Micro finance : Une bouée pour les « exclus »

La micro finance désigne l’offre de produits et services financiers aux populations pauvres, qui rencontrent des difficultés d’accompagnement par les banques. Elle a vu le jour au Mali avec la création en 1986 des Caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (CVECA) du Pays dogon, suivie en 1987 de Kafo Jiginew dans la zone cotonnière.

Près de 82 milliards de francs CFA. C’est la somme globale des dépôts en argent liquide effectués par les Maliens dans les services financiers décentralisés en 2018, communément appelés institutions de micro finance. Aujourd’hui, le secteur suscite un réel intérêt chez ceux qui se sentent « exclus » des systèmes financiers traditionnels.

Il existe une centaine d’institutions de micro finance agréées au Mali. Cependant, seulement 44 sont actives et mobilisent 1 164 940 clients ou membres. « Ce qu’il faut retenir, c’est que chacun des clients ou membre qui bénéficie des produits et services de la micro finance en fait profiter son entourage. Ainsi, nos institutions touchent indirectement cinq à six millions de bénéficiaires », explique Adama Camara, Président de l’Association professionnelle des services financiers décentralisés du Mali. Selon des chiffres de la Cellule de contrôle et de surveillance des services financiers décentralisés du ministère de l’Économie, en 2018 la somme globale des crédits alloués aux Maliens par les institutions de micro finance était de  115 milliards 287 millions de francsCFA, dont 7 milliards 864 000 en retard de paiement.

La particularité des institutions de micro finance est le profil des clients ciblés. Ce sont des personnes à faible revenu qui évoluent dans les secteurs agricole, commercial ou artisanal et les activités de transformation. Ces agents économiques rencontrent des difficultés pour obtenir des crédits dans les banques. C’est pourquoi ils se tournent vers le système financier décentralisé. Pour autant, cela n’en fait pas un ennemi des banques, car les deux institutions coopèrent sur les plans technique et financier.

Malgré la manne financière qu’elles injectent dans l’économie nationale, les institutions de micro finance font face à beaucoup de difficultés. « Les ressources financières sur le marché international sont très chères (8 à 9%) et ne sont pas  accessibles à hauteur de souhait. Le suivi des créances pose également problème, tout comme la qualité de la gestion de certains de nos agents, qui laisse à désirer. Cela a conduit plusieurs structures à la faillite », affirme Adama Camara.

Boubacar Diallo