Lutte contre le travail des enfants : à Bamako, la mendicité fait rage

Ce jeudi, est célébrée la journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. Depuis des années, l’Unicef, le fonds des Nations Unies pour l’enfance, lutte contre toutes les formes d’exploitations contre l’enfance. A Bamako, c’est la mendicité qui touche les enfants. Elle se manifeste chez les gamins issus des écoles coraniques, les enfants-guides de personnes valides et âgées, ou encore ceux issus de familles très pauvres. Les enfants mendiants issus des écoles coraniques posent un réel problème à  la population, souvent victime de leurs comportements agressifs dans la circulation. Pour la plupart, ils sont originaires du Burkina Faso et de la Guinée Conakry. Dès l’âge de 7 ans, les parents les confient à  des maà®tres d’écoles coraniques. Ces derniers ont le devoir de leur enseigner tous les préceptes du livre saint et d’assurer les besoins financiers et matériels du gamin. Malheureusement le maà®tre ne fera pas ce qui était convenu au départ. Il utilisera plutôt ces chérubins pour récolter de l’argent. Les pauvres mendiants se nourrissent bien souvent à  leurs propres frais. Oumar Bâ, un mendiant burkinabé de 10 ans raconte : « je suis venu au Mali il y a 2 ans. Mon père m’a dit que je devais partir avec mon maà®tre pour étudier et apprendre les choses de la vie. Au départ je mangeais et je dormais bien chez ‘’karamôgô ». Mais un mois après mon arrivée, il commencé à  m’envoyer dans la rue pour chercher ma propre nourriture. Je dois chaque jour ramener 500 FCFA à  karamôgô. Sans cette somme, pas le droit de rentrer à  la maison. Sinon, quatre gaillards nous prennent par les quatre membres et le maà®tre nous donne vingt coups de fouets sur les fesses. On reste debout toute la nuit. Et C’’est pour éviter la bastonnade que nous sommes parfois obligés de voler. Même quand on est malade, Karamôgo nous oblige à  aller mendier. Nous, on se soigne avec des feuilles vendues au marché ou des médicaments de rue. ». Oumar n’a pas vu ses parents depuis qu’il est à  Bamako. Le seul parent qu’il connaisse, C’’est son maà®tre. Sidi Sow est lui originaire de la Guinée. Il ne connaà®t pas son âge mais doit avoir entre dix ou douze ans : « Moi mon maà®tre est le petit frère de mon père. Il me traite comme si nous étions différents. On se lève tous les jours à  5 h du matin pour faire les travaux et à  6 h, on part mendier pour ramener l’argent mais pas de nourriture. Seulement l’argent. Si non, tu restes dehors». D’autres passent la journée sous le soleil à  guider les handicapés dans les rues de la capitale. Ils ne mangent pratiquement pas et subissent eux des sévisses lorsqu’ils montrent des signes de fatigue. Pour combattre ces pratiques inhumaines que le PNUD ( le programme des Nations Unies pour le développement) et l’Unicef, ont jugé nécessaire d’ouvrir 3774 centres d’écoute, d’accueil et d’hébergement à  l’endroit de ces enfants depuis 2002. Que sont devenus les enfants exploités des plantations ivoiriennes ? La collaboration entre les autorités maliennes et ivoiriennes sur le phénomène de l’exploitation des enfants, existe à  travers différentes structures : la police des frontières, l’administration territoriale, la sécurité routière et Interpol. En 1998, une trentaine d’enfants ont été rapatriés de Côte d’Ivoire, alors que 400 autres attendent toujours…Ce n’est qu’après douze d’absence qu’ils ont pu rentrer chez eux. Le Mali, en ratifiant la convention Internationale du Droit des enfants, s’est engagé à  assurer la survie, la protection et la participation des enfants aux prises de décisions les concernant. Le parlement des enfants La participation des enfants à  toutes les décisions les concernant, est un droit reconnu par le gouvernement malien. Le 13 juin 1996, par décret N° 96-172/PM-RM, le parlement des enfants, a vu le jour au Mali. Il s’agit d’un espace privilégié d’expression,d’information et de sensibilisation des populations aux droits et attentes des enfants. l’élection au parlement se fait selon des critères démocratiques. C’’est Fatoumata Sankaré, qui en est la présidente actuellement. Elle dirige aussi le journal « Regards des Enfants », une publication destinée à  l’enfance. Malgré d’énormes efforts consentis par le gouvernement malien et le parlement des enfants, le travail des enfants reste un problème dantesque. Comment sortir tous ces enfants qui trainent du matin au soir, des rues de Bamako et les emmener vers autre chose ? Des mesures radicales s’imposent afin de réduire l’exploitation des enfants.