Gamou et Acharatoumane à Paris, pour renforcer le dispositif sécuritaire de Ménaka

Face à la recrudescence des attaques dans le Nord, et à la lenteur dans la mise en place de l’accord de paix, les différents mouvements armés de la région de Ménaka ont décidé d’unir leurs forces pour y apporter de la quiétude. Les protagonistes de cette initiative sont en France pour obtenir du soutien de la part des autorités française engagées militairement au Mali depuis 2013.

Le général Ag Gamou chef militaire du groupe d’auto-défense touareg Imghad (Gatia), Moussa Ag acharatoumane, chef du mouvement pour le salut de l’Azawad, l’ancien gouverneur de la région de Kidal aujourd’hui ambassadeur du Mali à Niamey et Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser, chef des Kel Ansar, sont actuellement à Paris pour rencontrer des responsables militaires et politiques afin de demander un plus grand soutien à leurs patrouilles mixtes hybrides. « Nous avons rencontré des agents de la Défense pour des échanges informels, mais aussi des membres des affaires étrangères et tous ceux qui suivent le dossier Mali » affirme Moussa Ag Acharatoumane, chef du MSA. La composition d’un nouveau gouvernement en France ne semble rien changer à la donne. « Il y a des personnes qui ne changent pas dans ces deux ministères et qui suivent toujours le dossier malien » assure Acharatoumane.

Depuis quelques semaines maintenant, les deux mouvements armés et les forces armées maliennes (FAMA) mènent des opérations pour sécuriser la zone de Ménaka et juguler les attaques récurrentes des djihadistes ou des bandits armés. Des mesures ont été prises pour réguler la circulation des véhicules et des engins à deux roues, parfois très utilisés par les malfaiteurs pour commettre leurs exactions. La toute nouvelle région est l’une des rares avec Tombouctou où les autorités intérimaires ont déjà commencé à travailler conformément aux missions qui leurs sont assignées. A deux mois, des élections régionales prévues en juillet 2017, l’aide extérieure ne serait pas de trop face à la menace toujours pressante des djihadistes. Et en particulier, Adnane Abou Walib, ancien membre d’Aqmi qui a depuis prêté allégeance à l’État Islamique, et qui menace de perturber le processus électoral et par extension l’accalmie qui règne à Ménaka.

 

Moussa Ag Acharatoumane : L’exception Ménaka

Moussa Ag Acharatoumane est le numéro un du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) créé en septembre 2016. Il explique comment la nouvelle région est la seule où la mise en œuvre de l’accord connait des avancées significatives.

Ménaka est la seule région où l’Accord pour la paix et la réconciliation est réellement mis en œuvre. Pourquoi cela ?

Ménaka fait en effet office d’exemple dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. C’est la seule région où les populations se sont données la main pour parler d’une même voix. Elles ont exprimé ainsi leurs préoccupations par rapport à la cohésion sociale. Les mouvements qui sont dans cette zone viennent régulièrement en appui à leur population. C’est ce qui crée cette harmonie dans la région dans le cadre de la sécurité, la cohésion sociale et du respect des droits des individus qui y vivent. Le fait qu’ils (population, acteurs politiques et groupes rebelles) travaillent ensemble, c’est ce qui fait de Ménaka ce qu’elle est aujourd’hui. À Ménaka, tous s’efforcent à appliquer les dispositions de l’accord. Ce n’est pas toujours facile mais ils y arrivent. C’est surtout parce que les résultats sont visibles sur le terrain que ça marche. Du coup, la zone est maintenant plus calme. Les soldats en service à l’entrée de la ville font également de bon boulot. Ils fouillent tout et vérifient les identités des personnes qui rentrent et sortent de la ville. Tout marche bien et tout le monde est content.

Ce qui est fait à Ménaka peut-il être fait dans les autres régions ? Qu’est-ce que Ménaka a de plus que les autres ?

Ménaka n’a rien de plus que les autres. Les autres régions doivent justement apprendre de Ménaka, c’est tout. Cela commence par mettre les mouvements armés, les populations et l’administration ensemble pour qu’ils définissent leurs préoccupations et trouvent des solutions. C’est la seule solution pour que ça marche ailleurs. C’est cela le secret de Ménaka.

Quelle est la prochaine étape pour Ménaka ?

Les patrouilles mixtes ont déjà commencé à Ménaka puisque les FAMA se sont associés aux mouvements pour effectuer des patrouilles à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Ce qu’on est en train de faire actuellement c’est de lancer un appel au gouvernement, à la communauté internationale, à la MINUSMA de venir en appui aux acteurs dans le cadre des procédures en cours parce que tout ce que nous avons fait jusqu’ici, c’est avec nos propres moyens. Car nous n’avons malheureusement pas les moyens financiers nécessaires pour continuer.

 

Assassinat du chef local du Gatia à Ménaka, ce que l’on sait

C’est dans la nuit du jeudi au vendredi 17 mars dernier que le chef militaire local du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) Almahdi Ag Lengach fut assassiné à son domicile à Ménaka par des hommes inconnus.

L’assassinat du chef militaire local du GATIA à Ménaka la semaine passé prouve à suffisance que la paix n’est pas encore pour demain. L’acte intervient dans un contexte marqué par la mise en place des autorités intérimaires au Nord du Mali avec un blocage persistant de leur mise en place à Tombouctou et Taoudéni.

Selon les informations recueillies sur place, les auteurs du crime auraient passé la journée chez le chef militaire avant de revenir dans la nuit pour commettre leur crime et cela en escaladant le mur de son domicile situé dans la partie nord de la ville. Les individus, une fois à l’intérieur ont tiré sur la victime qu’ils avaient par avance repéré. Selon une autre source, «  les auteurs ont égorgé la victime avant de prendre la fuite sur des motos ».

Dés le lendemain, des arrestations ont eu lieu à Ménaka ; selon des sources locales, « une vingtaine de personnes ont été arrêtées ». Les funérailles de la victime ont eu lieu le même jour, vendredi 17 mars à Ménaka. «  L’identité des auteurs n’a pas encore été divulguée mais une piste se précise» explique un habitant joint au téléphone à Ménaka. La thèse d’ « un règlement de compte » n’est pas écartée par un autre habitant de la zone, qui affirme que, « le chef militaire par ses opérations dans la zone a créé un mécontentement auprès de certaines communautés ». « A Ménaka, les populations sont inquiètes, la foire hebdomadaire du jeudi n’aura plus la même affluence qu’auparavant » s’indigne un autre habitant joint au téléphone dans la matinée.

Il faut rappeler que le colonel Almahdi Ag Lengach était le chef des opérations militaire du GATIA, un groupe proche du gouvernement et en même temps le chef local de la Plateforme à Ménaka. Son assassinat aura certainement un impact sur le climat qui règne entre les mouvements armés, voire entre les communautés dans cette partie du pays ou l’insécurité règne de jours comme de nuit. Il faut dire que la mise en œuvre de l’accord pour la paix est plus que jamais une urgence pour rétablir la sécurité des personnes et de leurs biens, à défaut de cela, des assassinats, des embuscades, des attentats continueront pour les malheurs des populations. D’où la condamnation de l’organisation de la coopération islamique de cet acte qu’elle qualifie d’« assassinat crapuleux. »

 

 

Gao et Ménaka ont leurs autorités intérimaires

Jeudi 2 mars, deux jours après l’installation du président de l’autorité intérimaire de Kidal, l’installation des présidents de Gao et de Ménaka ont eu lieu. À Gao, le siège de l’Assemblée régionale qui était occupé par les combattants de la CMFPR2, a été levé après la signature d’un protocole d’entente prenant en compte les préoccupations de la société civile de la cité des Askia.

Les cérémonies d’investiture d’Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed à Ménaka et de Djibrila Maïga à Gao ont été présidées par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, à la tête d’une délégation de responsables maliens, dont le Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’accord, Mahamadou Diagouraga.

Un jour spécial pour toutes les populations de la région pour sceller le pacte de la réconciliation, mis à rude épreuve par les évènements de 2012. «Depuis longtemps, nous attendons ce jour-ci. Après l’installation des autorités intérimaires, la réconciliation va enfin être réalité », souligne Farota Egota, maire de la commune rurale d’Alape proche de Ménaka.

En vertu de l’accord de paix de 2015, les autorités intérimaires devront gérer les cinq régions du Nord, en attendant l’élection par la population d’assemblées dotées de pouvoirs importants. Leur mission sera notamment de préparer ces élections et de favoriser le retour des déplacés, des troubles marqués par une rébellion et une mainmise de groupes djihadistes pendant près de dix mois sur le nord du pays, jusqu’à janvier 2013.

«C’est un jour solennel et historique qui marque un pas décisif dans la vie de la région de Ménaka. Notre tâche est de réunir les différentes communautés afin de les amener sur la voie de la paix et de la réconciliation. L’application stricte de l’accord pour la paix et la réconciliation est la seule voie possible pour atteindre ses objectifs », a déclaré Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, lors de son premier discours après son intronisation à la tête de l’autorité intérimaire de Ménaka.

Après Ménaka, les membres de l’autorité intérimaires de Gao ont pu finalement être installés au alentours de 17 H, jeudi 2 mars.

La CMFPR II qui occupait le conseil régional a accepté d’en libérer les locaux après d’âpres négociations et l’intervention des notabilités. La société civile de Gao a, ainsi, signé un protocole d’entente qui prend en compte ses préoccupations qui s’articulaient autour de l’élargissement du quota de Gao de 11 à 21 dont 10 réservés aux jeunes et aux femmes sédentaires pour les autorités intérimaires, l’implication des mouvements de résistance civile, de la CMFPR2 dans les organes et structures de suivi et de prise de décision : CSA, CTS, DDR, CNRSS, CVJR,EMOV, MOC, sous-commission politique institution, sous-comité développement, commission d’intégration, sous-comité défense et sécurité à tous niveaux (national et régional) pour la mise en œuvre de l’accord, la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la reconnaissance officielle et définitive du statut de signataire de la CMFPR2 et de ses prérogatives, le cantonnement des jeunes résistants sans armes de Gao pour avoir été désarmés par les FAMA, la Minusma et Serval.

À la demande du Mali, les Nations Unies ont mis en place une Task force d’appui à la mise en place des autorités intérimaires (TAFSEIA), afin d’assurer le bon fonctionnement de ces autorités intérimaires. En plus de son appui technique et logistique, le TAFSEIA a mobilisé une enveloppe totale de 257 millions de Francs, dont une contribution de 56 millions du PNUD et de 201 millions du Fonds Fiduciaire en soutien à la paix et à la sécurité au Mali en vue d’appuyer l’ensemble du processus. « Dans un souci d’assurer le bon fonctionnement desdits conseils une fois installés, les Nations-unies ont sollicité une enveloppe d’un million de dollars du Fonds de consolidation de la paix à New-York pour appuyer le coaching à moyen et long terme des conseils intérimaires et les services sociaux de base, gages de renforcement de la confiance des populations envers les autorités intérimaires », explique Elsie Effange MBella, Directrice de la division des affaires civiles de la MINUSMA.

Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed : « Je m’engage pour le changement »

Militant de la première heure du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), Abdoul Wahab Ahmed Mohamed, âgé de 27 ans, est devenu le président de l’Assemblée régionale de Ménaka, neuvième région administrative du Mali.

Dans la nuit du 22 au 23 février, le gouvernement du Mali et les groupes armés du nord ont établi la liste des présidents des autorités intérimaires, conformément à la conclusion de la réunion de haut niveau qui s’était déroulée le 10 février à Bamako. La région de Ménaka sera présidée par un jeune cadre du MSA, en la personne de Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed. Celui dont l’installation se déroule ce 2 mars, devra ramener la sécurité et s’atteler à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. C’est un jeune très dynamique qui s’est toujours montré disponible pour la cause des populations, qui sont dernière lui pour l’aider à bien mener son action », déclare Abdoulaye Ag Ahmed, un habitant de Ménaka. Ce touareg de la tribu Idaksahak, natif d’Inekar dans la région de Ménaka et titulaire d’un DEUG de droit (Faculté des sciences juridique et politique de Bamako), est un partisan du vivre-ensemble. Il prend fonction dans un état d’esprit positif, et sa connaissance de la région et des communautés qui y vivent devraient l’aider.

Objectif développement Abdoul Wahab Ahmed Ag Mohamed est convaincu qu’avec l’installation des autorités intérimaires, les relations intercomunautaires ou inter-mouvements vont aller en s’améliorant. « À mon poste, il s’agira d’œuvrer pour la cohésion sociale  entre toutes les composantes communautaires de la région. Il est difficile de consolider la paix sans le minimum de développement, et l’une de mes premières priorités sera de faire marcher l’éducation, de redynamiser les structures de santé, et de promouvoir les installations hydrauliques », explique le nouveau président. Les tensions nées suite à la nomination des présidents des assemblées régionales ? Il pense qu’elles disparaîtront en impliquant toutes les parties. « L’espoir d’une paix durable est là, les mouvements ont réaffirmé leur engagement pour la mise œuvre de l’Accord, il ne reste qu’à les mobiliser pour atteindre les objectifs », ajoute-il. Malgré son jeune âge, les difficultés de la tâche n’effraient pas celui qui est connu comme agent de terrain des ONG ACTEDE et GARDEL, pour lesquelles il a mise en place un programme alimentaire en 2013 et 2015. Même si la situation évolue dans le bon sens, selon sa propre analyse, on peut parier qu’il aura fort à faire dans les prochains mois, notamment pour asseoir son autorité.

 

 

 

Autorités intérimaires : Installation à Kidal, fortes incertitudes ailleurs

Plus de 18 mois après la signature de l’Accord, Hassane Ag Fagaga, a été intronisé président du conseil régional de Kidal, mardi 28 février. Gao et Tombouctou devraient voir leurs présidents installés les 2 et 4 mars, mais dans ces deux villes, la résistance est encore grande, combattants et populations, protestent et sont prêt à en découdre pour se faire entendre.

Ça y est. La porte de Kidal s’est entrouverte au gouvernement malien, mardi 28 février, qui y a glissé un pied, avec l’intronisation comme président du conseil régional d’Hassane Ag Fagaga. Le drapeau national a orné, le temps d’une cérémonie, les murs de l’assemblée régionale, puis a été remisé lors du départ de la délégation. L’installation du président de l’exécutif régional de Kidal est une victoire difficilement arrachée, même si pour certains le gouvernement est parti du mauvais pied en installant cette autorité intérimaire qui devait intervenir après une certaine chronologie. « Les autorités intérimaires c’est la troisième phase de l’Accord. La première phase, c’est le cantonnement et le redéploiement de l’État et de l’administration sur tout le territoire, la deuxième phase c’est le désarmement et l’intégration, la troisième c’est dans les endroits où il n’y a pas de gouvernement, il est prévu de placer une autorité intérimaire. Le gouvernement est parti sur un faux-pas dans cette mise en oeuvre de l’Accord », estime Fahad Al-Mahmoud, secrétaire général du GATIA, qui se demandait encore il y a une semaine, alors que la mise en oeuvre de l’Accord était suspendue, quelle était la contrepartie offerte par la CMA au gouvernement, pour la nomination d’Hassan Ag Fagaga, « qui n’est pas le plus méconnu des ennemis du Mali » ajoutait-il.

Néanmoins, c’est après de multiples négociations et quelques compromis, qu’un dénouement, vendredi 24 février, a permis de relancer la mise en œuvre des autorités intérimaires, bloquée, depuis la nomination par le gouvernement de Sidi Mohamed Ag Ichrach, comme nouveau gouverneur de Kidal. L’obtention par la CMA de deux gouvernorats aura permis de débloquer la situation. « Sidi Mohamed Ag Ichrach gouvernera la région de Kidal durant toute la transition. En contrepartie, la CMA a eu le choix de proposer deux personnes pour gouverner Gao et Tombouctou », explique Alkassim Ag Ahouchel, président de la Jeunesse de l’Azawad, la branche jeune du MNLA.

Contestation Après Kidal, les autorités intérimaires devraient donc être installées ces 2 et 4 mars à Gao et Tombouctou. Mais l’application de cette mesure de l’Accord, qui a souvent pris les allures d’une barque qui prend l’eau de toute part et difficile à écoper, devra faire face, dans ces deux villes, à une résistance farouche, tant des militants de la société civile et des combattants sont mobilisés pour mettre en échec son installation. « Pour la mise en place des autorités intérimaires de Gao et Tombouctou, il faudra marcher sur nos cendres ! Nous voulons la même chose que l’on a accordé aux autres mouvements signataires. Nous voulons qu’ils reviennent sur tous leurs décrets ! », assène le Pr Younoussa Touré du CMFPR2. « Aussi bien le gouvernement que la CMA ne veulent pas de l’application de l’Accord, ils sont en train de se servir de nous, de chercher des boucs émissaires en nous mettant dans des situations difficiles, pour faire en sorte que nous devenions des hors-la-loi et que rien n’avance », ajoute-t-il.

Ces combattants du CMFPR2, du CJA, du MSA, épaulés par des populations civiles, ont annexé les locaux des conseils régionaux de Gao et Tombouctou et malgré une tentative pour les déloger lundi 27 février, ils sont déterminés à maintenir leurs actions. Depuis mardi, les forces armées du CJA convergent de toutes leurs positions vers le chef lieu de la région de Tombouctou, avec à leur tête le colonel Abass Ag Mohamed Ahmed, chef d’état-major du CJA, son objectif est clair :« il n’y aura pas d’autorités intérimaires imposées à Tombouctou sans la reconnaissance du CJA », a-t-il déclaré.

Tous se disent trahis et exclus du processus de décision et sont prêt à agir, la détermination chevillée au corps. « On maintiendra nos actions jusqu’à ce qu’on nous entendent où jusqu’à notre mort », jure ce jeune de Gao joint au téléphone. « On y est obligé, ce n’est pas notre nature, ce n’est pas non plus ce que nous souhaitions pour notre pays », conclut-il.

 

 

 

 

 

 

Moussa Ag Acharatoumane : pour une cohabitation pacifique entre les populations

L’homme qui fut le numéro 2 du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et un membre influent de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), avant de créer le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) en septembre 2016, s’est prêté aux questions de Journal du Mali pour une interview exceptionnelle sur les scissions et les évolutions au sein de la CMA.

Quel était l’objectif de votre récent séjour en France et en Suisse ?

J’étais à Paris pour expliquer la nouvelle dynamique de la naissance du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), ses objectifs et ses projets d’avenir, et ce qui m’a poussé à créer ce mouvement. Il s’agissait de reprendre contact avec tout mon réseau en France et en Suisse.

Quel est le regard de ces pays sur votre mouvement ?

Le MSA est très bien vu par une bonne partie de ceux qui suivent de très près l’évolution des mouvements politico-militaires dans la zone de l’Azawad parce qu’il s’inscrit dans une nouvelle dynamique intéressante, qui n’embarrasse pas beaucoup de monde à cause de son caractère non-indépendantiste. Il s’inscrit dans le cadre de l’accord d’Alger, qui suit la logique de ramener la paix, la cohésion sociale et surtout apporter la sécurité et le développement pour les populations. Tout ce que le MSA est en train de faire à Gao et à Ménaka, c’est de poser des actes concrets au-delà de venir à Bamako. Il faut sortir des discours de positionnement qui ne font pas avancer. Le plus grand défi du MSA c’est de permettre à la population de cohabiter ensemble sur tous les plans. Nous essayons aussi de nous hisser au-dessus des contradictions telles qu’elles existent entre la CMA et la Plateforme, souvent liées à de problèmes d’ordre tribale ou de ceux liés au trafic de drogues.

Qu’est-ce que le retrait de la CMA des instances du Comité de suivi de l’Accord (CSA) augure pour le futur selon vous ?

Ce communiqué pouvait se justifier à un moment donné parce qu’effectivement les choses n’avançaient pas du tout. Mais, il est arrivé à trois ou quatre jours d’un autre communiqué de la CMA, qui réaffirmait sa participation aux patrouilles mixtes et à la mise en œuvre de l’Accord. Ce nouveau communiqué était signé par Algabass Ag Intalla, qui venait de prendre la tête de la CMA, alors que l’autre était signé de Bilal Ag Chérif, trois jours avant. On a donc l’impression qu’il y a une contradiction dans ces deux positionnements. De mon point de vue, il y a une part de vérité dans ce communiqué, le fait que l’Accord n’avance pas. C’est une réalité qu’on ne peut pas nier. La responsabilité est aussi partagée, même si la paternité de la mise en œuvre de l’Accord revient au gouvernement. Il faut que le gouvernement revoit sa stratégie dans la mise en œuvre de l’accord. Beaucoup des mesures prises par les autorités n’avancent pas, notamment la mise en place des autorités intérimaires, les patrouilles mixtes et les nouvelles commissions. Aujourd’hui, l’inclusivité contenue dans l’Accord, n’est pas une réalité sur le terrain. À l’intérieur du gouvernement, il y a des têtes politiques qui prennent des décisions par rapport aux affinités sans tenir compte de l’ensemble des acteurs.

Il est question de démarrer les patrouilles mixtes sans la CMA. Cela peut-il fonctionner selon vous ?

Je ne pense pas que les patrouilles mixtes puissent apporter les résultats escomptés en l’absence de toutes les parties. La CMA, qu’on le veuille ou pas, est une partie importante dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Mais la réalité est que la CMA est très divisée à cause des problèmes à l’interne. Ce sont ces problèmes qui empêchent malheureusement cette organisation de répondre à tous les engagements qu’elle a pris précédemment. Cependant, l’expérience nous a montré que si une partie ne répond pas au rendez-vous, on peut démarrer la machine en attendant. C’est ce qui s’est passé lors de la signature de l’Accord et j’ai l’impression que la même chose va se répéter.

Les divisions actuelles au sein de la CMA sont elles dues au duel de leadership entre Bilal Ag Chérif et Algabass Ag Intalla ?

Il s’agit là de deux personnages très différents. Bilal Ag Chérif est un jeune très instruit qui a une vision assez précise de beaucoup de choses. Ce qui n’est malheureusement pas le cas d’Algabass Ag Intalla qui n’est pas instruit, mais qui a une expérience politique avérée. C’est vrai qu’ils ne sont pas d’accord sur tous les sujets, mais je ne pense pas pour autant qu’il y ait une rivalité entre les deux. Ils ont plutôt intérêt à s’unir, car beaucoup de choses gravitent autour d’eux qui ne marchent pas forcement à leur avantage. Cependant, on constate que dans les démarches politiques que les uns et les autres font, il y a une différence. Quand Bilal était à la tête de la CMA, on constatait une certaine constance et une certaine continuité malgré les résistances. Il est plus diplomate contrairement à Algabass.

Quelles sont vos relations aujourd’hui avec ces deux leaders ?

Aujourd’hui je suis dans une posture de rassembler les gens, je ne coupe jamais contact avec quelqu’un. Mais, il faut reconnaître qu’un fossé s’est créé entre nous depuis la naissance du MSA que certains n’ont pas compris et que d’autres ont du mal à accepter. Ce qui ne nous empêche pas de s’appeler et d’échanger.

La CMA est-elle affaiblie par votre départ ?

Même si elle n’est pas affaiblie, elle a quand même pris un coup dur parce que ce sont des communautés, tribus et régions entières qui lui ont tourné le dos, en l’occurrence celles de Ménaka, Tombouctou et Gao. Le constat est aujourd’hui que, depuis notre départ, elle n’a gagné aucune bataille. Le MNLA et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont réfugiés à l’intérieur de Kidal, ils ne contrôlent rien à l’extérieur.

Va-t-on vers un éclatement de la CMA ?

On est aujourd’hui en pleine recomposition interne au sein de cette organisation. La CMA est une coordination d’un ensemble de mouvements, de communautés et de personnages qui n’ont pas forcément les mêmes visons sur un certain nombre de choses. On peut dire qu’il y a deux branches de la CMA : celle de Kidal avec le MNLA et le HCUA, et celle de Ménaka, Gao et Tombouctou constituée du MSA, du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), de la Coalition des peuples de l’Azawad (CPA) et de la Coordination des mouvements forces patriotiques de résistance (CMFPR2). Aujourd’hui ces deux courants ne parlent pas le même langage, parce que quand nous avons signé l’Accord, malheureusement, la légalité de la signature est restée entre les mains de nos anciens mouvements. Les nouveaux mouvements ont certes une légitimité à la base mais pas la légalité de signature de l’Accord que les autres amis ont signé à notre place.

Comment vous imaginez-vous dans les deux ou trois ans à venir sur plan politique ?

Pas mal de gens ont leur regard braqué sur moi et depuis un certain temps le contact est assez fluide. Les gens sont très contents du travail qu’on est en train de faire qui s’inscrit dans le cadre de la vision et de l’intérêt de l’État. À cause de notre travail beaucoup de gens, même de l’extérieur, disent que Ménaka est devenue la région pilote de la mise en œuvre de l’Accord, parce que c’est la seule région où l’on trouve la fluidité entre tous les mouvements, sans problèmes. Quand à ma personne, aujourd’hui, j’évolue positivement dans le paysage politique dans ma région locale qui est Ménaka. Au plan national, j’ai des relations avec pas mal d’hommes politiques à Bamako. Aujourd’hui, je suis dans une posture qui m’amène à faire forcément de la politique dans les années à venir. Mon souhait le plus ardent est de contribuer à ramener la paix et la quiétude à la population du nord du Mali. Et si je peux apporter quelque chose de positif au plan national je serais ravi de le faire.

 

Forum de Ménaka : sous le signe de la paix

Le Forum de Kidal qui fut un rendez-vous manqué à  cause de l’absence de représentant malien et de la médiation internationale semble aujourd’hui du passé. Du vendredi 29 avril au dimanche 1er mai, le Forum de Ménaka est parvenu a rassembler les communautés et les chefs traditionnels, les représentants de l’à‰tat malien dont le ministre de la réconciliation Zahabi Ould Sidi Mohamed et le gouverneur de cette nouvelle région malienne, Daouda Maiga, la Minusma et les groupes armés du Nord, sous le signe de la paix. C’est environ 5000 participants, venus pour certains de pays voisins comme le Niger, qui ont pris part au Forum pour échanger autour des préoccupations que connaà®t la région. Un des thèmes principaux abordés, l’insécurité. « Nous avons décidé que toute la population devait participer et lutter contre ce phénomène d’insécurité dû aux bandits et à  la présence de groupes terroristes, cela crée aussi des conflits entre populations. Il y aura un meilleur échange entre les circonscriptions qui partagent la même frontière avec la Niger, la constitution de patrouilles mixtes pour une sécurité plus effective, car ce sont les mêmes individus qui opèrent de part et d’autres de la frontière », déclare Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka. Recoudre le tissus social Les problèmes intercommunautaires ont été aussi au menu des thèmes abordés et des mécanismes traditionnels de concertation et d’échange ont été discutés pour privilégier la résolution pacifique des problèmes et le vivre ensemble. Sur l’Accord de paix, il ressort que tous souhaitent une accélération de sa mise en œuvre incluant toutes les parties et communautés, «Il faut accélérer la mise en place des autorités transitoires, le cantonnement. Il faut que les populations voient qu’il y a de nouveau l’aide que le communauté internationale et l’à‰tat malien peuvent leur apporter. Que les forces de sécurité soient visibles sur le terrain », explique un résident à  Ménaka. La régionalisation est en marche et même si le calendrier n’est pas encore établi on est prêt sur place à  accueillir l’administration malienne, « Rien n’empêche l’à‰tat aujourd’hui de revenir à  l’intérieur de la région de Ménaka, les 90 % de la région peuvent recevoir les autorités, il suffit qu’il y ait un effort du côté de l’à‰tat, du côté de la communauté internationale pour que les choses évoluent le plus rapidement possible, et ça convaincra tout le monde que la paix est de retour », ajoute Bijan Ag Hamatou. Cette rencontre intercommunautaire a permis le dialogue qui favorise la réconciliation. Dans tous ces échanges constructifs les participants ont montré qu’ils avaient à  coeur de mettre en avant la paix, pour que les choses puissent enfin avancer.

Régionalisation, à l’épreuve du terrain

Le 31 mars, au palais de justice de Tombouctou, en présence de la communauté arabe venue en nombre, le nouveau gouverneur de la région de Taoudéni, Abdoulaye Alkadi, levait la main droite pour prêter serment et acter de la prise en charge de ses nouvelles fonctions, dans l’enthousiasme général. La cérémonie terminée, le nouveau gouverneur est retourné à  Bamako, sans que les populations sur place n’aient connaissance de la date de son retour. Son intronisation ouvre cependant une nouvelle séquence, celle de l’opérationnalisation de la région de Taoudéni. Dans la commune de Salam, on est déjà  prêt. « Les populations ont réfléchi aux découpages depuis 2011, les 30 arrondissements sont connus, ainsi que les cercles, au nombre de 6. Nous souhaitons maintenant que le gouverneur vienne s’installer à  Tombouctou et qu’il puisse venir acter la répartition des populations dans les cercles et les communes », se réjouit El Hadj Mohamed Attaher, maire de Salam. l’engouement est le même dans la région de Ménaka, o๠les populations attendent elles aussi leur gouverneur. « Pendant des décennies, ce nouveau découpage était un souhait des habitants de Ménaka. La régionalisation nous permet ainsi de mieux faire face aux défis spécifiques de notre région », assure T. Dicko, qui croit savoir que Daouda Maà¯ga, le gouverneur nommé, doit bientôt rejoindre son poste. Si le gouvernement a créé ces nouvelles régions et nommé leur gouverneur, le grand défi reste le découpage en cercles et en communes. Notamment à  Taoudéni, o๠il faudra tenir compte des nombreuses fractions et tribus vivant sur place. « Sur papier on a déjà  fait des propositions pour constituer les communes, les cercles, et le gouverneur est en train de consulter les populations », explique Bakary Amadou Bagayoko, conseiller technique au ministère de la Décentralisation. Sur place, la population appelle de ses vœux des « consultations », qui n’ont pas encore eu lieu, et qui permettront à  chaque communauté de savoir o๠elle vivra. « L’élément essentiel pour constituer cette région, c’est la volonté de vivre ensemble. Nous faisons des propositions qui sont soumises aux populations, on ne veut rien imposer. La délimitation des communes sera administrative et pas physique, car ce sont des nomades et ils ont coutume de se déplacer », déclare le conseiller. L’un des chantiers majeurs du gouvernement est de canaliser la multiplication des collectivités, car derrière ce découpage se cache aussi des enjeux électoraux. L’autre défi à  relever, et non des moindres, sera la question de la sécurité des futurs agents qui s’installeront dans cette région pour former la nouvelle administration d’un vaste territoire qui échappe, encore aujourd’hui, à  l’autorité de l’à‰tat.

Nouvelles régions : Des défis à hauteur des espérances

La nouvelle réorganisation du territoire qui va permettre la création de deux nouvelles régions administratives à Taoudéni et Ménaka, devrait durablement changer la donne dans ces régions isolées et laissées pour compte. Sur le terrain, les attentes des populations sont grandes.

« Nous attendions l’arrivée d’un gouverneur de tous nos vœux », déclare Mohamed Attaher El Hadj, maire de Salam, commune située à 400 km de Taoudénni. « Les populations souhaiteraient que le gouverneur soit déjà là pour un premier contact et pour commencer à prendre attache avec les communautés ». La nomination d’Abdoulaye Alkadi et de Daouda Maïga, respectivement gouverneur de Taoudénni et de Ménaka, représente pour beaucoup l’aube d’un changement durable.

À Ménaka, où vivent 150 000 habitants, au-delà de la fonction, c’est surtout sa capacité à gérer les multiples problèmes auxquels est confrontée la région qui focalise les attentes. Dans cette nouvelle collectivité, comme à Taoudénni, forte de 120 000 âmes, essentiellement arabes et touaregs, on manque de tout. La zone est quasiment déserte, car elle n’offre pas de conditions de vie attractives pour les populations : les services sociaux de base, comme l’éducation, la santé et l’hydraulique, n’y sont quasiment pas assurés. « Pour faire soigner un malade, il faut parcourir plus de 800 km jusqu’à Tombouctou », déplore un habitant de Salam.

Bien qu’il n’y ait actuellement aucune indication de la date d’arrivée du gouverneur, sur place on sait déjà à quels premiers chantiers il devra s’atteler : la délimitation géographique des cercles, pour que les populations sachent où chaque communauté vivra. « Le découpage est connu, maintenant il faut commencer l’opérationalisation des cercles proprement dite», explique le maire de Salam, qui a été sollicité pour réfléchir au découpage de la région. Ce dernier a été pensé de manière à permettre une occupation stratégique de l’étendue de la région pour faciliter la sécurisation du territoire. Le chef-lieu de Taoudénni a aussi été choisi car il est au centre de la région, ce qui fait qu’il est accessible rapidement à partir de la région de Tombouctou, de l’Algérie et de la Mauritanie. Pour les habitants des deux nouvelles entités, dans 5 à 10 ans, s’il y a une solidarité, des investissements conséquents en direction des cercles pourraient être réalisés. La conséquence serait, si les services sociaux de base sont assurés, de créer un engouement pour s’installer dans ces régions, qui deviendront effectives et fonctionnelles, comme n’importe quelle autre région du Mali.

Ménaka et Taoudeni : les enjeux de la régionalisation en marche

Décentralisation, régionalisation, voire libre administration, en 55 ans d’indépendance, le Mali n’est qu’à  mi-parcours de ces processus, qui s’imbriquent les uns dans les autres. Pour comprendre la régionalisation, il faut d’abord comprendre la décentralisation : « La régionalisation est une étape du projet de décentralisation », rappelle Ousmane SY, ancien ministre de l’Administration territoriale sous Alpha Oumar Konaré. Vingt ans plus tard, les à‰tats généraux de la décentralisation, tenus en octobre 2013 à  Bamako, ont permis de faire le point de ce processus de dévolution du pouvoir central vers les collectivités territoriales, d’en tracer les acquis, mais aussi les échecs. « Elle aura permis d’améliorer l’accès à  l’éducation, à  l’eau, à  la santé, aux services de base pour les populations des communes urbaines et rurales du Mali, même si elle n’a pas toujours été effective sur le plan humain et sur celui du transfert de ressources qui est un vieux débat», poursuit l’expert. Mais cela ne suffit pas. Pour s’en rendre compte, un voyage au nord du pays ou au sud, à  Diéma par exemple (région de Kayes), permet de mesurer le retard immense à  rattraper. Accélérer la régionalisation doit permettre de résorber ce déséquilibre entre le Nord et le Sud, cet écart trop grand entre Bamako et les régions, cercles, et villages du Mali. C’’est en 1996, que le Mali passe de 19 à  703 communes en vertu de la loi du 16 octobre. Poursuivant le processus, le gouvernement d’Amadou Toumani Touré (ATT) adoptera en 2011 un projet de loi portant création de circonscriptions administratives en République du Mali. Ce projet prévoit le redécoupage administratif du Mali, le nombre de régions passant de huit à  dix-neuf sur une période de 5 ans. Sur le plan pratique, le Mali compte désormais dix régions administratives pour un territoire de plus de 1,2 millions de km2. Aux régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal, il faut désormais ajouter celles de Ménaka (nord-est) et de Taoudéni (nord-ouest) créées depuis 2012, et qui viennent d’être dotées de deux gouverneurs nommés lors du Conseil des ministres du 19 janvier 2016. Accélérer la mise en œuvre de l’Accord Les nominations d’Abdoulaye Alkadi, membre de l’aile « pro-gouvernementale » du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) à  Taoudeni, et de Daouda Maà¯ga, qui dirigeait jusqu’ici le Programme intégré de développement rural de la région de Kidal, à  Ménaka, entrent très clairement dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, et non plus dans une logique seule de régionalisation. « Il fallait nommer ces gouverneurs avant la mise en place des autorités transitoires en vertu de cet accord », soutient un acteur du processus. Pour Moussa Mara, ancien Premier ministre, ce n’est que la suite logique d’un processus, interrompu par la crise. « Ces nominations prévues dans la loi de 2012 faciliteront la mise en œuvre de l’accord négocié à  Alger. Et l’à‰tat trouvera les moyens pour asseoir les prérogatives de ces gouverneurs de régions ». Des gouverneurs pour le moins connaisseurs des problématiques du Nord et des attentes des populations, qui sont vastes. Ces attentes se cristallisent surtout sur l’accès aux services sociaux de base dans de nombreuses zones o๠il n’y a toujours ni écoles, ni dispensaires, mais surtout sur un retour complet et effectif de l’administration. La création de nouvelles régions doit aussi, selon Aminata Dramane Traoré, altermondialiste et intellectuelle malienne, poser la question de la redynamisation économique de ces régions : « nommer des gouverneurs répond, je suppose dans un premier temps, à  une tentative de pallier ce qui peut être considéré comme l’absence d’institutions au nord du pays. Au-delà  de cela, il faut pouvoir répondre à  la demande des populations et particulièrement des jeunes, qui réclament de l’emploi tout en créant de la richesse locale et exportable partout sur le territoire national». Pour Taoudéni et Ménaka, deux régions situées dans le nord immense et riche en ressources minières, l’enjeu est immense. Connu pour l’extraction du sel gemme, la région de Taoudéni, situé à  l’extrême nord du pays à  750km de Tombouctou, avec près de 120 000 habitants, constitue une zone de non droit sous contrôle du MAA dissident, un mouvement hostile à  Bamako et o๠s’exercent toutes sortes de trafics et d’activités liées à  AQMI : « Avec un gouverneur, on va pouvoir accroà®tre la sécurité, pallier les insuffisances, établir les cercles, et sous-préfectures, rapprocher les administrateurs et les administrés », se félicite le maire d’une localité proche. à€ Ménaka, l’autre bastion traditionnel des touaregs irrédentistes, et qui fut le point de départ de plusieurs rébellions, il n’y a tout à  faire. Avec plus de 150 000 habitants, Ménaka constitue un tournant pour la pacification d’une zone, o๠la CMA a plusieurs fois tenté d’exercer un contrôle, mais s’est heurtée aux milices locales ou pro-gouvernementales avec l’influence des Ifoghas de Kidal, plus enclins à  l’idée d’autonomie. Pour le gouverneur Maà¯ga, le défi sera d’apaiser une zone que sécurisent désormais l’armée malienne et les casques bleus de la MINUSMA, en faisant de Ménaka une région socle pour la consolidation de l’unité nationale. La régionalisation pour promouvoir la diversité dans l’unité Avec la nomination de gouverneurs, l’élection à  terme des présidents des conseils régionaux (à  qui plus de pouvoir et de ressources seront donnés) mènera plus loin le processus de régionalisation en attendant la création d’autres régions. Les ressources qui seront allouées et qui représentent environ 30% des recettes de l’à‰tat, avec priorité sur le Nord, devront compléter le travail de ces gouverneurs. La question s’est invitée tout au long du processus des négociations d’Alger. l’idée étant de déplacer cette administration au nord o๠elle existait sporadiquement et de façon militaire, pour régler une partie du problème. « Donnez-nous l’envie d’être Maliens, C’’est à  l’à‰tat de venir à  nous, pas l’inverse », affirme Amar, un habitant de Ménaka, qui attend beaucoup du nouveau gouverneur. Avec la régionalisation en marche, ce qui est en jeu, ce n’est plus tant le nombre de régions à  créer, mais le partage du pouvoir tant réclamé par les populations de ces régions, et une meilleure représentativité de leurs besoins face à  l’à‰tat central. Expert de la gouvernance locale, Ousmane Sy (voir interview page 7), qui préside l’Alliance pour la Refondation de la Gouvernance en Afrique (ARGA), va plus loin en affirmant qu’une refondation complète de l’à‰tat malien, tel qu’il existe aujourd’hui, est plus que nécessaire, afin de faire de la diversité ethnique du Mali des richesses pour construire une unité nationale forte : « Tant que nous ne réglerons pas ce problème, le doute persistera dans la construction de la paix…»

Sondage Mali-Mètre : Kidal, Gao et Ménaka s’expriment

Il y a quelques mois, Mali Mètre avait publié les résultats de son 5è sondage sur le Mali. Cette fois, il s’intéresse à  trois villes du nord. Gao, Ménaka et Kidal, dont l’accès avait été rendue impossible aux enquêteurs par l’insécurité régnante. « D’o๠l’idée de compléter le dernier sondage Mali Mètre par un numéro spécial, explique Jan Falhbusch, représentant de la Fondation Friedricht Ebert au Mali. Que pensent donc les Maliens, de la situation socio-politique, des négociations d’Alger, des capacités opérationnelles des FAMa, des mouvements armés, de Barkhane et de la Minusma ou même du Président de la Répuublique etc. Au regard des évènements et du contexte changeant, il fallait ajuster et revoir l’idée que se font les Maliens de leur pays et de sa gouvernance, ajoute Abdrahamane Dicko, chargé de programme. Mais ce Mali Mètre Spécial a été réalisé bien avant les derniers troubles à  Gao ou même le changement de gouvernement. A l’époque, Moussa Mara était encore Premier ministre et 69% des sondés à  Ménaka faisaient confiance au Président IBK. Un chiffre plutôt positif lorsqu’on sait que Ménaka est le bastion de la dernière rébellion du MNLA. Contre 41% seulement d’acquis à  Kidal. Nouvelles données Pour le Spécial Mali Mètre, à  Kidal, près de 200 citoyens ont été sondés. A Ménaka, environ 180 personnes et à  Gao, la plus grande ville du nord, pas moins de 380 personnes. De façon globale, il ressort une inquiétude vive chez les populations du nord, qui voient en le Mali, un grand patient très « malade ». Cela en relation avec les grands défis socio-économiques qui touchent les régions du Nord, avec le retour progressif de l’administration ou des services sociaux de base. Pas tout à  fait satisfaisant, estiment 62% des sondés à  Kidal ou 49% à  Gao. Cette insatisfaction est liée au chômage des jeunes, à  l’accès à  l’éducation, à  la santé et enfin l’insécurité. Des négociations d’Alger Sur les négociations d’ Alger, les habitants de Kidal, o๠règne l’un des principaux groupes à  la table des négociations, à  savoir le HCUA, il y a près de 94% des personnes en faveur de la tenue des pourparlers, contre 79% à  Gao et 63,5% à  Ménaka. Ce qui dénote d’une volonté des populations d’en finir avec les rébellions au Nord. Parmi eux, une majorité estime que ce sont les groupes signataires de Ouaga, qui doivent participer aux négociations, tandis qu’ à  Ménaka, on estime que l’ensemble des groupes doivent s’asseoir à  Alger. Enfin, sur l’intégrité du territoire nationale, la majorité des sondés estiment qu’il faut préserver cet aspect pour l’unité du pays. Même si à  Kidal, 70% des habitants sont contre toute forme de régionalisation pour favoriser le développement économique. Un autre point d’interrogation est la manière dont sont conduites les négociations. A Kidal, on a plus confiance aux groupes et autorités coutumières, tandis qu’à  Ménaka, on pencherait du côté des autorités maliennes et chefs religieux. Les divergences de vue sont là , mais de façon générale, le travail de justice doit se faire, pour arriver au pardon, à  la réconciliation et à  la paix, pensent une majorité des sondés sur l’ensemble des trois villes. Grosse préoccupation des habitants de ces régions du Nord. La sécurité bien sûr. A Kidal, la majorité (75%) fait confiance aux groupes armés et milices locales pour les sécuriser, tandis qu’à  Gao, on compte beaucoup plus sur les forces étrangères comme Barkhane ou les Tchadiens. De façon globale, la Minusma est très mal perçue dans les trois régions, encore plus depuis les incidents de Gao. Appréciation de la gouvernance et des priorités l’appréciation du président de la République n’a pas trop bougé depuis le dernier sondage. IBK cristallise encore plus de 60% de satisfaction à  Gao et Ménaka. Mais à  Kidal, il n’a que 41% d’intentions favorables à  son égard. Quant à  la gouvernance et aux défis du gouvernement actuel, la majorité des enquêtés ( 81%° pointent du doigt la lutte contre la corruption, et les injustices. Viennent ensuite la lutte contre l’insécurité, environ (76%) notamment à  Kidal, alors qu’ à  Gao et Ménaka, la réconciliation nationale et la lutte contre le chômage sont les défis de l’heure. Ce sondage Mali Mètre n’est qu’une cartographie du moment et remonte à  l’équipe gouvernementale précédente. Il précède le 6è sondage Mali Mètre, à  paraà®tre au mois de Mai 2015 ; Pour Jean Falhbusch, sa crédibilité se base sur une très grande transparence des méthodes de sondage et d’obtentions de résultats, tout comme, il demeure une référence, dans un pays, o๠il existe très peu de sondages d’opinion.

Axe Ansongo-Ménaka : nouvelle attaque contre des casques bleus

Une énième attaque qui présage l’installation d’une logique du pire dans la partie Nord du Mali, o๠les djihadistes sont loin d’avoir été poussés dans leurs derniers retranchements. Leurs cibles privilégiées : les casques bleus de la Minusma, qui sont ces derniers temps la cible d’attaques kamikazes, d’explosions de mines sur les axes routiers. A tel point qu’une rencontre à  Kidal a réuni des responsables de la Minusma, de l’armée française et des militaires de la rébellion MNLA. l’objectif recherché était de limiter ou de mettre fin aux déplacements à  motos à  Kidal. La réunion a été suivie d’une opération anti-motos menée par des équipes du MNLA. Cette opération est née à  partir d’un constat dressé par les responsables des forces onusiennes, selon lequel les djihadistes ne circuleraient plus en 4X4, mais auraient jeté leur dévolu sur les motos, ce qui leur permet facilement de poser des mines avant le passage des véhicules, surtout ceux de l’ONU, et de perpétrer des attaques à  mains armées. Le 18 septembre dernier, cinq casques bleus tchadiens sont tués, ce qui a d’ailleurs suscité une réaction de la part du Tchad, dont le gouvernement est d’avis que ses soldats sont en train de payer le lourd tribut à  cette guerre asymétrique qui n’est pas près de connaitre son épilogue. Surtout que déjà , 27 soldats tchadiens avaient été tués au cours de l’opération Serval. Casques bleus nigériens Cette attaque à  mains armées, d’un contingent de casques bleus nigériens cette fois, intervient dans un contexte d’insécurité fort du fait de la recrudescence des attaques perpétrées par les djihadistes. Dans un communiqué publié après l’attaque, M. Akodjénou, représentant spécial Adjoint de la Minusma, a exprimé son indignation vis-à -vis de cette attaque. « Je suis horrifié par cet acte de terrorisme lâche et odieux qui provoque en moi colère et indignation. Une fois de plus, des vies ont aujourd’hui été perdues au nom de la Paix au Mali. Ces crimes ne doivent pas rester impunis. Cette violence doit cesser immédiatement et la MINUSMA interpelle encore une fois tous les acteurs impliqués dans la recherche de solutions d’une paix durable d’assumer leur responsabilité pour un dénouement rapide de cette crise qui n’a que trop duré », peut-on lire dans le communiqué. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a, sur sa page Facebook, condamné l’attaque, qu’il considère comme un « acte barbare et terroriste » qui ne va entamer en rien la détermination du gouvernement malien à  triompher du terrorisme et à  trouver un accord avec les groupuscules armés du Nord du pays.

Attentats: 5 kamikazes tués, des blessés à Ménaka et Gossi

Insécurité au Nord du Mali, les terroristes ont de nouveau frappé. deux attentats suicide ont en effet eu lieu ce vendredi , dans deux localités de la région de Gao. Les deux attaques ont fait deux blessés dans les rangs des soldats maliens et tué cinq kamikazes, selon des sources militaires. La ville de Ménaka, située à  environ 300 km à  l’est de Gao, a été le théâtre de la première attaque qui a visé très tôt un camp de l’armée nigérienne. Le kamikaze a été la seule victime, selon des sources militaires nigérienne et malienne jointes à  Ménaka. «Vers 05H00 (locales et GMT), un kamikaze à  bord d’une voiture a forcé l’entrée de notre camp militaire à  Ménaka. Nous avons fait usage de nos armes, le kamikaze s’est fait exploser. Il est mort, mais nous n’avons pas de victimes dans nos rangs», a expliqué la source nigérienne, ajoutant que les soldats nigériens étaient «en état d’alerte». La source militaire malienne a rapporté à  l’AFP: «Aujourd’hui (vendredi) tôt, un kamikaze à  la peau claire a réussi à  rentrer dans le campement des troupes nigériennes à  Ménaka. Le kamikaze au volant d’un véhicule s’est fait exploser et l’armée nigérienne a riposté». Deux blessés maliens à  Gossi La deuxième attaque suicide est survenue à  Gossi, localité située à  environ 185 km au sud-ouest de Gao: trois kamikazes sont morts sur le coup, un quatrième est décédé des suites de ses blessures, et deux militaires maliens ont été blessés. Ce «vendredi matin, trois kamikazes se sont fait exploser à  Gossi. Ils ont blessé deux militaires maliens. C’’est le bilan provisoire que nous avons», a déclaré une source militaire. «Un kamikaze blessé lorsque ses camarades se sont fait exploser à  Gossi vient de mourir. (…) Au total, quatre kamikazes ont été tués à  Gossi», a-t-elle affirmé. Les kamikazes a «la peau noire»,venaient de Gao dans un camion de transport, a rapporté une source administrative jointe dans le Nord. «Arrivés au barrage militaire de Gossi, (ils) se sont fait exploser devant les militaires maliens», faisant deux blessés dans les rangs des soldats, a-t-elle ajouté. Depuis janvier 2013, début de l’opération militaire de reconquête des régions occupées, près d’une dizaine d’attentats suicides ont été perpétrés dans des localités du nord du pays, coûtant la vie à  des militaires maliens et tchadiens.

Attentat suicide à Kidal : bilan, 7 morts

A Kidal, les attentats suicide se multiplient après l’attaque la semaine dernière de la ville de Gao par les hommes du Mujao. Alors que des affrontements opposent les forces françaises aux islamistes de la zone, c’est « Un véhicule piégé qui a explosé à  19H30 (locales et GMT). L’attentat-suicide a été perpétré contre le check-point de la partie est de Kidal, tenu par le MNLA », le Mouvement national de libération de l’Azawad (rébellion touareg), a déclaré une source militaire jointe depuis Gao (environ 350 km au sud de Kidal). « C’était un kamikaze en pick-up. L’attaque ne visait pas directement les Français, parce que l’attaque était dirigée vers l’extérieur (de la ville) et non vers l’aéroport tenu par les Français », a indiqué la même source, sans fournir de bilan. Après le déclenchement de l’opération Serval, les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l’aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1.800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville o๠étaient déjà  présents des islamistes armés et le MNLA, qui affirment collaborer avec les Français dans la traque des jihadistes en cours depuis janvier au Mali. Après l’attentat, « nous avons compté sept morts et onze blessés. Le kamikaze est mort » ainsi que « six combattants », a déclaré une source hospitalière jointe sur place. Le MNLA et le MIA s’en mêlent L’attentat a aussi été annoncé par le chef du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), le groupe armé se disant islamiste « modéré » et présent dans la ville avec le MNLA, ainsi que par un responsable du gouvernorat, tous deux joints au téléphone depuis Bamako. Mais le chef du MIA, Alghabass Ag Intalla, a soutenu que l’explosion s’est produite « à  une barrière militaire » de son mouvement, « à  la sortie » de la ville. Selon le responsable du gouvernorat de Kidal, « l’explosion de la voiture piégée s’est déroulée au sud de Kidal, vers la route qui conduit à  Ménaka ». « Il y a eu au moins quatre morts. (…) La voiture piégée est venue de l’intérieur de la ville de Kidal », a-t-il ajouté. Dans un premier temps, une source militaire française basée à  Gao avait parlé d’une explosion due à  une destruction de munitions. Mardi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que les combats, « violents », se poursuivaient dans le massif des Ifoghas, avec beaucoup de pertes dans les rangs des islamistes armés. Il y a des morts « tous les jours » mais les forces françaises font « très peu de prisonniers », avait-il dit.

Ménaka, triste symbole de la rébellion armée, un 17 janvier…

Ménaka, est désormais le tristement célèbre symbole de l’attaque des rebelles du MNLA en 2012. Située dans la région de Gao à  un peu plus de 1000 km de Bamako, C’’est ensuite, la localité d’Aguel’hoc, qui est à  son tour victime de l’offensive des hommes en turbans, qui revendiquent l’indépendance de l’Azawad. Le 17 janvier est une date marquante parce qu’elle est la 4è attaque des rebelles depuis les indépendances au Mali et parce qu’elle ne laissait en rien présager la partition du pays, dans une atmosphère o๠les partis politiques étaient plongés dans la préparation des élections générales du 29 avril. Elles n’auront pas lieu finalement puisqu’après Ménaka, Aguel’hoc et la fête du 20 janvier, date de création de l’armée malienne, le Mali se retrouvera pris dans un étau irrépressible de colère populaire. Celle des femmes d’abord en fin janvier, décidés à  en découdre avec ATT sur la mort horrible d’une soixantaine de soldats maliens à  Aguel’hoc exécutés par Aqmi et le MNLA, ensuite, celle des militaires de la garnison de Kati, révoltés par leurs conditions salariales déplorables et le manque d’équipements et de formation… s’en suivra le coup d’Etat du 22 Mars et la chute des régions du nord, le reste, nous le connaissons tous… CPI : zéro impunité Un an après, le 17 janvier 2012, la CPI décide d’ouvrir une enquête sur les crimes présumés commis depuis Janvier 2012, une façon de marquer le coup. Et pour ne pas céder à  l’impunité. « Depuis le début du conflit armé qui a éclaté en janvier 2012, les habitants du nord du Mali sont soumis aux grands troubles qui agitent leur région », a-t-elle déclaré. « Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à  la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à  tous les stades du conflit. Je suis parvenue à  la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du Statut de Rome », a précisé Fatou Bensouda, procureur général de la CPI. Car si les rebelles du MNLA qui sont à  l’origine de l’attaque de Ménaka, ont depuis été mis hors jeu par les groupes armés islamistes que sont Ansar Dine, le Mujao qui contrôlait jusqu’à  l’offensive française, la région de Gao ou encore, Aqmi qui détient aujourd’hui 41 otages en Algérie, il va sans dire, que ces hommes ont commis des crimes contre leurs frères dans ces attaques. Des Maliens ont agressé d’autres maliens, soldats ou pas, ces crimes ne devront pas rester impunis de l’avis général : « J’ai un frère dans la rébellion, et il faudra qu’il soit jugé pour ses actes ! », témoigne Oumou Sall Seck, maire de Goundam, réfugié à  Bamako. Pour Saidou Diallo, maire de Gao, la décison de la CPI est salutaire : « C’‘est une bonne chose, parce que le MNLA qui continue à  réclamer l’Azawad, cherche à  ne pas encourager la réconciliation entre Maliens. Aussi, après la guerre, il faudra une justice et punir tous ceux qui ont perpétré des actes violents, Mossa Ag Assarid, le premier. C’’est la seule manière d’amener une réconciliation saine au Mali ». Ainsi cette décision de justice internationale convient à  la plupart des ressortissants du nord, déplacés ou réfugiés à  Bamako, qui ont perdu des proches dans ces attaques. Mais si le Mali est aujourd’hui au C’œur d’une guerre, qui n’en est qu’à  ses débuts, le processus sera long pour réunifier tous les Maliens du nord et surtout ne pas tomber dans la stigmatisation ethnique, le repli identitaire ou l’esprit de vengeance. Une tâche immense attend tous les Maliens et le 17 janvier restera une date clé dans l’histoire de la rébellion armée au Nord du Mali.

Ménaka : le bilan des attaques

On en sait un peu plus sur le bilan des affrontements meurtriers intervenus ce mardi 17 janvier au Nord du Mali, précisément dans le cercle de Ménaka, région de Gao. Si on ignore encore l’identité réelle des assaillants, tout porte à  croire qu’il s’agit de rebelles Touaregs armés, les premiers depuis le retour de centaines d’entre eux, qui avaient été accueillis par le leader libyen Mouammar Kadhafi et avaient combattu à  ses côtés avant sa chute. Au ministre de la défense et des anciens combattants, on ne se fait pas de doute. Il s’agit «Â des militaires rentrés de Libye, auxquels se sont joints d’autres éléments se faisant connaà®tre sous l’appellation de Mouvement National de Libération de l’Azawad ». Un militaire malien tombe dans les combats Pour repousser les rebelles, l’armée malienne a du déployer de gros moyens, et les combats de ce mardi ont duré plusieurs heures. Selon le Bureau de l’Information et des Relations Publiques des Armées, dirigé par le colonel d’Aviation Idrissa TRAORE, la riposte des forces armées et de sécurité, soutenue par un escadron d’hélicoptères de combat et l’aviation légère d’appui, a enregistré le bilan ci-après : du côté des assaillants, au total six véhicules ont été détruits, faisant de nombreux morts et blessés. Aussi, nous apprend-on de sources militaires, des assaillants ont été faits prisonniers par l’armée régulière. Du côté des forces armées et de sécurité, on déplore un mort, selon un communiqué du ministre de la défense et des anciens combattants, Nathié Pléah. «Â Tous les aéronefs engagés dans les combats ont rejoint leur base » précise le ministère de la défense. Qui rassure les populations que des dispositions sécuritaires et de défense ont été déployées pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Les attaques de Ménaka interviennent au moment o๠la question de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne fait l’objet de toutes les préoccupations. Si la volonté politique des Etats concernés par cette zone peine à  se mettre en place, au Mali le gouvernement tente de prendre le taureau par les cornes depuis le discours du chef de l’Etat à  Dioà¯la au lendemain de la prise d’otage des deux Français à  Hombori et de trois autres Européens dans leur hôtel à  Tombouctou. Si l’armée malienne a pu circonscrire l’attaque des rebelles, C’’est dû, sans doute, au renforcement du dispositif de sécurité depuis la semaine dernière. Dans ce contexte, les interrogations se multiplient déjà  quant à  la possibilité d’organisation des élections en avril prochain. Attendons de voir.

Nord Mali : Ménaka aux prises avec la rébellion

Dans un contexte d’insécurité notoire au Nord du Mali, une nouvelle attaque de rebelles pourrait ne pas surprendre sauf qu’il s’agit cette fois encore d’éléments de rebéllion que l’armée malienne qui a beau patrouiller dans la zone n’a pu empêcher d‘agir. Quant à  l’identité de ceux qui ont perpétré l’attaque de Ménaka, on mentionne un certain Ben Moussa et ses hommes. Menaka, dans la région de Gao, est considérée comme un bastion du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), formation touarègue nouvellement créée. L’assaut aurait été donné depuis lundi soir, selon un habitant de Ménaka et après des combats engagés avec l’armée jusqu’à  mardi matin, les liaisons téléphoniques avec Ménaka ont vite été coupées, par les rebelles pour isoler la zone. «Â Nous n’avons pas les mêmes informations » sur l’entrée des rebelles dans la ville, a affirmé une source sécuritaire malienne. « L’armée était déjà  sur le terrain et un renfort se dirigeait vers Ménaka », a-t-elle ajouté. Au Nord, les attaques surviennent toujours inopinément, nous confiait un colonel à  Tombouctou la semaine dernière en marge du festival Au Désert. Des voitures non immatriculées, provenant de trafic douteux, des hommes enturbannés… Des complicités locales… Impossible de prévenir une attaque rebelle. Il faut également mentionner le retour dans la région de centaines de Touareg armés originaires du Mali, en provenance de Libye. Des hommes farouchement attachés à  leur identité et qui ont combattu aux côtés des troupes du leader libyen déchu Mouammar Kadhafi. Leur retour aura suscité des craintes pour la paix dans cette partie du Mali, alors que les autorités tentent un dialogue régional pour faire revenir la paix dans la zone. Joint par téléphone, un commandant de l’armée nous renvoie vers le ministère des forces armées. De même qu’un élément de la Gendarmerie de Ménaka, se réserve le droit de garder le silence sur cette attaque. « Dans le nord, ici, on sait qui perpètre ces attaques, ces groupes sont localisées, identifiées », confiait un citoyen de Tombouctou, mais personne ne veut parler. Les rebelles et l’armée se disputeraient le contrôle de la ville de Ménaka, proche de la frontière nigérienne. Repli des rebelles Mardi en fin d’après midi, on apprenait que les tirs avaient cessé et quatre rebelles arrêtés. Une partie de la liaison téléphonique rétablie. De sources concordantes, les rebelles qui étaient entrés un moment dans Ménaka, se sont repliés à  deux kilomètres de la ville, dans une zone boisée. Un hélicoptère de l’armée aurait également bombardé une position des bandits armés à  Ménaka. Deux de leurs véhicules sont calcinés. Ils ont pris la fuite. Du renfort se dirige sur les lieux, a affirmé une source militaire à  Gao, ville située à  l’ouest de Ménaka et o๠siège l’état-major de l’armée malienne pour cette région. Des témoins ont vu deux véhicules calcinés, sans pouvoir dire s’ils appartenaient aux rebelles touareg ou à  l’armée malienne. Nous avons arrêté quatre bandits armés à  Ménaka au cours de notre risposte. Certains sont légèrement blessés, a de son côté déclaré le lieutenant Habib Togola, de l’armée malienne. Nous contrôlons la ville. Nous avons des renforts qui se dirigent vers Ménaka, a-t-il ajouté. Un soldat malien tué Selon les dernières nouvelles, les rebelles touaregs du MNLA( Mouvement national de libération de l’Azawad ) et les ex-soldats libyens ont attaqué Menaka mais « l’armée (malienne), appuyée par des hélicoptères de combat, a réussi à  les repousser », a déclaré le porte-parole du ministère malien de la Défense, le colonel Idrissa Traoré, dans un communiqué lu à  la télévision nationale. « Six des véhicules des assaillants ont été détruits, plusieurs d’entre eux ont été tués; certains ont été blessés et un grand nombre d’entre eux ont été arrêtés. Un soldat malien a été tué », lit-on dans ce communiqué. Renvendication Dans un site internet que l’on dit être celui du MNLA, l’organisation de guérilla dit avoir lancé cette attaque en raison du refus des autorités d’engager un dialogue. Au lieu de cela, estime ce site internet, le gouvernement malien a choisi de renforcer les positions de son armée dans la région, rapporte Reuters ce mercredi. « Afin de protéger et de réoccuper progressivement le territoire d’Azawad, et aussi afin de répliquer aux provocations de Bamako, les hommes du Mouvement national de libération de l’Azawad ont choisi de passer à  l’action », lit-on dans le communiqué. « C’’est dans ce contexte qu’a commencé l’action militaire ce matin à  Menaka ». Cette nouvelle attaque met à  mal l’autorité de l’état malien, incapable de contrôler la rebéllion et aggrave l’insécurité dans la région Nord. Un enjeu crucial dans le contexte électoral actuel.

Nord Mali: Pierre Camatte sera-t-il exécuté par Al Qaeda ?

Après le kidnapping du français Pierre Camatte, ont suivi celui des humanitaires espagnols en Mauritanie. l’acte ne sera revendiqué que des semaines plus tard par Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) sur la chaine de télévision Al-Jazira. Ainsi, le 11 janvier dernier, AQMI a demandé aux autorités maliennes, la libération de quatre prisonniers membres de l’organisation et arrêtés au Mali. Face au refus du gouvernement malien à  céder au chantage, AQMI a alors décrété un ultimatum expirant ce 31 janvier, ce dimanche donc. Sinon, ils menacent d’exécuter le français tout comme ils l’ont fait avec l’otage britannique Edwin Dyer. 31 janvier, dernier délai ? Le délai de l’ultimatum fixé par AQMI étant ce dimanche 31 janvier, les islamistes mettront-ils leur menace à  exécution comme ils l’ont déjà  fait avec l’otage britannique ? Ou changeront-ils d’avis pour d’autres négociations à  l’image de celles des otages autrichiens finalement libérés ? La France et le Mali cèderont-ils aux demandes des ravisseurs pour la survie du ressortissant français. Tout compte fait, aucune déclaration, n’a jusqu’à  ce jour, été faite d’aucune des parties. l’enjeu est de taille puisque, si les autorités décident de céder aux demandes d’AQMI, les kidnappings risquent de continuer. Puisque, ce sont les fruits des rançons qui les nourrissent et leur permettent de se ravitailler en munitions. Le dilemme est entier. Que faire face à  une telle situation ? La question reste posée car, nul ne sait comment va se terminer cette histoire dangereuse.

Européens séquestrés: le Mali en position de faiblesse face à Al-Qaeda

Les autorités ne le confirment pas mais c’est bien sur le territoire malien, dans le Sahara, que seraient retenus six Européens: un Français kidnappé dans le nord du Mali le 26 novembre ainsi que trois Espagnols et deux Italiens capturés en Mauritanie les 29 novembre et 17 décembre. Le rapt le plus spectaculaire a été celui des Espagnols: enlevés en fin de journée sur la route Nouadhibou-Nouakchott, ils auraient immédiatement été acheminés jusqu’au nord du Mali, parcourant environ 2000 km en un temps record. Selon des sources sécuritaires concordantes, les six otages sont répartis entre deux groupes d’Aqmi dirigés par deux Algériens, Abdelhamid Abou Zeà¯d et Mokhtar Belmokhtar alias Bellawar. Pour négocier leur libération, différents médiateurs sont «sur le terrain en train de travailler d’arrache pied», assure une source étrangère. L’un d’eux a même pu apporter des médicament à  un Espagnol blessé au moment de l’enlèvement. Mais Bamako joue «la carte de la prudence», assure une source proche du gouvernement malien, qui ajoute: «Nous marchons sur des oeufs. Nous associons tous les pays d’origine des otages, pour qu’on ne dise pas que c’est le Mali qui négocie avec les terroristes. Nous voulons aider à  sauver des vies humaines. Ce n’est pas facile». Anonymement, un autreà‚ officiel malien plaide que le pays de l’ouest-africain est «un peu otage de la situation»: «Quand les ravisseurs viennent dans le désert malien, ce sont les gouvernements des pays d’origine des otages qui nous demandent de ne pas utiliser la méthode forte mais de négocier». «Et pourquoi les pays qui ont des moyens ne commencent-ils pas eux-mêmes à  engager la lutte contre Al-Qaeda?», interroge-t-il, évoquant indirectement l’Algérie dont la presse malienne critique régulièrement la stratégie. «Le Mali a peut-être peur des représailles, s’il s’engage totalement contre Al-Qaeda», juge un diplomate en poste à  Bamako. Début juin, Aqmi avait pour la première fois annoncé qu’un otage britannique au Mali avait été exécuté. Quelques jours plus tard, un officier et agent de renseignement malien avait été tué à  son domicile de Tombouctou (nord). «C’est vrai qu’Al-Qaeda a menacé directement, au téléphone, des responsables maliens. Mais il ne faut pas de compromis, il faut lutter contre ces bandes», ajoute ce diplomate, qui tempère: «Nous n’avons rien contre le Mali. Très peu de salafistes sont maliens. Les Mauritaniens et les Algériens sont les plus nombreux. Mais il faut que le Mali soit plus présent dans la lutte». De son côté, une source militaire étrangère constate que «l’Algérie a donné des armes au Mali, les Américains forment les troupes maliennes et ont donné du matériel militaire au Mali, la France aide aussi le Mali». «Mais sur le terrain, nous ne voyons pas de résultats», dit-elle. «Tout le monde sait désormais o๠sont, dans le désert malien, les terroristes. Ils sont même isolés. Il faut passer à  l’acte et c’est Bamako qui doit donner le signal fort», assure ce militaire étranger. En juillet, le gouvernement malien avait annoncé une «offensive généralisée» contre Al-Qaeda dans le Sahara. Mais, quelques semaines plus tard, le président Amadou Toumani Touré faisait savoir que, notamment du fait de mauvaises conditions climatiques, l’armée avait stoppé ses opérations.

Nord Mali : Ibrahim Ag Bahanga veut-il vraiment enterrer la hache de guerre ?

Comme le disent les sages, « les vieilles habitudes ont une seconde nature » Sur quelle base le chef de rebelle Ibrahim Ag Bahanga veut-il participer au processus de paix dans le Nord Mali ? A t il été contraint de déposer les armes ? Rien ne sert à  courir, il faut partir au point. Tel a été le cas d’Ibrahim Ag Bahanga qui cultivait l’image d’un homme caractériel, mais qui finalement a décidé d’enterrer la hache de guerre. Une contrainte pour un homme qui ne sait plus à  quel saint se vouer. Coupé du reste de la communauté touarègue, il n’avait jusqu’alors jamais accepté la main tendue des autorités maliennes. Bahanga sera t-il le bienvenu dans le processus de paix d’ATT ? Ag Bahanga avait remis en cause l’accord de paix signé à  Alger en juillet 2006. Une fois de plus, le retour à  la paix se fait sans lui. Après la destruction de sa base principale à  Boureissa en février, il a pris la fuite avec quelques fidèles à  bord de trois véhicules. Avant d’être connu sous le trait d’un insurgé, Ibrahim Ag Bahanga était à  la fois un berger et un voleur de chameaux, un bandit du désert. Ou une brute pour certains. Aujourd’hui, redoutant une humiliation, il veut caresser les autorités maliennes en déposant les armes pour participer au processus de paix. Celles-ci vont-elles l’accepter alors que les victimes des rebelles sont loin d’avoir oublié ? D’une part, il n’est pas exclu de signer son retour dans la mesure ou le président Amadou Toumani Touré a opté pour le dialogue dans la résolution du problème du Nord. D’autres part, ATT veut charmer l’opinion internationale pour montrer qu’il est un homme de paix même si sa population en a payé le lourd tribut. l’acceptation de Bahanga sans condition signifie aussi se tirer une balle dans le pied. Car après l’attaque d’Abeà¯bara et Menaka, ATT dans sa déclaration, avait promis au peuple Malien que les auteurs de cette attaque seraient poursuivis. Bahanga : parcours d’un rebelle identaire En février 1992, alors inconnu du grand public, Ibrahim Ag Bahanga devait intégrer l’armée nationale avec le grade de caporal chef. Il refuse. Premier coup fourré en 1994, Ibrahima Ag Bahanga se fait remarquer par une prise d’otages dans la localité de Timitri pour qu’elle soit érigée en commune. Ses otages étaient des membres d’une mission de supervision des opérations électorales de passage dans son pays natal. » Jusqu’à  l’attaque du 23 mai 2006, contre les bases de l’armée nationale à  Kidal et à  Menaka, Ibrahim Ag Bahanga avait gardé le profil bas. Mais entretemps, il avait tissé des liens solides avec des réseaux de trafiquants ( très actifs dans la bande sahélo saharienne) avant le début de l’insurrection dont il était une figure de proue. Au fil du temps, ses liens avec les narco-trafiquants ne faisaient plus de mystère. Ag Bahanga, un rebelle équipé Malgré tout Ibrahim Ag Bahanga lors de sa croisade contre l’autorité centrale avaient des atouts. Comment comprendre qu’en un laps de temps court, il ait pu acquérir tout un arsenal de guerre, dont une trentaine de véhicules 4×4 bien équipés et à  double réservoir ? Comment a t-il pu entretenir deux années durant une troupe forte de plusieurs centaines d’hommes ? Les exigences d’Ibrahim Ag Bahanga étaient claires : faire quitter l’armée nationale de Kidal. Il s’agissait en fait du fameux allégement du dispositif militaire dans le Temesna et précisément à  Tinzawatene. Le soulèvement de Ibrahim AG Bahanga a eu au contraire un effet de boomerang. Tinzawatene, lieu stratégique pour Ag Bahanga Tinzawatene n’était pas occupée par l’armée nationale. Avant cela, il y avait seulement quelques agents de la douane car la zone était devenue un passage pour les narcotrafiquants. l’allègement du dispositif souhaité par Bahanga selon des sources militaires visait à  créer un vide au profit de ce commerce illégal dont il tirait des avantages. l’ancien berger voulait un passage en force et s’y était préparé. Il avait du matériel adapté, des véhicules et des armements performants, notamment des canons et des mitrailleuses. Il disposait de renseignements sur tous les mouvements de l’armée : « le désert sait tout ». En plus de sa bonne connaissance d’une grande partie du Sahara, il avait des GPS pour ses déplacements. Ce qu’on peut retenir d’Ag Bahanga, C’’est surtout sa méthode, et de tous les touaregs, il est le seul à  s’adonner au rapt et à  la pose de mines antipersonnelles. Ces mines ont fait beaucoup de victimes dont plusieurs civils dans la zone de Tinzawatene.