Lutte contre les MGF, la mobilisation continue

« Mobilisation et implication de la jeunesse pour accélérer la tolérance zéro aux Mutilations Génitales Féminines (MGF) » tel est le thème de cette journée qui sera célébrée le vendredi 06 février 2015 au Centre international de conférence de Bamako. Le choix de ce thème selon les organisateurs, s’explique par le fait que la population juvénile représente une frange importante de la population malienne et constitue un groupe stratégique à  mobiliser et à  impliquer en vue d’accélérer l’abandon de la pratique des MGF/E. En prélude à  cet événement, une conférence de presse a été conjointement animée par les responsables du Programme national de lutte contre l’excision et du ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ce mardi 3 février à  la cité administrative. Présidée Mme Sangaré Oumou Ba, ministre dudit département, cette rencontre vise à  informer les journalistes sur les réalisations, les acquis et les défis à  relever. D’après la 5è Enquête Démographique et de Santé du Mali (EDSM) réalisée en 2012-2013, les taux de prévalence de l’excision dans les cinq premières régions sont de 91% chez les femmes âgées de 15 à  49 ans et de 69% chez les filles de 0 à  14 ans. A Bamako, contrairement aux idées reçues, l’excision demeure, malgré un accès plus facile aux informations. Selon une étude de l’association des pédiatres et gynécologues du faite en 2012 et basée sur l’examen physique des filles de 0 à  15 dans le district de Bamako, le taux de prévalence est de 52%. Le Mali n’a toujours pas voté de loi contre la pratique de l’excision, mais la sensibilisation ne s’est jamais arrêtée. Elle a permis de baisser le taux de femmes excisées de 97% à  85% en 15 ans. Vers une loi dissuasive Pour ce qui concerne le vote d’une loi contre l’excision ou la signature et la ratification de certaines conventions internationales, les conférencières expliquent qu’ils faut préparer les esprits et définir les modalités de cette loi qui est en cours d’élaboration. Pour la directrice du programme national de lutte contre l’excision, Mme Joséphine Keà¯ta, la bataille pour un Mali sans excision ne pourra être gagnée qu’avec l’engagement de tous les acteurs de la société. « Signer un acte, C’’est un engagement, mais nous avons des spécificités à  notre niveau et nous devons trouver des stratégies nécessaires pour y arriver » a ajouté Mme Sangaré Oumou Ba. Précisons que sur les 12.000 villages que compte le Mali, 1088 ont signé la convention publique d’abandon de la pratique de l’excision.

« Kamkaso », un hôpital pour réparer les mutilations génitales féminines(MGF)

L’hôpital a été construit grâce à  des dons et aux efforts de bénévoles du monde entier. « Bénéficier du soutien et de la présence de Chantal Compaore, la première dame du Burkina Faso le 7 mars sera une façon unique de célébrer cette ouverture ! », a déclaré Nadine Gary, directrice de la communication de l’ONG américaine Clitoraid. « Elle s’est toujours exprimée avec fermeté contre l’horreur des MSF, et nous serons honorés de sa présence. » D’après Mme Gary, des centaines de femmes sont déjà  inscrites sur la liste d’attente de Clitoraid pour bénéficier de l’opération chirurgicale qui sera gratuite pour toutes les femmes qui la demanderont. « Leur attente est presque terminée », a indiqué Nadine Gary. Selon ses déclaration, le nouvel hôpital, baptisé le «Kamkaso » ce qui signifie « la maison des femmes » a été surnommé « l’hôpital du plaisir » puisque l’intervention « permettra de restaurer leur dignité féminine ainsi que leur capacité a éprouver le plaisir physique, ce qui leur avait été enlevé contre leur gré. »  » L »hôpital du plaisir » Mme Gary a ensuite expliqué comment l’idée de l’hôpital a vu le jour. « Le guide spirituel Maitreya Rael avait entendu parler d’une procédure chirurgicale réparatrice du clitoris mise au point par le Dr. Pierre Foldes en France, il a ensuite lancé Clitoraid et l’idée de construire des cliniques offrant gratuitement cette intervention aux victimes des MSF. Suite à  l’adoption d’une résolution par les Nations Unies interdisant les MSF, un accord universel a reconnu que cette pratique constitue une violation aux droits de l’homme et à  l’intégrité des personnes. L’élimination des MSF est essentielle à  la santé des femmes, les gouvernements doivent donc continuer à  mettre en place des lois les interdisant. Cependant, M. Rael a aussi réalisé qu’il est important de réparer le tort déjà  causé aux victimes vivantes. Cet hôpital est le fruit de sa vision. » D’après Mme Gary, les chirurgiens bénévoles américains de Clitoraid, les Dr. Marci Bowers, M.D. et Harold Henning Jr., M.D., réaliseront les interventions au nouvel hôpital et formeront d’autres chirurgiens à  ces méthodes. « L’objectif est d’aider autant de victimes que possible à  bénéficier de cette chirurgie, ce qui contribuera aussi à  décourager la pratique barbare des MSF », a ajouté Mme Gary. « Car lorsque les effets des MSF peuvent être gratuitement inversés par la chirurgie, a quoi cela servirait-il de continuer à  infliger ces mutilations ? »

MGF : tolérance zéro

Le 6 février, C’’est la journée internationale contre les mutilations génitales féminines et l’occasion de dénoncer cette pratique aux conséquences dramatiques sur les jeunes filles et les femmes. Dans de nombreux pays, les efforts sont récompensés par une baisse généralisée de ces actes dangereux. C’’est pour appuyer ces résultats et pousser les Etats et les communautés à  faire encore plus pour l’élimination totale des MGF que l’accent est encore mis cette année sur l’abandon de ces pratiques et en particulier de l’excision. Selon l’UNICEF, 125 millions de filles et de femmes actuellement en vie dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient ont subi une forme de mutilations génitales (soit 90 % des femmes excisées dans le monde). Et 30 millions d’autres filles risquent d’en être victimes au cours des dix prochaines années. La journée Internationale de lutte contre les mutilations génitales du 6 février est donc l’occasion de sensibiliser et alerter le grand public sur ces pratiques dangereuses et leurs graves conséquences qui touchent la santé des filles et des femmes. Au Mali, l’édition 2014 sera marquée par l’annonce officielle par plus plusieurs villages à  travers le pays de l’abandon définitif de l’excision. 2014 se veut l’année de l’engagement des communautés à  réussir la lutte comme l’a annoncé le ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille lors d’une conférence de presse, en prélude à  la célébration de la journée. Pour Mme Sangaré Oumou Bah, les 10 années du combat pour l’abandon de la pratique de l’excision au Mali ont commencé à  porter leurs fruits. Les déclarations publiques d’abandon de la pratique de l’excision par certains habitants de Yirimadio (Bamako) et par 12 villages à  Kénenkou (Koulikoro) feront passer à  plus 800 le nombre de villages d’abandon. Au Mali, les taux de prévalence de l’excision sont de 84 % chez les filles de 0 à  14 ans (Enquête nationale sur le phénomène de l’excision, 2009) et 85,2 % chez les femmes de 15 à  49 ans (EDSM-IV, 2006).

Abandon de l’excision : Communiquer pour y arriver

Ce 6 dimanche février, le monde entier a célébré la Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines. l’excision reste encore chez nous un phénomène récurrent. Chaque année, trois millions de filles sont excisées en Afrique. C’’est la raison pour laquelle le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants a lancé en 2003 la Journée internationale de tolérance zéro pour les MGF. Dans sa résolution 2003/28, la sous-commission des Nations unies de la promotion et de la protection des droits de l’homme a engagé l’Assemblée générale des Nations unies à  «proclamer le 6 février Journée internationale pour l’élimination des MGF et de toutes autres pratiques traditionnelles nocives pour la santé des femmes et des fillettes». Cette journée est célébrée désormais chaque année à  la fois en Afrique et en Europe. Il y est précisé que: «Parmi ces mutilations, l’excision est non seulement une mutilation, mais une atteinte à  la dignité et à  la sexualité des femmes». Cette année, le thème retenu est : « les medias modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Le ministère de la promotion de l’enfant de la femme et de la famille a organisé le vendredi dernier une conférence de presse dans ses locaux. C’’était sous la présidence de Mme Maiga Sina Damba chef du département et en présence de Mme Keita Joséphine Traoré, coordinatrice du programme national de lutte contre l’excision. l’objectif était d’informer les medias de l’existence d’une politique nationale et d’un plan d’action pour l’abandon de la pratique de l’excision, de les sensibiliser sur la problématique de l’excision. Les organisateurs ont ainsi pu mobiliser les medias modernes et traditionnels pour une large diffusion des informations sur le phénomène de l’excision. Cette journée de sensibilisation a enfin été l’occasion d’attirer l’attention des décideurs et des populations sur les conséquences liées à  la pratique de l’excision. Selon Mme Maiga Sina Damba ministre de la promotion et principale conférencière, depuis quelques années, les médias modernes et traditionnels ne cessent d’accompagner le Programme national de lutte contre l’excision et ses partenaires dans leurs activités. « Ces différents appuis ont enregistré des résultats forts appréciables dans le changement de comportement des populations. Vu l’immensité du territoire malien et la diversité culturelle, il s’avère encore plus utile de solliciter le concours des medias modernes et traditionnels d’une façon plus accrue pour donner la bonne information à  toutes les populations du pays. Ce qui explique en partie le choix du présent thème « les media modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Les conséquences sur les plans psychologique et physiologique de l’excision sont souvent irréversibles, exposant ainsi les victimes aux multiples effets néfastes: perte abondante de sang, frustration permanente, traumatisme, frigidité et prostitution chez la femme, risque d’infections pouvant même conduire au décès puisque ces opérations ne se font pas toujours dans des conditions saines. Il s’agit là  d’une violation de l’intégrité physique de la femme, car la nécessité thérapeutique constitue la seule dérogation légale au principe de l’indisponibilité du corps humain. Selon Mme Keita Josephine Traoré, il est important de souligner qu’aujourd’hui, il existe des solutions pour remédier à  cette mutilation, que les victimes peuvent espérer retrouver une vie quasi-normale. Une méthode médicale de reconstruction du clitoris a été mise en place par le gouvernement du Mali qui permet de redonner dignité et intégrité à  ces jeunes filles et femmes qui en ont été privées. C’’est une avancée considérable mais le chemin reste long… Quelques Chiffres Il est, aujourd’hui, difficile de chiffrer le nombre de victimes de mutilations génitales féminines dans le monde et en particulier le Mali: une femme sur trois est excisée sur le continent africain, soit environ 130 millions de personnes. On dénombre 3 millions de nouveaux cas par an dans le monde. Au Mali ce taux est de 85% chez les femmes de 15 à  49 ans selon EDSM-IV. Si la plupart des vingt-huit pays d’Afrique concernés par cette pratique ont promulgué des lois interdisant l’excision, le chemin reste encore long pour l’éradiquer définitivement. Chez nous au Mali, cette loi peine à  voir le jour à  cause des pesanteurs socio-économiques. A signaler que les manifestations devant marquer la journée auront lieu le 10 février prochain pour cause de calendriers chargés des autorités.