Des sanctuaires de l’écotourisme à Bougouni et Yanfolila

Expliquer aux populations riveraines des forêts classées des cercles de Bougouni et Yanfolila, l’expérience inédite de partenariat public/privé pour la gestion des aires boisées. C’’est le but d’une visite du ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Pr Tiémoko Sangaré dans ces deux localités du 16 au 19 mars 2011. Il était accompagné du conseiller technique Souleymane Cissé, du directeur national des eaux et forêts Alassane Boncana Maà¯ga et de nombreux autres cadres de son département. Dans le but de protéger les forêts de ces localités, l’Etat a conclu un contrat d’amodiation en mai 2008 avec la société Agro industrie développement (AID SA). Cette société est dirigée par Ibrahim Togola, le directeur de Malifolkcenter, une ONG qui œuvre beaucoup dans le domaine de l’environnement. Le contrat porte sur un complexe de forêts classées et d’aires protégées comprenant cinq entités et couvrant une superficie de plus de 197.000 ha. Des études écologiques effectuées en 1991 ont montré que ce complexe constitue avec le Bafing dans la région de Kayes un des derniers refuges des grands mammifères de la savane ouest africaine. Avant de se rendre sur le terrain, le ministre Sangaré a présidé à  Bougouni, jeudi 17 mars, l’atelier de validation du plan d’aménagement du complexe forestier de Bougouni/Yanfolila. Ce document servira de bréviaire aux activités futures. « Ce plan d’aménagement doit être considéré comme un outil d’orientation et d’aide à  la décision qui permettra aux responsables régionaux et locaux de mieux comprendre le bien-fondé de l’amodiation et de créer une dynamique permettant à  long terme un développement socioéconomique stable du point de vue écologique dans le complexe et ses environs », a expliqué le ministre Sangaré qui a ajouté que « l’aménagement du complexe des forêts classées et des aires protégées de Bougouni/Yanfolila vise à  long terme la gestion des ressources de la biodiversité à  travers une exploitation rationnelle et soutenue de la faune et de son habitat et une amélioration de la biomasse forestière», a expliqué le ministre Tiémoko Sangaré à  l’ouverture de l’atelier. Le projet bénéficie de l’appui technique et financier de l’USAID. Ibrahim Togola a expliqué que dès que le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement apposera sa signature au bas du document du plan d’aménagement, la recherche du financement pourra démarrer. Il ambitionne de faire de la zone un sanctuaire protégé et générateur de revenus grâce au développement de l’écotourisme. Les activités prévues consisteront à  réaliser des actions d’aménagement et de protection de la faune, développer l’écotourisme, valoriser les productions agro-forestières en vue de l’accroissement des revenus des populations riveraines, réaliser des actions compensatoires de développement communautaire. l’idée est de créer des ranchs et des sanctuaires o๠la faune et la flore seront protégées efficacement et o๠les amis de la nature pourront venir de par le monde pour séjourner et regarder les arbres et les animaux sauvages. Le ministre Tiémoko Sangaré et sa délégation se sont rendus à  Yorobougoula, Filamana, Djiguiya Koloni, Garalo, Solabougoula. Dans toutes ces localités visitées, les populations qui sont déjà  informées des tenants et aboutissants du projet, ont exprimé leur adhésion tout en exprimant un certain nombre de préoccupations. Des intervenants ont demandé quel sera le sort des activités génératrices de revenus que les populations mènent dans les forêts. Il se trouve que certains paysans possèdent de grands vergers d’anacardiers dans les forêts. En réponse, le ministre Tiémoko Sangaré a expliqué que le projet prévoit qu’aucune activité ne sera plus tolérée dans les forêts classées. Ceux qui possèdent des champs d’anacardiers avaient bénéficié d’un moratoire d’un an. Il sera trouvé des modus vivendi pour leur permettre d’exploiter leurs vergers. Partout, le ministre Tiémoko Sangaré a exhorté les populations à  tirer profit des opportunités que le projet ouvrira notamment pour les jeunes. Des emplois seront créés par les opérateurs privés qui exploiteront les complexes. Les villages riverains des forêts classées bénéficieront de l’électricité pour diminuer l’utilisation du bois. Les retombées du développement de l’écotourisme sont immenses, a fait savoir le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement qui a rappelé les exemples du Kenya et de la Tanzanie qui tirent beaucoup de ressources des parcs naturels.

Le Conseil économique, social et culturel parle écologie

Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Tiémoko Sangaré était devant le Conseil économique, social et culturel (CESC) mardi matin pour exposer la Politique nationale de protection de l’environnement. D’entrée de jeu, le ministre Sangaré a souligné l’importance qu’accorde notre pays aux questions environnementales en indiquant qu’elles sont prises en compte dans le marbre de la Constitution de 1992 en son article 15. Tiémoko Sangaré a précisé ensuite que la politique nationale de protection de l’environnement, adoptée par le gouvernement en août 1998, repose sur quatre principes : l’équité et l’égalité de tous, l’implication et la participation de tous, la prévention et la précaution et l’internalisation des coûts de l’environnement. Pour la mise en œuvre de la politique nationale de protection de l’environnement, il a été créé le Conseil national de l’environnement composé des représentants de l’ensemble des départements ministériels et des organisations de la société civile. Sa mission est de donner un avis et formuler des propositions et recommandations sur les questions se rapportant à  l’environnement. Ses propositions et recommandations sont traduites en actes concrets par le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement à  travers ses démembrements que sont : la Direction nationale des eaux et forêts (DNEF), la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et nuisances (DNACPN), l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), l’Agence de l’environnement et du développement durable (AEDD), l’Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali (ANGESEM). Il y a urgence à  agir Notre pays a besoin d’une politique volontariste de protection de l’environnement, a plaidé le ministre. Car, la dégradation de l’environnement a atteint un niveau alarmant. Plus de 500.000 ha de forêts sont perdus chaque dans notre pays du fait de l’action de l’homme et des effets des changements climatiques. Les moyens mis à  la disposition de son département sont largement en deçà  des besoins, a-t-il laissé entendre, en donnant l’exemple d’un besoin de 1500 agents rien pour le service des eaux et forêts. Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a fait savoir aussi que selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), si notre pays ne prend pas en compte les questions environnementales dans ses projets de développement, il perd 20% de son PIB chaque année. Si l’Etat décide de tenir compte des problèmes environnementaux, il devra débourser par en 10% du PIB. Pour le ministre Sangaré, il est donc préférable de dépenser 10% du PIB pour éviter d’en prendre 20%. Des conseillers un peu plus engagés Les membres du conseil ont, dans leurs interventions, montré qu’ils sont sensibles aux questions environnementales. Une intervenante a même proposé que l’environnement soit pris en compte dans les financements extérieurs accordés à  la lutte contre le paludisme. « Si nous voulons lutter contre le paludisme, nous devons combattre les nids de moustiques. Cela relève du domaine de l’environnement », a-t-elle argumenté. Nombre des conseillers ont proposé que les messages de sensibilisation sur les questions environnementales soient diffusés gratuitement par les médias publics, afin que l’ensemble des citoyens soient imprégnés de l’acuité du problème. Un conseiller a suggéré qu’un conseiller technique chargé de l’environnement soit nommé au niveau de tous les départements ministériels, comme C’’est le cas actuellement pour la défense. « Les questions environnementales sont transversales. Et notre avenir en dépend », a-t-il argumenté. Quant au président du Conseil économique, social et culturel, Jeamille Bittar, il a indiqué qu’après cet échange, son institution est confortée dans son choix de consacrer sa présente session à  l’environnement. « l’environnement nous concerne tous. Et nous devons tous participer à  sa protection », a-t-il souligné en assurant du soutien du CESC les actions du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement.