, avocat au barreau malien, interrogé par Studio Tamani.